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13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux révèle que le magnat devenu politicien lui fait penser au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hypertrophique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

27 septembre 2024

Electeurs gobe-mouches, politique bredi-breda

A voir, lire ou écouter ce qui émane du nouveau gouvernement, on peut douter de l’arrivée de lendemains qui chantent. Confusion, contradictions et incohérence semblent les maîtres mots de la politique qui se fait jour au fil des déclarations et des interviews.
On peut évidemment remarquer qu’il ne s’agit que du résultat du vote des Français. Qu’attendre en effet d’un scrutin indécis, ne dégageant aucune majorité et opposant des extrémités contraires de plus en plus puissantes et bruyantes.
Ça tire à hue et à dia si l’on peut dire, mais les électeurs n’ont que ce qu’ils méritent en somme.

Les cérémonies de passation de pouvoir entre ministres démissionnaires et nouvellement nommés se sont apparentées à des numéros de comique involontaire ou d’autosatisfaction ridicule. En la matière, les sortants ont rivalisé avec leurs successeurs si l’on peut dire.
On soulignera simplement les flagorneries du nouveau ministre de l’économie Antoine Armand adressées à Bruno Lemaire, en contradiction totale avec ses déclarations ultérieures, séparées d’à peine 24 heures. Un jour il dit “mesurer la chance” qu’il a “d’hériter d’un tel bilan économique”. Le lendemain, il évoque une situation très grave, et déplore “un des pires déficits de l’histoire”, constat d’ailleurs confirmé par son collègue du Budget, Laurent Saint-Martin, qui prévoit un déficit à venir dépassant probablement les 6%, alors que Bruno Lemaire avait annoncé qu’il se limiterait à 5,1% (ce qui était déjà énorme…)
On nous refait le coup de la découverte d’une situation que personne n’aurait pu deviner, alors qu’elle s’étalait aux yeux de tous ceux qui voulaient la voir (la France est confrontée depuis le mois de juin à une procédure européenne pour déficit excessif ).

Qu’importe l’économie, le tout jeune et frétillant ministre de l’Economie n’est pas avare de bourdes en tous genres. Alors que Michel Barnier, Premier Ministre avait affirmé haut et fort dès sa nomination que tous les partis politiques seraient respectés et prié instamment les membres de son gouvernement de mesurer leurs propos et surtout d’agir avant de communiquer, M. Armand croit bon sitôt en place de clamer qu'il recevrait tous les élus qui le souhaiteraient, sous réserve qu’ils fassent partie de l’arc républicain, dont il exclut le Rassemblement National ! Selon lui, c’est clair, les Français se seraient prononcés pour faire barrage à un parti qui, curieusement, est celui qui totalise le plus de suffrages et le plus grand nombre de députés. CQFD…
Les piteuses excuses de M. Barnier auprès de Marine Le Pen et le “recadrage” du ministre désobéissant ne changent rien à l’affaire. L’impression donnée est que le pays est gouverné par une équipe de branquignols.

Impression qui chaque jour se confirme un peu plus au vu des contradictions d’une politique des plus erratiques.
Rappelons que le parti Les Républicains (LR) avait brandi au mois d’avril dernier la menace d’une motion de censure automatique en cas de franchissement de la ligne rouge de l’augmentation des impôts et prélèvements obligatoires. Cette injonction était d’ailleurs partagée à la même époque par le Parti du Président de la République, s’exprimant par la voix de sa porte-parole Maud Bregeon.
Résultat, la première priorité évoquée par le nouveau gouvernement de M. Barnier (membre éminent de LR), est la hausse de la fiscalité. Qu’on la déguise sous l’appellation de “justice fiscale” ou bien qu’on précise qu’elle serait “temporaire” et “ciblée sur les plus riches”, un nouveau matraquage se profile bien à l’horizon.

A défaut d’avoir eu le temps d’agir, M. Retailleau déclare que ses trois priorités sont “rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre”. Bien dit mais au moment même où le pays est endeuillé par un nouveau crime abominable, commis en raison du laxisme des Pouvoirs Publics, on attend les actes. On doute hélas de la concrétisation de cette volonté en écoutant le ministre de la justice Didier Migaud, exact contraire de son collègue de l’Intérieur. Alors que celui-ci fustigeait "une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’installer le droit à l’inexécution des peines", M. Migaud rétorque qu’il est très satisfait par le taux élevé d’exécution des peines. Face au meurtre de la petite Philippine, alors que M. Retailleau "veut faire évoluer notre arsenal juridique", M. Migaud éprouve certes de l’émotion mais ne voit pas la nécessité de légiférer. Sa priorité à lui c’est de pérenniser "l’indépendance de la justice" et de réfléchir “favorablement” à l’inscription du consentement dans l’arsenal de la loi…
Avec un tel attelage et une telle convergence de points de vue, on est bien monté si l’on peut dire….

Pendant ce temps, M. Macron est à l’ONU à faire de vibrants discours appelant avec force Israël à cesser l'escalade au Liban précisant qu’ il ne pouvait pas "sans conséquence étendre ses opérations”. Il n’eut qu’un petit mot pour demander au Hezbollah “de cesser ses tirs”. Doux euphémisme pour qualifier les bombardements incessants de l’organisation terroriste depuis des mois sur le nord d’Israël. Aux yeux du Chef de l’Etat, l’agresseur est manifestement une fois encore la victime, qui se bat héroïquement pour sa survie. Soulignons qu’il n’a pas eu un mot pour remercier Tsahal d’avoir éliminé le terroriste qui avait organisé l’attentat dit du Drakkar, lequel avait tué 58 parachutistes français en 1983, face auquel notre pays était resté sans réaction, hormis la traditionnelle “émotion”...

21 septembre 2024

Tristes cirques

Deux semaines qu’on attend la formation d’un hypothétique gouvernement. Dans l’arène politique devenue folle on s’écharpe, on s’étripe et on magouille. Dans la pseudo coalition de partis de lilliputiens aux commandes du vaisseau à la dérive, la répartition des maroquins s'apparente à une bataille de chiffonniers. Chacun pense à soi, et chacun, du haut de ses ergots de petite vertu, se croit autorisé à mépriser l’autre. On prétend vouloir respecter le message des Français et on fait tout le contraire au nom de principes républicains pervertis excluant du jeu un bon tiers de l'électorat.
Il est vrai que la volonté populaire n'a jamais été aussi confuse, chacun voulant tout et le contraire de tout…

Tout le monde sait que le résultat, si tant est qu'on y parvienne, sera un gouvernement bancal sans ligne directrice cohérente et sans changement significatif par rapport à celui qui l'a précédé, et évidemment sans avenir.
La seule chose qui paraît sûre, est que le poids des impôts va encore s'alourdir. En annonçant une meilleure "justice fiscale" et en promettant d'épargner les classes moyennes, on dit tout et on ne dit rien. Comme d'habitude, on assure au bon peuple que la seule charge reposera sur les autres, les "ultra-riches", les "nantis". Le refrain est connu. Mais comment faire dans un pays champion du monde des prélèvements obligatoires, où la redistribution des richesses est déjà massive, et où 70% de l'impôt sur le revenu est acquitté par à peine 10% des contribuables ?
Comment peut-on encore être naïf au point de croire ces mensonges éhontés derrière lesquels les politiciens tentent déjà de cacher leur incurie comptable à venir, leur incapacité à tenir un budget pour ne pas dire l’abandon des finances du pays à la gabegie ?

