La débâcle électorale était prévue de longue date. Depuis des semaines, tous les sondages donnaient à peu près les mêmes chiffres. Ceux précisément qui sont sortis des urnes ce 9 juin.
Face à cette défaite cuisante, le Chef de l'Etat a pris tout le monde au dépourvu en annonçant très vite la dissolution de l'Assemblée Nationale.
Cette décision, en apparence précipitée, peut paraître étrange. On ne voit pas en effet le rapport entre un scrutin européen et la chambre des députés nationaux, renouvelée il y a deux ans à peine. Ce d'autant plus que la poussée des partis de droite conservatrice et nationaliste n'est pas spécifiquement française. Elle touche la quasi-totalité des pays concernés par cette échéance électorale.
Le fait est que M. Macron n'a plus guère de solution pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve fourvoyé, en grande partie par sa faute.
Grâce à de beaux discours enflammés, une jeunesse insolente et une conjoncture propice, il est parvenu à la magistrature suprême en 2017. Il a réussi à se faire réélire en 2022, assez facilement grâce au fameux plafond de verre contraignant l'expansion de l'extrême droite. Mais il échoua à obtenir une majorité au parlement, car le peuple ne croyait plus trop aux belles paroles, ne comprenait plus grand chose à la pensée présidentielle, complexe mais très floue, et commençait à être échaudé par l'instrumentalisation excessive de peurs, souvent imaginaires !
Depuis cette date, le président navigue à vue, sans direction précise, à coups d'expédients législatifs dont le fameux 49.3, pour aboutir à des réformettes inopérantes tandis que le pays s'enlise dans un marasme ponctué d’accès de violence de plus en plus impressionnants.
En homme très porté à la théâtralité, aux effets de manche et autres coups d'épées dans l'eau, il recourt aujourd'hui au bon vieux procédé du deus ex machina. Ça fait de l'effet mais ça relève de l'artifice. Plutôt que de tirer les vraies conséquences d'un désaveu dont il est la cible principale, et de démissionner, il tente un ultime coup de poker. Il entraîne donc le pays dans un jeu périlleux dont il espère tirer les ficelles le plus longtemps possible au risque d'être aux yeux de tous, l'instigateur du chaos, et de devoir in fine se retirer piteusement.
Nul doute qu'on nous rejoue le très mauvais scénario de l'union sacrée contre la peste brune. Celui-là même qui fait dériver depuis des décennies le pays vers l'intolérance, la radicalité et la faillite démocratique.
En dépit de la forte dynamique qui porte le Rassemblement National, il est peu probable qu'il parvienne tout seul à la majorité absolue. Il est tout aussi improbable que le Président de la République retrouve une majorité cohérente pour le soutenir.
Vers quel imbroglio politique se dirige-t-on, c'est bien là la question et l'angoisse du moment.
Alliances de circonstance, compromissions sordides (notamment à gauche) ou au contraire blocages idéologiques suicidaires (notamment à droite), l'ensemble de la classe politique risque fort de donner une fois encore un spectacle des plus affligeants.
La faute peut en être largement imputée à Emmanuel Macron, qui parti sous les meilleurs auspices, aura tout raté ou presque, à force de dire et ne pas faire, et de vouloir faire une chose et son contraire en même temps.
OK c'était très prévisible et le "tout sauf Macron" a cette fois bien fonctionné? Bouc émissaire de toutes nos lachetés et insuffisances . .
RépondreSupprimerLes premiers de la classe sont toujours mal aimés et manquent d'humilité, oublient leur conseillers et vivent parfois dans un monde virtuel .
A-t-il tout raté ?
Peut être pas et le chomage a été diminué et l'attractivité de la France augmentée mais effectivement ça c'est fini en juillet! L'adaptation de l'age de la retraite semblait logique mais les reculs à la SNCF et les doutes sur sa valeur à moyen terme posent question.
Lendemains saumatres d'Européennes 1/ qu'il démissionne mais ce serait encore plus le bazar ; peut etre qu'il remet ça à plus tard devant l'impossibilité de gouverner ? 2/ la poussée de l'ED est diffuse dans notre Europe . La situation allemande est cependant un peu différente le SPD fait 13,9 % des votants mais ses alliés sont là même si en déclin 11,9 pour les verts ( qui sont autrement plus fiables que les notres ) et 5,2 pour les libéraux. Et il y a eu 65 % de votants ce qui est bcp plus significatif que nos 50 % .
Toujours est-il que les lendemains ne chanteront pas
- un RN incompétent et déjà une situation de pré-guerre civile : cf les manif quotidiennes violents dans nos grandes villes .
- un Front populaire déjà se fracturant avec un LFI triomphaliste à contrario des résultats électoraux . je viens d'analyser les résultats du 22 pour notre 1ère circonscription et à part ses 11 % à SB il est constamment en 4 ou 5. Leur compétence est également sujette à larges discussions d'autant que l'on part avec une dette faramineuse. Le "quoiqu'il en coute" de Macron a été injustement oublié , ayant permis à bcp de passer l'épreuve du Covid sans trop de casse mais une dette se paye-t-elle (?) toujours ??. Faire payer ceux qui peuvent ( Olivier Faure ) n'est pas une politique de moyen terme .
Pauvre pays ( et encore on est mieux qu'en Ukraine, l'oubliée de demain que ce soit par l'ED ou l'ED ).
Merci de ce commentaire exhaustif. J’en partage une bonne partie notamment le dépit face aux perspectives sombres pour le pays (presque autant effectivement que celles de l’Ukraine).
SupprimerToutefois, je suis plus perplexe sur certains points.
Je ne pense pas que Macron soit le bouc émissaire de nos lâchetés et insuffisances, mais plutôt la victime des siennes, même si en démocratie (la France en est-elle encore une ?), on a les gouvernants qu’on mérite…
S’agissant de l’incompétence du RN elle est pour le moins théorique car on ne l’a pas encore vu à l'œuvre.
Le fait est qu’il est désormais, aux yeux d'un nombre croissant de Français, la seule alternative un peu crédible, face à l’incompétence prouvée de tous les autres. La Macronie est en échec et un désastre à tous points de vue, et l’attelage abject de la gauche est une horreur. Quant aux fameux chapeaux à plumes de LR, vu leurs médiocres faits d’armes, ils auraient intérêt à faire profil bas, sauf à mourir d’inanition dans le piège à c… de Mitterrand dans lequel ils ont sauté à pieds joints il y déja quelque décennies ?
Encore merci.
Salut et fraternité.