28 janvier 2016

The Trumpets of Anti-Americanism

A l’occasion de la candidature du Tycoon Donald Trump à la Primaire républicaine et de l’élan populaire inattendu et durable qui l’accompagne, se déchaîne à nouveau la vindicte pavlovienne des vigiles de l'anti-américanisme.

Si l'on parvient à prendre un peu de recul face à ce phénomène aussi étrange qu’excessif, le spectacle pourrait être plutôt jouissif. Enfin un peu d'ambiance !

Il est vrai que "l’obsession anti-américaine", pour reprendre l'expression de Jean-François Revel, était quelque peu en sommeil sous l’effet du lénitif Obama. Le soufflet de l’enthousiasme des admirateurs du beau gosse au teint d’ébène, si joli coeur, si drôle dans les salons, et de surcroît si délicieusement pacifiste et un brin écolo, était un peu retombé. A défaut d’efficacité, l’actuel président américain avait procuré un peu vacances à ceux qui avaient les oreilles meurtries par les vociférations répétitives adressées à son prédécesseur George W. Bush.

Aujourd’hui on retrouve les mêmes légions d’imbéciles, même pas heureux, qui se remettent de plus belle à hurler à la mort.
Évidemment les artistes se doivent d'être en tête de ce peloton de nigauds, auquel les médias complaisants et dénués de toute originalité, servent de caisse de résonance.
On voit par exemple de glorieux chanteurs s’offusquer de l’emprunt par le Donald de leurs chansons, destinées à égayer ses meetings.

D'autres enjoignent les grandes entreprises à cesser illico presto leurs relations d’affaires avec lui ou bien exhortent les citoyens politiquement corrects à signer des pétitions réclamant la censure du-dit candidat : Salma Hayek, Jane Fonda, Danny Glover, Kerry Washington...
Tiens, on ne trouve pas le nom de Sean Penn, "leftist" bien connu qui ne manque pas une occasion de manifester son indignation à sens unique, si prévisible. Il faut dire que le gars est empêtré dans une sale affaire : il n’a rien trouvé de plus intelligent que d’interviewer le baron de la drogue mexicain El Chapo, récemment arrêté, et accusé d’avoir par ses sordides trafics occasionné la mort de plus de 30.000 personnes...
On voit en revanche quelques illustres inconnus ne pas hésiter à se vautrer dans l’outrance pour tenter d’avoir leur quart d’heure de célébrité sur le dos de la bête. Ainsi, on peut évoquer au chapitre d’un indicible mauvais goût, l’oeuvre d’une certaine Sarah Levy, auto-proclamée féministe homosexuelle, qui a peint le portrait du candidat putatif républicain avec le sang de ses règles ou bien ce collectif de photographes exhibant fièrement un tableau figurant le même Trump à l’aide de 500 photos de pénis !

A l’extérieur des Etats-Unis, la vindicte n’est pas moins caricaturale. Citons par exemple la pétition exigeant l’interdiction de séjour au Royaume uni du leader républicain, lancée par une Ecossaise et relayée par certains députés travaillistes, qui a occasionné un débat aussi mouvementé que stérile à la Chambre des Communes, au motif qu’elle avait rassemblé plus de 500.000 signatures !

Il n’est pas utile en revanche de s'appesantir sur la France où l’on sait que Panurge est roi et où au moins 99% des gens sont résolument et définitivement anti-Trump !
A la limite, devant un tel concert de stupidités, on n’a même pas besoin d’essayer de juger Donald Trump. Toutes ces critiques volent si bas, s’attaquant à la forme plutôt qu’au fond, et montant en épingle la moindre petite phrase ! 

Il est vrai que M. Trump est un bon client, comme on dit. Il ne pratique pas la langue de bois. Il n’a pas son pareil pour asséner quelques truismes ciselés dans le plomb, et s’amuse manifestement énormément de ce petit jeu qui hérisse les cocottes conformistes, autant qu'il provoque la liesse chez ses partisans, de plus en plus nombreux.
Mais nous Français, avons nous des leçons à donner à la démocratie américaine, nous qui avons porté au pouvoir un champion du monde toute catégorie de l’inefficacité satisfaite, expert magnifique en bourdes, mensonges, contradictions, sentences haineuses, muflerie, et qui s’est entouré d’un ineffable gouvernement de bras cassés ?

25 janvier 2016

Refroidissement climatique... au Dévonien

Lu dans le magazine La Recherche, un petit article relatant la découverte récente dans l'archipel norvégien du Svalbard, par une équipe britannique de paléobotanistes, de fossiles provenant de forêts tropicales datant de 380 millions d'années.
Cela ne date pas d'hier certes. Pour tout dire, de l'ère du Dévonien ( qui s'étendit de -420 à -360 millions d'années), et la Norvège, qui n'avait pas encore dérivé vers le grand Nord, se situait peu ou prou à l'équateur de la Terre. Autres temps, autres conditions climatiques...

Ces forêts d'arbres primitifs dont les feuilles naissaient directement du tronc, n'étaient semble-t-il pas très hautes, la canopée ne dépassant guère 4 mètres. Mais elles étaient très denses, composées d'individus séparés tout au plus d'une vingtaine de centimètres.
Surtout, l'intense photosynthèse découlant de cette verdure luxuriante, en absorbant massivement le dioxyde de carbone de l'atmosphère, conduisit à en diviser le taux par quinze ! Il s'en serait suivi une importante chute des températures qui aurait, nous dit-on, entraîné une extinction de masse. Jusqu'à 70% des espèces présentes à la surface de la planète auraient en effet disparu à cette période !

De cette histoire édifiante, dans laquelle l'activité humaine n'a aucune responsabilité, on pourrait tirer deux conclusions :
La première est qu'il s'avère bien difficile de savoir s'il vaut mieux mourir de chaud que de froid.
La seconde, que pour lutter contre le réchauffement climatique du à la dissipation des fameuses énergies fossiles, c'est un juste retour des choses que de planter des arbres, mais pas trop quand même !

La Recherche Janvier 2016. D'après un C.M. Berry & J.E.A. Marshall, in Geology, 2015.

12 janvier 2016

Etre ou pas...

D’une heure opaque et lourde émerge un nouveau jour
Mais au bout de la nuit, ce qui commence à poindre
Donne-t-il vraiment plus à espérer qu’à craindre
Et l’aube a-t-elle moins de haine que d’amour ?

Le temps grave en chaque être un ténébreux contour
Qui l'oblige souvent à pleurer et se plaindre
Espérant malgré tout pouvoir un jour rejoindre
L'infini prolongeant ce destin bien trop court…

A-t-on imaginé pour être vraiment libre
Qu’il faille en appeler au règne de l’esprit
Plutôt que de la chair dépourvue d'équilibre ?

A-t-on songé que si le corps n’a pas de prix
Il est prompt à vieillir et périt quoiqu’on fasse
Tandis que l’Etre est jeune et jamais ne s’efface...

31 décembre 2015

Nano-Démocratie

L'indicible médiocrité du débat qui fait rage en ce moment en France au sujet du vague projet de réforme constitutionnelle, visant à déchoir de la nationalité française les terroristes bi-nationaux, donne la mesure microscopique des enjeux auxquels est confronté notre système politique. 
Comme s'il n'y avait pas de problématique plus essentielle pour nos politiciens, décidément rivés au petit bout de leur lorgnette pour voir le monde !
Notre pays se satisfait d'un succédané de démocratie, qui semble convenir à beaucoup de Français, si tant est qu'on a les gouvernants qu'on mérite. C'est misérable et totalement indigne du rang auquel notre nation prétend, mais c'est comme ça.
Où tout cela peut-il nous mener ? Sans doute à pas grand chose.

On apprend qu'en 2015, au moins un million de migrants ont afflué vers notre vieille Europe, dépassée par les événements. Avec quelle énergie, avec quelle ambition, peut-on faire face à ce rush désespéré ? Tout les ressorts semblent si plats...
Combien de temps la France pourra-t-elle encore tenir, engluée dans une bureaucratie de plus en plus asphyxiante, étranglée par une fiscalité confiscatoire, et rongée par une idéologie décatie, gluante de bon sentiments aussi vertueux qu'inconséquents ? Dans un tel contexte d'irresponsabilité généralisée, combien de temps resterons nous libres ? 

Jamais l'enseignement de notre bon Tocqueville n'a paru aussi loin...

Beaucoup de questions assez angoissantes au seuil d'une année pleine d'incertitude.
Tant pis. Essayons de former encore des vœux. Et avec opiniâtreté, et plus que jamais, faisons en sorte de penser par nous mêmes... Un grand merci aux visiteurs de ce blog et à celles et ceux qui croient encore que la Liberté n'est pas un vain mot !

