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28 mai 2025

Deep Deep Fake

Le mensonge en politique est une vieille histoire.
On pourrait dire, sans être trop caricatural, qu'il est consubstantiel aux jeux de pouvoir. Qu'on ne nous la fasse donc pas avec le nouvel anglicisme des fake news, et qu'on ne tente surtout pas de nous faire croire que l'Etat, ses agences et ses hautes autorités, Presse, médias et experts accrédités, seraient devenus tout à coup capables de distinguer, en lieu et place du bon peuple, le vrai du faux.
Le fact checking est un leurre. Nous citoyens, n'avons pas besoin qu'on nous indique ce qu'il faut croire, juste qu'on nous laisse en juger par nous-mêmes en nous donnant l’accès le plus libre à toutes les informations.
Le cas Biden vient d'en administrer une preuve cinglante. Avec la sortie du livre-enquête sobrement intitulé Original Sin, il y a le feu au lac.
Il y est révélé que l'ancien président américain était atteint de sénilité avant même son élection, en 2020, et que personne l’ayant approché ne pouvait l'ignorer. Il était donc dans l'incapacité notoire d'exercer la fonction, et cela a été caché !
On pourrait arguer que cela relevait de l'évidence et qu'il fallait être aveugle ou bien ne pas vouloir voir pour être dupe. A moins d'être stupidement partisan bien sûr comme nombre de médias et de stars “engagées” du showbiz… Mais comment expliquer que le seul fait d’évoquer le problème vous faisait passer pour un complotiste ? Comment justifier la collusion incroyable de tant de médias, et de tant de gens informés, unis dans un mutisme d'autant plus coupable qu'il s'accompagnait de la négation de la réalité ?
On apprend par la même occasion que l'ancien président démocrate est atteint d'un cancer de la prostate avec des métastases. Autant dire que le diagnostic ne date pas d'hier...
Autant dire également que l'élection présidentielle fut biaisée si ce n'est truquée. Avec le contexte du Covid et les soupçons pesant sur la régularité des votes par correspondance, ça commence à faire beaucoup… Donald Trump, qui est si régulièrement qualifié de menteur par les bien pensants, n'avait donc pas vraiment tort d'affirmer que l'élection lui avait été volée !

L’occultation de la réalité n’est pas un procédé nouveau. Il fut utilisé pour masquer l'incapacité de Roosevelt.
En France, nous n'avons pas de leçon à donner. On se souvient comment on a caché la maladie du président Pompidou. On se rappelle comment François Mitterrand, après avoir promis une transparence totale, avait falsifié ses bulletins de santé dès 1981 et comment les médias réunis avaient pudiquement passé sous silence toutes les turpitudes du vieux politicard. Plus récemment, on fit de même pour minimiser les conséquences de l'accident vasculaire cérébral dont fut victime Jacques Chirac…

Il n’est pas besoin d’être complotiste pour voir le mensonge partout. Par omission, par dénégation, ou bien par affirmation. On connaît l’adage qui dit que plus c’est gros, plus ça passe… Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
L’Etat français s’est gravement compromis par le passé lors des scandales étouffés du sang contaminé, de l’hormone de croissance, du nuage de Tchernobyl et plus récemment du COVID-19. Aujourd’hui encore on continue officiellement de vanter l’efficacité du vaccin. Mais qu’est-ce donc qu’un vaccin qui n’évite pas d’être porteur du virus et de le transmettre, n’empêche pas les symptômes de la maladie, et qui tout au plus limiterait le risque de formes graves, sachant que le virus a perdu naturellement quasi toute virulence ?

Lorsque surgissent des conflits, les mensonges redoublent d’intensité. On pourrait dire beaucoup sur les affabulations et les assimilations simplistes mais partisanes faites au sujet des conflits opposant Israël au Hamas et la Russie à l’Ukraine.
On pourrait s’interroger sur l'annulation de la récente élection présidentielle en Roumanie sur la foi de l’affirmation “officielle”, non démontrée à ce jour, selon laquelle il y aurait eu des ingérences étrangères.
En France, il y a beaucoup à dire sur la mystification du “barrage républicain” permettant de frapper d’ostracisme un parti et ses électeurs depuis des décennies, faussant gravement le jeu démocratique, jusqu’au résultat lamentable que l’on connaît, d’un pays à la dérive, livré aux factions et ingouvernable.

Il faudra encore attendre un certain temps pour juger des effets annoncés comme dévastateurs du réchauffement climatique, mais dès à présent on peut mesurer les erreurs commises au nom d’un principe de précaution à sens unique, qui entre autres fadaises, a conduit à fermer des réacteurs nucléaires et rouvrir des centrales à gaz et à charbon…
Saura-t-on un jour la cause exacte de l’incroyable incendie de la cathédrale Notre-Dame, et de l’explosion en 2001 de l’usine AZF ? Il y a tout lieu d’en douter…

18 mai 2025

Mémoricide

A la lecture du dernier ouvrage de Philippe de Villiers, on retrouve tout le panache du chevau-léger au service d'un souverainisme idéalisé et de traditions sacrées. C'est le combat de sa vie, la cause à laquelle il aura tout donné. Le meilleur de lui-même mais aussi quelques outrances destructrices.
Son dernier ouvrage* se lit sans déplaisir, quasi d'une traite, car sa plume est aussi ardente que brillante. Son érudition a l'accent de la sincérité. Il assène ses vérités à coups de massue mais jamais il n'est pédant.
Parfois il tient un peu de Don Quichotte lorsqu'il entre en guerre contre des moulins à vent, ou qu'il mène des combats perdus d'avance car ils sont d'un autre âge. C'est qu'il semble rétif à l'évolution des choses et plutôt que de tenter d'infléchir leur cours, il préfère les pourfendre à la hussarde.

Son lyrisme flamboyant donne le vertige tant il emporte tout sur son passage.
Avec son épée de preux chevalier, il est un peu Roland à Roncevaux. Il voudrait ouvrir une brèche dans la muraille des idées reçues, terrasser l'hydre des idéologies insanes. Mais cette tâche est titanesque, et il s'épuise à charger trop d'ennemis à la fois, confondant même, à certains moments, le bon grain et l'ivraie, les alliés et les adversaires..
S'il peut se targuer de belles réalisations concrètes (Le Puy du Fou, le Vendée Globe), son verbe héroïque semble hélas vain, à l'instar de son combat politique. Qui trop embrasse mal étreint en quelque sorte.

Bien sûr on peut le suivre lorsqu'il déplore les errances morales de l'époque, la perte des repères historiques, la déliquescence de l'esprit civique, la dissolution des valeurs sociétales dans un magma éthique illusoire, la dérive partisane de la justice, la faillite de l'éducation, et pour finir, le chaos migratoire auquel on fait face, non pas en l'endiguant mais en cassant les frontières.
Sa comparaison avec le Titanic est à ce dernier sujet pertinente. Le naufrage du paquebot fut expliqué par l'absence de tout cloisonnement de la coque sous la ligne de flottaison. Une seule brèche a suffi pour inonder rapidement l'ensemble du navire et l'entraîner vers l'abîme.

La protection de l'Union Européenne par ses seules frontières extérieures est une chimère.
L'Europe n'est pas un tout stable, uni, et cohérent. C'est un simple agrégat économique de pays aux intérêts souvent divergents. l'Europe n'est pas une nation, et c'est bien là que le bât blesse. Philippe de Villiers en fait le constat amer mais il va plus loin. Contrairement à Julien Benda, il répugne au concept d'une nation européenne.
Son discours est franco-centré sur un pays figé dans ses traditions ancestrales, et sur les souvenirs d’un passé glorieux, comme l'atteste l'angoisse qui hante ses nuits, dont il fait état au début du livre : “Que vont devenir les petits Français dans vingt ans ? Dans trente ans ? Seront-ils des étrangers dans un pays nominal qui n'aura plus de France que le nom, Sur une terre exotique ?”
La crainte est fondée mais il y a très peu d'ouverture au monde dans son esprit. Il faudrait en vérité que rien ne change pour que tout change... Et l'Europe est bien loin de représenter un espoir à ses yeux.
Comme D'Artagnan, le monde dont il est si nostalgique est mort à Maastricht.

