29 juillet 2019

L'été Meurtrier

Ouf, le dernier épisode caniculaire en date s’est achevé sans nous achever !
Il fut toutefois l’occasion de constater l’égarement inquiétant des mentalités et l’imbécillité récurrente des débats et de la réflexion qui minent notre société.
Selon sa bonne vieille et détestable habitude, la Presse s’est livrée à une surenchère éhontée de scoops. Chaque jour elle faisait état d'un “record” de température, accompagné d’une nouvelle vigilance par Meteo France, et des conseils et avertissements en forme d’évidences dispensés par l’Etat-Providence à la population : rester à l’ombre, bien boire, se ventiler et se doucher fréquemment... Le reste du monde pouvait aller se rhabiller. En France on suffoquait à en mourir, c'était l'affaire la plus grave, et de loin...
On en rajouta encore dans les gros titres accrocheurs, en révélant par exemple les conclusions très opportunes de chercheurs suisses affirmant que jamais notre planète n’avait connu pareil changement climatique depuis 2000 ans ! C’est en étudiant les cernes des arbres et divers indicateurs paléo-climatiques que ces savants sont parvenus à ces conclusions, aussi précises que péremptoires. Quelle perspicacité ! Naturellement on insista sur le fait que ce bouleversement était nécessairement causé par l’activité humaine.
Madame Masson-Delmotte, vice-présidente du GIEC annonça gravement de son côté sans hésitation qu’il y aurait 2 fois plus de canicules en 2050. Ce n'est plus de la science, mais de la prescience !

Au moment le plus étouffant, les députés recevaient dans les salons feutrés et climatisés de l’Assemblée Nationale un groupe d’adolescents, pour discuter avec eux de ce sujet de la plus haute importance. Il fallait voir nos chers élus. On aurait dit qu’ils prenaient une sorte de plaisir pervers à se faire remonter les bretelles pour leur inaction en matière de lutte climatique.
En tête de ce juvénile bataillon de redresseurs de torts dont le plus diplômé venait d’obtenir le bac, figurait telle une vestale, l’incontournable Greta Thunberg.
Cette jeune suédoise a quelque chose d’effrayant. Elle a une allure encore enfantine du haut de ses 16 ans, mais elle affiche une impressionnante maturité et une arrogance qui fait froid dans le dos, si l’on peut dire en la circonstance... Elle déclina les compliments que lui adressaient le parterre de responsables politiques subjugués par son charisme glacial et les enjoignit sèchement d’agir conformément “aux données de la science” dont elle se pose avec une implacable assurance comme dépositaire de facto. En la voyant, je ne pouvais m’empêcher de penser aux jeunes filles enrôlées par l’Angkar au Cambodge, qui jugeaient de la qualité des citoyens à leurs mains, n’hésitant pas prononcer l’arrêt de mort de ceux qui avaient les paumes trop lisses.
Pour l’heure, Greta juge les politiques selon les critères nébuleux de leur insuffisance écologique mais elle se garde bien de donner la moindre piste pratique pour ne pas risquer dit-elle, d’être accusée d'avoir un parti pris politique.
Voilà le niveau où nous sommes donc rendus à force de mélanger dans le bain tiède de la démagogie, les croyances et les faits objectifs, la théorie et la pratique, les fantasmes et la réalité…
Les représentants de l’extrême gauche présents n’ont pas manqué eux d’entonner au nom du climat leurs vieux refrains dogmatiques, condamnant pêle-mêle le libre-échange, le capitalisme, le libéralisme, et même la démocratie. L’inébranlable et si prévisible Quatennens s’est lancé dans une longue diatribe au sujet du traité en cours de négociation avec le Canada, dit CETA. Accusant sans vergogne nos cousins outre-atlantique de mauvaises manières écologiques, il réclama l’abrogation de l’accord obtenu à l’échelon européen, et le maintien de taxes douanières stupides freinant les échanges. Le sinistre Ruffin a quant à lui asséné que pour les Insoumis, l’écologie ne pouvait pas être “consensuelle”, insinuant qu’il fallait plus de mesures coercitives, punitives, en d’autres termes, que des têtes tombent...
Le socialisme ne faisant plus recette, ces enragés qui savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui, ont repeint leurs furieuses lubies en vert, mais l’horrible fripe couleur de sang du communisme est toujours omniprésente.

