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13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux révèle que le magnat devenu politicien lui fait penser au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hypertrophique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

07 novembre 2024

God Bless America

Décidément, l'Amérique nous surprendra toujours.
On avait prédit une élection “très très serrée”, forcément émaillée de troubles à l’ordre public, de contestations en tous genres. De leur côté, les experts autoproclamés du sens de l’Histoire avaient prophétisé la victoire de la lumière sur les ténèbres (air connu) et annoncé par avance que le méchant Donald Trump refuserait sa défaite.
En France, comme d’habitude, l’affaire était depuis longtemps pliée. Après avoir parié inconsidérément sur le pauvre Joe Biden, la star était devenue Kamala Harris avec sa tchatche et son sourire maous (à défaut de programme). C’est bien simple, selon les sondages, seuls 13% des Français auraient voté Trump, ce qui montre une fois encore les ravages du grégarisme dans notre pauvre pays.

Le Peuple Américain en a décidé autrement. Il a surmonté la propagande, les mensonges, les caricatures et la bien pensance rance, pour faire contre toute attente un triomphe au revenant Trump. Il lui a offert le grand chelem : gagnant en nombre de grands électeurs, en votes populaires, et raflant au passage la majorité au Sénat et probablement à la chambre des Représentants.

Le spectacle politique donné par cette élection fut, comme souvent outre-atlantique, des plus réjouissants.
Quel régal de voir la déroute des médias du mainstream, emportés vers l’égout par le torrent de leurs insanités. Notons au passage l’exception du Washington Post qui eut la décence de ne pas prendre parti. Les commentateurs avisés se sont gaussés de cette attitude qui lui aurait fait perdre sur le champ pas moins de 250.000 abonnés. Qu’importe au fond, s’il en regagne le double demain…
Quel délice de voir le concert défait des stars du showbiz qui crurent très intelligent de gesticuler autour de Kamala avec de grands slogans creux dictés par des prompteurs aux états d’âme factices (lorsqu’ils fonctionnaient…). Ils ont pu mesurer la vanité de leur célébrité et la volatilité de leur influence. Grand bien leur fasse.
Quelle joie de voir les misérables suppôts franchouillards d’une gauche nauséabonde, obligés de manger leur chapeau en éructant un flot d’injures et de menaces revanchardes ineptes. On dirait qu’ils sont soumis à une séance d’exorcisme.
Quel plaisir enfin de voir une Amérique décomplexée, heureuse du bon tour qu’elle a joué au Monde. Éternel recommencement…

Aujourd’hui, le score obtenu par le candidat républicain pose à nouveau la question du scrutin de 2020, en pleine épidémie de COVID, et de son résultat plus que jamais contestable.
Il faut en tout cas saluer le courage, la détermination de Donald Trump qui après avoir été terrassé, est remonté sur sa monture et envers et contre tous les obstacles et toutes les procédures politico-juridiques entravant sa route, a su convaincre son pays du bien fondé de son projet, qui reste fidèle aux grandes lignes de celui de 2016, basé avant tout sur le pragmatisme et le bon sens.
Il est probablement mieux entouré qu’à l’époque et s’est adjoint pour la circonstance le gratin des entrepreneurs qui réussissent et parviennent encore à incarner le rêve américain, à commencer par le bouillonnant Elon Musk qui fut le héraut inspiré de ce retour en fanfare.

Il reste à espérer que le mandat à venir soit l’occasion pour le 47ème président des Etats-Unis de réaliser de grandes choses et que les accusations outrancières voire totalement infondées dont il est l’objet finissent en poussière.
Accusé de populisme,Trump a su parler au peuple. Ce dernier attend beaucoup mais il se souvient qu’entre 2017 et 2020, l’Amérique allait plutôt bien.
Pour se convaincre que Trump n’est ni fasciste, ni protectionniste, ni raciste, ni misogyne, ni complotiste, ni instable, ni même imprévisible, il suffit pour ceux qui n’ont pas l’esprit trop borné par les a priori de se reporter à son petit ouvrage Crippled America. Tout y est dit.
Ils comprendront également que les outrances verbales du “milliardaire” ne reflètent pas sa pensée mais sont parfaitement calibrées pour faire office d’os à ronger, destinés à nourrir la meute aboyante accrochée à ses basques. Pendant ce temps, il mène sa barque et son projet politique, non sans pratiquer un humour parfois dévastateur. L’épisode du quart d’heure chez McDo et celui du camion poubelle resteront sans doute dans les annales…

16 juillet 2024

Une Vie de Héros

En ces moments d'une rare intensité tragique, quel autre titre que celui du grandiose poème symphonique de Richard Strauss qualifierait mieux Donald Trump ?
Cet homme est décidément à part. Tout ce qui lui arrive est exceptionnel. Il fascine autant qu’il effraie, mais quel bonhomme !
L'incroyable coup du destin survenu ce week-end lui donne, qu'on le veuille ou non, une stature de commandeur, illustrée par ce cliché extraordinaire, capté lors de l'attentat qui a failli lui coûter la vie. Il vient d'être touché à l'oreille par une balle. Après un mouvement d'évitement réflexe, il se relève, il a le visage en sang mais il est debout, plus déterminé et combatif que jamais !

Quoiqu’il arrive désormais, il aura marqué son temps. Que peuvent dire tous les haineux, les revanchards, les pisse-vinaigre, les culs-bénis de la bien-pensance, les ignares bêtes et méchants, et les incapables de voir au-delà du bout de leur nez, qui tous voulaient sa perte ?
Ils étaient occupés pour l'heure, à chercher une posture face au désastre incarné par l'autre champion, porté au pouvoir il y a bientôt quatre ans, par anti-trumpisme primaire, et dont ils avaient refusé de voir à l'époque le déclin intellectuel et l'incapacité politique.
Hélas pour eux, l'évidence est devenue trop criante aujourd'hui pour être occultée.

On ne tire pas sur une ambulance, donc on n’insistera pas sur le fiasco du dernier sommet de L'OTAN, achevé sur une monumentale bourde du pauvre Joe Biden. Hormis ce mot malheureux, il n'est pas seul fautif car la stratégie occidentale dans le conflit russo-ukrainien, aussi obstinée qu'inopérante, est consensuelle si l'on peut dire ! Que de dépenses inutiles, que de sanctions stupides, que de vains encouragements guerriers, et pour finir, combien de morts inutiles ?

Dans cet épisode bouleversant, il y a quand même quelque chose de comique. C'est le réveil de George Clooney et de l'intelligentsia écolo gaucho bobo. Après avoir encensé un leader sans ambition ni charisme, ils voudraient l'éliminer du paysage, sans état d'âme, parce qu'il est devenu un peu plus chancelant.
Encore un petit effort. Ils pourraient peut-être bientôt reconnaître que Donald ne ferait pas un si mauvais président. Ils vont peut-être même découvrir qu'il l'a déjà été et que l'Amérique ne s'en est pas plus mal porté qu'avec Joe. Plutôt mieux même...

30 juin 2024

Du Mensonge en Politique

Aujourd’hui, c’est le grand saut dans le vide. L’abcès qui empoisonne l'espace politique jusqu’à le gangréner en profondeur depuis des décennies, est sur le point de se rompre.
Nul ne sait encore ce qui en sortira. Une suppuration chaotique immonde menant à la guerre civile comme certains le prédisent, le craignent ou même semblent le désirer ? Ou bien un nouvel ordre républicain, chargé d’incertitude et d'une lueur d'espoir ?

