En France où l'on
s'enorgueillit d'avoir le meilleur système de protection sociale du
monde, la récente décision de la Cour
Suprême américaine (29/06/12), consistant à avaliser une
des mesures clés du projet de loi proposé par l'administration
Obama, dit « Affordable Care Act », en
réjouit plus d'un.
Rappelons brièvement
qu'il s'agit d'obliger par la Loi, tous les citoyens à contracter une assurance
maladie (individual mandate), de manière à faire diminuer
subséquemment le pourcentage de la population ne bénéficiant pas d'une
couverture ad hoc.
L'épineux problème en la circonstance, était de déterminer si cette contrainte était compatible avec l'esprit de la Constitution, lequel protège plus que tout les libertés individuelles. La décision de la Cour, prise de justesse (5 voix contre 4), semble donc aller contre un des principes fondamentaux de la république américaine.
L'épineux problème en la circonstance, était de déterminer si cette contrainte était compatible avec l'esprit de la Constitution, lequel protège plus que tout les libertés individuelles. La décision de la Cour, prise de justesse (5 voix contre 4), semble donc aller contre un des principes fondamentaux de la république américaine.
Comme l'ont fait
remarquer certains
commentateurs, il s'agit sans doute d'un choix dicté plus
par le contexte politique, que par le souci de respecter la stricte
constitutionnalité de la loi. Peut-être pour ne pas risquer de
paraître agir sous l'effet de considérations idéologiques, le
président conservateur de la Cour, le juge John Roberts a ainsi rejoint
dans leur choix ses quatre collègues libéraux (au sens américain
c'est à dire progressistes, c'est à dire plutôt de gauche). La Loi peut
ainsi entrer en vigueur et les Etats-Unis pourront donc afficher
prochainement, à l'instar de nombre de pays développés, un taux
proche de 100% d'assurés sociaux...
Peut-être
pourrait-on avancer une autre explication plus machiavélique, en
considérant la décision de la Cour comme un cadeau
empoisonné fait au président en exercice, à quelques mois d'un
enjeu électoral majeur. Cette victoire est en effet à double
tranchant pour le président Obama puisqu'elle va conduire à alourdir la
fiscalité (sanctionnant notamment les récalcitrants). Le risque est
également d'obérer la croissance puisque la réforme pèsera sur
les entreprises, surtout petites et moyennes, qui seront de fait
mises à contribution pour aider leurs salariés à s'assurer. Enfin
elle plombera encore un peu plus le déficit fédéral puisque les
évaluations les plus réservées, font état de quelques 1000
milliards de dépenses supplémentaires. Autant d'arguments que
sauront sans doute utiliser les Républicains dans la campagne qui
commence...
Sur le fond de la
mesure, et ses conséquences en terme philosophique, il y a beaucoup
à dire. Car même si l'on est encore loin du système français,
régi par une obligation et un monopole, c'est un pas de plus vers le contrôle
étatique de la protection sociale et un accroissement significatif
de l'emprise étatique sur l'organisation de la société.
Partant d’une
conception libérale, cette réforme apparaît comme démagogique, dispendieuse, mais pire encore, constitue globalement un recul sur le
chemin qui mène à la société ouverte et responsable (« Le plus
grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à
peu les peuples à se passer de lui » affirmait Alexis
de Tocqueville).
Naturellement, il est
souhaitable que tous les citoyens disposent d’une assurance maladie
(et qu’ils en comprennent bien le principe afin de ne pas en
dégrader le fonctionnement…) Pour être fair play, il faut tout de même reconnaître au moins une vertu à l'obligation faite de s'assurer : celle d'éviter la fâcheuse propension des gens à ne souscrire un contrat d'assurance, que le jour où ils ont besoin d'en toucher les prestations...
Mais le système proposé par le président Obama, agit par la contrainte et la déresponsabilisation, alors que le meilleur moyen de progresser vers une société adulte serait plutôt de convaincre. Dans un pays libre et éclairé, l’assurance maladie relève à l’évidence de la responsabilité individuelle et non de celle de l’Etat. L’étatisation de l’assurance maladie s’inscrit dans le mythe si bien décrit en une seule phrase, par Frédéric Bastiat : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde… » D'un point de vue libéral, on pourrait même proposer de juger le degré d'évolution d'une société et d'éclairement de ses citoyens, sur le poids de la tutelle étatique. La relation entre les deux étant inversement proportionnelle...
Mais le système proposé par le président Obama, agit par la contrainte et la déresponsabilisation, alors que le meilleur moyen de progresser vers une société adulte serait plutôt de convaincre. Dans un pays libre et éclairé, l’assurance maladie relève à l’évidence de la responsabilité individuelle et non de celle de l’Etat. L’étatisation de l’assurance maladie s’inscrit dans le mythe si bien décrit en une seule phrase, par Frédéric Bastiat : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde… » D'un point de vue libéral, on pourrait même proposer de juger le degré d'évolution d'une société et d'éclairement de ses citoyens, sur le poids de la tutelle étatique. La relation entre les deux étant inversement proportionnelle...
Même si à la faveur de la mystification du New Deal, le pouvoir de l’État n'a cessé d'enfler outre-atlantique, les Américains
restent envers et contre tout, très largement attachés au principe
de la liberté individuelle. En Europe, où nous avons depuis
longtemps cédé aux sirènes de l’Etat-Providence, et où nous
attendons tout de son pouvoir « absolu, détaillé, régulier,
prévoyant et doux », nous peinons à comprendre cet idéal de
société ouverte construit de bas en haut, tendant in fine,
vers le self-government. Hélas notre modèle, qui pouvait faire
illusion en période d’abondance, est aujourd’hui
en grande et durable difficulté. Est-il encore temps de le
revoir avant l’infantilisation et la faillite générales ?
Récupération de commentaires :
RépondreSupprimer05/09/12
Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Obamacare : un dilemme cornélien" :
qu'est-ce que la liberté ?
liberté de se faire soigner pour les riches ? et de se laisser mourir pour les pauvres ?
Est-ce vraiment un choix ?
"notre liberté s'arrête où commence celle des autres" la vraie liberté n'est pas égoïsme...
se soumettre au pouvoir de l'argent n'est pas la vraie liberté..
la liberté est un concept mais rarement une réalité dans un monde d'argent et d'égoïsme individuel...
06/09/12
Pierre-Henri Thoreux a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Obamacare : un dilemme cornélien" :
Vision très manichéenne que la vôtre. et un tantinet utopique. En quoi restreindre leur liberté pourrait rendre les gens meilleurs ? En quoi la contrainte est elle une garantie de solidarité ?
A mes yeux, en rien...