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21 septembre 2024

Tristes cirques

Deux semaines qu’on attend la formation d’un hypothétique gouvernement. Dans l’arène politique devenue folle on s’écharpe, on s’étripe et on magouille. Dans la pseudo coalition de partis de lilliputiens aux commandes du vaisseau à la dérive, la répartition des maroquins s'apparente à une bataille de chiffonniers. Chacun pense à soi, et chacun, du haut de ses ergots de petite vertu, se croit autorisé à mépriser l’autre. On prétend vouloir respecter le message des Français et on fait tout le contraire au nom de principes républicains pervertis excluant du jeu un bon tiers de l'électorat.
Il est vrai que la volonté populaire n'a jamais été aussi confuse, chacun voulant tout et le contraire de tout…

Tout le monde sait que le résultat, si tant est qu'on y parvienne, sera un gouvernement bancal sans ligne directrice cohérente et sans changement significatif par rapport à celui qui l'a précédé, et évidemment sans avenir.
La seule chose qui paraît sûre, est que le poids des impôts va encore s'alourdir. En annonçant une meilleure "justice fiscale" et en promettant d'épargner les classes moyennes, on dit tout et on ne dit rien. Comme d'habitude, on assure au bon peuple que la seule charge reposera sur les autres, les "ultra-riches", les "nantis". Le refrain est connu. Mais comment faire dans un pays champion du monde des prélèvements obligatoires, où la redistribution des richesses est déjà massive, et où 70% de l'impôt sur le revenu est acquitté par à peine 10% des contribuables ?
Comment peut-on encore être naïf au point de croire ces mensonges éhontés derrière lesquels les politiciens tentent déjà de cacher leur incurie comptable à venir, leur incapacité à tenir un budget pour ne pas dire l’abandon des finances du pays à la gabegie ?

Les jeux du cirque sont également sur la voie publique où la violence et le vandalisme font rage en toute circonstance et en toute impunité. Par les temps qui courent, les refus d’obtempérer sont devenus une mode. Pas un jour sans qu'un représentant des forces de l'ordre ne manque de se faire occire par des voyous sans foi ni loi, aux casiers judiciaires "longs comme des bras”.
Sitôt pris, sitôt relâchés, sitôt récidivistes…
On est incapable d’endiguer la marée montante de la délinquance, de protéger le bien public des saccages commis par des hordes barbares. Après les grandes cités métropolitaines, c’est le tour des territoires d’Outremer. Mayotte, Nouvelle Calédonie, Martinique, où s’arrêtera le désastre ?
L’immigration hors de contrôle est la porte ouverte à la sauvagerie. On se gausse des fake-news de Donald Trump à propos des haïtiens mangeurs de chats mais ici on égorge les canards, on vole, on viole, on deale, on squatte en quasi totale impunité…

Pour distraire l’attention, on médiatise à outrance de croustillants autant qu’abjects faits divers. Mais ce n’est qu’un autre point de vue sur le délitement social généralisé. La petite ville de Mazan, dans le Vaucluse, est devenue le théâtre du spectacle peu ragoûtant de l’avilissement des mœurs. Tout le monde en parle, sans connaître l’histoire autrement que par la mousse gluante que la Presse disperse avec une jubilation malsaine. On voit ressortir de partout les plus vils instincts : amalgames en tous genres, affirmations et accusations péremptoires, grégarisme, voyeurisme, et une multitude de petits juges de moralité n’attendent pas le verdict de la justice pour faire un procès à sens unique, sans appel.

Le peuple s’habitue-t-il à ce jeu de massacre ? Peut-être, hélas…

* Illustration tirée du film de Frederico Fellini Les Clowns 1970

20 juin 2024

Dindons et Chapeaux à Plumes

La campagne électorale express suivant le coup de tonnerre de la dissolution de l’Assemblée Nationale, donne lieu à un édifiant spectacle. La panique qui saisit la classe politique dans son ensemble s’exprime par des contorsions, des revirements, des trahisons et des compromissions évoquant les pires moments de notre piètre république.
Dans le festival de faux semblants, de grandiloquentes déclarations et de fausses promesses, deux grands types de volatiles sont au devant de la scène : les Dindons de la farce et les Chapeaux à Plumes.

Dans la première catégorie, trône Raphaël Glucksmann.
Rarement on aura vu volte face plus soudaine.
Deux heures à peine après le verdict des urnes et l’annonce de la Dissolution, et après avoir affirmé la main sur le cœur qu’il ne transigerait pas avec Mélenchon et ses nervis, et qu’il ne trahirait pas ses électeurs, voilà qu’en son nom, ses amis signent un accord pour un nouveau Front, autoproclamé populaire, racolant sans vergogne tout ce que la gauche a de plus nauséabond. Le lendemain il avalise en personne l’alliance de la honte et se fait ainsi voler avec le sourire son beau panache zéropéen, blanc immaculé, par les gnomes socialistes qui couraient à ses basques, rejoints par leurs copains ultras. Il est devenu le porte-coton du petit roi Mélenchon qui exerce son magistère insane en propageant la haine, l'intolérance et la violence ! Quelle descente pour ce dadais si moral, fils-de, transformé en l’espace d’un jour, en idiot utile.
Le plus grave est qu’il y ait encore des bonnes âmes, sans doute les vrais dindons, pour croire en la vertu de ces gens. Elle est tombée si bas qu'il faut désormais aller la chercher dans les égouts…

Il y a d’autres dindons, mais ils feraient presque pâle figure à côté. Eric Zemmour par exemple, qui se retrouve gros-jean comme devant après le rapprochement de Marion Maréchal et ses lieutenants, du Rassemblement National, plaidant en la circonstance l’union des droites. Il n’y a que lui pour être vraiment surpris. A contrario de Glucksmann, Zemmour n’est pas la victime consentante d’une machination mais de son propre acharnement et de ses maladresses. Par son intransigeance, il a cassé tout seul le parti qu’il était parvenu à mettre sur pied, le tout en un temps record !
On aura également une pensée émue pour Gabriel Attal, Premier Ministre depuis moins de 6 mois, totalement pris au dépourvu par le coup de tête du chef de l’Etat, et qui se trouve brutalement claquemuré dans une impasse. Avec son sourire d’archange, il erre entre deux eaux, dans l’incapacité de désavouer son chef et tout aussi incapable de proposer une alternative crédible. Hormis son rôle très bien tenu de porte-parole du gouvernement, sa carrière ministérielle tient du météore…

De l’autre côté, il y a les Chapeaux à Plumes, c’est-à-dire les caciques des vieux partis politiques, ou plutôt les survivants accrochés aux vestiges de ces formations dont ils sont d’ailleurs les principaux fossoyeurs. Plus ils s’enfoncent dans l’impopularité, l’échec et le rejet, plus ils se dressent sur leurs ergots pour tenter de dire qu’ils existent encore. Cramponnés à de vieilles lunes idéologiques, ils n'ont vraiment plus grand chose à dire ni à proposer pour rester dans le jeu.
Ce sont avant tout les barons miteux du parti Les Républicains, ersatz racorni des UDR, RPR, UDF et autres MPR. Forts de leurs dérisoires 7% aux Européennes, ils trouvent le moyen de se recroqueviller en un dernier carré, drapés dans les lambeaux du vieux manteau gaullien. Vu leurs médiocres faits d’armes passés, ils auraient tout intérêt à faire preuve enfin d'un peu de pragmatisme, mais ils préfèrent s'arc-bouter sur leurs idées fixes et mourir d’inanition dans le piège à c… de Mitterrand dans lequel ils ont sauté à pieds joints il y a déjà quelque décennies.

Passons enfin sur les rabroués, les relégués et les losers d’autrefois, qui cherchent à exploiter la divine surprise pour ramener leur fraise inopportune, certains pour le seul plaisir de retrouver les feux de la rampe, d’autres caressant encore et toujours l’espoir fou d’un retour en grâce. Tel est le rêve d'un de ceux-ci, qui fut, paraît-il, président de la république...