Non seulement il ne croit pas au projet européen, mais il est convaincu qu'il repose sur une supercherie, voire un complot, ourdi par les Etats-Unis. Il l'affirme et le réaffirme à qui veut l'entendre. Rien ne l'en fera démordre. Jean Monnet, Robert Schuman, loin d'être des pères fondateurs ne furent selon lui que des boutiquiers cupides ou des félons au service de l'oncle Sam.
Philippe de Villiers n'est pas pro américain, c'est peu dire. Pire, il accuse les Etats-Unis d'avoir ouvert la porte à la marchandisation du monde. C’est quasi une idée fixe chez lui, répétée, livres après livres. Ainsi, il rappelle qu'avec Jimmy Goldsmith, il s'était fait le dénonciateur du capitalisme libéral qui avait “dénaturé le travail et réinventé un esclavagisme des plus faibles au XIXe siècle”. Il évoque, en sous entendant qu'il l'a fait sienne, l'opinion de son père qui “renvoyait dos à dos le socialisme collectiviste et le libéralisme individualiste” !

A la fin de la seconde guerre mondiale, l'objectif des USA aurait donc été de faire de l'Europe une fédération vassale, calquée sur le modèle américain.
C'est évidemment du pur fantasme, et si par extraordinaire cela s'était produit, il y aurait tout lieu de s'en féliciter. On imagine sans peine la force que représenterait l'alliance de deux fédérations unies par un même objectif de démocratie et de liberté. Faut-il rappeler que la logique s'inscrivait dans un vrai projet européen, celui défini par Kant dans son merveilleux petit ouvrage traitant de la Paix Perpétuelle.
L'Amérique nous a offert une liberté dont nous n’avons pas su faire grand chose. L’arrogance gaullienne et le retour au vieil ordre féodal ont éteint toute velléité fédérative et le concert cacophonique des Etats-Nations a accouché d'une bien fade et peu efficiente Communauté Européenne.

Philippe de Villiers reste donc accroché à son morceau de France comme un naufragé s'agrippe à une épave.
Comme il le reconnaît lui-même, il a peur du vide. Mais il est plus effrayé encore par les grands espaces et les vastes perspectives. S'il faut bien reconnaître que l'idée européenne a fait fiasco, il y a bien peu à espérer d'une France souveraine ayant retrouvé sa grandeur d'antan, une parousie selon lui.
Ainsi, une fois encore, le fondateur du météorique Mouvement Pour la France (MPF), nous embarque sur une voie qui fait fausse route, malgré son beau tracé, ses nobles ambitions et sa rectitude morale.
Elle est dans un monde auquel on peut rêver avec nostalgie mais elle ne s'inscrit pas dans une vision pragmatique de la réalité présente et des temps à venir…


* Mémoricide. Fayard 2024

03 avril 2025

Parodie de Justice

La justice est une valeur cardinale de la démocratie.
Outre son rôle protecteur des citoyens consistant à sanctionner les crimes et délits, à réparer leurs fâcheuses conséquences, et à empêcher la récidive, elle est supposée agir comme un contre pouvoir politique.
Devenue divinité intouchable, elle dévore tout ce qui tombe entre ses mains et rien ni personne ne semble plus en mesure de contrecarrer son magistère, ses abus, ses erreurs, ses négligences. Aujourd’hui, avec la mesure d'exécution provisoire, elle est en capacité d’appliquer sans appel certains de ses jugements.
Jamais les juges ne sont jugés pour leurs fautes. Jamais ils n’ont à rendre de comptes. Jamais l’efficacité de leurs décisions n’est évaluée. Jamais leur impartialité ne peut être remise en cause, même lorsque l'esprit partisan relève de l'évidence. La situation est grave et rien ne paraît pouvoir enrayer une évolution qu'on pressent désastreuse.

Comme l'annonce le titre de ce billet, il y a parodie lorsque la justice se livre à des abus de pouvoir ou s’abandonne au contraire à une faiblesse coupable, lorsqu'elle démontre un esprit de parti ou qu'elle obéit sans broncher voire avec zèle à une législation inepte ou néfaste.
C'est ce à quoi on assiste en ces temps troublés et tout se conjugue, tant au plan des actions qu'à celui des responsabilités. Ces dernières incombent au Pouvoir et sont partagées entre l’Exécutif qui propose des lois, le Législatif qui les vote et le Judiciaire qui veille à leur bonne application. En démocratie, le peuple n'est pas innocent puisqu'il élit ceux qui font les lois. Mais est-on encore dans une démocratie de citoyens éclairés ? That is the question.

Le langage des juges, à l'instar des lois qui les inspirent, est souvent pontifiant, abstrus, voire hermétique au commun des mortels. Plutôt que de s'appuyer sur une jurisprudence simple et concrète, il se noie sous les artifices et les certitudes trompeuses engendrés par des lois devenues pléthoriques à force de vouloir décrire par le menu tous les cas de figures imaginables. Au pays de Boileau, de Montaigne et de Montesquieu, on a préféré le chaos jargonnant à la perspicuité, et l'idéologie au pragmatisme.
Dans l'enfer des bonnes intentions, on a cru bon d'édulcorer les concepts au risque de les rendre inintelligibles voire de les pervertir.
Entre autres exemples, on ne parle plus d’inculpation mais de "mise en examen" et même reconnus coupables en première instance, les accusés restent “présumés innocents”. Ce qui conduit de facto à une contradiction lorsqu’il s’agit de prononcer une sanction "d’exécution provisoire" en première instance.

Forts de leur impunité, les juges semblent prendre un malin plaisir à faire tomber de leur piédestal nombre de grandes figures, maintes fois adoubées par le jugement du peuple. Pour ce faire, ils n'hésitent pas à agir au motif de délits qu'ils ne se soucient même plus d'étayer sur des preuves tangibles. L'intime conviction a toute légitimité pour s'imposer. Les faits eux-mêmes ne sont plus nécessaires, l'intention seule suffit. Conséquence logique, les réquisitoires implacables et les condamnations pleuvent comme la mitraille à Gravelotte. Le bracelet électronique remplace le boulet des forçats et tient désormais lieu de pilori d'indignité.
C'est dans ce contexte que sont menées les poursuites dont sont victimes quelques personnes autrefois célébrées, devenues têtes de Turcs. Par exemple l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, et l'acteur on ne peut plus prestigieux Gérard Depardieu. L'acharnement est si évident qu'il faut être aveugle pour ne pas le voir ou diablement hypocrite pour feindre de le nier.

Force est de constater que nombre de délits ont été créés par des législateurs embarqués dans une surenchère morale insensée, se faisant un devoir de tout codifier, de tout surveiller et de tout sanctionner. Cette moulinette ubuesque transforme le moindre écart à la norme en crime passible de procès. On aligne la morale sur les crédos du nouveau puritanisme, on contingente les frais de campagne, on réglemente l'utilisation des deniers publics versés aux élus, on étiquette politiquement chaque intervention télévisée, on fait un décompte savant du temps de parole de chacun, on encadre la liberté d'expression.
Investi d’un pouvoir exorbitant, le censeur ou le juge sanctionne selon des critères de plus en plus arbitraires. Il garrotte la liberté d’expression, ferme des médias, décide de l’éligibilité des individus.