Les jeux du cirque sont également sur la voie publique où la violence et le vandalisme font rage en toute circonstance et en toute impunité. Par les temps qui courent, les refus d’obtempérer sont devenus une mode. Pas un jour sans qu'un représentant des forces de l'ordre ne manque de se faire occire par des voyous sans foi ni loi, aux casiers judiciaires "longs comme des bras”.
Sitôt pris, sitôt relâchés, sitôt récidivistes…
On est incapable d’endiguer la marée montante de la délinquance, de protéger le bien public des saccages commis par des hordes barbares. Après les grandes cités métropolitaines, c’est le tour des territoires d’Outremer. Mayotte, Nouvelle Calédonie, Martinique, où s’arrêtera le désastre ?
L’immigration hors de contrôle est la porte ouverte à la sauvagerie. On se gausse des fake-news de Donald Trump à propos des haïtiens mangeurs de chats mais ici on égorge les canards, on vole, on viole, on deale, on squatte en quasi totale impunité…

Pour distraire l’attention, on médiatise à outrance de croustillants autant qu’abjects faits divers. Mais ce n’est qu’un autre point de vue sur le délitement social généralisé. La petite ville de Mazan, dans le Vaucluse, est devenue le théâtre du spectacle peu ragoûtant de l’avilissement des mœurs. Tout le monde en parle, sans connaître l’histoire autrement que par la mousse gluante que la Presse disperse avec une jubilation malsaine. On voit ressortir de partout les plus vils instincts : amalgames en tous genres, affirmations et accusations péremptoires, grégarisme, voyeurisme, et une multitude de petits juges de moralité n’attendent pas le verdict de la justice pour faire un procès à sens unique, sans appel.

Le peuple s’habitue-t-il à ce jeu de massacre ? Peut-être, hélas…

* Illustration tirée du film de Frederico Fellini Les Clowns 1970

11 septembre 2024

Le doux parfum du Grand Barnier

Au terme de plus de 50 jours de manège post-électoral, Michel Barnier a donc fini par décrocher le pompon, à l’étonnement de tous.

Après avoir bourlingué par le passé (sans laisser beaucoup de traces) dans de nombreux ministères, aussi variés que l’agriculture, les affaires étrangères, les affaires européennes, et l’environnement, pour finir négociateur en chef du Brexit, il paraissait quelque peu rangé des voitures.

La Gauche ayant refusé la pâle mais pourtant consensuelle figure de Bernard Cazeneuve, c'est donc au fin fond de la droite molle qu'Emmanuel Macron a déniché l'homme providentiel. Il semble que Michel Barnier soit encore membre du parti Les Républicains, mais on ne sait plus trop ce que recouvre cette formation. Ses scores électoraux nationaux sont devenus étiques, ses projets sont nébuleux si ce n'est contradictoires, à l'image de l'incohérence de ses dirigeants. Tantôt récalcitrants, ils démissionnent, tantôt opportunistes ils reviennent.
Le parti, réduit à sa plus simple expression reste victime d'incessants clivages, de schismes et de ruptures. Au sein de ces atermoiements, le discours qu’on entend se confond souvent avec celui émanant du Rassemblement National, mais tous clament haut et fort qu'ils ne saurait être question du moindre rapprochement avec ce dernier, à l'exception d'Eric Ciotti.

Voici donc le grand Barnier qui hérite d’un tour gratuit au gouvernement, et pas à la moindre des places. S’il est probable que la fonction de Premier Ministre soit son bâton de maréchal qui sait ce qui se passera dans les semaines à venir et à fortiori d’ici 3 ans ?
Le défi est périlleux et paraît même perdu d’avance, car sans ligne politique claire, sans programme, et sans majorité parlementaire, au service d’un président de la république désavoué, on ne voit pas bien ce qui pourrait sortir du gouvernement que le nouveau Premier Ministre va devoir s’échiner à constituer. Pour l’heure, on espère que cela prendra moins de temps qu’il en fallut au Président pour le désigner.

Michel Barnier, dont les manières sont policées peut-il faire illusion à défaut d’agir ? Il a toujours su ménager la chèvre et le chou et a renouvelé sa volonté de respecter tous les partis. Vu l'intransigeance hostile de la Gauche, il se voit contraint, pour éviter la motion de censure qui pend au dessus de sa tête, de faire les yeux doux à Marine le Pen et à ses amis tout en ratissant soigneusement les jardins des partis de la droite dite républicaine, modérée, molle, voire centrale. Par une cocasse ironie du sort, tout se passe en somme, comme si la fameuse et mythique union des droites était en train de se réaliser en douceur.
Avec quelles chances de succès ? Pour quoi faire ? Pour combien de temps ? Suite au prochain épisode…

19 juillet 2024

Danse sur un Volcan

Au décours des élections législatives, on apprend que 77% des Français sont inquiets de la situation politique actuelle et 70% se disent mécontents du résultat du vote. De deux choses l’une, soit notre démocratie a un vrai problème, soit les électeurs sont bêtes à bouffer du foin.
Sans doute y a-t-il un peu des deux, ce qui n'est guère réconfortant……
Le fait est que le blocage apparaît désormais complet et l'impasse totale. Le pays, déjà très affaibli, se trouve dans un épais brouillard, sans boussole, sans gouvernail et sans capitaine.

Emmanuel Macron s’accroche aux commandes, mais plus rien ne répond. A ses ministres démissionnaires et aux partisans qui lui restent fidèles, il ordonne de trouver une "coalition majoritaire" et un "large pacte législatif pour gouverner", dans le champ de ruines et de dissensions qu’est devenu le paysage politique, en grande partie par sa faute. Autrement dit, “débrouillez vous pour vous organiser et je choisirai des gens pour vous remplacer, selon mon bon plaisir”.

A partir d'aujourd'hui, les ministres sont aux abonnés absents, supposés, pour un temps indéterminé, ”expédier les affaires courantes” tout en siégeant, comme si de rien n'était, à l’Assemblée Nationale. Aucun nom de nouveau premier ministre n’émerge de cette navrante bataille de chiffonniers. Y en aurait-il un d’ailleurs, qu’il serait renversé l’instant d’après, ou au mieux, réduit à l'impuissance. Les partis politiques se morcellent à l'image d'une armée mexicaine. Ils se haïssent et s’excluent les uns les autres tout en se clivant à l’intérieur d’eux-mêmes. Le Président de la République désavoué reste en place. Le Premier Ministre démissionnaire reste en fonction. La Présidente de l'Assemblée Nationale, représentant le parti ayant le plus perdu d'électeurs, est reconduite au Perchoir dans un climat de tripatouillage général. On est véritablement dans la pantalonnade.
Le pays est en roue libre.

Les cigales chantent tandis que le spectre du déficit budgétaire et de la dette se profile en arrière-plan, risquant sous peu d’étrangler le pays.
Bruno Lemaire, ex-ministre des Finances, qui a laissé filer sans compter les dépenses durant 7 ans, et alors qu’il s’apprête à quitter sa sinécure de Bercy annonce benoîtement qu’il faut faire non pas 20 mais 25 milliards d’euros d’économies avant la fin de l’année !
Pour l’heure, aucun programme connu n’envisage la moindre restriction budgétaire ni la plus petite mesure d’économie. Il n'y a que des dépenses nouvelles, des taxes et des impôts.
La Cour des Comptes, qui semble ignorer le contexte dans lequel se trouve le pays, étrille la gestion du gouvernement, souligne que la trajectoire budgétaire envisagée est irréaliste et relève des hausses non documentées de prélévements obligatoires.
On ignore combien de temps la trêve estivale durera, mais les perspectives de rentrée sont d’ores et déjà prometteuses…

09 juillet 2024

Le Principe du Tiers Exclu

En matière de politique, il faut rester très humble. Au terme de ces élections législatives impromptues, la redistribution des sièges à l’Assemblée Nationale se révèle sensiblement différente de ce que les sondages faisaient entrevoir.
Force est de constater que “le barrage anti RN” a fonctionné une fois encore, au-delà des espérances de ses promoteurs. La mécanique potentiellement destructrice du scrutin majoritaire à deux tours, est parvenue à biaiser l’esprit de la démocratie au nom de la logique pernicieuse et exclusive de “l’arc républicain”. Le camp macroniste a réussi à faire élire des révolutionnaires d’ultra gauche, des antisémites notoires et même un individu fiché S ! En contrepartie, la Gauche a permis au président de la république et ses amis, dont elle avait juré la perte et massivement rejetés par l’opinion publique, de continuer à exister.
Dans ce résultat en forme de trompe l'œil, la gauche semble renforcée, l’ex majorité présidentielle apparaît moins ratatinée qu’annoncé, et le Rassemblement National (RN), en dépit de l’augmentation importante du nombre de ses députés n’a ni majorité absolue, ni majorité relative. Son électorat se retrouve plus que jamais ostracisé, puisque la coalition des contraires réaffirme en chœur, au mépris de tout principe républicain, son refus de travailler avec ses représentants.

