Ce
livre est terrible. Hélas il n'apprend pas grand chose à ceux qui
depuis longtemps ont compris que le Socialisme était une effroyable
calamité, probablement la pire que l'humanité ait engendrée.
Sera-t-il
une révélation pour les autres, rien n'est moins sûr...
Ce
témoignage en forme de réquisitoire s'ajoute à tellement d'autres
bouleversants, tellement d'expériences calamiteuses, tant de
massacres, tant d'horreurs en tous genres, qu'il paraît impossible à
tout être doué de raison, de croire encore un tant soit peu à
cette idéologie mortifère.
Puisse
le parcours incroyable de ce jeune homme, Shin Dong-Hyuk, sacrifié
dès sa naissance à l'implacable Moloch collectiviste, inspirer quelques doutes ici
ou là. Au terme d'incroyables mésaventures, recueillies et racontées par le journaliste Blaine Harden, il est aujourd'hui
libre. Mais au moins 200.000 de ses concitoyens croupissent encore,
dans d'odieux camps de concentration. Les autres plus chanceux, bien qu'ils vivent hors les murs de ces sinistres prisons, n'ont
qu'une vie de misère, souffrent de privations inacceptables à notre
époque, n'ont aucune espèce de liberté, surtout pas celle de
penser et de s'exprimer.
Au
terme d'une guerre effroyable, opposant le monde libre au bloc
communiste, leur infortuné pays a été divisé en deux. Une partie
vit à l'heure socialiste, dans l'acception la plus pure (l'idéologie juche). L'autre a adopté le système capitaliste, si honni, si
vilipendé.
De
part et d'autre du 38è parallèle, dans le pays dit du « matin
calme », ce sont les mêmes gens. Mêmes origines ethniques,
mêmes religions, même histoire, même culture. Seuls les systèmes
régissant la société, les différencie. Et de quelle manière !
Hélas,
cette aveuglante évidence, que nul ne peut ignorer, n'a toujours pas
dessillé les yeux de certains, qui continuent de croire aux bonnes
intentions et à la nature fondamentalement bonne du socialisme...
Malgré
l'effarante accumulation de preuves, toutes plus accablantes les unes
que les autres, on trouve encore de nos jours suffisamment de gens
assez crédules pour élire un président de la république, se réclamant sans vergogne
de ces fumeuses et funestes théories.
La
vérité est que jamais, au grand jamais, le socialisme n'a réussi à
améliorer ne fut-ce que d'un iota le sort des pauvres et des
« masses laborieuses », bien au contraire. A les juger
objectivement, tous les prétendus acquis sociaux obtenus en son nom
n'apparaissent que comme des leurres, retardant la vraie émancipation
des citoyens, et l'épanouissement d'une société libre et éclairée.
Au
plan intellectuel, le socialisme est une véritable aliénation. Au
plan politique il est au mieux un carcan bureaucratique, inféodé à
des principes et à des a priori, et indifférent à la réalité
pratique. Au pire, il est une tyrannie qui martyrise dans leur tête
et dans leur chair ses victimes, qu'il va jusqu'à forcer à devenir
les acteurs de leur propre calvaire.
Même
à dose homéopathique le socialisme est néfaste. Comme un poison
létal, il agit à dose infinitésimale, pour pervertir le
raisonnement en jouant sur les bons sentiments, pour dresser les gens
les uns contre les autres en prétendant prôner la solidarité, pour
étouffer toutes les initiatives en se faisant le champion du
progrès, pour mystifier les cervelles dès l'enfance au nom de
l'éducation d'Etat, pour assécher toutes les ressources au titre de
la générosité...
Les moins fanatiques de ses zélateurs, se démarquent certes du modèle
communiste qui étrangla nombre de populations durant les années de
plomb, derrière le rideau de fer (non sans avoir pour certains
d'entre eux, chanté longtemps ses louanges).
Mais
c'est pour mieux vanter la « social-démocratie » qui
constitue en définitive à leurs yeux, l'incarnation d'un socialisme
à « visage humain », porteur de succès.
Et
tout en admettant que les expériences passées furent des échecs,
ils maintiennent mordicus que le vrai socialisme reste à construire,
et que son avènement est plus que jamais souhaitable.
Tout
cela est fallacieux. Les quelques modèles socialistes ayant surnagé
dans la monstrueuse histoire de ce courant de pensée, n'ont pu le
faire qu'en se raccrochant peu ou prou au modèle libéral. En
diluant l'idéologie, en édulcorant le paradigme, en y incorporant
un peu de liberté et une dose d'initiative privée, ils parviennent
encore à entretenir l'illusion.
Et
grâce à ces concessions plus ou moins avouées, le mirage aux
alouettes continue de fasciner, le Parti a toujours pignon sur rue,
la dialectique est encore vivace...
Fasse
le ciel qu'un jour enfin, les foules égarées par ce mythe savamment
entretenu, retrouvent le chemin de la raison. Qu'elles suivent la
recommandation du vénérable Kant, exhortant les hommes et les
femmes à devenir intellectuellement et spirituellement « majeurs ».
Autrement dit à sortir de la minorité confortable dans laquelle ils
ont une tendance naturelle à se complaire. A avoir le courage de
« se servir
de leur intelligence sans être dirigés par autrui », à voir
les choses par eux mêmes et non par l'intermédiaire de maîtres à
penser qui « après les avoir d'abord abêtis en les traitant
comme des animaux domestiques, et avoir pris toutes leurs précautions
pour que ces paisibles créatures ne puissent tenter un seul pas hors
de la charrette où ils les tiennent enfermés, leur montrent ensuite
le danger qui les menace, s'ils essayent de marcher seuls. »
La
vraie Liberté s'acquiert en marchant seul, en sachant se gouverner
soi-même. Tout le reste n'est que tromperie.
Blaine
Harden. Rescapé du camp 14 : De l'enfer nord-coréen à la
liberté. Belfond 2012
Immanuel
Kant : Qu'est-ce que les Lumières ? 1784