24 janvier 2024

Basic Economics 5

Conclusion

L'intérêt de l’ouvrage de Thomas Sowell ne réside pas tant dans l’originalité des démonstrations présentées, somme toute déjà connues, que dans l’illustration pratique qui en est donnée à partir de la réalité factuelle.
L’approche est donc avant tout pragmatique, contrairement à celle des théoriciens, cramponnés à des principes. Au surplus, la clarté du discours le rend plus percutant que les méandres idéologiques dans lesquels s’enlisent nombre de penseurs autoproclamés progressistes.
En bon économiste libéral, Sowell ne cherche pas à changer radicalement le monde sur la base de concepts théoriques mais à mieux le comprendre et à s’adapter à ses réalités incontournables, pour en tirer le meilleur parti.

Si l’intervention de l’Etat sur les prix s’avère en général néfaste, elle serait en toute logique évitable. Ce n’est pas le cas de beaucoup de facteurs, pas toujours prévisibles, susceptibles de faire évoluer les prix et de peser sur l’offre et la demande. A l’instar de Schumpeter, il est imperatif d'être réactif face à ces évènements afin d’évoluer voire d’organiser sans délai les mutations que les renversements de situation imposent.
Pour rester prospères, les entreprises doivent notamment prendre en considération les progrès techniques, les changements du contexte social ou géopolitique qui peuvent faire évoluer les comportements. On ne pratique pas par exemple, la même politique commerciale lorsque les consommateurs se concentrent dans des cités en forme de mégalopoles ou s’ils sont dispersés à la campagne ou dans des villes moyennes. Il est illusoire d'ignorer le bouleversement des habitudes induit par le réseau internet...
Sowell cite entre autres, l'exemple édifiant de la chaîne autrefois célèbre A & P, qui fut la plus grande entreprise de distribution alimentaire aux USA, comptant pas moins de 15.000 magasins en 1929, répartis sur tout le territoire américain. Le modèle, s'était imposé à la faveur de prix bas et d'un modèle bien adapté aux habitudes de consommation jusqu'au début des années 50. Le drame arriva lorsque l'exode rural concentra la clientèle dans des grandes villes et que l'essor de l'automobile permit aux gens de se déplacer facilement. Les grandes surfaces se mirent alors en place au nez et à la barbe d'A & P, trop assurée de sa position dominante. En quelques années, la firme périclita, faute d'avoir pu s'adapter à temps.
Si l'on ne peut continuer à proposer des produits, même de bonne qualité, lorsqu'ils sont remis en cause par une évolution du contexte social, il est tout aussi périlleux de ne pas être attentif aux avancées technologiques majeures.
On a ainsi vu disparaître en quelques années les écrans cathodiques les plus performants au profit des dalles plates utilisant des diodes électroluminescentes (LED), acculant les constructeurs à une alternative simple : s’adapter ou périr.
En matière de photographie, on a assisté à la révolution numérique qui a rapidement enterré envers et contre tout la technologie argentique. Les entreprises qui n’ont pas pris en marche le train de l’innovation ont été poussées à la faillite, aussi imposantes soient-elles, comme ce fut le cas de Kodak.
Lorsqu’un progrès technique se fait jour, il s’impose donc fatalement, et ne nécessite aucune aide en provenance de l'État. Pareillement, ce dernier ne peut espérer faire survivre longtemps à coup de subventions un secteur en voie d’obsolescence ni sauver des emplois devenus inutiles. On l’a vu avec le déclin de la sidérurgie, des filatures, du charbon…

L’intervention massive des gouvernements sur le marché automobile, guidée uniquement par un douteux souci écologique, risque d’aboutir à pareilles déconfitures. Si la voiture électrique représente un vrai progrès, elle doit s’imposer d’elle-même sans qu’il soit nécessaire d’en fausser le prix par de fallacieux bonus et de pénaliser tout ce qui peut lui faire concurrence.

On voit également les dérives frauduleuses des mesures incitatives à la rénovation énergétique des logements, telle la fameuse “ma prime renov”. Distribuée sans beaucoup de discernement et parfois en dépit du bon sens, elle conduit à faire monter les prix en attirant quantité d’aigrefins appâtés par des gains faciles, au dépens de gogos naïfs, victime d’une propagande délétère.
On a vu enfin l’absurdité des lois dites EGALIM. Dans la période d’inflation que nous connaissons, le gouvernement a réussi le tour de force d’interdire aux commerçants de la filière alimentaire d’appliquer des marges inférieures à 10%, tandis qu’il demandait à ceux qui vendaient du carburant de le céder à prix coûtant !

