L’annonce par le président américain de l’augmentation des droits de douane à l’entrée des Etats-Unis, s'apparente à un pari risqué pouvant mener à davantage de protectionnisme, dont on connaît les effets néfastes. On espère qu'elle a été mûrement réfléchie, mais pour l'heure, elle a manifestement été faite avec le but de choquer.
Le résultat ne s’est pas fait attendre.
On ne compte plus les réactions, les avis d’experts autorisés, les truismes en tous genres et surtout les bêtises qui ont fusé après cette décision, que Marc Fiorentino s'est fait plaisir à colliger dans son excellente Newsletter:
"C'est une remise en cause de l'ordre économique mondial !"
"On revient aux années 30 qui ont amené la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale !"
"Et évidemment tous les commentaires sur la stupidité, car il ne peut être que fou ou stupide, avec laquelle Trump aurait calculé ses droits de douane."
"Et des brillants économistes nous expliquent avec certitude que ces droits de douane vont provoquer une flambée de l'inflation et mettre l'économie américaine à genoux."
"Et évidemment tous les commentaires sur la stupidité, car il ne peut être que fou ou stupide, avec laquelle Trump aurait calculé ses droits de douane."
"Et des brillants économistes nous expliquent avec certitude que ces droits de douane vont provoquer une flambée de l'inflation et mettre l'économie américaine à genoux."
En France bien sûr on est monté au créneau en hurlant au fou comme d’habitude. Coutumiers que nous sommes du déni de réalité, on feint de croire qu’il s’agit d’une déclaration de guerre alors que c’est nous qui avons entamé les hostilités, et ce, depuis de nombreuses années !
Combien de fois nous a-t-on expliqué qu’il fallait taxer et surtaxer les géants US de la tech, les fameux GAFAM, devenus plus récemment les 7 Magnifiques.
Mais bien avant cela, on avait procédé à quantité de mesures protectionnistes à l’encontre de l’Oncle Sam. Entre autres, on peut évoquer l’interdiction du bœuf et des volailles américaines, au motif foireux qu’ils seraient impropres à la consommation car bourrés d’hormones, d’antibiotiques ou passés au chlore. Dans le même esprit, on avait banni les céréales accusées d’être de dangereux OGM. En plus des taxes douanières, nous avons institué la fameuse TVA qui s’élève à 20% et frappe tous les produits à l’import alors que nos exportations en sont exonérées, notamment aux Etats-Unis où cette fiscalité n’existe pas. Les fiscalistes à l’imagination débordante avaient même imaginé le principe tordu d’une TVA sociale, supposée dégrever quelque peu nos entreprises au détriment de celles de l’étranger. N’oublions pas dans le domaine culturel le racket institutionnalisé ponctionnant les blockbusters made in US qui permet de subventionner notre “cinéma d’art et d’essai” et notre soi-disant exception culturelle …
C’est donc l’hôpital qui se moque de la charité lorsque notre président de la république, grand satrape du pays champion du monde des impôts, chef pitoyable d’une nation aspirée dans la spirale infernale des déficits et de la paupérisation, ose s’insurger contre la nouvelle fiscalité américaine. Il ne manque pas d’air en parlant d’une “mesure brutale, infondée”. Il fait figure d'histrion ridicule lorsqu’il promet une “riposte” et affirme qu’avec les récentes décisions trumpiennes, “une chose est sûre, l’économie américaine et les Américains, qu’il s’agisse des entreprises ou des citoyens, sortiront plus faibles qu’hier et plus pauvres.”
Il joue au despote d'opérette lorsqu'il enjoint les chefs d'entreprises françaises de cesser tout investissement aux Etats-Unis. On peut dire qu'il est brillamment secondé dans ses recommandations ubuesques, par son médiocre ministre de l'économie Eric Lombard qui leur ordonne de son côté de faire preuve de patriotisme !
Le président américain insiste quant à lui sur le fait qu’il s’agit de simples mesures de réciprocité. Chez nous, on serait bien avisé de parler d’harmonisation fiscale, mot si cher aux technocrates !
A l’instar de Shakespeare, on aurait tendance à dire que cette panique et ces hauts cris font beaucoup de bruit pour pas grand chose.
Certains ont déjà compris que l’heure était propice à l’ouverture de négociations et qu’il valait mieux être parmi les premiers à le faire, en acceptant quelques concessions.
L’intervention du Premier Ministre britannique Keir Starmer va dans ce sens, lorsqu’il invite à "garder son sang froid", à "ne pas envisager de représailles systématiques" et à discuter sans tarder avec l’Administration américaine.
La seule réaction vraiment sensée vient d’Italie, par la voix de Georgia Meloni affirmant en parlant des taxes douanières, "qu’il faut avoir l’objectif de les supprimer, non de les multiplier". Elle a dénoncé dans le même temps « les droits de douane que l’Union européenne s’est imposée à elle-même », et a appelé à une remise en cause des « règles idéologiques » du Pacte Vert.
La bataille de fait que commencer…