Devant cette sinistre parade, on ne peut s’empêcher de penser que le pire est peut-être à venir. On a beau retourner le problème en tous sens, aucun scénario post-électoral n'ouvre en effet de perspective rassurante pour notre pays, qui semble avoir perdu la raison. Il y a donc de quoi être un peu inquiet !

Illustrations : dindons et carnaval de Binche en Belgique

10 juin 2024

Deus Ex Machina

La débâcle électorale était prévue de longue date. Depuis des semaines, tous les sondages donnaient à peu près les mêmes chiffres. Ceux précisément qui sont sortis des urnes ce 9 juin.

Face à cette défaite cuisante, le Chef de l'Etat a pris tout le monde au dépourvu en annonçant très vite la dissolution de l'Assemblée Nationale.
Cette décision, en apparence précipitée, peut paraître étrange. On ne voit pas en effet le rapport entre un scrutin européen et la chambre des députés nationaux, renouvelée il y a deux ans à peine. Ce d'autant plus que la poussée des partis de droite conservatrice et nationaliste n'est pas spécifiquement française. Elle touche la quasi-totalité des pays concernés par cette échéance électorale.

Le fait est que M. Macron n'a plus guère de solution pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve fourvoyé, en grande partie par sa faute.
Grâce à de beaux discours enflammés, une jeunesse insolente et une conjoncture propice, il est parvenu à la magistrature suprême en 2017. Il a réussi à se faire réélire en 2022, assez facilement grâce au fameux plafond de verre contraignant l'expansion de l'extrême droite. Mais il échoua à obtenir une majorité au parlement, car le peuple ne croyait plus trop aux belles paroles, ne comprenait plus grand chose à la pensée présidentielle, complexe mais très floue, et commençait à être échaudé par l'instrumentalisation excessive de peurs, souvent imaginaires !
Depuis cette date, le président navigue à vue, sans direction précise, à coups d'expédients législatifs dont le fameux 49.3, pour aboutir à des réformettes inopérantes tandis que le pays s'enlise dans un marasme ponctué d’accès de violence de plus en plus impressionnants.

En homme très porté à la théâtralité, aux effets de manche et autres coups d'épées dans l'eau, il recourt aujourd'hui au bon vieux procédé du deus ex machina. Ça fait de l'effet mais ça relève de l'artifice. Plutôt que de tirer les vraies conséquences d'un désaveu dont il est la cible principale, et de démissionner, il tente un ultime coup de poker. Il entraîne donc le pays dans un jeu périlleux dont il espère tirer les ficelles le plus longtemps possible au risque d'être aux yeux de tous, l'instigateur du chaos, et de devoir in fine se retirer piteusement.

Nul doute qu'on nous rejoue le très mauvais scénario de l'union sacrée contre la peste brune. Celui-là même qui fait dériver depuis des décennies le pays vers l'intolérance, la radicalité et la faillite démocratique.
En dépit de la forte dynamique qui porte le Rassemblement National, il est peu probable qu'il parvienne tout seul à la majorité absolue. Il est tout aussi improbable que le Président de la République retrouve une majorité cohérente pour le soutenir.
Vers quel imbroglio politique se dirige-t-on, c'est bien là la question et l'angoisse du moment.
Alliances de circonstance, compromissions sordides (notamment à gauche) ou au contraire blocages idéologiques suicidaires (notamment à droite), l'ensemble de la classe politique risque fort de donner une fois encore un spectacle des plus affligeants.
La faute peut en être largement imputée à Emmanuel Macron, qui parti sous les meilleurs auspices, aura tout raté ou presque, à force de dire et ne pas faire, et de vouloir faire une chose et son contraire en même temps.

23 mars 2024

Aya voir du Sport !

Décidément, tout fait polémique dans ces Jeux Olympiques 2024 de Paris.

La mascarade imposée aux athlètes russes, autorisés à concourir sans bannière ni nationalité, c'est à dire comme "des esprits errants et sans patrie", l’affiche kitsch évoquant plus un village Disney que celui des JO, et les mascottes doudou, en forme de phryges clitoridiennes made in China, on se dit que tout est permis après tout.
L’affaire Aya Nakamura n’est que la dernière controverse en date, mais l’initiative supposée du chef de l’Etat de faire appel à cette chanteuse en vogue pour introduire la cérémonie d’ouverture fait du bruit dans les chaumières.

Il y a naturellement les "pour" et les "contre", mais en la circonstance, l'affaire a pris une ampleur inattendue et un tour politique des plus déplaisants.
Les vieux chnoques franchouillards lui dénient le droit de représenter leur pays au motif qu’elle ne s'exprime pas en français mais en un informe charabia de banlieue pétri de vulgarité. Ils s’opposent ainsi aux vieux bobos gauchos, et autres progressistes qui exultent car ils voient au contraire, le triomphe de la “diversité” et la reconnaissance de la belle inventivité de la "jeunesse des cités".

Il y a fort à parier que peu de ces gens connaissaient vraiment l’artiste, mais chacun se dresse sur ses petits ergots idéologiques.
Il est comique de voir qu’à gauche on use de l’argument commercial, habituellement méprisé par les chantres de l'élitisme culturel. Le fait d’être “l’artiste francophone la plus téléchargée” est devenu le pont aux ânes de ces opportunistes. Au surplus, l'occasion est trop belle pour résister au réflexe pavlovien d'amalgamer la désapprobation affichée par certains, à du racisme.

Les sondages disent la réticence d’une large majorité de Français au choix de la chanteuse franco-malienne du fameux Djadja.
S’il s’avère que l’idée vient du Président de la République, on peut donc s'interroger sur ses motivations. Est-ce le souci de paraître branché voire provocateur, ou bien n'est-ce qu'un cynique calcul politique ?
Dans ce cas, il faut reconnaître qu'il a bien fonctionné notamment pour déstabiliser la droite conservatrice et souverainiste. Ces gens se sont jetés à pieds joints dans le piège en répudiant la jeune femme noire au nom de principes vieux jeu voire franchement douteux.

Après réflexion, qu'en est-il de l'art d'Aya Nakamura ?
Sur la forme, il s'inscrit certes dans l'univers superficiel, répétitif et versatile d’une variété très bling-bling, mais on peut lui reconnaître le mérite d'illustrer avec un certain panache les canons du chic occidental.
Devenue icône pour Lancôme et diva pour le magazine Vogue, il est évident qu’elle a du chien, de l'abattage et de la prestance. Loin des greluches qui minaudent de manière lascive derrière les keums à capuche et à bagouses qui peuplent les bas-fonds du rap ou du hip hop.
Sa patte musicale est aisément reconnaissable, ce qui est plutôt une qualité. Sa voix, bien qu’artificialisée par l’autotune, accroche agréablement l’oreille et elle chante juste. Quant aux paroles, elles peuvent sembler insignifiantes voire quasi inintelligibles, mais n’est-ce pas la loi du genre ? Peu importe après tout, pourvu qu’on les retienne et qu'elles donnent du rythme. Et le rythme, Aya l'a manifestement dans la peau. Difficile de résister à la pulsation sensuelle qui émane de ses prestations, dès les premières notes. Assurément, ça regorge de bonnes vibes…
Sa personne à la fois élégante et sculpturale ne laisse pas de marbre.  Manifestement, elle ne s‘en laisse conter, ni par les hommes, ni par les idéologues, ni par les religieux de tout poil. Indifférente à tout cela, elle chante, elle a son style et c'est tout.

Cela dit, vouloir qu'elle fasse du Piaf, n'est-ce pas corrompre sa nature sauvage et la ravaler à un stéréotype d'une époque révolue ? Et s'il s'agit de revisiter la Vie en Rose à la sauce Pookie, ce serait prendre le double risque de susciter l'incompréhension des jeunes autant que des plus âgés.
En définitive, le problème est de trouver la chanson parmi celles de son propre répertoire, qui soit dans le mood des Jeux.
Au fait, lui a-t-on demandé son avis sur sa participation au show et sur le choix du titre à interpréter ?

