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28 juillet 2015

La Société Idéale

La liberté semble si galvaudée de nos jours, elle a tellement perdu de son sens, tout particulièrement en France, que le retour aux textes du passé apparaît comme un réconfort, faute hélas de pouvoir servir à l’édification des esprits.
Aussi, il faut saluer l’initiative des éditions Berg International, patronnée par Damien Theillier, de rééditer les écrits de penseurs quelque peu oubliés.
Après Edmond About, dont j’ai relaté il y a quelque temps la vision de La Liberté , voici “la Société Idéale” selon Victor Cousin (1792-1867).

Étrangement, c’est par un impératif quasi moral que l’auteur choisit de commencer son propos, affirmant d’emblée pour tout système de pensée, toute déclaration des droits et des devoirs du citoyen, la nécessité de reposer sur deux piliers : la justice et la charité.
C'est en effet selon lui, à partir de cette indissociable dualité que se pose la problématique de la liberté de la condition humaine, et de la volonté de toujours progresser.

Certes l’Homme est faible. Très faible même face à la nature qui l’entoure. 

Mais sa force est ailleurs.
Victor Cousin rappelle cette fameuse citation de Blaise Pascal : “L’homme n’est qu’un roseau, mais c’est un roseau pensant. Quand l’Univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue : car l’avantage que l’Univers a sur lui, l’univers n’en sait rien...”
Complétant la pensée de Pascal, Cousin ajoute que si l’Univers ne connaît pas sa puissance, il n’en dispose pas non plus, il suit en esclave des lois irrésistibles.
A contrario, l’Homme est conscient et libre d’agir : “Le peu que je fais, je le fais parce que je le veux !”

Pour Victor Cousin, c’est précisément ce qui confère une position unique à l’être humain : “La liberté qui élève l’homme au dessus des choses, l’oblige par rapport à lui-même.”
La contrepartie de cette liberté l’oblige cependant à se soumettre à la hiérarchie des droits et devoirs, que Victor Cousin énonce de la manière suivante : “Envers les choses, je n’ai que des droits; je n’ai que des devoirs envers moi-même; envers vous j’ai des droits et des devoirs qui dérivent du même principe..”
Autrement dire et pour résumer : “Le devoir et le droit sont frères. leur mère commune est la liberté. Ils naissent le même jour, ils se développent et ils périssent ensemble...”

A la lumière de ces principes qu’il juge cardinaux, Victor Cousin définit en quelque sorte sa conception du libéralisme et se livre à toutes sortes de constats roboratifs.
S’agissant par exemple de l’égalité, il affirme que la seule qui vaille est celle d’être libre (“Nul homme n’est plus libre qu’un autre”).
En revanche, s’agissant de l’égalité des conditions telle que l’a prêchée Rousseau, il considère qu’elle relève du leurre : “il n’est pas vrai que les hommes aient le droit d’être également riches, beaux, robustes, de jouir également, en un mot d’être également heureux.../… Rêver une telle égalité est une méprise étrange, un égarement déplorable…”

S’agissant de la propriété, il rejoint peu ou prou la pensée des pères fondateurs du libéralisme anglo-saxon tels Locke ou Hume, en s’exclamant que “la propriété est sacrée car elle représente le droit de la personne elle-même. Le premier acte de pensée libre et personnelle est déjà un acte de propriété. Notre première propriété c’est nous mêmes…”
En évoquant la légitimité de la propriété privée, Cousin n’est pas non plus très éloigné de Turgot, notamment lorsqu’il réaffirme après lui le fondement du capitalisme : “la propriété préexiste à la production.../… Je ne produis qu’à l’aide de quelque chose que je possède déjà…”

Quant à la justice, il considère “qu’elle confère à chacun le droit de faire tout ce qu’il veut, sous cette réserve que l’exercice de ce droit ne porte aucune atteinte à l’exercice du droit d’autrui.”
Toutefois, il ne faut pas comprendre qu’il s’agisse là d’une fin en soi mais plutôt d’un pré-requis. Lorsqu’un individu satisfait au devoir de respecter la liberté des autres, “nul n’a rien à lui demander”, mais a-t-il pour autant accompli toute sa destinée ?
Evidemment non. Il reste un champ très vaste dans lequel peuvent se conjuguer beaucoup d’aspirations plus ou moins élevées, plus ou moins altruistes. Au delà de la leur, certains voudront défendre la liberté des autres. D’autres voudront faire régner davantage de justice. Certains feront preuve de dévouement, de charité…
Au sujet de cette dernière, Cousin met toutefois en garde contre les effets pervers d’un trop grand zèle, car il est facile en la matière de prendre des vessies pour des lanternes, tant sont sujettes à cautions les définitions et les conceptions des uns et des autres. En l’occurrence, “le désintéressement et le dévouement sont des vertus d’un ordre différent; l’un se définit avec rigueur, l’autre échappe à toute définition”, et “la charité est souvent le commencement et l’excuse, et toujours le prétexte des grandes usurpations…”
Avec une perception plutôt prémonitoire des choses, Cousin vitupère contre les gens qui voudraient faire de la solidarité et de la charité des vertus d’essence étatique, c’est à dire obligatoire. Pareillement il peste contre ceux qui, abusant le peuple, proclament dans l’absolu des droits imaginaires. Aux premiers, il s’écrie : “Si vous m’arrachez une obole, vous commettez une injustice…”. Aux seconds, il fait observer “qu’il est faux que l’ouvrier ait droit au travail, car tout droit vrai emporte l’idée qu’on peut l’assurer par la force.../… proclamer des droits mensongers, c’est mettre en péril les droits certains” (on pense à Montesquieu condamnant les lois inutiles, qui affaiblissent les lois nécessaires...)
D’une manière générale, si “l’Etat doit aux citoyens que le malheur accable, aide et protection pour la conservation et pour le développement de leur vie physique”, et si on peut sans doute affirmer “l’utilité, et la nécessité même des institutions de bienfaisance”, il est important qu’elles dépendent d’initiatives “le plus possible volontaires et privées.”