14 décembre 2015

Victoire à la Pyrrhus

Une fois encore la grande vague annoncée "bleu marine", se termine en écume qui s'anéantit au contact des réalités triviales du scrutin. Rendant du même coup bien ridicules les sinistres augures qui prophétisaient une guerre civile toute proche...

Plus que jamais, le débat politique en France paraît ce soir on ne peut plus crispé, sans ambition, sans force, sans perspective. A la faveur d'un découpage régional absurde, sans queue ni tête, et d'une réforme attribuant aux conseils régionaux des missions largement indéfinies, on assiste à des débats sans âme et sans portée d'avenir.

On peut certes une fois encore blâmer la ringardise de la vision incarnée par le FN, enfermée dans des canons économiques dépassés, un anti-libéralisme moyen-âgeux et l'illusoire rempart du protectionnisme. N'empêche, les autres ne font pas mieux, puisqu'ils n'ont à ce jour qu'à se battre la coulpe en répétant de manière hypnotique qu'ils doivent « entendre » le message de colère des électeurs, et même constater qu'il est mérité, en raison de l'inanité des politiques que tous ont peu ou prou porté ou même incarné...

Face à ce terrifiant FN décrété infréquentable, hérétique et relaps, ce fut l'union quasi sacrée. Il fallut cet assemblage hétéroclite, de sac et de corde, cartel des droites et du centre, alter, coco, gaucho, écolo, pour faire barrage au diable, au prix de sacrifices ineptes. A l'image de ce challenge insensé, c'est à une victoire à la Pyrrhus à laquelle on a droit !

Pas une région abandonnée au Front National, et chacun peut se vanter d'avoir sauvé l'essentiel, mais cela n'annonce pas pour autant des lendemains qui chantent...

09 décembre 2015

Les raisons de la colère

Décidément, l’histoire se plaît  parfois à resservir les mêmes plats.
Ce premier tour des Régionales n’est en somme qu’une sorte de déjà-vu rappelant un certain 21 avril 2002, et plus récemment les élections européennes il y a un an et demi à peine. Avec juste un peu plus de force...

J’avais pensé appeler ce billet “Chronique d’un désastre annoncé”, mais j’aurais été amené à paraphraser celui qui m’avait été inspiré par le scrutin de Mai 2014 auquel je me réfère aujourd’hui.
A chaque fois, on nous fait le coup du “choc” (le Figaro, l’Humanité), du séisme politique. Il n’en est évidemment rien. Cette stupeur apparaît désormais aussi vaine que les dénonciations véhémentes d’une classe politique au bout du rouleau, adressées au Front National et à "la France rabougrie, haineuse, xénophobe..." qu’il est supposé incarner.

Ces accusations dans la bouche de gens qui se partagent le pouvoir depuis des décennies, masquent de plus en plus mal le refus d’admettre leur incapacité à résoudre les problèmes. Dans leur rage de perdre inéluctablement leurs rentes de situations, ils en viennent désormais à faire purement et simplement fi de la démocratie, en refusant à un tiers de l’électorat le droit à être représenté ! Triste spectacle…
Hélas, il semble un peu tard pour endiguer le péril. Droite et Gauche traditionnelles portent une très lourde responsabilité dans la montée du FN. La Gauche est à l’évidence la plus coupable pour avoir attisé le mécontentement populaire par des lois ineptes et même pire, pour avoir sciemment dopé l’ascension de cette formation, par pur calcul politicien. La Droite quant à elle, par niaiserie et manque de conviction, s’est laissé enfermer dans ce piège absurde, en renchérissant dans la logique d’exclusion systématique du FN et de ses idées.

Malheureusement, au bord l'abîme, tous ces gens ne semblent toujours pas avoir tiré les leçons d’un désastre dont ils sont les principaux artisans.
Le soir du premier tour, ce dimanche 6 décembre, la forfanterie le disputait à l’inconséquence.
On put mesurer l’arrogance de Xavier Bertrand, s’imaginant déjà vainqueur dans le Nord, et pérorant très satisfait, que 60% des électeurs avaient rejeté le Front National au moment où ce dernier enregistrait un score historique de 41%, tandis que lui-même devait se contenter d’un taux pitoyable d’à peine 24% des votes exprimés.
On put apprécier la boursouflure du ministre Le Foll, prétendant de manière histrionique qu’en additionnant les morceaux éparpillés de l’armée de la gauche en déroute, on obtenait “ le premier parti de France”.
Ce soir là, Bruno Lemaire ne fut guère plus convaincant. D’une phrase il prenait acte de la déception des électeurs : "on a essayé la droite, ça n'a pas marché, on essaie la gauche, c'est un désastre”, de l’autre, il réitérait sans complexe que “le renouveau doit rimer avec droite républicaine, avec centre…” On pouvait se demander s’il fallait rire ou pleurer de ces simagrées.

Sans doute la colère du peuple a-t-elle de multiples raisons. Gageons qu’un certain nombre de gens dont je fais partie, partagent une aspiration à une vraie société libérale, moderne et responsable, et appellent de leurs voeux l’avènement d’une nation européenne soudée par le puissant ciment fédéraliste. Ces gens sont aux antipodes du FN, pourtant, ils ne se reconnaissent plus dans aucune des formations de l’échiquier politique auto-prétendu “républicain”, où l’on passe son temps à massacrer l’idée même de Liberté, et où on laisse peu à peu s’effilocher le patchwork européen, faute de courage et de conviction.
Ces personnes en sont arrivées au point où elles ne peuvent plus considérer le FN comme la pire des solutions, tant les autres partis ont achever de les dégoûter.
Ils sont en définitive de plus en plus nombreux, ceux qui pensent qu’il est peut-être temps de se résoudre à voir ce parti prendre dans le jeu démocratique une part active, car on ne peut continuer à rejeter par principe, plus d’un tiers des opinions.
Gravement annoncé par un Premier Ministre plus crispé que jamais, le désistement de candidats socialistes laminés par la vague de fond apparaît dans ce contexte comme un dernier et dérisoire rempart avant le tsunami…
Le plus grave est d’avoir continûment exclu le FN du jeu démocratique, ce qui a contribué à le radicaliser, et surtout qui l’oblige a être majoritaire tout seul. Hélas, cela va peut-être finir par se produire et cela pourrait ne pas être très bon… Mais sera-ce pire que cette belle brochette d’andouilles qui nous conduit en douceur à la faillite ? That is the question…

05 décembre 2015

Le soleil se lève toujours à l'Est

Quel pays étrange que le Japon !
Rarement à la une de l’actualité, il semble si lointain, qu’on le dirait presque sur une autre planète.
Son insularité y est peut-être pour quelque chose, mais le fait est qu’il ne fait rien comme les autres.
Champion de la modernité technique, il a su préserver une ardente et intemporelle personnalité et l’esprit national y semble intact, inscrit dans le panache impérial d’une histoire millénaire, à fois statique et très évolutive.

Sévèrement éprouvé par les évènements naturels, dus autant aux intempéries climatiques violentes qu’à l’instabilité sismique de la région, il fut également victime de la folie humaine. Même s’il fut largement responsable de la survenue de ce désastre, il reste le seul peuple à avoir connu dans sa chair, les affres de la guerre nucléaire.
Non seulement il a supporté vaillamment ces terribles calamités, mais à l’instar de la fameuse citation nietzschéenne selon laquelle ce qui ne tue pas rend plus fort, il reste envers et contre tout une nation qui compte, et sur les ruines il a su reconstruire, toujours plus ambitieusement.

Converti bon gré, mal gré, au modèle démocratique occidental, on dirait qu’aucun des périls auxquels sont confrontés les autres ne l’atteint.
Au plan économique, bien que sa croissance ait beaucoup molli depuis quelque temps, il reste la troisième puissance mondiale, en apparence fermée mais pourtant très ouverte aux échanges puisqu’il est au troisième rang mondial en termes d’exportations et au sixième pour les importations.
L’immigration est quasi inexistante. Est-ce une conséquence, sans doute en partie, le pays ne connaît pas la plaie du chômage, dont le chiffre se maintient au taux incroyablement bas de 3,4% !
En matière de santé publique, il affiche les meilleurs indicateurs au monde. L’espérance de vie y est la plus longue (plus de 87 ans pour les femmes et plus de 83 pour les hommes) et le taux de mortalité périnatale n’est que de 2,1 pour mille. L’image boursouflée des lutteurs sumo, ne s’applique pas à la population générale, qui s’alimente sainement et qui ne compte que 3,7% de personnes obèses.
La protection sociale, très ancienne puisqu’elle couvrait 70% de la population juste avant la seconde guerre mondiale, s’étend aujourd’hui à 99,9% des Japonais. Fondée en grande partie sur un système public, elle laisse toutefois la part belle à plus de 3500 compagnies d’assurances.

