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13 septembre 2015

Europe égarée

Europe, Ô nostalgie, Ô vestiges fanés,
Humides d'émotions mais sans foi et sans âme.
Ô souvenirs confits dans lesquels on se pâme
Ou bien que l'on vomit en se bouchant le nez.

Cimetière peuplé d’idéaux surannés
Où le présomptueux côtoie parfois l'infâme,
Où trop souvent l'honneur pourrait valoir le blâme,
Et où les grands espoirs sont des enfants morts-nés.

Europe désaxée, où vas-tu chancelante,
Indifférente à tout, et même à ton destin ?
Où t'emmène ta course utopique et sans dessein
Que la liberté même épuise et désenchante ?
La Méditerranée fut ton berceau doré,

Sera-t-elle un tombeau pour ton rêve égaré ?

Illustration : Europe enlevée par Zeus, sculpture devant le siège de l'Union européenne

18 juillet 2015

Canicule


La ville écrasée fond avec mille soupirs
Dont l'haleine brûlante emplit les avenues
Tandis qu'un parfum lourd d'extases éperdues
Semble abolir le temps et tous les souvenirs

Dans cette léthargie mûrissent les désirs
Avec la sensation de voir enfin venues
Les heures tant rêvées, si longtemps attendues
Lorsque vie et chaleur se muent en purs plaisirs

L'abandon signifie ne plus faire aucun geste
Et boire avidement cet instant de bonheur
Versé par le hasard, en oubliant le reste.

Déjà l'ombre allongée d'un vieux saule pleureur
Annonce que le jour incline sa lumière

Au seuil d’une nuit tiède autant qu’hospitalière...

27 juin 2015

Tendre est la nuit

Il n'avait d'yeux que pour la nuit
Qui ouvre la porte des rêves
Et laisse de paisibles trêves
A l'esprit rongé par l'ennui

Sous l'obscurité qui luit
Il sentait la montée des sèves
Et la moiteur d'heures trop brèves
Au parfum de fleur et de fruit

Et son être était ivre et libre
La tête levée vers le ciel
Au bord de perdre l'équilibre

Tandis que du noir essentiel
Tombaient doucement les lumières
Ténues d'étoiles familières

20 mai 2015

The Blues Fades Away...

Juste une rivière noire
s'écoule sans fin l'eau
Comme un obscur tombereau
De langueur et de mémoire.

Dans les replis de sa moire
Le mystère du berceau
Rejoint celui du tombeau
Indifférent à la gloire.

Avec pour seul bruit, le chant
Qui s'élève humble et touchant
Léguant des notes moelleuses

Et la guitare en douceur
Qui confère à la douleur
Des inflexions bienheureuses...





In memoriam B. B. King 1925-2015

08 mai 2015

Spiritualité

Voyageant dans l’espace au bleu phosphorescent
L'esprit se laisse aller sous de longues caresses
Prodiguées par les mains d'impalpables déesses
Au regard plein d’amour et très compatissant.

L'Art, la Science et la Grâce arrivent en dansant
Moquant d’un air mutin les charnelles faiblesses
Tandis qu'au loin, très haut, de joyeuses kermesses
D’oiseaux illuminés égaient le firmament.

Tout ça vit et se meut sans peine matérielle,
D'une manière en somme un peu surnaturelle,
Le sensible n'étant qu'un pesant supplément.

Mais quoi ? L'âme n'aurait donc pas de vraie substance
Et le temps qui s'enfuit pas la moindre existence ?
Ce serait sans ce cœur qui bat fidèlement...

04 avril 2015

Un parfum de printemps

Dernier dimanche de Mars à Montpellier. Au jardin des plantes, l'air printanier verse d'agréables tiédeurs ensoleillées à travers les feuillages tendres. D'un arbuste tout juste sorti de la torpeur hivernale, à peine encore verdi, les délicates orbes fleuries émettent une adorable senteur, fraîche comme l'aurore aux doigts de rose, telle que la chantait le vieil Homère.
Quel est donc cet arbrisseau plein de charme et de candeur ? M'est avis, sans pouvoir l'affirmer qu'il s'agit d'une variété de viburnum, ou plus vulgairement viorne. De Corée peut-être (viburnum carlesii)... Malheureusement c'est une supposition car aucun panneau ne signale l'essence en question contrairement à d'autres.
Dommage, car les parcs botaniques, bien entretenus, sont une mine d'enseignement et une source inépuisable de ravissement pour l'amateur des merveilles subtiles dont nous gratifie généreusement la nature. Au sein des villes souvent turbulentes, ce sont des havres de quiétude propices aux songes et à la méditation. Celui-ci est à ce qu'il paraît, le plus ancien de France, fondé en 1593 par Richer de Belleval sur instruction du bon roi Henri IV. Grâce lui soit rendue, même si en cette sortie d'hiver, rares sont les floraisons, et si un petit défrichage s'impose dans les allées un peu en désordre.