S’agissant des religions enfin, il considère qu’elles contiennent plus ou moins de vérité, comme les philosophies (bien que de son aveu, l’une d’entre elles “surpasse incomparablement les autres...”). A ce titre il juge nécessaire que “toutes aient un droit égal à leur libre exercice”, sous réserve qu’elles se tolèrent mutuellement, car “un culte qui, en recommandant à ses fidèles d’observer entre eux la bonne foi et la sincérité, les en dispenserait envers les fidèles des autres cultes, devrait être interdit.”

En somme, ce texte n’est pas dénué d’actualité. Il n’est sans doute pas d’une originalité fracassante, et le portrait de la société idéale n’y est qu’à peine ébauché. Son ton peut être jugé un peu doctoral voire condescendant, mais le raisonnement s’avère simple simple et cohérent.
En postface Damien Theillier rappelle qu’il fut publié en 1848, au moment où s’effondra la monarchie de Juillet et où selon Tocqueville, naquit l’idée du socialisme. Il rappelle à cet effet l’observation pertinente que ce dernier fit au moment de cette nouvelle révolution française, porteuse de folies et de chimères dont nous subissons toujours les conséquences désastreuses : “mille systèmes sortirent impétueusement de l’esprit des novateurs et se répandirent dans l’esprit troublé des foules : l’un prétendait réduire l’inégalité des fortunes, l’autre l’inégalité des lumières, le troisième entreprenait de niveler la plus ancienne des inégalités, celle de l’homme et de la femme; on indiquait des spécifiques contre la pauvreté et des remèdes à ce mal de travail, qui tourmente l’humanité depuis qu’elle existe . Ces théories étaient fort diverses entre elles, souvent contraires, quelquefois ennemies… prirent le nom commun de socialisme (Souvenirs de 1848)

26 juin 2015

Une France vraiment moisie

Le déchaînement de violence dont l'actualité nous donne le navrant spectacle, à l'occasion du conflit opposant les taxis aux VTC (voitures de transport avec chauffeurs), fait resurgir l'expression de « France moisie », trouvée il y a quelques années pour un de ses éditoriaux sulfureux par Philippe Sollers.

Si le propos s'apparentait comme souvent, à un fatras dans lequel le meilleur côtoyait le pire, le titre était bon, il faut bien le reconnaître, et parfaitement adapté à la situation actuelle...
Elle est là dans toute sa réalité, cette France qui sent le vieux, l'archaïque, le renfermé.
Quoi de plus méprisable en effet que cette déferlante de haine qui anime une corporation s'estimant lésée dans ses acquis par de nouveaux opérateurs qualifiés de " délinquants sans carte pro ni assurance", venus piétiner leurs plates-bandes ? On se croirait transporté au pays des castes ou bien revenu au temps des privilèges.

Certes les chauffeurs de taxi ont payé cher leur rente de situation, leur asservissement protecteur au consortium étatisé qui réglemente depuis la nuit des temps leur profession. Les fameuses « licences » délivrées au compte-goutte par les Préfectures peuvent leur coûter jusqu'à 200.000€, tant est féroce la spéculation alimentée par la rareté absurde du sésame.

Là est d'ailleurs le vrai problème : on touche une fois encore du doigt les effets dévastateurs des régulations et des réglementions auxquelles les Français pourtant frondeurs par nature sont si attachés.
Et plus que jamais, le gouvernement se trouve pris à contre-pied par l'évolution des techniques, et de fait, est empêtré dans ses contradictions idéologiques.
Il y a un an à peine le premier ministre déplorait une « France bloquée ». Elle l'est assurément, mais à qui la faute si ce n'est à lui et à tous les gens qui partagent avec lui les mêmes idées obsolètes et doctrinaires, voire contradictoires ou incohérentes ?
Par un paradoxe bien de chez nous, alors que les taxis se livrent à des violences inacceptables, c'est la société UBER qui est mis au ban par le sinistre ministre de l'Intérieur Cazeneuve !

