Les thématiques abordées par Ozu tournent souvent autour de la cellule familiale, de ses tiraillements affectifs et de sa confrontation avec la modernité.
On trouve ici ces ingrédients, magnifiés par une nostalgie tout en retenue et discrétion. C'est l'ultime regard du cinéaste sur ce Japon au raz du sol, qu'il affectionne mais qui semble en voie de doux anéantissement. La faute ici au vieillissement qui marque de son empreinte croissante les êtres.
L'alcool, comme dans beaucoup de films, est très présent, et l'ivresse agit comme un lénifiant, hélas illusoire, à ces poignants rites de passage. Les femmes sont toujours émouvantes, classieuses et fortes même quand les hommes qui les aiment veulent donner un coup de pouce bien intentionné mais parfois inopportun à leur destin.
Tout cela est montré sans acrimonie, mais avec un fatalisme souriant, qui entre en harmonie avec la simplicité bien ordonnée des lieux, même lorsqu'il ne s'agit que de modestes immeubles entourés d'usines et cernés de disgracieux poteaux et fils électriques. Quelques chétives enseignes lumineuses subliment ici et là cet humble mais troublant spectacle.
1962, Couleurs avec Chishu Riyu, Keiji Sada, Shima Iwashita, Mariko Okada
1962, Couleurs avec Chishu Riyu, Keiji Sada, Shima Iwashita, Mariko Okada
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