Malheureusement leur discours radical n’est que le reflet aigu d’un courant de pensée qui menace d’emporter tout sur son passage, notamment le bon sens. L’opinion en forme de rhinocérite imprègne désormais quasi tous les débats et rares sont ceux qui osent enfreindre les idées reçues. En résumer la teneur en quelques mots est assez simple: le réchauffement climatique est une chose certaine, irréversible et qui ira nécessairement en s’aggravant, il est forcément mauvais en soi, et sa cause est évidente, c’est la faute au capitalisme et au libéralisme réunis ! Si l’on ne fait rien, ce sera l’apocalypse. Nous mourrons tous et nous connaîtrons avant l’heure, le feu brûlant de l’enfer.
Ainsi, il s’en est fallu de peu  (266 voix pour, et 213 contre) que l’Assemblée Nationale ne retoque le CETA, dont la France commence tout juste à enregistrer quelques effets positifs en termes d’exportations. Non seulement c'eût été stupide puisque ce traité s’exerce au niveau européen, mais cela traduit un mépris très offensant pour le Canada qui n’a démérité ni dans le domaine écologique, ni dans celui des conditions de travail.
Ainsi M. Lemaire, ministre de l’économie croit-il très malin d’annoncer “la mort du capitalisme des inégalités” qui serait selon lui “injuste moralement et en plus inefficace économiquement”. Il se targue donc de le remettre dans “la bonne direction”, de “le réinventer”, d’abord “pour protéger les ressources de la planète”.
Comment s’y prendre ? Sans doute en instaurant de nouvelles taxes comme celle qu’il veut imposer aux fameux GAFA. Vaste fumisterie qui inquiète, tant elle révèle de naïveté et d’absence d’imagination. Que des dirigeants aussi haut placés raisonnent de manière aussi simpliste est désespérant. Le cher Donald ne lui a pas envoyé dire, même si semblant ignorer notre pauvre Bruno il a ciblé son ami Emmanuel...

Dans un monde qui semblait enfin à peu près guéri des grandes guerres, des grandes épidémies et des grandes famines, en grande partie grâce au progrès scientifique et au modèle de société ouverte et démocratique, la fin du monde n’a jamais été aussi proche selon les nouveaux prophètes de malheur.
On retrouve dans ce vent de folie tous les poncifs les plus détestables jouant sur les peurs populaires. On n'hésite plus à employer quotidiennement les termes de “catastrophe”, “d’urgence”, de “panique” climatique, voire même de “fin du monde”. Tout est ramené à l’écologie, devenue maîtresse de nos destins en dépit de la nullité chronique des grands prêtres de cette nouvelle religion, et des contradictions insensées dans lesquelles ils pataugent lamentablement. On le voit avec leur impuissance à trouver des solutions pratiques (par exemple pour développer les transports ferroviaires ou fluviaux). On le voit également dans leur comportement, en règle très éloigné des principes qu’ils veulent imposer aux autres. On le voit dans les déchirements partisans qui font régulièrement exploser leurs formations politiques, en ôtant beaucoup de force et de crédibilité à leur combat. On le voit enfin dans les préconisations absurdes qu’ils parviennent à mettre en oeuvre lorsqu’ils sont influents, comme en Allemagne. Grâce au lobby écologiste viscéralement anti-nucléaire, nos voisins outre-Rhin émettent avec leurs centrales à charbon, près de 10 fois plus de gaz à effet de serre au KwH d’électricité produite que la France...

21 juillet 2019

69, Année Extatique

Le 21 juillet 1969 j'avais 15 ans. Je sortais de l'enfance tandis que notre civilisation occidentale arrivait peut-être à son apogée. Dans mon esprit c'était un tumulte confus de sentiments.

