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09 septembre 2024

Immigration - Xénophobie - Racisme

Les émeutes qui ont éclaté au Royaume Uni suite au carnage commis dans une école par un tout jeune homme d'origine rwandaise ont révélé de manière fulgurante la faillite d'une politique immigrationniste hors de contrôle. 

On peut s'interroger à cette occasion sur le traitement de l'information qui fut délivrée par la plupart des médias et la réaction des Pouvoirs Publics. 

Le contexte de survenue de ce drame fut occulté et les manifestations qui s'ensuivirent furent quasi unanimement et sans nuance, rapportées à l’extrême droite dont le moins qu’on puisse dire est qu’on ignorait qu’elle fut aussi implantée et influente outre-manche.


A l’évidence, la source de ce mécontentement populaire est beaucoup plus profonde et il faut avoir de la m…. dans les yeux pour l’ignorer. Pire, cette amblyopie des Pouvoirs Publics et des médias est le signe de l’usure et même de la faillite progressive du modèle de société démocratique “à l’occidentale” et à terme peut-être de la Liberté et de la prospérité. 

En réalité, ces événements devraient contraindre à voir (sauf les aveugles, ça va de soi…) le désastre auquel a conduit la politique de l’autruche pratiquée un peu partout en Europe et ailleurs. A force d’avoir sous-estimé les périls, d’avoir occulté les dangers, d’avoir évité de regarder en face la réalité, et même d’avoir mal nommé les choses, on n'a fait “qu’ajouter au malheur du monde”. La tragédie des migrants noyés en mer ou de ceux qui échouent dans des ghettos sordides, les attentats et les accès de violence qui parsèment l'actualité résultent de l’inconséquence et de la lâcheté du monde politique, en dépit de ses bonnes intentions et des fortes paroles dans lesquelles il se drape .


Avant toute chose, est-il nécessaire de préciser que l’immigration n’est pas un mal en soi ? Elle peut être bénéfique comme en témoigne l’essor des États-Unis d’Amérique. Elle a nourri la France au fil des siècles en lui apportant nombre de talents, et beaucoup de sang neuf dont elle peut s’enorgueillir.

Depuis des millénaires, les mouvements de populations font d’ailleurs partie de la nature des choses si l’on peut dire. Il n’est de frontière que dans les esprits et de contrainte que de murs et d’armes, car au plan géographique c’est un vain mot. Lorsqu’il ne s’agit pas d’invasion guerrière, la libre circulation des êtres humains est généralement bien acceptée par les populations autochtones pour peu que les nouveaux arrivants ne soient que de passage ou bien qu’ils manifestent le désir de s’intégrer au pays d’accueil en exprimant à son égard de l’amitié et en respectant ses coutumes et ses usages et mieux encore en les adoptant.

En contrepartie des exigences qu’on est en droit de demander aux immigrants, le bon sens voudrait qu’on leur réserve le meilleur accueil possible. Si l’on ne reçoit pas n’importe qui chez soi, la politesse impose de faire tout pour que ses invités se sentent à l’aise.


Mais comme en beaucoup de circonstances, c’est l’excès qui  est néfaste. Trop d’immigration tue l’immigration en quelque sorte. On connaît les méfaits du tourisme de masse, on imagine logiquement les conséquences du chaos migratoire.

Force est de constater que les règles élémentaires, relevant de la simple bienséance, ne sont plus en vigueur.

L’immigration a totalement changé de nature, elle est devenue anarchique, déborde largement les capacités d’accueil des pays concernés et ne répond plus à aucun objectif pragmatique. On assiste à une ruée frénétique vers une prospérité de plus en plus illusoire, mêlée bien souvent d’exigences revanchardes, idéologiques ou religieuses.


Après la France, l’Allemagne à son tour, paye dans les urnes son laxisme en la matière. L’extrême droite rafle la mise en recueillant des suffrages de plus en plus nombreux, car elle est la seule à laisser un espoir au peuple excédé, que la problématique soit enfin prise en considération.

En excluant de “l’arc républicain” les partis qui expriment cette lassitude teintée de colère, en s'opposant à toute négociation,  tout compromis avec eux et même en refusant de serrer la main à leurs élus, on ne fait qu’aggraver les choses et radicaliser un peu plus les esprits.


Du refus de l’immigration excessive à la xénophobie il n’y a qu’un pas et de cette dernière au racisme, l'enchaînement est aussi tragique qu’irrémédiable. Les fauteurs de trouble sont souvent ceux qui dénoncent les effets de ce dont ils chérissent les causes….

La Gauche qui ne vit que des haines (lutte des classes, guerre des sexes, des religions…) minimise à dessein le péril d’une immigration hors de contrôle et manifeste une générosité factice. Cela lui ouvre en grand le champ des luttes inter-ethniques qu’elle cultive en prétendant s’opposer au racisme…

24 août 2024

Un lanceur d'alerte, un vrai

Vu et revu tout récemment
sur Le Canal Parlementaire (LCP), un documentaire édifiant sur Pierre Ryckmans alias Simon Leys (1935-2014), pourfendeur héroïque du maoïsme.

L’itinéraire de cet universitaire d’origine belge aurait de quoi faire réfléchir beaucoup de beaux esprits auto-proclamés progressistes, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, sont enclins à l’utopie plutôt qu’à la réalité et sont toujours prompts à donner des leçons même après qu'ils se soient lourdement trompés.

Très tôt, Leys s’intéresse à la Chine. En 1955, âgé de vingt ans à peine, il y fait un premier séjour très encadré, en tant qu’étudiant, au cours duquel il prend part à un entretien avec Zhou Enlai, le numéro 2 du Parti.
Quelques années plus tard, mobilisé comme objecteur de conscience, il séjourne en 1963 à Singapour, mais soupçonné d’être pro-communiste, il doit se réfugier à Hong-Kong où il choisit de s’établir quelque temps.
Dans des conditions précaires, et vivant d’expédients, il se lance alors dans une quête éperdue de la culture chinoise, dont il parvient à maîtriser le Mandarin et l'art de la calligraphie. Parallèlement, il épouse la journaliste Han-fang Chang, rencontrée à Taiwan, qui lui donnera 4 enfants et à laquelle il restera indéfectiblement lié.

C'est dans ce contexte et parce qu'il faut bien un peu d'argent pour vivre, qu'il décroche auprès d'une revue belge, une chronique destinée à faire découvrir à ses lecteurs la vie quotidienne en Chine. Ce dont il est témoin lui fait prendre peu à peu conscience de l'horreur d'un régime pourtant idéalisé en Occident et pour lequel lui-même avait un a priori favorable.
Son enquête va lui fournir la matière du livre qui le fera connaître en 1971: Les habits neufs du Président Mao. Lors de sa sortie, cet ouvrage fait l'effet d'une bombe, révélant notamment la félonie de Mao et son ascendant diabolique qui lui permit d'acquérir un pouvoir extravagant et de toujours se remettre en selle lorsqu'il fut mis en difficulté. Il en fut ainsi lors de la campagne des 100 fleurs au cours de laquelle il fit mine de libérer la parole des opposants pour les inciter à se découvrir et pouvoir ensuite les éliminer sans état d’âme.
Leys révèle également la réalité horrible du fameux Grand Bond en Avant qui se traduit par une catastrophe économique absolue, la mort d'au moins 40 millions de personnes et une misère noire conduisant les plus malheureux à recourir au cannibalisme. Il décrit notamment la politique désastreuse des micro fonderies destinée à doper l'industrie sidérurgique mais dont le résultat se traduit par la production d'un acier de piètre qualité, inutilisable. Il révèle le programme ubuesque d'extermination des moineaux décrété par Mao, aboutissant à la prolifération de nuisibles décimant les récoltes.