21 mars 2024

C'est le pompon !

Tout récemment, à l’occasion de la
Rencontre des Cadres Dirigeants de l’Etat, M. Macron s’est lancé dans une assez violente diatribe à l’intention des hauts fonctionnaires auxquels il s’adressait. Il a vertement critiqué la lourdeur et la complexité de la fonction publique en leur en faisant porter la responsabilité, sans vergogne aucune, affirmant notamment que lorsqu’il impulsait par ses initiatives une force de 100, il n’en arrivait, en matière d’application sur le terrain, qu’à peine 5 à 10 !
C’est vraiment le pompon comme on disait autrefois !

En matière d’ameublement comme de marine, le pompon, c’est ce qui ne sert à rien mais qu’on voit le plus. Ainsi les paroles, aussi belles soient-elles, n’ont guère d’intérêt lorsqu’elles n’ont que la fonction décorative d’un pouvoir en berne.
M. Macron se comporte en discoureur infatigable, adepte des jolies formules, mais malheur à celui qui accorde quelque crédit à ses paroles. Elles sont aussi superfétatoires quant au cours des choses que le pompon qui orne le béret du matelot.

Au pouvoir depuis 7 ans, et instigateur de lois depuis un peu plus longtemps encore, il n’a pas cessé de désorienter les volontés les mieux intentionnées à son égard, tant les textes dont il fut l’inspirateur se sont révélés alambiqués, versatiles, contradictoires, ou confus.
Dès 2015, on pouvait s’interroger sur une de ses premières initiatives, supposée favoriser« la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques », bien intentionnée au demeurant, mais tellement amphigourique qu’il fut impossible ou presque d’en trouver une application concrète. Par la suite, il continua sur la lancée et on a vu les flops auxquels menaient successivement les succédanés de réformes concernant la santé, l’éducation, la justice, les retraites et tout récemment l’immigration, dont il demanda lui-même la censure par le Conseil Constitutionnel. Au final, que reste-t-il de ce texte tellement abscons et caviardé ? Quasi rien.

Non content de ces simulacres qui ont contribué à augmenter la pléthore législative sans procurer beaucoup d’efficacité, voici le Chef de l’Etat qui se met dans la tête de réglementer la fin de vie. Comme souvent, il affirme quelque chose tout en soutenant le contraire, ce qui laisse présager d’interminables dilemmes.
Ainsi le président récuse le terme d’euthanasie car il s’agit selon lui “d’un acte réalisé sans le consentement de la victime”. Mais dans le même temps, il entend autoriser l’intervention d’un tiers pour “aider à mourir” une personne qui ne serait plus en état de “prendre le breuvage létal”. Comment affirmer dès lors qu’il y a consentement ?
En matière de consentement le Président de la République manifeste d’ailleurs son intention d’aller plus loin, en déclarant dernièrement vouloir inscrire cette notion en matière de viol, dans le droit français. Ce qui paraissait relever du bon sens, voire de l’évidence, risque donc de se perdre en insolubles conjectures et réfutations...

Si M. Macron veut vraiment simplifier la fonction publique et rendre plus aisée et directe l’application des lois, pourquoi donc se retient-il de les élaguer plutôt que de les multiplier, et pourquoi ne songe-t-il pas à supprimer quelques-uns des innombrables rouages qui peuplent l’administration, plutôt que d’en créer toujours plus ?
Lorsqu’il déplore que “c’est Bibi qui paye”, feint-il de méconnaître sa responsabilité écrasante, en tant que chef de l’Etat, dans le coût faramineux que ce dernier fait supporter à ses concitoyens ?
Il dispose pourtant avec la Cour des Comptes d’une administration épatante, qui passe son temps à “épingler” les dérives financières et les complications inutiles de la technostructure étatique.
Malheureusement, la Cour des Comptes n’est jamais écoutée et force est de conclure qu’elle aussi, fait partie de cette tuyauterie inutile qui constitue l’impressionnante autant qu’effrayante usine à gaz étatique.

11 mars 2024

Scellement

Après la panthéonisation, la constitutionnalisation.
On a les victoires qu’on peut…

Quand on n'a plus ni la volonté ni le courage d'agir pour tenter de sortir le pays de la très mauvaise passe dans laquelle il se trouve, il ne reste plus à offrir au bon peuple que des leurres et des ersatz. Le bétonnage constitutionnel sans risque, de lois que personne ne remet en cause, procure à peu de frais la pompe et la solennité dont les dignitaires de notre pays sont friands, à défaut d'honneur et de victoire.  Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…

Après moults hommages variés, on eut ainsi droit à la cérémonie grotesque du scellement du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). On se serait cru chez Ubu lors des consécrations officielles de l’inutile et de la vanité. Tous les satrapes gouvernementaux étaient réunis pour ce grandiose numéro de presse purée constitutionnelle, qualifié par les médias ébahis, tantôt d’émouvant, tantôt d’historique.

Personne au demeurant ne trouva anti démocratique la volonté fièrement affichée de ne plus jamais permettre au peuple de pouvoir changer d’avis.
Personne ne pointa le paradoxe consistant à consacrer le droit de tuer les fœtus après avoir scellé l'abrogation de la peine de mort pour les assassins (trouvera-t-on bientôt normal de pouvoir en finir avec les malades jugés incurables ?).
Personne ne trouva absurde cette glorification du droit à l'IVG au moment où la dénatalité est devenue un problème sociétal majeur. Avec un taux de fécondité tombé à 1,72 enfants par femme, il y a pourtant du souci à se faire pour l’avenir du système de retraite par répartition, entre autres... Du temps de Simone Veil, on comptait déjà 1 IVG pour 4 accouchements. Aujourd'hui c'est 1 pour 3…
Mais le pire de tout est que personne ne trouva insane de continuer à rembourser l’IVG à 100% par l’Assurance Maladie, au moment où du plus haut de l'État on nous dit qu’il devient urgent de faire des économies !
Quand donc inscrira-t-on dans la Constitution l'interdiction pour l'Etat de dépasser des plafonds raisonnables en termes de fiscalité, de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques ?

La cérémonie s’acheva aussi piteusement qu’elle avait commencé, par le camouflet infligé au Président par la chanteuse Catherine Ringer. Accouru pour la féliciter d’avoir massacré la Marseillaise, elle le repoussa, avec tout le dédain et la vulgarité qui la caractérisent, nullement gênée d’avoir accepté de participer à cette mascarade organisée par un Pouvoir qu’elle exècre manifestement…

04 mars 2024

Cérémoniaux républicains

A l’instar de Georges Brassens, on peut être rétif aux cérémonies et aux hommages, surtout quand ils tournent à l’habitude rituelle, et qu’ils sonnent comme une excuse pour n’avoir pu agir concrètement. Pire encore, lorsqu’ils s'inscrivent dans l'esprit de parti.

Comment ne pas éprouver de l’émotion en pensant aux victimes du pogrom du 7 octobre 2023 en Israël et aux otages retenus par les terroristes depuis cette date ? Il faudrait n’avoir pas de cœur et pas davantage d’esprit.
Le problème avec les manifestations mémorielles décrétées à cette occasion par le Président de la République est qu’elles ont consacré en quelque sorte l’impuissance des pouvoirs publics et plus généralement de la communauté internationale. Si l’attaque initiale du Hamas date déjà de quelques mois, les horreurs qui y sont liées se poursuivent en temps réel. Derrière les vibrants discours déplorant “le pire massacre antisémite de notre siècle”, que dire de l’incapacité à agir ? Il n’est plus possible de claironner comme pour les victimes du nazisme “plus jamais ça…”
L’impuissance des discoureurs est criante, et d’un tragique consternant lorsque ces derniers se révèlent incapables de donner à un moment de recueillement une portée universelle.
On peut comprendre les familles endeuillées jugeant indésirable la présence de certains, dont l’hypocrisie et les provocations ignobles furent manifestes lors de ce drame, mais il y va de la conscience de chacun. S’il y a un Dieu, lui seul peut distinguer les gens sincères des pharisiens.