Pour autant, la perspective ouverte par le renouvellement de l’Assemblée législative est-elle vraiment bouleversée ? Non car le chaos politique qui régnait avant la dissolution est toujours là. Il est simplement plus désastreux qu’auparavant et le Président de la République porte une lourde responsabilité dans cette évolution.
Puisqu’il paraît hélas peu probable qu’il démissionne après un tel résultat, signant l’échec de son ambition de clarifier la situation, il faut bien tenter d’imaginer avec quel conglomérat il pourrait envisager de continuer à feindre de diriger le pays, et pour quel dessein.
Il manquait au parti présidentiel et ses alliés, une quarantaine de députés pour obtenir une majorité, il lui en faudrait désormais environ 130 ! De part et d’autre de ce ventre mou, embarrassé par la vaine stratégie du “en même temps” se trouvent des gens aux projets irréconciliables.
Il est exclu par principe de se tourner vers le RN.
Les Républicains (LR), dont le nombre est stable, ont perdu leur position d’arbitre, et pour coopérer avec le pouvoir, devraient accepter une collusion contre nature avec une partie de la gauche.
Cette dernière, si tant est qu'elle soit unifiée, ne pèse en effet que 180 sièges, desquels il faut logiquement retirer les quelque 70 attribués à La France Insoumise (LFI). Mais ce faisant, l’alliance du Nouveau Front Populaire se fracasse et son programme de gouvernement tombe à l’eau.

En définitive, si ces élections ont donné lieu à beaucoup de magouilles politiciennes abjectes, il faut bien convenir que les Français leur ont donné corps en suivant docilement les consignes les plus insanes. Résultat des courses, la France se retrouve dans la pire des situations imaginables, celle d’un pays ingouvernable.
On se souvient du mot fameux de Tancrède adressé à son vieil oncle Salina dit Le Guépard : “Il faut que tout change pour que rien ne change…” Une chose est plus que jamais certaine : on a les gouvernants qu’on mérite !

04 juillet 2024

Toute honte bue

C’est fait. Le séisme annoncé s’est produit. Le Rassemblement National (RN) est aux portes du pouvoir. Il balaie tout sur son passage et pourrait à lui tout seul acquérir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Ce résultat consacre l’échec de la stratégie mise en œuvre depuis quelques décennies par le reste de la classe politique, consistant à faire barrage à son ascension. Il consacre également la déroute totale de toutes ces formations prétendant appartenir à “l’arc républicain”, liguées contre le supposé péril RN.
Le parti présidentiel, dont on ne sait même plus trop comment il se nomme, après avoir été sévèrement averti en 2022 et sanctionné lors des élections européennes, prend une claque monumentale. Il réunira peut-être moins de 100 députés dans la future Chambre ! Les Républicains (LR), profondément divisés, apparaissent définitivement écrabouillés, réduits à un micro-parti sans avenir. La gauche a fait un des plus médiocres scores de son histoire. En ratissant tout le ban et l'arrière-ban, jusqu’aux extrêmes les plus nauséabonds, elle totalise à peine 28% des voix !
Tout ce joli monde désemparé semble pourtant désirer que les choses aillent plus mal encore.

Peu importe l’avenir du pays, peu importe le message évident des électeurs, le monde politique détenant encore les clés d’un pouvoir à l’agonie, se complaît plus que jamais dans le déni et la combine de bas étage.
La stratégie clamée par M. Macron, suivie à la lettre par M. Attal, tient en un petit slogan: “pas une voix pour le RN !” qu’ils ont repris mot pour mot du discours de Jean-Luc Mélenchon.
Pire, ils l’accompagnent d’actes. Depuis mardi soir, on sait que plus de 220 candidats ont été invités à se désister au bénéfice du seul projet qui leur reste : faire un rempart contre le RN.

Dans le sauve-qui-peut général, les scrupules et la morale s’envolent.
M. Macron, qui flétrissait hier encore l'agglomérat de gauche, décrit par lui comme “bricolage et tripatouillage avec lesquels on ne peut construire une majorité”, encourage désormais ses sympathisants à se rallier à ce magma insane…
M. Attal, premier ministre, n’hésite plus à prôner le vote pour des candidats de la gauche la plus abjecte ! Il qualifiait hier le nouveau front populaire "d’alliance de la honte". Aujourd’hui il appelle les électeurs à voter en sa faveur.
Edouard Philippe, ancien premier ministre et héritier du bastion havrais, arraché de haute lutte aux communistes par son prédécesseur Antoine Rufenacht, affirme qu’il préfère voter pour le PCF que pour le RN !
A gauche évidemment ce n’est pas mieux.
Marine Tondelier, au nom des écologistes, verse des larmes de crocodiles parce que Bruno Lemaire, dans un petit sursaut de réalisme, a indiqué qu’il ne voterait pas pour un candidat LFI, même pour faire barrage au RN.
Sandrine Rousseau, après avoir fait la leçon à M. Ciotti, affirme tranquillement qu’elle est “prête à tout du moment qu’on gagne”. Au moins, c’est clair.
S’ils sont élus dimanche prochain, M. Darmanin, madame Borne, le seront avec les voix de LFI, et M. Hollande sera laborieusement remis en selle grâce à LR, vestige du parti de M. Sarkozy !
Enfin, le pauvre Raphaël Glucksmann, qui a bien du mal à exister et qui ne sait plus trop où il habite, appelle de ses vœux pieux une assemblée nationale sans majorité, sans perspective, sans direction.
Tout cela relève de l’ignominie.

L’objectif de tous ces gens est désormais qu’il n’y ait pas de majorité claire et leur but, on ne peut plus simpliste, est de faire en sorte que pour la première fois de la Vème République, le parti arrivé en tête au premier tour avec plus de 30% des voix ne puisse constituer un gouvernement.
Qui peut croire M. Attal lorsqu’il invoque en désespoir de cause “une majorité plurielle” faisant l’impasse sur le plus grand parti de France ?
En réalité, lui et plus encore le Chef de l’Etat, préfèrent le chaos d'une nation ingouvernable et le spectre d'une piteuse démission, à une cohabitation peu glorieuse mais plus démocratique, avec ce qu'on appelle encore l'extrême-droite.
Ces perspectives navrantes sont de toute manière illusoires car pour le RN et ses alliés, si ce n’est pas pour ce coup-ci, ce sera pour le prochain. Finalement, même si pour le pays l’absence de majorité à l’Assemblée serait la pire des catastrophes, il vaudrait peut-être mieux pour Jordan Bardella qu’il n’y parvienne pas. Au moins on ne pourra pas lui imputer le bordel qui vient.

En vérité, la Démocratie, la République et les Valeurs, tout le monde s’en moque maintenant que le danger de perdre prébendes et rentes de situations est maximal. Il n’y a toujours aucune interrogation sur les raisons profondes de la montée régulière du RN. Aucune réflexion sur la cause du rejet massif par le peuple des politiciens traditionnels de tous bords.
Au contraire. Moins le fameux barrage convainc de monde, plus ses promoteurs, à court d’idées, s’accrochent à lui, usant de tous les derniers stratagèmes politiciens pour le faire perdurer. Plus ils perdent d'influence, plus ils deviennent radicaux et virulents. Il n’a jamais été aussi évident que le déferlement de haine et d’intolérance auquel on assiste, vient de la gauche, ralliant une bonne partie des artistes, réels ou prétendus, du petit monde de l’éducation, des syndicats, de la haute fonction publique, et même de la justice.

Comment les Français vont-ils réagir ? Seront-ils assez niais pour suivre les combines, les grosses ficelles, les pactes mort-nés, les faux-derches qui ne cessent de trahir leurs engagements, les chevaux de retour usés jusqu’à la moëlle, qui les ont trompés tant de fois ?
Une chose est certaine, la France va vivre des moments d’incertitude et de basse politique si ce n’est de pagaille et d'émeutes qui risquent de l’affaiblir un peu plus. Et de cela, tout républicain, démocrate, aimant son pays, ne peut que s’attrister si ce n’est ressentir un immense dégoût…

20 décembre 2023

Un Vrai Bal de Faux C...