En France, l'accueil fait à ce témoignage est glacial. On ignore son auteur ou on le discrédite. Des gens qui n'ont jamais mis les pieds en Chine osent prétendre “qu'il n’a pas l’expérience de ce dont il parle” (Le Monde). On l'accuse de charlatanisme, de trahison, voire d'être un agent de la CIA, et il se heurte au refus répété d’enseigner en France.
Il faut dire qu'à l'époque, on est enthousiaste dans le quartier latin où pérorent les auto-prétendus intellectuels de gauche.
Parmi les plus zélés laudateurs du Grand Timonier figurent Jean-Paul Sartre, Serge July, André Glucksmann, Philippe Sollers. On s'extasie devant la force poétique du Petit Livre Rouge, somme indépassable de lieux communs, de contre-vérités et de niaiseries infantiles. On cite Mao avec une admiration béate et on excuse les dérives supposées du régime, car “la révolution n’est pas un dîner de gala”.
Roland Barthes et Philippe Sollers, en 1974, au retour d’un voyage en Chine, organisé, planifié, balisé, qui s'apparente à une visite Potemkine, affirment qu’ils ont vu '’un pays paisible et des gens très agréables'’.

Le monde culturel et artistique est conquis. La veste à col Mao fait fureur, Godard tourne La Chinoise et Andy Warhol magnifie l'idole dont il propose une série de clichés barbouillés de couleurs clinquantes à dominance rouge.
Confronté à ce ce délire collectif, Leys fait figure de dangereux déviant qu'on cherche à faire taire. Seules quelques rares personnalités osent le soutenir : Jean-François Revel, Etiemble, Claude Roy.
Pendant des années qui paraissent des siècles le lanceur d'alerte restera méprisé et son message purement et simplement nié.
Les politiques se rangent du côté des intellectuels. Leur aveuglement est proprement ahurissant.
En 1961, Mitterrand est invité par Mao. Il tombe immédiatement sous son charme et ne voit ni le dictateur, ni la famine provoquée par le Grand Bond en Avant. Il fait l'éloge d'un "humaniste" qui mène une révolution conquérante depuis plus de trente ans. Un humaniste doublé d’un militant discipliné qui représente même pour la Chine un nouveau type d’homme chez qui « la sagesse et la culture n’ont de sens qu’identifiées à l’action » !
En 1968, alors que la Révolution Culturelle fait rage et massacre des millions de personnes, André Malraux, ministre de la Culture qualifie Mao de “plus grand personnage historique de notre époque”.
En 1973, Alain Peyrefitte, dans son ouvrage Quand la Chine s'éveillera, ne trouve pas grand chose à redire aux horreurs commises par Mao car selon lui, c'est une évidence, le peuple chinois n'est pas fait pour la démocratie !
En 1976 enfin, lorsque meurt le tyran, le Président Giscard d'Estaing n'hésite pas dans son vibrant hommage à faire de lui un phare de la pensée mondiale !

Il faut attendre 1983 pour qu'enfin les yeux se dessillent un peu. Invité de l'émission Apostrophes, Simon Leys vide son sac et se déleste d'une charge bien sentie face à la sinologue italienne Maria-Antonietta Macciocchi, ardente maoïste adulée par l'intelligentsia : “Je pense que les idiots disent des idioties, comme les pommiers produisent des pommes. C’est dans la nature, c’est normal. Le problème, c’est qu’il y a des lecteurs pour les prendre au sérieux. […] Prenons le cas de Mme Macciocchi […] De son ouvrage De la Chine, ce qu’on peut dire de plus charitable, c’est que c’est d’une stupidité totale ; parce que si on ne l’accusait pas d’être stupide, je dirais que c’est une escroquerie”
En définitive, beaucoup d’anciens maoïstes seront contraints de revoir leur position, sans toujours faire de mea culpa. Tous continueront de produire des analyses savantes et la plupart resteront ancrés à gauche. Ils changeront simplement de sujet, faisant dire à Leys que '’la Chine n'était qu’une mode. On en change comme de manteau…'’
Il finira sa vie en Australie où un poste de professeur à l’université de Canberra lui avait été offert. Son dernier ouvrage sera consacré à la tragédie des naufragés du Batavia survenue au XVIIème siècle, durant laquelle on vit une communauté de rescapés décimée sous l'influence d'un des leurs, pris d’une folie dominatrice mortifère. Une fois encore, Simon Leys martèle son message :Pour aboutir à ce genre de totalitarisme destructeur, il suffit d’un pervers, de quelques malfrats et d’une majorité de gens qui ne font rien…


05 août 2024

Le Voyant d'Etampes

Abel Quentin, jeune écrivain, décrocha pour son deuxième roman, le Prix de Flore 2021 avec un récit résolument à contre courant du prêt à penser actuel. Rien que pour cela il mérite d'être lu.
C'est l'histoire d'un professeur d'université fraichement retraité qui se met en tête de publier un essai en forme d'enquête sur un poète méconnu, américain, noir, communiste, exilé en France par le maccarthysme sévissant outre atlantique, dans les années soixante.

Il s'agit de donner à titre posthume la notoriété qu'il mérite à un paria emblématique, resté dans l'ombre, de son vivant.

Derrière cette fiction faisant d'un certain Robert Willow, un écrivain et poète qu’on pourrait situer quelque part entre Richard Wright et Albert Camus, se profile en réalité le vrai sujet, à savoir, l'éternel combat idéologique des anciens contre les modernes, le tout se déroulant au sein du peuple bien pensant, dit "de gauche". Auteur de l'essai dans le roman, Jean Roscoff, l'universitaire en question incarne l'arrière-garde du socialisme des années Mitterrand. Son principal titre de gloire, dont il aime se targuer, est d'avoir pris part au mouvement et au combat de SOS racisme !

Les modernes, ce sont les nouveaux gauchistes à dominante woke, racialistes, écologistes, féministes et autres istes, tous plus haineux et sectaires les uns que les autres, qui après avoir épuisé le filon marxiste, cherchent par tous les moyens à recycler le mythe de la lutte des classes.


Le nœud du problème réside dans le fait que, pour son malheur, le biographe, occupé avant tout à déchiffrer l'itinéraire poétique de son sujet, négligea quelque peu la négritude de Willow et surtout ne jugea pas nécessaire d'en faire la victime de sa condition. Hélas, trois fois hélas !

L'ouvrage, a priori destiné à un public averti, est remarqué dès sa publication, par un enragé de la cancel-gauche, à l'affût de tout ce qui peut déclencher une polémique. 

C'est alors une redoutable mécanique inquisitoriale qui se met en marche, qui n'a de cesse de poursuivre, de harceler et d'accuser le malheureux Roscoff, lequel ne comprend rien à ce qui lui arrive et à l'injustice qui le frappe. A l’instar du pilori, une célébrité aussi soudaine et imprévue que destructrice, lui échoit, dont il se serait bien passé.


Portrait au vitriol d'une époque dont les excès idéologiques sont devenus quotidiens, ce roman est un vrai pavé dans la mare. Il est pour tout dire, d'une actualité brûlante. 

Mais son style est également celui du temps présent. L'écriture est plate et sale, à la manière de Houellebecq. Les personnages ont peu de densité et l'analyse psychologique reste au ras du sol. L’essentiel est dans la guerre intellectuelle et dans la mise en scène de ses douteux et fallacieux combats. 

Il y a beaucoup de vrai dans ce tableau de l'époque contemporaine. C'est audacieux, louable et même édifiant, mais le récit, qui devrait faire du bien à l'esprit, laisse une sensation de malaise, voire de désespérance. On ne sait plus trop à la fin s'il s'agit de la critique d'une illusion perdue ou bien celle d'une intolérance en marche. On ne sait plus s’il reste encore quelque espoir de revenir à la raison. Peut-être en somme, parce que la réalité se confond avec la fiction...

09 juillet 2024

Le Principe du Tiers Exclu

En matière de politique, il faut rester très humble. Au terme de ces élections législatives impromptues, la redistribution des sièges à l’Assemblée Nationale se révèle sensiblement différente de ce que les sondages faisaient entrevoir.
Force est de constater que “le barrage anti RN” a fonctionné une fois encore, au-delà des espérances de ses promoteurs. La mécanique potentiellement destructrice du scrutin majoritaire à deux tours, est parvenue à biaiser l’esprit de la démocratie au nom de la logique pernicieuse et exclusive de “l’arc républicain”. Le camp macroniste a réussi à faire élire des révolutionnaires d’ultra gauche, des antisémites notoires et même un individu fiché S ! En contrepartie, la Gauche a permis au président de la république et ses amis, dont elle avait juré la perte et massivement rejetés par l’opinion publique, de continuer à exister.
Dans ce résultat en forme de trompe l'œil, la gauche semble renforcée, l’ex majorité présidentielle apparaît moins ratatinée qu’annoncé, et le Rassemblement National (RN), en dépit de l’augmentation importante du nombre de ses députés n’a ni majorité absolue, ni majorité relative. Son électorat se retrouve plus que jamais ostracisé, puisque la coalition des contraires réaffirme en chœur, au mépris de tout principe républicain, son refus de travailler avec ses représentants.

