31 mars 2021

In Memoriam Bertrand Tavernier

Je ne suis pas de ceux qu'on pourrait ranger parmi les aficionados de Bertrand Tavernier (1941-2021). Son cinéma m'a souvent paru un peu lourdingue et les causes pour lesquelles il crut bon de s'engager, un peu trop conformistes.

Il y a toutefois quelques films qui valent le détour, dans lesquels il s'est laissé allé sans trop de scrupules ni de préjugés mais avec le souci tout simple de rendre une atmosphère, un climat, ou de saisir par petites touches le cours fluctuant d'existences plus ou moins contrariées, plus ou moins passionnées. Il en est ainsi des charmantes saynètes familiales d’Un Dimanche A La Campagne, des subtiles notes bleues d’Autour De Minuit, ou de la plongée poisseuse Dans La Brume Électrique du bayou de Louisiane
La télévision nous a donné l’occasion de revoir à l’occasion des hommages rendus au cinéaste récemment disparu, le caustique Quai d’Orsay, un de ses derniers films, daté de 2013.
Cette satire de la vie à la Cour Républicaine met en scène un clone survitaminé de Dominique de Villepin, en pleine crise “lousdémistanienne”, alors que lui et ses conseillers préparent fiévreusement un important discours onusien. Le parallèle avec l'affaire irakienne est clair.
Tiré d’une bande dessinée, ce long métrage peine à en transcrire les ressorts comiques. Mais on ne s’y ennuie pas et, derrière les outrances et le cabotinage jubilatoire de Thierry Lhermitte dans le rôle principal, on trouve une satire de tout ce qui fait la folie française. Lourdeurs bureaucratiques, confusion dantesque des administrations, coutumes protocolaires archaïques, fastes inutiles, et pour finir, grandiloquence et boursouflure dans le verbe à défaut d’action. Tout cela conduit à une théâtralisation grotesque de la vie politique qu'incarnait à merveille le sémillant ministre des affaires étrangères de l'époque, mais dont on retrouve bien des travers aujourd’hui encore, en pleine pandémie de COVID-19.

“Responsabilité”, “Unité”, “Efficacité” sont les 3 piliers idéologiques, plus vrais que nature, autour desquels s’articule la fameuse oraison qui fut prononcée à New York, devant l’aréopage des nations. Elle se voulut point d’orgue de la diplomatie française, et se révéla chef d’œuvre de la vacuité politique !
En cette occasion comme dans beaucoup d’autres, l’État fit le contraire de ce qu’il annonçait pompeusement à la pointe de ses grandes charges rhétoriques, aussi clinquantes que vaines. On vit, en l’occurrence, jetés dans une exaltation féroce à la face des États-Unis d’Amérique, de grands principes, non seulement lâches mais totalement irresponsables, qui contribuèrent grandement à rompre l’unité fragile de la Communauté Internationale. S’ils n’empêchèrent pas au bout du compte, le déroulement d’une intervention militaire rapidement couronnée de succès, ils la rendirent inefficace à long terme, faute d’une détermination unanime des acteurs impliqués. En même temps qu'il avait trahi ses amis, le "vieux pays" avait instillé un poison dévastateur dans les esprits et dans l'opinion publique...
Il est dommage que la critique tourne à la pantalonnade, se limitant en somme à quelques pitreries plutôt bien-pensantes. Le propos est moqueur mais il reste bien aimable, et s’il vise l’homme dans son donquichottisme, il épargne le système, dont on rit mais qui demeure indemne.
Dans ce film, comme dans d’autres, Tavernier aurait pu se faire imprécateur, mais faute d’avoir osé attaquer en profondeur, il est resté dans l’écume, brillant mais éphémère...

29 mars 2021

Romance au Botswana

Qui connaît Seretse Khama ? Qui connaît la capitale du Botswana ? Et qui connaît mieux qu’à peine ce pays, presque aussi grand que la France mais dont on ne parle quasi jamais ?
Il est situé entre la Namibie et le Zimbabwe (ex-Rhodésie), au nord de l’Afrique du Sud. Sa capitale est Gaborone, ville quasi frontalière avec cette dernière, et que 300 kilomètres à peine séparent de Pretoria.
Parfois qualifié de Suisse de l’Afrique, le Botswana fut le siège d’une aventure assez extraordinaire, alors que le monde se remettait tout juste des horreurs de la seconde guerre mondiale.

