Les commémorations entourant le quatre-vingtième anniversaire du D-Day donnent une nouvelle fois l’occasion de rappeler la conduite exemplaire des Etats-Unis dans un conflit, aux causes duquel ils étaient totalement étrangers.
Aucune personne ayant un cœur ne peut retenir son émotion devant les cimetières de l’armée américaine, à Colleville et Saint-James, en Normandie. Les milliers de croix blanches témoignent d’autant de moments brisés du rêve américain, mais leur incandescence muette et immobile répand une irradiation mystérieuse sur l’immensité verte d’un gazon sans défaut. L’esprit de l’Amérique se manifeste de manière poignante dans ces alignements pathétiques et l’on suit le cœur serré, leur indicible progression jusqu’à l’horizon, en se prenant à espérer qu’elle mène à la porte d’or de la liberté éternelle.
Saint-Exupéry ne s’y était pas trompé, lorsque dans son émouvante lettre à un américain, il s’écriait : « Amis d’Amérique, je voudrais vous rendre pleinement justice. Ce n’est pas pour la poursuite d’intérêts matériels que les mères des Etats-Unis ont donné leurs fils. »
Tous les discours, toutes les interprétations, toutes les opinions sont de bien peu de poids face à cette vision bouleversante. L’Amérique a donné beaucoup du sang de ses enfants pour permettre aux plus belles idées de l’esprit humain de progresser, et pour faire tomber en poussière les monstrueuses chimères qu’il engendra hélas aussi, dans sa grande faiblesse.
La contestation systématique des États-Unis se nourrit souvent d'arguments bien médiocres. Ceux qui entendent construire une Europe en opposition avec l’Amérique, ou en perpétuelle lutte d'influence avec elle, font hélas un mauvais et sordide calcul. L’avenir le plus désirable à l’évidence, est celui d’une amitié fraternelle ; celui qui mène à l’avènement du fameux « âge de raison » évoqué par Thomas Paine.
La défiance est d’autant moins explicable que les USA quant à eux, n’ont jamais mis en doute la loyauté de l’Europe. Contrairement à de nombreuses allégations, ils n’ont jamais manifesté le moindre signe tendant à démontrer qu’ils cherchaient à la diviser ou à l’affaiblir. Le 4 juillet 1962, le président Kennedy, en apportait une preuve, en déclarant lors d’un discours tenu à Philadelphie : « Nous ne regardons pas une Europe unie et forte comme une rivale mais comme une associée ».
En 1963, il précisait encore davantage sa pensée pendant un séjour en Allemagne : « Seule une Europe parfaitement soudée peut nous préserver tous d’une fragmentation de l’Alliance. Seule une telle Europe permettra une parfaite réciprocité de traitement de part et d’autre de l’océan, dans l’exécution du programme atlantique. Et ce n’est qu’avec une telle Europe que nous pourrons définir de vraies concessions mutuelles entre égaux, un partage équitable des responsabilités et un même niveau de sacrifice. »
* Extrait de mon ouvrage l’Esprit de l’Amérique, paru en 2004 chez Publibook.
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