Un an plus tôt c'était mai 68 en France. J’ai vécu ça comme une tempête molle. Avec dans la tête une certaine ivresse de liberté sans doute mais surtout beaucoup d’écœurement et déjà de désillusions. L’autorité des maîtres était bafouée. D’un jour à l’autre on pouvait tout dire et presque tout faire. Au lycée, nous faisions en toute impunité des sitting pour narguer le Proviseur et je me souviens que mon prof de maths venait “travailler” en sandales, chemise à fleurs et chapeau de paille…
A Paris on s’y croyait. Les mao, les trotsko et tous les écervelés du socialisme manifestaient bruyamment leur croyance en un monde meilleur en glorifiant, benêts qu’ils étaient, les immondes tyrans qui torturaient leur peuple derrière le sinistre rideau de fer. François Mitterrand, toujours à l'affût de l'occasion d'accomplir enfin "son" destin national révélait avec emphase et solennité lors d'un meeting grotesque au stade Charlety qu'il était prêt à prendre le pouvoir. Illusion vite dissipée...

J’avais une conscience aiguë des contradictions régnant dans le pays, un profond dégoût pour ce que j‘ai toujours considéré comme un coupable aveuglement des intellectuels dits "de gauche".
J'étais en revanche envoûté par la quête du bonheur et de la liberté qu’exprimaient outre atlantique et en Angleterre les beatniks et les hippies mais je refusais d’y voir quelque connotation politique qui soit. La musique et la littérature étaient les ferments de cette émancipation. Après le Jazz et le Blues, c'était le Rock et la Pop Music.

Les Beatles chantaient Revolution et les Rolling Stones Street Fighting Man mais c’était un jeu sans conséquence ni prétention intellectuelle ou militante. Il y avait même une conscience aiguë du désastre dans les paroles signées Lennon/McCartney: "When you talk about destruction, Don't you know that you can count me out.../... When you want money for people with minds that hate, All I can tell you is : brother you have to Wait.../... If you go carrying pictures of chairman Mao, You ain't going to make it with anyone anyhow…/... You better free you mind instead..." Quant aux Stones, ils faisaient appel à la dérision pour ramener à de saines proportions la colère des révolutionnaires embourgeoisés qui crachaient dans la soupe capitaliste dont ils se gavaient sans vergogne : "Well now, what can a poor boy do, Except to sing for a rock n' roll band ?"

Mai 68 fut une piètre mascarade dont ne sont restés en définitive que les slogans futiles, les caprices d’enfants gâtés, et de pernicieuses vapeurs contaminant jusqu'à ce jour la société, notamment le débat politique, l’éducation, l’entreprise....

Pendant ces années d’insouciance et d’euphorie, l'Amérique dans la droite ligne de ses Pères Fondateurs, travaillait toujours à la recherche de nouvelles frontières. L’espace cosmique était devenu son terrain de jeu et de conquêtes. Elle entendait bien y montrer sa suprématie et y porter l'étendard étoilé du monde libre.
La saga Apollo fut une merveilleuse aventure en même temps qu’un hymne fabuleusement poétique au progrès technique. Elle commença par un drame, coûtant la vie à 3 hommes, lors d'essais préliminaires au sol. Mais après beaucoup d'efforts, le fameux cliché du “clair de terre” envoyé par les astronautes d’Apollo 8 révélait une beauté indicible. Encore aujourd’hui je le regarde avec émotion. Il dit tant de chose de notre soif d'aventure, de notre attirance pour l'inconnu, et de l'univers qui nous entoure…
Lorsque s'élevait la fusée Saturn V, dans un feu impressionnant de réacteurs, c'était toute l'humanité qui se dressait orgueilleusement vers le ciel. L’Homme triomphait en quelque sorte de la nature. La pesanteur était vaincue ! A l’instar des mots fameux de Neil Armstrong, après des millénaires de tâtonnements à petits pas, la science faisait des bonds de géants.
D’un côté le Flower Power, son romantisme échevelé, ses rêves d’amour, de musique et de paix. De l’autre ces aventuriers de l’espace, auréolés des rayons solaires qui rebondissaient joyeusement sur le désert lunaire dans leurs magnifiques scaphandres blancs. Quelle époque !
On en oubliait que plus de la moitié de l’Humanité se morfondait dans le cauchemar socialiste ou sous la férule de dictateurs odieux. On en oubliait, quand on ne les méprisait pas, les soldats de la liberté embourbés dans les miasmes du Vietnam pour tenter de donner sa chance au modèle de société ouverte; Celui-là même auquel nous devions tant de prospérité et que tant d’idiots doctrinaires irresponsables vouent opiniâtrement aux gémonies.
 