La morale de l’histoire selon Sowell, est qu’il vaut mieux, s’il on veut aider les entreprises, interférer le moins possible sur la loi de l'offre et la demande, et si l'on veut aider les gens modestes, intervenir le moins possible sur les prix, sur le libre échange et sur le marché du travail. En fin de compte, il vaudrait encore mieux donner de l'argent aux plus nécessiteux plutôt que de nuire à la société tout entière en faussant les prix par des artifices alambiqués ou des taxes dissuasives…

22 janvier 2024

Basic Economics 4

Des effets pervers du salaire minimum et du contrôle des rémunérations.

Thomas Sowell montre que le marché du travail répond, comme tout échange marchand, à loi de l’offre et la demande.

L’obligation légale d’un salaire minimum fausse donc le libre cours du marché de l’emploi. Pour beaucoup de gens, cela paraît une bonne chose, garantissant davantage de justice sociale. C’est donc une mesure politique très populaire. Économiquement, c’est autre chose.

Les mêmes causes ayant les mêmes effets, le salaire minimum s’apparente à la surestimation des prix. La surproduction qui s’ensuit peut être mesurée à l’aune du taux de chômage, qui quantifie le nombre de personnes ne trouvant pas d’emploi. Si l’on se départit de tout a priori, la corrélation est évidente car le salaire minimum peut agir comme un seuil excédant, pour un emploi donné, généralement peu qualifié, le rapport coût/productivité. Cette problématique est aggravée par des montants élevés de charges sociales et une législation rendant les licenciements difficiles. Face à un risque jugé trop important, l’employeur se voit contraint de se priver d’un recrutement. Dans ces conditions, mécaniquement le taux de chômage reste élevé, voire augmente.
Si pour celui qui a la chance d’être embauché, le salaire minimum peut donc paraître bénéfique, pour ceux qui n’ont pas d’emploi, en dépit de toutes les lois bienfaitrices, le salaire minimum reste de zéro. En outre, la mesure est coûteuse pour les finances publiques, car pareillement à la surproduction des produits agricoles, l’Etat se fait un devoir de racheter cet excédent en versant aux chômeurs une allocation.

D’autres effets pervers se font jour, notamment lorsqu’il s’agit d’augmenter, souvent sous la pression des syndicats ou bien d’échéances électorales, voire sous l’effet de la simple inflation, le montant du salaire minimum (SMIC). Comme il n’est pas possible de faire croître simultanément tous les autres salaires, on assiste de facto à leur dévaluation relative, et un certain nombre de personnes se trouvent tôt ou tard rattrapés par le SMIC.
Pire, lorsque le marché de l'emploi est tendu, certains employeurs peu scrupuleux profitent de la loi pour proposer des emplois sous payés à des gens qui en tout état de cause mériteraient mieux. Enfin, Sowell suggère que les syndicats ont intérêt à exiger un SMIC le plus haut possible pour favoriser les emplois de leurs adhérents expérimentés et qualifiés, au détriment de jeunes novices...

Pour preuve de l’inefficacité d’un salaire minimum garanti par l’Etat, les pays qui ont résisté à la tentation de l’instaurer s’en portent plutôt bien : la Suisse avec ses 3,1% de chômage, Singapour avec 2%, les USA dont le taux de chômage ne dépassait pas 1,8% jusqu’à l’ère Coolidge.
En France, très généreuse en matière d’indemnisation du chômage, le nombre de demandeurs d’emploi reste constamment plus élevé qu’ailleurs. Même en période de plein emploi, il ne baisse pas en dessous de 7%.

Pour tenter de lutter contre les effets néfastes du SMIC, on a appris récemment de la bouche de madame Borne, ex Premier Ministre, la création d'une nouvelle commission, le "Haut Conseil des rémunérations". Il s’agit d’un rouage de plus dans la bureaucratie, qui comme le fait remarquer Marc Fiorentino "va booster avant tout les rémunérations de ceux qui vont y être nommés". A défaut d’assainir le marché de l'emploi, on va donner du travail aux fonctionnaires contrôleurs. Dans le même temps, le gouvernement promet des sanctions aux employeurs qui auraient des "minima salariaux de branche, inférieurs au SMIC". En dépit du nombre incroyable de réglementations, on apprend donc qu’il est toujours possible de les contourner !
Quelques jours plus tôt, dans un éclair de lucidité et de sincérité, et comme pour donner raison à Thomas Sowell, le ministre de l’Economie, M. Lemaire, avait révélé que le gouvernement ne pouvait procéder à une augmentation du SMIC qui risquerait de "menacer l'emploi des plus fragiles et des moins qualifiés" et créer un enchaînement néfaste sur les autres salaires… CQFD.

