30 avril 2023

La méthode Coué du docteur Braun

Le bon docteur Braun, ci-devant ministre de la Santé, pratiquait, dans une vie antérieure, les traitements intensifs et les soins d’urgence.
Il semble être devenu dans ses nouvelles fonctions politiques, adepte de la bonne vieille méthode Coué.

Chacun connaît l’état de plus en plus calamiteux de notre système de santé, qui coûte très cher (un des 4 ou 5 plus onéreux au monde) et qui perd paradoxalement dans le même temps son efficacité.
Les problématiques non résolues sont légions et malgré une pléthore de lois depuis quelques décennies et 5 ou 6 “plans” de redressement depuis l’ère Macron, le mal ne fait qu’empirer. A croire que les remèdes proposés aggravent les choses…

Face à ce marasme, M. Braun reste impassible pour ne pas dire serein, et plutôt que d’annoncer encore de vastes et définitives réformes, tout se passe comme s’il avait choisi de minimiser voire de nier la dure réalité au profit de chimères lénifiantes. Au coup par coup, il répond sur l’air “du tout ira très bien”.
Quelques sujets tirés de l’actualité permettent d’en juger.

Face au fléau de la désertification médicale, quasi organisée par les pouvoirs publics via une planification aveugle et obtuse, M. Braun affirme benoîtement que chaque patient chronique sans médecin traitant sera contacté avant l’été. Par qui et pour quoi faire, la chanson ne le dit pas.

Confronté au problème de l'intérim médical qui n’est lui aussi qu’une des conséquences de la même planification, le ministre bloque les rémunérations paraît-il extravagantes des "mercenaires" auxquels les hôpitaux sont contraints de faire appel pour pallier dans l’urgence les défections. Résultat, ces mêmes établissements se retrouvent sans médecin dans de nombreuses disciplines. Monsieur le ministre ne voit manifestement pas la pénurie qui se fait jour et déclare avec une tranquille assurance, qu’aucun service ne fermera en avril. Par quel coup de baguette magique, nul ne sait…

Pour apaiser la colère des médecins de ville qui réclament depuis des années à grands cris une revalorisation de leurs actes, il fait mine d'accéder à leur demande, en accordant royalement une augmentation du tarif des consultations de 1,5€, passant ainsi de 25 à 26,5€ (la moyenne européenne étant plus du double...). Dans le même temps, il reconnaît la revendication juste des internes hospitaliers en grève, et fait porter la responsabilité du malaise aux établissements, occultant celle, écrasante, du gouvernement…

Pour résoudre la problématique des défaillances grandissantes de l’approvisionnement des médicaments, causée en grande partie par la politique étatique de sous-tarification et d’obligation absurde de recourir systématiquement aux produits génériques, M. Braun propose un grand plan nébuleux portant sur “les médicaments essentiels”, supposé on ne sait pas bien comment, éviter les ruptures de stocks.

Enfin, pour remédier enfin à l’exclusion arbitraire des soignants non vaccinés contre le COVID-19, le ministre annonce leur réintégration, mais sur le terrain, on attend toujours la concrétisation de cette mesure, si tant est que les personnes concernées n’aient pas trouvé par elles-mêmes des solutions alternatives.

Parler et ne rien faire, tel semble donc résumer le programme de ce ministre discret, mais totalement dépassé par une situation qui prend l’allure d’un vrai désastre... N'est-ce pas en définitive la stratégie générale du gouvernement ?

22 avril 2023

S'aligner ou pas (2)

A l'international, l'image de la France n'est pas plus reluisante. Le déclin du rayonnement de notre pays est un fait désormais acquis, plus évident et bien plus préoccupant que le réchauffement climatique. Au surplus, le premier est de cause humaine sans aucun doute… Croyant pouvoir pallier cela par des mots, Emmanuel Macron parcourt le Monde et fait de beaux et emphatiques discours. Sur la forme il est brillant mais quant au fond, il n'impressionne manifestement personne.