1969 fut une année extatique. La conquête de la Lune fut son éblouissant paroxysme technique, le festival de Woodstock son point d'orgue dionysiaque (ainsi que le fabuleux et ultime album des Beatles, Abbey Road)...
Pour magnifier cette épopée, je ne saurais mieux le faire qu’en évoquant l’étincelant poème de José-Maria de Heredia que j’aime à me réciter lorsque je ressens quelque découragement:

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Où, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles...

19 juillet 2019

Impeachment

Décidément, plus le temps passe et plus je trouve Donald Trump épatant ! En écrivant cela, j’ai conscience de m’inscrire complètement à contre courant de la correction politique qui règne dans notre pays et qui surveille étroitement le débat du haut de ses sinistres miradors, mais tant pis. Je serai jugé hérétique, et relaps en plus, peu m’importe. On est transgressif ou on ne l'est pas...

Malgré le torrent de haine, d’injures, de mépris, de mensonges et d’insanités qu’on déverse sur le dos du président américain, le bonhomme tient bon. C’est autre chose que notre pauvre François de Rugy, qui n’a pas supporté d’être égratigné…
On dit parfois qu’il n’y a que la vérité qui blesse. C’est peut-être un peu pour ça que le président américain semble si indifférent à toutes les vilenies qui s’abattent sur lui. Mieux, il s’en amuse et provoque avec une jubilation évidente les roquets qui aboient sans cesse à ses basques. "Impeachment", "impeachment", ils n'ont que ce mot à la bouche depuis son élection. Ils en bavent à force de hurler à la mort à chaque occasion aussi futile soit-elle !
Mais ayant à peu près tout entendu, tout affronté, leur bouc émissaire est désormais inébranlable. Au surplus, les affaires d'argent et de train de vie ne le touchent pas: Il est devenu riche avant de faire de la politique…

C’est pourquoi il a pu à nouveau faire monter la sauce à propos de quatre pétroleuses, élues démocrates soi-disant progressistes, “issues des minorités”, qui passent leur temps à éructer à tous vents les sempiternels lieux communs anti-américains, anti-israéliens, anti-capitalistes, anti-tout… Il a invité en termes choisis le quarteron de saintes-nitouches à aller voir ailleurs qu’aux Etats-Unis d’Amérique si l’herbe était plus verte.
Juste réponse du berger aux bergères et pas très méchante, mais ça n’a pas loupé. Elles lui sont tombé dessus à bras raccourcis, soutenues par tous les culs-bénis du camp du bien, l’accusant d’être raciste et xénophobe ! Injure suprême mais totalement à côté de la plaque et si révélatrice des procès en sorcellerie popularisés par les grands prêtres de la gauche bien pensante mais affreusement sectaire.
L’ennui, c’est que ça ne marche plus guère auprès du bon peuple. C’est même l’inverse qui se produit.
Trop facile de se parer de toutes les vertus tout en couvrant d’anathèmes tous ceux qui osent dévier du dogme bien pensant.
La polémique n’a fait que faire monter Donald Trump dans les sondages et le courageux représentant démocrate qui a cru opportun de soumettre à la chambre basse une motion appelant à la destitution du président s’est pris un vent monumental: 332 voix contre, 95 pour.