18 janvier 2024

Basic Economics 3

Thomas Sowell
met à jour avec beaucoup de clarté et de pertinence, les effets néfastes des mesures a priori bien intentionnées de contrôle et de régulation autoritaire des prix. Il y a deux manières de procéder en la matière. Soit en bloquant la hausse par des plafonds arbitraires, soit en fixant au contraire des seuils, ou "prix planchers", destinés à empêcher ce qu'on appelle le dumping, mais qui ne font rien d'autre qu'entraver le libre jeu de la concurrence. Les exemples abondent dans l'ouvrage, de ces pratiques toujours délétères. On pourrait facilement en trouver également dans les mesures prises par les gouvernements qui se sont succédé en France depuis des décennies.

Mesures à la baisse:
Selon la logique développée par Sowell, le plafonnement du montant des loyers immobiliers, décrété ex cathedra par le gouvernement, s’apparente à un leurre auquel il est tentant de croire, mais qui aboutit invariablement à l’aggravation des choses, surtout s’il s’accompagne de mesures hyper protectrices pour les locataires.
Ce qui pourrait sembler paradoxal ne l’est pas. En limitant le prix des loyers, l’Etat n’augmente en effet en aucune manière le parc immobilier offert à la location. Les gens qui imaginent avoir un accès plus facile à un logement, se heurtent donc à la foule de leurs pareils qui poursuivent le même dessein. Les files d’attente s'allongent pour le moindre appartement, et il s’ensuit un sentiment accru de pénurie d’autant plus frustrant que les loyers semblent à portée de bourse.
Les bailleurs, face à l’afflux de candidats et à l’embarras du choix, se montrent de plus en plus exigeants pour sélectionner leur locataire, ce qui contribue à exclure toute une catégorie de prétendants jugés trop peu sûrs et quasi indélogeables s’ils se révèlent indélicats. Mais ils n’estiment pas pour autant leur situation de propriétaire très enviable. Ils sont confrontés à une stagnation ou à une baisse de leurs revenus, et se voient poursuivis par des réglementations environnementales de plus en plus contraignantes et coûteuses, dont le tristement fameux Diagnostic de Performance Energétique (DPE). Face à cette avalanche d'obligations et d'interdits, ils sont amenés à surseoir à certaines dépenses de rénovation. Parfois, ils renoncent tout simplement à louer leur bien, ou cèdent à la tentation de la location de très courte durée, parfois sous le manteau…

On observe une situation analogue dans le domaine de la santé et notamment s’agissant du marché des médicaments. Dans le but illusoire d’amoindrir le déficit de la Sécurité Sociale, les Pouvoirs Publics ont mis en place un système bureaucratique de réglementation du prix des médicaments imposant aux laboratoires pharmaceutiques des conditions de vente draconiennes et des prix volontairement sous-estimés. La promotion des génériques à bas coûts est également à inscrire dans cette politique.
En conséquence, les trusts produisant les médicaments, pour la plupart étrangers, se détournent progressivement du marché français, au profit d’autres, plus rémunérateurs. C’est une des causes principales aux pénuries auxquelles on assiste depuis quelques mois, qui vont en s’aggravant puisque l’Etat persiste dans cette politique.
Parmi les mesures conduisant à falsifier les prix figure le tiers payant, grâce auquel les patients ne déboursent rien lorsqu’ils viennent chercher des médicaments en pharmacie. Mesure d’autant plus perverse qu’elle s’accompagne depuis quelques années de franchises, invisibles en temps réel, mais qui grèvent les remboursements à venir en provenance de l’Assurance Maladie. On vient d'apprendre que loin de disparaître ce montant restant à charge allait doubler. Ce système est à la fois hypocrite car dissimulé et infantilisant puisqu’il mime la gratuité. Une chose est sûre, il est 
inefficace pour juguler le monstrueux déficit de la Sécu et favorise la surconsommation des produits, autre facteur en cause dans les pénuries.