La récente décision de justice touchant le Rassemblement National est le dernier avatar de cette justice inquisitoriale inflexible.  Le trouble, l'émoi, le scandale provoqués par la sévérité du verdict fait envisager la mise en œuvre accélérée d’une procédure d’appel, dans l’éventualité d’atténuer les peines avant la prochaine élection présidentielle. Mais si la proposition semble bienvenue, ses répercussions pourraient s'avérer pires encore pour les intéressés.
On comprend le mécontentement de Marine le Pen et sa volonté de tout mettre en œuvre pour atténuer une sanction qu'elle estime disproportionnée aux faits qui lui sont reprochés. Mais le mal est fait, à tout point de vue. La perspective, en apparence bénéfique, d'un procès en appel à l'été 2026 fait peser une épée de Damoclès sur elle et sur son parti. Cela n'écarte nullement l'éventualité d’un verdict aussi voire plus sévère, et fait planer dans l'attente, une Incertitude rendant très difficile de mettre sur pied le fameux Plan B évoqué par les journalistes. Qu'on croie possible ou non l'élection de Marine Le Pen pour ce qui serait sa 4ᵉᵐᵉ tentative, c'est le fonctionnement de l'ensemble de son parti et la crédibilité des candidats putatifs, présumés innocents mais supposés coupables, qui va être affectée durant près d’un an et demi.

Qu’attendent les élus honnêtes et raisonnables qui se prétendent scandalisés ou “troublés” pour inverser le cours des événements en invalidant à l'Assemblée Nationale les lois devenues folles ? Qu'attendent les politiciens se réclamant d'une politique débarrassée des idéaux calamiteux du socialisme, pour faire l'union sacrée de la Droite et du Centre afin d’offrir enfin une vraie majorité et une chance réelle de changement fondé sur le pragmatisme et le bon sens, voulu par un nombre croissant d'électeurs lassés de l'attentisme décisionnel et du merdoiement politique.
A l’instant présent, le Président de la République a perdu l’essentiel de sa légitimité, après avoir été rejeté massivement par les électeurs à trois reprises. Le gouvernement sans programme et ne disposant d’aucune majorité est dans la quasi incapacité d’agir. Et la candidate déclarée pour la prochaine échéance présidentielle, représentant le premier parti de France, se trouve exclue du scrutin où elle occupe à ce jour la position de favorite.
On savait le débat politique très abîmé et la démocratie affaiblie en France depuis des décennies. Il y a peu de chances de les voir restaurés dans les mois et même les années à venir...

03 janvier 2025

Et Omnia Vanitas

Les allocutions présidentielles célébrant la nouvelle année n'ont en général guère d’intérêt. 2025 ne fera pas exception à la règle.
On n'avait rarement entendu de la part d’Emmanuel Macron un discours aussi court, plat et peu inspiré.
Comme toujours, il apparut très satisfait de lui, clips allégoriques à l’appui. Notamment d’avoir montré au Monde ébahi, “qu’impossible n'est pas français”.
Il se vanta en la circonstance d’avoir grandement contribué à l’égalité hommes femmes grâce à la constitutionnalisation de l’IVG. Il se targua d’avoir organisé les jeux olympiques, la restauration de Notre-Dame, et le quatre-vingtième anniversaire du débarquement…
En bref, on retrouva sa propension à jouer les maîtres de cérémonie, beau parleur, dispensateur de vœux pieux et enfonceur de portes ouvertes.

En matière de projets à venir, c’est le désert des Tartares. Après avoir fait amende honorable du bout des lèvres au sujet de la dissolution de l’Assemblée, il promet de redonner la parole aux citoyens.
Occultant ses échecs électoraux à répétition, il entend les faire “trancher sur des sujets déterminants”, sans préciser naturellement quand, ni sous quelle forme ni sur quelles thématiques.
Tout le monde supputa fissa qu’il pourrait s’agir de référendums, ou bien de conventions citoyennes et de grands débats. Autant de propositions qu’on sait par expérience vaines et sans lendemain.
Les référendums, ce n’est pas faute d’en avoir promis, mais aucun ne fut concrétisé en 7 ans. Il faut dire que les quelques expériences faites par les prédécesseurs de l’actuel chef de l’État tournèrent au fiasco.
Vu la conjoncture actuelle, quelle que soit la question posée, un référendum se traduirait inévitablement par un plébiscite sur sa personne, conduisant selon toute probabilité à un rejet massif. Autant proposer une nouvelle dissolution dès l’été prochain et conditionner son maintien à l’Elysée à l’obtention d’une vraie majorité…
Quant aux grands débats et conventions citoyennes, il y en eut certes, mais on a vu comment ces expédients donnaient la mesure de la vacuité démagogique…
S’agissant enfin des questions à trancher, s’il s’agit comme certains le suggèrent, de la fin de vie, ou de l’apocalypse climatique autrement dit de la fin du monde, la perspective est assez déprimante pour une nouvelle année.
Mais sur quoi d’autre un président en fin de mandat, en position de roi nu, pourrait faire semblant d’agir ?

23 décembre 2024

Un Triple Désastre

L’année se termine tristement en eau de boudin. Le cyclone Chido qui s’est abattu le 14 décembre sur l’île de Mayotte s’apparente ou révèle un triple désastre : climatique, étatique et politique.
Cet ouragan ne fut pas d’une violence inouïe comme certains l’ont prétendu, et il semble avoir fort heureusement fait moins de victimes que ce que beaucoup avaient annoncé (on relatait le 21 décembre tout de même 35 morts et 67 blessés graves). Il n’en demeure pas moins tragique eu égard aux dégâts matériels. Comment expliquer de telles conséquences ?
Vu d’avion, tout semble avoir été rasé ou presque car rien ne tenait vraiment debout. On craint de grands désordres sociaux à venir et des épidémies car rien ne fonctionnait vraiment. Faut-il rappeler qu’à l’instar des pays sous-développés, sévissait, il y a peu, le choléra !
Le chaos migratoire est tel qu’on est incapable de comptabiliser la population et pas davantage les naissances (au moins 10.000 par an sur le seul Centre Hospitalier qui de facto est la plus grande maternité d’Europe). On évalue à 60% la proportion des enfants non scolarisés, à 70% celle des gens vivant sous le seuil de pauvreté. La très grande majorité de l’habitat est précaire. On sait enfin que 80% du PIB relève des subventions de la Métropole.
C’est simple, ce petit paradis exotique au lagon exceptionnel, posé sur l'Océan Indien entre l’Afrique et Madagascar, ressemble par son dénuement à l’infortunée Haïti !
Les promesses faites par nombre de dirigeants n’ont en règle pas été tenues. M. Macron lui-même avait annoncé en 2019, entre autres engagements, la construction d’un nouvel hôpital, la création de 800 nouvelles classes scolaires, le retour aux Comores des clandestins... La Cour des Comptes a révélé que ce plan n’avait fait l‘objet d’aucun suivi et que rien de concret n’avait été réalisé !
Il est évident que la catastrophe présente est à la mesure du laisser aller avec lequel le gouvernement a géré ce territoire d’outre-mer, que Nicolas Sarkozy avait eu l’imprudence de transformer en département.