Quelques ombres obèrent certes un peu ce tableau séraphique. le Japon qu’on pensait guetté par la surpopulation, a vu s’effondrer son taux de natalité, ce qui constitue une vraie menace sur le renouvellement des générations et plus prosaïquement sur l’avenir des retraites. A ce jour l’âge légal de fin d’activité est flexible, entre 55 et 65 ans, tendant progressivement vers la limité haute de la fourchette. Le financement est complexe, basé en partie sur un système de “répartition provisionnée”, géré par l’Etat, et par l’ouverture croissante à la capitalisation. De fait, les Japonais sont des épargnants ce dont profite paradoxalement l’Etat, un des plus endettés au monde (autour de 240% du PIB !), mais en circuit fermé si l’on peut dire, et quasi indépendant de créanciers étrangers…

Le Japon qui a su conserver une bonne partie de ses traditions séculaires reste donc un îlot de sérénité et de prospérité au sein d'un monde tourbillonnant, en proie à la perte de tous les repères.
Mais peut-il devenir à son tour un modèle ?
Et combien de temps ses 127 millions d’habitants pourront-ils encore jouir de l’ivresse du progrès technique, dans le cadre embaumé et rassurant d’une civilisation hors d’âge ?


Sources : Wikipedia, Les Echos, OECD, New England Journal Of Medicine, Le Monde

29 novembre 2015

La grande kermesse climatique

La réunion internationale sur le climat dite COP21 s'inscrit dans l'actualité de manière fort troublante. Succédant par le jeu du hasard aux terribles attentats parisiens, elle offre un contraste saisissant avec ces derniers et soulève brutalement plusieurs questions.

Celle du timing bien sûr avant tout. Car après cette tuerie sauvage, qui a conduit à la proclamation de l’Etat d’Urgence, à renforcer les mesures de sécurité du plan vigipirate (déjà renforcé depuis janvier dernier), et qui met à rude épreuve les forces de l’ordre, organiser une manifestation monstre réunissant 150 chefs d’états, peut apparaître comme une gageure, voire une pure folie.
La capitale française va se transformer en camp retranché, mobilisant des milliers de policiers et gendarmes. La circulation routière va être des plus difficiles et on annonce de grandes perturbations sur les transports en commun ! Ainsi les Pouvoirs Publics recommandent aux citoyens de se débrouiller pour rester chez eux, tandis qu’en haut lieu, on fera la causette sur les caprices de la météo ! On propose de manière utopique de se mettre au télétravail, ou plus prosaïquement de prendre un ou deux jours de RTT (Réduction du temps de Travail).
On croit vraiment rêver ! Tout ce ramdam pour quoi ? Pour évoquer les risques hypothétiques d’un éventuel réchauffement de l’atmosphère terrestre dans le siècle à venir !
Devenue une véritable idéologique totalitaire, la théorie du réchauffement climatique (Global Warming), tolère de plus en plus mal la critique. On a vu récemment un haut responsable du service météorologique (Philippe Verdier) évincé par les satrapes qui réglementent le Service Public de l’information, au motif qu’il émettait quelques réserves sur ce délire collectif. On a vu une ancienne ministre préconiser le fichage des esprits déviants de la théorie officielle dont elle se veut une des figures dominantes pour ne pas dire la pasionaria. Elle voudrait qu'ils assument leur responsabilité lorsque l’apocalypse selon Corinne Lepage aura lieu, voire sans doute qu’ils soient jugés par un tribunal ad hoc…
Quant à monsieur Hulot, qui sillonna le monde sans trop se soucier de son bilan carbone, il voudrait au nom de sa nouvelle religion, empêcher les entreprises d'être profitables, pour protéger la nature…

Bref, en attendant la montée des eaux, on nage en pleine inconsistance.
Si réchauffement il y a, bien malin celui qui peut affirmer qu’il soit uniquement d’origine humaine. La science des évènements climatiques est si complexe et aléatoire que même avec les plus puissants calculateurs, et les meilleurs algorithmes, la sagesse impose de se rallier au bon vieux principe socratique selon lequel “la seule chose qu’on sache c’est qu’on ne sait rien…”
Combien de temps le réchauffement durera, personne ne peut le dire. Tant d’évènements naturels peuvent survenir à tout moment qu’il est illusoire de pouvoir affirmer ce qui va se passer dans cent ans ! En 1991 le volcan philippin Pinatubo, qu’on croyait éteint depuis 500 ans fut le siège d’une colossale éruption, qui à elle seule d’après les experts, occasionna un refroidissement moyen de l'atmosphère de 0,6 degrés celsius pendant 3 ans !

Si tant est qu’il ait réchauffement et que l’homme en soit le fautif principal, on n’en serait pas beaucoup plus avancé. Certes, il paraît évident et de bonne politique de développer des énergies propres et renouvelables, et d'une manière générale de ne pas gaspiller les ressources naturelles. De là à refuser tout développement industriel, et toute activité productrice de CO2, il y a un sacré pas.
On a quand même un peu tendance à oublier les retombées favorables pour des millions, voire des milliards d’être humains, de ce progrès industriel et technique.
Les mêmes qui s’accommodaient fort bien de l’asservissement dans la pauvreté de tous les peuples soumis au communisme, voudraient désormais leur interdire d’accéder à un peu de prospérité ! Certains ont sans doute la nostalgie du pseudo-égalitarisme de Mao qui procurait soi disant à tout Chinois un bol de riz... Ceux qui fermaient les yeux sur les horribles dégradations de l’environnement commises au nom du socialisme, continuent à donner des leçons et voudraient faire croire que l’écologie soit forcément “de gauche”. Quelle extravagance !

Enfin, si tant est qu’il y ait réchauffement du climat, est-il forcément néfaste comme on l’assène de manière univoque à longueur de journée ? N’y a-t-il pas quelque effet positif qu’on pourrait en toute objectivité, mettre en balance ?
La douceur automnale connue cette année en France fut des plus agréables. Mais sans doute a-t-elle permis de faire de substantielles économies en matière de consommation énergétique et peut-être de belles récoltes agricoles, qui sait ?

Ce qui est sûr en tout cas, l'organisation de grand happening est bonne à prendre pour des Pouvoirs Publics toujours avides de redorer leur blason défraîchi.
On pourrait pourtant gloser sur leur lourde responsabilité en matière d’aménagement du territoire, à la fois autoritaire et inefficace pour pallier les catastrophes naturelles, notamment les inondations.
On pourrait faire remarquer qu’ils ont beau jeu d’agiter des peurs sur l’avenir, qu’ils prétendent indépendantes de leur bonne volonté, alors qu'ils font mine dans le même temps doublier l’incurie gestionnaire qui les conduit à endetter massivement et pour des décennies les jeunes générations.
On pourrait observer que l’occasion est trop belle pour eux d'occulter l’inexorable montée du chômage, en grande partie due à leur politique calamiteuse. Et on pourrait noter qu’une fois encore ils profitent des circonstances pour augmenter les impôts et taxes, seule chose qu’ils sachent vraiment faire.
Pour paraphraser le Quotidien La Provence, les automobilistes se diront qu'ils avaient mal compris ce que Ségolène Royal et Manuel Valls avaient pourtant indiqué à la mi-octobre : "Dès 2016, la taxation de l'essence sera réduite d'un centime par litre par rapport à son niveau aujourd'hui prévu ; la taxation du gazole connaître le mouvement inverse."
Foin de tout cela : en fait d'une baisse du prix de l'essence d'un centime par litre, c'est à une augmentation de 2 centimes par litre à laquelle il faut s'attendre au 1er janvier prochain. Pour le gazole la note sera encore plus importante : 3,5 centimes par litre.
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose...

25 novembre 2015

Quelle guerre ?

On ne dira jamais assez l’horreur des attentats qui viennent d’ensanglanter Paris. On n'invoquera jamais assez l'Unité Nationale, si nécessaire lorsque de grandes épreuves frappent le pays, révélant entre autres sa vulnérabilité face à la menace terroriste.

N'empêche, comment ne pas être abasourdi par le déluge de belles résolutions, de déclarations plus martiales les unes que les autres, auxquelles on assiste depuis ces derniers jours. Et surtout, que penser de ce concert de revirements brutaux, de palinodies et de révisions déchirantes, de la part de politiciens désemparés, aux abois, n'hésitant pas à dire le contraire de ce qu'ils déclamaient il y a peu...
Comment réagir aux déclarations des nombreux experts affirmant que ces attentats, pour atroces qu'ils fussent, n'avaient rien de vraiment surprenant, et qu'on les attendait tôt ou tard !

