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30 novembre 2021

Rues des Boutiques Obscures

Ce titre emprunté à Patrick Modiano pour dire la tristesse dans laquelle s'abîment les rues de nos villes, soumises à des politiques insensées de restriction, voire de mortification.

Alors que Noël approche, on voit bien quelques décorations et guirlandes lumineuses apparaître de ci de là.
Accrochées au-dessus des rues depuis déjà plus d’un mois et demi, elles se balançaient, désespérément éteintes, au gré des mauvaises brises et des frimas automnaux...

Si les fêtes vont être l’occasion d’une embellie éphémère, force est de constater qu’en dehors de ces périodes fastes, un nombre croissant de cités de France sont plongées dans le noir absolu, parfois dès 21h. Au motif de je ne sais quelles économies qu’il faut bien qualifier de bout de chandelle, les maires bien intentionnés ont pris la détestable habitude de transformer rues, boulevards et avenues en trous noirs sitôt la nuit tombée. Seuls quelques prodigues magasins gardent encore leurs vitrines allumées.
Si l’état financier de notre pays et de nos communes est à ce point dégradé, il y a de quoi vraiment s’inquiéter. Pour marcher sans risque de trébucher dans ces ténébreuses artères, rappelant les coupe-gorges d’autrefois, on est désormais bien souvent contraint de se guider à la lumière maigrelette de son smartphone. N’est-ce pas pourtant la priorité des priorités que de veiller, par mesure de sécurité, à éclairer les trottoirs et les chaussées ?

Je me souviens d’un article paru il y a quelque temps, comparant à partir de photos nocturnes prises par satellite, la densité lumineuse des agglomérations à travers le monde. D’après l’auteur on pouvait juger de la prospérité et de la liberté d’un pays à l’illumination de ses villes. Le journaliste constatait tragiquement l’absence de toute lueur émanant de la Corée du Nord. Serons-nous bientôt réduits à cette misère ?
Cette évolution est d’autant plus absurde qu’on se lamente à longueur de journées sur la désertification des centres villes, sur l’abandon de quartiers entiers à la délinquance, et qu’on s’interroge vainement sur les moyens d’enrayer ce désastre.
Et c’est totalement incompréhensible à une époque où les techniques d’éclairage ont été l’objet d’améliorations majeures, tant pour l’efficacité que pour le coût, grâce notamment aux fameuses LED.

Quelle affliction de voir ainsi nombre de cœurs de villes transformés en cités interdites. L'absence de lumière n'est hélas pas seule en cause. Il n’y a quasi plus de toilettes publiques gratuites depuis des lustres, le ramassage des ordures est de plus en plus aléatoire, assujetti qu’il est à des tris et des politiques de plus en plus complexes et versatiles.
La circulation est quant à elle devenue un enfer pour les automobilistes, en raison de règles de conduite absurdes, de limitations de vitesses ineptes, de racket au stationnement, et de pièges en tous genres. On voit des couloirs réservés aux transports collectifs larges comme des pistes d’aéroport. Les bus y passent à toute allure, parfois quasi vides, en même temps que les vélos et les trottinettes, tandis que les voies laissées aux autos sont de plus plus étroites, semées d’innombrables panneaux de signalisation et d’interdiction, bordées par des plots en béton agressifs et des balises en matière plastique aux couleurs criardes.
Le pire du pire est toutefois la multiplication d’ubuesques chicanes qui réduisent brutalement le trafic à une voie unique, créant à n’en pas douter un surcroît de pollution carbonée en raison des bouchons occasionnés…
Est-il dit que jamais plus on ne pourra s’extasier comme Richard Bohringer qui s’exclamait “c’est beau une ville, la nuit” ?


21 septembre 2021

L'art de l'emballage

L'Arc de Triomphe est empaqueté ! Succulent symbole d'une société en manque d'inspiration, blasée, lassée de tout, prête à toutes les folies pourvu qu'elles soient originales, et peu importe qu’elles soient vaines, et dispendieuses !
Pour réaliser ce chef-d'œuvre de l’absurdité triomphante, on a fait appel, avec la bénédiction des Pouvoirs Publics, à pas moins de mille ouvriers dont une brigade d’alpinistes, qui ont déployé 2500 m2 de toile synthétique et 3 kilomètres de cordes ! Tout ceci a coûté la bagatelle de 14 millions d’euros, sans débours paraît-il d’un seul centime d’argent public...
L’installation gigantesque pourra être admirée par les badauds du 18 septembre au 3 octobre.
On cherche vainement une symbolique artistique à ce gros chantier.
Faut-il voir dans cette monstruosité, une allusion aux pratiques sadomasochistes qui consistent à se faire ligoter et bâillonner pour éprouver du plaisir ? Est-ce la célébration du voile qui sert à cacher tant de vérités et qu’on voit à l'œuvre dans certaines contrées rétrogrades pour asservir si ce n’est nier la condition féminine ? Est-ce tout simplement le signe qu’on attache désormais plus d’importance au contenant qu’au contenu, à la forme qu’au fond, au flacon qu’à l’ivresse ?

Nos dirigeants sont quant à eux tout simplement emballés par l’initiative.
Il se sont empressés de rendre hommage à ce qui incarne si bien l’inanité de leurs promesses et beaux discours (car de conviction et d’action, chacun sait qu’il n’y a plus…). 
L’inénarrable Roselyne Bachelot planait dans un état second. Elle déclara avec un sérieux pontifical, “qu’il s’agissait d’un formidable présent aux Parisiens, aux Français et au-delà, à tous les amateurs de l'art”. L'empaquetage de l'Arc de Triomphe, ajouta-t-elle, “introduit dans notre espace des métamorphoses douces pendant quelques jours”. Plus fort encore: “Je reçois ce geste monumental comme un appel à la liberté!”
Comment peut-on parvenir à ce niveau de sottise quand on occupe une fonction comme la sienne, that is the question. Sans doute est-ce la preuve irréfragable que le ministère de la culture ne sert vraiment à rien...
M. Macron était sur le même petit nuage lorsqu’il déclama son extase: “c'était un rêve fou et vous l'avez accompli !”, un projet “qui ne coûte rien au contribuable et qui participe du rayonnement de la France!”
On l’a vu plus sévère avec les malheureux athlètes de retour du Japon, couverts de médailles, qui se sont pourtant vus sermonner au motif que la moisson était, aux yeux du guide de la Nation, insuffisante ! Il reste beaucoup plus discret en revanche pour commenter le colossal fiasco de notre politique internationale, dont il est pourtant pleinement responsable, à l'occasion de la rupture, en apparence inattendue, du “contrat du siècle” avec l’Australie, qui fait prendre conscience une fois encore, que la France s’est enfermée dans un orgueil suranné, pendant que le monde se fait autour d’elle...

14 septembre 2021

Comités de Censure

L’époque est à la déraison réglementaire, le constat n’est pas nouveau. Aujourd’hui c’est le domaine de l’information qui est touché par la manie ubuesque de tout contrôler, de quadriller l’espace de la réflexion et du débat, et de décréter ex cathedra ce qu’il est loisible d’exprimer ou de penser.
Eric Zemmour en fait les frais. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), nouveau ministère de l'information en quelque sorte, a décidé d’encadrer autoritairement son temps de parole dans les médias, actant donc le fait qu’il est devenu un homme politique, et non plus un simple journaliste, éditorialiste, commentateur, observateur, historien...
Peu importe qu’il ne se soit déclaré d’aucun parti politique et candidat à aucune élection, pour les auto-prétendus sages “supérieurs” tout se passe comme s’il l’avait fait. Qui parmi les vertueux défenseurs des libertés va s’insurger contre cette oukase délirant ?
Le polémiste tombe dans la nasse qui le guettait depuis longtemps. Il a été contraint de quitter illico son siège de chroniqueur sur la chaîne CNews, laquelle est également dans le collimateur du CSA en raison de ses plateaux paraît-il politiquement pas assez équilibrés. On dira qu’il l’a sans doute un peu cherché à force de narguer les bien pensants, mais la décision de le museler n’en apparaît pas moins sectaire, absurde et inique.
A l’heure où les canaux d’information foisonnent, qui peut encore prendre au sérieux cette assemblée de censeurs au petit pied, payés par le Trésor Public pour décortiquer à la minute près l’expression de chaque personne politique. Trois cents fonctionnaires attelés à une tâche stupide et totalement inefficace,  qu'ils exercent avec un zèle sinistre, voilà ce que notre pauvre pays est toujours capable de financer, malgré ses dettes astronomiques.
Le CSA n’en est pas à son coup d’essai. On sait qu’il surveillait de près Thierry Ardisson, Cyril Hanouna et consorts, lesquels ont eu droit à de nombreux avertissements. Le Comité avait interdit, sans aucune raison compréhensible, la diffusion en clair de la petite chaîne Paris Première (Tiens, Zemmour intervient également sur ses plateaux…).
Y aurait-il des pressions politiques dans les décisions du CSA, on voudrait ne pas y croire, mais la révélation tout récente faite par Christine Kelly, aujourd’hui animatrice sur CNews, mais ex-membre de l’assemblée, est bien troublante. Elle affirme que le CSA a, il y a quelques années, été l’objet de pressions “venant de gauche”, pour censurer Eric Brunet, autre journaliste politiquement incorrect
Tout cela commence à faire beaucoup, surtout quand on connaît la mansuétude des chronométreurs de temps de parole vis-à-vis des chaînes publiques, outrancièrement partisanes… 
Bref, c’est décidément un sale temps pour la liberté d’expression. Les réseaux, qu’il est convenu d’appeler “sociaux”, tels Twitter, ou Facebook, eux-mêmes se croient obligés de censurer et d’excommunier en fonction de critères pour le moins discutables. On réduit au silence le président de la plus grande et ancienne démocratie au monde mais on laisse pérorer les agités du turban qui font régner la terreur en Afghanistan et ailleurs. Après avoir mis au pas le débat d’idées contemporain, au nom de la Cancel Culture, on fait table rase du passé. On abat les statues, on débaptise les rues, les établissements publics… Au Canada, on brûle les livres jugés déviants, comme au Moyen-Age. Ce monde est décidément fou !