Le microcosme politique peut bien verser des larmes de crocodiles ou bien s'écharper en polémiques partisanes, cet évènement tragique est l’occasion de mettre au grand jour les responsabilités de l’Etat. Il ne peut se défausser de son incurie sur un quelconque réchauffement climatique, sur la faute à "pas de chance" ou bien sur le dos du Rassemblement National comme l’a fait de manière proprement éhontée le Président de la République.
La comparaison avec la reconstruction de la cathédrale Notre Dame est éloquente : ce que l’initiative privée a permis de faire ici, l’Etat, malgré ses ressources fiscales démesurées, en est absolument incapable là-bas.
En attendant, la France est toujours dans l’attente d’un hypothétique gouvernement. Etrange et funeste concours de circonstance, on l'annonce pour aujourd'hui même, journée décrétée de deuil national ! Même si le nouveau Premier Ministre parvient à s’entendre avec le Chef de l’Etat pour constituer cette nouvelle équipe avant Noël, on sait par avance qu’il n’y aura rien à en attendre. Aucune ligne directrice lisible et cohérente ne saurait émerger du magma institutionnel actuel en forme de tourbillon. C’est le troisième aspect du désastre, il est politique…

16 décembre 2024

Le Paraître et le Néant

Le roué béarnais a fini par arriver à ses fins ! A la faveur du chaos politique qui règne en France, il est parvenu à imposer sa personne au Président de la République, en tant que premier ministre.
Aux yeux du Chef de l’Etat qui s'est fait, à ce qu'il paraît, tordre le bras en la circonstance, il n’y avait probablement pas pire choix, mais il n’en a pas trouvé de meilleur. C’est dire à quel point il est acculé.

Nul doute que la cohabitation sera houleuse. Emmanuel Macron a perdu son aura et toute crédibilité et n’a plus d’avenir politique. Il est faible.
Pour François Bayrou, c’est différent. On pourrait penser que cette nouvelle fonction soit son tardif bâton de maréchal (on pouvait penser la même chose pour Michel Barnier lors de sa nomination, il y a 3 mois à peine). Il y a fort à parier toutefois, qu’à l’instant présent, M. Bayrou, tardivement et laborieusement remis en selle, pense déjà à la prochaine échéance présidentielle, ce qu’il avait déjà fait par 3 fois en 2002, 2007, et 2012.
Il fera donc tout pour voler la lumière au Président, et s’en dédouaner, si toutefois il parvient à se maintenir à son poste, ce qui n’est pas gagné.
Pour l’heure, il n’a en effet rien d'autre à offrir que des mots et pas plus de majorité que son prédécesseur pour proposer le moindre projet.
Ajoutons que son bilan d’un demi-siècle de vie politique est proche du néant bien qu’il ait beaucoup bourlingué.
Ministre de l’éducation durant 4 ans (1993-1997), il n’a laissé aucune trace.
Son parti, le MODEM, bricolé en 2007 sur les ruines de l’UDF, à la destruction de laquelle il avait puissamment œuvré, n’a jamais vraiment décollé.
Il fut élu maire de Pau en 2014 grâce au soutien de l’UMP et à la mansuétude de Nicolas Sarkozy. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a pas fait d’étincelles.
Propulsé ministre de la justice en 2017, en remerciement de son ralliement très opportuniste à Emmanuel Macron, il n'y fit qu'un passage éclair d'un mois, avant d'être contraint à démissionner à cause d'une sombre histoire d'emplois fictifs au MODEM.
En lot de consolation, il obtint le poste de Haut Commissaire au Plan en 2020. Il n’y a produit que quelques insignifiantes analyses, “d’intérêt limité”, marquées par “une forte personnalisation”, d’après un rapport récent issu du Sénat.

Son parcours, semé de trahisons, d’atermoiements et de magouilles, est marqué par un égocentrisme démesuré.
Que peut-on espérer d’un tel Premier Ministre, dans un contexte des plus hasardeux ? Pas grand chose hélas…

04 décembre 2024

Attention, chute de gouvernement

Le sort semble en être jeté. A moins de se déjuger in extremis, les opposants au gouvernement auront raison de lui en censurant son projet de budget.

Avant même que le couperet ne tombe, les commentaires vont bon train.
Dans les rangs de l’armée mexicaine entourant un président sans majorité, premier ministre en tête, on crie à l’irresponsabilité des frondeurs. On en appelle à l’intérêt supérieur de la Nation. On se raccroche aux vieilles lunes du gaullisme, et on met en garde le pays sur le risque de chaos à venir. On s’étrangle devant le texte déposé par le conglomérat de gauche dit Nouveau Front Populaire, au motif qu’il reproche au gouvernement d’avoir fait le jeu du Rassemblement National et d’avoir cédé à ses "plus viles obsessions". On fait mine de déplorer que ce dernier ait annoncé qu’il allait voter cette résolution, malgré les mots humiliants jetés à son encontre.

On ne s’interroge pas trop en revanche sur les raisons qui poussent les Socialistes, dont un ancien président de la république auto-prétendu “normal” à s’associer aux menées séditieuses de la France Insoumise. On ne se pose guère de questions non plus sur le résultat auquel a conduit la stratégie du Barrage Républicain, qui n’a cessé d’écarter systématiquement comme pestiféré le premier parti politique de France. On ne reproche pas trop aux Macronistes et aux micro-partis qui gravitent dans l’orbite du monarque en voie de déchéance, les mots d’ordre insanes qui ont permis l’élection à l’Assemblée Nationale d’insurgés sans foi ni loi, n’hésitant pas à piétiner tous les principes de la république et incitant sans cesse à la haine, à la violence et à l’anarchie. Aujourd’hui l’hypocrisie consistant à condamner une alliance scandaleuse entre RN et NFP ne fait plus illusion. Il est trop tard pour se lamenter.

En réalité, cette censure, si tant est qu’elle soit votée, apparaît comme la conséquence logique d’une politique de gribouille menée depuis des décennies, et l'illustration du désastre politicien en général.
Que faire, pour sortir de l’impasse dans laquelle le pays s’est enfermé (car il ne faut jamais oublier qu’on a les élus qu’on mérite et qu’on a choisis) ?
Si le Président de la République s’accroche à son fauteuil doré et nomme à suivre un ou plusieurs nouveaux gouvernements sans autre ambition que celle de M. Barnier, il y a fort à parier que le pays continuera de s’enliser dans le marasme jusqu’à de possibles élections législatives l’été prochain. Le résultat dépendra là encore des électeurs, mais dans quel état serons nous ?

Le seul moyen de s’en sortir dans l'immédiat, semble être de faire enfin sauter le barrage républicain et prendre en compte le RN et ses millions d’électeurs.
Mais quel nouveau premier ministre osera franchir le Rubicon ? Quel responsable politique de premier plan osera travailler avec le RN sur un programme s’interdisant l’augmentation des impôts et des taxes pour privilégier le pragmatisme contre la bureaucratie ?

13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux n'hésite pas à comparer le magnat devenu politicien au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hyperbolique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

27 septembre 2024

Electeurs gobe-mouches, politique bredi-breda

A voir, lire ou écouter ce qui émane du nouveau gouvernement, on peut douter de l’arrivée de lendemains qui chantent. Confusion, contradictions et incohérence semblent les maîtres mots de la politique qui se fait jour au fil des déclarations et des interviews.
On peut évidemment remarquer qu’il ne s’agit que du résultat du vote des Français. Qu’attendre en effet d’un scrutin indécis, ne dégageant aucune majorité et opposant des extrémités contraires de plus en plus puissantes et bruyantes.
Ça tire à hue et à dia si l’on peut dire, mais les électeurs n’ont que ce qu’ils méritent en somme.

Les cérémonies de passation de pouvoir entre ministres démissionnaires et nouvellement nommés se sont apparentées à des numéros de comique involontaire ou d’autosatisfaction ridicule. En la matière, les sortants ont rivalisé avec leurs successeurs si l’on peut dire.
On soulignera simplement les flagorneries du nouveau ministre de l’économie Antoine Armand adressées à Bruno Lemaire, en contradiction totale avec ses déclarations ultérieures, séparées d’à peine 24 heures. Un jour il dit “mesurer la chance” qu’il a “d’hériter d’un tel bilan économique”. Le lendemain, il évoque une situation très grave, et déplore “un des pires déficits de l’histoire”, constat d’ailleurs confirmé par son collègue du Budget, Laurent Saint-Martin, qui prévoit un déficit à venir dépassant probablement les 6%, alors que Bruno Lemaire avait annoncé qu’il se limiterait à 5,1% (ce qui était déjà énorme…)
On nous refait le coup de la découverte d’une situation que personne n’aurait pu deviner, alors qu’elle s’étalait aux yeux de tous ceux qui voulaient la voir (la France est confrontée depuis le mois de juin à une procédure européenne pour déficit excessif ).