Outre-Atlantique, chez nos amis américains la situation n’est guère plus enviable. Il y a deux jours à peine les deux candidats à l’élection suprême s’affrontaient en un pathétique débat.
Les nombreux et virulents détracteurs de Donald Trump qui étaient à l'affût du moindre incident ou dérapage le concernant ont pris conscience tout à coup de l’obsolescence critique de son adversaire, Joe Biden. Le spectacle leur a troué le c.. comme on dit. Ils en sont restés comme deux ronds de flan.
Ces gens bien pensant dont la partialité confine parfois à l’absurdité n’avaient encore rien vu de la sénilité de l’actuel président !
Elle était pourtant évidente à chacune de ses apparitions depuis sa prise de fonction. Comme chacun sait, il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…

Face à ce désastre qui leur éclate en pleine figure, ils n’ont plus grand chose à dire contre Trump. Le seul argument encore audible est selon eux qu’il ment. La belle affaire ! A supposer que cela soit vrai, serait-il le seul politicien qui mente ici bas ?
Après le débat, l'épouse du malheureux Joe y est allée elle-même de son petit couplet : “lie, lie, lie !”
Juste avant, elle venait de féliciter son mari qui selon elle “avait bien répondu à toutes les questions” ! Plus menteuse tu meurs !
Personne n’ose avancer une telle énormité. Pour tout dire, de l’aveu unanime, le président a raté sa prestation à tel point que le New York Times, peu enclin à la critique du parti à l’âne, demande qu’il soit remplacé de toute urgence par un autre candidat. Le problème est qu’il n’y a pas foule pour accepter de prendre cette place glissante, et peu de personnalités crédibles dans un parti divisé, en proie au doute et aux contradictions. Encore faudrait-il d’ailleurs que le tenant du titre se résigne à s’effacer, ce qui est loin d’être le cas… Voilà où l’anti-trumpisme bas de plafond a mené l’Amérique. A la probable réélection de Trump ou bien au cataclysme !

En France, c’est le "tout-sauf-l’extrême-droite" qui nous a conduit à l’abîme devant lequel nous sommes.
Il faut dire qu’en matière de mensonges politiciens, notre piètre république est servie. Le mal est dans le fruit de longue date, mais ces élections législatives précipitées ont donné lieu à une surenchère affolante de contre-vérités, de dénis, de tromperies et de mystifications. Rien ou presque ne tient debout dans le déluge de promesses, de programmes à la dubout, et de lendemains supposés chanter.
Le Président, qui selon son habitude, dit tout et son contraire, ment au moins une fois sur deux.
S'agissant de la gauche, le conglomérat abject qu’elle propose au peuple repose exclusivement sur les falsifications, les compromissions et les délires idéologiques. A ce niveau, cela relève de l’imposture.

Mais les dés sont jetés. Aux Urnes citoyens ! Advienne que pourra…

06 juin 2024

D-DAY 6/6/44

Les commémorations entourant le quatre-vingtième anniversaire du D-Day donnent une nouvelle fois l’occasion de rappeler la conduite exemplaire des Etats-Unis dans un conflit, aux causes duquel ils étaient totalement étrangers.
Aucune personne ayant un cœur ne peut retenir son émotion devant les cimetières de l’armée américaine, à Colleville et Saint-James, en Normandie. Les milliers de croix blanches témoignent d’autant de moments brisés du rêve américain, mais leur incandescence muette et immobile répand une irradiation mystérieuse sur l’immensité verte d’un gazon sans défaut. L’esprit de l’Amérique se manifeste de manière poignante dans ces alignements pathétiques et l’on suit le cœur serré, leur indicible progression jusqu’à l’horizon, en se prenant à espérer qu’elle mène à la porte d’or de la liberté éternelle.
Saint-Exupéry ne s’y était pas trompé, lorsque dans son émouvante lettre à un américain, il s’écriait : « Amis d’Amérique, je voudrais vous rendre pleinement justice. Ce n’est pas pour la poursuite d’intérêts matériels que les mères des Etats-Unis ont donné leurs fils. »

Tous les discours, toutes les interprétations, toutes les opinions sont de bien peu de poids face à cette vision bouleversante. L’Amérique a donné beaucoup du sang de ses enfants pour permettre aux plus belles idées de l’esprit humain de progresser, et pour faire tomber en poussière les monstrueuses chimères qu’il engendra hélas aussi, dans sa grande faiblesse.
La contestation systématique des États-Unis se nourrit souvent d'arguments bien médiocres. Ceux qui entendent construire une Europe en opposition avec l’Amérique, ou en perpétuelle lutte d'influence avec elle, font hélas un mauvais et sordide calcul. L’avenir le plus désirable à l’évidence, est celui d’une amitié fraternelle ; celui qui mène à l’avènement du fameux « âge de raison » évoqué par Thomas Paine.

La défiance est d’autant moins explicable que les USA quant à eux, n’ont jamais mis en doute la loyauté de l’Europe. Contrairement à de nombreuses allégations, ils n’ont jamais manifesté le moindre signe tendant à démontrer qu’ils cherchaient à la diviser ou à l’affaiblir. Le 4 juillet 1962, le président Kennedy, en apportait une preuve, en déclarant lors d’un discours tenu à Philadelphie : « Nous ne regardons pas une Europe unie et forte comme une rivale mais comme une associée ».
En 1963, il précisait encore davantage sa pensée pendant un séjour en Allemagne : « Seule une Europe parfaitement soudée peut nous préserver tous d’une fragmentation de l’Alliance. Seule une telle Europe permettra une parfaite réciprocité de traitement de part et d’autre de l’océan, dans l’exécution du programme atlantique. Et ce n’est qu’avec une telle Europe que nous pourrons définir de vraies concessions mutuelles entre égaux, un partage équitable des responsabilités et un même niveau de sacrifice. »

* Extrait de mon ouvrage l’Esprit de l’Amérique, paru en 2004 chez Publibook.

22 février 2024

More Trump

Donald Trump
est toujours là. Sa silhouette massive de commandeur est plus que jamais omniprésente, malgré les innombrables tentatives entreprises par ses adversaires pour la faire choir dans la poussière.

En bien, mais surtout en mal, on parle de lui. C’est sans doute l’essentiel pour lui, mais ce doit être tout de même éprouvant à la longue. Cet homme n’est-il donc que maléfique ?
La liste des griefs qu’on lui reproche est si longue, si baroque, si fantaisiste qu’elle pourrait prêter à sourire si elle ne révélait une lame de fond anti-démocratique inquiétante.

Son plus grand péché, peut-être l’arme fatale pour le faire chuter, fut assurément la complaisance qu’il manifesta vis-à-vis de la mascarade du Capitole provoquée par sa défaite lors de l’élection bâclée de 2020. Son attitude fut certes fautive, doublement même, puisqu’elle ne pouvait espérer inverser le résultat et qu’elle ouvrait un boulevard à ses ennemis. Mais ses ennemis sont-ils plus vertueux ? Rien n’est moins sûr.
Les chochottes gauchies ont fait mine d’être effarouchées par “la tentative de putsch”, mais elles n’ont jamais été gênées par les tombereaux de qualificatifs orduriers dont on couvre en toute circonstance depuis des années le cher Donald. Ces gens n’ont rien vu de mal dans les manifestations vindicatives faisant suite à son élection fin 2016, lorsque des foules revanchardes firent le siège, des jours durant, de la Maison Blanche en arborant le slogan “Not My President”. Ils ne furent pas davantage troublés de voir des juridictions partisanes bloquer systématiquement tous les décrets émis par le nouveau président et entraver toutes ses actions, lesquelles figuraient pourtant dans le programme pour lequel il avait été élu…

Aujourd’hui on s’offusque dans les chaumières douillettes de la vieille Europe de son discours provocateur, affirmant que son pays ne pourrait plus garantir la sécurité de notre continent si nous n’y mettions pas du nôtre. Certains ont même fait semblant de croire qu’il nous livrait corps et biens à l’ogre russe. Quelle sottise !
Il y a déjà quelques années, Donald Trump président, avait sermonné les Européens et plus précisément les Français, qui évoquaient avec cynisme la “mort clinique” de l’OTAN, financée quasi exclusivement par les seuls Etats-Unis, tout en se complaisant dans une languide torpeur, à l’abri du parapluie de l'Oncle Sam.
Aujourd’hui, il enfonce le clou et la meilleure preuve qu’il a raison est que son discours a porté. On annonce que 17 pays membres de l’OTAN ont enfin porté leur budget à hauteur des 2% minimum qu’il réclamait (bientôt, même la France pourrait y parvenir…).