Ce n'est certes pas que les Pouvoirs Publics n'aient rien fait après le premier coup de tonnerre du 7 Janvier dernier, mais avaient-ils pris vraiment la mesure du défi ? Avaient-ils en définitive les moyens de renverser tout d'un coup le cours d'une histoire déjà ancienne hélas, à laquelle ils avaient assisté, quelque soit leur bord, si passivement, depuis si longtemps ?
Au vu de tout ce que l'on découvre jour après jour, on peut sérieusement en douter. C'est qu'on voit une vraie pelote de l'horreur se débobiner peu à peu sous nos yeux stupéfaits.

Tout à coup, le pays a pris conscience, lors de ce jour d’infamie du Vendredi 13 Novembre, qu'en dépit de tous les avertissements, de toutes les alertes, les terroristes circulaient quasi sans contrainte entre un Moyen-Orient à feu et à sang et notre douce et tranquille Europe. On fait le constat que les armes de guerre s'échangeaient comme si elles étaient en vente libre, et que les foyers d'endoctrinement idéologique du jihad pullulaient allégrement sur le terreau fertile de la voyoucratie des banlieues, arrosés par le produit de trafics en tous genres. Un peu partout, sur la carte de France, on voit les points dangereux s'allumer...

Que valent dans ce contexte, les déclarations de guerre entonnées urbi et orbi par le Chef de l'Etat ? Que vaut la réunion en grande pompe du parlement en congrès à Versailles, pour envisager une fois encore une révision de la constitution ? Que vaut un état d'urgence qui au lendemain des attentats n'empêche pas un terroriste et ses amis de repasser tranquillement la frontière prétendument fermée et n'arrête pas un gourou islamiste de continuer à sévir comme il le faisait impunément depuis plusieurs décennies ? Que valent toutes les Marseillaises chantées subitement aux quatre vents ? Que vaut au delà de nos frontières, l'appel « solidaire » du président Obama, se référant de manière emphatique aux valeurs de « Liberté Egalité Fraternité »? Pas grand chose assurément, si la détermination d'agir en profondeur et durablement, ne s'impose pas une fois pour toutes.

Certains commentateurs ont vu des similitudes entre les discours de François Hollande de 2015 et ceux de George W. Bush en 2001. Outre-Atlantique, on entend Barack Obama proclamer qu'il n'aura de cesse de "détruire l'Etat Islamique". Dans le même temps, beaucoup d'observateurs patentés affirment haut et fort que les frappes ne suffiront pas, et qu'il faudra mettre sur pied une opération terrestre.
Pourquoi diable, si tout cela était vrai, continuer d'agonir la politique mise en œuvre par les Etats-Unis après les attentats du World Trade Center ?
A-t-on oublié dans quel état se trouvait l'Afghanistan soumis aux Talibans et la clique de Ben Laden, si semblable à la situation de la Syrie ravagée par l'Etat Islamique ? Même obscurantisme religieux, même barbarie meurtrière, même folie destructrice vis à vis des chefs-d'oeuvres artistiques, même infestation par les foyers d'embrigadement terroriste.
A-t-on oublié les forfaits commis par Saddam Hussein depuis 1991 et bien avant, provoquant entre autres catastrophes, la mort d'au moins deux millions de personnes ?

On pourra dire ce qu'on voudra, à l'époque l'Amérique existait, et sa force n'était pas virtuelle. Les interventions militaires massives avaient permis de nettoyer l'Afghanistan et de redonner à ce pays un semblant de paix et de civilisation. Elles avaient mis fin à la tyrannie en Irak et ouvert la voie vers la démocratie, validée au moins deux fois par des élections libres.
Tout cela était certes bien fragile, et de nombreuses erreurs furent faites au cours de cette reconquête. L'Administration américaine porte une part de responsabilité, ayant pêché par excès d'optimisme et sans doute par méconnaissance de certaines réalités de terrain.
Mais que dire de l'attitude de la France qui se désolidarisa brutalement et lâchement de ses alliés en les traitant d'envahisseurs ou de force occupante ?
Que dire ensuite de la stratégie angélique du président Obama conduisant dès 2008 son pays à se désengager d'Irak, abandonnant avec armes et bagages si l'on peut dire,  ce malheureux pays aux brigands et laissant le mal contaminer par contiguïté la Syrie, et en retour toute la région ? 

On ne peut s'empêcher de penser au Vietnam et au Cambodge abandonnés au fanatisme communiste dans les années soixante-dix...
Aujourd'hui, il reste possible de penser que le désastre auquel on assiste, trouve une partie de ses causes dans cette démission de la communauté internationale. Mieux, il est possible d'envisager qu'un jour cette même communauté se retrouvera dans l'obligation de reprendre à zéro ce qui avait été entrepris...

Pour l'heure, l'Amérique reste aux abonnés absents.
L'Europe quant à elle, est un mollusque sans détermination, sans cohésion et perméable à toutes les menaces extérieures. On a bonne mine de s'interroger sur les lacunes de l'espace Schengen. Le problème n'est pas tant de fermer les frontières internes que d'étanchéifier celles qui nous séparent du monde extérieur.
Pour cela, sauf à revenir aux nations d'antan, il faudrait une vraie organisation fédérale capable de mettre en œuvre des mesures applicables à tous les états, de manière homogène.

Hélas, nous en sommes bien loin. Rien dans les discours actuels ne paraît nous rapprocher un tant soit peu de cet objectif. Notre Président s'agite en tous sens mais les trémolos lyriques de ses envolées guerrières font surtout vibrer la graisse replète de ses bajoues bourgeoises. Le fait est qu'avant d'avoir mis le feu aux repères d'un terrorisme dont il rechigne à dire le nom, il provoque une nouvelle flambée des dépenses publiques, qu'il faudra bien payer un jour en sueur et en larmes...

Bref, le jour est morne en cette sépulcrale tiédeur automnale, et l'espérance semble bien ténue sur l'horizon. Viendrait-elle pour une fois de l'Est, où la Russie revenue de tout, semble en passe de pouvoir imposer à tout ce petit monde en émoi, au moins une ligne d'action cohérente ?

15 novembre 2015

La mort pour seul horizon

Ainsi une poignée de brutes décervelées aura suffi pour répandre au nom d'Allah une terreur contagieuse dans Paris, dans tout le pays et même au delà. Sans autre but que de tuer, tuer, toujours tuer. Comble de l'absurde.

La première pensée est évidemment de compatir au malheur de tous ces gens frappés dans leur chair par ces atroces attentats, parce qu'ils se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Comment ne pas s'imaginer à leur place, et ressentir effroi, stupeur, et infinie tristesse ? Comment ne pas s'associer à la peine de leurs familles foudroyées ? Mon Dieu, pourquoi tant de mal ?

Ainsi pour la seconde fois en moins d'un an le terrorisme islamique montre son hideux visage au cœur même de notre capitale, brisant dans un vacarme effroyable l'insouciance festive d'un début de week-end et jetant avec une indicible cruauté le désarroi sur les esprits.
De tous les maux subis par l'être humain, ceux provoqués par sa propre folie sont certainement les plus incompréhensibles, les plus inexplicables, les plus effrayants, les plus consternants.
Il n'y a pas d'explication ou bien elle est trop évidente : le mal est en nous. Il fait partie de notre substance. Chassons-le, il revient toujours d'une manière ou d'une autre. Aujourd'hui c'est le fanatisme religieux, mais au fond c'est toujours l'aveuglement idéologique et l'ivresse conquérante qui fait perdre la raison aux hommes. A chaque fois, il se trouve des intellectuels pour former des théories insanes et des imbéciles pour les appliquer.

Le lancinant ballet médiatique s'est aussitôt mis en place. Il va tourner en boucle durant des jours effaçant pour un temps le monde. On se répandra en manifestations aussi émouvantes qu'impuissantes, et de partout fuseront les vœux et résolutions pour que cela n'arrive plus jamais. On donnera libre cours à tous les commentaires. Tous inutiles tant que le fléau ne sera pas pris à bras le corps, avec une détermination sans faille et sans relâche car on n'est jamais définitivement débarrassé des pestes. A l'instar de Janus, l'homme a deux visages l'un tourné vers les illusions, l'autre vers la réalité. Aujourd'hui décidément, l'angélisme n'est pas de mise...

Illustration : Désespoir Henri Vidal (1864-1918). Jardin des Tuileries

11 novembre 2015

Le mirage de la mixité sociale

La mixité sociale constitue un des desseins emblématiques de la politique de la ville sous tendue par l'idéologie socialiste. Et au même titre que la Justice Sociale, certains imaginent manifestement qu'il suffit de la décréter par des lois pour qu'elle se réalise.