Qu’importe l’économie, le tout jeune et frétillant ministre de l’Economie n’est pas avare de bourdes en tous genres. Alors que Michel Barnier, Premier Ministre avait affirmé haut et fort dès sa nomination que tous les partis politiques seraient respectés et prié instamment les membres de son gouvernement de mesurer leurs propos et surtout d’agir avant de communiquer, M. Armand croit bon sitôt en place de clamer qu'il recevrait tous les élus qui le souhaiteraient, sous réserve qu’ils fassent partie de l’arc républicain, dont il exclut le Rassemblement National ! Selon lui, c’est clair, les Français se seraient prononcés pour faire barrage à un parti qui, curieusement, est celui qui totalise le plus de suffrages et le plus grand nombre de députés. CQFD…
Les piteuses excuses de M. Barnier auprès de Marine Le Pen et le “recadrage” du ministre désobéissant ne changent rien à l’affaire. L’impression donnée est que le pays est gouverné par une équipe de branquignols.

Impression qui chaque jour se confirme un peu plus au vu des contradictions d’une politique des plus erratiques.
Rappelons que le parti Les Républicains (LR) avait brandi au mois d’avril dernier la menace d’une motion de censure automatique en cas de franchissement de la ligne rouge de l’augmentation des impôts et prélèvements obligatoires. Cette injonction était d’ailleurs partagée à la même époque par le Parti du Président de la République, s’exprimant par la voix de sa porte-parole Maud Bregeon.
Résultat, la première priorité évoquée par le nouveau gouvernement de M. Barnier (membre éminent de LR), est la hausse de la fiscalité. Qu’on la déguise sous l’appellation de “justice fiscale” ou bien qu’on précise qu’elle serait “temporaire” et “ciblée sur les plus riches”, un nouveau matraquage se profile bien à l’horizon.

A défaut d’avoir eu le temps d’agir, M. Retailleau déclare que ses trois priorités sont “rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre”. Bien dit mais au moment même où le pays est endeuillé par un nouveau crime abominable, commis en raison du laxisme des Pouvoirs Publics, on attend les actes. On doute hélas de la concrétisation de cette volonté en écoutant le ministre de la justice Didier Migaud, exact contraire de son collègue de l’Intérieur. Alors que celui-ci fustigeait "une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’installer le droit à l’inexécution des peines", M. Migaud rétorque qu’il est très satisfait par le taux élevé d’exécution des peines. Face au meurtre de la petite Philippine, alors que M. Retailleau "veut faire évoluer notre arsenal juridique", M. Migaud éprouve certes de l’émotion mais ne voit pas la nécessité de légiférer. Sa priorité à lui c’est de pérenniser "l’indépendance de la justice" et de réfléchir “favorablement” à l’inscription du consentement dans l’arsenal de la loi…
Avec un tel attelage et une telle convergence de points de vue, on est bien monté si l’on peut dire….

Pendant ce temps, M. Macron est à l’ONU à faire de vibrants discours appelant avec force Israël à cesser l'escalade au Liban précisant qu’ il ne pouvait pas "sans conséquence étendre ses opérations”. Il n’eut qu’un petit mot pour demander au Hezbollah “de cesser ses tirs”. Doux euphémisme pour qualifier les bombardements incessants de l’organisation terroriste depuis des mois sur le nord d’Israël. Aux yeux du Chef de l’Etat, l’agresseur est manifestement une fois encore la victime, qui se bat héroïquement pour sa survie. Soulignons qu’il n’a pas eu un mot pour remercier Tsahal d’avoir éliminé le terroriste qui avait organisé l’attentat dit du Drakkar, lequel avait tué 58 parachutistes français en 1983, face auquel notre pays était resté sans réaction, hormis la traditionnelle “émotion”...

21 septembre 2024

Tristes cirques

Deux semaines qu’on attend la formation d’un hypothétique gouvernement. Dans l’arène politique devenue folle on s’écharpe, on s’étripe et on magouille. Dans la pseudo coalition de partis de lilliputiens aux commandes du vaisseau à la dérive, la répartition des maroquins s'apparente à une bataille de chiffonniers. Chacun pense à soi, et chacun, du haut de ses ergots de petite vertu, se croit autorisé à mépriser l’autre. On prétend vouloir respecter le message des Français et on fait tout le contraire au nom de principes républicains pervertis excluant du jeu un bon tiers de l'électorat.
Il est vrai que la volonté populaire n'a jamais été aussi confuse, chacun voulant tout et le contraire de tout…

Tout le monde sait que le résultat, si tant est qu'on y parvienne, sera un gouvernement bancal sans ligne directrice cohérente et sans changement significatif par rapport à celui qui l'a précédé, et évidemment sans avenir.
La seule chose qui paraît sûre, est que le poids des impôts va encore s'alourdir. En annonçant une meilleure "justice fiscale" et en promettant d'épargner les classes moyennes, on dit tout et on ne dit rien. Comme d'habitude, on assure au bon peuple que la seule charge reposera sur les autres, les "ultra-riches", les "nantis". Le refrain est connu. Mais comment faire dans un pays champion du monde des prélèvements obligatoires, où la redistribution des richesses est déjà massive, et où 70% de l'impôt sur le revenu est acquitté par à peine 10% des contribuables ?
Comment peut-on encore être naïf au point de croire ces mensonges éhontés derrière lesquels les politiciens tentent déjà de cacher leur incurie comptable à venir, leur incapacité à tenir un budget pour ne pas dire l’abandon des finances du pays à la gabegie ?

Les jeux du cirque sont également sur la voie publique où la violence et le vandalisme font rage en toute circonstance et en toute impunité. Par les temps qui courent, les refus d’obtempérer sont devenus une mode. Pas un jour sans qu'un représentant des forces de l'ordre ne manque de se faire occire par des voyous sans foi ni loi, aux casiers judiciaires "longs comme des bras”.
Sitôt pris, sitôt relâchés, sitôt récidivistes…
On est incapable d’endiguer la marée montante de la délinquance, de protéger le bien public des saccages commis par des hordes barbares. Après les grandes cités métropolitaines, c’est le tour des territoires d’Outremer. Mayotte, Nouvelle Calédonie, Martinique, où s’arrêtera le désastre ?
L’immigration hors de contrôle est la porte ouverte à la sauvagerie. On se gausse des fake-news de Donald Trump à propos des haïtiens mangeurs de chats mais ici on égorge les canards, on vole, on viole, on deale, on squatte en quasi totale impunité…

Pour distraire l’attention, on médiatise à outrance de croustillants autant qu’abjects faits divers. Mais ce n’est qu’un autre point de vue sur le délitement social généralisé. La petite ville de Mazan, dans le Vaucluse, est devenue le théâtre du spectacle peu ragoûtant de l’avilissement des mœurs. Tout le monde en parle, sans connaître l’histoire autrement que par la mousse gluante que la Presse disperse avec une jubilation malsaine. On voit ressortir de partout les plus vils instincts : amalgames en tous genres, affirmations et accusations péremptoires, grégarisme, voyeurisme, et une multitude de petits juges de moralité n’attendent pas le verdict de la justice pour faire un procès à sens unique, sans appel.

