Avec
l'interminable crise syrienne, on mesure avec tristesse et
inquiétude, le degré d'inanité auquel est parvenu la communauté
internationale, et au sein de cette déconfiture, l'évanescence
grandissante des stratégies occidentales.
Toujours
enclins aux paroles martiales mais paralysés par les bonnes
intentions, les dirigeants des démocraties « avancées »
ont montré ces derniers temps de manière inquiétante leur
propension à se carapater lorsqu'il s'agit d'agir vraiment. Devant
l'intolérable devenu quotidien, ils merdoient, et n'ont de cesse
de repousser les limites de leur tolérance, comme pour différer le
passage à l'acte. En Syrie, plus de 100.000 morts en deux ans et demi ne les ont pas
fait bouger d'un iota, juste manifester de temps à autre et avec une
vigueur croissante leur indignation.
Le
gazage d'un millier de victimes supplémentaires leur a fait hausser
encore un peu plus le ton. On crut même un moment que la goutte qui
allait faire déborder le vase.
En
définitive, il n'en fut rien. S'agissant des initiatives de
terrain, on est resté en effet au point mort, malgré les
gesticulations destinées à donner l'impression qu'on s'activait
face à une abomination si spectaculaire, dont les images atroces
furent complaisamment exhibées par les médias.
Notre
microscopique leader national, autrefois champion du pacifisme,
devenu belliciste à la suite de sa brillante campagne malienne, a
bien tenté pour l'occasion de se faire justicier. Il fallait selon
lui, « punir » le régime de Bachar Al Assad.
Mais
de quel droit se prévalait-il pour juger cet abject régime
socialiste néo-soviétique aux abois qui méprise depuis des
décennies l'idéal démocratique? Quel brevet de vertu peut-il
exciper, lui qui ose encore se réclamer, en tant que président "socialiste", de cette idéologie aux plus
de 100 millions de morts à travers le monde ? Sans doute
faudrait-il y voir de l'humour noir et sans doute involontaire ?
Le
fait est que le justicier en forme de Tartarin se dégonfla bien
vite, vue l'inconsistance de la détermination de son allié
américain de circonstance. C'était, il faut bien dire, une autre guerre
que l'étrange tragi-comédie malienne qui vit l'histrion partir la fleur au fusil et régler le conflit, sans
besoin d'aucun allié, en deux coups de cuillers à pot, et quasi
sans avoir à tirer un coup de feu. Belle épopée, dont ne vit rien
que les lampions d'après la pseudo-bataille, et dont personne ne
comprit vraiment à quoi elle servit...
Hélas,
le spectacle donné par le duo velléitaire Obama-Hollande rappela
bien davantage un numéro à la Laurel et Hardy, qu'un tête-à-tête
de grands de ce monde au sommet des nations. Franchement je persiste
à préférer de loin l'association Bush-Blair de 2003, lors du
problème irakien. Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, elle avait
plus de panache, plus d'envergure, plus d'ambitions, et portait
nettement plus d'espérances ! Plus de passions également,
comme dans tout vrai drame, car la violence des
injures auxquelles durent faire face à leur époque les deux artisans de la
libération de l'Afghanistan et de l'Irak n'eut d'égale que l'indifférence abyssale de l'opinion
publique face aux événements de 2013. Pour tout dire tout le monde
se contrefout de ce qui se passe en Syrie...
Il
faut dire que le tango militaro-diplomatique auquel on assiste,
n'est pas seulement grotesque, il est totalement à contre-temps. S'il fallait se poser la question d'une intervention en Syrie, il est évident que c'était
bien avant le n-ième acte de barbarie de la dictature baasiste. Et
surtout avec des objectifs un peu plus sérieux que celui de balancer
deux ou trois bombes punitives.
Mais
pour cela il eut fallu des tripes, des convictions, de la volonté, et
de la préparation, ce qui semble faire cruellement défaut aux
dirigeants d'aujourd'hui. Au surplus, la peur d'être comparés à
George W. Bush fait sans doute l'effet d'un venin paralysant.
Comme
pour accentuer le sentiment d'assister à une farce, c'est Vladimir Poutine
qui arrivé à la manière d'un clown blanc, tira les marrons du feu
en proposant un expédient auquel se rallièrent trop heureux, les
larrons pusillanimes, plutôt emberlificotés dans leurs
contradictions.
Et
pour enfoncer le clou, le Président américain,à la tribune de l'ONU, tira la morale de ce lamentable épisode, jugeant qu'en la
circonstance, « la communauté internationale n'avait pas été
à la hauteur » : Quelle lucidité !
Et l'aveu
en quelque sorte, que le spectacle horrifique pourra se prolonger...
Depuis
le début de son mandat le président Obama a montré une incapacité
inquiétante à mener une vraie politique internationale. Résultat: plus que
jamais, l'Amérique est faible, ce qui n'est jamais bon signe. Face
aux nombreux défis, ce fut soit l'inaction soit l'échec. Du côté
du conflit Israélo-Palestinien, aucune vraie proposition ne vit le
jour. Face à l'Iran, c'est l'impuissance. Devant les révolutions
tunisienne et égyptienne, l'apathie. En Libye, après un discret soutien
logistique à l'intervention française, suivit une incurie dont
l'attentat qui coûta la vie à l'ambassadeur US à Benghazi fut une
des conséquences tragiques. En Afghanistan et en Irak, depuis le
désengagement militaire, le président américain a semblé observer
sans réaction l'effilochage progressif des acquis durement gagnés
en 2001 et 2003. Depuis 2008, arrivée d'Obama au pouvoir, on compte
plus de 4000 morts en Irak et chaque jour la situation semble se
dégrader davantage.
D'une
manière générale, on assiste à une nouvelle montée des périls,
qui pourrait préluder à des drames à venir sous nos latitudes. Les
récents carnages survenus au Yemen (65 morts), au Pakistan (70
chrétiens sauvagement assassinés à la sortie de la messe par une bande de kamikazes décérébrés, avant d'être démembrés), et
au Kenya (plus de 60 morts dans un supermarché) font froid dans le
dos. impossible de ne pas voir que l'islam dans sa version la plus hideuse, la plus arrogante, la
plus rétrograde, la plus vindicative ou simplement provocante ne
cesse de progresser.
Il
serait temps de s'en inquiéter, sans avoir pour autant besoin de
faire des amalgames réducteurs, mais avec sang froid et réalisme.
L'intolérable ne peut être toléré....