Spectacle grandiose qui nous fut offert ces dernières semaines à l’occasion du vote de la loi dite “Immigration”. Rarement le désastre républicain fut plus éclatant, plus allégorique de la faillite progressive des valeurs et des repères sur lesquels se fonde notre société.
Sondage après sondage, les Français disent leur lassitude face au chaos migratoire qui submerge le pays. Une majorité écrasante de citoyens réclament des mesures pragmatiques de régulation et de limitation de ce flot dévastateur et anarchique. Pourtant les élus de la république, murés dans leur tour d'ivoire, semblent incurablement sourds à ces exhortations.
Ancrés sur des principes théoriques de plus en plus illusoires, et dévorés par une antipathie irrationnelle pour ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême-droite, ils sacrifient le réel au virtuel.

Ainsi, après la tragi-comédie d’une motion de rejet du texte de la réforme avant même son examen, puis le ballet de la Commission Paritaire Mixte, supposée remanier le projet pour trouver une majorité de parlementaires favorables, le vote a fini par entériner triomphalement une loi dont quasi personne n’a compris le sens et encore moins la portée, tant elle se perd en circonlocutions destinées à marier les contraires.
Hormis les vieux soudards irréductibles d’une gauche de plus en plus réactionnaire à défaut de révolution, tout le monde crie victoire.

M. Darmanin ministre de l’Intérieur qui portait le projet se félicite que ce “texte fort” soit passé “sans les voix du Rassemblement National”. Outre la stupidité d’une telle remarque très peu démocratique, il s’avère qu’elle est fausse. Sur les 535 votes exprimés, on compte 349 voix pour et 186 contre. La majorité étant de 268 voix, on peut affirmer que le texte ne serait pas passé si les 88 députés du Rassemblement National (RN) s’y étaient opposés. Au surplus, M. Darmanin fait peu de cas des 59 élus de la “majorité présidentielle” sur 251 qui n’ont pas approuvé le texte en votant contre ou en s’abstenant…
Le PR affiche sa satisfaction d'avoir fait plier le gouvernement qui s'est vu contraint d'accepter beaucoup d'aménagements législatifs pour espérer faire passer le projet sans recourir au fameux 49.3.
Le RN quant à lui a opté pour une tactique radicale mais non dénuée de revirement. Initialement opposé au texte, il s'y est rallié sans nuance malgré les insuffisances qu'il dénonçait il y a quelques jours encore (notamment la régularisation d'un certain nombre d'immigrés et le maintien de la ruineuse AME). A-t-il songé à l'adage qui veut que le mieux est l'ennemi du bien, a-t-il voulu éviter une crise plus profonde ou bien a-t-il cherché à humilier le parti présidentiel en volant hypocritement à son secours ? Dans ce cas, il faut reconnaître que c'est réussi...
La pantalonnade ne s’arrête pas là. Le soir même du vote on apprenait que le Président de la République, adepte de la stratégie du avance-et-recule, avait l’intention de saisir le Conseil Constitutionnel dans l'espoir qu’il rejette les amendements imposés par le Parti Républicain (PR).
Dans le même temps, madame Borne, premier ministre, ajoutait son grain de sel en clamant qu’elle était “profondément humaniste” et que ce texte “respectait ces valeurs” mais qu’il contenait “quelques mesures non constitutionnelles”. Comprenne qui pourra…

Enfin, pour que tout cela ressemble à un vrai bal de faux c…, on eut droit à une belle chorégraphie de fausses démissions de six ministres “tendance gauche macroniste” hostiles au durcissement du texte, puis de trois, et en fin de compte, du seul Aurélien Rousseau. Celui-ci se livra à un superbe numéro de mangeur de chapeau en annonçant urbi et orbi sa défection, sans aller toutefois jusqu’à en avertir le chef de l’Etat ni la "cheffe" du gouvernement qui qualifia ce beau coup d’épée dans l’eau de “non évènement”, ajoutant qu’il faut “arrêter de commenter ce qui n’existe pas”...
Pendant ce temps, on apprenait sur le front de la santé publique dont il était le ministre, que la pénurie de médicaments ne cesse de s'aggraver et que plus de 6700 lits ont été supprimés dans les hôpitaux en 2022 malgré les promesses du gouvernement ! Pour finir, Aurélien, ministre de la santé, dont le bilan se limite à l’interdiction de fumer sur les plages, démissionne. Ouf !

08 décembre 2022

La Fabrique des Pénuries

Les apôtres de la décroissance dont l’influence ne cesse de grandir, parviennent à imposer des réglementations de plus en plus absurdes et contraignantes aux entreprises, aux agriculteurs et aux vils consommateurs, au motif que tous sont suspects de se comporter comme des “ennemis de la planète”.
A mesure que la pression s’accentue, on assiste à des pénuries de plus en plus nombreuses : alimentaires, médicamenteuses, énergétiques.
A moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, il est impossible de ne pas voir le lien de causalité.

Un pas de plus vient d’être franchi par le parlement européen qui a voté tout récemment un texte interdisant l’importation sur le vieux continent de produits réputés issus de la déforestation.
Cette réglementation s’appliquera paraît-il aux entreprises commercialisant du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat, le papier, et les meubles…
L’écologiste Pascal Canfin, qui assure la présidence de la Commission Environnement ne cache pas sa satisfaction devant ce vote “historique” : “C'est le café du petit-déjeuner, le chocolat que nous mangeons, le charbon dans nos barbecues, le papier de nos livres. C'est radical.”
Radical, le terme est bien choisi pour qualifier cette offensive, bien intentionnée cela va de soi, mais effrayante par son caractère excessif et surtout par son inconséquence. La déclaration de victoire du député prétendu écologiste, est une forme d’aveu : le but recherché est bien de réduire drastiquement l’usage de produits faisant partie du quotidien de millions de gens.

Non contents de leurs erreurs passées, dont celle, énorme, ayant conduit gravement à déstabiliser la filière de production d’électricité, ces élus supposés représenter le peuple et garantir sa prospérité et sa liberté persévèrent donc.
Outre les carences à venir de quantité de biens que la France est bien incapable de produire, on peut s’attendre à une augmentation significative de leur prix. Au surplus, cette mesure témoignant d’un profond mépris pour les pays visés, entraînera selon toute probabilité des actions de représailles de leur part.
On peut ajouter en effet qu’il s’agit d’une forme de protectionnisme qui ne dit pas son nom. Après avoir rechigné, sous la pression de lobbies altermondialistes, à s’associer aux traités de libre échange avec le continent américain, après avoir sanctionné au nom de la santé publique l'importation de bœuf aux hormones et de denrées alimentaires à base d’organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est une nouvelle preuve du recroquevillement mortel de l’Europe. M. Macron a bonne mine d’aller récriminer auprès du président Biden au sujet de sa législation favorisant, pour les mêmes raisons éthiques, l’achat de véhicules électriques à l’exclusion de ceux assemblés hors du sol des États-Unis (Inflation Reduction Act)…

On peut enfin imaginer sans peine la complexité de l’usine à gaz qu’il faudra mettre sur pied, et les bataillons de fonctionnaires qu’il faudra recruter pour faire respecter cet oukase insane, fondé sur le contrôle tatillon de la traçabilité et de la géolocalisation des produits en cause !
Pour conclure, rien ne vient mieux que cette toute récente déclaration d’Alain Aspect, lauréat du dernier prix Nobel de physique, dénonçant «un discours anti-scientifique» qui consiste à dire que «revenir à l'état de nature serait beaucoup mieux». Un discours qui selon lui oublie «qu'avant les progrès de la science, avant l'invention des antibiotiques, des machines pour alléger la peine des hommes, la situation de l'humanité était beaucoup plus misérable qu'aujourd'hui."

07 novembre 2022

Un président au bord du vide

Parti d’on ne sait où, rien n’indique clairement quelle direction il suit. Le Président de la République semble de plus en plus absent de ce monde qu’il survole à la manière de ces mythiques alcyons, porteurs d’heureux présages et annonciateurs d’horizons radieux pour les marins. Dans sa bouche, tout est simple et tous les problèmes sont réglés ou bien en passe de l’être.
S’exprimant toujours avec faconde et facilité, il fait fi des obstacles et de l’adversité avec une décontraction déconcertante. Son regard clair mais gris, étrangement fixe et vide semble accroché à une ligne de fuite imaginaire. Comme s’il en avait conscience, il use et abuse de mouvements de sourcils pour exprimer son assurance.