Dans les deux cas, personne évidemment ne peut contester que l'objectif soit louable en soi. Qui ne voudrait en effet d'une société harmonieuse et équitable où ne seraient l'objet de discrimination, ni la couleur de la peau, ni la fortune, ni les croyances religieuses ?

C'est dans sa réalisation que les opinions divergent, et qu'elles se clivent notamment autour des notions d'égalité et de liberté. Tocqueville dans un de ses éclairs de génie l'avait parfaitement démontré lorsqu'il opposait autour de ces deux notions, le socialisme à la démocratie (qu'on pourrait assimiler aujourd'hui au libéralisme tant elle était associée dans son esprit au système régnant en Amérique) : « La démocratie et le socialisme ne se tiennent que par un mot, l'égalité ; mais remarquez la différence : la démocratie veut l'égalité dans la liberté, et le socialisme veut l’égalité dans la gêne et dans la servitude »

La volonté acharnée d'instaurer par la contrainte la mixité sociale, comme on le voit en France, cristallise de manière édifiante cette problématique.
Trois types de mesures peuvent servir à l'illustrer : Les quota de logements sociaux, l'encadrement des loyers immobiliers et la carte scolaire.
Dans les trois cas, on assiste à la mise en œuvre obstinée de mesures contraignantes, que les Pouvoirs Publics se font un devoir d'appliquer de manière mécanique à tous, sans discernement et sans souci des réalités de terrain, dans le seul but de satisfaire à un principe.

Dans le premier cas, le gouvernement cherche à imposer à toutes les communes la même proportion de logements destinés aux familles démunies. Ce faisant, avec les meilleures intentions du monde, il crée de facto une discrimination dans les habitations, pointant évidemment celles qu'il entend réserver à une population qu’il définit selon de savants critères, comme défavorisée.
Le résultat le plus immédiat est d'occasionner une réaction d'inquiétude si ce n'est de rejet instinctive des autochtones et une frustration des nouveaux arrivants, cantonnés dans des îlots immobiliers de second ordre.
Outre les tensions qu'une organisation aussi arbitraire qu'artificielle fait naître, on assiste à une dérégulation brutale du marché immobilier local, la disparité étant d'autant plus criante que le quartier touché était “riche”. S'ensuit logiquement une tendance baissière, accentuée par la fuite plus ou moins rapide des propriétaires les plus rétifs à cette promiscuité non voulue. Globalement comme les fuyards n'ont aucune tendance à aller s'installer dans les quartiers pauvres, on ne fait en définitive que déplacer le problème.
Ce type de mesure ne fonctionne donc pas en pratique, certains maires préférant refuser carrément d'appliquer la loi au risque de devoir payer des sanctions.

L'Etat insatisfait, se révèle quant à lui incapable de tirer les leçons de son incurie, et plutôt que d’accepter l’échec et de revoir sa copie, il propose de renforcer le dispositif ! Non seulement il veut être toujours plus coercitif, mais imitant ce qu'il fait avec les impôts, il augmente régulièrement le taux minimal obligatoire de logements sociaux (actuellement de 25%).
Ce qui, soit dit en passant, objective l’effet désastreux de sa politique, puisque le chiffre s'inscrit comme un marqueur de l’appauvrissement général...

Parmi les mesures complémentaires que les politiciens ont imaginées pour parvenir à leur fin, figure le fameux encadrement du prix des loyers que madame Duflot a récemment remis au goût du jour durant son bref et funeste passage au ministère du logement (“et de l’égalité des territoires”).
Pas gênée par les multiples tentatives qui toutes ont démontré l'inefficacité d'un tel dispositif, elle en a donc remis avec délectation une couche, avec la bénédiction faut-il le préciser, du Président de la République !
A l’instar de la précédente, outre la complexité bureaucratique que la mesure génère en évaluations savantes et contrôles tatillons, son premier effet est de fausser un peu plus la loi naturelle du marché, à savoir celle de l'offre et de la demande. Or fausser la valeur des choses est rarement profitable si l'on peut dire... Si la sur-évaluation, engendrée habituellement par la spéculation, conduit en règle au Krach, la sous-évaluation n'est pas dénuée d'effets pervers. Dans le cas présent, l'un des premiers est d'accentuer le sentiment de pénurie. L'encadrement des loyers ne produit en effet aucun logement supplémentaire, mais il donne l'illusion à un nombre plus important de gens, de pouvoir prétendre à ceux existant. Résultat, les files d'attente s'allongent pour les visites, donnant paradoxalement aux propriétaires une latitude plus grande pour choisir leurs futurs locataires. Au bout du compte, c'est encore les personnes apportant les meilleures garanties de solvabilité et de bonne éducation qui tirent les marrons du feu. Pour elles, l'affaire est certes intéressante puisqu’elle se fait à bon compte, mais pour les autres c'est d'autant plus désespérant... Au surplus, cela ne diminue pas pour autant la frustration des propriétaires de ne pouvoir tirer profit de leur bien à sa juste valeur, ce qui peut les mener à cesser de les louer, ou bien de le faire « au noir », ou encore de les mettre en vente...

Dernier avatar, défendu mordicus par les tenants de la mixité sociale obligée : la carte scolaire. Celle-ci comme on le sait, supprime la liberté pour les parents d'inscrire leur enfant dans l'école publique de leur choix. Ils sont contraints de le faire dans l'établissement qui leur est désigné en fonction de stricts critères géographiques l
iés à la distance séparant leur domicile dudit établissement !
On sait de longue date que cette mesure est non seulement inefficace mais surtout néfaste, puisqu'elle conduit une fois encore à fausser le marché immobilier.
La bonne réputation d'un établissement scolaire fait en effet monter de manière mécanique les prix de l’immobilier autour de lui, puisque la seule manière de pouvoir y prétendre est d'habiter à proximité !
Résultat, la sélection des élèves ne se fait pas de manière harmonieuse comme l'imaginaient les promoteurs de cette machinerie, mais en fonction des ressources financières dont disposent leurs parents ! Avec ce système, en définitive, on ne favorise que les enfants de milieux aisés ou influents, et on donne libre cours à toutes les combines pour échapper à la loi ou en dévoyer l'esprit.
Ce qui pourrait être compris sans peine par un collégien disposant des données du problème, semble toujours échapper aux doctrinaires socialistes.
Non seulement ils nient l'ineptie de cette règle administrative, mais ils n'ont de cesse de la renforcer et de la tarabiscoter toujours davantage, comme l'attestent les efforts de la ministre actuelle Najat Vallaud-Belkacem pour en faire varier le principe, sans espoir hélas d'en rien retirer de son caractère fallacieux. De toute manière, les Socialistes n'étant pas parvenus à éradiquer totalement l'enseignement privé, ils ne font que précipiter chaque année davantage de gens vers cette filière jouissant encore d'un peu de liberté…

Au total, à force de nier la réalité ou de vouloir la plier à des lubies égalitaires, les Pouvoirs Publics sont loin d'avoir obtenu ce qu'ils espéraient. Ils ne peuvent que constater un peu partout des inégalités de plus en plus criantes, le regain du communautarisme intolérant, et la ghettoïsation d'un nombre croissant de quartiers, voire de communes entières… Ce n’est de toute évidence pas en obligeant les gens à vivre ensemble qu’on a les meilleures chances de les rendre heureux. On ne fait bien souvent que les amener à se persuader à l’exemple de l'exclamation sartrienne, que “l’enfer c’est les autres...”
Ne serait-il pas temps d'essayer d'autres solutions, notamment celles destinées à faire baisser naturellement le prix de l'immobilier en favorisant la construction de nouveaux logements, en désengorgeant les métropoles, en décentralisant les institutions publiques ? N’est-il pas souhaitable après tant d’expériences ratées, de promouvoir enfin une politique qui permette à chacun d'avoir sa place en fonction de son mérite et de ses qualités intrinsèques, et non de son rang social ou de l’entregent de sa famille. Et d’oser sans tabou créer l'émulation, de redonner un peu de liberté en encourageant les initiatives visant à accroître la diversité. La mixité, et d’une manière générale les différences ethniques, sociales ou religieuses sont d’autant mieux acceptées qu’elles s’inscrivent dans un contexte de mérite, d’éducation et de civisme équivalents.
Pour l'heure, on ne peut que se lamenter du piètre résultat des stratégies gouvernementales, que les Français malheureusement ne sont pas légions à vouloir inverser, si l'on en juge par le peu de crédit dont jouissent les idées de liberté dans notre pays. En démocratie si le peuple a les gouvernants qu'il souhaite, il subit la politique qu'il mérite...