Le peuple s’habitue-t-il à ce jeu de massacre ? Peut-être, hélas…

* Illustration tirée du film de Frederico Fellini Les Clowns 1970

11 septembre 2024

Le doux parfum du Grand Barnier

Au terme de plus de 50 jours de manège post-électoral, Michel Barnier a donc fini par décrocher le pompon, à l’étonnement de tous.

Après avoir bourlingué par le passé (sans laisser beaucoup de traces) dans de nombreux ministères, aussi variés que l’agriculture, les affaires étrangères, les affaires européennes, et l’environnement, pour finir négociateur en chef du Brexit, il paraissait quelque peu rangé des voitures.

La Gauche ayant refusé la pâle mais pourtant consensuelle figure de Bernard Cazeneuve, c'est donc au fin fond de la droite molle qu'Emmanuel Macron a déniché l'homme providentiel. Il semble que Michel Barnier soit encore membre du parti Les Républicains, mais on ne sait plus trop ce que recouvre cette formation. Ses scores électoraux nationaux sont devenus étiques, ses projets sont nébuleux si ce n'est contradictoires, à l'image de l'incohérence de ses dirigeants. Tantôt récalcitrants, ils démissionnent, tantôt opportunistes ils reviennent.
Le parti, réduit à sa plus simple expression reste victime d'incessants clivages, de schismes et de ruptures. Au sein de ces atermoiements, le discours qu’on entend se confond souvent avec celui émanant du Rassemblement National, mais tous clament haut et fort qu'ils ne saurait être question du moindre rapprochement avec ce dernier, à l'exception d'Eric Ciotti.

Voici donc le grand Barnier qui hérite d’un tour gratuit au gouvernement, et pas à la moindre des places. S’il est probable que la fonction de Premier Ministre soit son bâton de maréchal qui sait ce qui se passera dans les semaines à venir et à fortiori d’ici 3 ans ?
Le défi est périlleux et paraît même perdu d’avance, car sans ligne politique claire, sans programme, et sans majorité parlementaire, au service d’un président de la république désavoué, on ne voit pas bien ce qui pourrait sortir du gouvernement que le nouveau Premier Ministre va devoir s’échiner à constituer. Pour l’heure, on espère que cela prendra moins de temps qu’il en fallut au Président pour le désigner.

Michel Barnier, dont les manières sont policées peut-il faire illusion à défaut d’agir ? Il a toujours su ménager la chèvre et le chou et a renouvelé sa volonté de respecter tous les partis. Vu l'intransigeance hostile de la Gauche, il se voit contraint, pour éviter la motion de censure qui pend au dessus de sa tête, de faire les yeux doux à Marine le Pen et à ses amis tout en ratissant soigneusement les jardins des partis de la droite dite républicaine, modérée, molle, voire centrale. Par une cocasse ironie du sort, tout se passe en somme, comme si la fameuse et mythique union des droites était en train de se réaliser en douceur.
Avec quelles chances de succès ? Pour quoi faire ? Pour combien de temps ? Suite au prochain épisode…

19 juillet 2024

Danse sur un Volcan

Au décours des élections législatives, on apprend que 77% des Français sont inquiets de la situation politique actuelle et 70% se disent mécontents du résultat du vote. De deux choses l’une, soit notre démocratie a un vrai problème, soit les électeurs sont bêtes à bouffer du foin.
Sans doute y a-t-il un peu des deux, ce qui n'est guère réconfortant……
Le fait est que le blocage apparaît désormais complet et l'impasse totale. Le pays, déjà très affaibli, se trouve dans un épais brouillard, sans boussole, sans gouvernail et sans capitaine.

Emmanuel Macron s’accroche aux commandes, mais plus rien ne répond. A ses ministres démissionnaires et aux partisans qui lui restent fidèles, il ordonne de trouver une "coalition majoritaire" et un "large pacte législatif pour gouverner", dans le champ de ruines et de dissensions qu’est devenu le paysage politique, en grande partie par sa faute. Autrement dit, “débrouillez vous pour vous organiser et je choisirai des gens pour vous remplacer, selon mon bon plaisir”.

A partir d'aujourd'hui, les ministres sont aux abonnés absents, supposés, pour un temps indéterminé, ”expédier les affaires courantes” tout en siégeant, comme si de rien n'était, à l’Assemblée Nationale. Aucun nom de nouveau premier ministre n’émerge de cette navrante bataille de chiffonniers. Y en aurait-il un d’ailleurs, qu’il serait renversé l’instant d’après, ou au mieux, réduit à l'impuissance. Les partis politiques se morcellent à l'image d'une armée mexicaine. Ils se haïssent et s’excluent les uns les autres tout en se clivant à l’intérieur d’eux-mêmes. Le Président de la République désavoué reste en place. Le Premier Ministre démissionnaire reste en fonction. La Présidente de l'Assemblée Nationale, représentant le parti ayant le plus perdu d'électeurs, est reconduite au Perchoir dans un climat de tripatouillage général. On est véritablement dans la pantalonnade.
Le pays est en roue libre.

Les cigales chantent tandis que le spectre du déficit budgétaire et de la dette se profile en arrière-plan, risquant sous peu d’étrangler le pays.
Bruno Lemaire, ex-ministre des Finances, qui a laissé filer sans compter les dépenses durant 7 ans, et alors qu’il s’apprête à quitter sa sinécure de Bercy annonce benoîtement qu’il faut faire non pas 20 mais 25 milliards d’euros d’économies avant la fin de l’année !
Pour l’heure, aucun programme connu n’envisage la moindre restriction budgétaire ni la plus petite mesure d’économie. Il n'y a que des dépenses nouvelles, des taxes et des impôts.
La Cour des Comptes, qui semble ignorer le contexte dans lequel se trouve le pays, étrille la gestion du gouvernement, souligne que la trajectoire budgétaire envisagée est irréaliste et relève des hausses non documentées de prélévements obligatoires.
On ignore combien de temps la trêve estivale durera, mais les perspectives de rentrée sont d’ores et déjà prometteuses…

09 juillet 2024

Le Principe du Tiers Exclu

En matière de politique, il faut rester très humble. Au terme de ces élections législatives impromptues, la redistribution des sièges à l’Assemblée Nationale se révèle sensiblement différente de ce que les sondages faisaient entrevoir.
Force est de constater que “le barrage anti RN” a fonctionné une fois encore, au-delà des espérances de ses promoteurs. La mécanique potentiellement destructrice du scrutin majoritaire à deux tours, est parvenue à biaiser l’esprit de la démocratie au nom de la logique pernicieuse et exclusive de “l’arc républicain”. Le camp macroniste a réussi à faire élire des révolutionnaires d’ultra gauche, des antisémites notoires et même un individu fiché S ! En contrepartie, la Gauche a permis au président de la république et ses amis, dont elle avait juré la perte et massivement rejetés par l’opinion publique, de continuer à exister.
Dans ce résultat en forme de trompe l'œil, la gauche semble renforcée, l’ex majorité présidentielle apparaît moins ratatinée qu’annoncé, et le Rassemblement National (RN), en dépit de l’augmentation importante du nombre de ses députés n’a ni majorité absolue, ni majorité relative. Son électorat se retrouve plus que jamais ostracisé, puisque la coalition des contraires réaffirme en chœur, au mépris de tout principe républicain, son refus de travailler avec ses représentants.