Connu à l'époque sous le nom de Bechuanaland, le Botswana était un protectorat britannique et Seretse Khama (1921-1980) était l’héritier putatif de la couronne royale de la dynastie tribale des Khama dont son père était le dernier représentant en fonction. A la mort de ce dernier en 1925, le fils était bien trop jeune pour assumer la charge, confiée à la régence de son oncle Tshekedi Khama.
Parti pour l’Angleterre en vue d’y faire ses études et parfaire sa connaissance du monde et notamment des liens qui unissaient l'empire anglo-saxon à sa nation, réduite à l'état de vassale, un évènement imprévu bouleversa le cours du destin. Il arriva que le jeune prince s’éprit d’une compatriote de Shakespeare, nommée Ruth Williams, avec laquelle il se trouva beaucoup d’affinités dont un amour immodéré pour le jazz... 
Mais ce qui allait devenir une grande histoire d’amour se heurta très vite à de nombreux obstacles. Ce fut tout d'abord la famille de Ruth, qui exprima sa réprobation, surtout lorsque Seretse manifesta l’intention d’épouser celle pour laquelle il avait une si forte inclination.
En dépit des réticences, le mariage fut toutefois célébré en 1948, mais de retour au Botswana, le prétendant au trône et son épouse furent accueillis plutôt fraîchement, notamment par l'oncle tuteur, pour lequel il paraissait impensable que la future reine fut blanche et d’origine étrangère.
Le Conseil des Anciens fut plus compréhensif et donna raison au jeune prince plutôt qu’à son oncle, lequel préféra l’abdication à ce qu’il pensait être le déshonneur. La partie était loin d'être gagnée toutefois.
Alors que Seretse était reparti en Angleterre pour y plaider sa cause, il rencontra des réticences très vives de la part des autorités. Celles-ci voyaient également cette union d’un très mauvais œil, craignant en effet qu'elle entraine la détérioration des relations avec l’Afrique du Sud dont l’or et l’uranium étaient plus que jamais nécessaires au sortir de la guerre.
Résultat, le gouvernement travailliste de l’époque s’opposa au retour de Seretse dans son pays natal et Churchill, parvenu peu après au pouvoir, fit de cet exil un bannissement définitif, en dépit semble-t-il d’engagements pré-électoraux…

Ce n’est qu’en 1956, alors qu’il avait déjà donné naissance à deux enfants, que le couple fut enfin autorisé à repartir pour le Botswana, mais en tant que simples citoyens...
Bien que contraint de renoncer au trône, Seretse Khama ne se découragea pas. Il entreprit une carrière politique et fonda le Parti Démocratique du Bechuanaland. Grâce à sa popularité et peut-être aussi à la sincérité et au courage dont il sut faire preuve, son ascension fut rapide et après avoir gagné les élections, il devint premier ministre puis président de la république en 1966 lorsque son peuple obtint l’indépendance.
Le Botswana qui était alors un des trois pays les plus pauvres d’Afrique vit peu à peu sous son autorité sa situation s’améliorer et son organisation politique prendre la forme d’une démocratie moderne. Resté tel jusqu’à nos jours, il fut nettoyé de la corruption, mal endémique en Afrique, doté d’une fiscalité incitative et d’une gestion intelligente des ressources minières. Hélas ce brillant parcours fut interrompu par la mort prématurée de Seretse, atteint d'un cancer du pancréas à l'âge de 59 ans. Son fils, Ian, fera à son tour de la politique et accédera lui aussi à la présidence de la république 28 ans après la mort de son père.

Jusqu’à la disparition de Seretse, jamais l’union des amants hors normes ne fut prise en défaut. Cette aventure méconnue et à peine croyable, a été portée au cinéma par la réalisatrice Amma Asante. C’est le mérite de cette dernière que d’avoir fait sur ce sujet délicat mais très actuel, une œuvre mariant avec efficacité et pudeur la romance avec l’Histoire, sans sombrer dans le mélo, le sermon ou la grandiloquence. Le film, United Kingdom, interprété par David Oyelowo et Rosamund Pike, reçut un accueil mitigé de la critique. Il est certes classique dans la forme et sa narration s’inscrit dans un schéma très linéaire. Inspiré de faits réels qui sont racontés sans discours inutilement moralisateur ni victimaire ou revanchard, et sans fioriture par trop mélodramatique, il n’en est pas moins édifiant et pourrait être érigé en modèle par nombre de champions de l’anti-racisme, beaucoup plus à l’aise dans les accusations et la révolte que dans la glorification de visions apaisées ou l’éloge de personnes constructives...