07 novembre 2015

Mascarades


A défaut d'actions efficaces et de mesures utiles, on pourra se souvenir longtemps des bévues, bourdes, et autres bêtises que ce gouvernement produit en tout genre et à toute heure !
Associées aux grandes kermesses, barnums et cérémonies de la liturgie socialiste, elles forment un contraste saisissant, au potentiel indéniablement comique.
Il serait difficile de tenir un compte exact de toutes ces mésaventures, tenons-nous en aux dernières en dates, après un bref rappel historique.

On connaît la propension des pouvoirs socialistes aux grandes commémorations creuses dans lesquelles ils tentent sans doute de noyer leur incurie et de redorer le caractère corrompu de l'idéologie à laquelle il se cramponnent, en désespoir de nouvelle cause.
Les défilés militaires sont évidemment l'occasion la plus emblématique de donner l'illusion de puissance et d'action. Rien de plus grotesque pourtant que ces spectacles statiques et lourdingues dont les pays communistes se sont fait une spécialité, et que la France reste un des rares pays à faire perdurer...

L'interminable règne de François Mitterrand fut quant à lui l'occasion de soumettre le peuple à quantité de cérémonies boursouflées. Cela commença dès 1981 par cette ineffable farce panthéonesque où l'on vit le Président fraîchement élu, faire gravement son numéro d'acteur avec sa petite fleur à la main. Chanta-t-il in petto les mots de Brassens, nul ne le sait... Le fait est qu'il garda un sérieux imperturbable en ces moments guignolesques.
Durant les deux calamiteux septennats, on assista à d'autres fêtes païennes où l'on dépensa en vain, beaucoup l'argent du contribuable : sommet de Versailles en 1982, inénarrable fêtes de la musique inspirées par le cher Jack, anniversaire de la prise de la Bastille de 1789, Jeux olympiques de 1992, durant lesquels s'illustrèrent sans retenue Philippe Découflé et Jean-Paul Goude. Reconnaissons tout de même à ces nouveaux bouffons du roi, un certain panache... De leur point de vue, ils auraient eu bien tort de se gêner devant la prodigalité du satrape !

François Hollande, l'héritier, aimerait manifestement marcher dans les pas de celui qui le méprisait pourtant si ostensiblement.
Las ! Le malheureux n'a pas le feeling si l'on peut dire. 
Il n'est certes pas moins inefficace que Mitterrand s'agissant de gouverner, mais en matière de spectacle, ce n'est pas ça.
On se souvient de la pitoyable remontée des Champs-Elysées sous la pluie lors de son élection en 2012. On put certes mesurer la formidable opiniâtreté dans l'erreur et l'absurdité dont était capable l'ancien secrétaire général du PS.

La suite confirme le pressentiment. Tandis que le pays s'enfonce doucement dans la crise, à la faveur d'une politique inepte et contradictoire, le Chef de l'Etat essaie désespérément de créer l'illusion qu'il existe et qu'il agit pour le bien du pays. 
A cette fin, il ne manque aucune occasion d'instrumentaliser l'actualité aussi atroce soit-elle. Cela donna cette folle journée du 11 janvier 2015 suite à l'horrible tuerie de Charlie Hebdo. Journée grandiose et sans lendemain, car ne reposant sur rien.
A côté de cette apothéose éphémère, chaque événement de l'actualité est exploité par son nullissime service de communication qui le presse de ramener sa fraise pour montrer qu'il s'intéresse au peuple.
Avec une inoxydable apparente bonne humeur, François Hollande entreprend beaucoup de voyages comme Tartarin de Tarascon, mais rien n'y fait. Le ridicule lui colle à la peau, et il restera sans doute en termes de sondage comme le président le plus constamment impopulaire.
Retour d'otages, catastrophes naturelles, inondations, accident de la route, plan de rénovation urbaine « chez Lucette », tout est bon pour organiser à la va-vite une petite cérémonie dont il ne mesure manifestement pas le caractère grotesque si ce n'est indécent.


Au surplus, il a le don de s'entourer de gens particulièrement doués pour la gaffe, et si ignorants des exigences minimales de leur mission, que cela finit par dépasser l'entendement.

On a vu Fleur Pellerin, ministre la culture « qui ne lit pas », s'extasier devant la quincaillerie obscène du prétendu artiste Kapoor, exhibée à grands frais dans les jardins du château de Versailles, et les baudruches porno-scatologiques de McCarthy, brièvement gonflées sur la place Vendôme.

On a vu la ministre du travail, madame El Khomri, s’emmêler les pinceaux dans l'infernale jungle légale et avouer son ignorance basique de la réglementation des contrats de travail.

Et on a vu pour finir, et dans l'attente d'autres péripéties, le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, d'habitude pétri d'auto-satisfaction, se livrer à un lamentable rétropédalage dans l'océan de stupidités fiscales que lui et ses amis ont déversé sur les Français. Le voilà donc qui, pris de panique devant un système échappant à toute maîtrise, incite les contribuables à ne pas payer l'impôt ! En matière d'incompétence et d'irresponsabilité, on croyait avoir tout vu ! En définitive il faut se faire à l'idée que le pire est toujours à venir...


Désormais le Président attend avec impatience la fameuse et déjà délirante COP21 pour tenter d'effacer en grande pompe, tous ces ratages derrière l'écran des balivernes écologiques. Que va-t-il bien pouvoir inventer pour dire en même temps qu'il veut faire chauffer la croissance et l'industrie, tout en préconisant de nouvelles contraintes et de nouvelles taxes destinées à en freiner à tout prix le développement ?



Illustration : le vélo du sapeur Camember, encore autrement dénommé anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle, emprunté au site de la confrérie du Sapeur.

03 novembre 2015

Autumn: a dirge

Ainsi je m’abandonne au délicieux tangage
Des instants mordorés de ce jour automnal
Où le soleil ressemble à l'ultime fanal
Que le marin voir fuir au bout de son sillage.

Vers des jours ténébreux, obligé je m’engage,
Faits d’hivers et de froids, rien que de très banal,
Mais qui décidément met mon ardeur à mal
Et me fait douter même un peu de mon courage.

Pourquoi faut-il sans cesse un recommencement
Pour ponctuer le cours étrange de la vie ?
Ne suffirait-il pas qu'il soit un peu plus lent,

Comme le fil errant de cette rêverie
Qui s'attache à mêler présent et avenir
Et cherche à s'allonger pour ne jamais finir...

NB : cette poésie reprend le titre d'une oeuvre de Percy Bysshe Shelley (1792-1822)

30 octobre 2015

Big Brother Is Watching You

C'est fou comme d'une même réalité, il est possible de tirer des interprétations tellement opposées ! 
L'un des éditoriaux récents de La Lettre de Galilée, site web consacré au décryptage de l'actualité en santé, dresse un tableau édifiant en la matière, de l'arrivée des techniques de l'internet. Nous serions selon l'auteur, Philippe Rollandin, sur le point d'être ni plus ni moins livrés en pâture aux nouveaux géants de l'informatique, tels que Google, Doctissimo et autres assureurs privés, avides de colliger et de traiter à leurs seuls bénéfices, nos données individuelles, notre code génétique, tout notre patrimoine le plus intime en quelque sorte...

Pourtant, pour paraphraser le titre de l'article, en fait d'ubérisation de la santé, n'est-ce pas avant tout d'une étatisation dont il s'agit ?
En France, ce n'est pas compliqué, tout ou presque est désormais encadré, quadrillé soumis à la tutelle universelle et « bienveillante» du gouvernement. Du monopole étatisé, obligatoire de la Sécurité Sociale, à l'organisation hypercentralisée des soins, avec agences d'état à tous les niveaux, en passant par les plans quinquennaux des Schémas Régionaux d'Organisation des Soins (SROS), les régimes ubuesques d'autorisations d'activité et d'équipements, la planification de la formation, de la spécialisation et bientôt de l'installation des médecins...

Le pire est qu'on ne peut pas dire qu'il s'agisse de l’œuvre d'un pouvoir politique plutôt que d'un autre. Tous y ont contribué depuis des décennies avec la même ingénuité, avec la même ferveur, et sans dictature s'il vous plaît. A la seule faveur du consensus mou qui ramollit les esprits et transforme les élections en « piège à c... ». Le tout, assaisonné de leurres idéologiques qui voudraient faire croire au bon peuple « le plus éclairé du monde », mais aussi un des plus dépensiers en matière de santé, que celle-ci serait gratuite, qu'elle ne serait pas une marchandise, que le rapport coût/efficacité, on s'en tape, et que l'éthique et la morale peuvent se décréter en comité de salut public, ce dont les entreprises privées sont par nature, totalement dépourvues...

Force est de constater qu'année après année cette emprise étatique grandit. Il n'est que de voir la soviétisation molle des établissements de santé, dont la réforme Touraine en gestation et ses horribles Groupes Hospitaliers de Territoires constituent une nouvelle étape, les mutuelles d'entreprises obligatoires, les oppressantes campagnes de dépistages tous azimuts, le DMP (Dossier Médical Personnel), l'identifiant patient national, sans oublier la centralisation jalouse des bases de données médicalisées du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d'Informations).
Bref, en France, le Big Data sera d'Etat ou ne sera pas...