Retour de Chine, le nouveau slogan est le non alignement sur la politique américaine. Belle réussite ! Les Chinois se félicitent narquoisement de ce grand coup d'épée dans l'eau qui en apporte une belle louchée à leur moulin. Les Européens quant à eux font grise mine en voyant notre Tartarin président parler sans vergogne ni concertation en leur nom…

D'aucuns ont fait remarquer que le Chef de l’État se prenait pour de Gaulle lorsqu'il tançait les Américains engagés militairement au Vietnam. Sa rhétorique persifleuse et un rien zozotante est bien loin de la pompe sentencieuse, gutturale et grandiloquente du grand Charles, mais même s'il s'en approchait, ce ne serait toujours pas un compliment. Le Général, déjà guère apprécié des anglo-saxons, ne manquait pas de culot lorsqu’il fustigeait ex cathedra l'impérialisme yankee. Lui qui incarnait le pays le plus colonisateur de l'histoire moderne (dont l'Indochine, qui était encore dans les esprits de nombreux Français, humiliés par Ho Chi Minh). Lui qui se fit fort de défendre l'Algérie Française avant de l'abandonner corps et biens à la barbarie marxiste-léniniste. Lui qui claqua la porte de l'OTAN, alors qu'il s'agissait du meilleur rempart contre la vraie menace de l'impérialisme soviétique.

Aujourd'hui que le sort de Taïwan est en jeu, et la paix dans tout le sud-est asiatique, monsieur Macron croit très fin de se désolidariser de l'alliance des pays libres. Pour faire quoi, nul ne le sait. Rien sans doute.

Il y a quelques mois à peine, il jugeait l'OTAN en mort cérébrale et donc devenue inutile. Après un revirement sur les chapeaux de roue, il fit allégeance à l'oncle Sam sur l'affaire ukrainienne. Il faut reconnaître qu'il émit quelques doutes quant à la stratégie. Mais, hormis quelques vains entretiens avec Vladimir Poutine, il ne proposa rien d'autre que de renforcer les sanctions contre la Russie et de poursuivre la fourniture d'armes aux Ukrainiens, sans objectif précis, ce qui ne conduit qu'à voir le conflit perdurer et les morts s'accumuler.
Aujourd'hui, en dépit de la politique erratique de l'administration Biden, les USA sont plus forts, plus inventifs et plus riches que jamais (l'État le plus pauvre, le Mississippi, a un PIB par habitant plus élevé que celui de la France).

Par ses propos inconséquents et incompréhensibles (sauf à imaginer un sordide calcul commercial sous-jacent), Macron claironne qu'il ne veut pas s'aligner sur des alliés, qui restent quoi qu'on dise, nos plus anciens et nos plus fidèles amis. Il a déjà perdu gros lors du “contrat du siècle” avec l’Australie, portant sur l’acquisition de sous-marins nucléaires.
Crise après crise, il a perdu beaucoup de sa crédibilité auprès de son peuple.

Aujourd’hui, il sillonne la France au son des casseroles du mécontentement. Il fait mine de ne rien entendre de méchant et se répand en belles paroles, en nouveaux engagements intenables et en nouvelles dépenses publiques. Mais au fond, à le voir virevolter et zigzaguer sans cesse, on se demande toujours sur quelle perspective concrète il entend s’aligner…

21 avril 2023

S'aligner ou pas (1)

La réforme des retraites est enfin promulguée.
En fin de compte, Emmanuel Macron a tenu. Pour quel résultat ? Presque rien en somme, mais c'est symbolique. Un simple ajustement technique qui ne résout quasi rien du problème de fond (adieu système à points modulables, honnie soit la capitalisation...)
On est passé largement à côté de la Réforme nécessaire, à laquelle il faudra bien que quelqu'un s'attelle un jour. Pour l'heure, le pays sort miné, épuisé, écœuré, de cette épreuve de forces mais la rue, dévastée par les minorités hurlantes, n'a pas eu le dernier mot.
Les syndicats, la Nupes, et tous les révolutionnaires au petit pied accrochés à leurs basques, tous alignés sur la même position, aussi radicale qu'irréaliste, ont perdu.
La rage qu'ils manifestent est à la hauteur de leur cuisante défaite. "Leur" peuple s'est soulevé mais on n'a vu qu’une horde de gnomes sans tête ni cœur, mus par une insane folie destructrice.
Une fois encore, au pays des Lumières, on les a vu piétiner quotidiennement les principes élémentaires de la république démocratique qui les nourrit grassement. Pire, ils chient dessus , vandalisent tout ce qu'ils touchent, violent impunément les droits de tous ceux qui ne sont pas inféodés à leur idéologie haineuse et revancharde.
On imagine sans peine mais avec dégoût ce dont seraient capables ces gens s'ils étaient au pouvoir !