22 mars 2021

L'Heure des Comptes

Alors que la France semble devoir pour la troisième fois faire face à une importante poussée contagieuse liée au funeste COVID-19, il est sans doute encore un peu trop tôt pour tirer des enseignements définitifs de cette interminable épidémie.
Pourtant la sortie de crise n’est peut-être plus si lointaine lorsqu’on voit la situation s’éclaircir et l’horizon se dégager dans les pays ayant précocement misé sur la vaccination. Par comparaison, la stratégie française, quoique bienveillante, reste hélas quelque peu erratique. Depuis le début de la pandémie, il s’avère que nous sommes toujours en retard à chaque rendez-vous. Même si l’on peut faire preuve d’indulgence pour nos dirigeants qui n’ont pas une tâche aisée, on est sidéré d’entendre leur auto-satisfaction, lorsqu’ils vantent leur politique qui selon eux aurait mieux permis que dans nombre d’autres pays d’éviter les pics dramatiques de contamination. Dimanche soir encore, on pouvait entendre Thierry Breton, “monsieur vaccin pour l’Europe”, prétendre avec une intrépidité indécente, que notre continent était en tête s’agissant de la production vaccinale, et assurer que tout se passait pour le mieux en matière de logistique. Il alla jusqu’à affirmer que tant de doses allaient arriver prochainement, qu’on pouvait balayer avec dédain l’hypothèse d’un recours au vaccin Sputnik V que les Russes peinent paraît-il à fabriquer, proposant même avec un culot d’acier l’aide de nos usines de production !

Si l’heure n’est pas encore au bilan, la Cour des Comptes quant à elle en est à celle des rapports. Comme à l’accoutumé, ils ne sont guère flatteurs pour nos Pouvoirs Publics. Spectacle toujours cocasse que cette institution payée par l'État nous donne, en “épinglant” régulièrement les lacunes et erreurs de ce dernier, sans qu’aucune conséquence pratique n’en soit jamais tirée !
Récemment les censeurs de la rue Cambon s’en sont donné à cœur joie pour critiquer l’organisation du système de santé.
En octobre dernier, on avait eu droit à un réquisitoire au vitriol concernant les réformes Bachelot, Touraine, Véran & Co qui avaient institué les Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT), plusieurs fois évoqués depuis des années avec rage et désespoir au fil de ce blog (la santé enfin soviétisée, Diplodocus and Co, l’Etat voit tout, L’Hôpital au bord du gouffre…).
Pour faire simple, ce texte concluait à l’échec sur à peu près tous les volets de cette réforme. Les GHT, véritables monstres administratifs regroupant de manière autoritaire les établissements de santé publics d’un même territoire de santé (entité géographique créée pour la circonstance...), n’ont pas permis l’amélioration promise de la qualité des soins. Ils ont en revanche provoqué un accroissement des coûts et des dépenses de santé et compliqué considérablement leur gouvernance, ajoutant des tonnes de bureaucratie, multipliant à l’infini les instances plus ou moins décisionnelles et rendant inintelligible la gestion sur le terrain. C’est donc un fiasco monumental auquel on assiste, dont l’issue était comme souvent, prévisible. Pour y remédier en revanche, rien de rien à l’horizon. Dont acte...