Heureusement qu'en définitive l'Internet lève un pan de cette chape étouffante, qu'il contribue à faire sauter quelques verrous, et qu'il s'attaque aux innombrables privilèges et rentes de situations que notre système a érigés pour protéger des gens ou des professions, qu'en réalité il asphyxie sous les charges, règles et taxes en tous genres.

En définitive, même s'il est à craindre que cela n'aille pas très loin, on peut se réjouir de voir l'herbe de la liberté fissurer le béton de la bureaucratie. De l'air, vite !

27 octobre 2015

Qu'est-ce que l'empirisme radical ?

La pensée philosophique de William James (1842-1910) est toujours des plus stimulantes. Frappée au coin du pragmatisme, elle se veut efficace et porteuse d'applications pratiques dans la vie quotidienne. Quoique son approche puisse apparaître au premier abord comme très « terre à terre », elle n'est pas dénuée de prolongements psychologiques très pénétrants et n'élude en rien les problèmes spirituels, notamment la force et le mystère de la foi (la volonté de croire).
En un mot, elle est assez humble pour se plier de bonne grâce aux réalités tangibles et suffisamment élevée pour intégrer quelques supputations métaphysiques.

Cependant, comme le titre de cet ouvrage le rappelle, le maître mot de cette philosophie reste avant tout l’expérience. C’est elle qui conditionne toute connaissance et tout progrès. C’est elle qui nous donne une idée du monde qui nous entoure. Et c’est d’elle que nous tirons tout ce qui peut nous être utile, et tout ce que nous jugeons vrai ici bas.
Cette conception empirique n’est pas réellement nouvelle puisqu’on la fait habituellement remonter tantôt à l’antiquité avec la Tabula Rasa d’Aristote, tantôt au Moyen-Age avec Guillaume d’Ockham et son fameux rasoir, ou bien encore à la Renaissance avec Francis Bacon et sa doctrine des Idoles de l’Esprit. On sait également qu’elle trouva ses développements les plus lumineux avec John Locke au XVIIè siècle et avec David Hume quelques décennies plus tard.

Qu’est-ce donc que l’empirisme radical auquel cet ouvrage, assez ardu, il faut bien le dire, fait allusion dans son titre ?
C’est en quelque sorte le règne  de “l’expérience pure” qui est ici consacré par le philosophe, mais encore ?
Précisons d’emblée qu’en matière d’expérience, William James va plus loin que Hume en affirmant que “Pour être radical, un empirisme ne doit admettre dans ses constructions aucun élément dont on ne fait pas directement l’expérience, et n’en exclure aucun dont on fait directement l’expérience.” En bref, ne rien ajouter à l’expérience, aucune croyance, aucune superstition, mais ne rien lui retirer non plus, dans la mesure où son champ serait universel.
De fait, James considère que font partie de l’expérience, outre les termes de l'expérience, également les relations qui l’entourent. Ce qui l’amène à préciser ce qu'il entend par là : “L’expérience pure est le nom que j’ai donné au flux immédiat de la vie, lequel fournit la matière première de notre réflexion ultérieure avec ses catégories conceptuelles…” et plus loin : “Le champ instantané du présent est à tout moment ce que j’appelle expérience pure.”

Vaste sujet sans conteste, mais il est indéniable qu’une telle conception déroute un peu celui qui considérait le pragmatisme comme quelque chose de simple, et qui comprenait l’empirisme comme étant le contraire du rationalisme !
En réalité, sans doute faut-il comprendre cette apparente dématérialisation du concept expérimental comme une tentative faite pour exprimer le fait que “les choses et les pensées ne sont point fondamentalement hétérogènes, mais qu’elles sont faites d’une même étoffe, étoffe que l’on ne peut définir comme telle, mais seulement éprouver, et que l’on peut nommer, si on veut, l’étoffe de l’expérience en général…”

L’intérêt de cette approche plutôt complexe, autant qu’on puisse en juger, est surtout de déboucher sur une conception originale de la conscience, qui fait partie intégrante pour James du monde, donc du champ de l’expérience, et qui de ce fait, n’est plus vraiment une “entité”, mais seulement une “fonction”. Cette fonction c’est de connaître...
Pour préciser sa pensée, James livre une comparaison selon laquelle “objets et conscience sont comme les pigments et le liant de la peinture." On pourrait en somme conclure avec lui que “La conscience n’existe pas en tant que telle, mais qu’elle se définit avec les choses avec lesquelles elle forment la même étoffe.”

Autour de cette ligne directrice, s’inscrivent toutefois des définitions ou assertions beaucoup plus nébuleuses. Par exemple, lorsqu’il explique que “le paradoxe de la même expérience qui figure dans deux consciences semble donc n’être en rien un paradoxe", et que "l’acquisition de la qualité consciente, de la part d’une expérience, dépend d’un contexte qui vient à elle", ce dont il découle que "que la somme des expériences n’ayant aucun contexte, ne peut en toute rigueur être dite consciente. C’est un Cela, un Absolu, une expérience pure sur une échelle gigantesque, indifférenciée et indifférenciable en pensée et en chose.” 

Gageons que ces écrits, rassemblés sous formes d’essais posthumes, auraient gagné à être mis en forme de manière un peu plus limpide par l’auteur si la destinée lui en avait laissé le temps...

Gardons en tout cas, quelques citations plus concrètes glanées de ci de là, telle celle qui stipule que “la conscience est atemporelle. Elle n’est que le témoin de ce qui arrive dans le temps, où elle ne joue aucun rôle.”
Ou bien des réflexions témoignant d’une conception empirique plus classique. Par exemple celle selon laquelle “Nous vivons vers l’avant mais nous comprenons à rebours”, celle en forme de pierre dans le jardin du rationalisme : “Toute vérité invérifiable est vaine, c’est à dire inutile ou dangereuse.”
Ou cette controverse “relativiste” qu’il eut avec John E. Russell, sur une réalité très triviale : “le pain nous nourrit-il parce que c’est un aliment ? Ou alors, est-ce un aliment parce qu’il nous nourrit ? Ou encore être un aliment et nourrir ne sont-ils que deux manières de nommer les mêmes évènements physiologiques ?"
Et pour finir : “C’est une chose pour une idée d’être vraie, c’en est une tout autre de prouver que cette idée est vraie.../… La vérité et la vérification sont par conséquent des choses différentes…”

En guise de conclusion, et de manière sans doute un peu trop simpliste mais tant pis, on peut être tenté de prendre en compte le désir exprimé par William James, derrière sa soif d’expérience “pure”, de comprendre l’humanisme “à la fois comme un théisme et un pluralisme”. Devant cette assertion lourde selon laquelle, sans conscience l'expérience n'est rien et réciproquement, qu’il soit donc permis de suggérer que l’empirisme repousse l’âme au delà de la conscience avec laquelle on a tendance à la confondre mais qu’il ne l’exclut pas, pas plus qu’il n’exclut Dieu… En somme, ce n'est que repousser les limites de la métaphysique.

23 octobre 2015

Orages bureaucratiques, ô désespoir !

Il y a des moments où l’on se sent las. Las de l’insipidité du réel ou bien de sa désespérante inanité.

Notre univers quotidien se trouve plongé dans tant de contradictions, s’épuise en tant de vaines controverses, et recèle tant de futilités !

Jouissant d’un confort matériel qui paraîtrait inouï à nos ancêtres, bénéficiant de progrès techniques qui leur sembleraient incroyables, nous sommes quant à nous blasés, et jamais le bel idéal de la démocratie supposé magnifier la Liberté, si chèrement acquise, n’a paru plus se rapprocher d’une affligeante médiocratie…

Les mots perdent chaque jour un peu plus de leur sens et les idées se réduisent à des lieux communs. En dépit de fabuleux moyens de communication et d’un accès toujours plus aisé à l’information, l’impact des rumeurs infondées ne cesse de croître, et contrairement aux recommandations du vénérable Kant, de moins en moins de gens donnent l’impression de penser par eux-mêmes. Les repères s’estompent, le vrai et le faux se diluent dans un vague consensus tiède. Tout et son contraire peut être soutenu dans cet informe magma idéologique qui se répand de proche en proche en flaques gluantes.