Ce mois de février étant décidément propice aux célébrations, il y aurait beaucoup à redire sur celle décrétée par le Chef de l’Etat pour honorer l’ancien garde des sceaux Robert Badinter, disparu le 9.
Il est permis de s’interroger sur son principal fait d’armes qui est d’avoir aboli la peine de mort. Est-ce un vrai titre de gloire ? Qui se souviendrait vraiment de lui sans cette réforme sociétale ?
Quelle valeur revêt cette action sachant qu’elle fut réalisée sans prendre l’avis du peuple (dont on ne pouvait ignorer qu’il était majoritairement contre) ? A quel danger, à quel risque s’exposait le promoteur de cette décision, qualifiée de progrès humain fondamental par le chœur assourdissant des bien-pensants ? Toute réserve fut considérée comme réactionnaire. A plus forte raison, toute opposition fut décrétée nulle et non avenue.
Quelle responsabilité encourait le ministre de la justice de l'époque, qui ne proposa pas la moindre solution alternative à cette abrogation de principe ? Aucune évidemment. Une fois le politicien tranquillement rangé des voitures, et satisfait d’avoir gravé dans le marbre une loi à son nom, c’est toujours à d'autres de gérer les conséquences…
A force d’encenser à grand renfort de tambour médiatique les succédanés d'héroïsme, et de qualifier d’historique n’importe quoi, on dévalue le vrai courage et on insinue la confusion dans les esprits.
Mais le plus grave fut toutefois l’esprit partisan de la famille qui accepta lors de la disparition du cher homme le principe d’un hommage national tout en spécifiant qu’en soit exclue toute personne proche de ce qu’ils nomment l’extrême droite…

La panthéonisation est une vraie manie dans laquelle semble se complaire Emmanuel Macron. Faute d’avoir la volonté d’agir, faute d’avoir la capacité d’améliorer le quotidien de ses concitoyens, il se répand en discours théâtralisés et en pompeux cérémoniaux païens.
Aujourd’hui il intronise des militants communistes, en trompetant qu’ils sont “morts pour la France”. Mais qui sait pourquoi ils sont morts ?
L’idéal au nom duquel ils combattaient ne relevait-il pas d'une doctrine encore plus dévastatrice que le nazisme (bien qu’appartenant à la même nébuleuse socialiste) ?
Là encore, le Président de la République, s'épanchant dans le quotidien l’Humanité, largement subventionné par l’Etat, et qui ose encore se réclamer de nos jours du communisme, croit bon de préciser que "les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat des Manouchian". Pire encore, il enfonce le clou en soulignant que selon son opinion, ni le Rassemblement National ni Reconquête n'ont leur place dans l’arc républicain.
Plus partisan tu meurs…

17 février 2024

Vive CNEWS !

La petite chaîne de télévision CNEWS, née dans la douleur et malgré l’intolérance partisane en 2017, sur les décombres de ITélé, s’est en quelques années, hissée au premier plan du paysage audiovisuel français (le PAF…).
Elle a su créer un ton nouveau, et attirer quelques journalistes de talent, particulièrement charismatiques. On retient évidemment les prestations de Pascal Praud qui n’a pas son pareil pour animer en semaine, matin et soir, des débats et des controverses pétillantes, avec sa désormais fameuse “Heure des Pros”. On retient également le duo Christine Kelly - Eric Zemmour qui a largement contribué à doper les audiences. A leur suite, sont entrées en scène les professionnelles chevronnées que sont Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, et d’autres plus jeunes mais prometteurs tels Julien Pasquet, Eliot Deval ou Gauthier Le Bret. Sans oublier Anne Fulda qui a le mérite de proposer une émission littéraire quotidienne !
Le succès croissant de la chaîne témoigne de ce dynamisme éditorial et de l’originalité de ses contenus.

C’est sans doute un peu, si ce n’est beaucoup, pour ça qu’on cherche régulièrement à restreindre cette aura médiatique grandissante, détonant dans le pseudo consensus des idées reçues chères à Flaubert.
Comment expliquer sinon le zèle opiniâtre du CSA, devenu ARCOM, ou celui de ministres de la culture vindicatifs, et bien sûr de nombre d’organisations auto-proclamées progressistes, à flétrir l’intrus qualifié de partisan, de droite, voire d’extrême droite ou de complotiste ?
L’argument est tellement éculé qu’il pourrait prêter à sourire. Il pourrait même être qualifié de grotesque lorsqu’on voit l’orientation politique quasi monolithique de tous les canaux télévisés étatiques. Ceux dont on attendrait justement l’objectivité si ce n’est la neutralité…
Si l'on suit la logique insane de ces gens qui dénoncent la pensée de droite, c'est bien la preuve qu'ils sont du bord opposé ! D'ailleurs les a-t-on vu critiquer un organe de presse pour son orientation à gauche ? Nullement...

L’initiative récente de Reporters Sans Frontière (RSF) s’inscrit de manière édifiante dans ce concert des bien pensants à sens unique. Un média d’information et d’opinions mouchardé par ceux-là même qui ont fait vocation de défendre la liberté de la presse, quel paradoxe ! La machine à inverser les valeurs tourne décidément à plein régime…
Un malheur n’arrivant pas seul, le Conseil d’Etat, saisi par ces dérisoires censeurs de la pensée, leur donne raison et ordonne à l’ARCOM de mieux encadrer les faits et gestes de CNEWS, de mieux faire respecter “le pluralisme et l’indépendance de l’information” en tenant compte “des interventions de l’ensemble des participants des chaînes de la TNT”.../… “suivant des modalités qu’il lui appartient de définir”.
En d’autres termes, on comprend qu'on en viendra à ficher de manière arbitraire les orientations politiques des journalistes, des chroniqueurs, et de tous les intervenants, météo comprise, en leur collant une étiquette définitive, comme dans les plus odieux totalitarismes.
On en était déjà arrivé, dans notre pauvre pays, à minuter à la seconde près le temps de parole des politiciens. Faudra-t-il désormais, pour tenter de faire taire CNEWS, chronométrer tous les propos de toutes les personnes s’exprimant sur les plateaux des quelques centaines de chaînes télévisées, selon leur tonalité politique supposée de droite ou de gauche ?
Ubu et Kafka réunis sont dépassés par ce projet démentiel qui constitue une nouvelle attaque contre la liberté d’expression, qui témoigne de la manie de tout contrôler, et qui démontre l’emprise plus que jamais asphyxiante de la bureaucratie.
On peut bien nous parler de simplification ! Chaque jour hélas, on voit s'accroître le poids des réglementations édictées par l’Etat, ses nombreuses succursales, et les innombrables petits potentats et groupes de pression subventionnés, sans aucune légitimité populaire.

Moralité : avec ce nouvel ukase, c’est la télé, déjà mal en point, qu’on veut tuer.
Corollaire : on attend devant un tel affront une réaction ferme et unanime, témoignant de la solidarité journalistique…

01 février 2024

Dans la nasse

La révolte paysanne ne peut surprendre que les gens qui ne voulaient pas en voir les prémices, au premier rang desquels figure le gouvernement, plus incapable de prévoir que jamais…
Il est bien temps de s’apitoyer sur le sort des agriculteurs comme M. Fesneau, leur ministre de tutelle. Il est bien temps de dire qu’il faut les écouter et les comprendre ! Il est bien temps enfin, de prétendre comme l’a fait le Premier Ministre, que l’agriculture est “au-dessus de tout”. Too late…
Le feu couvait depuis longtemps et l’épisode des Gilets Jaunes n’a de toute évidence pas servi de leçon. Pire, tout se passe comme si l’on avait tout fait pour provoquer ce ras le bol.