Après des semaines de chaos et de déraison, le président de la république s'est exprimé dans le but de ramener un peu de concorde. Hélas son discours du 15 avril est à la mesure de l'insignifiance de sa politique. Il a plus qu'un peu de responsabilité dans ce qui arrive, pour avoir dit et fait tout et son contraire en toute circonstance. Certes, il partage le poids de cette incurie avec ses prédécesseurs. C'est une mince consolation.
A force d'indétermination, de lâcheté et de démagogie, les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir depuis des décennies ont précipité le pays dans un abîme d'impuissance et de bureaucratie. Dans ce marécage nauséabond qu'ils voudraient qu'on prenne pour un perpétuel bain de jouvence nourri de leurs belles promesses, s'élève le monument à la fois dérisoire et monstrueux de l'Etat Providence autour duquel surnagent les grands principes, totalement vidés de leur substance, et les fameux "droits acquis" qui s'effritent dans la fange…
Toutefois, le bel alignement des apparatchiks de l'Intersyndicale, des gremlins enragés de la Nupes et de tous les lapins crétins d’une Gauche fossilisée n'a donc pas suffi cette fois pour enrayer la machine macronienne. Dont acte.

07 avril 2023

A quoi sert un blog ?

Ce blog vient de passer le cap des 1000 billets et va fêter en juin ses dix-sept années d’existence (est-il vrai comme l’affirmait Rimbaud qu’on n’est pas sérieux quand on a 17 ans ?).
Face à ce constat, et à ce patient travail, on peut penser au facteur Cheval contemplant son Palais Idéal ou à l’inénarrable François Pignon devant sa Tour Eiffel en allumettes. Quel est l’intérêt de tels “chefs-d'œuvres” qu’on pourrait juger à la fois vains et inutiles ?
Si l’on juge l'audience de ce journal extime en s’appuyant sur les statistiques que veut bien fournir Google, on n’est guère avancé. Tantôt le flux des vues peut atteindre plus de 12000/ mois, tantôt il redescend à peine au-dessus des 1000. Pour expliquer de telles variations, il faut sans doute invoquer un fort parasitage du comptage des accès par des procédés automatiques ou des robots.
En parallèle, force est d’observer que le suivi du nombre de commentaires ponctuant les billets, qui pourrait constituer un indicateur indirect, reste des plus plats, en dépit d’une totale liberté de publication (à ce jour, ni censure, ni filtrage, ni même modération). A peine plus d’un commentaire par billet en moyenne. Encore faudrait-il déduire les réponses de l’auteur…

Même si par des témoignages concrets, il est possible d'affirmer que des personnes lisent ces propos en liberté lâchés régulièrement sur le Web, comment ne pas être confronté, à l’instar d’autres blogueurs, et autres jeteurs de bouteilles à la mer, au vertige du néant et de la déraison ?
A quoi bon tant d’efforts, tant d’opiniâtreté, après tout, pour si peu de résultat ?

Tant pis, ne serait-ce que par respect pour celles et ceux qui ont la faiblesse de le suivre, et naturellement par nécessité personnelle, le fil de ce quasi monologue dédié à la Liberté chérie ne sera pas interrompu tant qu’il restera quelque force et quelque espérance à son auteur.
Parmi les reproches qui lui sont faits, en dehors de celui d’émettre une opinion libérale, à contre-courant de la doxa contemporaine, celui qui revient le plus souvent est de manifester un pessimisme excessif. Sans doute y a-t-il une réalité qu’il faudrait s’attacher à corriger. Mais pour l’essentiel, le constat est en fait trompeur car il ne fait que révéler un état d’esprit partagé entre deux sentiments contradictoires : un optimisme viscéral quant au progrès et à l’émancipation des êtres humains par la liberté, d’une part, et le désespoir de voir tout cela menacé par la pulsion auto-destructrice qui étreint ces mêmes êtres-humains, d’autre part. A l’instar de Saint-Georges finissant par terrasser le Dragon, l'Homme sortira-t-il victorieux de ce douteux combat sans avoir à tout reconstruire à chaque fois ?

PS: Gratitude à Google (qu'on pourrait au passage, ranger au rang des bienfaiteurs de l'Humanité), qui héberge gracieusement ce blog et le diffuse et qui laisse à son auteur toute latitude pour exprimer ses idées.