Mesures à la hausse:
Il est navrant de constater que la Politique Agricole Commune (PAC) mise en œuvre, “pour protéger les agriculteurs”, aboutit au résultat inverse de celui souhaité. Sous l’égide de cette politique, l'organisation des marchés fut construite autour de trois outils : les prélèvements (ou droits de douane), les prix garantis, et les restitutions (ou subventions à l'exportation). Selon les observateurs du think Tank BSI-economics, la PAC a remarquablement bien fonctionné dans un premier temps et a atteint rapidement ses objectifs, à tel point que l’Europe est entrée dans une période de surproduction. Au bout du compte, la situation des agriculteurs ne s’est pas améliorée durablement et les consommateurs se sont trouvés pénalisés par le maintien artificiel des prix à des niveaux trop élevés. Cette inflation quasi organisée fut récemment aggravée selon Michel Edouard Leclerc par le nouvel arsenal de lois dites EGALIM supposées limiter les offres promotionnelles dans les grandes surfaces, dans le souci toujours bien intentionné, de venir en aide aux producteurs en forçant les consommateurs à payer "le juste prix".

Sur le marché automobile enfin, la pléthore de règlementations destinées à diminuer l'utilisation des carburants fossiles et à favoriser le marché national, cumule tous les effets négatifs du contrôle des prix. Par le jeu de primes et de pénalités, on augmente artificiellement le prix des véhicules dits "thermiques", tandis qu’on fait mine de diminuer celui des voitures électriques. Mais dans les deux cas, cela s’apparente à une falsification des prix. S’agissant des véhicules frappés par les malus, c’est évident. Malgré les promotions faites par les constructeurs, le montant des pénalités, qui croît chaque année, dissuade de plus en plus les consommateurs d’acquérir des voitures thermiques neuves. Quant aux bonus incitatifs attribués aux véhicules électriques, de plus en plus tarabiscotés, ils permettent certes aux constructeurs de maintenir des prix élevés en atténuant, leur impact pour les acheteurs. Mais l’offre reste trop chère pour les gens modestes, et pas suffisamment attractive pour les autres, ce qui aboutit à la stagnation du marché à laquelle on assiste.
Dans les deux cas, on observe donc une surproduction de plus en plus difficile à gérer. Les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer, face à un marché cher et des contraintes réglementaires de circulation toujours plus folles. Ils ont tendance à reporter l’acquisition d’un véhicule neuf et se reportent plutôt sur le marché d’occasion.

Régulation incitative ou punitive des prix par l’Etat, transition énergétique à marche forcée, et mesures protectionnistes visant à limiter la concurrence asiatique, les effets pervers se conjuguent donc de manière vertigineuse. Comme beaucoup d’économistes avant lui, Thomas Sowell flétrit les politiques protectionnistes qui contribuent à l’inflation des prix, qui pénalisent les exportations, en raison des représailles de la part des pays visés, et qui sont souvent sans effet bénéfique sur les importations.
En matière de transition énergétique enfin, en poussant le marché automobile vers le tout électrique, on n’a hélas pas tiré les leçons de la planification ubuesque de la production d'électricité, conduisant à fermer les centrales nucléaires, à désinvestir dans le domaine des produits pétroliers, et aller jusqu’à démonter des parcs éoliens pour rouvrir des centrales à charbon.
En définitive, les règles érigées par l’Etat donnent parfois l’illusion d’une efficacité, très éphémère, mais elles deviennent tôt ou tard de vraies usines à gaz, pénalisantes et inintelligibles tant elles sont complexes et changeantes. Elles se révèlent toujours coûteuses pour la collectivité, notamment lorsqu’il s’agit de verser des primes et des bonus. Au surplus, elles nécessitent la mise en place d’armées de fonctionnaires, chargés de faire des hypothèses savantes, des calculs tarabiscotés et des contrôles tatillons, pour un résultat toujours chimérique...

11 janvier 2024

Basic Economics 2

De la nécessité du profit, des intérêts, de capitaux, de la concurrence.

Contrairement à la plupart des penseurs du socialisme, qui expriment une sainte horreur du profit, Thomas Sowell le considère comme quelque chose de naturel et même comme un moteur de la croissance. Selon lui, le profit, loin d’être du vol, est tout simplement nécessaire. C’est la condition indispensable à la pérennité d’une entreprise et à son développement, son adaptation ou sa modernisation via l’investissement. Sans contrôle, il peut certes donner lieu à des abus. Face à ce danger, la concurrence, honnie également par les gens de gauche, est hautement souhaitable car elle constitue la meilleure arme pour limiter tout excès. En l’occurrence, elle s’avère beaucoup plus efficace que l'étatisation et sa régulation autoritaire, toujours complexe, onéreuse, plombée par l’inertie bureaucratique.