30 juin 2021

La fin sans fin du Monde

Chaque chose ayant une fin ici bas, le Monde dans lequel nous vivons n’a aucune raison objective d’échapper à la règle. Il finira sans doute un jour. Ce jour-là, personnellement, je préférerais être ailleurs comme dirait l’autre…
C’est dans la nature de l’Homme d’être hanté par la perspective sinistre de sa propre disparition et de chercher à conjurer le mauvais sort tout en jouant à se faire peur. Depuis les Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombât sur la tête, l'Humanité n’a guère gagné en sérénité à ce sujet. Certains se plaisent à régulièrement agiter ces peurs millénaires et leurs sombres prédictions marquent facilement les esprits enclins à la fascination du pire.
A force de prétendre que nous allons bientôt faire face à notre propre extinction, les oiseaux de mauvais augure finiront bien par avoir raison. Mais cela leur fera une belle jambe, puisqu’ils ne seront plus là pour savourer leur amère victoire.

Ces derniers jours, c’est un nouveau rapport du fameux GIEC qui secoue le Landernau médiatique. Ce texte préparatoire, dont la mouture définitive est destinée à “éclairer les gouvernants”, était paraît-il confidentiel, avant qu’il ne fuite à grand bruit un peu partout.
Ses conclusions ne sont pas seulement alarmistes, elles sont quasi désespérées. Pour les experts en tocsin, mandatés par l’ONU, “le pire est à venir”, et beaucoup plus vite que prévu. Sous peu vont se manifester de manière aiguë le manque d’eau, la raréfaction des ressources naturelles, les catastrophes climatiques, les migrations massives de populations, et quantité d'autres calamités en tous genres. Pour l’être humain c’est semble-t-il déjà foutu pour les climatologues, car affirment-ils, « si la vie sur terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes, l’humanité ne le peut pas. »
Pour preuve, d'après le même pré-rapport la pandémie due au COVID 19 qui a mis le monde à l’arrêt durant plusieurs mois “a eu un effet insignifiant sur le climat...” 
A quoi bon effrayer le bon peuple si les jeux sont faits ? De deux choses l'une : soit l'activité humaine n'est pour rien dans le prétendu dérèglement climatique, soit il est trop tard pour agir ! Dans les deux cas, mieux vaut tenter de s'adapter aux cours aléatoire de la nature que de vouloir l'organiser et le commander !
Quand on voit qu'on est incapable d'arraisonner et de sanctionner un cargo dégazant illégalement au large de la Corse, on mesure l'inanité des voeux pieux supposés enrayer les désordres météorologiques...

Malheureusement, les nouveaux prédicateurs ne s'arrêteront pas à ce constat fataliste. Il continueront de seriner aux oreilles assez naïves pour les croire, qu’il est urgent de mettre fin à la civilisation industrielle qui nous a jusqu'à ce jour apporté paix et prospérité et à jeter avec l'eau du bain le maudit capitalisme, comme au bon vieux temps de l’agit-prop socialo-communiste.
Ce qui fait vraiment peur, c'est qu'on écoute un peu trop les collapsologues climato-obsédés. La vraie folie serait peut-être d'enclencher sous leur pression et par pur "principe de précaution", un déclin technologique, susceptible de provoquer de graves pénuries. Où va-t-on si l'on se soumet aux ukases contraignant ou interdisant, quasi systématiquement, tous les fruits du progrès: exploitation du pétrole et de l'énergie nucléaire,  utilisation de pesticides, d'engrais, d'OGM...
Cette utopie risque d’ouvrir la voie à un obscurantisme moyenâgeux et de conduire à l'appauvrissement général, à de nouvelles misères, voire à de nouveaux totalitarismes et de vraies hécatombes. Cela ne serait hélas pas très nouveau dans l’histoire de l’Humanité… Les bonnes intentions ont été souvent si désastreuses, si ce n'est mortelles.
Comme le fait remarquer avec un désarmant bon sens, le journaliste et analyste d’inspiration libérale Ferghane Azihari, “la menace qui pèse sur l'humanité est moins le changement climatique que les entraves aux progrès technologiques et économiques qui permettraient de le combattre et de s'y adapter.”

Pendant ce temps, nos doctes assemblées nationale et sénatoriale se renvoient la balle au sujet de fuligineux textes législatifs ayant l'ambition d'infléchir le climat, à la manière des religieux byzantins qui s'écharpaient vainement sur le sexe des anges, pendant la chute de Constantinople….

25 juin 2021

A quoi bon voter ?

Les résultats des élections régionales et départementales vont-ils fournir matière à controverse et faire naître quelque espoir de renouveau dans notre “vieux pays” ? Alors que les débats de l’entre-deux-tours font rage, le constat est dès à présent consternant.
Les médias ont évidemment lourdement insisté sur l’abstention massive qui a caractérisé le scrutin de dimanche dernier. A peine un tiers des électeurs ont jugé nécessaire de se déplacer pour s’exprimer sur des enjeux concernant pourtant directement leur quotidien et l’environnement dans lequel ils vivent. Ce chiffre exprimant la désillusion, voire la désespérance d’un peuple, a donné lieu à beaucoup de commentaires affligés, mais guère d’enseignements semblent en avoir été tirés. Dans le microcosme politique, bien vite ont repris les guerres picrocholines dans lesquelles s’épuise en douceur notre démocratie moribonde.

Les vainqueurs les mieux placés plastronnent en vantant les scores supérieurs à 40% des suffrages qui se sont portés sur leurs noms. Mais ces chiffres représentent moins de 15% des inscrits…
Le Rassemblement National auquel on prédisait un beau succès et possiblement l’espoir de gagner plusieurs régions se retrouve le bec dans l’eau. Une fois encore on a crié bien vainement au loup.
Le parti du Président de la République fait face quant à lui à une déroute monumentale. Pour tout dire, il n’y a pas de parti derrière le dit président !
Pour le reste, c’est une confusion indescriptible. Entre les alliances à la guimauve écolo-coco-bobo, le pseudo front républicain, les challenges ego-centrés et les tripatouillages de dernière minute, plus un électeur ne parvient à s’orienter clairement.

Dans ces décombres démocratiques, les professions de foi des candidats brillent toujours des mots creux habituels et des promesses en forme de mirages enchanteurs.
S’agissant des problématiques du quotidien, elles restent entières et on peut craindre hélas qu’elles ne s’aggravent. Plus personne ne croit en la simplification réglementaire et législative trop longtemps attendues. On voit en revanche poindre le retour en force des impôts et taxes, notamment celles supposées “protéger le climat”. On voit se durcir sans fin la politique visant à empêcher l’entrée, la circulation et le stationnement des véhicules automobiles dans les grandes villes dont on déplore dans le même temps la désertification commerciale. Ces mêmes villes dont l'entretien se dégrade régulièrement au nom du laisser faire végétal, dont la propreté lais
se de plus en plus à désirer, qui sont enlaidies par nombre de balises, plots, chicanes et autres obstacles bétonnés, et qui sont, “par souci d’économie”, plongées dans un noir sépulcral dès le jour tombé. Ces villes enfin, transformées en jungle dans lesquelles les violences et la délinquance sont devenues une triste banalité, confinant parfois à la barbarie…
Dans ces conditions, et ne sachant plus trop à quoi servent ces armées de conseillers régionaux, départementaux ou municipaux, à quoi bon voter ?

15 juin 2021

Enfarinages

Voilà donc où est descendu le débat politique dans notre pays: au niveau du caniveau. Et voici donc ce qu’il est devenu : une bouffonnerie vulgaire et insignifiante.
Un Président de la République, tout auréolé de ses récentes plaisanteries élyséennes avec les youtubeurs McFly et Carlito, accourt à la manière d’une star de variétés vers ses fans énamourés, et se voit renvoyé brutalement dans les cordes par une baffe magistrale.
Des politiciens beaux parleurs quoique peu écoutés, toujours infatués de leur petite personne, sont enfarinés publiquement, recevant physiquement la poudre qui sert habituellement de cache misère à leurs discours verbeux et inconséquents.
Et de petites phrases en micro polémiques, ainsi va le pays, sans but, sans foi, sans détermination, à la manière de ces boules de paille en forme de tumbleweeds qu’on voit errer dans le désert au gré du vent…

Commentant la gifle qu’il a reçue, le Chef de l’État minimise. Il ne s’agirait selon lui que d’un acte isolé sans gravité. N’empêche, le trublion, fautif du délit écope illico presto d’une peine de prison de 18 mois dont 4 fermes avec mandat de dépôt, assortie d’une pléiade de sanctions civiques (l’obligeant notamment à chercher activement un emploi, mais lui interdisant à vie de travailler dans la Fonction Publique…).
Comme nombre de politiciens effarés par cet attentat, Marlène Schiappa monte au créneau. Pour elle, ce camouflet est en effet une manifestation intolérable de la violence. La République est en danger. Emmanuel est blessé, le pauvre, “mais c'est chaque Français qui reçoit un coup à travers lui.” La boursouflure linguistique n’a d’égale ici que la platitude ronflante avec laquelle elle prend en considération la vague de “féminicides” tous plus barbares les uns que les autres, démontrant jour après jour l’inutilité totale de sa fonction.