Plus récemment, le rapport annuel de la même Cour des Comptes pointait sévèrement l’impréparation de la machine étatique face à la crise du coronavirus. Comment faire autrement après que chacun a vu les retards à agir, l’impossibilité de produire un vaccin, l’inertie et les errements qui ont entaché la stratégie française à chaque étape de la progression du virus ?
Le fait le plus frappant, souligné par ce constat, est sans doute l’incapacité des services de réanimation à faire face à un afflux exceptionnel de patients. Sans être méchant, on pourrait dire que tout a été fait par les kyrielles de ministres qui se sont succédé rue de Ségur depuis des décennies pour en arriver là. Diminution arbitraire du nombre de lits, sectorisation et cloisonnement absurde des unités, normalisation délirante des ratios de personnels, tout s’est conjugué pour empêcher l’augmentation rapide des capacités de réanimation en cas de nécessité. C’est un vrai scandale organisé par l’État et ses succursales de tutelle, les Agences Régionales de Santé (ARS), auquel ont hélas collaboré avec candeur nombre de médecins. Ravis de jouer au Monopoly territorial institué par l’Administration, ils ont pris plaisir, au vu de critères arbitraires, à fermer des services ou contraindre l’activité de leurs confrères pour mieux la quadriller et la centraliser.
Aujourd’hui, on entend qu’on a trop fermé de lits dans les hôpitaux, qu’on a trop réduit le nombre de médecins, qu’on a cherché la rentabilité au détriment de la qualité. Il n’y a rien de plus faux. Partout dans le monde on a procédé à des ajustements similaires, rendus logiques par  l’allègement de beaucoup de prises en charge. Le problème de la France est qu’elle n’a pas su développer des alternatives, notamment mettre sur pied des services à géométrie variable, déléguer certains actes au personnel para-médical et réduire enfin les dépenses administratives.
Résultat,  notre système est asphyxié par les réglementations, et croule sous les normes. Les capacités des services de réanimation étant rendues inextensibles en cas d’afflux, on bricole en les faisant déborder vers des unités inadaptées, tant pour leurs locaux que pour leur matériel et leur personnel. Surveillance Continue, Soins Intensifs, Déchoquage, ou même Salles de Surveillance Post-Interventionnelle, et pour finir, transferts inter-hospitaliers dispendieux, tout est mis à contribution à la va comme je te pousse.
Facteur aggravant, la crise n'a pas déclenché d'actions correctives. Depuis un an, aucune mesure pratique n’a été envisagée pour revenir sur ce mécano archaïque. Malgré quatre réformes, depuis le début de l’ère Macron, aucune vraie réorganisation du système de santé n’a été proposée, aucun allègement de la technostructure n’a été pensé. On s’est borné à quelques augmentations de salaires, qui n’ont pas calmé le malaise général des soignants. La soviétisation de la santé semble arrivée à un point de non retour et plus personne ne sait ou n’ose quoi entreprendre. Beaucoup de personnels lassés continuent de déserter l’hôpital public dont les difficultés pourraient donc encore s’accroître prochainement.

Ces tout derniers jours encore, les recommandations vaccinales contradictoires, le confinement sans confinement, les attestations sans attestation, l’inaptitude à empêcher les rassemblement monstres, sources évidentes de foyers de contagion, et cerise sur le gâteau, le comportement irresponsable de la ministre de la culture, anciennement ministre de la santé, démontrent de manière désespérante l’insistance des pouvoirs publics, à préférer subir les évènements plutôt que les anticiper ...

12 mars 2021

Tristes règnes

Dans l’optique de la déconstruction du passé et des repères culturels traditionnels, qu’il me soit permis de recommander deux films récents particulièrement édifiants. Tous deux sont sortis en 2018 et tous deux concernent l’histoire du Royaume Uni et de ses reines.
Le premier porte le nom de la souveraine dont il conte la triste histoire, Marie Stuart (1542-1587), indissociablement liée par le destin à sa cousine Elisabeth Ire Tudor, et il est mis en scène par Josie Rourke. Le second, La Favorite, se situe plus d’un siècle plus tard et s’intéresse sur un ton beaucoup plus léger, à la cour d’Anne d’Angleterre (1665-1714), dernière représentante de la Maison Stuart. Il est l'œuvre du cinéaste grec Yórgos Lánthimos.
S’agissant des qualités cinématographiques, disons que le premier, de facture très classique, offre de magnifiques vues de l’Écosse et une reconstitution très soignée de la vie de l’époque. N’étaient les longueurs et le déroulement très linéaire, pour ne pas dire statique des évènements, on pourrait dire qu’il s’agit d’un beau spectacle. Ajoutons à cela que les rôles principaux sont remarquablement bien distribués et que les actrices portent de manière impressionnante les destinées dramatiques qu’elles incarnent, Saoirse Ronan en Marie Stuart et plus encore Margot Robbie en Elisabeth I.
On ne peut en dire autant de La Favorite, de conception formelle certes plus audacieuse mais tellement boursouflée qu’elle agace rapidement. Le réalisateur fait en effet assaut d’artifices supposés rendre vivant le récit qu’il propose, mais c'est en pure perte. L’abus des travelling angulaires, façon jeu vidéo, réalisés avec un objectif fish-eye, donne le tournis. En dépit du soin apporté à la confection des costumes, les prises de vue sont souvent imprécises ou bien crépusculaires à force de vouloir rendre avec réalisme l’éclairage aux chandelles. On est loin de Kubrick…
Rien à dire sur la qualité intrinsèque des acteurs, surtout des actrices en l’occurrence. Olivia Colman (la reine Anne), Rachel Weisz (l’impétueuse Sarah Churchill, duchesse de Marlborough), et Emma Stone (Abigail, l’intrigante favorite) se démènent pour s’inscrire au mieux dans le scénario bouffon que le réalisateur leur fait jouer, qui relève de l’histoire vue par le petit bout de la lorgnette.

