L'affrontement
auquel se livrent Jean-François Copé et François Fillon
pour prendre la tête de l'UMP, est assommant, tant il dure. Mais il
manque surtout d'intérêt.
Les
quelques piques et saillies dont se gratifient depuis des semaines
les deux protagonistes de ce douteux combat, parviennent
difficilement à masquer le peu d'audace et l'absence de perspective
originale de leurs programmes respectifs.
Le
débat qui était censé les départager a permis de mesurer la
pusillanimité des candidats à propos de trois questions cruciales,
révélant qu'en définitive rien ne les sépare vraiment, et que
rien de très novateur ne peut être espéré de la politique qu'ils
souhaitent mettre en œuvre :
Face
à la problématique de la funeste loi sur les 35 heures (RTT),
autour de laquelle toute la classe politique tourne en rond depuis sa
création en 2000, ni Copé ni Fillon ne laissent espérer mieux que
la timide et fugace défiscalisation des heures supplémentaires.
François Fillon plaide mollement pour la disparition pure et simple
des réglementations sur le temps de travail. Mais après cinq années
passées à la tête du gouvernement, le moins qu'on puisse dire, est
qu'il n'est pas crédible ! Quant à Copé, il n'évoque que des
arrangements en forme de tarabiscotage.
Qui
aura donc le courage de revenir sur cette pure imbécillité
socialiste, ce succédané d'acquis social que 64%
des salariés seraient à ce jour prêts à remettre en
cause ? Sans doute faudra-t-il attendre que la Gauche elle-même,
au terme de moult reniements, finisse par l'enterrer...
Plus
grave et plus révélateur de la résignation des deux débatteurs
(et d'ailleurs de la plupart des politiciens de notre pays englué
dans les principes), l'abrogation de l'Impôt de solidarité sur la
fortune (ISF) n'est décidément pas à l'ordre du jour. Qualifié
pourtant d'un commun accord de dispositif totalement absurde et
contre-productif, ils n'en n'avouent pas moins leur impuissance à le
remettre en cause. Ce qui en dit long sur la force de leurs convictions
et leur courage en matière de réforme de fond...
S'agissant
de leur positionnement vis à vis du Front National (FN), ils en restent à
de prudes et torves dénégations. Leur discours a beau évoquer
« une Droite forte », voire « décomplexée », et
faire des appels plus ou moins appuyés aux électeurs de Marine Le
Pen, ils se défendent avec la dernière énergie, d'envisager le
moindre rapprochement avec le parti qu'elle anime.
Cette
attitude qui témoigne d'une intolérance absolue, est
avant tout anti-démocratique. Elle ostracise en effet le FN qui se voit
condamné à rester à part, et elle contribue à la radicalisation
des opinions qu'il véhicule. Au surplus, elle est suicidaire en
terme stratégique. Elle a pour l'heure abouti, par son rejet
systématique d'une fraction de l'électorat, à ce que la Droite
perde la quasi totalité des régions, la grande majorité des
grandes villes, et elle interdit à une formation qui représente
près de 20% de la population, toute représentation au Parlement.
Elle oblige enfin les représentants de la droite classique, à des
contorsions de langage ridicules et hypocrites, qui ne trompent
personne mais en irritent plus d'un.
Bien
qu'on puisse avoir de profondes divergences avec le Front National,
elles ne seront jamais aussi scandaleuses que celles qui devraient
opposer le Parti Socialiste à ses alliés de l'extrême gauche la
plus sectaire et arrogante, dont certains osent encore se réclamer
en toute impunité, de cette abomination qu'est le communisme !
Bref,
avec de pareils leaders, notre malheureux pays a bien peu de chances
avant longtemps, de voir rebattues les cartes du jeu politique. Et il
est à craindre que nous n'ayons pas fini de devoir ingurgiter, faute
de mieux, l'infâme soupe socialiste...