Alors que tout part à vau-l’eau, le Pouvoir est aux abois, ou fait mine de l’être. Il faut trouver des boucs émissaires au désastre républicain dans lequel on patine désespérément. Évidemment l’extrême droite et le Rassemblement National sont tout trouvés. Alors que les échéances électorales se profilent, on ressort donc la vieille tactique de diabolisation, usée jusqu’à la corde.
Dans le domaine, on n’hésite pas à faire appel à l’artillerie lourde. Les ministres partent au front quitte à griller le peu de crédit qu’il leur reste. Gérald Darmanin qu’on avait presque tendance à prendre un peu au sérieux ces derniers temps, croit judicieux d'affirmer que la victoire du Rassemblement (qualifié obsessionnellement de Front) National serait l’expression d’une “marque satanique”. Qui donc croit-il convaincre avec une telle idiotie ?
Cette pure insanité s’inscrit dans le cadre grotesque de la charge de M. Dupont Moretti, flamboyant et dérisoire général d’une armée décatie, se faisant fort de chasser ce parti “hors des terres” septentrionales où il serait parait-il particulièrement menaçant.
Bruno Lemaire, à la manière du Docteur Coué, préfère euphémiser les choses en parlant de “petite chose” pour évoquer le parti de Marine Le Pen. Cela s’avère particulièrement savoureux dans la bouche d’un fat qui totalisa sur son nom moins de 2% des suffrages lors de la dernière primaire de la Droite, et qui voit dans ses déboires électoraux l’effet de sa trop grande intelligence...

Bref, comme à l’accoutumé, les combats et les défis en parole pullulent mais d’action, point.
Pourtant, des projets de lois et des belles velléités gouvernementales, on pourrait faire un beau catalogue sur papier glacé tant les mots chatoient. Malheureusement, c’est comme d’un magazine bourré d’articles superficiels et ponctué de publicités, il ne reste rien, ou si peu...
On ne compte plus les initiatives concertées, n’ayant abouti à rien de concret : Grenelle des violences conjugales, Ségur de la Santé, Beauvau de la Sécurité, États Généraux de la Justice, Grand Débat...
Une petite visite sur quelques sites choisis (Legifrance, Observatoire Citoyen de l’Activité Parlementaire) permet de mesurer l'inflation des textes législatifs et leur boursouflure sémantique: Confiance dans la justice, Lutte contre les séparatismes, lutte contre le dérèglement climatique, Droit à une fin de vie libre et choisie, Protection patrimoniale et promotion des langues régionales, Lutte contre les inégalités mondiales, Lutte contre la maltraitance animale, Lutte contre la pauvreté, Bioéthique, Sécurité Globale préservant les libertés, Loi visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification…
En définitive, si certains se retrouvent à leur corps défendant, la gueule enfarinée, on se demande si d'autres ne sont pas roulés dans la farine...

03 novembre 2020

Techno Parade

En France, la technocratie nous réserve sans cesse de nouvelles surprises. Pas très bonnes au demeurant.
Quand on croit apercevoir une lueur au bout de l’infernal tunnel réglementaire, l’espoir est rapidement déçu et on plonge de plus belle dans l’opacité et l’absurdité.

On craignait que l’impéritie du gouvernement face à l'épidémie de coronavirus ne nous pousse tôt ou tard au re-confinement. C’est chose faite. Nous revoilà emprisonnés pour trois nouvelles plombes.
A ceci près que nos dirigeants rantanplan  dans leur souci de vouloir bien faire, pour protéger notre santé tout en préservant l’économie, ont cru bon de ménager quelques espaces de liberté. Le retour des auto-attestations, qui auraient réjoui Père Ubu, fait ainsi la part belle aux exceptions, aux dérogations et aux cas de force majeure.
Mais cet inventaire aussi émouvant par son angélisme qu’il est horripilant par son souci du détail, se heurte à un problème majeur: celui des commerces. Étrangement cela n’avait guère créé de difficulté lors du premier confinement. Tous les magasins avaient été fermés, hormis ceux vendant des produits de première nécessité, à savoir alimentation et pharmacie. Les grandes surfaces proposant des marchandises très variées, dont beaucoup de produits alimentaires, restèrent quant à elles ouvertes, y compris leurs rayons de vêtements, livres, disques, bricolage, produits de beauté… Et personne ne trouva vraiment à redire.

Cette fois, ça ne passe pas.
La première rébellion fut
celle des libraires. Déjà en perte de vitesse depuis l'essor du commerce en ligne et des livres électroniques, ils n’acceptent pas de se voir à nouveau pénalisés tandis que d’autres non. Face à cette levée de boucliers imprévue, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que d’intimer illico aux grandes enseignes polyvalentes l’ordre de fermer leurs rayons “culture”. Comme le claironna derrière son joli masque fleuri l'inénarrable Roselyne Bachelot, "Il fallait rétablir l'équité entre les libraires indépendants et les grandes surfaces". Et en réponse à une remarque objectant que tout ceci allait doper encore un peu plus la vente sur Internet, elle enfonça le clou en appelant carrément au boycott de ceux qu’elle ne peut contraindre : “N’achetez pas de livres sur les plateformes numériques !” Au passage, elle annonça triomphalement de sa voix stridulante de Castafiore qu'elle allait sous peu infliger de nouvelles "contributions financières" aux sites web diffusant du contenu musical ou cinématographique en streaming, dans le but prétendu de "soutenir la création française..." Après avoir flingué les petits commerces et noyé les grandes surfaces sous un écheveau de règles ineptes, elle entend bien se servir, par pur souci égalitaire, sur le dos des bêtes immondes qui osent encore faire des bénéfices... De là à interdire purement et simplement Amazon & Co de fonctionner, comme lors du premier confinement, il n'y a qu'un pas... qui sera franchi sous peu, n'en doutons pas, par les syndicats zélés !

De fil en aiguille, c’est une bronca qui se lève dans le pays. Les maires s’y mettent en exigeant que les petits commerces urbains puissent rester ouverts, et ils prennent même des arrêtés s'opposant frontalement aux directives gouvernementales. Monsieur Castex, Ministre en Chef tonne au micro de TF1, dénonçant une attitude irresponsable. Il affirme qu’il n’y aura pas de passe-droit, et pour tenter d'amadouer l’opinion publique, il déclare avec un sérieux pontifical, que les grandes surfaces devront fermer, non seulement les rayons dédiés aux livres, mais également tous ceux proposant des produits qualifiés de “non essentiels”...
Le risque est cette fois de basculer dans la révolte générale si ce n'est l'anarchie, tant les consignes deviennent complexes, changeantes voire incompréhensibles, et pour tout dire, inapplicables. Le spectre des Gilets Jaunes hante les esprits. Une pagaille indescriptible est en train de s'installer tandis que l'épidémie galope et que l’État dépense toujours plus en aides généreuses l'argent qu'il n'a pas. De Charybde en Scylla on se demande avec une anxiété croissante vers quelles extrémités le bateau ivre dans lequel nous avons embarqué nous emmène...