Pour autant, la perspective ouverte par le renouvellement de l’Assemblée législative est-elle vraiment bouleversée ? Non car le chaos politique qui régnait avant la dissolution est toujours là. Il est simplement plus désastreux qu’auparavant et le Président de la République porte une lourde responsabilité dans cette évolution.
Puisqu’il paraît hélas peu probable qu’il démissionne après un tel résultat, signant l’échec de son ambition de clarifier la situation, il faut bien tenter d’imaginer avec quel conglomérat il pourrait envisager de continuer à feindre de diriger le pays, et pour quel dessein.
Il manquait au parti présidentiel et ses alliés, une quarantaine de députés pour obtenir une majorité, il lui en faudrait désormais environ 130 ! De part et d’autre de ce ventre mou, embarrassé par la vaine stratégie du “en même temps” se trouvent des gens aux projets irréconciliables.
Il est exclu par principe de se tourner vers le RN.
Les Républicains (LR), dont le nombre est stable, ont perdu leur position d’arbitre, et pour coopérer avec le pouvoir, devraient accepter une collusion contre nature avec une partie de la gauche.
Cette dernière, si tant est qu'elle soit unifiée, ne pèse en effet que 180 sièges, desquels il faut logiquement retirer les quelque 70 attribués à La France Insoumise (LFI). Mais ce faisant, l’alliance du Nouveau Front Populaire se fracasse et son programme de gouvernement tombe à l’eau.

En définitive, si ces élections ont donné lieu à beaucoup de magouilles politiciennes abjectes, il faut bien convenir que les Français leur ont donné corps en suivant docilement les consignes les plus insanes. Résultat des courses, la France se retrouve dans la pire des situations imaginables, celle d’un pays ingouvernable.
On se souvient du mot fameux de Tancrède adressé à son vieil oncle Salina dit Le Guépard : “Il faut que tout change pour que rien ne change…” Une chose est plus que jamais certaine : on a les gouvernants qu’on mérite !

20 juillet 2023

Inégalités vs Pauveté

On entend souvent certaines âmes prétendument bien intentionnées et certains économistes à la petite semaine, se désespérer de l’accroissement incessant des inégalités dans le monde. Derrière ces lamentations surgit en général assez rapidement la critique acerbe du capitalisme et du libéralisme accusés de faire régner la loi de la jungle.
Cette optique grossièrement déformante, permet facilement de faire passer et repasser le message lancinant affirmant que “les riches deviennent chaque jour un peu plus riches tandis que les pauvres sont de plus en plus pauvres”.
Comme tous les slogans, il est fallacieux mais par un étrange paradoxe il fait mouche auprès des gogos qui le prennent au pied de la lettre sans chercher la moindre confirmation un tant soit peu étayée.
Les inégalités si tant qu’elles existent et qu’elles s’accroissent, n’ont qu’un rapport trompeur avec la pauvreté, qui elle-même n’est pas à confondre avec la misère.
Que m’importe après tout qu’il y ait des gens immensément plus riches que moi, si ce que je possède suffit à mon bonheur ? Et pour aller plus loin, serais-je plus heureux si les ultra-riches étaient tout à coup appauvris par je ne sais quelle baguette pas du tout magique ?

Une récente étude parue dans le Wall Street Journal (WSJ) montre que les Européens deviennent de plus en plus pauvres, alors que les inégalités de revenus se réduisent régulièrement (notamment en France). Parallèlement, les Américains deviennent eux de plus en plus riches, nonobstant les inégalités faramineuses existant dans cet antre du capitalisme honni.
Cette enquête révèle également que les salaires sont en baisse régulière en Europe, tandis qu’ils ne cessent d’augmenter aux USA. Depuis 2019 ils ont ainsi baissé de 3,5% en Italie et jusqu’à 6% en Grèce tandis qu’ils grimpaient de 6% outre-atlantique (après lissage de l’inflation).
En 2019 précisément, une autre étude, émanant de la Foudation for Economic Education (FEE) avait montré que les 20% les plus pauvres aux Etats-Unis avaient un pouvoir d’achat supérieur à celui de la moyenne des autres pays de l’OCDE ! Autrement dit, si ces Américains les plus pauvres formaient une nation, elle serait encore l’une des plus riches du monde !
Face à ces constats, le WSJ enfonce le clou là où ça fait mal, en expliquant que les Européens ont privilégié le temps libre et la sécurité de l’emploi. Le malaise socio-économique ressenti sur le vieux continent relève donc de l’adage qui stipule qu’on ne peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre.
Parmi les causes de l’appauvrissement européen, il faut prendre également en considération, selon ces études, les dépenses astronomiques occasionnées par la transition écologique, le très haut niveau des taxes et le coût faramineux de la protection sociale, des aides, des allocations, des primes qui découragent le travail et plombent les salaires. Résultat, en Europe où l’on devrait vivre heureux grâce aux bienfaits de l’État-Providence, on est pauvre et morose. En Amérique où les citoyens doivent avant tout compter sur eux-mêmes, ils sont désespérément prospères et optimistes.

La mesure abrupte des inégalités ne vaut donc pas grand-chose et à tout prendre, contrairement aux allégations ineptes de l’écolo-cheffe Marine Tondelier, il vaut mieux quelques ultra-riches au sein d’une population aux revenus confortables que des millions de pauvres, sans inégalité mais également sans espoir. Sans doute est-ce la même logique qui veut qu’il n’y ait qu’un très gros gagnant au loto, empochant des dizaines de millions, plutôt que des millions à récolter des clopinettes… Ce qui n'empêche que 100% des gagnants ont tenté leur chance !
Le taux de pauvreté au sein d’une population ne donne qu’une idée limitée voire biaisée de la prospérité et du bien être général puisque ce n’est jamais que la proportion de gens gagnant moins de la moitié du revenu médian de ladite population. Surtout elle perd tout son sens lorsqu’on compare des pays dont les niveaux de vie sont très différents, puisqu’on ne parle plus alors de la même pauvreté. On est toujours le pauvre de quelqu’un en somme. Mais là encore, les slogans sont pris en défaut. Contrairement à une idée reçue très tenace, l'extrême pauvreté recule dans le monde. Il y a certes encore des progrès à faire, mais une chose est sûre, contrairement à la vieille rengaine socialiste, ce n’est pas en appauvrissant les riches qu’on enrichira les pauvres…

09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…

25 janvier 2023

Réformette qui rit qui pète

Il y a des réformes faciles à faire même s'il n'est pas besoin d'être grand clerc pour subodorer qu'elles sont insanes.
Passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans comme le fit François Mitterrand fait partie de celles-ci. Au moment où l'espérance de vie s'accroissait, il fallait être fou ou fort mal intentionné pour proposer cela, mais c’est évident, il n’y avait guère de risque de déplaire au peuple.
Facteur aggravant, lui et ses amis socialistes s'ingénièrent en parallèle à diminuer le temps de travail, à seule fin de satisfaire les espérances en forme d’illusions qu’ils avaient fait naître dans leur électorat. De 40 on est passé à 39 heures hebdomadaires puis à 35 avec la fameuse RTT de Jospin - Aubry - Strauss-Kahn.
Comme on pouvait le prévoir, aucun effet positif ne fut observé sur l’emploi. Le temps libre - pour lequel on créa même un ministère - augmenta certes, mais quant à celui restant pour le boulot, les cadences et la productivité horaire également. On ne fit en somme qu'exacerber dans l’esprit d’un nombre croissant de gens, dont beaucoup de jeunes, l’idée que le travail était une aliénation.