Le vieux mythe de l'Etat-Providence montre une fois encore toute la perversité de ses bonnes intentions. Cet épisode qui fait honte à notre pays sur la scène internationale permet de vérifier que L'Etat étouffe ceux qu'ils prétend protéger et organise la pénurie. Ce schéma est reproductible mille fois. On l'a vu avec les lois insanes dites Duflot du nom de la calamiteuse et éphémère ministresse du logement. On le voit avec l'hôtellerie,
le commerce en ligne, l'ouverture réglementée des magasins, le pléthorique code du travail...
En l'occurrence, les taxis n'ont pas tort de récriminer contre une « concurrence déloyale ». Mais ils se trompent de cible en s'attaquant à des challengers jugés trop libres. La solution n'est-elle pas de libérer un peu ceux sur lesquels pèsent des contraintes excessives plutôt que de contraindre les autres ?

Pour finir sur une note humoristique, qu'il soit permis de pointer l'inanité des prétendues bonnes actions gouvernementales, avec les récentes et grotesques initiatives de l'inénarrable Ségolène Royal, se faisant fort d'interdire au bon peuple l'usage du Nutella ou du RoundUp ! Devant tant de candeur ubuesque Alfred Jarry doit être transformé en turbine dans sa tombe...
En définitive, pour paraphraser les slogans libertaires de la fin des années soixante qui voyaient « sous les pavés la plage », on pourrait percevoir sous ceux, de plus en plus usés du socialisme, la liberté qui pousse, et rappeler plus que jamais « qu'Il est interdit d'interdire... »

12 mai 2015

Trois ans au pays bas

Ce pays bas c'est évidemment la France de M. Hollande, le si bien nommé ! 
Et les trois années sont celles pendant lesquelles la nation a été consciencieusement aplatie sous le rouleau compresseur de sa politique inepte.
Le bilan est vite fait tant il est calamiteux.
Tout est raté à commencer bien sûr par la lutte contre le chômage dont il avait fait soi-disant une priorité absolue. Aujourd'hui, il semble s'en moquer éperdument et c'est désormais avec indifférence et condescendance qu'il contemple le désastre chronique qui grossit chaque mois d'une nouvelle charrette la triste foule des demandeurs d'emplois.
Comme toutes ses vaines et ronflantes promesses, il a oublié qu'il avait par avance affirmé qu'il ne mériterait que la honte s'il ne parvenait à obtenir l'inversion de cette fameuse courbe dont il a nourri la crédulité de l'opinion publique.

Ce petit bonhomme aux rondeurs bourgeoises, n'aime rien comme inaugurer les chrysanthèmes... Il porte les gerbes et les couronnes avec une sorte de jubilation, teintée de componction, à la manière de ces notables d'autrefois, confits dans la roublardise.
Il faut dire qu'en la matière, il ne rate aucune occasion. A chaque catastrophe, il accourt pour verser ses larmes de crocodile. De toute manière, son mandat n'est qu'un cimetière d'illusions pour ceux qui ont commis la fatale imprudence de voter pour lui !
Rien ne l'arrête. Aujourd'hui encore il se répandait en hommages glauques au chevet du tyran cacochyme de Cuba, en tentant rituellement de faire porter la responsabilité des malheurs du peuple qu'il a ignoblement opprimé, au blocus américain ! Qui peut encore croire ces fadaises épouvantables ?

Triste bilan donc, sur lequel il est inutile d'épiloguer. Mensonges, inconstance, incompétence, népotisme, muflerie, malversations, démagogie, tout s'inscrit à l'encontre de sa fameuse litanie du « moi je » arrogant avec laquelle il a enfumé les électeurs.
La France asphyxiée dans une idéologie lénifiante, s'enfonce dans le marasme, à l'inverse de tant de nations en train de sortir de la crise.
Après celle d'Angela Merkel en Allemagne il y a quelques mois, la victoire électorale éclatante au Royaume Uni, de David Cameron, est comme une colossale gifle donnée à ces bonimenteurs qui promettent le changement et les lendemains qui chantent comme certains barbiers filous annoncent que "demain on rase gratis..
." Comme le constatait récemment le jeune économiste Nicolas Bouzou (C dans l'air), la politique mise en œuvre à Londres pourrait être opposée point par point à celle concoctée à Paris. Et comme par hasard, les résultats outre-Manche suivent une tendance exactement contraire à celle qu'on observe en France...
Mais dans ce pays étonnant, peu importe que le président de la république soit, assez logiquement et durablement, discrédité par 80% des Français. Lui croit toujours qu'il parviendra envers et contre tout, par le jeu de stratagèmes et de manipulations, à se faire réélire !
Comme dirait Père Ubu : « Merdre ! »

17 avril 2015

The Killing Fields

Sinistre date Anniversaire, ce 17 avril 2015.
Celle de la prise du pouvoir par les Khmers dits "rouges" au Cambodge, il y a tout juste 40 ans.
Ce génocide idéologique commis au nom du socialisme, sous les yeux indifférents voire complices des nations libres restera à jamais comme une honte incommensurable. Près de deux millions de morts, dans un pays qui en comptait à peine 7, c'est proprement ahurissant !

En 1975, après les horreurs du stalinisme, du maoïsme, et de tant de régimes se réclamant du socialisme sous toutes ses formes, l'incapacité de l'Occident vis à vis de ces crimes abominables fut impardonnable (on se souvient entre autres des vivats d'une partie de la presse française, célébrant "Phnom Penh libérée").
Durant ce XXè siècle sanguinaire, seul le nazisme fut réellement combattu et ses dirigeants punis, mais qui se souvient ou simplement reconnaît qu'il ne s'agissait en définitive là aussi, que d'un avatar du socialisme ?