Pour autant, la perspective ouverte par le renouvellement de l’Assemblée législative est-elle vraiment bouleversée ? Non car le chaos politique qui régnait avant la dissolution est toujours là. Il est simplement plus désastreux qu’auparavant et le Président de la République porte une lourde responsabilité dans cette évolution.
Puisqu’il paraît hélas peu probable qu’il démissionne après un tel résultat, signant l’échec de son ambition de clarifier la situation, il faut bien tenter d’imaginer avec quel conglomérat il pourrait envisager de continuer à feindre de diriger le pays, et pour quel dessein.
Il manquait au parti présidentiel et ses alliés, une quarantaine de députés pour obtenir une majorité, il lui en faudrait désormais environ 130 ! De part et d’autre de ce ventre mou, embarrassé par la vaine stratégie du “en même temps” se trouvent des gens aux projets irréconciliables.
Il est exclu par principe de se tourner vers le RN.
Les Républicains (LR), dont le nombre est stable, ont perdu leur position d’arbitre, et pour coopérer avec le pouvoir, devraient accepter une collusion contre nature avec une partie de la gauche.
Cette dernière, si tant est qu'elle soit unifiée, ne pèse en effet que 180 sièges, desquels il faut logiquement retirer les quelque 70 attribués à La France Insoumise (LFI). Mais ce faisant, l’alliance du Nouveau Front Populaire se fracasse et son programme de gouvernement tombe à l’eau.

En définitive, si ces élections ont donné lieu à beaucoup de magouilles politiciennes abjectes, il faut bien convenir que les Français leur ont donné corps en suivant docilement les consignes les plus insanes. Résultat des courses, la France se retrouve dans la pire des situations imaginables, celle d’un pays ingouvernable.
On se souvient du mot fameux de Tancrède adressé à son vieil oncle Salina dit Le Guépard : “Il faut que tout change pour que rien ne change…” Une chose est plus que jamais certaine : on a les gouvernants qu’on mérite !

04 juillet 2024

Toute honte bue

C’est fait. Le séisme annoncé s’est produit. Le Rassemblement National (RN) est aux portes du pouvoir. Il balaie tout sur son passage et pourrait à lui tout seul acquérir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Ce résultat consacre l’échec de la stratégie mise en œuvre depuis quelques décennies par le reste de la classe politique, consistant à faire barrage à son ascension. Il consacre également la déroute totale de toutes ces formations prétendant appartenir à “l’arc républicain”, liguées contre le supposé péril RN.
Le parti présidentiel, dont on ne sait même plus trop comment il se nomme, après avoir été sévèrement averti en 2022 et sanctionné lors des élections européennes, prend une claque monumentale. Il réunira peut-être moins de 100 députés dans la future Chambre ! Les Républicains (LR), profondément divisés, apparaissent définitivement écrabouillés, réduits à un micro-parti sans avenir. La gauche a fait un des plus médiocres scores de son histoire. En ratissant tout le ban et l'arrière-ban, jusqu’aux extrêmes les plus nauséabonds, elle totalise à peine 28% des voix !
Tout ce joli monde désemparé semble pourtant désirer que les choses aillent plus mal encore.

Peu importe l’avenir du pays, peu importe le message évident des électeurs, le monde politique détenant encore les clés d’un pouvoir à l’agonie, se complaît plus que jamais dans le déni et la combine de bas étage.
La stratégie clamée par M. Macron, suivie à la lettre par M. Attal, tient en un petit slogan: “pas une voix pour le RN !” qu’ils ont repris mot pour mot du discours de Jean-Luc Mélenchon.
Pire, ils l’accompagnent d’actes. Depuis mardi soir, on sait que plus de 220 candidats ont été invités à se désister au bénéfice du seul projet qui leur reste : faire un rempart contre le RN.

Dans le sauve-qui-peut général, les scrupules et la morale s’envolent.
M. Macron, qui flétrissait hier encore l'agglomérat de gauche, décrit par lui comme “bricolage et tripatouillage avec lesquels on ne peut construire une majorité”, encourage désormais ses sympathisants à se rallier à ce magma insane…
M. Attal, premier ministre, n’hésite plus à prôner le vote pour des candidats de la gauche la plus abjecte ! Il qualifiait hier le nouveau front populaire "d’alliance de la honte". Aujourd’hui il appelle les électeurs à voter en sa faveur.
Edouard Philippe, ancien premier ministre et héritier du bastion havrais, arraché de haute lutte aux communistes par son prédécesseur Antoine Rufenacht, affirme qu’il préfère voter pour le PCF que pour le RN !
A gauche évidemment ce n’est pas mieux.
Marine Tondelier, au nom des écologistes, verse des larmes de crocodiles parce que Bruno Lemaire, dans un petit sursaut de réalisme, a indiqué qu’il ne voterait pas pour un candidat LFI, même pour faire barrage au RN.
Sandrine Rousseau, après avoir fait la leçon à M. Ciotti, affirme tranquillement qu’elle est “prête à tout du moment qu’on gagne”. Au moins, c’est clair.
S’ils sont élus dimanche prochain, M. Darmanin, madame Borne, le seront avec les voix de LFI, et M. Hollande sera laborieusement remis en selle grâce à LR, vestige du parti de M. Sarkozy !
Enfin, le pauvre Raphaël Glucksmann, qui a bien du mal à exister et qui ne sait plus trop où il habite, appelle de ses vœux pieux une assemblée nationale sans majorité, sans perspective, sans direction.
Tout cela relève de l’ignominie.

L’objectif de tous ces gens est désormais qu’il n’y ait pas de majorité claire et leur but, on ne peut plus simpliste, est de faire en sorte que pour la première fois de la Vème République, le parti arrivé en tête au premier tour avec plus de 30% des voix ne puisse constituer un gouvernement.
Qui peut croire M. Attal lorsqu’il invoque en désespoir de cause “une majorité plurielle” faisant l’impasse sur le plus grand parti de France ?
En réalité, lui et plus encore le Chef de l’Etat, préfèrent le chaos d'une nation ingouvernable et le spectre d'une piteuse démission, à une cohabitation peu glorieuse mais plus démocratique, avec ce qu'on appelle encore l'extrême-droite.
Ces perspectives navrantes sont de toute manière illusoires car pour le RN et ses alliés, si ce n’est pas pour ce coup-ci, ce sera pour le prochain. Finalement, même si pour le pays l’absence de majorité à l’Assemblée serait la pire des catastrophes, il vaudrait peut-être mieux pour Jordan Bardella qu’il n’y parvienne pas. Au moins on ne pourra pas lui imputer le bordel qui vient.

En vérité, la Démocratie, la République et les Valeurs, tout le monde s’en moque maintenant que le danger de perdre prébendes et rentes de situations est maximal. Il n’y a toujours aucune interrogation sur les raisons profondes de la montée régulière du RN. Aucune réflexion sur la cause du rejet massif par le peuple des politiciens traditionnels de tous bords.
Au contraire. Moins le fameux barrage convainc de monde, plus ses promoteurs, à court d’idées, s’accrochent à lui, usant de tous les derniers stratagèmes politiciens pour le faire perdurer. Plus ils perdent d'influence, plus ils deviennent radicaux et virulents. Il n’a jamais été aussi évident que le déferlement de haine et d’intolérance auquel on assiste, vient de la gauche, ralliant une bonne partie des artistes, réels ou prétendus, du petit monde de l’éducation, des syndicats, de la haute fonction publique, et même de la justice.

Comment les Français vont-ils réagir ? Seront-ils assez niais pour suivre les combines, les grosses ficelles, les pactes mort-nés, les faux-derches qui ne cessent de trahir leurs engagements, les chevaux de retour usés jusqu’à la moëlle, qui les ont trompés tant de fois ?
Une chose est certaine, la France va vivre des moments d’incertitude et de basse politique si ce n’est de pagaille et d'émeutes qui risquent de l’affaiblir un peu plus. Et de cela, tout républicain, démocrate, aimant son pays, ne peut que s’attrister si ce n’est ressentir un immense dégoût…

20 décembre 2023

Un Vrai Bal de Faux C...