Pour tenter de désamorcer le mécontentement sourd du peuple à l’approche d’un hiver qu’on nous promet rigoureux, marqué par les pénuries en tous genres, il s’est livré à l’exercice de style qu’il semble affectionner par les temps qui courent : l’interview à bâtons rompus.
En l’occurrence il n’a pas cassé trois pattes à un canard comme l’on dit. Face à la discrète mais déterminée journaliste Caroline Roux, son discours est resté des plus théoriques, et sa rhétorique nébuleuse, pour tout dire déconnectée de la réalité.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir en main un certain nombre de clés et surtout les éléments d’un diagnostic pertinent.
Pour amener le sujet sensible de la nécessaire réforme des retraites, il s’est par exemple livré à une analyse pleine de bon sens sur le nombre - très bas - d’heures travaillées dans notre pays, sur les montants faramineux et en croissance permanente des dépenses publiques, sur la pression fiscale écrasante qui fait de la France la championne d’Europe.

Hélas, en même temps, il peine à proposer des solutions concrètes. Tout en répétant qu’il faudra selon lui travailler plus longtemps, il affirme qu’il n’est pas bloqué sur l’âge de départ à la retraite et qu’il reste ouvert à toutes les propositions, sachant qu’on ne peut ni augmenter le montant des cotisations, ni diminuer celui des pensions… Et foin évidemment d’autres perspectives, telle celle de la capitalisation, dont il n’ose même évoquer le mot tabou.

S’étant sans doute fait remonter les bretelles quelques heures auparavant par le chancelier allemand Scholz, il insiste sur la nécessaire maîtrise budgétaire. On sait déjà qu’il n’en a cure puisque l’État, à son initiative, multiplie les boucliers tarifaires, les aides, les subventions, et les primes à l'achat ruineuses pour le Trésor Public.
De diminution des impôts il n’en est guère question sauf en trompe-l'œil, comme la suppression de la redevance télévisée et de la taxe d’habitation.
Il se targue d’avoir réussi à endiguer le chômage, mais la journaliste lui rappelle malicieusement qu’il reste plus élevé dans notre pays qu’en moyenne en Europe et qu’il est plus du double de celui de l’Allemagne…
A la déliquescence sociale qui ronge le pays, il n’oppose que des vœux pieux et des résolutions utopiques. Avec un aplomb de bonimenteur, il occulte ainsi, malgré les courbes implacables, la folle progression de la délinquance et se félicite même des résultats pitoyables de son gouvernement en matière de maitrise de l’immigration. S’agissant de l’incapacité notoire des pouvoirs publics à faire exécuter les fameuses Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), il botte en touche, prétextant que c’était pire avant et que ce sera mieux demain !
On reste enfin anéanti, après le fiasco de 5 plans successifs, par l’absence totale de propositions pour remédier au désastre dans lequel patauge de plus en plus le système de santé, notamment les hôpitaux. Le seul expédient serait, à entendre le chef de l’État, d’appâter par des gains substantiels les vieux médecins pour les dissuader de partir en retraite !

Le clou de ce numéro de prestidigitateur très artificieux, fut la colère surjouée à propos de l’alliance des extrêmes, NUPES-RN, pour voter les motions de censure dirigées contre le gouvernement. Lui qui ne fut aucunement gêné de récolter les voix de l’Ultra-Gauche lors de l’élection présidentielle, continue donc de miser sur le procédé éculé consistant à diaboliser le Rassemblement National, tout en racolant la Droite républicaine.
Cela sera-t-il suffisant pour tenir jusqu’en 2027, on peut en douter. Cela ne sera guère propice en tout cas à la mise en œuvre d’une politique déterminée et pragmatique face aux périls qui s’accumulent sur nos têtes. Vu le chaos régnant au Parlement, le pays apparaît de plus en plus ingouvernable. Le débat se meurt sous les coups répétés du marteau pilon du 49.3 et la concertation se perd en vaines polémiques. Le brouhaha factieux voire insurrectionnel émanant de certains bancs de l’opposition pousse à la dissolution. Le Président de la République aura-t-il l’audace si ce n’est le courage d’y recourir ? Et pour quel résultat ?

30 juin 2022

Le gouvernement est dans l'escalier

Entre les ministres battus aux dernières élections et donc poussés vers la sortie, ceux qui sont accusés d’agressions sexuelles, dont le sort est en suspens, ceux nommés à l’issue du scrutin présidentiel, sans programme ni objectif, celle qui vient de se faire "historiquement" élire au perchoir de l’Assemblée et donc démissionnaire de ses fonctions gouvernementales, et enfin madame Borne, promue cheftaine d'équipe, mais dont la légitimité est contestée de toute part, on se demande où est le fameux gouvernement "d'action" annoncé par le chef de l'État.

Cette vacance dure peu ou prou depuis la réélection triomphale au goût d’eau de boudin d’Emmanuel Macron. Déjà plus de 2 mois…
Ce n’est pourtant ni le travail ni les défis à relever qui manquent.
Mais le président semble plus que jamais hors sol. Il est vrai qu'il plane souvent entre 2 réunions internationales. Il vient de clôturer la présidence française du Conseil Européen, qui pour paraphraser Pierre Dac, est partie de quasi rien pour arriver à pas grand chose. Certes la crise ukrainienne a été mise à profit pour consolider un peu les liens unissant les 27, mais peu de progrès ont été obtenus sur la ligne de front et la cohésion économique et politique du conglomérat reste des plus fragiles. Cela n’a pas empêché les grands de ce continent de se congratuler pour le travail “colossal” (selon le mot d'Ursula Von Der Leyen), réalisé par le président français.
Ce dernier est aussitôt reparti pour le sommet conjoint du G7 et de l’OTAN dont il ne sort pas non plus grand-chose de concret hormis le
s habituels vœux pieux en faveur de l’Ukraine et un durcissement des sanctions contre la Russie. Pour détendre l’atmosphère, les chefs d’États se sont livrés aux traditionnelles photos de famille et ont cru bon de plaisanter sur la virilité de Vladimir Poutine.
Cela n’affecte hélas en rien le cours des événements. Les bombes pleuvent plus que jamais sur l’Ukraine et le président russe, qu’on disait malade et affaibli, se paie le luxe de réunir un sommet parallèle de nations ouvertement hostiles au monde occidental. Sous l'appellation de BRICS, ce sont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui montent au créneau pour soutenir Moscou et contrer les sanctions du G7… Ça commence à faire beaucoup !

Le COVID profite de ces guéguerres diplomatiques pour repartir à l'assaut. Un peu partout, les nouveaux variants BA.4 et BA.5 passent à l’attaque. Une fois encore, les Pouvoirs Publics semblent dépassés. On ne sait plus trop s’il y a encore quelqu'un au ministère de la santé. Pas de ligne directrice claire donc, mais quelques vagues conseils. On recommande mollement de se remettre à porter le masque et à faire un nouveau rappel vaccinal, sachant que les produits actuels démontrent chaque jour un peu plus, leur inefficacité. De nouveaux ARN messagers sont certes entrevus, mais pas avant la fin de l'année, lorsque la 7è vague sera passée !

Au chapitre économique et social l'inflation galope et on parle beaucoup du projet de loi pour le Pouvoir d'achat. On promet l'indexation sur la hausse des prix de nombreuses prestations sociales, salaires et pensions. Bonne nouvelle, pour peu qu'elle se concrétise et qu'on trouve le financement à budget constant. Cela n'empêche pas les menaces de grèves et de blocages de se multiplier, et on s'attend à une surenchère démagogique sur les bancs des députés de tous bords.
Alors que l'angoisse populaire monte et que l'attente mine le moral des ménages, les représentants du peuple n'ont rien trouvé de plus urgent que de "graver dans le marbre constitutionnel" le droit à l'avortement, rare sujet qui n'était l'objet d'aucune contestation et d'aucune menace !