30 septembre 2020

Démocratie en folie 2

Dans un contexte, où l’élection présidentielle est pipée et où ni les élections européennes, ni les régionales ne constituent de réel challenge, on assiste à une vraie dévastation du paysage politique. Il restait les municipales qui avaient encore quelque intérêt pour beaucoup de gens. Mais avec le passage du Coronavirus elles ont été réduites à néant ou presque.
Par son obstination à vouloir maintenir à tout prix les échéances électorales tout en recommandant aux gens de rester chez eux, Emmanuel Macron a provoqué une double catastrophe. D’abord pour son propre parti qui fit l’objet d’un rejet massif, notamment à Paris où on assista à la déroute grotesque de Benjamin Griveaux puis de madame Buzyn (et de Cedric Villani par la même occasion). Mais aussi pour nombre de grandes villes où la très faible participation a propulsé des alliances baroques, qui furent qualifiées de manière sommaire d’écologistes, mais qui rassemblaient en réalité tout ce que la gauche et l’extrême-gauche compte encore de factions hétéroclites, et de groupuscules plus ou moins sectaires. Dans bien des endroits leur a suffi parfois d'engranger les votes de moins de 20% des inscrits pour rafler la citadelle municipale.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. L’écologie n’est plus que le cache-misère du désastre général. L’incohérence et l’absurdité sont partout.
A Bordeaux le nouveau maire à peine élu, s’est empressé comme on pouvait s’y attendre de rappeler son but de nettoyer totalement la cité de tout véhicule automobile. Pour tendre vers cette lumineuse perspective, il révéla son intention de commencer par punir ces “salauds de riches” en taxant le stationnement en fonction des revenus. Non content de ce joli programme “décroissant” bien ancré dans le socialisme le plus ringard qui soit, il annonça tout à trac qu’il supprimerait le traditionnel sapin de Noël de l’Hôtel de Ville, au motif qu’il n’était pas question de végétaliser la ville avec des arbres morts ! Comme pour marquer les esprits qui n’auraient pas encore compris qu’ils avaient été floués, il balaya avec mépris les voix s’élevant contre cette mesure en déclarant qu’il s’asseyait sur l’avis des “fachos”!
A Lyon son co-religionnaire également fraîchement élu, puise manifestement ses idées au même tonneau insane. C’est au Tour de France cycliste qu’il s’attaque bille en tête, promettant de lui interdire le passage dans sa ville. Non pas qu’il en veuille aux vélos mais plutôt aux organisateurs de la compétition qualifiés de “machistes” (ils font remettre au gagnant de chaque étape, le maillot jaune et un bisou en prime, par de jolies jeunes filles, court-vêtues !) et à la caravane (qui se déplace en véhicules thermiques et distribue à tire larigot cadeaux et gadgets fabriqués sans aucun respect de l’environnement dans des pays sans foi ni loi)...
Dans le même temps, il se pose en garant de la laïcité en refusant d’honorer contrairement à tous ses prédécesseurs depuis 1643 la cérémonie des échevins, jugée trop marquée par le catholicisme. Cela ne l'empêche nullement de poser complaisamment la première pierre d’une nouvelle mosquée.
Et pour marquer son attachement à la nouvelle bienséance égalitaire, il innove en créant des budgets “genrés”, garantissant qu’aucune dépense communale ne favorisera un sexe plus qu’un autre….
A Rouen, même topo si l’on peut dire. Le nouveau maire socialo-écologiste, parmi les toutes premières mesures de son mandat, se fait fort de déboulonner la statue équestre de Napoléon qui orne la place de l'hôtel de Ville, pour la remplacer par une “représentation féminine”, sans savoir pour l’heure qui serait l’heureuse élue…
A Grenoble, c’est contre le développement du réseau de télécommunication sans fil 5G promu par le gouvernement, que se dresse le maire écologiste, tout juste réélu malgré un bilan catastrophique, notamment en matière de sécurité. Pour justifier sa position, il explique que l'accélération des débits permettant de naviguer sur internet n’a d’autre utilité que de permettre de regarder sur leur téléphone des vidéos pornos en haute définition dans l’ascenseur...
Ubu est en passe d’être détrôné !

Malheureusement, ce vent de folie souffle un peu partout. A Paris, madame Hidalgo et son équipe “écolo” se font fort d’endiguer la circulation sur le Périphérique en réduisant le nombre de voies de 3 à 1 et la vitesse à 50 km/h. Quant aux téméraires qui oseront encore s'aventurer dans Paris intra-muros, ils devront bientôt se trainer à moins de 30 km/h, même sur les grands boulevards et les plus larges avenues.

Au plus haut niveau de l’État, c’est une pluie de propositions plus déraisonnables les unes que les autres. Un jour on apprend qu’on songe à interdire les publicités vantant des produits jugés “néfastes pour l’environnement ou la santé”. Un autre on nous dit qu’on envisage de faire entrer au Panthéon les cendres de Verlaine et de Rimbaud, non pas tant pour leur apport à la poésie, ni naturellement pour les penchants alcooliques de l’un et l’activité de trafiquant d’armes pour l’autre, mais parce qu’ils représentent par leur homosexualité supposée, l’incarnation idyllique de la diversité sexuelle (tellement idyllique que l’un a fini par tirer au pistolet sur l’autre…).
Au moment même de terminer ce billet, les médias rendent publique la proposition totalement farfelue émanant du ministère de l’écologie d’interdire aux derniers cirques encore en activité de détenir des animaux en captivité. Dans la même veine, un autre projet voudrait supprimer “progressivement” tous les delphinariums. Sans rire, madame Pompili qui n'est pas une ânerie près s'exclame qu'il s'agit d'un
«un tournant majeur pour les animaux sauvages dans notre société».
Pas un jour en somme sans un projet de loi aussi inutile que ruineux pour les forces vives de la nation....
Alors que le ministre de l’économie tente de nous faire croire qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, on découvre que le malus automobile déjà très lourd va doubler en 2020 et augmenter encore les années suivantes, comme si l'on voulait achever l'industrie automobile, avec un acharnement qui rappelle l'épisode calamiteux de la taxe carbone, à l'origine de la révolte des Gilets Jaunes. Encore peut-on s’estimer heureux d’avoir échappé à la lumineuse idée de madame Pompili de taxer également les véhicules selon leur poids, ce qui aurait pénalisé les voitures hybrides ou électriques ! Ce projet démentiel conduisait à augmenter jusqu'à 800% le montant de certains malus.
Pendant ce temps, les propriétaires de leur logement, réputés fortunés (c’est à dire dont les revenus atteignent ou dépassent 2500€/mois...) s’interrogent. Un jour on leur promet la suppression de la taxe d’habitation, un autre le maintien, voire l'augmentation...

Et c’est dans l'ambiance de crise économique et d’inflation délirante des déficits publics que le gouvernement annonce benoitement qu’il porte à 28 jours le congé paternité, dont la gestion en matière de ressources humaines, incombera aux entreprises et dont le coût financier sera essentiellement porté par la Sécurité Sociale. Parallèlement, il va ajouter une cinquième branche à cette dernière, destinée à prendre en charge la dépendance, dont le coût à terme serait de 5 milliards d’euros par an. Rappelons que le déficit prévisionnel de la “Sécu” pour la seule année devrait tourner autour de 50 milliards d’euros...

Devant un tel déluge d’inepties, comment s’étonner de la désaffection grandissante du peuple pour le système qui les génère et pour des programmes électoraux de moins en moins convaincants ?
Ne sachant plus quelle solution trouver, le Président de la République, soumis à la pression des rebellions de plus en plus fréquentes a cru bon de créer la fameuse Convention Citoyenne. Mais en choisissant le hasard pour en nommer les membres, il torpille encore un peu plus les assemblées élues, tout en s'enfermant dans une logique associant l'irresponsabilité à l'aléatoire. Il n'a pas fini d'en payer les conséquences. Pendant ce temps, l’incurie des Pouvoirs Publics face à la gestion des finances publiques, de l’insécurité et de l'incivilité ne cessent de grandir dans notre pays, tandis que le coronavirus fait un retour en force !

Illustration: extraction de la pierre de folie par Jérôme Bosch.

29 septembre 2020

Démocratie en folie 1

Il y a déjà quelques années (1992), Jean-François Revel s’était réjoui du “Regain Démocratique” qui gagnait selon lui le monde. Il saluait à sa manière l'effondrement du communisme, mais dans le même temps, il relativisait la victoire, par défaut, du monde libre et pointait, après Tocqueville, les fragilités consubstantielles au modèle démocratique.
Que dirait-il aujourd’hui en voyant l’évolution des choses et particulièrement l’état navrant de la société française ?
Foin des supputations, force est de constater que notre république est mal en point et chaque jour qui passe semble accréditer l’idée de son déclin sur le mode du pourrissement.

Les causes sont probablement complexes et anciennes comme en atteste le cours chaotique de notre société depuis la grande révolution de 1789: pas moins de cinq républiques, trois monarchies royales, deux empires, plusieurs révolutions, et toujours une grande insatisfaction !
On croyait avoir acquis en 1958 avec la cinquième république une relative stabilité. Pourtant, depuis quelques décennies, elle paraît elle-même minée. Parmi les maux qui la rongent, il y a l’effondrement du débat politique. La fin des grandes idéologies y est sans doute pour quelque chose, mais notre pays a quelques particularités qui peuvent également fournir une part d’explication. Le socialisme y est resté omniprésent, infiltrant toutes les institutions publiques, de l’enseignement à la justice en passant par les syndicats, la sécurité sociale, et les grandes entreprises nationalisées… Face à cette armée de l’ombre, il n’y a jamais eu d’opposition structurée. La Droite est une sorte de magma oscillant entre le dirigisme centralisé et le néo-constructivisme hyper-administré sur fond de social-démocratie. Aucun homme politique n’a jamais osé assumer autrement qu’en vaines paroles et promesses non tenues un libéralisme éclairé et responsabilisant.
Résultat, les Français n’eurent droit qu’à des programmes démagogiques, sans audace, toujours étroitement encadrés par l’absolutisme étatique, et sans ambitions autres que personnelles.

C’est dans ce morne climat qu’émergea il y a quelques décennies le Front National, devenu Rassemblement National (RN). Toujours pas de libéralisme en vue, mais une parole abrupte et décomplexée pour aborder les problématiques de l’époque en privilégiant une vision nationaliste fermée plutôt qu’européiste ou mondialiste. La classe politique dans son ensemble a contribué soit par manigance, soit par lâcheté, à créer autour de ce nouveau parti un vrai casse-tête démocratique. En diabolisant toutes les idées qui en étaient issues, on a en effet radicalisé ses représentants et ostracisé la frange grandissante de l'électorat séduite par le discours, dont le principal mérite est d’être dénué de langue de bois.
En définitive, les enjeux politiques nationaux se sont réduits à une alternative inscrite dans un implacable déterminisme. Le Rassemblement National se trouvant de facto privé de toute possibilité d’alliance, s'est donc vu contraint pour gagner, dans tous les scrutins majoritaires à 2 tours, d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul, ce qui est un challenge quasi inatteignable, sauf lors d’élections locales.
Mais, à force d’avoir tout fait pour isoler et rejeter les propositions émanant du RN, on a cristallisé autour de lui un électorat fidèle devenu suffisamment conséquent pour permettre au parti d’être au second tour de beaucoup de scrutins, dont celui conduisant à l’élection du président de la république.
Jusqu’à la rupture d’un hypothétique “plafond de verre”, il suffit par conséquent d’être opposé au candidat du RN pour avoir la quasi certitude d’être élu. On a ainsi vu Jacques Chirac vaincre sans péril Jean-Marie Le Pen en 2002, avec un score quasi soviétique. Pour Emmanuel Macron en 2017, il ne fut guère plus difficile de battre sa fille Marine avec plus de 60% des voix. Et l’objectif de nombre de candidats putatifs pour la prochaine élection présidentielle de 2022 est bien d’arriver au second tour, face à Madame Le Pen pour triompher sans peine, et sans gloire. Nombre de gens sont démotivés par ce type de confrontation sans vrai enjeu et se détournent des urnes.