Ces mesures, abusivement qualifiées par leurs promoteurs “d'acquis sociaux”, s’avèrent très difficiles à remettre en cause lorsqu'on s'aperçoit de leur perniciosité. Comment convaincre les gens qu’on a bernés, qu'il leur faudra travailler plus et plus longtemps, après leur avoir garanti le contraire ?
Voilà pourquoi les réformateurs à la petite semaine, qui n'agissent qu'en fonction de leurs vils instincts démagogiques devraient rendre des comptes de leurs coupables agissements. Ce n'est jamais le cas hélas dans notre république aux allures de plus en plus bananières...

M. Macron, est en la matière, l’héritier malheureux de ses calamiteux prédécesseurs. On ne saurait le plaindre car il n’a pas peu contribué à aggraver la situation en dépensant tant et plus à chaque crise au nom du “quoi qu’il en coûte”. Il est acculé, en grande partie par sa faute, au fond d’un cul de sac, dont il n’est pas dit qu’il puisse sortir.
Pour une réformette, à peine un ajustement technique, il se trouve confronté à la possibilité d’un soulèvement populaire. Il est difficile de prédire l’ampleur et la violence du mécontentement, et tout aussi hypothétique de savoir comment son gouvernement réagira face aux grèves et blocages qui s’annoncent.
Quoi qu’il arrive, la réforme ne sera au mieux qu’un pis aller, passant largement à côté des exigences de la conjoncture, faute d’avoir abordé sans tabou la problématique d’un système par répartition, à bout de souffle. Dans quelques années tout au plus, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier avec un peu plus de pragmatisme et de courage.
Si l’on suit la logique des partis de gauche, qui voudraient que perdure encore un peu l’illusion du système par répartition, il faudrait surtaxer les retraites des gens les plus aisés, c'est-à-dire supérieures à 2000 euros mensuels. Cela donne une idée de l’état de paupérisation de notre pays. D’autres suggèrent de racketter les propriétaires de leur logement, au motif qu’ils font l’économie d’un loyer ! On entend également dire qu’on pourrait augmenter encore les charges patronales sur les salaires. Pour madame Tondelier, chef.fe des pharisiens de la nouvelle religion écologiste, il faudrait même “une France sans milliardaires” !
Cette logique imbécile, dont on chercherait vainement le lien avec la protection de l’environnement, est déjà mise en œuvre depuis quelques décennies. Entre autres inepties, elle a conduit à voir que l’impôt sur le revenu n’est payé que par moins de la moitié des foyers et que 10% les plus aisés supportent 72% de la charge ! La France est devenue une machine infernale, faisant fuir massivement ses ressortissants fortunés, en même temps qu’elle importe à tour de bras des miséreux. Lorsqu’il n’y aura plus que des pauvres, qui donc paiera les délires égalitaires des sectateurs du Grand Soir ?

05 décembre 2022

Bienvenue dans le Tiers Monde

L’image est saisissante: celle d’un campement de migrants, prétendus “mineurs isolés” (et non reconnus comme tels par l’institution judiciaire), installé en toute illégalité et en toute impunité au pied du Conseil d’État en plein cœur du Paris historique.
Derrière la farce sinistre, mise en scène avec une perversité morbide par des associations soi-disant humanitaires, le pays est à même de prendre conscience de l’état de délabrement des pouvoirs publics et d’appauvrissement d’une nation, autrefois “cinquième puissance mondiale”.
Le mal n’est certes pas nouveau mais il prend ces derniers temps une ampleur inédite. Et le spectacle navrant causé par l'absence de maitrise de l'immigration n'est qu'un des aspects du problème.

Les citoyens dotés d’un peu de bon sens auraient pu s’alarmer lorsqu’ils entendirent il y a quelques mois le Président de la République annoncer benoîtement “la fin de l’insouciance et de l’abondance”.
Le fait est qu’ils ont pu voir s’installer en quelques mois des pénuries en tous genres, et l’inflation irrésistible des prix. Désormais il leur est répété quotidiennement qu’il va leur falloir se résigner durant l’hiver à des coupures d’électricité ! Et pour enfoncer le clou dans les esprits, les médias soulignent que ces ruptures d’alimentation pourront toucher de manière tournante des groupes de population comptant simultanément jusqu’à 6 millions de personnes. Durant ces pannes, il n’y aura paraît-il ni internet, ni téléphone, ni école, ni lumière, ni trains (qui avaient prévu de toute manière d’être en grève…).
Tout cela paraît incroyable si ce n’est insensé.
Quelle est donc la cause de ce dépérissement soudain ? S’agit-il d’une catastrophe naturelle ? Le pays serait-il entré en guerre ?
Rien de tout cela heureusement. Il ne s’agit que d’un des résultats prévisibles, et attendus, de la politique gouvernementale destinée à protéger le bon peuple et la planète, au nom du principe de précaution, de graves périls à venir !
La réalité de ces fléaux, sujette à supputation, est affirmée sans discontinuer depuis des années par des groupes d’influence ultra-politisés, aux relents idéologiques nauséabonds. Pour notre malheur, ces gens sont parvenus à gangréner les esprits dans les hautes sphères de notre république déclinante.

Vu l’évolution des choses, selon toute probabilité, l’apocalypse annoncée par ces oiseaux de mauvaise augure ne se produira pas. Et pour cause… Elle sera précédée par celle organisée méthodiquement pour casser par des dogmes et des interdits dignes du moyen-âge, tout ce qui concourt à la prospérité et au bien être d’une société dite “avancée”. Conséquence logique, le pays s’écroule de l’intérieur tandis qu’affluent de toute part la misère et la désolation. Signe des temps, dans un Paris rongé par la banqueroute,  les rats, devenus plus nombreux que les habitants, sortent de leurs repères souterrains, et courent en plein jour sur la voie publique…

Face à ce désastre dont il est un des fauteurs éminents, le chef de l’État reste d’un calme olympien, à moins que cela ne soit le signe d’une désinvolture inouïe. Loin de reconnaître la moindre culpabilité et loin d’émettre le moindre regret, il persiste et signe en appelant le peuple à la responsabilité mais en aucun cas à la panique

05 novembre 2022

Les rois de la récup

On a pu reprocher à certains politiciens de droite de se saisir de l'atroce histoire de la petite Lola en instrumentalisant ce crime odieux au profit de leurs thèses. On peut même qualifier de maladroits voire d'inconvenants les mots employés par Eric Zemmour en la circonstance, qui font craindre qu'il n'ait tiré aucune leçon de son cuisant échec lors des récentes élections. L’appellation de francocide n’est pas moins galvaudée que celle de féminicide ou d’écocide…

On a sans doute trop cité Camus lorsqu'il affirmait en substance que mal nommer les choses ajoutait au malheur du monde. On n'a pas assez rappelé en revanche les propos de Jaurès lorsqu’il déplorait que faute de pouvoir solutionner les problèmes, on se bornait trop souvent à changer leur nom.
On ne peut toutefois reprocher que soient faits et soulignés avec force des constats objectifs. Passé l'effroi, et quelque peu atténuée l'émotion qui suscite la compassion, il faut donc affronter l'horrible réalité avec lucidité et courage.
Surtout on ne peut laisser sans réagir les ligues de vertu conspuer ceux qui s'appuient sur ce drame pour critiquer l'impuissance étatique et réclamer des mesures concrètes. M. Dupont-Moretti s’est ainsi livré à un numéro ignoble d'imprécateur faussement indigné pour tenter d’occulter son incapacité flagrante à assumer la fonction qu’il occupe. Il fait partie de ces bien pensants niais ou bien veules, qui emboitent le pas des crypto-marxistes de tout poil, engagés sur le chemin trompeur et mortifère menant à d’insondables abîmes nihilistes. Leur rhétorique révolutionnaire use toujours des vieilles recettes. Quoique minoritaire, elle s’avère hélas contagieuse.

Les as de la récup ce sont bien ces gens. Les rois de l'amalgame c'est encore eux. Aujourd’hui même ils se saisissent d’un mot malheureux lancé par un député du Rassemblement National pour intenter un procès en sorcellerie, brandissant les accusations spécieuses de racisme et de xénophobie. Tout le monde s’y met pour participer à la curée du gibier débusqué, du péquin moyen jusqu’au président de la république.
Navrant paradoxe caractéristique de l’époque, dans le même temps qu’on condamne pour des mots, on permet en toute impunité à des élus de prêcher l’insurrection, la grève générale. Rien n’arrête ces enragés de la destruction. N’ayant cure du débat démocratique, ils s’associent à une poignée de manifestants pour barrer les rues jouxtant le Palais Bourbon au prétexte farfelu de la rénovation thermique de l’habitat ! Pire, ils vont, au mépris des arrêtés d’interdiction préfectoraux, main dans la main avec les “éco-terroristes” de Sainte-Soline casser du flic et brailler leur haine des méga-bassines !

