Il
est bien difficile de trouver dans les actuelles mesures
gouvernementales, sujet de réjouissance. Le flottement, la démagogie
et les renoncements constituent le substratum de ce programme
invertébré qui enferre le pays toujours plus profondément dans le
marasme. Nucléaire ou pas nucléaire, gaz de schiste ou pas gaz de
schiste, "j'aime pas les riches" mais je ne comprends pas qu'ils fuient quand j'entreprends de les plumer, je veux
augmenter le pouvoir d'achat, et la croissance, mais je les étrangle par les impôts, je
crie "vivent les Roms" mais je veux qu'ils déguerpissent, je veux
davantage de sécurité mais j'ouvre les
prisons, je dis vouloir plus d'Europe mais je promets à mes amis
écolos et cocos d'en faire moins, je m'engage à restaurer le tissu social et à
solidifier les familles mais je casse toujours plus les repères, et
je les éparpille par une panoplie d'ersatz sociaux «pour tous »... En
bref, c'est un déluge d'ordres et de contre-ordres, d'atermoiements
et de contradictions. On dirait Ubu, dans ses oeuvres...
Les
bonnes intentions du ministre de l'Education, Vincent Peillon, ne
déparent pas ce spectacle à la fois absurde et tragi-comique.
Figurez-vous qu'il
tente à son tour de mettre en branle le mammouth dont il est
désormais le cornac. Mais il y a peu de chance que
le fameux « changement » se traduise par une révolution,
en dépit de la fascination qu'a le ministre pour Robespierre et ses petits copains de la terreur.
Parmi
les mesures envisagées, deux sont en tout cas emblématiques d'un
conservatisme au goût de renfermé.
Passons
sans trop s'attarder sur le concept foireux de morale laïque :
il s'agit à l'évidence d'une babiole programmatique, souvent
évoquée par maints de ses prédécesseurs, mais ne ressemblant pas
en pratique à grand chose. Au mieux, pourrait-on évoquer une
resucée de la fameuse et désuète instruction civique, tant de fois réclamée ou promise et
dont la réalité est un fiasco.
Et lorsqu'on s'élève un peu, l'inanité de la rhétorique est alors
flagrante. La Morale, M. Peillon ne peut l'ignorer, est une
discipline de la philosophie, jusqu'à présent enseignée dans les lycées, avec le succès qu'on connaît...
La Morale est un vaste sujet. Dans
la plupart des acceptions, elle se conçoit dotée d'une
dimension spirituelle, dont les prolongements amènent inévitablement aux religions ou à la métaphysique.
Il est certes une conception de la morale dénuée de ce fondement : c'est celle qui en fait un concept utilitariste. Mais cette dernière, qui veut que les actions soient bonnes en proportion du bonheur qu'elles donnent, n'a pas grand chose à voir avec le fait laïque (dont la définition est elle-même équivoque). Ce genre de principes débouchent sur une philosophie hédoniste ou pragmatique, selon le point de vue qu'on adopte, qui ne correspondent pas selon toute probabilité, à l'idée néo-constructiviste qu'a le ministre derrière la tête.
Il est certes une conception de la morale dénuée de ce fondement : c'est celle qui en fait un concept utilitariste. Mais cette dernière, qui veut que les actions soient bonnes en proportion du bonheur qu'elles donnent, n'a pas grand chose à voir avec le fait laïque (dont la définition est elle-même équivoque). Ce genre de principes débouchent sur une philosophie hédoniste ou pragmatique, selon le point de vue qu'on adopte, qui ne correspondent pas selon toute probabilité, à l'idée néo-constructiviste qu'a le ministre derrière la tête.
Alors,
s'agit-il de la morale telle que nous l'enseigne Kant ? Pas
davantage car elle ne saurait se passer de la spiritualité dont le
mystère déborde largement l'idée même de laïcité.
La morale kantienne est d'ailleurs si éthérée, qu'elle fut raillée par Peguy : "Kant a les mains pures, mais il n'a pas de mains". Le concept promu par Vincent Peillon est quant à lui doté sans doute de bras et de jambes « républicains », mais il n'a pas de tête et donc pas d'intelligence ! Ça peut faire illusion, comme un canard décapité qui court encore, mais ça n'a pas de direction...
La morale kantienne est d'ailleurs si éthérée, qu'elle fut raillée par Peguy : "Kant a les mains pures, mais il n'a pas de mains". Le concept promu par Vincent Peillon est quant à lui doté sans doute de bras et de jambes « républicains », mais il n'a pas de tête et donc pas d'intelligence ! Ça peut faire illusion, comme un canard décapité qui court encore, mais ça n'a pas de direction...
Autre
volet emblématique du « changement » en matière
éducative, le rétablissement de la carte scolaire, est bien pire
encore, s'il est analysé à la lumière de ses conséquences.
Il paraît que Nicolas Sarkozy avait osé la supprimer. En tout cas, il s'était vanté de vouloir le faire, mais concrètement, il est bien difficile de mesurer l'impact de sa réforme.
Il paraît que Nicolas Sarkozy avait osé la supprimer. En tout cas, il s'était vanté de vouloir le faire, mais concrètement, il est bien difficile de mesurer l'impact de sa réforme.
En faire un impératif de la réorganisation scolaire est pour le coup sûr,
une calamité, relevant de l'idéologie socialiste égalitaire la
plus ringarde. On peut même affirmer qu'il s'agit d'un des verrous stupides, enfermant le système français dans sa logique pernicieuse et
désastreuse
Depuis
les temps les plus reculés jusqu'au futur le plus lointain, il y eut
et il y aura de bons et de moins bons établissements. Sont-ce ces
derniers qui fabriquent les mauvais élèves ou bien est-ce
l'inverse ? Vaste question, sans plus de réponse que celle de
la poule et de l'oeuf...
A
quoi mène invariablement l'obligation pour les parents d'inscrire
leurs enfants dans l'établissement le plus proche de leur domicile ?
Non pas assurément au métissage social cher aux bien pensants néo-marxisants, ni à l'égalité des chances, mais tout simplement à la
flambée des prix de l'immobilier autour des établissements bien cotés, ou tout au moins, bien fréquentés !
Ceci traduisant le désir légitime des parents un peu exigeants (même "de gauche") de faire
bénéficier leur progéniture des meilleures conditions
d'études. Résultat, seules les familles aisées peuvent s'offrir ce luxe, les autres étant renvoyées aux ghettos incultes. Et c'est ainsi
que s'installe un cercle vicieux.
Malgré des tombereaux d'aides et de subventions, il
devient quasi impossible pour un établissement « zonard »
de s'en sortir. Offrant un niveau médiocre au départ, il se transforme
par la force des choses, en fabrique de cancres et de délinquants, fait
fuir ou décourage ses quelques bons professeurs et s'enfonce dans
une spirale infernale, paralysé qu'il est par l'interdiction de trier au mérite
ses élèves, et même de sanctionner les éléments les plus turbulents.
Ce
système diabolique accroit mécaniquement les inégalités en tirant vers le bas des pans entiers de l'enseignement public, tout en
provoquant l'exode de ceux qui le peuvent vers les établissements
privés. Tout le contraire du but recherché en somme...
Combien
faudra-t-il de temps en France, pour qu'enfin soit admise cette
évidence, et qu'on tende vers l'objectif que les enfants puissent
accéder aux études, en fonction de leurs aptitudes et de leurs
mérites, et non de l'adresse de leurs parents ou de leur rang
social ? Et qu'on accepte l'idée qu'une saine émulation fondée
sur ce principe, permet à tout établissement de
prétendre, par ses efforts et ses initiatives, à l'excellence ?