Mais avant d’être profitable, une jeune entreprise a besoin de capitaux. Hélas, sauf à hériter d’une société déjà prospère, il ne faut pas espérer que les fonds nécessaires à toute création tombent du ciel, et pour démarrer, il est quasi inéluctable de recourir à des prêts accordés par des banques ou des investisseurs fortunés et audacieux, aussi appelés “capital riskers”. Dans ce contexte, les intérêts sur les sommes empruntées n’ont quant à eux rien d’immoral mais obéissent à une logique relevant de l’évidence. Ils équivalent à un loyer et leur montant est proportionnel au risque pris par le prêteur.

Ces notions, fondatrices du capitalisme, coulent de source et on comprend mal qu'elles fassent encore débat, au nom de principes nébuleux, et au mépris de la réalité la plus triviale. Soit on les accepte et on construit le progrès et la prospérité, soit on les refuse et on se condamne à végéter dans la désespérance et le dépérissement. Les régimes socialistes aboutissent invariablement à ce résultat, sauf à instiller dans le système une dose plus ou moins importante de capitalisme, à se résoudre à desserrer les verrous réglementaires et à alléger le boulet des taxes et des réglementations coercitives.
La Chine moderne représente de ce point de vue un exemple édifiant. Longtemps vitrifiée par le glacis maoïste, elle s’est brutalement réveillée lorsque les dirigeants qui ont succédé à l’ubuesque tyran, ont enfin ouvert le pays à la loi du marché, à l’initiative privée et à la propriété. L’expansion économique du pays a été foudroyante. L’absence de toute opposition, de tout syndicat et de tout système de protection sociale a permis au capitalisme de progresser sans obstacle et de faire preuve d’une efficacité quasi sauvage. Ce fut expérimental en quelque sorte.

La comparaison des niveaux de prospérité des deux Corées est également sans appel. Il s’agit en réalité du même pays, des mêmes populations, séparés seulement depuis la fin de la guerre par deux systèmes économiques opposés, l’un relevant du communisme le plus archaïque et intolérant, l’autre de la démocratie libérale d’inspiration capitaliste. Partant tous deux d’un niveau proche de la misère, l’évolution des deux camps a de quoi faire réfléchir. Malgré son surarmement, la Corée du Nord est restée dans un état de pauvreté inimaginable. Par contraste, le PIB de la Corée du Sud s’est hissé au 11ème rang mondial et le PIB par habitant dépasse les 30.000 dollars, soit plus de vingt fois supérieur à celui de la Corée du Nord.
L’Allemagne, divisée pareillement en deux à l’issue de la seconde guerre mondiale, a connu le même sort, avant sa réunification, sous l’égide et avec l’aide de la partition occidentale, parvenue à la prospérité grâce au capitalisme.

À suivre...

07 janvier 2024

Basic Economics 1

Thomas Sowell
est américain, il est noir, descendant d'esclaves, d'extraction on ne peut plus modeste, et pourtant, il n'a ni animosité de race, ni rancune de classe.
Mieux, ou pire, c’est selon, il est conservateur, et ardent défenseur du capitalisme !
Est-ce pour ça qu’il est inconnu en France malgré une belle notoriété outre-atlantique et une œuvre conséquente ? Allez savoir…

Parmi les nombreux ouvrages dont il est l’auteur figure un pavé de 900 pages consacré aux mécanismes de base de l’économie, tout simplement nommé Basic Economics.
Non traduit hélas en français, je m’y suis attaqué sur les conseils de mon bon ami Jeff. Malgré mes piètres capacités en anglais, quelle ne fut pas ma surprise de constater que je comprenais sans difficulté ce texte en apparence ardu.
Sous la plume de cet auteur, l'économie devient claire et transparente comme l’eau de roche.
A l'aide d'exemples concrets, dont l'ouvrage fourmille, la mécanique économique devient un jeu d'enfant. Rien à voir avec les pensums de Piketty, dont les laborieuses démonstrations se terminent en foireux slogans politiques, néo-marxistes, lorsqu’elles ne se noient pas dans l’absurdité des a priori idéologiques.

Contrairement à une idée reçue, Thomas Sowell montre en premier lieu que l'économie est une science au même titre que la physique. Le malheur selon lui est qu’on veuille trop souvent y mettre du sentiment, voire des passions, jusqu’à nier parfois l’évidence. Les catastrophes s'ensuivent en général, mais curieusement n'empêchent pas les croyances non fondées de perdurer.
L’idée est donc, à partir de quelques exemples, d’ouvrir la nouvelle année sur ce bain de jouvence bienfaiteur. Tout serait tellement simple et propice aux vrais progrès si les constats qu’offre la réalité s’imposaient d’eux-mêmes à la place des croyances et des illusions…