Ceux qui passent leur temps à vomir leurs insultes sur les forces de l’ordre, sur les patrons, sur les labos pharmaceutiques, sur le capitalisme et la libre entreprise en fondant leurs slogans sinistres sur des mensonges éhontés. Ceux-là feraient mieux de balayer devant leurs portes. Ils ont tant fois ignoré voire méprisé les victimes et excusé les assassins qu'ils ont perdu toute crédibilité. Honte à ces pharisiens cyniques faiseurs de facto de désordre et de chaos, ces abuseurs de peuples, ces idiots utiles du crime et de la délinquance. Foulant de leurs pieds souillés la liberté qui leur permet d'exprimer leurs insanités, ils font le lit des dictateurs et le berceau de tous les totalitarismes...

31 août 2022

In memoriam Mikhaïl Gorbatchev

A l’annonce de la disparition du dernier président de l’Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022), les hommages pleuvent. Mais on entend nombre de commentateurs évoquer surtout son impopularité en Russie. Loin de vanter les mérites du défunt, ils déplorent l’échec de sa politique de démantèlement de l’URSS qui conduisit au chaos et ouvrit la voie à “l’ultra-lbéralisme”. Certains vont même jusqu’à prétendre que la plupart des Russes lui préfèrent Staline ! L’ivresse joyeuse entourant la destruction symbolique du mur de la honte est bien loin…
Le bon sens étant de nos jours en déroute, il est devenu possible d’affirmer n’importe quoi et même des énormités pourvu qu’elles ne heurtent pas la doxa régnante. Lorsqu’il animait l’émission télévisée "Tout le Monde En Parle", Thierry Ardisson se plaisait à poser à ses invités des questions aussi absurdes qu’incontournables, dont celle-ci : “préférez-vous Hitler ou Staline ?” Il est à peine utile de préciser qu'après avoir cherché vainement à se défiler, la plupart répondaient évidemment “Staline !”. Ardisson leur demandait alors malicieusement si c’était parce qu’il avait fait plus de morts…

Gorbatchev n’eut sans doute guère d’alternative stratégique, eu égard à l’état de décrépitude avancé du monstrueux bloc totalitaire dont il hérita en tant que serviteur zélé de la révolution. La faillite du modèle socialiste était irrémédiable, il était bien placé pour le savoir.
Vu  l'épouvantable arsenal militaire, que l'empire communiste avait accumulé, il fallait que sa chute fut déclenchée de l’intérieur, et  Gorbatchev en toute connaissance de cause décida de s'atteler à la tâche. Il eut l’immense mérite d’opérer une transition, quasi sans effusion de sang, dès 1985 avec la Glasnost et la Perestroïka, dont il ne tira aucun bénéfice personnel hormis un prix Nobel de la paix  bien mérité. 
Une fois ouverte, la boîte de Pandore de la Liberté était devenue incontrôlable. Toutes les pièces de l’édifice insensé s’effondrèrent à tour de rôle et l’artisan de cette déconfiture n’eut d’autre choix que de démissionner à la fin des fins, en 1991.
Son action restera toutefois indissociable d'un tournant historique majeur au bon sens du terme, sans comparaison évidemment, avec l’abominable révolution de 1917 qui enferma durant plus de 70 ans nombre de peuples derrière le rideau de fer. 
Après une telle mésaventure, le travail colossal de reconstruction ne pouvait s’inscrire dans la mission d’un seul homme et on ne saurait faire grief à Gorbatchev de n’avoir pas pu réaliser l’impossible. Il redonna l’envie d’être libres à des millions de gens et leur permit de recouvrer enfin l’espoir. C’est un vrai titre de gloire même s’il fut grandement aidé par deux partenaires exceptionnels, Ronald Reagan et Jean-Paul II (on pourrait citer également Margaret Thatcher). Ils accompagnèrent sa démarche avec tact et intelligence. Autre époque, autres dirigeants, mais combien plus inspirés que quantité de médiocres gouvernants actuels…

 

27 août 2022

Flagrants délires

Soudain M. Macron semble s'apercevoir que la conjoncture se détériore ! En un très long et filandreux préambule au premier conseil des ministres de la rentrée, il brosse d’un ton badin le sombre tableau des mois à venir et annonce benoîtement la fin de l’abondance et de l’insouciance.
Qu’a-t-il voulu dire par là, nul ne le sait vraiment, tant le style du président de la république est alambiqué, nébuleux et contradictoire.
Après nous avoir chanté les vertus de l’Etat Providence, n’hésitant pas à affirmer qu’il irait jusqu’à dépenser "quoi qu’il en coûte" pour protéger les citoyens, il proclame aujourd’hui, au détour d’une phrase, “la fin des liquidités sans coût”. On pourrait croire à une plaisanterie si le sujet n’était pas si grave et si le rôle de chef de l’État relevait du registre comique.

Car la fin de l’abondance à laquelle on assiste, c’est très largement le résultat des politiques gouvernementales et l'œuvre des politiciens en général. Où qu’on se tourne, on voit hélas la catastrophe suivre des stratégies aussi dirigistes qu’absurdes, souvent inspirées par des experts, bien davantage doctrinaires que réalistes.
L’effondrement de l’euro, la montée irrésistible de l’inflation, les déficits budgétaires itératifs, aboutissant au gouffre abyssal de la dette nationale, tout cela est le fruit de la prodigalité et de l'inconséquence insensées du gouvernement depuis des décennies. M. Macron n’en est certes pas le seul responsable, mais il perpétue cette spirale infernale par faiblesse et démagogie.

Partout, les pénuries qu’on voit s’installer inexorablement, apparaissent comme littéralement organisées par la bureaucratie administrative.
Le système de santé français est à genoux. Depuis l’élection de M. Macron en 2017, on ne compte pas moins de cinq plans successifs pour remédier à la crise ! Ils n’ont fait que l’accompagner si ce n’est l’aggraver. Le déluge de moyens financiers déversés sur les hôpitaux, la véritable gabegie des dépenses médico-sociales ont paradoxalement contribué à alimenter le désastre. Et plus le remède s’avère inefficace, plus on augmente la posologie, au mépris de toute logique. Aujourd’hui on entend que le manque ressenti de médecins et de soignants serait le résultat du système de tarification à l’activité dont l’ambition (jamais satisfaite hélas) était d’allouer équitablement les ressources en fonction des soins réalisés !
Aujourd’hui le pauvre Docteur Braun, qui a hérité du portefeuille de la santé, en est réduit à constater l’échec, comme tous ses prédécesseurs, et à proposer une énième concertation dont on peut déjà prévoir l’issue puisqu’il n’y a aucune chance que les dogmes soient remis en question.
Au ministère de l’Education c’est la même panade. Face au glacis administratif et à l’idéologie asphyxiante, le déluge de moyens n’a évidemment été d’aucune aide pour enrayer la baisse régulière de la qualité de l’enseignement et aujourd’hui on en vient à déplorer la pénurie de professeurs sur le terrain, et même de chauffeurs de bus pour emmener les enfants à l’école !
On peut décliner le diagnostic tous azimuts. Police, justice, agriculture, hotellerie-restauration, partout les ressources humaines se raréfient par démotivation, écœurement, lassitude, découragement des bonnes volontés.