Premier constat, les aides et subventions n’ont été que des leurres, comme tant de dispositions prises au nom de la justice sociale. Force est de reconnaître que la fameuse Politique Agricole Commune (PAC), pourtant très généreuse avec la France, a déversé des milliards d’euros, en pure perte. Dans les campagnes, on ne veut plus de cette assistance déprimante parce qu’elle récompense la décroissance et l’improductivité.
Car le problème est là : on a voulu convertir de force les agriculteurs à l’écologie théorique et les protéger artificiellement de la concurrence internationale. Résultat, on les a découragés de travailler, en compliquant par mille contraintes administratives leur tâche, et en pénalisant lourdement la vente du fruit de leur travail. En raison de cette politique insane les récoltes sont peut-être devenues plus respectueuses de l’environnement, mais elles sont étiques, chères pour les consommateurs et loin de garantir un revenu décent aux producteurs.

Comment sortir de cette impasse ?
Augmenter encore les aides reviendrait à prodiguer des soins palliatifs à une agriculture à l’agonie et ne ferait que majorer la dette faramineuse du pays.
Recourir à plus de protectionnisme ne serait guère plus efficace, en exposant au péril inflationniste et en impactant défavorablement les secteurs parvenant encore à exporter.
Revenir sur les réglementations supposerait l’abandon en rase campagne du diktat écologique auquel sont attachés beaucoup d’électeurs, même s’ils n’en mesurent pas toujours toutes les conséquences pour le monde rural.
Il faut bien évoquer ici l’inconséquence des Français. Ils veulent toujours plus de “bio”, sans pesticide ni OGM, ils se disent prêts à payer plus cher pour des produits de qualité, et réclament des circuits courts, mais ils privilégient pour leurs achats les grandes surfaces et se ruent sur les promotions et les prix bas.

Dans un tel contexte, que peut faire le gouvernement ? Quoi qu’il propose, ce sera toujours insuffisant, contestable ou quasi infaisable, à l’instar des premières mesures annoncées par Gabriel Attal.
Certes il est bon de renoncer à la hausse des taxes sur le Gazole Non Routier (GNR), comme on gela la taxe carbone lors de l’épisode des Gilets Jaunes, mais le plus sage eut été d’y penser avant… Qui donc a eu cette idée inepte de prélever une taxe pour la redistribuer intégralement ?
Certes il est souhaitable de réduire le nombre de réglementations et de contrôles, concernant notamment l'entretien des haies (pas moins de 12 à ce jour). Mais la jungle administrative est telle qu’il faudrait y aller à la tronçonneuse à la manière du Président Milei en Argentine et non pas avec des ciseaux de dentellière comme le suggère le Premier Ministre !
Certes il est bienvenu de promettre de mieux gérer l’eau et l’irrigation des sols en organisant des retenues utiles en période de sécheresse mais comment mettre en œuvre ce programme face aux hordes altermondialistes qui s’y opposent avec violence ?
Certes, il est bénéfique de mieux indemniser les éleveurs affrontant la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) et bien intentionné de promettre une nouvelle subvention de 50 millions d’euros pour la filière bio, mais celle-ci ne sera pas sauvée si les consommateurs continuent à se détourner d’elle…
Au-delà de ces timides avancées, on peut craindre hélas qu’il n’y ait pas de remise en cause réelle de la pléthore administrative déversée au nom de la lubie climatique, et qu’on pointe une fois encore les méfaits supposés du libre-échange, associé dans beaucoup d'esprits au capitalisme honni.

Plutôt que de s’opposer au monde tel qu’il est, il serait pourtant urgent qu’on donne aux agriculteurs la liberté de s'organiser pour être compétitifs. Qu’on les laisse gérer leurs exploitations comme bon leur semble et qu’on revienne très rapidement sur nombre d’interdictions ineptes, en passe d’asphyxier des filières commerciales entières : moutarde, betterave, cerise, pomme, endive, colza…
Avant de s’attaquer à l’Europe, il paraît impératif d’arrêter la surtransposition française délirante des réglementations émanant de Bruxelles, et d'abroger en extrême urgence celles déja en vigueur.
Plutôt que d’interdire les produits étrangers ne respectant pas les normes françaises, il vaudrait mieux autoriser les agriculteurs français à s’aligner sur les normes des pays dont on accepte les importations
Les échanges commerciaux ne peuvent s'exercer à sens unique. Si le libre échange reste souhaitable, il ne se conçoit toutefois qu’avec des règles partagées et sûrement pas en plombant de handicaps son propre camp ou en surtaxant méchamment ses concurrents. Quant au protectionnisme, il n’a de légitimité qu’en représailles à des excès de taxes unilatérales.
Tout ceci semble relever du bon sens, et serait facile et peu coûteux à réaliser sans délai, mais se heurte au lobby climatique et environnementaliste omniprésent dans toutes les institutions, toutes les assemblées, les commissions, les médias et les partis politiques. Il est donc fort peu probable qu’on avance sur ce terrain miné.
Face au désastre, organisé si ce n’est planifié, il n’y a pas grand-chose à attendre du gouvernement et pas davantage de l’opposition.
Ne parlons pas de la gauche (écologistes inclus), qui a perdu toute crédibilité tant elle est indécrottablement attachée à ses vieux démons idéologiques.
Lorsqu’on entend les responsables du Rassemblement National attachés avant tout à la fermeture des frontières, on ne se fait pas trop d’illusions. Quant aux Républicains, représentés par M. Ciotti, c’est du pareil au même. Il accuse non sans raison M. Macron d’être “un pompier pyromane qui a lui-même déclenché l’incendie”, mais il oublie que son parti a voté la plupart des textes réglementaires en cause. Pire que tout, il affirme que sa priorité serait de “mettre fin aux accords de libre-échange qui menacent l'agriculture.”

Pendant que dans les campagnes la révolte gronde, que les tracteurs sont aux portes des grandes villes, que le conflit s’étend à l’Europe entière, à l’instar des byzantins penchés sur la question du sexe des anges pendant le siège de Constantinople, nos députés entreprennent de débattre de l’inscription de l’IVG dans la constitution et sur la réglementation technocratique de la fin de vie…

31 décembre 2023

Le retour du pilori

Il y a quelques années, pendant le mandat présidentiel du peu regretté François dit “Le Normal”, le microcosme socialiste, pétri d’aigreur, déversait sa haine recuite sur l’évadé fiscal Depardieu, ce qui me fit réagir. Cette antipathie à l’égard d’un des meilleurs acteurs contemporains prend désormais un tour moral et envahit à nouveau par son tintamarre assourdissant le quotidien. Impossible d’y échapper. Faut-il qu’on ait du temps à perdre dans notre pays, déclinant, rongé par toutes sortes de ruines et de vicissitudes, pour s’attacher à de pareilles billevesées.

Sur la foi d’accusations non démontrées jetées à dessein sur la place publique, et de quelques plaisanteries obscènes, rendues publiques non moins à dessein, les censeurs de la bienséance découvrent tout à coup, mais un peu tard, que Gérard Depardieu est un être excessif, grossier, parfois vulgaire. Mais Depardieu a toujours été Depardieu. Une sorte de colosse mal dégrossi (si l’on peut dire vu la boursouflure de sa silhouette). Un gros nounours mal léché en somme.
Il n’a pas d’éducation comme on disait autrefois lorsque l’éducation avait un sens. Petit voyou, il est devenu acteur et le génie lui est tombé dessus comme la foi sur d’autres. Emporté malgré lui par le tourbillon de la gloire, il est devenu une sorte de monstre jovial, jouisseur, à la fois sympathique et détestable, pratiquant avec une jubilation puérile l’outrance et la déraison. Sous la carapace de graisse, il resté l’enfant turbulent, mal élevé qu’il a toujours été. Si l'on connaît nombre de ses excès, on ne l’a jamais vu manifester de méchanceté et pas davantage de perversité. Dans l’intimité, ce serait autre chose à ce qu'il paraît.