Vladimir Poutine lors d'une interview vient de révéler qu’il préférait la victoire de Joe Biden à celle Donald Trump. Précisons qu’il fit cette réponse avant d’être traité de “crazy son of a bitch” par l’actuel président américain. Peu importe, car aussitôt les commentateurs avisés se sont empressés de déclarer qu’il s’agissait à l’évidence d’une manœuvre, une sorte de “baiser qui tue”, destiné à discréditer aux yeux des électeurs Joe Biden.
Ces mêmes auraient ils eu la même réaction si Poutine avait déclaré sa préférence pour Trump. La réponse est trop évidente…

22 juin 2023

Capitalisme Flamboyant

Elon Musk
est l’incarnation même du capitalisme flamboyant. Il associe esprit d’entreprise, innovation, et, last but not least, fortune.
Son parcours n’est pas exempt d’échecs, de revers et d’erreurs. Comme le capitalisme, il évolue par crises, mais il les surmonte avec vigueur et sort en règle vainqueur. Son imagination, son dynamisme et son enthousiasme semblent sans limite.

Aussi, il est assez jouissif, pour un vieux libéral, de le suivre, au sommet de sa réussite, parcourant le monde, et de voir à chacune de ses étapes les chefs d’États et leurs plus hauts représentants le recevoir en grande pompe sur le tapis rouge.
Aujourd’hui c’est en Inde qu’il rencontre le Premier Ministre Narendra Modi après son passage à Paris, où il fut reçu par notre cher président Emmanuel Macron.
Quel régal ce fut de voir ce dernier se contorsionner en flagorneries devant le grand patron yankee pour tenter de le convaincre d’investir “massivement” en France.

Il fallait oser, car il faut dire que le dirigeant de Tesla sait à quoi s’en tenir avec notre pays qui n’a de cesse de vouloir tout taxer, de s’opposer par des réglementations hypocrites à l'impérialisme américain, et de s’ériger en censeur universel de la bien-pensance.
Elon Musk n’a sans doute pas oublié les remontrances ineptes, en forme de menaces, du commissaire européen Thierry Breton à propos de Twitter, que les bureaucrates de Bruxelles n’ont de cesse de vouloir censurer : " Il fera ce qu'on lui demandera de faire s'il veut continuer à opérer sur le territoire européen" avait-il sermonné ex-cathedra. Vantant sans vergogne la censure étatique, il avait ajouté sentencieux qu’il attendait "davantage de progrès vers le plein respect du DSA (Digital Services Act)".
On sait ce que valent ces réglementations ubuesques dont on a déjà connu la lourdeur paralysante avec le calamiteux RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), qui pénalise l’usage d’internet en l’asphyxiant sous les contraintes, sans avoir la moindre efficacité en matière de sécurité.
Imperturbable, et usant d’une politesse obséquieuse, le turbulent entrepreneur américain répondit à son hôte élyséen par de vagues promesses, comme s’il s’amusait à singer les simagrées des politiciens lorgnant les voix des électeurs. Il annonça benoîtement “qu’il est probable que Tesla fasse quelque chose de très important en France dans les années à venir…”
Autrement dit, cause toujours, tu m’intéresses !

Lors de son escale parisienne, Elon Musk se prêta de bonne grâce au jeu de l’interview spéciale du journal de 20 heures. Face à l’interrogatoire à charge d’Anne-Sophie Lapix, journaliste de service public manifestant autant d’esprit critique qu’une bonne-sœur évoquant le Saint-Père, il resta d’une sérénité impériale. Il la débouta de toutes les torves accusations qu’elle lui débita avec un sourire angélique, un rien crispé. Comme s’il reprenait une élève inattentive, il affirma et réaffirma non sans une pointe d’irritation : “Oui, je l'ai déjà dit ! Twitter respectera la réglementation… C'est la quatrième fois que je le dis…”
Pesant ses mots, il s'empressa d'ajouter qu’il se gardera bien d’aller au-delà, considérant qu’il n’est pas sain d’être plus royaliste que le roi !

Il est certain que tout être doué d’un peu de bon sens devrait préférer le parler vrai et pragmatique de ce génial entrepreneur à celui, pompeux mais creux et sans lendemain, de celles et ceux qui sont supposés gouverner le peuple. Le premier peut certes se tromper mais il le paie cher et doit en permanence tirer les conséquences de ses actes, contrairement aux satrapes irresponsables qui pullulent et palabrent en vain sous les ors des Palais de la République.

Pour notre malheur, notre continent vieillissant, à cours d’inspiration et totalement assujetti aux billevesées de l’État-Providence, ne songe plus qu’à taxer et à réguler tandis qu’aux USA, on invente, on innove, on rayonne…
C‘est, encore pour un temps, la force du Nouveau Monde de pouvoir se renouveler, et ce, même avec des dirigeants aussi désespérants que ce pauvre Joe Biden. Entre mille exemples, ce dernier crut bon de traiter Xi Jinping de dictateur, alors que son Secrétaire d’État Anthony Blinken revenait juste d'une délicate mission visant à rabibocher Chine et États-Unis, …

13 août 2022

La chasse au Trump est ouverte

Alors que les élections de mid-term se profilent déjà aux États-Unis, que le maigre crédit dont jouissaiit l’administration Biden fond comme neige au soleil, et que les turbulences de plus en plus vives menacent la paix du monde, la stature imposante quasi impériale de Donald Trump émerge à nouveau.
Les candidats qu’il soutient pour le prochain renouvellement de la Chambre des Représentants ont le vent en poupe et lui-même apparaît plus que jamais comme le meilleur postulant à l’élection présidentielle, au moins pour les sympathisants républicains. 69% d’entre eux le soutiennent alors qu’ils ne seraient que 30% dans le camp démocrate à souhaiter voter pour Joe lors des primaires.
Le moment est donc venu pour les adversaires de l’ancien président, de relancer les attaques contre lui. Après la procédure laborieuse et pour l’instant improductive, mise en œuvre pour tenter de lui faire porter la responsabilité de l’épisode tragi-comique de l’invasion du Capitole, nombre de procureurs fédéraux connotés démocrates, le ministère de la justice et même le FBI, relancent les poursuites tous azimuts destinées à fatiguer l’animal. On ne sait plus trop bien ce qu’on lui reproche tant les accusations sont nombreuses, variées et incohérentes. Un jour c’est celle de fraude fiscale (bien qu'il ait choisi de reverser intégralement au Trésor ses émoluments de Président durant son mandat), le lendemain ce sont des soupçons de vol et recel de documents officiels classifiés, qui lui valent une perquisition à son domicile, et qui selon le Washington Post, pourraient concerner les armes nucléaires ! On va jusqu’à supposer qu’il aurait fait disparaître des documents compromettants en les jetant dans les toilettes ! On est chez les Pieds-Nickelés…