S’agissant des ressources naturelles et de l’énergie, c’est pire encore sans doute. On a réussi à provoquer une vraie disette alors que nous avions un impressionnant parc de centrales nucléaires dispensant l’électricité à faible prix et que les ressources pétrolières n’ont jamais été aussi abondantes. La folie réglementaire est allée jusqu'à interdire de chercher à savoir si le sous-sol de notre pays contient quelques gaz de schistes, qu’on est réduit à importer à prix d’or…
Grâce au calamiteux lobby écologiste, toute cette abondance s’est dissipée et on en arrive à rouvrir de vieilles centrales à charbon (qu'on importe puisque les mines sont fermées) !
A cause de réglementations aussi rigides que stupides, le secteur automobile traverse quant à lui une crise existentielle très grave, et ce dernier fleuron de l’industrie française risque d’être sinistré sous peu.
Le secteur immobilier est, si l'on peut dire, logé est à la même enseigne. On a planifié la rareté des biens à acquérir ou à louer en compliquant à loisir les réglementations, dont l’aboutissement est l’augmentation déraisonnable des prix.
Le secteur agricole qui était une des richesses de la France a été presque complètement dévasté, à coups d’interdits ubuesques pondus par des gens qui n’ont jamais rien vu de la nature que des images d’Épinal obsolètes. Tous les progrès techniques ont été freinés ou empêchés par principe de précaution. OGM, pesticides, insecticides, engrais, tout ce qui permettait aux agriculteurs de vivre, à la population de manger et au pays de bénéficier de fructueuses exportations, tout cela a été cassé. S'agissant du fameux glyphosate, les études scientifiques, les agences dûment accréditées, ont beau insister sur une balance bénéfice/risque très positive, rien n’y fait. Partout l’obscurantisme triomphe, causant déclin et paupérisation.
Aujourd’hui ce sont les jets privés, les piscines qui sont clouées au pilori du diktat climatique. Les écologistes et autres insoumis sectaires que le peuple a eu la folie de propulser à l’Assemblée Nationale, se plaisent à cultiver l’outrance. Ils encouragent les actes de désobéissance civile, invitant les nervis de leur clique à détériorer les réserves d’eau destinées à pallier les effets des périodes de sécheresse.
Le vieux fond rance d’anti-capitalisme alimente la névrose obsessionnelle d’une gauche plus ringarde que jamais, repeinte en vert écolo, mais peuplée de nostalgiques aigris des théories de l’affreux père Marx. C’est au nom de cette idéologie mortifère qu’on tue de nos jours la prospérité et la tranquillité du peuple, qui valent bien mieux que les foutues abondance et insouciance de M. Macron. Et selon la bonne vieille habitude, on désigne des boucs émissaires : émissions de CO2, guerre, crise, surpopulation… S’agissant de cette dernière avec laquelle on nous bassinés durant des décennies, on apprend que ce qu’on redoute désormais, c'est le choc inverse. Certains experts vont jusqu’à prédire que la population mondiale risque de diminuer de moitié d'ici à 2100 ! Si l’on pouvait encore rire, il faudrait, à l’instar de la célèbre émission, prôner l’instauration d’un tribunal des flagrants délires pour juger tous les prévisionnistes, qui, tels le joueur de flûte de Hameln, amènent au son du pipeau le bon peuple sur des chemins de perdition !

22 janvier 2022

Penser le communisme

A-t-il été un jour loisible de penser objectivement le communisme ?
Thierry Wolton dans un récent ouvrage*, ose répondre par l’affirmative. Il faut dire qu’il a quelques titres à faire valoir. Son histoire mondiale du communisme publiée en 2015 constitue une somme. Avec le livre noir du communisme paru en 1997 sous l’égide de Stéphane Courtois, ce sont à peu près les deux seuls ouvrages d’importance en français qui traitent en profondeur du sujet. Ce dernier avait déclenché de violentes polémiques, tendant avant tout à séparer l’idéologie des crimes commis en son nom. Le premier n’avait guère eu meilleur accueil. Il y eut beaucoup d’indifférence à son égard et certains n’hésitèrent pas à le juger trop anti-communiste… Comme si on pouvait qualifier un livre sur le IIIè Reich et la Shoah de trop anti-nazi !

A l’heure où le candidat du parti communiste français à l’élection présidentielle fait la une de l’actualité, non pour l’idéologie calamiteuse au nom de laquelle il parle, mais parce qu’il déclare aimer la viande, les fromages et le bon vin français, on mesure la mansuétude avec laquelle on juge de nos jours les émules du marxisme-léninisme.
Thierry Wolton s’interroge donc sur les raisons qui font que le communisme puisse encore jouir d’une telle indulgence, alors “qu’aucun mode de gouvernement n’a fait autant de victimes dans l’histoire”. Et puisqu’il faut bien admettre “qu’aucune idéologie n’a séduit autant les esprits dans le monde”, il essaie de comprendre “comment les meilleures intentions peuvent aboutir aux pires tourments”.
On peut dans cette analyse distinguer trois étapes majeures dans la description desquelles, on s’appuiera largement sur les propos de l’auteur.

Les racines du Mal
Si les théories de Marx sont indissociablement liées à l’avènement du communisme, on peut trouver chez nombre de penseurs qui l’ont précédé les germes du mal. A commencer sans doute par les philosophes holistes de l’antiquité, tels Platon et Aristote, qui affirmaient que le tout prévaut sur les parties. Cette idée fut soutenue par Saint-Thomas d’Aquin puis par Rousseau dont le fameux contrat social donne la primauté de la volonté générale sur les intérêts particuliers, allant jusqu’à considérer qu’une opinion personnelle contraire à celle du peuple, était nécessairement erronée. Rien à voir, faut-il le préciser avec le Social Contract de John Locke, empreint de pragmatisme…
Le babouvisme prôna quant à lui la répartition des biens selon le principe du “chacun à sa suffisance, mais rien que sa suffisance”, préfigurant le “à chacun selon ses besoins” du communisme (précisant que nul ne peut prétendre avoir plus de besoin que son voisin...). Enfin Hegel posa comme axiome que la dynamique de la révolution porte en elle le projet de “se fonder sur l’idée et de construire d’après elle la réalité”. Fatale mystification.

La Révolution de 1789 fut la première tentative pour faire passer dans les faits ces théories, associant dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen les principes antinomiques de liberté et d’égalité.
En 1830, un terrible sophisme permit d’assimiler la révolution au progrès, le progrès au socialisme, donc de conclure que la révolution, c’était en toute logique le socialisme !
C’est sur d’aussi bancales fondations, que s'installa la tyrannie des bonnes intentions qui permit à Marx d’asséner qu’il fallait dépasser les philosophies théoriques pour se donner un objectif ambitieux, celui de transformer le monde ! Le pire fut qu’il décréta ce projet au nom de la science, s’appropriant les thèses darwiniennes, ce qui fit dire à Engels que “si Darwin a découvert la loi du développement de la nature organique, Marx a découvert la loi du développement de l’histoire humaine” !

Les causes de la complaisance
Si le communisme s'inspire prétendument de belles idées et prône les valeurs de justice sociale, comment toutefois expliquer que le malentendu puisse perdurer après tant d’échecs dans son application, tant de massacres commis en son nom ?
Selon Thierry Wolton, l’aveuglement qui a si longtemps permis d’occulter la réalité du communisme s’explique en partie par l’instinct égalitaire qui anime tout être humain et par sa corollaire implacable : "dénoncer ce qui se fait au nom du socialisme, c’est y renoncer".
Cette aspiration est si forte qu’elle conduit le converti à s’infliger une discipline de fer allant jusqu'à dépasser sa propre condition humaine, à supprimer tout désir, tout plaisir, tout état d’âme, et in fine toute pitié (Tchernychevski puis catéchisme du révolutionnaire Netchaïev).
Dès lors, il n’y a ni méchanceté ni cruauté dans les sacrifices qu’exige le triomphe de la cause, et on comprend qu’une fois au pouvoir, le parti léniniste soit devenu l’instrument du totalitarisme "parce qu’il est intrinsèquement totalitaire".