Reflet de ce désastre spirituel, les Pouvoirs Publics et leurs représentants se confondent dans la même nullité satisfaite. Ni conviction, ni inspiration, ni détermination ne les caractérisent.
Par leur faute, nous sommes littéralement ensevelis sous une bureaucratie monstrueuse qui secrète sans fin ses règles, ses normes, ses ukases, en asphyxiant toujours plus l’esprit d’initiative, le libre arbitre et la volonté. Les usines à gaz législatives qui sortent de l’esprit dérangé des satrapes rassis du socialisme s’inscrivent toutes dans le même mouvement catastrophique :
- Loi Touraine dite de modernisation de la santé, qui va poursuivre le lent processus de soviétisation du système et l’irresponsabilité générale,
- Dé-culturation de l’éducation nationale et renforcement de la calamiteuse carte scolaire qui enferme l’enseignement public dans un carcan générateur d’inégalités et d’injustice,
- Encadrement féroce de l’immobilier locatif dont le principal effet sera de renforcer la pénurie de logements,
- Laisser aller pseudo-libéral sur la justice, l’immigration, la sécurité, qui livre le pays à des flambées de plus en plus nombreuses et violentes de délinquance,
-Et pour finir, taxations tous azimuts, sous des prétextes oiseux, afin de nourrir l’incommensurable et toujours croissant trou noir de l’étatisation.

C’est sans doute folie que d’écrire pour tenter de s’opposer aux insanités pondues frénétiquement par un gouvernement de gnomes maléfiques qui vous racontent n’importe quoi, qui mentent à longueur de temps et disent un jour le contraire de ce qu’ils affirmaient la veille.
Tant pis, ça soulage un peu quand même. Advienne que pourra…

Le récent épisode tragi-comique de l’émission avortée “Des Paroles et des Actes” donne la mesure de la déroute politique dans laquelle s’est engagé notre pays. Totalement désemparés par leur incapacité à proposer des solutions convaincantes, les dirigeants des partis traditionnels, dans une stratégie désespérée, unissent leur forces de plus en plus dérisoires pour tenter d’interdire à Marine Le Pen l’accès aux grandes tribunes médiatiques de la télévision. Peine perdue ! Les sondages enflent irrésistiblement en faveur du Front National. Une tornade se prépare sous l’horizon lénifiant de la démagogie.

L’apothéose de ce piètre spectacle en forme de bouffonnerie fut la torve alliance de circonstance entre Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadelis, saisissant le CSA en invoquant un prétendu déni de démocratie de la part de France 2.
Imaginent-ils sérieusement influencer l’opinion publique en prétendant que madame Le Pen soit un danger pour le pays, vu l’état dans lequel eux-mêmes l’ont mis ?
Pensent-ils impressionner les gens en la comparant à Wladimir Poutine, seul chef d’état donnant à ce jour l’impression de savoir ce qu’il veut ?
Croient-ils sérieusement convaincre les foules en affirmant qu’elle a peur du débat, après qu’elle se soit payé le luxe d’annuler elle-même sa prestation, suite à toutes ces manigances ?

C’est décidément un boulevard qui s’offre désormais au parti incarnant aux yeux d’un nombre grandissant de Français, la seule alternative crédible à la mascarade politique qui semble commencer à les lasser pour de bon...

02 octobre 2015

Oldies But Goldies

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes prétend le dicton. Et ça pourrait s'appliquer à quelques récentes productions musicales émanant de vieux de la vieille de la génération pop-rock, celle-là même qui jeta ses plus belles contributions durant les années soixante.
A tout seigneur tout honneur, Johnny Winter, mort en 2014, laissa avec son album Step Back sorti juste après sa disparition, un chant du cygne qu'on n'attendait plus guère eu égard à l'état de faiblesse qu'il manifestait lors de ses dernières apparitions publiques. Mais le bougre avait encore du ressort et un sacré jus, qu'il exprima de toutes ses forces dans cet ultime hommage au Blues.
Pour magnifier l'éclat de ces reprises, il s'entoura de quelques pointures : Eric Clapton, Billy Gibbons, Joe Bonamassa, Ben Harper, Brian Selzer, Dr John et j'en passe. Ça donne un ensemble très pêchu où l'émotion court intacte au fil des ensorcelants slides que délivre avec rage et passion le plus fameux guitariste albinos que la Terre ait porté...

De son côté Keith Richards, parvenu au terme de maintes péripéties, au seuil de la sagesse et du grand âge, veut également manifestement laisser son empreinte en nom propre.

L'âme damnée des Rolling Stones, sur le visage duquel le temps a buriné ses sillons vengeurs, ce guitariste hors norme, aussi foutraque qu'inspiré, ne veut pas rester seulement l'ombre sardonique de Mick Jagger. Émergeant des dernières fumées des fêtes stoniennes, son opus en solo tente de démontrer qu’il ne fut pas qu’une puissance occulte. Sous ses airs quelque peu démoniaques, on découvre qu'il sait aussi donner de la voix. Et pour ceux qui en doutaient, quoi qu'ayant cosigné tous les grands tube du groupe, il prouve qu'il sait aussi faire des chansons.
On dira peut-être qu'il envoie la purée sans ménagement. Que ses rocks sont un peu bourrins. Qu'il assène parfois la rythmique avec un marteau pilon... Mais au diable les esprits chagrins. Derrière l'infanterie lourdement armée, il y a plus que des nuances. Et celles-ci sont puisées aux sources du bon vieux blues dont un des exemples les plus purs est le titre Crosseyed Heart, qui ouvre humblement à la seule guitare acoustique et au chant cette session.
Il y a du rock également, très massif, très dense qui déboule avec la puissance d’une rivière en crue (Heartstopper, Amnesia, Trouble, Substantial Damage), mais aussi un lot de balades mélancoliques ou quelque peu désabusées (Robbed Blind, Nothing On Me, Sucpicious, Illusion, Just A gift, Goodnight Irene, Lovers Plea) et même quelques échos moelleux de reggae (Love Overdue). Au total, un amalgame musical savamment dosé, homogène et juste un brin toxique pour ne pas faire mentir la réputation...

Autre aficionado de la note bleue, Sonny Landreth sort plus discrètement sa contribution personnelle.

Bound by the Blues dit un des morceaux originaux de cet album noyé dans les slides à l’acidité décapante. La voix haut perchée a des stridences de fond de gorge, auxquelles les effets de réverbération confèrent un mordant aux accents désespérés.

Beaucoup de compositions originales ici aussi dont un émouvant hommage à Johnny Winter (Firebird Blues) et de brillantes reprises de quelques grands classiques inépuisables (Walkin Blues, Key To The Highway, Dust My Broom…)


Dans un style plus sophistiqué, David Gilmour, revient en majesté. Après avoir piloté une compilation un peu fade de fragments musicaux retrouvés dans les vieux tiroirs du Pink Floyd, le voici qui se déleste d'un superbe album, entièrement de novo.
Derrière la trouvaille amusante consistant à broder une belle petite rengaine autour de l’accroche musicale de la SNCF (Rattle That Lock), on retrouve intacte, une bonne partie de l’inspiration dont il fit preuve pour donner au groupe dont il incarna la guitare, ses sonorités si planantes, si éthérées, autour des mélodies envoûtantes qui firent les belles heures de la musique psychédélique.

Pas de rupture donc avec le passé, mais quelques resucées savoureuses qui rappellent le bon temps.

Dès l’ouverture, le babil matinal des oiseaux en été, fait place à de somptueuses harmonies qui donnent le ton (5 A.M.). On s’abandonne ensuite complètement aux chansons extrêmement peaufinées pleines de tendresse et d’émotion dans lesquelles le chant déchirant se conjugue avec les extatiques envolées guitaristiques (Faces Of Stone, A Boat Lies Waiting, In any Tongue)
Après une ou deux digressions jazzistiques inattendues, l’ensemble se referme sereinement sur un magnifique instrumental, qu’il faut sans doute prendre comme un message subtil. On veut croire que les chaînes de la temporalité s’estompent devant un flot de promesses : And Then…

Pour terminer, encore un nouvel opus de Bob Dylan imprégné de doux effluves de nostalgie...

Est-ce parce qu'il s'agit ici, non de compositions personnelles, mais de reprises de standards d'une époque paraissant tout à coup bien lointaine ?

Sont-ce les chuintement plaintifs de la pedal steel guitar, noyant ces mélodies dans un ineffable et languide lamento ?

Est-ce cette voix pathétique qui tente mais sans trop se faire trop d'illusions, d'amadouer la cruelle pulsation du destin, au moment d'entrer, à reculons, dans le mystérieux clair obscur séparant l'existence du néant ?

Toujours est-il qu'un troublant sentiment s'empare de celui qui se laisse envahir par ces mélopées répétitives et monocordes, quasi murmurées avec humilité, par un artiste qui n'a plus rien à prouver, mais encore quelque chose à exprimer...

Peut-être faut-il comprendre que rien ne sera plus comme avant, ou bien que tout recommence à jamais…