Spectacle grandiose qui nous fut offert ces dernières semaines à l’occasion du vote de la loi dite “Immigration”. Rarement le désastre républicain fut plus éclatant, plus allégorique de la faillite progressive des valeurs et des repères sur lesquels se fonde notre société.
Sondage après sondage, les Français disent leur lassitude face au chaos migratoire qui submerge le pays. Une majorité écrasante de citoyens réclament des mesures pragmatiques de régulation et de limitation de ce flot dévastateur et anarchique. Pourtant les élus de la république, murés dans leur tour d'ivoire, semblent incurablement sourds à ces exhortations.
Ancrés sur des principes théoriques de plus en plus illusoires, et dévorés par une antipathie irrationnelle pour ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême-droite, ils sacrifient le réel au virtuel.

Ainsi, après la tragi-comédie d’une motion de rejet du texte de la réforme avant même son examen, puis le ballet de la Commission Paritaire Mixte, supposée remanier le projet pour trouver une majorité de parlementaires favorables, le vote a fini par entériner triomphalement une loi dont quasi personne n’a compris le sens et encore moins la portée, tant elle se perd en circonlocutions destinées à marier les contraires.
Hormis les vieux soudards irréductibles d’une gauche de plus en plus réactionnaire à défaut de révolution, tout le monde crie victoire.

M. Darmanin ministre de l’Intérieur qui portait le projet se félicite que ce “texte fort” soit passé “sans les voix du Rassemblement National”. Outre la stupidité d’une telle remarque très peu démocratique, il s’avère qu’elle est fausse. Sur les 535 votes exprimés, on compte 349 voix pour et 186 contre. La majorité étant de 268 voix, on peut affirmer que le texte ne serait pas passé si les 88 députés du Rassemblement National (RN) s’y étaient opposés. Au surplus, M. Darmanin fait peu de cas des 59 élus de la “majorité présidentielle” sur 251 qui n’ont pas approuvé le texte en votant contre ou en s’abstenant…
Le PR affiche sa satisfaction d'avoir fait plier le gouvernement qui s'est vu contraint d'accepter beaucoup d'aménagements législatifs pour espérer faire passer le projet sans recourir au fameux 49.3.
Le RN quant à lui a opté pour une tactique radicale mais non dénuée de revirement. Initialement opposé au texte, il s'y est rallié sans nuance malgré les insuffisances qu'il dénonçait il y a quelques jours encore (notamment la régularisation d'un certain nombre d'immigrés et le maintien de la ruineuse AME). A-t-il songé à l'adage qui veut que le mieux est l'ennemi du bien, a-t-il voulu éviter une crise plus profonde ou bien a-t-il cherché à humilier le parti présidentiel en volant hypocritement à son secours ? Dans ce cas, il faut reconnaître que c'est réussi...
La pantalonnade ne s’arrête pas là. Le soir même du vote on apprenait que le Président de la République, adepte de la stratégie du avance-et-recule, avait l’intention de saisir le Conseil Constitutionnel dans l'espoir qu’il rejette les amendements imposés par le Parti Républicain (PR).
Dans le même temps, madame Borne, premier ministre, ajoutait son grain de sel en clamant qu’elle était “profondément humaniste” et que ce texte “respectait ces valeurs” mais qu’il contenait “quelques mesures non constitutionnelles”. Comprenne qui pourra…

Enfin, pour que tout cela ressemble à un vrai bal de faux c…, on eut droit à une belle chorégraphie de fausses démissions de six ministres “tendance gauche macroniste” hostiles au durcissement du texte, puis de trois, et en fin de compte, du seul Aurélien Rousseau. Celui-ci se livra à un superbe numéro de mangeur de chapeau en annonçant urbi et orbi sa défection, sans aller toutefois jusqu’à en avertir le chef de l’Etat ni la "cheffe" du gouvernement qui qualifia ce beau coup d’épée dans l’eau de “non évènement”, ajoutant qu’il faut “arrêter de commenter ce qui n’existe pas”...
Pendant ce temps, on apprenait sur le front de la santé publique dont il était le ministre, que la pénurie de médicaments ne cesse de s'aggraver et que plus de 6700 lits ont été supprimés dans les hôpitaux en 2022 malgré les promesses du gouvernement ! Pour finir, Aurélien, ministre de la santé, dont le bilan se limite à l’interdiction de fumer sur les plages, démissionne. Ouf !

08 décembre 2022

La Fabrique des Pénuries

Les apôtres de la décroissance dont l’influence ne cesse de grandir, parviennent à imposer des réglementations de plus en plus absurdes et contraignantes aux entreprises, aux agriculteurs et aux vils consommateurs, au motif que tous sont suspects de se comporter comme des “ennemis de la planète”.
A mesure que la pression s’accentue, on assiste à des pénuries de plus en plus nombreuses : alimentaires, médicamenteuses, énergétiques.
A moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, il est impossible de ne pas voir le lien de causalité.

Un pas de plus vient d’être franchi par le parlement européen qui a voté tout récemment un texte interdisant l’importation sur le vieux continent de produits réputés issus de la déforestation.
Cette réglementation s’appliquera paraît-il aux entreprises commercialisant du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat, le papier, et les meubles…
L’écologiste Pascal Canfin, qui assure la présidence de la Commission Environnement ne cache pas sa satisfaction devant ce vote “historique” : “C'est le café du petit-déjeuner, le chocolat que nous mangeons, le charbon dans nos barbecues, le papier de nos livres. C'est radical.”
Radical, le terme est bien choisi pour qualifier cette offensive, bien intentionnée cela va de soi, mais effrayante par son caractère excessif et surtout par son inconséquence. La déclaration de victoire du député prétendu écologiste, est une forme d’aveu : le but recherché est bien de réduire drastiquement l’usage de produits faisant partie du quotidien de millions de gens.

Non contents de leurs erreurs passées, dont celle, énorme, ayant conduit gravement à déstabiliser la filière de production d’électricité, ces élus supposés représenter le peuple et garantir sa prospérité et sa liberté persévèrent donc.
Outre les carences à venir de quantité de biens que la France est bien incapable de produire, on peut s’attendre à une augmentation significative de leur prix. Au surplus, cette mesure témoignant d’un profond mépris pour les pays visés, entraînera selon toute probabilité des actions de représailles de leur part.
On peut ajouter en effet qu’il s’agit d’une forme de protectionnisme qui ne dit pas son nom. Après avoir rechigné, sous la pression de lobbies altermondialistes, à s’associer aux traités de libre échange avec le continent américain, après avoir sanctionné au nom de la santé publique l'importation de bœuf aux hormones et de denrées alimentaires à base d’organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est une nouvelle preuve du recroquevillement mortel de l’Europe. M. Macron a bonne mine d’aller récriminer auprès du président Biden au sujet de sa législation favorisant, pour les mêmes raisons éthiques, l’achat de véhicules électriques à l’exclusion de ceux assemblés hors du sol des États-Unis (Inflation Reduction Act)…

On peut enfin imaginer sans peine la complexité de l’usine à gaz qu’il faudra mettre sur pied, et les bataillons de fonctionnaires qu’il faudra recruter pour faire respecter cet oukase insane, fondé sur le contrôle tatillon de la traçabilité et de la géolocalisation des produits en cause !
Pour conclure, rien ne vient mieux que cette toute récente déclaration d’Alain Aspect, lauréat du dernier prix Nobel de physique, dénonçant «un discours anti-scientifique» qui consiste à dire que «revenir à l'état de nature serait beaucoup mieux». Un discours qui selon lui oublie «qu'avant les progrès de la science, avant l'invention des antibiotiques, des machines pour alléger la peine des hommes, la situation de l'humanité était beaucoup plus misérable qu'aujourd'hui."