"L’adhésion paradoxale des bourgeois et des intellectuels est logique dès lors qu’ils comprennent que le seul moyen pour eux de jouer un rôle est de suivre le train". Cela peut aller jusqu’à renier sa classe, à se faire fustiger et flageller par le Parti "pour gagner des galons de serviteur de la Révolution". "L’intellectuel renonce sincèrement et même voluptueusement à l’intellectualisme et avec lui à l’intelligence et aux exigences de la connaissance" (Lefebvre). Il en perd toute objectivité. Pour le compagnon de route, "le chemin du salut conduit à l’abêtissement" dans lequel on peut voir "une part de haine de soi".
"Assimilée à l’exaspération des plus opprimés, la violence révolutionnaire et celle du Parti-État est volontiers pardonnée dès lors qu’elle est perpétrée au nom du bien !"
De fait, "sans la complicité de fait des intellectuels occidentaux bercés d’illusions et de faux semblants, la vérité sur ce qui se passait derrière le rideau de fer aurait probablement été connue plus tôt" (et le premier témoin Kravchenko aurait pu être écouté au lieu d’être diffamé par la horde des intellectuels de l'époque).
En définitive, le capitalisme, grâce à la liberté d’expression qu’il offre et à la mauvaise conscience aux relents judéo-chrétiens qu'il suscite, a plutôt permis au socialisme de perdurer, et de continuer à promettre tantôt le Grand Soir, tantôt des lendemains qui chantent, tantôt le réenchantement du monde…
Malgré les défaites continuelles de l’application des grands idéaux, dans les esprits, l’opposition avec le capitalisme a toujours été inégale car elle repose d’un côté sur une réalité, de l’autre sur un imaginaire…
 
Mort et transfiguration du communisme
Le communisme, contrairement à ses proches cousins fascisme et national-socialisme, n’a jamais fait l’objet d’un procès. Les coupables n’ont quasi jamais été punis sinon par leur propre système d’épuration. Pire, dans son acception classique, le communisme est loin d’avoir disparu de la planète. Corée, Vietnam, Laos, Cuba, Venezuela, Erythrée… Nombreux sont les potentats résiduels, qui continuent de commettre leurs horreurs au vu et su du monde et de la communauté internationale.
Le cas de la Chine interroge. Le pays est revenu à l’économie de marché et la propriété privée a été rétablie, mais l’avenir est incertain car le Parti reste omnipotent et fidèle au dogme maoïste, faisant craindre un durcissement progressif de l’emprise étatique.
Parallèlement, d’innombrables avatars égalitaristes fleurissent de nos jours dans les pays démocratiques, et on voit monter en puissance l’islam "qui veut le même bonheur pour tous les hommes sous l’autorité d’une idéologie unique sous les commandements supposés d’Allah".
Un vent de pessimisme souffle sur les peuples libres, en dépit d‘une prospérité inégalée et d’un indice de gini qui s’améliore régulièrement (contrairement à une idée reçue véhiculée par l'intelligentsia de gauche, si le nombre de riches s'accroît, celui des pauvres diminue régulièrement).
Paradoxalement, "plus le système démocratique s’étend, moins il semble satisfaire ceux qui en jouissent" et "la croissance des pays en voie de développement est vécue comme une concurrence déloyale". Dans ce contexte, la doxa socialiste a évolué. La lutte des classes ne faisant plus guère illusion, c’est le souverainisme et le protectionnisme qui séduisent et permettent de pointer les coupables, à savoir le bon vieux capitalisme, le néo-libéralisme et le libre échange ! Tout change mais rien ne change. Les slogans éculés, une fois recyclés, restent en vigueur, et les théories altermondialistes qui fleurissent un peu partout agitent encore et toujours le mirage d’un autre monde…

D’autres périls s’ajoutent à ceux auxquels on était habitués, plus insidieux mais non moins délétères. La cancel culture et le wokisme, venus des Etats-Unis, qui prétendent du passé faire table rase, "singent le réalisme socialiste". "Climat, race, sexe, la lutte finale devient existentielle avec pour fonds de commerce commun, l’éternelle diabolisation du capitalisme". "L’usage du web joue sur des ressorts humains connus, les mêmes qui ont fait le miel des idéologies totalitaires du XXè siècle: envie, jalousie, haine".
"A la lutte des classes moteur de l’histoire, les écologistes les plus radicaux substituent le changement climatique, leur couteau suisse de la compréhension du monde". "Chez Marx, le capitalisme devait s'effondrer de lui-même victime de ses contradictions; pour les catastrophistes, c’est la planète entière qu’il entraîne dans sa chute inéluctable".
Un petit espoir demeure envers et contre tout pour les plus optimistes. Paraphrasant Lénine qui voyait dans le gauchisme une maladie d'enfance du communisme, Thierry Wolton suggère que ces avatars sociétaux prônant l’uniformisation générale insipide et la désintégration des valeurs en constituent la dégénérescence sénile...
 
* Penser le communisme. Thierry Wolton. Grasset 2021.

22 février 2021

Vous avez dit islamo-gauchisme...

Le concept fait fureur ces derniers temps. On ne peut pas dire qu’il soit inédit mais sa mise en cause récente par deux ministres pour qualifier un fléau qui, selon eux, gangrènent les universités françaises, déclenche un beau tollé.
A vrai dire, c’est peut-être le fait d’accoler les deux termes qui pourrait passer pour une nouveauté.
Car on sait depuis des décennies que le monde de l’enseignement est noyauté - le terme paraît faible - par le gauchisme. Cela remonte bien avant la petite révolution de 1968. De tout temps pourrait-on dire, l’aura des professeurs, savants, philosophes s'est mesurée à l’aune de leur engagement à gauche, d’ailleurs seul recevable politiquement parlant.

Parmi les monstruosités engendrées par cet esprit partisan, on se souvient du fameux procès opposant la clique intellectuelle de l’après-guerre, totalement inféodée au marxisme léninisme, à Viktor Kravchenko, l’homme qui révéla le premier l’horreur du communisme, à la mode soviétique.
La pénétration du gauchisme était telle qu’elle débordait largement le seul champ des sciences humaines, envahissant celles réputées objectives. Paul Langevin, Frédéric Joliot-Curie et sa femme Irène, étaient les personnalités les plus en vue d’une armada de scientifiques revendiquant haut et fort leur attachement aux idéaux socialistes, allant parfois jusqu’à vanter les mérites de Staline. Ces gens se targuaient de représenter l'humanisme et se disaient “les amis de la paix”. Comment ne pas imaginer qu’un tel assujettissement idéologique n’ait pas eu d’impact sur l’enseignement qu’ils dispensaient ?

En mai 1968, Lénine et Staline, dont il était devenu difficile de cacher les méfaits, ne faisaient plus trop recette, mais ce furent Trotski, Mao, Ho-Chi-Minh, Fidel Castro, Che Guevara qui devinrent à la mode. Les porte-étendards de ces soi-disant belles âmes progressistes prirent la place de leurs aînés dans toutes les institutions d’obédience étatique dont l’Education Nationale. Ils étaient gorgés des mêmes certitudes arrogantes et du plus profond mépris pour tout contrevenant, automatiquement qualifié de “salaud” ou de “fasciste”. Des collèges jusqu’aux bancs des universités et des grandes écoles publiques, le même message était distillé sans cesse aux jeunes gens. La monopolisation intellectuelle et l’outrance allèrent même jusqu’à affirmer qu’il était préférable "d’avoir tort avec Sartre que raison avec Aron" !
Beaucoup de ces “maitres-penseurs” révolutionnaires, biberonnés au marxisme, sont encore en vie. Ils ont fait beaucoup de mal partout où ils ont pu propager leur doctrine calamiteuse avant de s’embourgeoiser et de profiter sans vergogne des bienfaits de la société sur laquelle ils crachaient à longueur de journée.

