Il y a quelque chose
d'assurément majestueux dans le parcours tonitruant des Rolling
Stones. Ses ruptures, ses
dévoiements, ses débordements insensés ne ternissent en rien la
marque éblouissante qu'il a imprimée au sein de la constellation du
Rock 'N Roll.
Force est de
reconnaître que ce qui ne devait durer qu'un instant, n'avoir pas
plus d'importance dans la vie de la société que le mouvement zazou,
ou bien je ne sais quelle mode éphémère, est devenu une véritable
épopée. Une sorte d'effervescence versicolore devenue
consubstantielle à l'univers dans lequel nous vivons, et ce
depuis déjà un demi siècle !
Comme un cavalier
fait corps avec sa monture, le monde contemporain chevauche une série
d’événements qui l’entraînent irrésistiblement dans leur course
tumultueuse et indécise. Et la musique rythme en quelque sorte cette
cavalcade. Nés dans le grand capharnaüm de l'après guerre, le
Blues, le Jazz, le Rock 'N Roll ont déboulé à toute allure dans le
cours du monde dit moderne, voire post-moderne. Décadence diront
certains, vertige poétique prétendront d'autres...
Pour ma part j'aime à m'enivrer de ce continuum d'émotions, de rêveries et de vagabondages, que je vois éclore quelque part entre Novalis, Shelley, ou Hölderlin, passer par Poe, Baudelaire, Verlaine, ou Kerouac et se magnifier, entre autres, par l'apport des Stones. Oserais-je dire que j'éprouve parfois les mêmes frissons à l'écoute de ces derniers que de Bach, ou de Schuman ?
Pour ma part j'aime à m'enivrer de ce continuum d'émotions, de rêveries et de vagabondages, que je vois éclore quelque part entre Novalis, Shelley, ou Hölderlin, passer par Poe, Baudelaire, Verlaine, ou Kerouac et se magnifier, entre autres, par l'apport des Stones. Oserais-je dire que j'éprouve parfois les mêmes frissons à l'écoute de ces derniers que de Bach, ou de Schuman ?
Allons, c'est
évident, cet océan de sensations n'a pas de limite et n'a d'horizon
que l'espoir et les chimères, les illusions et l'ivresse. De ce
point de vue, les Stones n'ont pas peu contribué à abolir les
frontières, au moins dans les esprits, tout en ébauchant les
prémices d'un langage universel, indissociable de l'esprit de liberté.
Avec leurs riffs
acides et leurs mélodies rustiques mais envoûtantes ils ont été
l'un des moteurs d'une folle et improbable aventure, entraînant la
dérisoire machine humaine jusqu'aux lisières de l'indicible. Lorsqu'une
rengaine aussi simpliste que "I Can't Get No Satisfaction"
fait le tour de la planète en ensorcelant invariablement et
définitivement des nuées innombrables de jeunes gens, il faut se
poser des questions. La rythmique au marteau pilon de cette antienne
incontournable, assène en même temps que ses pulsations lascives, les
effluves enfiévrés du bon vieux spleen romantique. Dans ces
trépidations insatiables, il y a l'éternelle rébellion juvénile,
l'impatience devant l'absurdité apparente et les mystères de
l'existence...
Brian Jones
(1942-1969) s'est noyé dans ce tourbillon qu'il avait voulu boire à
pleins poumons. Le fou, l'intrépide aura frôlé les cimes de
l'extase avant de s'abîmer dans le gouffre de la solitude . Les
« Glimmer Twins », Mick Jagger et Keith Richards, en
dépit de hauts et de bas, ont résisté à l'épreuve. Ils ont signé
la quasi totalité des compositions qui paveront le chemin de Damas
de ce groupe, des délires épicuriens d'enfants nés dans la partie prospère d'un siècle
vertigineux, jusqu'à la sagesse et la résignation de vieux bonzes du blues...
S'il est un fait
assuré dans cette alchimie parfois aléatoire, c'est que soutenue
par les piliers bourdonnants du Rock, la musique étire en tous
sens ses harmonies capiteuses et ses divagations incantatoires sur le
fil ténu de ce Blues si bouleversant, si universel.
Dans une discographie foisonnante, j'ai tendance à retenir avant tout cette manière si
originale d'interpréter ce questionnement récurrent sur le sens
de la vie.
Ce sont bien sûr
quelques perles tirées avec bonheur du répertoire classique (Love
In Vain de Robert Johnson, Shake Your Hips de Slim Harpo, Prodigal
Son du Rev. Wilkins, Confessin The Blues de Little Walter, You Gotta Move de F. McDowell...)
Il y a également les
rocks vénéneux aux roulements lourds et entêtants dont les fameux
déhanchements de Jagger décuplaient la force suggestive: Under my
thumb, Rocks off, It's all Over Now, Brown Sugar, Let It Bleed,
Jumping Jack Flash, Honky Tonk Woman, The Last Time, Happy, Tumbling
Dice, Street Fighting Man, Dead Flowers, Can't You Hear Me Knocking,
Mother Little Helper, Get Off Of My Cloud, Let Spend The Night
Together...
Il y a les ballades
langoureuses : As Tears Go By, Angie, Lady Jane, Ruby Tuesday...
Mais plus que nulle
part ailleurs, le feeling stonien a trouvé sa plénitude expressive
dans les digressions erratiques, d'où émane un spleen languide au
parfum luxurieux : Wild Horses, Paint It Black, Sympathy For The
Devil, Salt of the Earth, Gimme Shelter, Midnight Rambler, Sister
Morphine, Heart Of Stone, No Expectations, I'm Going Home, Jigsaw
Puzzle, Beast of Burden, You Can't Always Get What You Want, Let It
Loose...
Feel like a Rolling Stone !
Feel like a Rolling Stone !
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