Le vrai problème est là : on n’apprend rien de ces mises en perspectives pseudo-historiques. Rien sur les époques, ni sur les grands enjeux politiques et sociaux qui les marquèrent. Et rien de rien sur leur foisonnement culturel. Ce n’est certes pas l’objectif poursuivi lorsqu’on cherche avant tout à faire ressentir le destin dramatique de l’infortunée Marie Stuart, mais face à elle, Elisabeth I (1533-1603) paraît bien terne et timorée malgré son maquillage outrancier. On peine à imaginer qu’elle incarne l’âge d’or anglais, pendant lequel s’illustrèrent nombre d’écrivains à commencer par Shakespeare…

S’agissant de la reine Anne, c’est bien pire encore. On la fait passer pour une personne passablement évaporée, capricieuse si ce n’est idiote, totalement sous la coupe de sa première favorite Lady Sarah. Cette souveraine qui endura 17 grossesses dont aucune ne permit d’offrir à son pays un héritier adulte, aurait passé, si l’on en croit ce film, le plus clair de son temps à cajoler ses lapins qui pullulaient dans les salons du palais, à se goinfrer de pâtisseries, et à hurler de manière hystérique sur tout et n’importe quoi, tout ça pour finir rongée par la goutte et les crises d’apoplexie ! On passe totalement sous silence qu’elle fut une mécène avisée, qui apporta un soutien financier au musicien Haendel, et dont le règne fut caractérisé par l’émergence d’un style architectural novateur, et d’une belle floraison d’artistes et de littérateurs parmi lesquels on compte Daniel Defoe, Jonathan Swift, et Alexander Pope.

C’est bien là une étrangeté que de voir ces cinéastes réaliser des œuvres qui furent qualifiées de féministes par nombre de critiques enthousiastes, mais qui donnent si peu d’importance à la stature politique de leurs héroïnes. Alors qu’elles ont fait face avec courage et détermination à leurs responsabilités, on insinue qu’elles n’auraient été que les jouets d’hommes, par nature tous néfastes, cupides, lubriques, inconstants ou méchants. Pire, on les montre préoccupées avant tout de considérations domestiques dérisoires ou scabreuses. Et pour faire moderne on brode ou bien on invente des relations homosexuelles débridées dans l’entourage intime de Marie Stuart, en soulignant sa grande indulgence, très peu vraisemblable, vis à vis de comportements exhibitionnistes, voire franchement obscènes. Chez la reine Anne, encore une fois c’est pire. Les femmes sont lesbiennes et l’affichent sans vergogne et sans aucun état d'âme. La gent masculine est quant à elle grotesque, stupide et les rôles de ses représentants, quasi inexistants.
Passons enfin sur les incongruités et anachronismes qui nous donnent à voir des lords “de couleur” au XVIè siècle, des dames de compagnie aux yeux bridés, et qui donne à entendre un langage plein de trivialités et d’expressions quelques peu décalées.

Au total, en fait de reconstitution rigoureuse, on a droit à une destruction en règle de faits communément établis et on assiste à un travestissement sans grand intérêt de l’histoire puisqu’il n’a pour seul dessein que de satisfaire aux codes idéologiques et à la mode d’un temps qui ne sait pas vers quels abimes il dérive…
Au moment même où la monarchie britannique est à nouveau ébranlée par les caprices et les inconséquences de certains de ses héritiers, ces images distillent avec une délectation morbide le mortel parfum de la décadence.

07 mars 2021

Y a plus d'justice

Avec “l’affaire dite des écoutes” impliquant Nicolas Sarkozy, s’étalent une fois de plus au grand jour les vicissitudes de notre justice.
Difficile en effet de ne pas voir un esprit partisan et revanchard dans la décision du tribunal, de condamner l’ancien président de la république.
Après maintes tentatives aussi fumeuses qu’infructueuses, les magistrats ont réussi “à se faire” leur bête noire. Ils y sont parvenus en se fondant sur des présomptions nées d’écoutes téléphoniques non seulement abusives, puisque liées à une autre affaire, mais extravagantes depuis qu’on sait que cette dernière, concernant un hypothétique financement de campagne par la Libye, fut montée de toutes pièces par certains médias, et possiblement par les juges eux-mêmes...