J'aime les fleurs qui embaument. La fragrance est un peu la musique de la végétation. C'est son côté abstrait, qui porte à toutes les supputations, qui vous élève et vous suggère tant de choses, fait resurgir tant de souvenirs... 

Les parfums des roses sont sans doute parmi les plus envoûtants, bien que les variétés odoriférantes soient de plus en plus difficiles hélas à trouver chez les fleuristes.
Mon préféré toutefois est sans doute le jasmin. Je ne peux résister à cette belle efflorescence blanche, à la fois explosive et contenue, qui fait vibrer l'air alentour comme dans un rêve exotique. J'aime aussi les lys aux traînées capiteuses, les œillets et les giroflées porteurs de délicates épices, ou bien encore les daphnés, émouvants comme l'est pour un amoureux transi l'haleine de sa bien-aimée, les chalefs (elaeagnus ebbingei) étonnants arbustes évoquant les lauriers, mais qui donnent une saveur un peu méridionale aux rivages océaniques d'Oléron, les clérodendrons de Chine à senteur jasminoïde, dont les grappes graciles prolongent suavement l'été dans l'automne et qui finissent en beauté sous la forme de perles bleues enchâssées dans des calices de pétales pourpres...

Ce dimanche était aussi jour d'élection. Qu'importe, je n'avais pas trop la tête à ça. Et puis que dire ? Que la Gauche se prend comme prévu une sévère raclée amplement méritée, ce qui ne l'empêchera sûrement pas de continuer à donner des leçons. Que la Droite tire les marrons du feu sous la houlette avisée de Nicolas Sarkozy. Décidément, si cet homme ne brille pas par la constance de ses convictions, il faut bien reconnaître qu'il possède les qualités et l'énergie d'un chef ! Que le Front National enfin recueille un quart des suffrages exprimés, mais en définitive à peine une poignées d'élus et aucun département, confirmant, quoiqu'on pense de ce parti, que la démocratie française est bien malade...

02 mars 2015

Sentimental Journey

Je suis parfois tenté de t'appeler mon ange
Pour ta manière d'être et ce que tu me fais,
Je suis parfois ému par ces instants parfaits
Que pas un désaccord au monde ne dérange.

Dans ma tête rêveuse un peu tout semble étrange
Alors que j'erre seul dans le silence frais,
L'hiver encore en neige et le printemps tout près
Se confondent au sein d'un suave mélange.

Le temps présent s'échappe en tremblantes vapeurs
Accrochant dans l'air bleu mes craintes et mes peurs
A la blancheur atone, immobile des arbres.

Promeneur indécis, je soupire en marchant
Tandis que mon esprit s'égare, chevauchant
Le fil flottant d’un songe, entre pierres et marbres
Illustration : Vivian Maier

19 décembre 2014

Hypnose (Kôdéia)

Sans coup férir cette heure avance
Au gré d’un léger trémolo
Comme une barque allant à l’eau
Saoule mais non sans vigilance

Elle est ravie et se balance
Emprisonnée dans un halo
Tiède surgi ex-nihilo
Qui l’enlace dans sa mouvance

A Dieu ne plaise le retour
Trop brutal de ce doux voyage
Si loin et si près du rivage

Pour qu’en un délicieux détour
Utopique, le temps s’allonge
A l’instant même où seul, je plonge...

03 décembre 2014

Chaconne



Ce chant si beau demain peut-être
Aura vaincu les pesanteurs
Dont il émane avec des pleurs
Sans oser vraiment tout promettre

Il traverse tendrement l'être
Comme le silence des fleurs
Leurs parfums ou bien les douceurs
Du jour au  moment d'apparaître

Il dit plus que les infinis
Qui sont au dessus de nos têtes
Et dans ses accents inouïs

Résonnent d'indicibles fêtes
Au cœur d'un grand jardin radieux
Peuplé d'archanges et de dieux...


****************************
Inspiré par l'écoute de la Chaconne de la Partita no2 en ré mineur de J.S. Bach, magistralement interprétée à la guitare par John Feeley (à voir et à entendre derrière ce lien)

15 novembre 2014

Philaé



Si tant est qu'une comète
Fusant dans l'espace noir
Soit chargée du même espoir
Qu'un vibrionnant gamète

Si tant est que cette miette
De l’Univers puisse avoir
Un secret bon à savoir
Par l’Homme en sa pauvre tête

Alors, qu’en son parcours fou
La machinerie futile
Accrochée à son caillou

S’engloutisse comme une île
Et livre en forme d’adieux
Quelque signe merveilleux...