Aujourd’hui, même s’il vaut mieux tard que jamais, on fait semblant de découvrir le fléau. Mais peut-on encore revenir sur le désastre intellectuel qui fait des ravages dans les esprits depuis tant de décennies ?
La révolution prolétarienne d’autrefois est certes en lambeaux, mais le gauchisme a la vie dure. Si nombre de “travailleurs” ont depuis longtemps compris qu’ils n’avaient pas grand chose à attendre du socialisme, du Grand Soir et de tous ses avatars plus ou moins frelatés, les tenants de cette idéologie rancie ont cependant la haine chevillée au corps et, pour masquer leur défaite, ils cherchent partout des victimes d’une oppression de plus en plus imaginaire. Leur dialectique bien rodée et leurs nombreux réseaux d’influence leur permettent encore de faire prendre des vessies pour des lanternes aux gens assez crédules pour les croire sur parole. Ils font feu de tout bois pour continuer à exister. Le féminisme, l’anti-racisme, l’écologie, l’alter-mondialisme, et jusqu’à l’anti-spécisme, tout est bon à prendre pour tenter de coller sur le dos du capitalisme et de la société ouverte et libérale tous les maux de la terre. Et, comme le fait remarquer très justement le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, l’islamisme est une bonne nouvelle pour ceux qui gardent l’espoir de porter le feu et le sang au nom de la révolution ! Peu importe en l’occurrence que l’idéalisme religieux soit l’opposé du matérialisme athée, rappelant l’alliance de la carpe et du lapin. On a vu d’autres convergences de circonstance et d’autres marchés de dupes. On sait par exemple comment la cause palestinienne et l’image de son leader charismatique Yasser Arafat ont été exploitées par la Gauche pour faire passer le frisson insurrectionnel passablement émoussé après les fiascos asiatiques et cubains. On pouvait ainsi sans la moindre gêne vouer aux gémonies le fascisme et l’antisémitisme tout en soutenant ceux qui ne voulaient rien moins que la disparition du peuple juif d'Israël…
Aujourd’hui, c’est une triste réalité mais sous couvert de lutte contre l’islamophobie, le racolage électoral est de plus en plus évident de la part de la Gauche, partout où les communautés musulmanes montent en puissance. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir cette collusion se manifester également dans le monde de l'enseignement.
La meilleure preuve s’il en fallait une, est la récente lettre signée par 600 universitaires demandant “avec force “ la démission de la ministre chargée de l’enseignement supérieur, au simple motif qu’elle souhaite enquêter sur la question. On peut voir parmi les signataires, la fine fleur de la Gauche anti-capitaliste, Thomas Piketty en tête. C’est aussi la preuve que le problème des universités réside avant tout et surtout dans ce foutu gauchisme qui continue de parader en retrouvant sa bonne vieille manie pétitionnaire, à défaut de vraie révolution...

05 avril 2020

Le Chemin de la Liberté

Quel beau titre que celui donné au documentaire consacré à Raymond Aron (1905-1983), récemment rediffusé sur le Canal Parlementaire (LCP 02/04/20) !
Il retrace avec sobriété la vie discrète et laborieuse mais moralement irréprochable et d’une grande rectitude, d’un de nos grands intellectuels, sans doute trop méconnu, et plus que jamais d’actualité en ces temps d’errance idéologique.

Issu d’un milieu, “imprégné d’hégélianisme et de marxisme”, il se débarrassa progressivement de cet heritage encombrant sans toutefois perdre son attachement au triptyque résumant selon lui les valeurs de gauche : liberté, rationalité, égalité… Valeurs perdues à ses yeux, après les monstruosités que la plupart des grandes consciences engagées furent amenées à proférer, à soutenir, à encourager jusqu’au totalitarisme, au mépris de tout bon sens et de toute honnêteté intellectuelle.

L’affrontement qui opposa Aron à Sartre fut la pierre d’achoppement sur laquelle se heurta durant des décennies tout le débat politique en France, et le malheur voulut qu’on préférât les dangereuses illuminations sartriennes à la sagesse clairvoyante de son calme contradicteur...
Par un étonnant paradoxe, Aron ne s’est étrangement jamais totalement affranchi de Marx qu’il avait étudié comme personne. S’il répudia totalement le marxisme-léninisme, il persistait à se dire “marxien” et avouait même avoir été plus sensible à l’alchimie pleine de “mystères” du philosophe allemand qu’à la “prose limpide mais triste” de Tocqueville. Cela ne l’empêcha pas de promouvoir avec force le message de ce dernier et de grandement contribuer à lui donner la place qu’il mérite dans l’histoire des idées. Le cœur a ses raisons que la Raison ne connaît pas, mais à la fin c’est quand même bien cette dernière qui doit triompher....

Sans doute la pénombre médiatique relative dans laquelle est resté Aron tient-elle à sa modestie. Sans doute tient-elle également à l’expression un peu lourde et contournée avec laquelle il a exprimé sa pensée. Des plus de 35 ouvrages qu’il a publiés, c’est à peine si l’on connaît “L'opium des Intellectuels”, paru en 1955, et qui résume l’essentiel de ses convictions. Il faut bien se résoudre à l’évidence: Sartre avait le talent littéraire mais c’était un songe creux. Aron voyait juste et sa pensée était forte mais il eut du mal à l’exprimer, ce qui lui valut de la part de ses détracteurs l’accusation vile de “manquer de style”...
Mais en définitive, on peut se demander si la raison principale du discrédit dont a souffert son œuvre ne réside pas dans le fait qu’il lui fallut naviguer vent debout, très seul, contre une intelligentsia omniprésente monopolisant tous les canaux médiatiques...

Pour paraphraser Jean-François Dortier, on pourrait structurer la pensée aronienne selon deux axes déterminants. De sa longue fréquentation avec Emmanuel Kant, il avait retenu l’attitude critique. De la tradition positiviste française, il conserva le respect des faits, qui conduit à ne pas se laisser emporter par ses jugements. Bien qu’il ne soit pas si éloigné qu’on l’a dit de penseurs radicaux tel Hayek, il serait à ranger parmi les libéraux modérés, conservateurs, pour lesquels selon sa propre appréciation "La réalité est toujours plus conservatrice que l’idéologie."
Tout l’oppose donc à la Gauche soi-disant progressiste dont l’inexplicable aveuglement fut parfaitement résumé par cette interrogation qu’il livra lui-même lors d’une émission télévisée : “Est-il si difficile pour de grands intellectuels d’accepter que deux et deux font quatre et que le goulag, ce n’est pas la démocratie ?”
De fait, on croit rêver lorsqu’on pense à Sartre, qui parvenu à la fin de sa vie, continuait de soutenir mordicus, en contextualisant ses prises de positions, “qu’il avait eu raison d’avoir tort !”
Cette perversion incurable du raisonnement explique l’indulgence dont fit preuve avec obstination, une bonne partie de l’élite intellectuelle vis à vis du totalitarisme socialiste pourvu qu’il s’inspirât d’une idéologie bien pensante. C’est en prétendant que “la fin justifie les moyens”, ou “qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs” que ces clercs condamnèrent des peuples entiers à l’une des tyrannies les plus abjectes que l’Homme ait engendrées. Encore de nos jours cette falsification reste admise, ce qui permit au journal Libération de titrer sans vergogne en 2017: “Raymond Aron avait raison, hélas...
Il faut préciser qu’avant les horreurs du communisme, Raymond Aron avait débusqué très tôt la nature pernicieuse du National-Socialisme, dont il avait vu les prémices lorsqu’il étudiait en Allemagne dans les années 30. Sartre, quant à lui n’avait rien perçu jusqu’en 1939 et s’accommoda plutôt confortablement à l’occupation allemande…

Parmi les nombreux sujets sur lesquels Aron eut l’occasion de s’exprimer, le film rappelle ses prises de position sur Israël. Certes son ascendance fut un facteur important le conduisant à choisir son camp. Tout en comprenant les souffrances et les revendications de chaque bord, il ne pouvait se résoudre à voir disparaître l’État israélien, et raisonna comme Camus avec sa mère, en expliquant que sur ce type de conflit, “inévitablement la prise de position est affective...”
Sur l’Algérie française, il se démarqua d’une bonne partie de la Droite à laquelle on le rattachait habituellement, jugeant la décolonisation inévitable, ne serait-ce que pour des raisons ethno-religieuses.
Sur mai 68 enfin, quoique opposé à l’élitisme universitaire, il assimila ces troubles à une “une farce”, un “grand n’importe-quoi”. On a dit à l’époque qu’il n’avait pas compris le sens de cette "révolution". Pourtant, une fois encore il se bornait surtout à ne pas accepter l’inacceptable. S’il trouvait "des éléments sympathiques" à ce désordre, d’autres l’étaient à ses yeux beaucoup moins, comme ces “crève salope” adressés sous forme de graffitis au recteur de la Sorbonne...

En forme de conclusion, on pourrait avancer que le principal titre de gloire de Raymond Aron reste d’avoir été un des rarissimes penseurs français du XXè siècle à avoir vu juste, ce qui n’est déjà pas si mal. Il est de ce point de vue condisciple d’Albert Camus ou de Jean-François Revel et sa discrétion, sa droiture n’ont pas de meilleure illustration que cette phrase, rapportée par un proche, alors qu’il venait de témoigner au procès de Bertrand de Jouvenel: “Je crois que j’ai dit ce qu’il fallait dire...”