L’infamie dont certains cherchent à le couvrir a quelque chose de cocasse si cela n’était l’expression du tragique de l’époque. On croit rêver devant les flots de salive, les tonnes d’encre répandues pour flétrir ce comédien de génie au sourire de garnement, pour fustiger ses écarts de conduite, pour le clouer au pilori, voire l’envoyer au bûcher. On propose même de l’effacer de la mémoire cinématographique ! France Television, qui se moque de l'avis du public comme d'une guigne, annonce, sans jugement et sans appel, dès à présent suspendre toutes les rediffusions de films avec Gérad Depardieu et cesser toute collaboration à venir avec lui.

Quelques dizaines de personnalités téméraires se sont élevées contre la curée dont l’acteur est victime. Elles ont bravé les foudres de la bien-pensance en signant une lettre de soutien et en invoquant cette foutue “présomption d’innocence” qui ne veut rien dire si ce n’est le contraire de ce qu’elle est supposée exprimer. Le Président de la République lui-même est descendu dans l’arène pour défendre le paria, après les menaces de retrait de la Légion d’Honneur, émises par l’inconsistante ministre de la cul-ture, petite sainte laïque besogneuse et grande prêtresse de l’art subventionné. Cela ne fit que redoubler l’ardeur des tribunaux populaires et provoquer l’hallali. Des centaines, puis des milliers de culs-bénits du consensus ont répliqué outragés en publiant un nouveau texte à charge. Dans le même temps, on a vu certains signataires de la motion initiale de soutien, essuyer la vindicte de puritains frénétiques et d’autres, pris de remords, sont revenus sur leur paraphe en y apportant moultes nuances pudibondes et réserves oiseuses.
On est en pleine bouffonnerie bourgeoise. Les précieux ridicules se gargarisent de belles phrases creuses, et de circonlocutions quintessenciées, les Sainte-Nitouche se dressent sur leurs petits ergots vengeurs.

On se souvient qu’il y a quelques décennies, c’était la liberté des mœurs qu’on réclamait à grands cris, et à la force de pétitions et de manifestations. On affirmait haut et fort qu’il était “interdit d’interdire”. De fait, tout devenait possible et on s’extasiait devant des œuvres répugnantes faisant l’apologie de la dépravation, d’obscénités en tous genres et de l’irresponsabilité. Au cinéma, Depardieu accédait à la célébrité en jouant une petite gouape lubrique dans Les Valseuses. Le Tout Paris était enchanté par ces lamentables pitreries faisant du viol un jeu. On fit de l’ignoble Dernier Tango à Paris un chef-d'œuvre, des immondes Nuits Fauves un hymne à la lutte contre le SIDA et de l’atroce Baise-Moi, "un bon petit film de genre qui efface la frontière entre porno stricto sensu et cinéma normal" (les Inrocks) !

Autre temps, autres mœurs. Désormais, il est devenu interdit d’interdire d’interdire. On brûle tout ce qu'on a adoré.
Éternel retour des choses, les chantres de l'émancipation sont devenus inquisiteurs intransigeants. Ils sévissent un peu partout, imposant leur exaltation destructrice au nom d’un wokisme confit jusqu’à l’absurde dans les principes. Fanatisme et nihilisme se rejoignent en un magma nauséabond dans lequel s’enlisent l’esprit et la liberté. Signe des temps, ces chasseurs de sorcières ne s’attaquent qu’aux faibles et aux héros morts ou sur le déclin. Le triste spectacle de l’actualité montre que les vrais salauds, les violeurs, les assassins, et les pervers continuent quant à eux de sévir impunément…

24 décembre 2023

Les derniers salons où l'on causait

Pour atterrir en douceur en cette fin d’année, un sujet léger : la diffusion, il y a quelques jours à peine, sur la petite chaîne de télévision Paris Première, d’une émission-dîner animée par Thierry Ardisson. Cette soirée filmée au domicile parisien de ce dernier, sis 214 Rue de Rivoli, “remettait le couvert” 20 ans après les mythiques épisodes capturés Faubourg Saint-Honoré.
Non pas que cet événement soit fracassant en soi, mais il rappelle un temps quasi révolu associant détente, bonne chère, culture, et humour débridé.
Précisons que pour assister à ce spectacle, il fallait toutefois être abonné payant. De par la volonté du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), petit soviet chargé de “réguler” les contenus destinés aux téléspectateurs, la chaîne n’a en effet pas l’autorisation de diffuser ses programmes librement, en clair.

Pour les happy few admis au spectacle, il ne fut pas sans évoquer les salons littéraires du XVIIIè, où l’on savait s’amuser avec légèreté, sans trop de tabou et sans trop de vulgarité. On me dira que cela conduisit à la Révolution, mais tant pis…
Bien que les convives soupassent aux chandelles des girandoles, sous des lustres de cristal, le décor rococo tendu de velours cramoisi avait un petit côté kitsch pour ne pas dire autre chose. Dans cette ambiance feutrée, un fond musical jazzy, était propice aux propos libres et lestes.
Pour ceux qui n'auraient pas pu voir cette émission, Youtube permet de visionner celles des saisons passées, il y a déjà deux décennies, et de se faire par la même, une idée de l’atmosphère du lieu. Il n'y eut pas moins de 104 épisodes. Pour ma part, je me suis délecté, entre autres, de la soirée consacrée aux Grosses Têtes, tournée en 2004, avec Jean Dutourd, Pierre Bellemare, Jacques Balutin, Philippe Bouvard, Laurent Baffie & co.

Quitte à céder à la nostalgie, n’oublions pas la ribambelle des émissions, témoignant de manière éloquente de ce que Thierry Ardisson a apporté à la télévision : des vitrioliques Descentes de Police à l’ultime Salut les Terriens, en passant par les Bains de Minuit, les Lunettes Noires pour Nuits Blanches, Double Jeu, Tout le Monde en Parle…
Tout n’est pas bon assurément mais peu d’autres émissions ont gardé la fraîcheur qu’elles avaient lors de leur premier passage. Est-ce le ton non conformiste, faisant alterner sérieux et fantaisie, agrémenté des saillies percutantes de Laurent Baffie ? Est-ce le mélange des genres qui faisait converser sur un même plateau, chanteurs, acteurs, philosophes, politiciens, humoristes ? Le fait est, qu’on est à des années lumières du consensus mou et pudibond, plombé par un humour aussi émollient que rébarbatif, régnant sur les chaînes d’Etat.
On se souvient certes, des mythiques rendez-vous littéraires animés par Bernard Pivot. On garde pareillement en mémoire les talk shows éclectiques de Frédéric Taddeï. On peut aussi évoquer les sketches hilarant dont Jacques Martin était le maître d’oeuvre inspiré, mais le cocktail détonnant caractérisant les émissions de “l’homme en noir” reste unique en son genre. Il répond mieux qu’aucun autre à la notion de variété divertissante, au meilleur sens du terme.