09 septembre 2014

Summertime Blues

Tel un grand oiseau pâle aux ailes d'albatros
Il planait au dessus des choses de la vie
Prisonnier d'une chair trop souvent ennemie
Où s'affrontaient sans fin le nègre et l'albinos.

Ce blues qui fait mal, il l'avait jusqu'à l'os
Mais de cette douleur jamais bien assagie
Il sut extraire un chant débordant d'énergie
Qu'il bandait comme un arc en visant le cosmos.

So long Johnny, be good, adieu ami, vieux frère,
On retiendra bien sûr, ton message incendiaire
Qui a déjà franchi les murailles du temps.

Les nuits bleues resteront gravées dans les mémoires
Lorsque montait au ciel contre les pensées noires
Le panache embrasé de tes riffs térébrants...

In memoriam Johnny Winter (1944-2014)

31 décembre 2013

Vertiges

Elle danse en rêvant de lendemains inouis
Et son vol au dessus des choses la transporte,
Elle tangue et l'élan l'enivre mais qu'importe
Où mène le vertige au fond rouge des nuits !

Elle tourne en chantant, saoulée par de longs cris
De joie. Fière, elle exulte à se sentir si forte
Et croit naïvement son ancienne vie morte
Tandis que dans la fête elle perd ses esprits

Elle ploie sous le strass et sous la fanfreluche
Son rythme s’alourdit, son pas est incertain
Sa vue même se trouble, elle erre, elle trébuche

En proie aux illusions tout est proche et lointain
Folle, elle s’abandonne à ce déséquilibre
Et s’affale, oubliant qu’hier, elle était libre !

28 octobre 2013

Sad Song

Plongeant sa main de verre au cœur du bleu faïence
Il extrait de l'Azur un breuvage rubis
Qu'il porte en espérant goûter le paradis
A ses lèvres de mort d'une noirceur intense.

Quoi, le sang coulait donc sous cette indifférence
Comme un torrent surgi de l'antre d'Anubis
Emportant dans sa course alcool et cannabis
Poudres, cachets, liqueurs, collés sur la souffrance.

L'aventure ne fut qu'un long parcours défunt
De musique et de mots saoulés par trop de neige
Et croulant sous la gloire au chavirant parfum.

Mais si sa vie ne fut qu'un triste privilège,
Elle reste à jamais la source d'émotions,
Où chacun pourra voir ses propres afflictions...
 


A Lou Reed (1942-2013)

06 juillet 2013

Herbe à rêves


Dans cette herbe il y a le monde.
Dans cet instant, l'éternité.
Et dans ce champ qui boit l'été, 
La vie prend la forme d'une onde. 

Partout cette Terre féconde 
S'imprègne d'une étrangeté, 
Mêlant l'être et l'avoir été 
Au sein d'une énigme profonde. 

Le temps nous berce d'illusions 
Et les sens et les dimensions 
Semblent fuir pendant qu'il progresse. 

En somme, ce doux univers 
Émanant de ces quelque vers 
Ne serait qu'une pure ivresse...

26 mai 2013

Union impossible


O doux fil de la vie, tu nous tiens en suspens,
Comme cette araignée descendant de sa toile,
Qui se rit d'être née sous une bonne étoile
Tant elle a pour le ciel si peu de sentiments.

Nous pensons, nous, sans cesse au sort qui nous attend
Bien qu'aucun horizon jamais ne se dévoile,
Et que sur l'avenir s'étende un épais voile
Nous condamnant à croire ou rester ignorant.

La chair veut épouser le cours aléatoire
Des idées traversant nos esprits enfiévrés
Mais cette belle alliance est trop contradictoire

D'un mélange irréel nous sommes enivrés :
Le corps faraud aspire à la vie éternelle
Et l'âme, à transcender la pesanteur charnelle...


09 mars 2013

Outside my window


Outside my window,
I just felt so free;
Today, Oh sorrow,
I mourn Alvin Lee.

The guy passed away.
He'd so much to tell.
The Blues goes its way,
And life is like hell...


28 février 2013

Exaltation marine

Nul en ce doux vagabondage
Sur des flots à peine ridés
N'échappait aux parfums iodés
D'une liqueur marine hors d'âge

A l'archaïque bastingage
Quelques voyageurs accoudés
Humaient l'air pur, dépossédés
De toute attache et de bagage

Au loin dans un ciel virginal
Montait une brillante aurore
Comme un effluve séminal,

Et une clarté de phosphore
Versait l'innocence et l'oubli
Sur ce qu'ils croyaient établi.