Après que se soit liquéfiée la fameuse enquête russe pétrie d’invraisemblances, et que se soient terminées en eau de boudin tant d’attaques ad hominem, il faut manifestement trouver toujours quelque chose de nouveau pour calmer la rancœur des mauvais perdants et leur redonner espoir dans des lendemains meilleurs. Il faut croire que ça leur évite de faire preuve d'un peu de courage et d'imagination pour élaborer un vrai programme alternatif.
Pendant ce temps M. Trump agit. Il avance sur tous les terrains. Certains prétendent que sa démarche est erratique et ses propos incohérents mais lui sait manifestement où il va. Il ne parvient pas toujours à ses fins mais ses objectifs sont clairement affichés.
Et au moins, avec lui, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie...

17 juillet 2019

Démission

C’est devenu le jeu à la mode : pousser à la faute les politiciens et leur faire spectaculairement mordre la poussière. Jeu terriblement efficace. Avec le départ contraint de François de Rugy, c’est la onzième démission du gouvernement en 2 ans; ça commence à faire beaucoup, surtout pour une administration qui s’était fait un devoir de moraliser la vie publique.
Si Mediapart et le Canard Enchainé sont les champions en matière de révélations croustillantes, l’ensemble de la Presse se fait une joie de les diffuser et de les amplifier.
Toutes les accusations sont loin d’être fondées comme on est en train de le découvrir à propos de Nicolas Sarkozy et de l’affaire des fonds libyens. Le soufflé est en train de se dégonfler, à l’instar des affaires Clearstream, et Bettencourt, montées manifestement de toutes pièces à seule fin de nuire à l’ancien président de la république.

Autant il paraît important que des contre-pouvoirs puissent s’exercer pour dénoncer et mettre fin aux malversations dont se rendent coupables ceux qui devraient servir avec probité l’Etat, autant le caractère systématique des attaques et l’esprit partisan avec lequel elles sont menées sont des plaies qui devraient être combattues énergiquement. La protection des sources ne peut être le paravent derrière lequel on cache la fragilité voire la malhonnêteté des investigations. Comme les juges, les journalistes sont trop rarement amenés à rendre des comptes.

Malheureusement, bien souvent les politiciens prêtent le flanc à la critique. Sans juger l’éphémère ministre de la Transition Écologique, il paraît évident aux yeux de tous, que son comportement n’était guère exemplaire.
A l’heure où l’on ne cesse de nous faire la leçon sur la protection de l’environnement, sur l’importance de déclarer tous ses revenus, de payer ses impôts et d’utiliser à bon escient l’argent public, il est plus qu’irritant de voir la quasi totalité de la classe politique s’affranchir effrontément de ces règles.
Le plus grave sans doute est que ces dérives s’accompagnent assez généralement d’une inefficacité pour ne pas dire qu’on ne trouve plus chez ceux qui sont supposés nous gouverner ni idées, ni volonté, ni convictions. M. de Rugy est l’exemple de ces opportunistes qui changent de bord au gré des opportunités et qui ont l’art de se trouver toujours du côté du manche. Plein de bonnes intentions, ils se complait dans les discours démagogiques et sirupeux. Quant à savoir ce qu’il veut faire et plus prosaïquement quelles sont les actions entreprises durant son mandat, c’est le vide intersidéral.
Cela ne l’empêche nullement, comme beaucoup de ses congénères, de défendre farouchement ses prérogatives. Une fois dans la place, ces gens s’y incrustent plus solidement que les berniques sur leur rocher. Alors qu’il était cloué au pilori médiatique, on a vu l’énergie que le ministre déploya pour tenter de se justifier. Énergie gaspillée car l’accumulation des faits rendait inaudible tous les arguments, souvent bien maladroits, qu’il produisait pour sa défense. Plus il s’agitait, plus il s’enfonçait…

En somme, c’est peut-être le mérite essentiel de ces chasses à l’homme politique, que d’écourter des carrières qui sans cela s’avèrent aussi interminables qu'improductives…
Cela dit, certains s’en tirent bien et ce n’est que longtemps après leurs malversations qu’on découvre le pot aux roses, à l’instar du cher Raymond Barre qui sous ses airs patelins de maître d’école, se comportait comme un vrai flibustier, cachant en Suisse le trésor qu’il se constituait en douce sur le dos des contribuables… D’autres comme un certain “président normal” coule des jours heureux, doté qu’il est d’un joli cumul de retraites acquises au sein de la haute fonction publique, pour une longue carrière, opiniâtrement bâtie sur les compromissions, tripatouillages politiciens, lâchetés, mensonges, irrésolution et démagogie...