Impardonnable complaisance qui se prolonge d'une quasi indifférence de l'opinion publique encore de nos jours. Où nous tolérons que des atrocités similaires soient commises depuis si longtemps en Corée du Nord. Où l'on voit le Président des Etats-Unis d'Amérique serrer chaleureusement la main ensanglantée du dictateur cubain. Où l'on peut encore entendre
dans notre pays, sans que cela paraisse choquant, des politiciens ou des soi-disant philosophes prônant l'application radicale de cette idéologie infâme. Où certains se réclament même sans vergogne du communisme tandis que d'autres se gargarisent toujours du socialisme qui occasionna tant de malheur sous toutes les latitudes !
Cette complaisance vis à vis d'une doctrine cachant sous de vertueux principes son abjection, est décidément un grand mystère. Quand donc les yeux se dessilleront-ils sur sa nature perverse ? Quand pourra-t-on dire que les innombrables victimes sacrifiées sur l'autel de ses prétendues bonnes intentions ne sont pas mortes pour rien ? Quand comprendra-t-on que les tyrannies établies au nom de l'humanisme sont les pires ? Quand donc l'être humain sera-t-il assez émancipé pour résister aux folles lubies qui germent dans son cerveau ?

Evidemment, lorsque l'on revoit les images de cette période effrayante, ces hommes en noir se ruant comme des diables sur Phnom-Penh, et sitôt les premières heures de liesse passées, installer partout leur indicible barbarie, on ne peut s'empêcher de penser aux islamistes radicaux, ivres d'absolu et de prétention, commettre avec un horrible théâtralisme, sous les yeux des caméras, leurs exactions.
Qu'elles soient perpétrées au nom de Dieu ou de l'idéalisme athée, les abominations inventées par le génie humain sont plus terribles que n'importe quelle calamité. Même s'il faut en toute circonstance garder l'espoir rivé à la Liberté, les mots manquent face à de telles horreurs, et de telles absurdités.
« A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seule le silence est grand, tout le reste est faiblesse... »


Illustration : crânes de victimes des Khmers Rouges à Choeung Ek (Wikipedia)
Rappel d'un billet antérieur : Les obscurs fondements de la haine

13 mars 2015

Crise de repères

En France, on sait les politiciens versatiles.
Ceux qui se prétendent de droite, se plaisent à mettre en oeuvre une fois élus, une politique de gauche, et d'aucuns voient chez ceux de gauche au pouvoir, une tendance à promouvoir les recettes libérales…
En définitive, plus personne n’y comprend rien et à force d’être dupés, les électeurs renoncent de plus en plus à se rendre aux urnes. Résultat, le Front National en apparence tout au moins, ne cesse de progresser.
Il lui reste difficile de s’imposer, car il faudrait à lui tout seul qu’il emporte un peu plus de 50% des voix, ce qui semble encore hors de portée, vu qu’il cristallise contre lui la haine vindicative de tous les partis auto-prétendus républicains. Cette suprématie viendra-t-elle ? Nul ne le sait, mais une chose est sûre, ces derniers n’auraient alors que leurs yeux de crocodiles pour pleurer.
A l’instigation machiavélique de Mitterrand, la Gauche a tout fait pour créer et faire enfler le phénomène, et sous l’égide de Jacques Chirac, la Droite a entrepris de lui donner corps et de le radicaliser en clamant haut et fort qu’elle n’avait rien à voir avec lui, tout en exploitant parfois les mêmes thématiques...
Le problème est désormais insoluble et le débat démocratique est durablement envenimé par ces manoeuvres coupables.

Aujourd’hui, Manuel Valls qui n’a vraiment pas grand chose à vanter dans l’action menée par le Président de la République et lui-même, s’énerve puérilement devant la montée de ce qu’il qualifie de péril contre lequel risque "de se fracasser le pays." Belle inconséquence en réalité, puisque lui et les siens n’ont de cesse d’apporter à pleins tonneaux de l’eau au moulin de l’extrême droite.
Et qui confine à la stupidité lorsqu'il attaque notamment Michel Onfray, à qui il reproche de perdre ses repères, au motif “qu’il préfère une idée juste, fut-elle de droite, à une idée fausse même si elle est de gauche, surtout si elle est de gauche.”
Cette tournure de pensée est effrayante, car elle témoigne d’un archaïsme idéologique à peine croyable. Le premier ministre se croit sans doute encore à l’époque où l’on pouvait “préférer avoir tort avec Sartre que raison avec Aron” ou encore mentir effrontément "pour ne pas désespérer Billancourt."

Onfray répliqua en traitant familièrement Manuel Valls de “crétin”, et force est de reconnaître que le qualificatif est approprié, face aux propos incohérents et aux actions contradictoires du chef du gouvernement, même s'il n’est pas le seul à utiliser cette rhétorique ampoulée autant qu’insignifiante, qui dit les choses sans les dire tout en les disant, et en affirmant tout et son contraire.