Illustration : Nicolas de Staël. Mer et nuages.

13 février 2013

Cette fleur qui s'ouvre...


Cette fleur qui s'ouvre au cœur de l'hiver,
Quel message muet nous envoie-t-elle ?
Et pour naître sous un ciel si couvert,
A quel sublime dessein répond-elle ?


Comme une rose au milieu du désert
Cela l'indiffère de sembler belle
Et son cœur de fleur à peine entrouvert
Souffre déjà d'avoir été rebelle.


Son destin est si bref que maints bourgeons
Juste éclos tombent en défloraisons
Encore enchâssés dans leur forme ronde.


Est-elle venue trop tôt ou trop tard
Est-ce la volition ou le hasard
Qui l'inscrivent dans l'harmonie du monde ?

08 février 2013

O mon île...


Le long du rivage, animé par une brise
La noble allée de palmiers me salue bien bas,
Tout en ouvrant gentiment ses mille et un bras
Qui me disent : Viens, c'est une terre exquise...

Au loin, la montagne est dans une brume grise
On voit poindre ici où là, sur ses contre-bas
Le rouge des toits de tôle et les vacoas
Qui déchirent en douceur cette heure indécise

S'agit-il d'un rêve ou de la réalité ?
Ce pays que j'aime est-il ma fatalité
Ou bien l'incarnation d'un éden impossible ?

Ses chaudes bleuités, ses parfums épicés,
Le rappel sensuel de moments insensés
Sont les échos diffus d'un remords indicible...

21 décembre 2012

Des gens formidables !

A Gérard Depardieu,

 Les Socialistes sont des gens formidables !
Avec eux, tout s’éclaire, tout devient beau, tout devient désirable.
Avec eux, c'est l'avènement de la liberté, de l'égalité, de la fraternité.
Du moins, c'est ce qu'ils prétendent avec suavité.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres...

S'ils ont le sens du bonheur, c'est du leur et rien d'autre
Et le cœur, s'ils l'ont sur la main, ce n’est pas le leur, c’est le vôtre.
Ils peuvent vous faire les poches, et même la peau,
Ce sera toujours pour le bien de l’Humanité
Dans la lie de laquelle ils se vautrent avec avidité.

Ils confondent allègrement démocratie et démagogie
Et lorsqu'ils échouent à gagner par les urnes
Les faveurs du Peuple enivré de leur dialectique séraphique,
Ils répandent les haines, les divisions, la lutte des classes
Et la dictature du prolétariat, pour lequel ils ont un mépris crasse.

Ils ont un sens de la probité unique en son genre.
Quoiqu’ils fassent, c’est toujours vertueux, par hypothèse.
Dès qu'ils sont majoritaires, ils s'arrogent tous les droits.
Jusqu'à celui de se prévaloir de leurs propres turpitudes
Et d'ourdir leurs manigances au nom du Progrès.

La pauvreté et le malheur forment le terreau sur lequel ils prospèrent
Mais plus que de biens il leur faut des pauvres d'esprit
Et en matière de misère, celle de l'intellect n'a pas de prix.
Pour l'entretenir, ils ont inventé une mécanique infernale :
La machine à décerveler qu'ils nomment Education Nationale !

Ils répètent qu'il suffit d'appauvrir les riches pour enrichir les pauvres
Mais s'ils parviennent sans peine à réduire le nombre des premiers,
Jamais au grand jamais, la masse des pauvres ne diminua,
En quelque endroit du monde où ils sévissent,
Et on ne voit s'enrichir personne, sauf leur Nomenklatura.

Aujourd'hui l'un des leurs, un satrape en gants blancs,
Un héros de la cause, à la forme et au goût d'igname,
Embourgeoisé dans le juteux exercice de la spoliation étatisée,
Se croit autorisé à conchier et à traiter de « minable »
Celui qui ose regimber devant l'inepte échafaud fiscal.

Prolétaire et mauvais garçon, devenu sublime histrion
Celui-ci n'eut pas besoin du socialisme pour s'émanciper.
Il porte avec son talent et ses excès, une certaine idée de la France
Mais il n'a plus besoin de cette mère ingrate et revancharde
Sa vraie patrie, il l'emmène où il veut, à la semelle de ses souliers.

Non, son génial cou de colosse décidément ne ploiera pas
Sous la hache imbécile de ces barbouilleurs de lois.
Sa colère homérique devrait réveiller les foules asservies
Et leur faire comprendre enfin la seule réalité qui soit :
Les Socialistes sont des gens fort minables...