A ceci s’ajoutent les faiblesses inhérentes à notre république dont les pouvoirs exécutifs législatifs sont comme cul et chemise, et dont l’autorité judiciaire, loin d’être indépendante comme aux Etats-Unis, est en pratique inféodée à l’Etat. Il faut souligner ici le fait que le parlement bi-caméral est en France boiteux vu le peu de pouvoir laissé par la Constitution au Sénat. Facteur aggravant, la réduction de 7 à 5 ans du mandat présidentiel a institué de facto la simultanéité du renouvellement du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale, supprimant pour le peuple la possibilité de s’exprimer de manière significative pendant la durée d’un quinquennat. 
(à suivre)
Illustration: La Nef des Fous par Jérôme Bosch

29 août 2020

Bords d'Eaux

Un terne pavillon s'effiloche au dessus de la Garonne. La chaleur du mois d'août distille une moiteur émolliente qui semble accabler un peu plus qu'à l'habitude les flots paresseux. L'ocre des eaux tire sur un gris de plomb qui contraste avec la blancheur des nobles façades de pierre bordant l'autre rive. A certains moments le fleuve devient onctueux, prenant une teinte de café au lait. On croirait évoluer tranquillement dans un rêve étrange et pénétrant...

N'étaient les visages masqués un peu partout rappelant le retour en force des miasmes virales, n'étaient le laisser aller général et la langueur indifférente qui transpirent de la ville, on pourrait croire que tout va bien en cet instant de quiétude estivale. Ce serait ignorer la détresse profonde dans laquelle s'enlise peu à peu le pays.

Je contemple le fameux miroir d'eau devant la place de la Bourse, mais ce n'est qu'un reflet. On y voit des enfants patauger gaiement dans le ciel, des familles entières y flâner au milieu de rires, des danseurs esquisser des pas légers, des drogués à l’oeil vague, empreint d’une extase molle, des rêveurs les yeux rivés aux nuages, des êtres esseulés tentant de tromper leur ennui, des chiens interrogatifs…
Tout un peuple en quête indécise d'instants dérobés au temps et pour certains peut-être d'une éphémère évasion d'un trop médiocre destin.

Un peu plus loin, au pied de l'altière colonne consacrée aux Girondins, il y a deux magnifiques fontaines. On y voit deux quadriges surgissant impétueusement de l'eau. Les chevaux roulent des yeux effrayants et des jets de vapeur s'exhalent de leurs naseaux. Les uns tirent le char de la République. Les autres celui de la Concorde. Tout en haut de la colonne, la Liberté ailée triomphante, vient de briser ses chaînes.
Tout ceci a-t-il encore un sens dans ce monde qui tangue ? République, Concorde, Liberté, vestiges d’un passé révolu ?
 

 

19 août 2020

La République des lamentations

De nos jours, les gouvernants sont passés maîtres dans l’art de la commémoration et des grandes tirades tragiques au pied des pierres tombales et des monuments votifs.
Ils y consacrent d’ailleurs tellement de temps et d’énergie qu’on se demande parfois s’il leur en reste encore pour l’action. Ces dernières semaines furent un vrai festival en matière de représentations officielles.
En juillet, à l’occasion de l’incendie de la cathédrale de Nantes, pas moins de trois ministres se crurent obligés de faire le déplacement pour dire leur consternation et clamer la volonté de l’Etat de procéder à “une reconstruction la plus rapide possible”.
On ne s'est guère appesanti à cette occasion sur la progression inquiétante d’actes anti-chrétiens (1 à 2 par jour selon le philosophe Michel Onfray). Certains semblèrent trouver des excuses au “bénévole rwandais” qui avait mit le feu, interprétant son geste comme l’expression de désespoir d’un demandeur d’asile débouté, sans raison apparente. Et le désastre n’étant heureusement que matériel, il fut éclipsé par d’autres drames survenus en cascade.

Il y eut Dijon dont le centre fut le théâtre d’un règlement de compte à l’arme lourde entre bandes rivales, il y eut Nice où un quartier fut chamboulé par le même type de scénographie hyperviolente, il y eut Bayonne où un malheureux chauffeur de bus fut tabassé à mort par des individus à qui il avait eu l’imprudence de demander de porter un masque et de payer leur ticket… A chaque fois, ministres et personnalités officielles se succédèrent en cortèges émus.
Sur le parcours des pleurs du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, il y eut également Mérignac, puis Le Mans, où il dit toute la colère de la République vis à vis de chauffards dont le refus d’obtempérer à la force publique avait coûté la vie à deux gendarmes. Il y eut Lille, régulièrement l’objet de violence urbaine, où notre ministre s’engagea à déployer 60 policiers supplémentaires, à la demande de la maire...

Certaines tragédies ayant une résonance internationale, ce fut le Président de la République qui monta au créneau, usant et abusant de paroles contrites mais fortes et déterminées. Il s’empressa même d’accourir en “mode Chirac” (c’est à dire grandiose et inopérant) sur les décombres encore fumants de Beyrouth, pour exiger une “réponse rapide et efficace”, et pour fustiger la classe politique libanaise. Il est bien placé, à la tête d’un pays où l’idée démocratique part chaque jour un peu plus en capilotade ! Au surplus, plus d’un an après l’incendie catastrophique de Notre-Dame, on est toujours dans l’ignorance de la cause, et en matière de travaux, les ouvriers n’ont pas encore fini de démonter l’échafaudage présent lors du sinistre. Se souvient-il notre cher président, de l’explosion de l’usine AZF en septembre 2001,
qui fit 31 morts et plus de 2500 blessés et dont l’origine est toujours indécise ?
Il y eut enfin la cérémonie d’hommage aux six jeunes Français massacrés au Niger. A cette occasion le Premier Ministre jura de “ne pas laisser ce crime lâche et odieux impuni”.

Les mots hélas ne suffisent plus à masquer l’impuissance croissante de l’Etat face à ce déferlement continu de violence. M. Darmanin n’a pas tort lorsqu’il constate que "Refuser l’autorité, voilà le mal de la société". Mais on ne le croit plus lorsqu’il affirme vouloir “faire plier les délinquants” et “stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société”. Si la société en est arrivée à ce niveau de délabrement, n’est-ce pas avant tout en raison de l’incapacité des Pouvoirs Publics à faire régner l’ordre ?
Alors même que le Gouvernement assure qu’une de ses priorités est de rétablir la légitimité et la crédibilité des forces de police, il ne donne aucun signe de confiance à ces mêmes forces. Il n’y eut par exemple ni hommage, ni félicitation, ni même un mot pour le gendarme (heureusement encore vivant, lui) qui à Montauban, parvint à arrêter la course folle d’un chauffard multirécidiviste, au volant d’un poids-lourd. Ce dernier fut tué dans l'opération rendue très dangereuse par son opposition irréductible à toute interpellation. Poursuivi sur plus de 11 kilomètres, il refusa par trois fois d’obtempérer, passant furieusement sur les herses posées en travers de la route et allant jusqu’à prendre pour cible une voiture de police qu’il traîna sur plusieurs dizaines de mètres. On apprit peu après qu’il avait déjà été condamné à 7 reprises, qu’il roulait avec 0 point sur son permis, et qu’il était sous l’emprise de la cocaïne. Personne ne s’est posé la question de savoir comment un tel individu pouvait encore exercer la profession de chauffeur routier. Le gendarme qui était parvenu à neutraliser ce criminel en puissance, fut quant à lui, soumis à une garde à vue prolongée, et dut recourir à l’aide d’un avocat pour se défendre, face aux enquêteurs de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). On croit rêver…

10 juillet 2020

Factfulness

Quoi de plus naturel que d’assujettir son opinion aux faits établis plutôt qu’aux suppositions ou aux croyances ? Ce fut en tout cas la thématique que défendit opiniâtrement le médecin suédois Hans Rosling.
Expert en santé publique, conseiller auprès de l’OMS, il parcourut le monde en essayant de propager, preuves et chiffres à l'appui, ce principe qui en apparence tombe sous le sens et qui pourtant a tant de mal à s’imposer en pratique.
Son ouvrage, hélas posthume, intitulé Factfulness, est tout entier consacré à ce sujet. Si le terme se retrouve traduit en factualité, l’éditeur précise en couverture, que derrière le concept, c’est bien de “la saine habitude de fonder son opinion sur les faits” qu’il s’agit.