Aujourd’hui, c’est Waterloo morne plaine. Il ne reste rien de la pétillance et de l’impertinence de jadis. Il y a bien Hanouna, mais qui cède hélas un peu trop au racolage et à la trivialité. Seule CNews, chaîne honnie des bien-pensants, parvient encore à sortir les téléspectateurs des sentiers battus du conformisme. Sans doute n’est-ce pas un hasard si tous les meilleurs journalistes et chroniqueurs s’y côtoient désormais et si les audiences s’envolent. Pascal Praud y fait encore preuve d’un peu d’effronterie et d’esprit critique, matin et soir, tandis qu’on a vu réapparaître en discret visiteur du soir, l’excellent Frédéric Taddéï…

29 novembre 2023

Logique Ionescienne 2

Trois exemples de consensus peuplant de manière insensée l’actualité pourraient être intégrés sans peine à la logique folle développée par Ionesco : le réchauffement climatique, l'intelligence artificielle, et tout dernièrement les punaises de lits.
Sur ces sujets, le train hallucinant du parler creux et des fausses évidences en forme de chimères emplit l'espace médiatique de son chahut assourdissant, repoussant ou écrasant au passage les discours qui ne seraient pas à l'unisson.
Il serait vain de faire un catalogue exhaustif des choses vues et entendues. Qu'il soit permis d'en rappeler quelques pépites :

Sur l'évolution du climat, la charmante Evelyne Dhéliat croit bon de commencer son bulletin météo en nous gratifiant de commentaires oiseux du style: "il va faire très beau en ce début d'automne", ajoutant aussitôt "et ça ce n'est pas une bonne nouvelle…" Abandonnant la neutralité qui sied à sa fonction, elle rejoint donc l'opinion générale qui sévit désormais au détour de chaque phrase !
D'autres porte-voix du consensus climatique, se font encore plus catastrophistes, claironnant par exemple au terme d'une saison magnifique, que le mois de juillet, puis celui d'août, puis de septembre et maintenant d'octobre, ont été "les plus chauds jamais enregistrés depuis le début de l'humanité". Rien que ça ! Après nous avoir bassinés (sans jeu de mots)  tout l'été avec la sècheresse, les mêmes pourraient s'écrier "que d'eau, que d'eau, que d'eau !" au vu des inondations d'automne...
Parmi les inepties à ranger au titre des idées reçues sur cette thématique, on ne peut que réserver une place de choix au truisme éléphantesque émis par Jean Jouzel, grand satrape réchauffiste, et dignitaire honoris causa du GIEC : "le capitalisme est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique".
Le pape François lui-même, de plus en plus étranger aux choses spirituelles, croit bon d'apporter son grain de sel, en amont de la grand-messe de la COP28, en s'écriant : "Le monde s'écroule". A l'instar des militants imbus de certitudes, il appelle sans vergogne à "une transition écologique plus contraignante…"

S'agissant de l'Intelligence Artificielle, qu'il est convenu de nommer par ses initiales IA ou mieux encore, à l'anglo-saxonne, AI, l'emballement médiatique va également bon train.
Là encore, la problématique a soudainement surgi, comme une bête faramine, inopportune et suspecte d'incarner un mal, invasif et potentiellement mortel. On oublie qu'il ne s'agit que de progrès algorithmiques, simulant le raisonnement humain, à la manière des bonnes vieilles calculettes. Certes la machine devient de plus en plus puissante et rapide mais une chose est sûre: elle reste toujours aussi dépourvue d'intelligence. Qu'importe, on en fait une sorte d'entité venue d'on ne sait où, maléfique, dotée d'un cerveau fabuleux et de tentacules innombrables. Elle fascine autant qu'elle effraie.
Comme à chaque fois que des avancées techniques se font jour, on agite le danger potentiel qu'elles représentent : "L'IA va supprimer des millions d'emplois. 300.000 rien qu'en Bretagne…"
La surenchère va bon train. Les experts dûment autorisés clament que l'intelligence artificielle fait peser des menaces d'"extinction" pour l'humanité. Un peu fort de café. Ceux là même qui ont conçu l'engin et ont largement diffusé ses applications sur internet, réclament tout à trac une pause !
Des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour exiger une régulation par les gouvernements de l'IA.
Mais qui peut imaginer sans rire la machine étatique, irresponsable et dénuée de cervelle, se mettre à réguler des programmes informatiques ? Ubu peut-être...
Par un paradoxe empreint de la plus savoureuse pataphysique, l'État s'empresse d'afficher sa volonté d'encadrer sans délai la problématique, tout en manifestant, tel un converti enthousiaste, son désir de profiter de ces avancées robotiques pour doper sa matière grise défaillante : "Le gouvernement a officiellement lancé jeudi son expérimentation de l’intelligence artificielle générative dans l’administration, qui doit permettre d’améliorer les réponses aux questions des usagers des services publics."
On croirait cette profession de foi délicieusement jargonnante sortie d'une pièce de Ionesco, ou mieux encore, du moulin à phrases toutes faites de Chat-GPT. Ça promet de beaux jours !

Dernier sujet, emblématique du prêt à penser contemporain, celui des punaises de lit. Face à ce nouveau péril, le concert assourdissant des médias réunis, lance “un affreux hurlement", comme dirait le cher Baudelaire. L'alerte générale est donnée. Nous sommes envahis par ces bestioles, certes microscopiques si on les compare aux rhinocéros, mais autrement plus nuisibles !
Comme s'il s'agissait d'un fléau particulièrement menaçant, le gouvernement, toujours soucieux de "suivre son temps", entre très vite dans la danse. M. Véran, porte-parole en chef, annonce une réunion interministérielle visant à trouver une réponse « rapide et efficace qui permette de traiter tous les aspects du problème et de répondre aussi à l’angoisse légitime des Français ».
Il en appelle à la raison raisonnante et tente de rassurer la population : "Nous devons solliciter les professionnels de la filière afin de savoir s’il y a une augmentation ou non de ces punaises de lit. Tout ce travail est en train d’être réalisé par le gouvernement et ses agences pour apporter des réponses."
Mais déjà l'évidence apparaît on ne peut plus clairement, pour lui : "Le réchauffement climatique entraîne une recrudescence de ces punaises de lit dans l’ensemble des pays occidentaux, touchant plus particulièrement les pays à forte fréquentation touristique…"
La boucle est donc bouclée et force est de conclure qu'en matière de raisonnement par l'absurde, tout est dans tout et réciproquement !

14 septembre 2023

Statistiques et Transhumanisme 1

Les téléspectateurs ayant suffisamment d’ouverture d’esprit pour s’aventurer de temps à autre sur la chaîne CNews purent assister à deux débats édifiants ce dimanche 10 septembre. Sous la houlette de l’excellent Frédéric Taddéi, un des meilleurs animateurs de talk show, on vit s’affronter beaucoup des contradictions que notre monde véhicule, entre utopie et science.
La première confrontation portait sur le mésusage des statistiques et sur leur dévoiement pour servir une cause idéologique. La discussion tourna autour du récent ouvrage de Sami Biasoni intitulé "
Le Statistiquement Correct". 

Beaucoup d’exemples furent donnés des stupidités chiffrées qu’on entend colportées par les médias à longueur d’année. Un seul suffirait à donner la mesure de la bêtise, si ce n’est de la mauvaise foi, de certaines sentences proférées par les politiciens et autres “penseurs autorisés”, pour reprendre l’expression de Coluche.
Pour légitimer et défendre la limitation de vitesse à 30 km/h que presque toutes les villes, dans un bel élan panurgien, sont en train d’imposer aux automobilistes, l’ébouriffé représentant du parti Europe Écologie Les Verts, Julien Bayou, présenta la mesure comme généreuse au motif qu’on roule déjà en moyenne à Paris à 11,6 km/h entre 7h et 20h !
On pourrait tout de go lui demander de s’expliquer sur la nécessité d’une telle limitation puisqu’on circule en pratique déjà nettement en dessous. Mais le plus grave et le plus contestable est de fournir un chiffre qui ne veut rien dire. S’il est vrai au sens statistique, il ne représente pas la réalité puisqu’on ne roulait avant cette réglementation quasi jamais à cette vitesse, mais toujours soit en dessous lors des embouteillages, soit en dessus lorsque la voie était libre. C’est donc avec ce genre de raisonnement pernicieux qu’on promulgue des normes inapplicables.
Pour illustrer autrement le caractère parfois fallacieux d’une moyenne ou d’une valeur médiane, il suffit d’imaginer un établissement de santé qui ne comporterait qu’une maternité et qu’un service de soins pour personnes âgées. L’âge moyen se situerait autour de 50 ans ce qui n’a évidemment, dans un tel contexte, aucun sens.