Cela dit, on avance en saison et la trêve estivale approche, peu propice à l'action hormis celle consistant à augmenter les impôts, les taxes et les tarifs. A vrai dire, si le gouvernement est dans l'escalier, on ne sait pas bien s’il est en train de monter ou bien de descendre…

25 juin 2022

Déboussolé

Avec un score de plus de 58% des voix, Emmanuel Macron a été réélu quasi triomphalement à la présidence de la république.
Pourtant ce résultat, obtenu à la faveur de l’inepte “barrage républicain”, n’est qu’un mirage qui ne lui donne qu'une légitimité fragile si ce n’est illusoire. Alors que la constitution de la cinquième république et la réforme du quinquennat donnent habituellement les pleins pouvoirs durant 5 ans au chef de l’État, l’échec inattendu auquel il est confronté à l'issue des élections législatives, le déchoit de facto de l’essentiel de cette puissance.

Sans véritable programme, sans majorité, et sans avoir su anticiper quelque nouvelle alliance, il se trouve en situation particulièrement instable. Curieusement, il semble ne pas en avoir conscience.
Son allocution post-électorale, supposée clarifier la situation s’est réduite à ne strictement rien dire, hormis à confirmer la stratégie erratique du “en même temps”. Mais pour faire des compromis, dont il se dit friand, encore eut-il fallu nouer des liens reposant sur des choix clairs et mettre en place un gouvernement représentatif d'une ligne politique cohérente. M. Macron a beau tenter de renvoyer la balle vers les bancs de l’opposition, elle fera forcément faux bond eu égard à la radicalisation des deux bords politiques qui prennent désormais en tenaille sa “majorité relative”. Les divergences d’approche sont majeures concernant la quasi-totalité des thématiques sur lesquelles sont attendus sans délai des projets de lois audacieux. Santé, social, éducation, sécurité, immigration, tout oppose frontalement Droite et Gauche, et rien ne serait pire que de naviguer à vue, en donnant tantôt un coup de barre à bâbord, tantôt un autre à tribord.
Il n’y a pas grand chose à espérer de la recherche d’une majorité au cas par cas. A chaque instant le risque est de déboucher sur un blocage ou bien le consensus mou, synonyme d’inaction ou d’injonctions contradictoires. On voit déjà s’exprimer le rejet massif de la première des ministres alors qu’elle n’a encore rien proposé…

Pire que tout, ce sont les pré-requis édictés par le Président, à savoir, ne pas alourdir le poids de la dette et ne pas augmenter la pression fiscale. Lui-même n’est jamais parvenu à s’y tenir. La crise des Gilets Jaunes puis celle liée au COVID l’ont conduit à laissé filer les déficits “quoi qu’il en coûte”. Avec la loi annoncée sur le Pouvoir d’Achat, les chèques énergie et inflation, les boucliers tarifaires en trompe-l'œil limitant les prix des carburants, il continue joyeusement à enfreindre sa propre règle…
Comment tenir un cap dans de telles circonstances ? Et comment espérer rester maître à bord longtemps ?

20 juin 2022

A bout de souffle

Jamais sans doute au cours de la cinquième république, on n’avait connu pareille situation: un Président de la République largement élu, qui se trouve dans l’incapacité de mobiliser dans la foulée une majorité à l’Assemblée Nationale.
C’est peu dire qu’il s’agit d’un échec cuisant pour Emmanuel Macron dont le second quinquennat s’ouvre sous les pires augures. Sa coalition gouvernementale perd près de cent sièges et se trouve désormais dans l’impossibilité de faire voter les lois sans recourir à des compromis, si ce n’est des compromissions, avec les différents courants d’opposition. De surcroît, elle sera exposée au risque permanent de voir s’abattre le couperet de la motion de censure.

Cette évolution apparemment inattendue était pourtant prévisible depuis de nombreuses années. A force de vouloir ostraciser toute opposition qualifiée “d’extrême-droite” ou de “non républicaine”, à force d’exclure un flot croissant de citoyens du débat politique, les digues ont fini par se rompre.
Foin de proportionnelle, foin de barrage aux extrêmes, le paysage démocratique (si tant est qu’on puisse encore lui donner ce nom) se trouve submergé de toute part. A l'exception du Rassemblement National qui fait une entrée triomphale, les partis se retrouvent morcelés, lorsqu’ils n’ont pas été regroupés sous forme de magmas nauséabonds, formés à la va-vite à seule fin d’engranger le maximum de postes.
A ceci s’ajoute l’absence durable de ligne directrice, de programme clair, de pragmatisme et de détermination manifestée par les Pouvoirs Publics, ce qui a progressivement conduit à faire monter une abstention devenue massive (moins d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour voter). C’est aujourd’hui la question de la légitimité même de l’Assemblée Nationale qui se pose.

Comment gouverner le pays dans un tel contexte, c’est une autre question à laquelle devra s’atteler sans délai le chef de l’État. La dissolution et le référendum sont des armes redoutables qui se retournent souvent contre celui qui les emploie. Sera-t-il tenté une fois encore par la stratégie du “en même temps” qui consisterait à chercher ici ou là un soutien occasionnel en fonction des circonstances ? Il y a de grandes chances que cela s'avère infructueux voire carrément incohérent, au regard de la radicalisation croissante des esprits, et le risque est d’aboutir très vite à un vrai fiasco si l’on songe à la première des réformes promises, des plus délicates, à savoir celle des retraites…

13 juin 2022

Marchés de nupes

Il est des moments où l’on croit rêver. La réalité semble tellement absurde qu’elle décourage parfois le bon sens.
Au terme de scrutins électoraux de plus en plus farfelus, on voit ainsi ressurgir le spectre de la gauche dans sa version la plus ringarde qui soit, sous forme d’un attelage insane. Vertigineuse accumulation de mensonges et de démagogie auxquels la crédulité populaire semble hélas accorder quelque crédit. Tant qu’il y aura des yeux pour les voir, les mirages seront propres à les tromper.
Le résultat du scrutin entamé ce jour dira ce qu’il en est de notre démocratie réduite à l’état de vestige si tant est qu’elle fut un jour solide. Comme prévu, l'abstention est reine, car au fond du fond, beaucoup d’électeurs ont vraiment cessé de croire aux promesses. Le président tout fraîchement réélu risque de n’avoir derrière lui qu’une armée d’ombres, à l’image de ses étendards aussi diaphanes que son projet et sa détermination. Paradoxalement les seuls partis dont on attendrait qu’ils constituent une force alternative, se perdent en détestation réciproques.
Aujourd’hui les formations arrivant en tête en matière de suffrages ne parviennent à réunir qu’à peine plus de 10% des électeurs inscrits. Comment gouverner avec un tissu politique aussi effiloché ? Et de toute manière, quelle politique les citoyens veulent-ils vraiment ? Veulent-ils affronter sans détour inutile la dureté des faits ? On peut s’interroger tant le cours des choses est devenu erratique.
Au quotidien, l’inflation quant à elle gagne du terrain chaque jour, en grignotant le fameux pouvoir d’achat auquel le gouvernement fait mine d’attacher tant d’importance. Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour supputer qu’à force de créer et de distribuer de la monnaie, “quoi qu’il en coûte”, depuis des années, l’argent perdrait de sa valeur. C’est désormais chose faite, et plutôt que de battre leur coulpe, ceux-là même qui nous ont précipité dans cet abîme, nous expliquent benoîtement que l’inflation va s’aggraver et durer. Ils voudraient faire croire qu'en distribuant des chèques en bois, et en bloquant artificiellement les prix des matières premières et des ressources énergétiques, ils vont “protéger” le bon peuple. Une fois encore les masques tomberont tôt ou tard car les pis allers ne sont jamais des solutions…
Partout, le désastre étend son emprise à l’image de l’incurie croissante des gouvernants. La société craque de toutes parts, l’insécurité et la violence progressent à mesure que les forces de l'ordre se découragent, tandis que les amortisseurs sociaux s’affaissent inexorablement. Le système de santé est en miettes et aucune perspective ne se fait jour pour remettre d’aplomb l’édifice en voie d’effondrement.
La politique étrangère est elle aussi à bout de souffle. En Ukraine, la guerre continue de faire rage, envenimée par des actions en forme de coups d’épées dans l’eau par les gouvernants occidentaux bien intentionnés mais impuissants. Ni les vœux pieux, ni les déclarations martiales, ni les livraisons d’armes, ni les blocus, ni les sanctions n’ont d’autre effet que de prolonger les hostilités. Ici encore pas la moindre détermination, et en guise de morale, on a des larmes de crocodiles. Celles de Biden par exemple devant une école massacrée par un dément, tandis qu’il multiplie les annonces de livraisons d’armes, toutes plus terribles les unes que les autres, aux malheureux ukrainiens…
Pendant ce temps, le carrousel fou des réglementations continue de tourner. Non contents d’avoir au nom de lubies prétendument écologiques, désorganisé la stratégie énergétique et avalisé de vastes programmes de démantèlement des centrales nucléaires, les députés européens viennent de voter l’interdiction de la vente de tout véhicule thermique à l’échéance 2035 (essence, diesel et même hybride). Tout cela sans aucune certitude de pouvoir se libérer de toute dépendance industrielle vis-à-vis de la Chine, sans souci de savoir comment mettre en œuvre le recyclage, et sans pouvoir affirmer que des bornes de recharge seront disponibles aux quatre coins du territoire.
Par un paradoxe cocasse, au même moment, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA), après plusieurs autres organismes étatiques et au vu d’édifiantes études scientifiques, conclut que le glyphosate n’est pas cancérigène. Ce constat ouvre la voie à une levée des ukases limitant l’usage du fameux produit, par pur principe de précaution. Il est vraiment des moments où l’on croit rêver…
 