Tout est bon pour terrasser le gibier, mais il est coriace. On se rappelle qu’avant même d’accéder à la Maison Blanche, il fut accusé, sans succès, de connivence avec la Russie. A peine élu, on le menaça d'impeachment. La procédure fut interminable, minant une bonne partie de son mandat, mais elle n’aboutit à rien, tandis qu’on détournait les yeux des sombres magouilles de la famille Biden en Ukraine. Son action fut sans cesse entravée par ses ennemis qui n’avaient pas digéré son époustouflant succès électoral. Il fut même éjecté comme un malpropre des réseaux dits sociaux par les petits censeurs zélés de la bien-pensance qui font mine de les gérer.
Poursuivi sans relâche par une propagande hostile, il finit par perdre le pouvoir suite à la pantalonnade électorale qui conduisit à porter à la présidence un vieillard ennuyeux, aux facultés intellectuelles déclinantes. Le résultat n’est évidemment pas brillant, chacun peut s’en rendre compte. L’Amérique n’est plus que l’ombre d’elle-même. Hormis, pour l’heure, sur le front de l’emploi, la situation intérieure ne cesse de se dégrader autant au plan social qu’économique, et on assiste à un vrai désastre à l’international.

Donald, de son côté, n’a pas dit son dernier mot. Il est toujours là, et rugit de plus belle. Peut-il revenir ? C’est une question qui inquiète manifestement beaucoup de monde. En France, sans surprise, à lire les titres de la presse délicieusement partisans, on espère ardemment que non.
Pourtant, la vraie interrogation serait plutôt de comparer à peu près objectivement les politiques respectives menées par les administrations Trump et Biden. Il n’y a pas photo, comme on dit. Dans tous les domaines où Biden est en train d’échouer, Trump faisait mieux. Non seulement il mit au service de son pays un feeling incomparable en matière économique, mais il s’est révélé bien plus habile négociateur que son rival, notamment lors des confrontations avec Poutine et Xi Ji Ping, mais également pour aborder les problématiques complexes du Proche-Orient. Il s’est montré enfin dans l’action, bien plus inspiré et dynamique que Biden, notamment face à l’Iran ou l’Afghanistan. Même pour l’Europe, il était un partenaire plus constructif.
Tout reste possible, mais l’irrationnel dominant hélas trop souvent en matière politique, l’avenir de l’Amérique et par voie de conséquence du Monde, sont pour l’heure bien incertains…

20 janvier 2021

La Chèvre

Surréaliste passation de pouvoir aux Etats-Unis ce 20 janvier. A quelques heures, de l'évènement, on peut imaginer qu'on assistera à un étrange ballet mettant en scène un Capitole transformé en camp retranché, sous protection militaire, confronté à la double menace du coronavirus et de partisans frénétiques du président sortant. Ce dernier brillera par son absence, parti tranquillement vers sa résidence privée de Floride, et l’on verra l’impétrant, bien seul, masqué, chancelant, prêter serment dans ce décor crépusculaire. Au lieu d’une fête, ce sera un huis clos sinistre. Il n'y aura guère que les drapeaux pour faire foule...
On se souvient que l’intronisation de Donald Trump, il y a quatre ans, s’était également déroulée dans un contexte inhabituel, et avait été l’objet d’assez désagréables manifestations. Le camp démocrate ne digérait pas sa défaite et les caméras médiatiques s’attardèrent longuement sur les banderoles exhibées jour et nuit pendant plusieurs semaines par des enragés campant devant la Maison Blanche. Personne ou presque à l’époque ne trouva choquant le beau slogan anti-démocratique “Not My President” !

L’Amérique est divisée et cela ne date pas d’hier.
Joe Biden aura-t-il la force, la volonté et le temps d’apaiser ces tensions comme tant de belles âmes en font le vœu pieu et touchant ? Ce vieillard est un roué politicard, qui fut, il y a presque 50 ans, le plus jeune sénateur. Il est désormais le plus vieux président à entrer dans le Bureau Ovale.
Il fut un terne et gaffeur vice-président durant 8 ans. Il parvient enfin au pouvoir au terme d'un processus électoral contestable, sans avoir fait campagne, et sans avoir de programme, hormis le souci maladif d’effacer l’ère Trump au plus vite. Il se trouve de facto prisonnier des anti-Trump primaires, assoiffés de revanche. Cette folie auquelle l’intéressé a lui-même participé par jeu et par provocation, avait atteint de tels sommets qu’elle aurait sans doute permis à une chèvre d’être élue, pour reprendre le mot d’un commentateur facétieux lors de l’élection de François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012.

Anticipant les exégèses partisanes, Donald Trump a fait lui-même le bilan de son action. Avec sans doute un peu de lyrisme et d’emphase, mais non sans quelques vérités objectives que l’Histoire retiendra peut-être, une fois les passions assagies…
S’il a raté indéniablement sa sortie, il n’a pas à rougir de sa prestation dans un contexte international tendu et intérieur très hostile. Il a plus fait pour le pouvoir d’achat et la prospérité des Américains et notamment des Noirs et des Latinos qu’Obama. Il a œuvré avec un certain succès pour la paix au Proche-Orient. Il a contenu autant que possible l’expansionnisme chinois et la menace iranienne. Il a garanti une prospérité économique à son pays, et maintenu le chômage à un de ses plus bas niveaux historiques. On a dit qu’il n’avait pas su juguler la pandémie COVID-19, mais l’honnêteté oblige à reconnaître qu’il fut, en élaguant la jungle administrative et en sponsorisant les laboratoires, le principal artisan du développement rapide des vaccins sur lesquels tant d’espoir reposent désormais.

En définitive, il y a peu de mauvais présidents aux Etats-Unis, sans doute grâce au système démocratique performant mis en place en 1789 et à un équilibre savamment dosé des pouvoirs. Pourvu que cela dure, et à l’instar du président sortant, prions pour la réussite de l'administration Biden...

07 janvier 2021

L'Amérique Fracturée

Le consternant spectacle que les Etats-Unis ont donné au monde ce mercredi 6 janvier est un nouveau révélateur explosif de la grave crise que traversent depuis quelques années nombre de démocraties.
L’Amérique, première d'entre elles et la plus ancienne, la plus stable, branle dangereusement sur ses fondations.
Le nom du nouveau Président de la République n’a pas pu être proclamé et certifié par le Congrès. Ce dernier, a été contraint de reporter sa séance suite à l’irruption violente dans l'enceinte du Capitole, de manifestants pro-Trump, n’acceptant pas l’annonce plus que probable de la défaite de leur champion.
Evidemment, celui-ci n’est pas pour rien dans ce brutal déchaînement populaire. Il porte même une lourde responsabilité dans la survenue des troubles en raison notamment du discours vindicatif tenu ce jour même, refusant obstinément de reconnaître le verdict des urnes, et exhortant le peuple à manifester à Washington.
Triste fin de mandat pour un élu décidément pas comme les autres et attitude évoquant fort la politique de la terre brûlée. Il est évident que ce jusqu’au-boutisme ne peut mener à rien de bon et sûrement pas à son maintien au pouvoir. Pire même, il a sans doute contribué à ruiner les derniers espoirs du
 Grand Old Party de conserver la majorité au Sénat, puisque les deux postes encore en lice en Georgie sont en passe d'être perdus alors qu’ils étaient à portée de main, l’un des deux candidats républicains étant même passé à un cheveu de l’élection au premier tour.