16 juillet 2019

Qui a tué Vincent Lambert ?

L’éprouvant feuilleton médiatique qui vient d’aboutir à la mort médicalement programmée du désormais célèbre Vincent Lambert, soulève d’épineuses questions éthiques.

La complexité de la problématique incite évidemment à la prudence. Savons nous tout de cette affaire dont nous n’avons eu connaissance que de manière éloignée, partisane et probablement déformée ? Et même si nous avions eu toutes les données du problème, aurions-nous été autorisés à prendre parti sur le sort d’un malheureux, plongé dans un état second, dont la science ne connaît à peu près rien ?
A ces deux questions, la réponse ne peut être que négative...

Il est impossible toutefois de ne pas être troublé par son issue dramatique, et par les lourdes conséquences qu’elle laisse entrevoir pour nombre de malades, de blessés, de personnes en situation de grande dépendance et de vulnérabilité.
Sous contrôle médical, et de manière planifiée, on a privé un être humain de ses besoins les plus élémentaires, à savoir boire et manger jusqu’à ce que mort s’ensuive, au motif que son handicap était jugé irréversible et incompatible avec une vie “digne d’être vécue”.

Personne en la circonstance n’a employé le mot euthanasie qui était pourtant dans tous les esprits et qui qualifie le mieux cette procédure puisqu’il s’agissait bien de provoquer “une mort douce.” Certes, elle s’est avérée plus longue, plus sinueuse, et plus passive que l’injection d'un cocktail létal associant barbituriques, chlorure de potassium et curare, que certains préconisent pour achever net les malades incurables ou dans certains pays pour exécuter les peines capitales. Mais au fond, le résultat étant le même, la différence ne se mesure-t-elle pas sur l'échelle de l’hypocrisie ?
Il y a un autre faux-semblant en la matière, c’est celui qui consiste à prétendre qu’on assure à la personne concernée “une fin de vie dans la dignité”. Aucune souffrance, aucune agonie n’est indigne. En quoi l’euthanasie rendrait une dignité qu’on n’a pas perdue ? Au mieux, se donne-t-on bonne conscience face à une pratique dont il semblerait qu'on veuille conjurer le côté scabreux…

Il est cependant des cas où la question ne devrait pas se poser. Devant l’atrocité de certaines douleurs par exemple, où la priorité des soins doit être de soulager, avant même de prétendre guérir. Cette attitude concerne notamment les maladies incurables pour lesquelles les souffrances doivent être combattues, au détriment parfois de la durée de la survie. Dans un tel contexte, l’acharnement thérapeutique dont le but serait de prolonger à tout prix cette dernière pourrait même s’apparenter à de la cruauté.

Il est des situations cliniques en revanche inextricables, pour lesquelles la conduite à adopter s’avère quasi indécidable. L’état végétatif
est de celles-là :
Il est bien différent du coma dépassé qui signifie la mort clinique puisque le cerveau n'est plus vascularisé et n'exprime donc plus aucune activité de manière irréversible. Il est au contraire caractérisé par la conservation de certaines fonctions placées sous la commande du cerveau, comme le démontre la réactivité du tracé électro-encéphalographique. Le patient respire spontanément, manifeste une certaine vigilance, et probablement une semi-conscience comme l'attestent les signes d'activité cérébrale objectivés lors d'examens d'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), mais il est dans un état d'impotence motrice quasi complète et a perdu tout ou presque de ses capacités relationnelles. Point de douleur physique en revanche, point d’évolution puisqu’il s’agit d’un état stationnaire, et une inconnue terrible sur ce qui se passe vraiment dans la tête du patient. S’il paraît insensé d'entreprendre des soins très agressifs sans espoir d’inverser le cours des choses, la moindre attention n’est-elle pas de garantir un minimum de confort, ne serait-ce que par respect si ce n’est dignité de la personne humaine ?