Monsieur,
RépondreSupprimerIl me semble que la montée du FN (ou du moins sa stagnation à un niveau élevé) n'est absolument pas dû à une radicalisation des esprits des partisans de droite mais davantage à une gauche, qui elle, marginalise les électeurs frontistes. L'ostracisme est bel et bien de gauche à mon goût. Combien de fois entendons-nous de la part d'humanistes auto-proclamés de gauche (pléonasme) que les sujets et problèmes que pointent du doigt le FN sont nauséeux? Qu'ils divisent? Qu'ils sont anti-républicains (pour rester poli) ? Agir de la sorte, c'est refuser le débat et adopter une posture antidémocratique... Curieux paradoxe: défenseur d'un nihilisme politique d'un côté, censeur au nom d'une pensée dogmatique de l'autre. On les laissera volontiers à la solitude de leurs choix. La droite (en général) quant à elle n'a jamais refusée ces débats. C'est d'ailleurs ce qu'on lui reproche avec la "Buisson touch" perceptible durant la campagne présidentielle (sans laquelle d'ailleurs N.Sarkozy n'aurait jamais atteint un tel score). Mais de là à franchir le Rubicon pour et faire alliance avec le FN me semble périlleux et incohérent: périlleux car fusionner deux grands partis politiques comprenant chacun plusieurs sensibilités en un seul parti unique est voué à l'échec; incohérent car le FN et l'UMP n'ont tout simplement pas la même histoire et a fortiori pas le même héritage politique (Il faudrait compléter ces propos par les travaux de Réné Rémond sur les trois droites en France).
Je vous rejoins sur l'imposture de l'association assumée entre le PS et les partis d'extrême gauche. Mais également sur ces curés de la diabolisation prêchant l'"effroyable" rapprochement, ne serait-ce qu'épistémologique, entre l'UMP et le FN. Un extrême ne vaut pas plus qu'un autre. D'ailleurs, a supposer qu'elle existe, la mouvance rouge-brun témoigne même d'un certain rapprochement entre ces deux extrêmes supposés antagonistes. On n'est pas à un paradoxe près...
Merci de votre contribution dont je partage certains de points de vue, avec quelques nuances.
RépondreSupprimerLa responsabilité de la Gauche dans la montée du FN est effectivement flagrante. François Mitterrand fut l'initiateur de cette stratégie diabolique mais très efficace, pour nuire durablement à la Droite. Tout l'art a consisté, par une politique permissive, notamment en matière d'immigration et de sécurité, à pousser habilement une frange de l'électorat vers l'extrême droite, tout en diabolisant cette dernière pour l'isoler et la priver de toute alliance avec d'autres formations plus modérées. Pour amplifier le résultat, il n'hésita pas à instaurer la proportionnelle qui donna une vraie dimension au FN.
Il a suffi aux épigones de Tonton, de poursuivre la même politique, tandis que les dirigeants de la droite modérée, tombés comme un seul homme dans le piège, s'y laissaient emprisonner avec une naïveté confondante.
Ils se trouvent désormais dans une situation intenable qui les contraint à tenter de séduire les électeurs frontistes, tout en jurant qu'ils n'ont rien à voir avec le parti qui les représente. C'est un double langage incohérent et plutôt désastreux électoralement parlant. Hormis le succès de Nicolas Sarkozy en 2007, les revers se sont multipliés et le pays a été peu à peu submergé par la soi-disant vague rose. La «Buisson touch » comme vous dites, a pu faire illusion une fois, mais pas deux... A chaque scrutin, il est vraiment navrant de voir trop souvent la gauche gagner, même lorsqu'elle est minoritaire, à la faveur de triangulaires absurdes.
Sans prôner l'alliance, et encore moins la fusion, il serait logique à mon sens d'adopter une attitude moins hypocrite et plus pragmatique. Et peut-être conduire une politique à la mesure des discours. Hélas, il aurait fallu faire cela il y a bien longtemps, avant que la machination ne soit si bien enclenchée...
Bien à vous.
Je partage totalement cette magnifique analyse. Et du train où vont les choses, je me demande si nous n'allons pas vers de violents affrontements entre ceux qui travaillent, produisent des richesses et se voient spoliés du fruit de leurs efforts, et ceux qui, réclamant toujours plus, n'ont jamais fait la moindre tentative pour se former, n'habitent pas leur vie, accusent la société et le monde entier, et entendent bien profiter des largesses pris par les démagogues imbéciles (au sens de BERNANOS) qui nous gouvernent. J'exclus, bien entendu, ces milliers de personnes prêtes à travailler et que des lois aussi terroristes qu'inéfficaces empêchent d'accéder à un emploi.
RépondreSupprimerBien amicalement.