Inutile de revenir sur le déroulement calamiteux des élections générales du 3 novembre dernier. Elles resteront entachées d’un fort doute quant à la régularité des procédures, la faute en premier lieu au COVID-19 qui contraignit à recourir massivement au vote par correspondance, sujet de tant de controverses. Mais tous les recours intentés ayant fait long feu, les résultats paraissent irréversibles.
Ce foutu virus avait auparavant enrayé la campagne électorale et quelque peu perturbé la dernière année du mandat présidentiel de Donald Trump. Ses adversaires s'étaient donné à cœur joie évidemment, de stigmatiser sa gestion déplorable de l'épidémie.
Alors que sa réélection paraissait jusqu'alors probable, son crédit fut sérieusement entamé par la crise durant laquelle il se montra très maladroit, affichant une arrogance imbécile et abusant jusqu'à l'outrance de ses habituelles provocations. S'il fut en quelque sorte l'artisan de son infortune, il faut dire qu'il eut maille à partir avec une opposition aussi stupide que délirante, cherchant toutes les occasions pour tenter de le faire chuter. Sa légitimité ne fut jamais acceptée par près de la moitié du pays et dès son arrivée au pouvoir en 2016 on avait assisté à une véritable bronca médiatique. Un formidable torrent de haine se déversa à jet continu durant 4 ans sur sa personne, ses paroles et ses actions, lesquelles ne furent pourtant pas toutes mauvaises, loin de là.
Trump ne fit rien certes, pour apaiser les passions mais à sa décharge, il y a de quoi perdre son calme et sa sérénité quand jour après jour on est l'objet de toutes les insultes imaginables et qu'on doit faire face à une épuisante remise en cause, par principe, de tous ses actes.
 
Force est de faire le constat que l’Amérique, et une bonne partie du monde avec elle, semblent sombrer dans l’irrationalité, conduisant à l’exacerbation des opinions et à la radicalisation croissante des esprits. Cause ou conséquence, les processus électoraux sont de plus en plus souvent remis en cause un peu partout, semblant donner raison au vieux slogan soixante-huitard "élections piège à c..." Un nombre grandissant de gens s'estiment régulièrement floués par les résultats des scrutins, et leur insatisfaction grandit, se traduisant tantôt par l'indifférence, tantôt par le mépris pour les élus et les institutions, et tantôt par la révolte.

Les États-Unis apparaissent aujourd’hui sévèrement traumatisés, divisés, victimes de fractures multiples et en perte de direction.
Il est peu probable que le malheureux Joe Biden, insipide et incertain, mal élu de surcroît, parvienne à inverser le cours des choses. Il est porté par des gens qui ne sont pas moins intolérants que les supporters de Trump, et le Parti Démocrate fait l’objet de tiraillements idéologiques qui fragilisent par avance toute politique, si tant est qu’il y en ait une...
Quant au Parti Républicain, il risque fort de se voir affecté par les dérapages de Donald Trump, désormais sans limites, et source probable de futures dissensions internes.

L’avenir est donc sombre. Et quand l’avenir de l’Amérique s’obscurcit, celui du monde tend à devenir chaotique. L’Europe ne va guère mieux par les temps qui courent, et à l’Est, le soleil qui se lève, suscite beaucoup d’inquiétudes. En Chine on réduit au silence les entrepreneurs manquant d'égards pour le Parti, tel le fameux Jack Ma, fondateur d'Ali Baba, et aujourd’hui même on apprenait la rafle massive à Hong-Kong organisée par le Pouvoir Central à l'encontre des opposants pro-démocratie.
La planète se serait-elle mise à tourner à l’envers ?

05 novembre 2020

Encore trumpé...

Ça y est, “ils” ont probablement réussi cette fois à venir à bout de "la bête". Encore quelques heures ou jours de suspense mais les jeux semblent faits. Donald Trump devra selon toute probabilité bientôt quitter la Maison Blanche, bon gré, mal gré.


“Ils”, c’est toute cette foire aux lobbies bien-pensants, politiquement corrects,
démocrates à l'américaine, libéraux à l’anglo-saxonne, black lives matter, occupy wall street, anti-spécistes, LGBT, féministes, femen, me-too, écolo-bobos, alter-mondialistes, réchauffistes, médias partisans, showbiz engagé,  gauchistes et intellos de tout poil, qui sont vent debout contre le président élu en 2016.
Durant quatre années qui leur parurent une éternité ils n’ont eu de cesse avec un a priori sous-cortical à la Pavlov de le faire chuter, faisant obstacle à toutes les mesures qu’il tentait de mettre en œuvre, ridiculisant systématiquement toutes ses interventions, essayant même d’obtenir sa destitution pour des motifs grotesques.

Peu importait les résultats qu’il obtenait en matière économique ou sur le front du chômage. Peu importait ses efforts pour préserver les intérêts de son pays face à l’ogre chinois ou à la menace iranienne. Peu importait en somme qu’il tint ses promesses. Ces gens n’avaient qu’une haine revancharde primale à la bouche et à l'esprit, qu'ils purent déverser à jet continu, en toute impunité. Il est clair qu'ils n’ont que faire de la réalité et de l’esprit pratique, seuls les principes idéologiques comptent. A l'instar des procès en sorcellerie, c’est au nom de ces derniers qu’ils avaient condamné sans appel et quoiqu'il fasse le vilain Donald.

Fort d’une base électorale solide et fidèle, il leur tint tête, n’hésitant pas à fanfaronner, et à les provoquer, se croyant à tort invincible. Il semblait presque y être parvenu en dépit de la force de frappe médiatique colossale qui le pilonnait sans cesse.
Comme en 2016, Trump s'est battu comme un lion et a fait une fois encore mentir les instituts de sondages, dont on peut douter de l’impartialité si ce n'est de la compétence. Mais il va être terrassé par le mainstream bien-pensant qui vitrifie tout sur son passage, quitte à préférer porter à la Maison Blanche un vieillard cacochyme, à la sénilité avancée et à la probité douteuse. Sans doute sera-t-il plus malléable. On a vu ça en France avec le président “normal” Hollande. Triste souvenir... Ça ne présage rien de bon, et l’Amérique apparaît plus divisée que jamais en deux moitiés de plus en plus irréconciliables.

Le COVID-19 fout le bordel même dans les élections, on l'a vu avec nos municipales complètement ratées. Contrairement à ce qu’on dit, Trump ne pouvait pas grand chose pour casser la progression du virus. Il a tout misé sur les vaccins et allégé avec efficacité les réglementations pour accélerer la recherche et les essais cliniques. L'avenir lui donnera peut-être raison... mais trop tard ! Aux USA, la responsabilité incombe autant aux autorités locales que fédérales. Toujours est-il qu'à l'occasion de l'épidémie, le système des votes par correspondance, a pris des proportions assez surréalistes. Comment ne pas avoir un doute sur la régularité d’un scrutin dans lequel plus d’un tiers des bulletins échappe à tout contrôle sérieux ?

Tout cela est révélateur hélas de la déconfiture et de l’auto-destruction du monde occidental. Il vacille sur ses fondations et des fissures annonciatrices de catastrophes se font jour un peu partout. Le coronavirus est un révélateur parmi d'autres, de ce délabrement général.
De l'autre côté l'Asie s'éveille. Elle a pris très tôt la mesure de l’épidémie, elle croit plus que jamais à son modèle et ne passe pas son temps à remettre en cause son passé, sa religion ou sa culture. Elle a l’avenir devant elle.
Nous sommes de facto entrés dans une période de grands troubles et de grandes turbulences. L’Amérique risque d’aller de plus en plus mal, ce qui est sans doute beaucoup plus dangereux pour la planète que le réchauffement climatique. L’Europe quant à elle, particulièrement dévastée par la pandémie, existe de moins en moins en tant qu’entité. Les quelques liens qui unissaient les nations se disloquent peu à peu. Il n’y a plus, si tant est qu'il y en eut, de dessein commun en dehors d’une bureaucratie qui pèse de plus en plus, et de dettes qui s’accroissent de manière vertigineuse. L’immigration non contrôlée, le terrorisme, les révoltes sociales incessantes contribuent à désagréger un édifice déjà fragile.