Quel dommage en somme que Michel Onfray se prétende encore de gauche ! Il a des convictions, il a une certaine droiture et un courage indéniable, dont il fit preuve lors des attentats de janvier dernier, en disant sans détour quelques vérités bien senties au sujet de l'islam radical tandis que le Président de la République et le Premier Ministre soutenaient que les atrocités commises par des gens hurlant « Allah Akbar » n’avaient rien à voir avec la religion musulmane !
Pourquoi resterait-il donc accroché par principe, à cette forfaiture idéologique qu’est le socialisme ? C’est évident, lui le philosophe libertaire individualiste et épicurien pourrait avoir sa place sans trop de peine, parmi les amoureux de la liberté ! Un jour peut-être...
Décidément, les repères sont en crise....

24 février 2015

L'aimable farce Macron

Lorsque Emmanuel Macron fut nommé ministre par le Président de la République, il était loisible de s’interroger sur ce que venait faire dans un gouvernement socialiste dirigé par un prétendu ennemi des Riches et de la Finance, un genre de trader dont le principal titre de gloire fut d'avoir amassé en 18 mois quelques 2,4 millions d’euros de salaire chez Rothschild, en jouant au Monopoly avec les entreprises.

Et bien désormais on sait : il y fait des lois en s’amusant, l’air de rien, comme d’autres feraient des bulles. Légères, légères, si légères qu'il suffit d'une brise parlementaire, à peine une petite fronde, pour les disperser, les ventiler, les éparpiller par petits bouts, façon puzzle…
De fait, annoncée comme étant d’inspiration libérale, cette loi qui porte le nom du sémillant ministre de l’Economie fit couler beaucoup d’encre, pour étaler en définitive une grande vacuité sur pas moins de 200 articles.

Au terme d’interminables débats à l’Assemblée Nationale, et à l’issue de l’accouchement au forceps du 49.3, que subsiste-t-il ? Rien ou presque, si l’on en croit les experts qui se sont plongés dans cette jungle légale.
A peine retient-on un assouplissement des règles ubuesques interdisant aux compagnies d’autocars inter-urbaines de concurrencer la SNCF. Encore, fallait-il savoir que dans notre malheureux pays, on en était encore à ces ukases ahurissants…
A peu près rien de changé sur la réglementation du travail la nuit et le dimanche puisque l’assouplissement annoncé a fait pschiiit, l’Etat s’en remettant, de manière on ne peut plus tarabiscotée, au bon vouloir des maires et des intercommunalités, pour autoriser ou maintenir l’interdiction d’ouvrir 12 dimanches par an au lieu de 5...
S’agissant des notaires, dont on a beaucoup parlé, il n’y a rien qui vaille vraiment d’être mentionné, à part un accroissement de la complexité administrative fixant les tarifs de leurs actes. Va-t-on payer moins cher, rien n’est moins sûr.
Le reste touche, sans cohérence apparente, à quantité de sujets abscons pour le commun des mortels : permis de conduire, justice prud’hommale, cession d’actifs de l’Etat, règles de licenciement collectif, statuts des avocats d’entreprises, et même location de matériel militaire par l’armée…

Il est bien difficile dans ces conditions de déterminer si ce texte confus comporte ou non de réelles avancées. Et tout aussi ardu de savoir si l’opposition devait ou non le voter. Puisqu’il avait un vague parfum, certes éventé, de liberté, le bon sens politique poussait sans doute à y être favorable. Cela permettait de préserver l’avenir, en ne risquant pas de se trouver en porte-à-faux quant à de futures propositions de lois allant dans le même sens. Surtout, cela aurait coupé court à la procédure du 49.3, et contribué à fragiliser et à décrédibiliser un peu plus le gouvernement et sa majorité auprès de son électorat dit “de gauche” et de ses frondeurs internes. C’était donc bon à prendre pour des partis en mal d’inspiration.
C’est sans doute pour ça qu’ils se sont massivement opposés au texte...

15 octobre 2014

Le problème Zemmour (2)

Hélas, les sources du mal sont beaucoup plus anciennes que ne semble le penser M. Zemmour,  et ce n’est probablement pas d’une trop grande porosité au monde dont souffre la France, mais au contraire de s’être enfermée dans ses lubies idéologiques et de n’avoir guère regardé ce qui se passait autour d’elle. Comme elle a perdu sa puissance de jadis, elle ne peut plus entretenir que l’illusion de son influence, et son incapacité à s’ouvrir est un handicap qui pèse chaque jour un peu plus lourdement.