C’est précisément ce que l’État a refusé, après moultes péripéties juridiques, à Vincent Lambert en déposant un pourvoi en cassation contre la décision de la cour d’Appel de Paris, de continuer ces soins minimaux, préconisés par le Comité International des Droits des Personnes Handicapées, de l’ONU.

Et c’est ce qui ouvre la porte à d’inquiétantes dérives. On dénombre des milliers de personnes cérébro-lésées en France, plongées dans un état proche de celui dont souffrait Vincent Lambert. Des unités spécialisées ont même été créées un peu partout dans le pays pour accueillir et procurer des soins adaptés à ces patients. Que deviendront-ils dès lors que ce précédent pourra servir de jurisprudence ? Où s’arrêtera le zèle utilitariste de notre société, remplie de bons sentiments mais également d'une froide indifférence ?

09 juillet 2019

L'automobiliste, voilà l'ennemi...

J’habite dans une ville comme il en existe beaucoup en France. De taille moyenne elle compte autour de 50.000 habitants et un peu plus du double si l’on étend le calcul à la communauté d'agglomération.
Mais la caractéristique qu’elle partage avec beaucoup d’autres, c’est d’être quasi constamment ravagée par les travaux !
A peine un chantier se termine-t-il (en général avec un retard sur les prévisions et un alourdissement sensible des taxes locales) qu’un autre s’ouvre à côté, voire sur les lieux mêmes du précédent. Faire et défaire, c’est toujours travailler disait ma grand-mère…
L’impression est en effet souvent qu’on détruit pour reconstruire, de manière pas toujours cohérente. J’en veux pour preuve l’exemple suivant: Il se trouve que cette ville est centrée par un grand rond point où convergent quatre axes majeurs de circulation. Il y a une quarantaine d’année, un pont piétonnier avait été élevé à grands frais au dessus de cet important carrefour. Pour cela, il fallut creuser et enlever des milliers de tonnes de terre. Le résultat ne fut pas des plus esthétiques. Le nouvel édifice, en raison de la forme de son arche, fut baptisé poétiquement “chapeau de gendarme” quoiqu’il fut dans l’ensemble lourdingue, gris et triste. N’empêche, il était bien pratique. N’étaient les vagabonds, punks, et autres dealers qui y siégeaient des heures durant avec leurs chiens et leurs packs de bières, l’endroit aurait pu être sympathique si on en avait quelque peu amélioré l’apparence. Mais le "progrès social" et le laxisme des pouvoirs publics laissèrent libre cours à la mendicité, à la saleté et aux graffitis, qui en se conjuguant rendirent l’endroit de plus en plus répugnant.

Tout cela n’est plus car la Mairie animée d’un zèle soudain de bâtisseur, décida un beau matin de “redessiner la ville” !
En attendant que soient concrétisées les images d'artiste préfigurant une nouvelle cité radieuse, ce programme ambitieux fait vivre depuis plus de 2 ans un enfer aux citadins, aux commerçants et plus géneralement aux automobilistes qui sont contraints de s’engager à travers ce chantier permanent.

Une des premières actions consista à faire tomber la passerelle enjambant le carrefour et à combler l’excavation qui se trouvait en dessous.
L’idée était de rendre à ce quartier l’aspect qu’il avait jadis, sans souci des menus changements intervenus dans les moeurs, dans les habitudes de vie et notamment dans les manières de circuler.
Ou plutôt, justement si. A l’instar de nombreuses communes, le projet plus ou moins avoué était de redistribuer la circulation de manière à dissuader les autos de venir polluer le centre ville.
Déjà lourdement taxées lorsqu’elles stationnaient ou lorsqu’elles avaient le malheur de contrevenir à des règles de plus en plus exigeantes, elles s’agglutinent désormais, formant des bouchons quasi incessants. De trois voies on est passé à une tandis qu’une vraie autoroute est en train d’être aménagée pour les bus qui pourront traverser la ville d'Est en Ouest à toute allure. Parallèlement, une gigantesque place bétonnée est en train de voir le jour devant un centre commercial moribond, à cause de la désertion croissante des enseignes, découragées par le manque de clients et des taxes et loyers exorbitants.
Sans doute certaines communes ont elles réussi à freiner le trafic sans nuire au commerce, en mettant en place une organisation efficace associant de grands parkings gratuits en périphérie à des métros ou des trams desservant le centre ville. Mais chez nous la solution s’avère pour l’heure plutôt calamiteuse. Il n’y a pas de parking et les bus parfois à double corps circulent quasi à vide la plupart du temps, répandant généreusement les effluents du bon vieux diesel qui pue…