Aux States, si le Président et la Chambre des Représentants seront aux couleurs du Parti Démocrate, les Républicains devraient toutefois garder le Sénat et une Cour Suprême plutôt de leur côté, même si elle se doit d’être au dessus des partis. Un semblant de pluralité sera préservé dans cette démocratie fracturée. Joe Biden quant à lui n’a pas beaucoup de temps pour convaincre, dans un contexte très tendu et avec un programme erratique, débordant de bonnes intentions et de promesses angéliques mais sans ambition. Dans 2 ans, il y aura de nouvelles élections pour renouveler la Chambre des Représentants et tout peut à nouveau basculer...
En attendant, le temps va paraître long à certains car au moins avec Trump on ne s’ennuyait pas...

14 janvier 2020

Expectatives 2

Pendant ce temps, “à l’international” comme disent les journalistes, ça chauffe.
Contre toute attente, le président Trump a frappé l’Iran, et le monde est interloqué.
Bien sûr il y a les anti-américains primaires incurables qui voient l’acte dangereux d’un impulsif, tandis qu’ils accordent aux ayatollahs le sens de la raison, mais dans l’ensemble, il faut bien dire que la surprise domine, et on sent même poindre un léger sentiment admiratif chez certains, devant la maîtrise technique avec laquelle ce raid a été accompli, et la froide détermination qu’il suppose.
Il fallait bien que cela arrive un jour quand même ! Depuis le temps que la clique de théocrates qui règne à Téhéran nargue l’Amérique avec ses anathèmes haineux et ses coups d’épingles enfoncés narquoisement dans son gros postérieur yankee !
Dans ce contexte délicat, Trump a semble-t-il réalisé un coup de maître. Il a patiemment attendu, rongeant son frein tout en multipliant les avertissements. Puis un jour, alors qu’un Américain venait de perdre la vie dans une nouvelle escarmouche, il a sorti sa massue. Et quelle massue !
Il dézingue le numéro 2 du régime, qui était sans doute un peu trop sûr de lui, alors qu’il effectuait à la manière d’un suzerain, une visite “de courtoisie” chez son voisin irakien, en voie de vassalisation.

Ironie du sort, l’éclat de cette opération fut souligné par la sobriété verbale inhabituelle du président américain et surtout par la panique auto-destructrice qui s’en est suivie au pays des mollahs. L’enterrement en grandes pompes ordonné et organisé par ces tyranneaux enturbannés a tourné au fiasco. Une gigantesque “bousculade” s’est traduite par la mort de plusieurs dizaines de personnes et des centaines de blessés. Que sait-on exactement de cet échauffourée ? Rien ou presque, puisque aucune image non autorisée n’a pu s’échapper et que ce drame n’a fait l’objet que d’une brève allusion dans les journaux télévisés. S’agit-il d’un excès de ferveur
 pour le défunt, ou bien au contraire est-ce le résultat sanglant d’une répression de malheureux, rétifs à l’obligation de faire semblant de se lamenter ?
Le pire était toutefois à venir. Une vingtaine de missiles furent tirés en guise de représailles “raisonnables”, visant des bases américaines en Irak. Hormis quelques dégâts matériels, ils manquèrent largement leur objectif, sauf un (ou plutôt deux) qui pulvérisa “par erreur”, un avion civil malchanceux, en partance pour l’Ukraine, faisant 176 victimes innocentes dont plusieurs dizaines d’Iraniens…
On imagine avec effroi ce que donnerait la force nucléaire aux mains de tels incapables !

Dans l’histoire, comme d’habitude, l’Europe est restée les bras ballants. Notre pauvre président, a certes déclaré sa "solidarité" avec Trump. Mais décidément de plus en plus insignifiant sur la scène mondiale, il s’est borné à abjurer les dirigeants iraniens “d’éviter l’escalade militaire”, et de ne pas trop continuer à violer les accords en lambeaux de non prolifération nucléaire auxquels il croit toujours. Avec autant de chance de succès sans doute que sa demande de libération “sans délai” de nos deux chercheurs, retenus prisonniers en Iran, on ne sait trop pourquoi...

10 décembre 2019

L'OTAN des cerises

Les relations de la France avec l’OTAN ont toujours été chaotiques, sans qu’on en comprenne vraiment la raison, si ce n’est par le souci d’indépendance du vaniteux coq gaulois.
Cette organisation vit le jour au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1949, dans le but de garantir la sécurité des pays membres de l’Alliance Atlantique, fondée par la même occasion. Non seulement elle a pleinement rempli son rôle, mais encore peut-on considérer qu’elle donna un minimum de cohésion à l’Europe, au moins au plan militaire. Placée de facto sous la tutelle bienveillante de l’Amérique, elle scella une solide alliance des démocraties libres et fut un vrai rempart contre l’ogre soviétique, à défaut d’avoir pu sauver les pays de l’Est sur lesquels Staline avait fait main basse.
La France faisait partie des pays fondateurs (au même titre que les USA, le Canada, le Royaume Uni, l’Italie, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et l’Islande). Mais en 1966, de Gaulle, qui ne cachait guère son anti-américanisme (il définissait l’Europe comme allant “de l’Atlantique à l’Oural”), décida de sortir notre pays du commandant intégré. Peu enclin à la vision d’une fédération européenne et ayant “une certaine idée de la France”, il en profita pour mettre en œuvre son ruineux et égocentrique projet de défense nationale autonome.
Ce n’est qu’en 2009 que Nicolas Sarkozy fit revenir la France dans l’OTAN en tant que membre à part entière. Entre temps l’Organisation s’était élargie. Elle compte aujourd’hui 29 états participants.

Il est certain que son rôle est devenu plus ambigu et qu’elle peine de plus en plus à conserver tout son sens. Les Etats-Unis se lassent quelque peu de leurs alliés, pas toujours très loyaux (la France notamment), souvent très critiques vis à vis de la politique américaine, et qui rechignent à payer leur quote-part du budget. Sur le continent, l’effritement de l’idée européenne nuit de plus en plus à la cohésion de l’ensemble et les objectifs militaires deviennent de plus en plus flous à mesure que les périls deviennent plus diffus et au moins en apparence plus lointains que ne l’était le Bloc de l’Est…
C’est sans doute pour ces raisons qu’Emmanuel Macron crut bon de déclarer récemment l’OTAN en état de “mort cérébrale”. Ce diagnostic péremptoire mais peu flatteur fut très mal accueilli par nombre de dirigeants de pays membres et se révèle pour le moins malencontreux. On se demande quelle mouche a piqué le président français, vu qu’il n’a manifestement rien à proposer d’intéressant pour sortir l’Alliance de sa léthargie. Aucune proposition concrète ne fut révélée en effet par lui lors du dernier sommet à Londres. Faut-il en déduire qu’on pourrait tout simplement la débrancher ?
Si c’est le fond de la pensée de M. Macron, il y a lieu de déplorer un aussi navrant manque d’inspiration. Au point de délitement où en est arrivé le “machin” Européen, l’OTAN est ce qui reste de colonne vertébrale pour ce conglomérat de nations sans perspective, sans programme, sans vrai dessein partagé.