A dire vrai, ce n’est pas d’hier, ni même de 1968 que datent cette curieuse myopie et ce repliement spirituel.
Il faudrait sans doute remonter à la Révolution de 1789, pour voir vraiment les origines de cet arrogant virage à gauche, dont Zemmour dénonce à juste titre les méfaits. C’est peu de dire qu’à l’occasion de la terreur robespierriste, la France a raté son passage à la démocratie, en même temps qu’elle a introduit le vers socialiste dans son corpus politique et social. Il s'en est suivi une longue période d’errance de plus de deux siècles qui vit se succéder la folle chimère du Premier Empire, prodigieux édifice, mais écroulé comme un château de cartes, le retour d’une monarchie  royale éphémère et bancale, un Second Empire aussi illusoire que le précédent, plusieurs vaines révolutions, et pour finir, une pléiade de républiques dont la cinquième du genre ne donne toujours pas satisfaction aux Français ! Il n’y a vraiment pas de quoi être fier…

Parallèlement le gauchisme n’a cessé de progresser dans les esprits au point d’imprégner de nos jours les moindres recoins de la société. Tout ou presque lui est désormais inféodé, notamment l’éducation, la justice, les syndicats, les médias, la culture, et naturellement le champ politique où l’interdépendance des pouvoirs pérennise la concentration idéologique autour des courants de pensée les plus influents.
Quelque soit la tendance affichée des gouvernants, la France patauge depuis des lustres dans le même marasme socialiste auquel on fait mine d’adjoindre en fonction des circonstances et d’éventuelles pressions extérieures, un soupçon de libéralisme plus ou moins frelaté. Le Général de Gaulle dont Zemmour vante les mérites n’a pas dérogé à la règle. C’est lui qui présida aux grands chantiers sociaux post-libération, d’où émergea le fameux “modèle français” que nous traînons comme un intouchable boulet. Pour cela, n’a t-il pas fait bon ménage avec les communistes ? Ne s’est-il pas accommodé des monstrueuses nationalisations de l’époque ? N’était-il pas à la tête d’un gouvernement qui s’enorgueillissait d’avoir un ministère de l’Information ? N'a-t-il pas fait à maintes reprises la preuve d'une versatilité mensongère et par là même, n'a-t-il pas contribué à discréditer l'image de la France ?

Il faudrait toutefois remonter encore un peu plus loin dans le temps pour mettre à jour la racine la plus profonde du mal français, à savoir la propension à la pléthore administrative et à la centralisation bureaucratique.
Il serait sans doute excessif de faire endosser à Colbert la responsabilité exclusive de ce fléau jacobin tant il paraît consubstantiel au pays, et ce système pouvait trouver quelques défenseurs lorsque les communications se faisaient à cheval, mais il ne contribua pas peu à l’inadaptation au monde moderne que manifeste notre pays, et à la sclérose de ses institutions.

Cette histoire, M. Zemmour a quelque peu tendance à l'occulter dans ses raccourcis vengeurs. Et son prisme interprétatif franco-français le condamne à s'enfermer dans une logique trop étroite pour porter ses ambitions. De fait, sa nostalgie du passé le fait douter du progrès, de la démocratie, et pire, parler comme d’une calamité, du grand vent de liberté venu de l’Ouest, dont on connait la tendance à casser les frontières et à renverser les potentats établis.
Il préfère ancrer son discours dans le paradigme national “à l’ancienne”, ce qui l’amène à douter des vertus de l’Europe, et à craindre plus que tout, l’évolution de cette dernière vers le modèle fédératif qui a si bien réussi aux Etats-Unis.
Sur ces derniers il manifeste paradoxalement une opinion parfaitement banale, rejoignant ainsi tristement l’anti-américanisme qui sévit dans les esprits. Il critique violemment le libéralisme anglo-saxon qu’il juge responsable de la mondialisation, de l’uniformisation des cultures et de la liberté débridée des échanges. Au surplus, l’Amérique c’est selon lui le royaume de l’individu-roi qu’il exècre, et du communautarisme si néfaste à ses yeux.
Il ne voit donc pas la force admirable du sentiment national qui caractérise ce grand pays. Il semble ignorer la devise si vivace encore aujourd’hui outre-atlantique : e pluribus unum. Et il ne voit pas que loin d’être inculte, l’Amérique en à peine plus de deux siècles, est devenue la nouvelle Athènes du monde moderne, pour notre plus grand bien. En plus d’être le temple du progrès scientifique, elle a toujours été protectrice des arts, et au surplus, elle s’est progressivement imposée comme le berceau d’une foule d’expressions nouvelles, du cinéma à la musique en passant par la littérature !
C’est vraiment lui faire un mauvais procès que de la réduire comme tant de Gaulois aigris, à son appétit pour les biens matériels et son culte du dollar...

Au total, M. Zemmour se comporte avec la société ouverte dans laquelle il vit, pour son plus grand malheur, comme celui qui veut jeter le bébé avec l’eau du bain. Il en perçoit bien certaines dérives, dues à une permissivité irresponsable et un égalitarisme démagogique, qu'il déplore avec raison. Mais il en profite pour accuser le système de tous les maux y compris ceux auxquels il est étranger, notamment nombre de tares structurelles typiquement françaises. Et à la fin, il en vient à rejeter l’ensemble de cette société moderne, au risque d’en perdre les bienfaits inestimables, dont la liberté, qu’on devrait chérir et protéger autant que les hommes préhistoriques le faisaient avec le feu.
C'est bien dommage, car à cause de son caractère excessif et un tantinet borné, son propos s'en trouve affaibli, et il s'expose aux accusations de passéisme, de chauvinisme, voire de xénophobie, ainsi qu'à de vaines et stupides polémiques...
Le grand drame actuel est que nous ne croyons plus au modèle de la société libre qui est le nôtre, et pour lequel tant de sang a été versé, et tant de sacrifices consentis. Aujourd'hui, nous confondons le fait de vivre en liberté avec celui de vivre libre. Nous Français, si prompts à vanter la liberté, nous n'avons pas su nous adapter à cette vertu que nous avons pourtant inscrite aux frontons des palais de la République. Nous jouissons d'elle mais nous ne l'aimons pas. Nous passons notre temps à la galvauder et à l'abîmer par nos caprices d'enfants gâtés. Bientôt peut-être, nous ne serons plus dignes d'elle. Et M. Zemmour qui observe avec tant d'acuité les défauts de ses contemporains, nous entraîne à sa façon sur cette mauvaise pente, car s'il voit bien, il interprète mal...