Illustration: charlatans et bonimenteurs d'autrefois. Gravure.

06 mai 2022

Grenouillages

Après l’élection présidentielle et les belles déclarations d’intention, les invocations rituelles à l’esprit de la république et à la vertu citoyenne, les tripatouillages politiques reprennent de plus belle à la perspective du renouvellement prochain de l’Assemblée Nationale.

On assiste au jeu des alliances incongrues dont le principal dessein est de préserver les petits intérêts particuliers. Le spectacle le plus consternant pour ne pas dire abject est celui offert par la coalition insane des gauches, recroquevillée derrière l’étendard miteux des prétendus Insoumis. Foin d’écologie, d’Europe, de laïcité, de justice sociale et autres fariboles nébuleuses destinées à abuser le bon peuple. On s’en moque désormais car il faut sauver les meubles quitte à laisser s'abîmer le bâtiment dans le chaos aux accents révolutionnaires d’un autre âge. Cette armée mexicaine se range piteusement derrière l’électorat racolé à force de démagogie par Mélenchon auprès des musulmans, des aigris, des excités de tout poil, et des factions appelant à la destruction du capitalisme, de la liberté, de la démocratie auxquels ils ne pigent que couic, si ce n’est les richesses sur lesquelles ils espèrent faire main basse.

A droite, la situation n’est guère plus reluisante. Les rats quittent le navire en perdition des Républicains, dont il ne restera bientôt plus qu’un souvenir. La plupart s'égayent vers le grand ventre mou du centre présidentiel, rebaptisé à la va-vite Renaissance (tu parles d’une résurrection, sans programme, sans direction, sans volonté…) Aucun pour l’heure ne fait mine de se tourner en direction du Rassemblement National, plus pestiféré que jamais. Comme à l’accoutumé, son score se réduira comme peau de chagrin à l’épreuve des Législatives. Reproduisant curieusement le procès en sorcellerie dont il s’estimait victime, le RN refuse quant à lui tout rapprochement avec son seul allié potentiel, à savoir le nouveau parti Reconquête! On peut se demander si le scrutin à venir ne sera pas fatal à ce dernier, fondé dans l’ivresse de lendemains qui chantent par Eric Zemmour mais déjà devenu intouchable, faute d’avoir manifesté sans langue de bois des convictions trop abruptes. Malheur au vaincu…

04 mai 2022

Procès en Absurdie

Les poursuites entamées à l’encontre du professeur Raoult et de l’Institut Hospitalo-Universitaire qu’il dirige à Marseille tiennent davantage du procès en sorcellerie que d’une procédure régulière, objective et indépendante.
Il s’agit en effet d’une enquête à charge, entreprise sur dénonciation de médias politisés, et conduite par un organisme d'état, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), si peu fiable qu’elle dut changer de nom il y a quelques années pour restaurer un peu de sa crédibilité perdue après nombre de fiascos dont celui, retentissant, du Mediator (AFSSAPS).
Selon les termes employés par les inspecteurs chargés du contrôle, M. Raoult aurait violé les protocoles régissant la recherche clinique, relatifs notamment à l’avis préalable d’un comité d’éthique et à l’obtention du consentement éclairé des patients.
A ce stade, il n’est évidemment pas possible pour le péquin moyen de savoir quels sont les torts réels du sulfureux professeur. Mais, considérant les hautes qualités scientifiques de la plupart de ses travaux, on peut dès à présent faire preuve d’une certaine mansuétude à son égard. Ajoutons également que si la loi est la loi, il existe plus qu’un doute quant au bien fondé de cette dernière, lorsqu’elle se perd en exigences aussi tatillonnes et complexes que paralysantes. Les lois inutiles ne font que fabriquer de manière absurde des hors la loi, dont la désobéissance n’est pas toujours illégitime et surtout ne relève pas nécessairement de négligence ni même d’un acte volontaire. Les réglementations sont devenues si absconses, tordues, voire contradictoires, qu’il est de nos jours souvent difficile pour le chercheur de savoir si, avec la meilleure volonté du monde, il les respecte stricto sensu ou bien s’il y contrevient.
Le drame est que l'application de ces règles ubuesques est placée sous la tutelle inquisitrice de petits potentats irresponsables, supposés veiller à la protection des personnes, mais régulièrement pris en défaut dans leur mission, en raison de leur inertie, de leur myopie, ou bien tout simplement de leur inefficacité.
Le fait est que depuis la pandémie due au COVID et les prétendues frasques du professeur Raoult, il est devenu la bête noire de l'administration parisienne, l’homme à abattre à tout prix. Même si son attitude a pu paraître discutable sur certains points, il s’est pourtant illustré dès le début de l’épidémie par une conduite exemplaire, rigoureuse et innovante. Est-ce donc cela qu’on ne lui pardonne pas ?
Avec le carcan réglementaire actuel, rappelons que jamais Pasteur n'aurait pu mener ses travaux, plus que discutables au plan éthique, pour aboutir à la mise au point du vaccin contre la rage…

La mise en accusation du policier auteur d’une fusillade mortelle sur le Pont Neuf le soir de l’élection présidentielle, relève a priori du même procédé. Ce fonctionnaire est l’objet non pas d’une simple enquête mais d’une mise en examen au motif qu’il a tiré sur des contrevenants pris en flagrant délit et qui n’avaient pas hésité après avoir refusé d’obtempérer, à foncer avec leur véhicule sur les policiers. Dans l’attente de sa comparution, il fait l’objet de mesures très contraignantes. Il a en effet interdiction de quitter le territoire, de porter une arme et de côtoyer l’ensemble des effectifs de son service. S’il peut continuer d’exercer, il doit le faire sans entrer en contact avec le public. Fait encore plus ahurissant, ces mesures ont été assorties d’une obligation de soins.
Contrairement à ce que l’on rabâche sur la présomption d’innocence, il s’agit pour reprendre la terminologie judiciaire classique, d’une inculpation, donc d’une présomption de culpabilité. L’hypocrisie de notre époque est telle qu’on va jusqu’à changer les mots et les appellations pour édulcorer ce qu’on ne veut plus nommer. Résultat, on ajoute au malheur du monde…
Le policier est donc accusé d’homicides volontaires, ce qui l’expose à être condamné en assise à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 30 ans.
La partialité des juges et l’inversion des valeurs sont devenues telles que rien n’est dit en revanche sur les malfrats et le ténébreux trafic auquel ils se livraient selon toute vraisemblance ce soir-là, à deux pas de la préfecture de police, comme en de nombreuses occasions antérieures au drame, qui leur avait valu d’être “connus défavorablement par les services de police”… Le jeu du gendarme et du voleur n’est décidément plus ce qu’il était...

