13 février 2012

Vive la croissance !


Dans le discours des principaux candidats à la présidentielle, un mot revient de manière obsédante : la croissance.
On ne parle que d'elle, et les programmes chantent à l'unisson le refrain de son retour. Un peu à la manière des Indiens qui se livraient à des incantations mystiques pour faire venir la pluie fécondante.
La croissance, non seulement nos grands chefs l'espèrent, mais ils anticipent joyeusement son embellie prochaine et misent tout ou quasi sur cette hypothèse... qui pourtant est une des plus improbables qui soient, à ce jour !
Par exemple le cher François Hollande, expert en trompe-l'oeil et artifices en tous genres, indique le bec enfariné (sans jeu de mot), qu'en se contentant de ne pas augmenter trop les dépenses publiques, celles-ci diminueront «en % du PIB », par la simple mécanique de la croissance, qu'il aura tôt fait de doper avec son gouvernement « de changement ». On se demande bien pourquoi on n'y avait pas pensé plus tôt !

Il n'échappe à personne que la croissance à l'instant présent est plus raplapla que jamais, et nul besoin de sortir d'une grande école pour supputer que ce n'est pas la substance des mesures annoncées qui sera de nature à la revigorer.
On a beau gratter, chercher, tenter de débusquer les mesures libératrices, on ne trouve que l'inverse : des taxes nouvelles, des impôts renforcés, des tombereaux de réglementations, et toujours plus de bureaucratie, toujours plus d'étatisme. Exactement comme si, faute d'avoir obtenu les résultats escomptés avec une thérapeutique dont on aurait progressivement augmenté les posologies, on en déduisait qu'il fallait doubler la dose ! Sans doute est-ce l'application de l'adage Nietzschéen qui affirme que ce qui ne tue pas rend plus fort...

D'ailleurs on s'interroge sur les raisons qui poussent aujourd'hui les politiciens à souhaiter que s'emballe la machine à produire des richesses. Les Socialistes n'ont que mépris pour ces dernières qu'ils veulent réduire et asservir par tous les moyens. Quant aux Ecologistes, ils vantaient carrément la décroissance, et leur programme actuel en garde encore les stigmates, puisqu'ils réclament à grands cris la fermeture accélérée des centrales nucléaires, source principale d'énergie dans notre pays, et la réduction du temps de travail à 32 heures par semaine !
Même le président de la République crut bon de s'insurger contre le moteur du capitalisme dont il fustigea la mécanique diabolique avec des accents empruntés à la Ligue Communiste Révolutionnaire ! Croit-il vraiment aujourd'hui lui donner un nouveau souffle en lui infligeant sa taxe Tobin et une nouvelle TVA ?

Bref, la France asphyxiée depuis des lustres par les taxes, engluée dans les régulations ubuesques, engourdie par les grèves incessantes, plombée par un ruineux et inefficace modèle social, affiche depuis des lustres un taux de croissance misérable. Et plus l'Etat accentue sa pression soi-disant bienfaitrice sur les forces vives de la Nation, plus la croissance s'anémie...
Cette situation n'est pas sans rappeler les diagnostics*  frappés au coin du bon sens que porta jadis l'économiste Jean-Baptiste Say (1767-1832)
A l'aube du XIXè siècle industriel, il s'amusait des Diafoirus qui prétendaient que les nations occidentales étaient « devenues riches et puissantes, parce qu’on avait surchargé d’entraves leur industrie, et parce qu’on avait grevé d’impôts les revenus des particuliers ». En réalité, il fallait trouver selon lui, les vraies raisons de cet essor avant tout dans le recul des croyances, dans les formidables progrès scientifiques, et dans ceux de la navigation. Ce qui l’amenait à conclure à l’inverse « que la prospérité de ces mêmes états serait bien plus grande s’ils avaient été assujettis à un régime plus éclairé... »
Illustrant sa théorie des débouchés, il prenait l’exemple navrant de l’accumulation dans les ports brésiliens de marchandises d’origine anglaise invendues. Il remarquait que: « le Brésil vaste et favorisé par la nature, pourrait absorber cent fois les marchandises anglaises qui s’y engorgent et ne s’y vendent pas ; mais il faudrait que le Brésil produisît tout ce qu’il peut produire ; et comment ce pauvre Brésil y réussirait-il ? Tous les efforts des citoyens y sont paralysés par l’administration. Une branche d’industrie promet-elle des bénéfices, le pouvoir s’en empare et la tue. Quelqu’un trouve-t-il une pierre précieuse, on lui la prend. Le bel encouragement pour en chercher d’autres, et s’en servir à acheter les marchandises d’Europe ! ».

Hélas, aujourd'hui que le progrès technique semble marquer le pas, que les impôts et entraves administratives ont atteint un poids vertigineux, mais que souffle comme jamais le vent de la pensée unique, comment faire entendre cela ?

* Jean-Baptiste SAY : traité d'Economie Politique
Illustration : interprétation personnelle de la France, prête pour la croissance...

2 commentaires:

  1. Anonyme7:19 PM

    ok évidemment, et quel dessin ! c'est de qui cette fois ? Ramone

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  2. Cher Ramone, comme le dit la note en bas de page, il s'agit d'une "interprétation personnelle de la France, prête pour la croissance"
    Tu peux en déduire ce que tu veux...

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