12 octobre 2014

Le problème Zemmour (1)

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage “Le Suicide Français”, on ne peut qu'être frappé par le rayonnement médiatique de son auteur, le journaliste et polémiste Eric Zemmour. On ne parle que de lui et on pourrait même mesurer sa cote de popularité en suivant la courbe d’audimat qui accompagne chacune de ses prestations télévisées.

L’homme est un paradoxe vivant. Quoique d’allure chétive il irradie, et son opinion, quoique très minoritaire, fait mouche. On peut même dire qu’il fait face avec jubilation à tous les petits marquis du conformisme contemporain, alignés en rangs d’oignons sur les plateaux de télé, et qui se font un devoir de confondre ce dangereux déviant à la pensée unique.
Lui, seul face à cette armée de bien pensants, ferraille avec brio, faisant feu de tout bois pour repousser leurs assauts dérisoires. Il y parvient sans peine, tant la stratégie de ses adversaires est monolithique et prévisible. Et suprême récompense, même la mauvaise foi dont il fait parfois preuve en la ponctuant d’un petit rire sardonique, contribue à renforcer le crédit dont il jouit auprès d’un peuple lassé des platitudes ronflantes et des axiomes insipides de la correction politique. 

Pourtant, si sur le champ de bataille idéologique qu’il parcourt sabre au clair, il est assez jouissif de le suivre, tant ses arguments frappent juste et fort, il faut bien avouer qu’à certains moments, l’impression est qu’il se laisse emporter par son élan, voire même qu’il se trompe de cible, ou bien qu'il s'égare dans la charge…

Au départ, les constats sont percutants et le style incisif de leur auteur fait merveille.
Lorsqu’il entreprend par exemple, la démolition du triptyque dérision-déconstruction-destruction qui fait selon lui des ravages dans la société française en minant ses piliers, pas de problème, il a raison. Ses détracteurs ont beau jeu de lui reprocher de faire au passage le procès de l’homosexualité, des femmes et de l’islam, ou de faire le jeu du Front National, il n'en a cure, démontrant qu'il n’est rien de plus faux évidemment.
Car lorsqu’il s’attaque à la confusion des genres, c’est à ceux qui détruisent méthodiquement les repères sociétaux qu’il s’adresse, non à ceux qu’il considère comme victimes de ce saccage.
Il est vrai que ce n’est pas faire injure à la communauté gay que de déplorer qu’en son nom, on en vienne à instaurer cette monstruosité légale du “mariage pour tous”. Car vouloir consacrer leur singularité par ce parfait symbole du conformisme bourgeois, c’est un peu comme vêtir Arlequin d’un costume trois pièces de courtier. C’est tout simplement grotesque.
Ce n’est pas non plus s’en prendre aux femmes que de se moquer des excès du féminisme, surtout lorsqu’ils mènent aux gesticulations insanes des Femen, ou bien à la pantalonnade récente vue à l’Assemblée Nationale, durant laquelle un député fut puni pour s’être obstiné en séance à s’adresser à madame LE Président ?
Ce n’est pas mépriser les Musulmans, que de condamner les interprétations les plus radicales de l'Islam, qui rentrent en conflit flagrant avec les principes républicains et qui basculent parfois dans le crime. Ce n’est pas une faute que de s’alarmer des dérives dangereuses qu’on voit un peu partout prendre le pas sur les pratiques respectables. Et ce n’est pas un péché d’affirmer qu’il est suicidaire de mélanger dans le même “respect” les croyants et ceux qui abusant de la crédulité de ces derniers, parlent au nom de Dieu et veulent faire de leur délire sanguinaire une loi, applicable à tous.

