En contemplant ce tableau fondateur de l'impressionnisme il est permis de s’interroger. S'agit-il d'un lever ou bien d'un coucher de soleil ? Benjamin Franklin se posait la même question en 1787, durant les longs débats préludant à l’élaboration de la Constitution Américaine, en regardant le demi soleil sculpté dans le dossier du fauteuil de George Washington, qui présidait la convention siégeant à Philadelphie. Ce n’est qu’à la fin des sessions, lorsque enfin le texte fut adopté, qu’il eut la conviction que c’était bien un astre se levant, à l'image de l'espoir... Le tableau de Claude Monet (1840-1926) est si novateur qu’il paraît pareillement évident d'imaginer le début d'une aventure plutôt que la fin...
Après maintes supputations expertes sur l’oeuvre, le doute n’est de toute manière plus permis. Grâce à une enquête minutieuse, fondée sur l'analyse de données topographiques, de bulletins météorologiques et le calcul des trajectoires célestes, on est parvenu à déterminer que ce tableau fut peint un matin de novembre 1872, probablement le 13, autour de 7h35 du matin, dans le vieux port du Havre !
Cette toile emplie de grâce aérienne est la vedette d’une exposition sise au Musée Marmottan, à Paris (jusqu’au 18/01/15). Elle démontre avec quelques autres, comment Monet révolutionna en douceur l’art de peindre et comment il donna en quelques années à l’impressionnisme la dimension d’un nouveau classicisme. Il y a tellement d’équilibre, tellement de maîtrise dans ses compositions, dans ses harmonies de couleurs, qu’elles provoquent chez le spectateur ce sentiment de tranquille évidence qui définit le mieux l’autorité naturelle et le rayonnement s'imposant à tous.
Certes Monet trouva sans doute une bonne partie de son inspiration chez des précurseurs plus ou moins proches de lui au plan chronologique ou simplement par la liberté d’expression, tels Turner, Corot, Jongkind, ou encore Boudin. Mais ces derniers n’avaient pas rompu de manière aussi délibérée que lui le lien avec le monde ancien.
Certes le mouvement impressionniste compta quantité d’autres artistes talentueux, mais ni Renoir, ni Sisley, ni Pisarro, ni aucun autre ne parvint à exprimer avec autant de force et de plénitude ces fameuses fugaces impressions qui parlent autant au coeur qu’à l’intellect.
Monet seul, réussit à communiquer une étrange sensation de stabilité et d’éternité aux liquides, aux vapeurs, à l’air, aux fleurs et à toutes ces choses volatiles dont il fixa de manière indicible l’existence à travers l’image de leurs reflets colorés. Jusqu’à ses derniers jours, il explora ces nouvelles frontières qu’il dépassa largement au strict plan formel, pour culminer dans les sublimes et vertigineux panoramas peuplés de nymphéas conservés au Musée de l’Orangerie. Jamais sans doute on est allé si loin dans la quête picturale de l’infini et de l’extase.
Il est donc permis de continuer de rêver en voyant ce soleil orangé percer la brume nuageuse bleutée… Gageons, au seuil d’une nouvelle année, que cette aurore voilée soit aussi porteuse d’espérance pour une France semblant hélas bien crépusculaire...
Après maintes supputations expertes sur l’oeuvre, le doute n’est de toute manière plus permis. Grâce à une enquête minutieuse, fondée sur l'analyse de données topographiques, de bulletins météorologiques et le calcul des trajectoires célestes, on est parvenu à déterminer que ce tableau fut peint un matin de novembre 1872, probablement le 13, autour de 7h35 du matin, dans le vieux port du Havre !
Cette toile emplie de grâce aérienne est la vedette d’une exposition sise au Musée Marmottan, à Paris (jusqu’au 18/01/15). Elle démontre avec quelques autres, comment Monet révolutionna en douceur l’art de peindre et comment il donna en quelques années à l’impressionnisme la dimension d’un nouveau classicisme. Il y a tellement d’équilibre, tellement de maîtrise dans ses compositions, dans ses harmonies de couleurs, qu’elles provoquent chez le spectateur ce sentiment de tranquille évidence qui définit le mieux l’autorité naturelle et le rayonnement s'imposant à tous.
Certes Monet trouva sans doute une bonne partie de son inspiration chez des précurseurs plus ou moins proches de lui au plan chronologique ou simplement par la liberté d’expression, tels Turner, Corot, Jongkind, ou encore Boudin. Mais ces derniers n’avaient pas rompu de manière aussi délibérée que lui le lien avec le monde ancien.
Certes le mouvement impressionniste compta quantité d’autres artistes talentueux, mais ni Renoir, ni Sisley, ni Pisarro, ni aucun autre ne parvint à exprimer avec autant de force et de plénitude ces fameuses fugaces impressions qui parlent autant au coeur qu’à l’intellect.
Monet seul, réussit à communiquer une étrange sensation de stabilité et d’éternité aux liquides, aux vapeurs, à l’air, aux fleurs et à toutes ces choses volatiles dont il fixa de manière indicible l’existence à travers l’image de leurs reflets colorés. Jusqu’à ses derniers jours, il explora ces nouvelles frontières qu’il dépassa largement au strict plan formel, pour culminer dans les sublimes et vertigineux panoramas peuplés de nymphéas conservés au Musée de l’Orangerie. Jamais sans doute on est allé si loin dans la quête picturale de l’infini et de l’extase.
Il est donc permis de continuer de rêver en voyant ce soleil orangé percer la brume nuageuse bleutée… Gageons, au seuil d’une nouvelle année, que cette aurore voilée soit aussi porteuse d’espérance pour une France semblant hélas bien crépusculaire...