Pendant ce temps, coincés dans leurs voitures, les gens contraints de venir en ville tentent de prendre leur mal en patience. Les professionnels sont sans doute les plus à plaindre. Ils perdent un temps fou, donc pas mal d’argent et lorsqu’ils arrivent enfin à destination, ils ont toutes les peines du monde à trouver une place où garer leur véhicule, ce qui leur coûte également “un pognon de dingue…” à cause de la généralisation du stationnement payant.
Pour l’heure, on est donc parvenu à transformer une circulation généralement fluide, en embouteillage permanent. On peut encore espérer que la situation s’améliore une fois les travaux achevés, mais il est permis d’en douter au vu de l'exiguïté des voies réservées aux voitures...

Le cas de ma cité est loin d’être unique. Les lobbies écologistes sont un peu partout à l’oeuvre pour imposer leurs lubies dispendieuses et dévastatrices. Comme les doctrinaires, ils n’ont que faire de la réalité. Ils vivent dans le fantasme. M. Yannick Jadot, leader actuel des “Verts”, tout boursouflé par le score inespéré autant qu’éphémère obtenu aux Européennes se prend pour un prophète annonçant, si l’on ne fait rien, “le chaos climatique”. A force de répéter à tous vents ces slogans aussi caricaturaux qu’ineptes on finit par ébranler l’opinion publique et on chamboule tout dans la panique, en dépit du bon sens le plus évident.
A Paris avec la vignette crit’air, on interdit tout simplement l’accès désormais aux véhicules ne répondant pas aux dernières ukases normatives. Après avoir encouragé durant des décennies les gens à acheter des voitures diesel, on les culpabilise tout à coup. Devant moi-même changer d’auto, j’ai cédé aux leitmotivs du moment et fait l’acquisition d’un modèle “essence”. Résultat, il consomme près de 2 litres de plus aux 100, produit peut-être moins “particules indétectables” mais plus de CO2 et j’ai paradoxalement dû m’acquitter d’un malus punitif. Merci M. Hulot dont ce fut à peu près la seule contribution à l’écologie que d’augmenter cette taxe déguisée.
Chaque jour amène son lot de paradoxes et de contradictions. Aujourd’hui même on apprend que la ligne de train acheminant les primeurs de Perpignan à Rungis allait être prochainement supprimée, ce qui risque de se traduire par un afflux supplémentaire de quelques 20.000 camions sur les routes !
Évoquant la multiplication insensée des règles de circulation toujours plus contraignantes ou absurdes, et leur disparité d’un pays ou même d’une ville à l’autre, le magazine Le Point décrivait “le casse-tête pour l’automobiliste européen” et le Figaro se demandait: “qui peut encore rouler et où ?” A Bègles c’est entendu : limitation à 30km/h pour tous. A quand la généralisation de cette mesure sur l'ensemble du pays, ce qui selon la logique d’Edouard Philippe sauverait des centaines voire des milliers de vies...
Deux questions me viennent à l’esprit pour clore ce billet de mauvaise humeur:
Combien de ministres écologistes se sont-ils succédés, vantant le ferroutage comme solution d’avenir ?
Quand donc exigera-t-on enfin des politiciens qu’ils fassent preuve d’un peu de pragmatisme, de réalisme et d’efficacité ?