“Les faits sont têtus” clamait Lénine. Il avait raison le bougre, mais combien fut cruelle cette vérité pour le peuple russe qu’il entraîna dans la barbarie en piétinant cette évidence, et pour tant d’autres qui furent sacrifiés sur l’autel de principes.
Plaute affirmait quant à lui que “les faits parlent d’eux-mêmes”. Pourtant, même à notre époque, avide d’informations et de chiffres, les faits n’ont jamais été aussi méprisés, occultés, interprétés, ou carrément ignorés.
C’est ce que démontre Hans Rosling à l’aide d’un simple questionnaire, soumis à des publics variés, des plus populaires aux plus intellectuels, réputés “sachant”. Treize questions auxquelles n’importe quel individu bien renseigné, et chacun peut l’être aujourd’hui, devrait répondre de manière adéquate. Pour en donner un aperçu, voici 5 exemples:

Ces 20 dernières années, la proportion de la population mondiale vivant dans une extrême pauvreté
A A presque doublé
B Est restée à peu près la même
C A presque diminué de moitié

Comment a évolué le nombre de morts par catastrophe naturelle ces 100 dernières années
A Il a plus que doublé
B Il est resté à peu près stable
C Il a diminué de plus de la moitié

Aujourd’hui, dans quelle proportion les enfants de 1 an sont-ils vacciné contre certaines maladies:
A 20%
B 50%
C 80%

En 1996 les tigres, les pandas géants et les rhinocéros noirs furent classés comme espèces en danger. Combien de ces 3 espèces sont plus particulièrement menacées aujourd’hui:
A Deux
B Une
C Aucune

Combien de personnes dans le monde ont-elles un minimum d’accès à l’électricité
A 20%
B 50%
C 80%

Le test fut révélateur pour la quasi totalité des publics interrogés, et particulièrement édifiant s’agissant des personnes a priori les plus éclairées, exerçant parfois des fonctions politiques de premier ordre.
A chaque fois ou presque l’option la plus dramatique fut choisie par une majorité de gens, et très rarement fut atteinte la proportion de 33% de bonnes réponses, qu’on pourrait attendre comme le fait remarquer malicieusement l’auteur, de chimpanzés répondant au hasard ! Précisons que pour chacune de ces 5 questions, la bonne réponse était la proposition C.


Le fait est que l’opinion la plus répandue actuellement est que le monde va de plus en plus mal, qu’il est rongé par la pauvreté, menacé par les catastrophes naturelles, l’extinction généralisée des espèces animales, la pollution, la déforestation et autres périls marquant manifestement les esprits.Tout cela est largement erroné et le constat n’est pas franchement nouveau. Jean-François Revel y avait consacré un ouvrage très percutant, montrant que les moyens modernes d’information étaient vains face aux idées reçues et aux rumeurs, et plus récemment Steven Pinker s’échinait quant à lui à démontrer que loin de courir à la catastrophe, le monde allait de mieux en mieux (à l’exception de l’Amérique de Trump…).

L’originalité de Rosling est de prendre sur le fait si l’on peut dire, les ignorants qui ont la faiblesse de croire aux préjugés et qui contrairement aux conseils du bon Kant, négligent de vérifier par eux-mêmes la véracité d’affirmations trop souvent sous-tendues par des parti-pris idéologiques. La méthode est assurément efficace et l'on se prend à espérer que l'immense succès de librairie de l'ouvrage soit l'annonce d'un vrai et durable changement dans les mentalités.
On en doute toutefois car les clichés ont la vie dure, et bien que les propos de l'auteur soient clairs, sages et simples , on craint qu'ils ne soient vite oubliés...
Pour conjurer le risque de se tromper trop lourdement, Rosling invite à se méfier des comparaisons et prévisions fondées sur des généralisations hâtives, des moyennes fallacieuses, ou des projections en lignes droites trop simplistes. Il recommande de ne pas chercher systématiquement un bouc émissaire à tout ce qui ne va pas bien. Il conseille ne pas céder à la peur, ou à l’urgence, très souvent mauvaises conseillères. Enfin, il préconise de combattre l’ignorance et de répandre une vision du monde basée sur les faits, ce qu’il juge “enthousiasmant et joyeux” et beaucoup plus conforme à l’évolution en profondeur des choses, qui se fait parfois sous nos yeux sans même qu’on y prête attention. Ainsi, l’Occident, trop certain de sa suprématie et de ses acquis, et quelque peu condescendant vis à vis du reste du monde, ne voit pas que d’autres régions du globe montent en puissance, risquant sous peu de le reléguer au rang des civilisations en voie de décadence...
Selon Socrate il n’est de pire ignorance que celle qui s’ignore. Sommes nous encore capables de nous en rendre compte de manière pragmatique ?

05 juillet 2020

La Grosse Commission

On n’en a pas fini avec le coronavirus. Et on n’a pas fini de parler de cette crise qui bouleversa sans qu’on ait eu le temps de crier gare, la vie du pays en ce printemps 2020. Pour faire toute la lumière sur la façon dont l’Etat traita cette épidémie, l’Assemblée Nationale a mis sur pied une commission expresse. Sage et logique initiative pour peu qu’une telle instance soit en mesure d’éclairer vraiment le Peuple et qu’elle permette de tirer des conclusions pragmatiques.
C’est tout le contraire qui se passe sous nos yeux et le moins qu’on puisse en dire pour l’heure, est que ce théâtre républicain improvisé tourne à la farce bouffonne.
On interroge des heures durant nombre d’experts, de hauts fonctionnaires, de ministres et autres satrapes impliqués plus ou moins directement dans la gestion de ce fameux COVID-19. Après avoir entendu tout ce beau monde, force est de conclure que le problème reste entier et les polémiques plus enflammées que jamais.

On a retrouvé le discours patelin du professeur Salomon, réexpliquant avec force circonlocutions et périphrases tout ce dont il nous avait abreuvé durant des semaines, occultant dans la sauce onctueuse de son discours, maintes contradictions et maints égarements…
On a retrouvé les attaques vitriolées du Professeur Raoult faisant à lui tout seul le procès impitoyable des dits égarements du Pouvoir et de la plupart de ses confrères, tout en glorifiant non sans raison les bons résultats obtenus par son équipe.
Les ministres de leur côté ont mis toute leur énergie avec un talent assez inégal, à se dédouaner de toute faute, de tout retard et de toute négligence.
On avait presque pitié pour madame Buzyn, perdue dans ses dossiers, bafouillant des arguties foireuses pour tenter de justifier son action. Entre autres énormités débitées sur un ton de chien battu, elle osa prétendre qu’elle avait toujours été en avance sur les instances internationales, et affirma sans vergogne que la France avait été la première à mettre au point les tests diagnostiques ! Aucun regret, aucun remords, aucune remise en cause.
Pas davantage de questionnement chez ses prédécesseurs, en l’occurrence Marisol Touraine et Roselyne Bachelot. La première se félicita d’avoir laissé en partant autant sinon plus de masques qu’au moment de sa prise de fonction et la seconde se permit d’ironiser à propos des médecins, négligents et infantilisés selon elle, au point de n’avoir dans leur cabinets ni masques ni blouses, attendant tout en somme de l’Agence Régionale de Santé !
Toutes les deux ont oublié les réformes calamiteuses dont elles portent la très lourde responsabilité et qui n’ont pas peu contribué à mener notre système de santé dans l’état où il se trouve, rongé par la sur-administration et la déresponsabilisation générale.

Tous ces débats n’ont donc pas amené la moindre clarification. Pire, tous les représentants des Pouvoirs Publics passés sur le gril estiment avoir parfaitement rempli leur mission. Comme le dit élégamment le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde : “On se fout de notre gueule”. Aucun progrès n’est donc à espérer et aucune leçon ne sera comme trop souvent tirée de ce navrant épisode. Les polémiques et les guerres de chapelles quant à elles sont loin d’être éteintes. L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris menace de poursuivre Didier Raoult pour faux témoignage. L’HAS et le Conseil Scientifique dénoncent des propos infamants et calomnieux. Quant à Roselyne Bachelot, elle a hérissé une bonne partie des médecins de ville qui ont payé un lourd tribut à l’incurie gouvernementale et qui envisagent de porter l'affaire devant les tribunaux...

Et ce n'est pas fini. Trois des ministres en exercice lors de la crise font l'objet de plaintes citoyennes pour "abstention de combattre un sinistre" et devront en répondre devant la Cour de Justice de la République. Il serait exagéré et inconvenant en la circonstance d'exiger pour ces gens que soit reconnue une quelconque culpabilité, eu égard à la complexité de la situation, mais il est hélas illusoire qu'au moins soient tirées quelques conséquences pratiques pour qu'à l'avenir l’État se comporte avec un peu plus de réactivité, de pragmatisme et beaucoup moins d'auto-satisfaction...

Illustration: Les Gens de Justice. Gravure d'Honoré Daumier

30 juin 2020

Elections en eau de boudin


Pour des élections ratées ce furent des élections ratées !
Représentant près de 60% des inscrits, l'abstention sort largement victorieuse un peu partout, laissant la désagréable impression de bâclage et d'inachevé et traduisant un désintérêt, pour ne pas dire un rejet massif, de la politique et de celles et ceux qui l'incarnent.

Avec l'élection présidentielle de 2002, ce fut un des scrutins les plus foireux de toute la Vè république. On assista à une campagne tronquée sur fond de crise COVID-19, gérée maladroitement par le Gouvernement. A cela s’est ajoutée la désagrégation des partis classiques rongés par l'usure, le manque de conviction et une détermination de plus en plus défaillante.