Le nombre de slogans appuyés par une présentation biaisée des chiffres ne fait que croître et pour celles et ceux qui n’ont pas le temps ni la volonté d’approfondir les choses, ces contre-vérités finissent par s’imposer. “Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose”, selon le dicton bien connu.
Ainsi, on put entendre tout récemment Jean Jouzel, ancien haut dignitaire du GIEC, assénant tranquillement que le capitalisme est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.
Le refrain est connu mais venant de quelqu’un qui se targue d'être un savant impartial, une telle ineptie qui prétend faire d’une opinion politique une vérité incontestable, démontre un parti pris de plus en plus radical et intransigeant qui invite à lui seul à devenir climato-sceptique ! On sait que M. Jouzel n’a jamais caché son engagement “toujours à gauche”, et on sait dorénavant qu’il confond cet engagement partisan avec l’objectivité scientifique. Il rejoint ainsi la cohorte d’esprits torves, clairement assujettis à une doctrine, mais qui essaient en toute connaissance de cause de faire passer cette dernière pour un corpus assis sur des faits établis. On se souvient de l’illustre idiot qui osa clamer qu’il préférait "avoir tort avec Jean-Paul Sartre que raison avec Raymond Aron" ! D’autres diraient qu’au Loto, "100% des gagnants ont tenté leur chance…"

24 août 2023

Grandeur et Décadence du Journalisme

La mort brutale de Gérard Leclerc marque peut-être la fin d'une certaine idée du journalisme. Il n'incarnait certes pas vraiment l’audace ni le mordant d’une profession supposée aller au bout des sujets sans tabou ni faiblesse comme le préconisait Albert Londres. Mais il était respectueux des bonnes pratiques, et ouvert au pluralisme politique. Sa participation régulière mais néanmoins critique à l’émission animée par Pascal Praud sur C News attestait d’un certain courage et de sa largesse d’esprit.


Aujourd'hui on assiste à une dilution de ce qui faisait l'âme du journalisme dans un magma consensuel insipide. L'esprit critique est en berne et les idées reçues, pourtant férocement flétries en son temps par Gustave Flaubert, sont omniprésentes, répercutées à l'infini par une Presse sans inspiration ni originalité.

L'affaire du Journal du Dimanche (JDD) est emblématique de cette époque couarde, vouée à l'instinct moutonnier.
Jugeant de manière expéditive et péremptoire que Geoffroy Lejeune, le directeur nouvellement nommé, était marqué du sceau de l'infamie d'extrême-droite, la rédaction se mit illico en grève, réclamant durant quarante jours, à cor et à cri, son éviction par principe. Ces gens qui n'auraient sûrement pas désavoué le stalinien Edwy Plenel, s'offusquaient donc de voir arriver chez eux un transfuge du magazine Valeurs Actuelles. Lequel est rituellement qualifié d'extrême, voire de facho par des gens qui n'en ont à l'évidence jamais lu un article ni même ouvert un numéro.

Le propriétaire du JDD tint bon face à cette infantile mais impressionnante révolte de salon. Il confirma sa nomination et offrit de substantielles indemnités financières à ceux qui souhaitaient démissionner.

Les rebelles, très à cheval sur les principes et soucieux de préserver leur éthique à deux balles, montrèrent en la circonstance qu'ils avaient beaucoup moins de problème avec les espèces sonnantes et trébuchantes facilement gagnées. Ils quittent donc le navire drapés dans un succédané de vertu républicaine mais sécurisés par un confortable parachute doré, concédé au nom de la paix sociale. Nul doute qu'ils pourront atterrir en toute quiétude à gauche, auréolés de leur action de résistance.
Il n'y a pas de morale à cette histoire...

22 août 2023

La Ligue des Empêcheurs

Ils se sont auto-proclamés Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Titre prestigieux s'il en est dans notre société raffolant d'appellations d'autant plus ronflantes qu'elles ont moins de sens. Au surplus, l'expression en forme de totem agit comme un bouclier d'immunité idéal. Comment s'opposer aux droits de l'homme ? Ce serait un peu comme se proclamer ennemi de la Paix et du Progrès ou bien militer contre l'Amour… 

Ces gens peuvent donc tout oser. Selon l'adage bien connu c'est même à ça qu'on les reconnaît .

Aujourd'hui, leur lutte consiste à s'opposer judiciairement à toutes les initiatives des Pouvoirs Publics, visant à améliorer la propreté et la sécurité urbaine. En combattant ce qu'ils appellent les arrêtés anti-SDF, ils prétendent qu'il s'agit d'un droit fondamental que de se vautrer sur les trottoirs, en faisant plus ou moins la manche en compagnie de packs de bière et de chiens patibulaires.

Toutes les mesures prises par les mairies sont ainsi battues en brèche par ces pseudo bienfaiteurs de l'Humanité au risque de voir le chaos et la décrépitude dévaster peu à peu les cités.


La LDH reçoit chaque année près d'un million d'euros de subventions publiques. Outre le scandale de cette générosité forcée au dépens des contribuables, et du gaspillage des deniers publics qui pourraient être tellement mieux utilisés ailleurs, c'est l'aveu que cette association n'a que faire de sa propre indépendance vis à vis du Pouvoir et qu'elle est incapable, avec son idéologie miteuse, de convaincre suffisamment d'adhérents payants, libres et responsables.

Il faut dire qu'au fil du temps, l'ambition universaliste originelle s'est réduite comme peau de chagrin. Elle est désormais ratatinée sur de médiocres objectifs communautaires, enfermés dans un parti-pris anti-système aux relents politiques moisis.

On peut se demander in fine quel est l'intérêt d'une telle institution dans un pays démocratique, puisque le peuple est libre de changer de politique et de gouvernants à chaque échéance électorale ? Ne serait-elle pas plus utile en régime totalitaire pour dénoncer les méfaits du pouvoir et tenter d'amender ses excès ? Ironie du sort, c'est précisément là où on aurait besoin de ces gens qu'ils brillent par leur absence. Le problème est sans doute que leur courage en paroles s'avère inversement proportionnel à leur témérité en action...

23 juillet 2023

Ministères Amers


Au gouvernement, il est des postes à usure rapide.
Il en est ainsi de ceux dédiés à la santé et à l'éducation. Messieurs François Braun et Pap NDiaye n'ont fait qu'y passer. Inconnus ils étaient, inconnus ils seront, au terme de leur parcours météorique.

Un an à peine pour convaincre, dans un système verrouillé, ce n'est pas une sinécure ! Autant dire, mission impossible.

C'est avec un brin de compassion qu'on put entendre lors de sa passation de pouvoir, le ministre de la santé en partance faire le bilan de son bref passage avenue de Ségur en forme de déconfiture : "Je me demande encore ce qui a poussé un urgentiste de province à s'embarquer dans cette aventure."
Il avança bien quelques explications mais on ne le sentait pas trop convaincu lui-même.

De toute manière le Président de la République, grand maître des horloges (à défaut de mieux), mais toujours très satisfait de lui après ses fameux "100 jours" au goût de Berezina, n'a rien de tangible à proposer aux nouveaux impétrants, hormis d'être "exemplaires", d'agir "avec la "plus grande dignité" et d'éviter "les comportements inappropriés".
Voilà donc l'État dans lequel erre la République ! On ne saurait mieux résumer le pavé sartrien oscillant entre l'Être et le Néant...

Si l'on peut craindre que le sémillant Gabriel Attal se brûle les ailes en pénétrant dans le chaudron infernal de l'éducation, il n'est pas interdit de garder un infime espoir qu'il fasse moins pire que ses prédécesseurs.
On ne se fait aucune illusion en revanche sur les capacités d'Aurélien Rousseau à la santé. Haut fonctionnaire formé dans le moule de l'ENA, son passé est celui d'un apparatchik socialiste pur jus. Engagé au PCF, il dériva par opportunisme vers le PS, avant de rejoindre le grand courant macroniste.
Son expérience en matière de santé se résume grosso modo à la direction de l'ARS d'Ile de France durant 3 petites années. Aucun espoir donc qu'il puisse se défaire des œillères idéologiques bornant par avance son chemin entre les limites étroites du centralisme bureaucratique dans lequel s'enlise irrémédiablement notre pays...