Orchestré par le Parquet National Financier (PNF), le procès, dont l'objet est tout sauf financier, s’est achevé par une condamnation à de la prison ferme. Ce verdict restera comme une honte, tant la procédure fut à charge, montant en épingle des délits somme toute véniels si ce n’est imaginaires, et entachée de nombreux vices de forme, dans le recueil des preuves, et jusque dans l’écriture du jugement. Sur les quelques 240 pages du texte, les magistrats se sont en effet révélés incapables d'orthographier correctement le nom de l'accusé ! Lequel a bien sûr fait appel, sans savoir que pris d’une soif inextinguible de vengeance, le PNF annoncerait quelques jours plus tard son intention de faire de même afin d’obtenir une peine encore plus lourde !

Peu importe que ce jugement porte ou non atteinte à la carrière politique de Nicolas Sarkozy. Qu’il le veuille ou non, le train est passé pour lui. Il a largement raté son mandat, et en dépit de la sympathie qu’il suscite encore, peu de gens souhaitent probablement le voir revenir au sommet de l’État.
L’essentiel est ce que cela révèle, à savoir une faillite de la justice dont l’impartialité et l’efficacité paraissent sérieusement entamées.
On pourrait gloser sur d’autres décisions aussi lourdes et partisanes. On peut surtout mettre tout ça en balance avec la faiblesse des sanctions à l’encontre de la violence, des délits et des crimes qui marquent de manière désespérante l’actualité quotidienne.

On se souvient du malheureux professeur sauvagement assassiné il y a quelques mois par une brute plusieurs fois impliquée dans des actes de violence, mais à qui on avait accordé le droit d’asile dans notre pays !
Dernier fait en date, l’agression barbare d’un journaliste à Reims par un voyou multi-récidiviste, condamné paraît-il 8 fois, et toujours en liberté...
On pourrait également s’étonner de l’implacable sévérité de l’État qui vient d’obtenir la dissolution de l’association Génération Identitaire, au motif que ses manifestations et actions médiatiques porteraient atteinte à la République. Dans le même temps les militants de Greenpeace, déjà coupables de maints délits comparables mais commis au service d’une idéologie plus “progressiste”, ont pu pénétrer tranquillement sur le tarmac de Roissy et s’employer pendant plusieurs heures à dégrader consciencieusement un avion d’Air France, cloué au sol, sous les yeux complaisants des caméras, et sans la moindre intervention des forces de l’ordre !

Face à cette montée irrépressible des infractions à la loi, des violences et des délits, il y a manifestement deux poids deux mesures, en fonction de considérations idéologiques, le tout étant aggravé par l’impuissance chronique des Pouvoirs Publics. Ainsi dans un contexte d’insécurité croissante, la mesure phare de la réforme proposée par le ministre de la justice est de supprimer l’automaticité des réductions de peines ! On croit rêver en apprenant que c’était la règle, mais on pense aussitôt qu’il suffira aux procureurs d’adapter leurs réquisitions. Autant pisser dans un violon…

Dans un registre moins grave mais tout aussi révélateur de l’incurie judiciaire, on apprenait tout récemment qu’à Paris désormais, les responsables de la pollution liée aux mégots négligemment jetés sur la voie publique ne seraient pas les fumeurs mais les cigarettiers. Ils devront passer à la caisse pour financer le nettoyage !

Nul doute que ce précédent inspirera d’autres actions, dévoyant toujours plus les notions de responsabilité et de devoir civiques, détournant les sanctions des vrais coupables, et cassant in fine les ultimes repères fondant “l’esprit républicain” et le “vivre ensemble” dont on nous rebat les oreilles. Les juges quant à eux pourront continuer de juger selon leur bon plaisir et en toute impunité, puisqu’ils ne seront jamais jugés...

A l’occasion de la dernière affaire Sarkozy, le calamiteux Hollande s’est empressé de ramener sa fraise façon rantanplan, pour défendre le PNF, “sa” création.
Lui qui fut de très loin le plus mauvais des présidents de notre piteuse Vème république. Lui qui a si longtemps gravité au sein de la cour de Mitterrand où les magouilles et le copinage étaient monnaie courante. Lui qui a accéléré le désastre de la justice à la mode Taubira et des finances publiques à la sauce Cahuzac. Lui qui a tout fait pour achever de transformer le socialisme prétendument vertueux en écuries d’Augias… Lui ne manque assurément pas d’air...