Plus que jamais, la république est en lambeaux et c'est une vraie déroute pour le parti de son président.
Dans les grandes métropoles, à la faveur de cette désespérante détumescence, des alliances bancales écolo-gaucho-bobos ont raflé la mise. En forme d'armées mexicaines, allant parfois jusqu’à inclure dans leurs rangs l'extrême gauche la plus ringarde, coco ou apparentée, ces tartarins miteux affichent désormais l'objectif donquichottesque d'amélioter le climat. Après l'échec des utopies socialistes, ces idéalistes indécrottables enfourchent un nouvel absolu, par nature - c’est le cas de le dire - aussi inatteignable que les vieilles lunes collectivistes. On peut s’attendre à un surcroît de pesanteur réglementaire, à de nouvelles taxes et à la mise en œuvre de mesures dictées par les principes plus que par les réalités de terrain. L’avenir le dira sous peu...

Emmanuel Macron serait sur le point dit-on de tomber dans ce nouveau panneau idéologique. De fait, il vient d’avaliser la quasi totalité des propositions qui lui ont été transmises par la convention citoyenne pour un coût qui promet d’être astronomique (on a échappé in extremis aux 110 km/h sur autoroutes et à la taxe sur les dividendes pour les actionnaires).

Sous peu, le gouvernement sera remanié et possiblement va changer de Premier Ministre. Mais où va-t-on trouver les nouvelles têtes, et pour quel nouveau programme ?
Plus que jamais, on se demande comment M. Macron va pouvoir se sortir de cette nouvelle impasse dans laquelle il s’est lui-même fourré, et le pays avec lui...

28 juin 2020

En vert et contre tout

La Convention Citoyenne pour le Climat, investie en grande pompe à la fin de la crise des Gilets Jaunes par le Président de la République a fini par accoucher de 150 mesures !
Une pour chacun de ses membres, intronisés par la grâce du tirage au sort, dont on pense désormais qu’il fait mieux les choses que les élections. Le hasard serait donc devenu plus démocratique que le choix par des citoyens  libres et éclairés de représentants, porteurs de programmes et de propositions. On croit rêver…
En quoi le peuple peut-il imaginer que sa volonté soit mieux servie par des gens promus par une loterie, c’est la question qui ne peut que tarauder tout démocrate convaincu, mais qui ne rencontre hélas dans l’opinion, qu’une vaste indifférence, révélatrice de la déchéance progressive de nos sociétés.
Que pouvait-on attendre d’une telle entreprise, pas grand chose évidemment. C’est donc, sans jeu de mots, un vrai inventaire à la Prévert que ces sages de pacotille ont livré à la Nation au nom du Climat, devenu l'alpha et l'oméga de toute action politique. On se demande ce que nos dirigeants vont bien pouvoir en faire. Il va bien falloir qu’ils feignent d’y accorder la plus haute considération et qu’ils retiennent quelques unes des mesures proposées, mais combien et comment les concilier avec les nécessités pratiques qui s’imposent de plus en plus à notre infortuné pays, en crise économique et sociale permanente ?
La première des suggestions a été retoquée d’emblée. Elle préconisait benoîtement d’abaisser le temps de travail hebdomadaire de 35 à 28h ! Au delà de la provocation, sans doute involontaire, cet objectif est révélateur de l’utopie qui règne dans beaucoup d’esprits. Lorsqu'on vous demande de plancher dans l’absolu, sans restriction pratique et sans engager la moindre responsabilité personnelle, il ne faut pas s’étonner de voir sortir toutes sortes de fantasmes et de voeux pieux en guise de politique.
La seconde recommandation, dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, est de réduire la limite de vitesse sur autoroute de 130 à 110 km/h. Il y a de quoi sourire lorsqu’on songe que cette convention citoyenne fut mise en place au titre du Grand Débat National visant à éteindre la révolte des Gilets Jaunes. On se rappelle que cette dernière s'était enflammée lorsque le Gouvernement avait décidé de réduire de 90 à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires !
De fait, quelques jours après la publication de cette idée lumineuse, les sondages révèlent que les trois quarts des Français y sont farouchement opposés…

Tout hélas est à l’avenant. Alors que le mouvement des Gilets Jaunes réclamait plus de liberté, moins de contraintes réglementaires, moins de taxes et de centralisation étatique, ce catalogue de bonnes et belles intentions se focalise quasi exclusivement sur les interdits et les obligations, multiplie les nouvelles ukases légales et les contributions fiscales en tous genres. La perle étant l'invention de l'écocide, nouveau crime supposé qualifier les atteintes à l'environnement, dont la définition nébuleuse, assortie de sanctions extravagantes, fait déja planer une menace supplémentaire pour les entreprises.
Autrement dit, cette convention apparaît comme un nouveau fiasco risquant de plomber encore un peu plus le mandat piteux de M. Macron.
Pendant ce temps les candidats restant en lice pour le second tour d'élections municipales totalement ratées pour cause de COVID-19, rivalisent de zèle pour enfoncer de beaux clous écologiques autour du cercueil de leurs ambitions politiques.
Craignant une vague écolo, prisonniers de leurs compromissions avec les sectateurs du nouvel ordre vert, ou paralysés par le terrorisme bien intentionné de la correction politique, ils concoctent toutes sortes de mesures aussi ubuesques que contraignantes, à l'instar de madame Hidalgo qui annonce soumettre aux 30 km/h tous les automobilistes osant encore circuler dans Paris, et abaisser à 50 la vitesse sur le Périphérique tout en réduisant les voies de 3 à 1 ! Et tant pis pour les idiots d'électeurs qui, bon gré mal gré, vont abandonner à ces gens le pouvoir de gérer leur ville…

16 juin 2020

Sociétés en décomposition

Cela avait commencé, il y a bien longtemps.
Le déclin de l'Occident avait fait l'objet de tant d'annonces, de prédictions, voire d'affirmations sentencieuses, qu'on avait fini par s'habituer au concept, devenu fait acquis, sans paradoxalement y croire vraiment.
Dans les délices de Capoue les volontés s'assoupissent et les réalités se dissipent.
Nos sociétés accoutumées à la prospérité et au confort matériel, plongées dans un doux bain de liberté, étaient en passe d'oublier tous les périls d'autrefois: guerres, oppressions, famines, épidémies. Et, comme pour conjurer tant de bonheur, avec une morbide jubilation et la mauvaise conscience d'enfants gâtés, certains s’étaient mis à confondre liberté et laxisme et d’autres par forfanterie, à dénigrer le système, à cracher dans la soupe dont ils se gavaient, voire à brûler le modèle et ses valeurs qui garantissaient pourtant leur bien-être matériel. Il est si excitant de jouer avec le diable...
D’un effet de mode un peu imbécile, empreint de succulents relents marxistes, on est passé peu à peu à l’obsession destructrice. Si la déconfiture de tous les régimes socialistes a brisé le miroir aux alouettes de la lutte des classes, elle n’a pas découragé les contempteurs des inégalités sociales qui se sont mis à rechercher fébrilement toutes sortes de sottises idéologiques plus ou moins bien intentionnées pour revivifier leur cause revancharde. Dans le sillage des trois grandes religions scientistes que furent le marxisme, le freudisme et le darwinisme, on a vu émerger une noria de concepts véhiculant autant d’arrière-pensées douteuses : féminisme, antiracisme, théorie du genre, anti-spécisme, alter-mondialisme, écologisme...

En recyclant la bonne vieille dialectique forgée dans les hauts-fourneaux du communisme, quantité de sornettes ont été savamment montées en épingle, jusqu’à être transformées en crimes contre l’humanité. Le tout est déversé à la manière de banderilles sur les dos très larges et complaisants des frères jumeaux du monde moderne, à savoir capitalisme et libéralisme.
Aujourd’hui ce harcèlement incessant parvient à un stade inquiétant. Il a miné ou dévoyé la quasi totalité des institutions et fait encore plus grave, ne rencontre plus de la part des représentants et garants de ces dernières qu’une résistance de principe. Par faiblesse, par couardise, par démagogie, ils sont devenus les acteurs de leur propre décomposition.
Partout, ce qui semblait relever du bon sens, qui coulait de source, ce qui relevait même de l’évidence est remis en cause, voire nié. Les repères sur lesquels se fondait notre société s’effondrent les uns après les autres sous les coups de boutoirs d’irresponsables, pétris de certitudes niaises et d’arrogance sectaire.