Il serait probablement périlleux de démanteler cette charpente qui a fait ses preuves sans avoir conçu une vraie solution commune de remplacement. Ne pourrait-on pas au contraire s’appuyer sur cette superstructure encore debout pour consolider la Communauté et bâtir à l’abri de ses murailles une vraie nation européenne ? Et puisqu’il s’agit d’une Alliance Internationale, n’est-il pas temps de redonner du lustre au pont qui relie les deux rives de l’Atlantique ? Dans le monde incertain qui nous entoure, n’est-il pas essentiel de préserver ce lien privilégié qui nous unit depuis plus de deux siècles ?
Qu’on le veuille ou non, il y a beaucoup plus de convergences que de divergences, et l’avenir sera sans doute plus sûr si nous montrons assez d’intelligence et de pragmatisme pour minimiser celles-ci et renforcer celles-là ! C’est une vraie problématique de responsabilité démocratique et un enjeu majeur pour le monde occidental et ses valeurs, au premier rang desquelles figure la Liberté. Une question reste toutefois posée, lancinante: Sommes-nous encore suffisamment attachés à notre modèle de société pour éviter une mortelle dispersion et nous retenir en somme de jeter le bébé avec l’eau du bain ?

21 juillet 2019

69, Année Extatique

Le 21 juillet 1969 j'avais 15 ans. Je sortais de l'enfance tandis que notre civilisation occidentale arrivait peut-être à son apogée. Dans mon esprit c'était un tumulte confus de sentiments.

Un an plus tôt c'était mai 68 en France. J’ai vécu ça comme une tempête molle. Avec dans la tête une certaine ivresse de liberté sans doute mais surtout beaucoup d’écœurement et déjà de désillusions. L’autorité des maîtres était bafouée. D’un jour à l’autre on pouvait tout dire et presque tout faire. Au lycée, nous faisions en toute impunité des sitting pour narguer le Proviseur et je me souviens que mon prof de maths venait “travailler” en sandales, chemise à fleurs et chapeau de paille…
A Paris on s’y croyait. Les mao, les trotsko et tous les écervelés du socialisme manifestaient bruyamment leur croyance en un monde meilleur en glorifiant, benêts qu’ils étaient, les immondes tyrans qui torturaient leur peuple derrière le sinistre rideau de fer. François Mitterrand, toujours à l'affût de l'occasion d'accomplir enfin "son" destin national révélait avec emphase et solennité lors d'un meeting grotesque au stade Charlety qu'il était prêt à prendre le pouvoir. Illusion vite dissipée...

J’avais une conscience aiguë des contradictions régnant dans le pays, un profond dégoût pour ce que j‘ai toujours considéré comme un coupable aveuglement des intellectuels dits "de gauche".
J'étais en revanche envoûté par la quête du bonheur et de la liberté qu’exprimaient outre atlantique et en Angleterre les beatniks et les hippies mais je refusais d’y voir quelque connotation politique qui soit. La musique et la littérature étaient les ferments de cette émancipation. Après le Jazz et le Blues, c'était le Rock et la Pop Music.

Les Beatles chantaient Revolution et les Rolling Stones Street Fighting Man mais c’était un jeu sans conséquence ni prétention intellectuelle ou militante. Il y avait même une conscience aiguë du désastre dans les paroles signées Lennon/McCartney: "When you talk about destruction, Don't you know that you can count me out.../... When you want money for people with minds that hate, All I can tell you is : brother you have to Wait.../... If you go carrying pictures of chairman Mao, You ain't going to make it with anyone anyhow…/... You better free you mind instead..." Quant aux Stones, ils faisaient appel à la dérision pour ramener à de saines proportions la colère des révolutionnaires embourgeoisés qui crachaient dans la soupe capitaliste dont ils se gavaient sans vergogne : "Well now, what can a poor boy do, Except to sing for a rock n' roll band ?"

Mai 68 fut une piètre mascarade dont ne sont restés en définitive que les slogans futiles, les caprices d’enfants gâtés, et de pernicieuses vapeurs contaminant jusqu'à ce jour la société, notamment le débat politique, l’éducation, l’entreprise....

Pendant ces années d’insouciance et d’euphorie, l'Amérique dans la droite ligne de ses Pères Fondateurs, travaillait toujours à la recherche de nouvelles frontières. L’espace cosmique était devenu son terrain de jeu et de conquêtes. Elle entendait bien y montrer sa suprématie et y porter l'étendard étoilé du monde libre.
La saga Apollo fut une merveilleuse aventure en même temps qu’un hymne fabuleusement poétique au progrès technique. Elle commença par un drame, coûtant la vie à 3 hommes, lors d'essais préliminaires au sol. Mais après beaucoup d'efforts, le fameux cliché du “clair de terre” envoyé par les astronautes d’Apollo 8 révélait une beauté indicible. Encore aujourd’hui je le regarde avec émotion. Il dit tant de chose de notre soif d'aventure, de notre attirance pour l'inconnu, et de l'univers qui nous entoure…
Lorsque s'élevait la fusée Saturn V, dans un feu impressionnant de réacteurs, c'était toute l'humanité qui se dressait orgueilleusement vers le ciel. L’Homme triomphait en quelque sorte de la nature. La pesanteur était vaincue ! A l’instar des mots fameux de Neil Armstrong, après des millénaires de tâtonnements à petits pas, la science faisait des bonds de géants.
D’un côté le Flower Power, son romantisme échevelé, ses rêves d’amour, de musique et de paix. De l’autre ces aventuriers de l’espace, auréolés des rayons solaires qui rebondissaient joyeusement sur le désert lunaire dans leurs magnifiques scaphandres blancs. Quelle époque !
On en oubliait que plus de la moitié de l’Humanité se morfondait dans le cauchemar socialiste ou sous la férule de dictateurs odieux. On en oubliait, quand on ne les méprisait pas, les soldats de la liberté embourbés dans les miasmes du Vietnam pour tenter de donner sa chance au modèle de société ouverte; Celui-là même auquel nous devions tant de prospérité et que tant d’idiots doctrinaires irresponsables vouent opiniâtrement aux gémonies.
 

1969 fut une année extatique. La conquête de la Lune fut son éblouissant paroxysme technique, le festival de Woodstock son point d'orgue dionysiaque (ainsi que le fabuleux et ultime album des Beatles, Abbey Road)...
Pour magnifier cette épopée, je ne saurais mieux le faire qu’en évoquant l’étincelant poème de José-Maria de Heredia que j’aime à me réciter lorsque je ressens quelque découragement:

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Où, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles...

19 juillet 2019

Impeachment

Décidément, plus le temps passe et plus je trouve Donald Trump épatant ! En écrivant cela, j’ai conscience de m’inscrire complètement à contre courant de la correction politique qui règne dans notre pays et qui surveille étroitement le débat du haut de ses sinistres miradors, mais tant pis. Je serai jugé hérétique, et relaps en plus, peu m’importe. On est transgressif ou on ne l'est pas...