Pendant ce temps, M. Macron savourait sa victoire sans péril ni gloire, lui qui dénonçait il y a quelques mois “les violences policières”, et qui affirmait il y a quelques jours à peine qu’il était contre la légitime défense. Bien que le cas de figure d’un policier amené à faire usage de son arme contre des individus faisant courir un risque jugé majeur pour la sécurité publique échappe a priori à ce contexte, la déclaration du chef de l’Etat révèle un état d’esprit inquiétant dans une société en voie de délitement social et de perte rapide de repères. Au rythme actuel, y aura-t-il encore des policiers pour faire régner un tant soit peu d’ordre public ? Comble du ridicule et de l’hypocrisie, M. Mélenchon, chantre de l’ultra-gauche, apôtre de la violence révolutionnaire, qui ne perd jamais une occasion de fustiger la brutalité des forces de l’ordre, s’insurgeait à l’occasion des dégradations et des pillages observés le 1er mai à Paris, critiquant non pas les voyous mais l’incapacité du préfet à garantir le droit de manifester tranquillement…

25 avril 2022

Rien

Rien, cette écume vierge vers
A ne désigner que la coupe
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers…

J’aime ces vers de Stéphane Mallarmé*, à l'élégance parnassienne. Ils sont beaux et hermétiques, comme les nébuleux discours et les brillantes promesses d’Emmanuel Macron, réélu hier soir, sans aucune surprise par un pays en voie de fossilisation.

Mais si l’art pour l’art se conçoit dans le champ poétique, il en est autrement du débat politique, tombé lui dans l'abîme de l’absurdité.
Si une fois encore, l'épouvantail du fascisme a fonctionné auprès du bon peuple, que peut-on attendre d'un président artificiellement confirmé dans ses fonctions à la manière de Jacques Chirac en 2002 ?

Sans réel programme hormis un catalogue de bonnes intentions et des flopées de paroles lénifiantes, fera-t-il mieux que ce qui reste de son premier mandat, c’est à dire quasi rien ?
Il dut affronter des crises dit-on, mais la première, celle des Gilets Jaunes, c’est lui qui l’avait provoquée en taxant inconsidérément les produits pétroliers et en sur-réglementant la vitesse sur les routes. La deuxième, celle du COVID, à laquelle il fut confronté malgré lui, il la géra fort mal, se montrant excessivement dirigiste dans l’action, mais en retard à chaque étape, à la manière des carabiniers. S’agissant de la troisième, la vraie guerre en Ukraine, dans laquelle il n’est pas plus impliqué que n’importe quel chef d’Etat, le moins que l’on puisse dire est que son rôle se borne à un dialogue de sourds avec Vladimir Poutine.

En politique intérieure, son action s’est révélée aussi inefficace qu'incohérente. Il fut dans l’incapacité de mener à bien la seule grande réforme du quinquennat, celle des retraites. Pire, après avoir fustigé le “pognon de dingue” des dépenses publiques, il s’est mis à jouer au Père Noël en distribuant tant et plus l’argent que l’Etat ne possédait plus depuis longtemps, apportant ainsi sa peu glorieuse contribution à l’endettement massif du pays.
En matière de prélèvements, il diminua certes un peu les charges pesant sur les salaires. Mais ce fut au prix d'une folle croissance de la taxe carbone, et d'une sévère augmentation de la CSG (+1,7 point, soit 22,6% !). Il feignit de supprimer l’ISF et la taxe d’habitation, mais le premier changea simplement d'assiette et de nom, devenant IFI, la seconde fut juste centralisée à Bercy. En somme, la prétendue baisse de la fiscalité ne fut qu'un trompe-l'œil se résumant à de simples transferts de charges.
Le chômage reflua certes, mais moins qu'ailleurs.
Face aux problèmes récurrents de l'immigration clandestine,  de l'insécurité, il opposa des flots de paroles martiales mais se borna à l'attentisme sur le terrain.
S'agissant du système de santé, 4 plans successifs n'ont rien changé au désastre, hormis le saupoudrage de quelques primes ici ou là.
Sur la nation plus que jamais asservie à l’État Providence, la gangue bureaucratique continue de s'étendre ainsi que la marée des législations inutiles, redondantes, contradictoires ou tout simplement liberticides.
En politique internationale enfin, ses hardies gesticulations n'aboutirent en général qu'à des fiascos (Brexit, Liban, Mali, Ukraine...).
Bref, un bilan peu reluisant.

À l'issue du scrutin, son discours célébra une victoire qui selon ses propres mots “l’oblige” envers ceux qui ont voté pour lui, pour “faire barrage à l’extrême-droite”. Il indique de ce fait qu’il tiendra davantage compte de la clique haineuse de Mélenchon (en donnant un probable coup de barre à gauche) et de l’armée mexicaine des coco-bobo-écolos (en annonçant un nouveau rouage administratif de "planification énergétique"), que de la marée montante des 41% d’électeurs lassés de l'absence de détermination et de stratégie des dirigeants depuis des décennies. Tout porte à croire que ce quinquennat sera donc un coup pour rien, “comme d'habitude”, comme dit la chanson...

* Salut, par Stéphane Mallarmé. Poésies/Gallimard

13 avril 2022

Un pays fossilisé

Eric Zemmour n’a pas su convaincre assez pour bouleverser le scrutin de ce premier tour, mais ses diagnostics politiques étaient les bons. Valérie Pécresse s'est donc ralliée, sans arme ni bagage dès 20h02 à Emmanuel Macron et en dépit de sa monstrueuse déculottée, la Droite dite républicaine continue avec acharnement de faire tout pour achever de se suicider. Elle reste soumise au leitmotiv grégaire du “tout sauf Le Pen” qui consacre le succès du piège tendu il y a plusieurs décennies par l’homme de Jarnac.
Force est de constater que les partis politiques traditionnels sont arrivés au bout de leur logique destructrice. Se retrouvant tous sous la barre des 5% des suffrages, ils feraient presque pitié, ruinés qu’ils sont, et misérablement retranchés dans la dernière tour de leurs châteaux en miettes, d’où ils ne voient plus rien du pays depuis bien longtemps.

Comme l’avait prédit Zemmour, Marine Le Pen sera battue dimanche prochain. On nous refait pour la nième fois le coup de la République en danger et de l’exhortation à l’union sacrée contre la peste brune. Macron lui-même, feint d’avoir peur, mais en réalité chacun et lui le premier, sait que les jeux sont faits.
De toute manière, il semble évident que l’égérie du Rassemblement National concourt pour la beauté du geste, mais qu'elle n’a guère envie de se retrouver à l’Élysée. Reprenant à son compte l’antienne de la diabolisation, elle trouve même le moyen de bouder le seul soutien qui ait osé s'exprimer en sa faveur et a poussé la rancune jusqu'à préciser qu’elle ne ferait pas de place à Marion Maréchal dans un éventuel gouvernement. Elle aurait, au demeurant, bien du mal à le constituer, si tant est qu’elle obtienne une majorité à l’Assemblée Nationale !

Le débat politique reste donc durablement congelé en France. Emmanuel Macron peut surfer dans la mousse vaporeuse de ses belles déclarations d’intention. Sans parti, sans conviction, sans détermination, il n’a, comme le joueur de flute de Hameln, besoin de rien d’autre que son pouvoir de séduction personnel.

Il est paradoxal que l’opposition soit à ce jour représentée par deux leaders en fin de carrière, l’une tirant sa légitimité d'un bon tiers de l’électorat qu'elle s'avère incapable de faire sortir de l’impasse politique, l’autre véhiculant une idéologie démagogique et revancharde, aux relents nauséabonds de Grand Soir. On frémit quand on pense qu’il aurait pu atteindre le second tour si la vieille garde révolutionnaire trotsko-lénino-marxiste s’était jointe à lui. Heureusement, le collectivisme n’empêche pas l’individualisme égotique…

Si toute personne dotée de bon sens et de pragmatisme peut caresser l’espoir de voir la Gauche se disperser, en même temps que ses illusions mortifères, il est souhaitable qu’on puisse assister à une recomposition du paysage politique après cette élection et qu’un vrai débat soit en mesure enfin de s’instaurer. Cela pourra peut-être s’opérer sur les ruines fumantes du vieux monde politique. On peut en douter tant la raison dans notre pays semble réduite à l’état de fossile…