On voit ces jours ci, au nom d’un anti-racisme complètement perverti, l’agitation se répandre un peu partout dans le monde occidental. Parmi les manifestations diverses et variées que cette folie engendre, certaines paraissent presque comiques. On pourrait ainsi rire de la décision récente de la compagnie Warner de déprogrammer le vieux blockbuster hollywoodien Autant En Emporte Le Vent. C’est tellement ridicule qu’on éprouve de la peine pour les idiots qui se laissent aller à prendre de telles décisions.
On rit un peu moins au déboulonnage des statues et à la débaptisation des rues portant le nom de personnages illustres du passé, soupçonnés d’avoir par leurs écrits ou par leurs actions, porté un jour offense aux canons de la nouvelle morale puritaine. C’est grotesque mais également sinistre, rappelant tout à coup, les destructions barbares auxquelles se livrent les islamistes fanatiques ou la censure partisane des soviets.
Et on ne rit plus tout lorsqu’on voit mettre en accusation police et gendarmerie, piliers s’il en est, de l’édifice démocratique. Elles sont sommairement jugées coupables d’être par essence violentes et racistes, et après avoir obtenu leur affaiblissement, c’est leur déstabilisation, leur désarmement complet, voire leur démantèlement qu’on cherche manifestement. Les gouvernants, ne sachant plus quelle attitude adopter et pétrifiés par la crainte de voir s’amplifier les mouvements sociaux, accumulent les gaffes, les contradictions et les reculades, affaiblissant encore plus le système qu’ils sont supposés défendre. Résultat, les forces de l’ordre, lasses et découragées arrivent au point de rupture, faisant craindre de terribles débordements à venir. Non pas les leurs, mais ceux de hordes haineuses galvanisées par la faiblesse de la puissance publique et par le sentiment croissant d'impunité.
Parmi les tristes symboles de cette désagrégation sociétale qui traverse tout l’Occident, on retient les images impressionnantes de politiciens et de policiers américains mettant un genou à terre, puis celle du premier ministre canadien Justin Trudeau dans la même posture, pour dénoncer paraît-il, les violences policières et soutenir la lutte antiraciste. Ce geste suggère bien davantage une soumission qu’un acte de bravoure et laisse entrevoir de manière angoissante l’idée d’un Pouvoir privé de pouvoir, et bientôt peut-être de membres et de tête...
Illustration: Carlo Canestrari, sculpture en bronze représentant un buste d'homme accroupi
un genou à terre

13 mai 2020

COVID-19 : Le Monde d'après

On entend beaucoup de voix ici ou là, pour évoquer déjà “le monde d’après” l'épidémie de COVID-19. Pourtant si cette dernière devrait nous réapprendre une chose, c'est que l’art de la prédiction est parmi les plus hasardeux qui soient. S’il n’est pas difficile de prévoir que les conséquences de ce fléau se feront sentir longtemps et qu’elles affecteront profondément l’économie de nombreux pays, il paraît spécieux de recourir aux amalgames idéologiques pour dessiner l'avenir.
Rien de plus stupidement partisan que celui affirmant que la propagation du virus a été favorisée par la dégradation de l’environnement, la course à la croissance, la mondialisation ou je ne sais quel mal dont on attribue la cause, selon le refrain bien connu,  au capitalisme ou au libéralisme. Une chose est certaine en revanche, l’opportunisme reste une constante du raisonnement politique. On voit ainsi l’ineffable Nicolas Hulot, nullement affecté par ses erreurs et ses échecs passés, sortir son wagon de propositions “nouvelles” destinées à éviter la fin du monde qu'annonce, à n'en pas douter pour lui, l'émergence de ce virus, suggérant au passage qu'il s'agit d'une punition sanctionnant nos mauvais comportements …
D’autres comparaisons avec le passé ne valent pas forcément mieux, telle celle faite avec l’immédiat après-guerre par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, affirmant notamment que la récession sera la pire qu’on ait connu depuis 1945. Il y a quelque indécence à comparer la guerre, ses destructions massives et ses millions de morts avec une épidémie, aussi grave soit-elle, surtout lorsqu’on fait partie des responsables qui ont méthodiquement organisé, planifié les mesures susceptibles d'entraîner une crise économique ! On se souvient des rapprochements oiseux qui avaient été faits en 2008 entre la crise dite des “sub-prime” et celle de 1929. A force de manier l’emphase et l’excès, les discours des politiciens deviennent insignifiants et contribuent toujours plus à tuer la confiance qu’on devrait avoir en leur clairvoyance. Contrairement à l’adage, gouverner, c’est de moins en moins prévoir !

Il est donc vraisemblable que nombre de convictions resteront solidement ancrées dans les esprits. De ce point de vue, le monde ne changera guère, selon toute probabilité. Les écologistes resteront écolos, probablement de plus en plus dogmatiques, les socialistes et apparentés seront toujours cramponnés aux vieilles lunes collectivistes et au mirage de la justice sociale, les étatistes s'accrocheront au pouvoir et l'Administration centrale, ses innombrables succursales, et sa pléthore de réglementations continueront de proliférer.

Il y a peu de chances qu’on assouplisse l’organisation du système de santé qui fut pourtant impacté au premier chef, et littéralement débordé par la crise. Il y a peu d’espoir par exemple, qu’on supprime les Agences régionales de Santé (ARS) qui ont montré une fois encore leur inertie et leur inefficacité. Il est tout aussi improbable qu’on donne aux établissements de santé un peu plus d’autonomie et qu’on les incite à faire évoluer leurs services de soins en unités à géométrie variable, capables d’augmenter massivement leurs capacités en situation de crise. Sauf miracle, la Sécurité Sociale restera sans nul doute un monopole chroniquement en faillite et la bureaucratie précautionneuse supposée protéger les patients lors des essais cliniques répandra toujours plus sa glu asphyxiante.

Sur le terrain, on découvrira peut-être, au rang des effets latéraux de l’épidémie, que certains malades victimes d’autres affections que "la" COVID ont pâti de la déprogrammation quasi systématique de tous les soins non urgents, même dans les zones peu touchées par le virus. Mais, revers positif de la médaille, peut-être prendra-t-on conscience du caractère superfétatoire de certains soins. Peut-être comprendra-t-on que bon nombre de suivis routiniers peuvent s’effectuer de manière moins coûteuse et plus pragmatique, grâce à la télémédecine.
Peut-être réalisera-t-on que les mesures prises pour lutter contre le nouveau fléau ont protégé la population contre d’autres maladies, infectieuses ou non. Les gestes barrières ont en effet probablement été bénéfiques pour empêcher la propagation d’autres agents viraux ou microbiens que le coronavirus. On peut par voie de conséquence espérer que cette expérience conduise à l’avenir à améliorer les mesures d’hygiène et de prévention lors des viroses saisonnières  et a fortiori face à un éventuel retour du COVID-19... Enfin, le repos forcé occasionné par le confinement a peut-être limité le nombre d’affections dues au stress, notamment les maladies cardio-vasculaires. Et la quasi suppression de toute circulation a possiblement réduit le nombre de patients dans les services de traumatologie...

Au plan économique, si beaucoup d’experts prévoient des mois, voire des années sombres, il est bien difficile de faire des supputations trop précises sur la reprise. Beaucoup dépendra de la volonté des gouvernants et du peuple, d’affronter la réalité de manière réaliste et de casser enfin la spirale infernale des taxes, des dépenses et des déficits.
Partout on entend qu’il faudra “relocaliser” quantité d’industries et d’entreprises, notamment celles fabricant les médicaments, les tests biologiques et les masques. Mais il y a peu de chances que le choses changent spontanément car il ne suffit pas hélas d’émettre un vœu pour qu’il se réalise. Acceptera-t-on dans la période “d'appauvrissement généralisé” annoncée par le Premier Ministre en personne, de payer plus cher des produits que nous ne sommes plus en mesure depuis belle lurette de fabriquer à bon marché ? Ou bien se résignera-t-on à procéder à de réelles baisses d’impôts et de charges, tout en diminuant en regard la protection sociale, pour retrouver un peu de compétitivité. Cela semble illusoire....
La situation risque même de se tendre un peu plus, sachant que les quelques réformes entreprises, notamment celle des retraites, risquent de se trouver définitivement abandonnées… Il est donc à craindre que la pression fiscale continue son inexorable progression, jusqu’à un hypothétique point de rupture.

Certains changements comportementaux à rapporter à l’épisode COVID-19 peuvent en revanche déboucher à l’avenir sur une vraie évolution de la société, non sans dégât parfois, mais plus favorablement dans d’autres occasions.
Une vraie crise profonde et durable du tourisme de masse est à craindre, avec ses conséquences désastreuses sur des pans entiers de l’économie, mais il faut bien avouer que même à ce prix, le résultat aura quelques aspects bénéfiques, en minimisant la pollution due aux transports aériens et les dégradations de sites magnifiques mais fragiles.
Pareillement, si les grandes surfaces et les centres commerciaux risquent de souffrir, ce sera peut-être au profit de la réhabilitation des centres-villes, et plutôt des cités de taille moyenne que des mégalopoles. A l’heure d’internet, quel est l’intérêt en effet de s’entasser dans ces enfers urbains où tout est cher, où l’air est vicié, où la délinquance fait rage et qui constituent un terreau idéal pour les grandes contagions ?
Cette évolution pourrait être dopée par le développement des télé-consultations, du télé-enseignement, et du télétravail qui ont pris un essor soudain grâce au confinement.
En définitive, à condition d’être résolument optimiste, on pourrait même imaginer enfin une mondialisation heureuse, associant une concurrence plus équilibrée et des échanges plus transparents. L’acquisition rapide de connaissances sur le coronavirus fait peut-être partie des prémices d’une nouvelle concertation internationale. On est encore loin du gouvernement mondial, mais qui sait ce que l’avenir réserve….

Bref on n'a pas fini de parler de ce foutu coronavirus et de cette année 2020, climatérique s’il en fut. Rappelons pour terminer ce propos, qu’à ce jour, on compte à travers le monde un peu plus de 280.000 victimes, sachant que la grippe saisonnière est responsable chaque année d’un nombre de morts se situant entre 300.000 et 600.000, et que le paludisme fait quant à lui autour d’un demi million de victimes. Et que tout cela reste modeste en regard des ravages liés à l’alcool, décimant tous les ans, au bas mot 3 millions de personnes...