Malgré le torrent de haine, d’injures, de mépris, de mensonges et d’insanités qu’on déverse sur le dos du président américain, le bonhomme tient bon. C’est autre chose que notre pauvre François de Rugy, qui n’a pas supporté d’être égratigné…
On dit parfois qu’il n’y a que la vérité qui blesse. C’est peut-être un peu pour ça que le président américain semble si indifférent à toutes les vilenies qui s’abattent sur lui. Mieux, il s’en amuse et provoque avec une jubilation évidente les roquets qui aboient sans cesse à ses basques. "Impeachment", "impeachment", ils n'ont que ce mot à la bouche depuis son élection. Ils en bavent à force de hurler à la mort à chaque occasion aussi futile soit-elle !
Mais ayant à peu près tout entendu, tout affronté, leur bouc émissaire est désormais inébranlable. Au surplus, les affaires d'argent et de train de vie ne le touchent pas: Il est devenu riche avant de faire de la politique…

C’est pourquoi il a pu à nouveau faire monter la sauce à propos de quatre pétroleuses, élues démocrates soi-disant progressistes, “issues des minorités”, qui passent leur temps à éructer à tous vents les sempiternels lieux communs anti-américains, anti-israéliens, anti-capitalistes, anti-tout… Il a invité en termes choisis le quarteron de saintes-nitouches à aller voir ailleurs qu’aux Etats-Unis d’Amérique si l’herbe était plus verte.
Juste réponse du berger aux bergères et pas très méchante, mais ça n’a pas loupé. Elles lui sont tombé dessus à bras raccourcis, soutenues par tous les culs-bénis du camp du bien, l’accusant d’être raciste et xénophobe ! Injure suprême mais totalement à côté de la plaque et si révélatrice des procès en sorcellerie popularisés par les grands prêtres de la gauche bien pensante mais affreusement sectaire.
L’ennui, c’est que ça ne marche plus guère auprès du bon peuple. C’est même l’inverse qui se produit.
Trop facile de se parer de toutes les vertus tout en couvrant d’anathèmes tous ceux qui osent dévier du dogme bien pensant.
La polémique n’a fait que faire monter Donald Trump dans les sondages et le courageux représentant démocrate qui a cru opportun de soumettre à la chambre basse une motion appelant à la destitution du président s’est pris un vent monumental: 332 voix contre, 95 pour.

Après que se soit liquéfiée la fameuse enquête russe pétrie d’invraisemblances, et que se soient terminées en eau de boudin tant d’attaques ad hominem, il faut manifestement trouver toujours quelque chose de nouveau pour calmer la rancœur des mauvais perdants et leur redonner espoir dans des lendemains meilleurs. Il faut croire que ça leur évite de faire preuve d'un peu de courage et d'imagination pour élaborer un vrai programme alternatif.
Pendant ce temps M. Trump agit. Il avance sur tous les terrains. Certains prétendent que sa démarche est erratique et ses propos incohérents mais lui sait manifestement où il va. Il ne parvient pas toujours à ses fins mais ses objectifs sont clairement affichés.
Et au moins, avec lui, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie...

30 mai 2018

Opposites #2

Si l’on cherche à comparer Philip Roth (1933-2018) à Tom Wolfe (1930-2018), on conclut bien vite que tout les oppose.
Les personnes tout d’abord. L’un est un aristocrate ombrageux, l’autre est un dandy fantasque.
Quant à l’oeuvre proprement dite, c’est le jour et la nuit si l’on peut dire.
On présente souvent Philip Roth comme un auteur provocateur, maniant une plume très acerbe pour décrire la société américaine contemporaine. En réalité Tom Wolfe apparaît bien plus subversif et son regard est infiniment plus corrosif.
Surtout, sa vision est également beaucoup plus riche et contrastée. S’il arrose de vitriol les excès et les travers de toutes sortes dont il est témoin, il est également capable de s’enticher des aventures extraordinaires qui se déroulent sous ses yeux et marquent une époque.

ça commence avec Acid Test, par une sorte de road movie déjanté racontant les péripéties hallucinées des années soixante. Wolfe s’est littéralement immergé dans ce trip fabuleux qui vit l’émergence des mouvements beatnik puis hippie générateurs d’une déferlante culturelle gigantesque. Au moment où l’on commémore en France les gesticulations des trublions de mai 68, on mesure à la lecture de l’enquête menée par Tom Wolfe, leur caractère microscopique par rapport à ce qui se passait alors aux USA.
Tandis que nos pseudo révolutionnaires s’ébrouaient dans un maoïsme de pacotille, pendant qu’ils sirotaient un jus de marxisme lénifiant à la terrasse des cafés germano-pratins en croyant réinventer le monde, tout en se gargarisant avec des slogans ineptes, l’Amérique s’abandonnait avec délice dans l’ivresse de la liberté.
Il y eut certes des outrances, et des chimères, mais de Kerouac à Grateful Dead et Bob Dylan, des Merry Pranksters à Timothy Leary et à Aldous Huxley, quelles belles illuminations, quelle poésie dans le sillage du Jazz et du Blues, au gré de l’extase psychédélique procurée par le LSD.
Tom Wolfe est un des rares écrivains à avoir su capter l’esprit de cette décade prodigieuse dont un autre aspect fut l’épopée des héros de l’aéronautique, aboutissant en 1969 à la conquête de la Lune. The Right Stuff (l'Etoffe des Héros) est une sorte de vibrant hommage à l’esprit de conquête et d’entreprise. Certains planaient en inventant des musiques nouvelles, d’autres s’envolaient dans l’espace à la poursuite de la dernière frontière...

On appela cela le Nouveau Journalisme. Tom lui s’imaginait en Balzac, en Dickens ou en Zola, constatant avec stupéfaction en se frottant de près aux évènements, que la réalité dépassait de loin la fiction.
Il usa de cette technique d’enquête par immersion pour pénétrer les milieux dits intellectuels de l’époque et cela se traduisit par quelques pamphlets décapants, tel l’hilarant “Gauchisme de Park Avenue” dans lequel il décrit avec cruauté la complaisance niaise de la bourgeoisie vis à vis des idéologies à la mode (par exemple, le chef d’Orchestre Leonard Bernstein organisant dans son appartement luxueux une fête en l’honneur des Black Panthers et s’encanaillant jusqu'à lever le poing gauche pour exprimer sa rébellion contre un système dont il était l'enfant chéri). Tom Wolfe appela cela le Radical Chic et cela lui valut d’être étiqueté comme conservateur par l’intelligentsia qui n’aime pas qu’on plaisante avec ses lubies. Quand il déclara benoîtement qu’il avait voté en 2004 pour George W. Bush, il fit proprement scandale, prouvant ainsi que lui était bel et bien dans la subversion, contrairement à tant de soi-disant rebelles à la petite semaine, si tristement conformistes...

Il n’en eut cure et cela ne l’empêcha pas de s’atteler avec succès au genre romanesque en se délestant de pavés bourrés de cocktails explosifs, distribués tous azimuts. D’abord sur le monde doré des yuppies imbus de leur supériorité de classe (Le Bûcher des Vanités), mais également sur l’insigne débauche régnant dans certaines universités (Moi Charlotte Simmons), ou la démystification de l’argent facile et de la réussite pour la réussite (Un homme un vrai)...
Autant les personnages de Roth semblent, froids et distants, murés dans un égocentrisme dédaigneux, autant ceux de Wolfe débordent de passion, d'espérances et de désespoir communicatifs. Ils sont parfois énervants mais ils sont vivants...

Au total, l'impression qui domine est que Tom Wolfe aime l'Amérique. Il la croque à belles dents et son admiration aussi bien que ses critiques sont joyeuses et jouissives. Le style est trivial mais efficace.
Tout porte à croire au contraire que Philip Roth méprise son pays dont il détaille de manière névrotique toutes les tares. Il touille une haine recuite dans le jus aigre de ses remords et turpitudes. C'est bien écrit mais c'est tragique...

Contrairement à Philip Roth, Tom Wolfe resta actif jusqu’à ses dernières années, luttant à sa manière contre les idées reçues. Une de ses dernières contributions prit pour cible la théorie de l’évolution de Darwin, portée aux nues jusqu'à devenir un symbole de la correction politique. Il en pointa les faiblesses, et critiqua sans ménagement certaines dérives, notamment ses applications au langage, par le fumeux Noam Chomsky...