Mais évidemment, il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ni de pire interlocuteur que celui qui s’échine à ne pas vouloir comprendre.
Faisant face à Zemmour, c’est toute la clique gaucho-coco-altermondialo-écolo qui aligne ses poncifs éculés aux vagues relents rousseauistes et à la couardise grégaire. Dans ce maelström visqueux de bons sentiments et de mauvaise conscience, les idées ramollissent comme de vieux chewing-gums et s’agrègent les unes aux autres en formant une gangue gluante. Le sophisme tient lieu de raisonnement et la pratique de l’amalgame ramène toujours au même fameux point Godwin, c’est à dire la reductio ad hitlerum. Quoique vous disiez, vous serez toujours traité de droitiste borné, voire de nazi. Le principe est des plus simples. Si vous vous opposez aux dernières lois supposées donner de nouveaux droits aux femmes ou aux homosexuels, vous êtes tantôt machiste, tantôt homophobe. Dans les deux cas, vous êtes suspect de fascisme, donc nazi en puissance. Si vous émettez des réserves sur les évolutions de l’islam, ou si vous vous en prenez à la cause palestinienne, vous êtes nécessairement anti-arabe donc raciste et in fine nazi également. Si vous défendez un contrôle accru de l’immigration, vous êtes conséquemment xénophobe et donc une fois de plus raciste, c’est à dire encore nazi. Si vous défendez "une certaine idée" de la France, vous êtes nationaliste et naturellement frontiste, donc toujours nazi, etc...

En dépit de sa judaïté, supposée lui servir de talisman, Zemmour en prend donc plein la figure de la part des petits censeurs de salon. Il faut dire qu’il a osé enfreindre leurs codes !
On ne saurait donc trop le féliciter d’avoir le courage de refuser l’orthodoxie de cette pensée, outrageusement simplificatrice et manichéenne, régnant dans notre pays. Mais à l’heure de la mondialisation, on s’étonne toutefois qu’il en borne les effets dévastateurs à la seule France, qui serait selon lui de ce fait en train de se suicider. On s’étonne encore davantage qu'il fasse de cette mondialisation déferlant sur notre cocon hexagonal, l'une des causes essentielles de nos malheurs, et qu’il ne puisse envisager de solution autrement qu'en restaurant les murailles de la France, à l'image d'une forteresse médiévale ?
Car si notre pays est indiscutablement en phase de déclin, c’est peut-être parce qu’il est moins conquérant que du temps de Louis XIV ou de Napoléon. C'est peut-être aussi parce que l’esprit français si rayonnant autrefois, est aujourd’hui en berne. Mais c'est sans doute beaucoup parce que nous nous obstinons à ne pas vouloir voir que le monde a changé, hors de nos frontières. De ce point de vue, “la Mélancolie Française” dont fait preuve Eric Zemmour témoigne d’un peu trop de passéisme. A le lire, la France d’avant 68 aurait été grande et belle, et la décadence qu’il déplore serait presque entièrement contenue dans la période toute récente, allant de la fin des années soixante à nos jours ! En conséquence, il n’y aurait de salut à espérer, qu’en remettant sur pied la Nation d’avant ce joli mai de 1968 ! 

(à suivre...)

03 octobre 2014

Courage, des règles mentons...

Les velléités gouvernementales en matière de déréglementation n’ont pas été bien loin. Il a suffi d’un jour de manifestations ce 30 Septembre, pour qu’elles soient illico rangées au placard… Au surplus, on a vu le ministre qui portait l’esquisse d’ébauche de projet de réforme, M. Macron, se défausser avec une certaine lâcheté du dossier sur son prédécesseur, M. Montebourg ! On a pu ainsi mesurer la force des convictions de cet ex-banquier que d’aucun qualifiaient de libéral ! Il a même été jusqu’à affirmer que la grève des professions réglementées était légitime !

Il faut dire que sur un tel sujet, la crédibilité de ce gouvernement “de gauche” ne pèse pas lourd. Après avoir refusé l’assouplissement des réglementations absurdes empêchant les commerçants de travailler en soirée ou bien le week end, après avoir contraint les dirigeants d’Air France à reculer face aux exigences de ses pilotes, après toutes les reculades face aux syndicats défendant les acquis parfois ubuesques des fonctionnaires, quelle est donc la légitimité de l’Etat pour revoir les règles conférant à certaines professions de vraies rentes de situation ?

Ce n’est pas que ces réformes ne soient nécessaires évidemment, mais hélas, on se demande bien qui aura en France assez de courage, de détermination et de cohérence pour les mener à bien, en toute équité et pragmatisme. Nicolas Sarkozy lui-même après avoir annoncé la “rupture” s’en est bien gardé. Et pour l’heure, ni lui ni personne n’ose vraiment aborder la question.

Pourtant, comment aujourd’hui dans une société moderne de citoyens libres et éclairés, oser encore défendre tous ces privilèges dignes de “l’ancien régime” ? Comment par exemple oser pérenniser le monopole des Pharmacies ? “On marche sur la tête”, comme dit le clip publicitaire Leclerc, déplorant que “ses docteurs en pharmacie n’aient toujours pas le droit de vendre des médicaments n'imposant pas d'ordonnance !” 
Les effets pervers de l'abus des réglementations sont particulièrement démonstratif dans le domaine des médicaments. Bien que leurs prix soient régis en France par une officine gouvernementale (Comité Economique des Produits de Santé), ils s'avèrent largement plus élevés que la moyenne observée en Europe, notamment dans des pays où le système est privatisé !
Le parallèle peut être établi avec le prix vertigineux des lunettes, si bien remboursé par les assurances complémentaires, grâce à une législation contraignant à produire de manière quasi systématique une ordonnance médicale, alors qu'un opticien audacieux a démontré qu'il était possible de proposer des lunettes à 10€ !
En réalité dans ce système, l'encadrement conduit à l'irresponsabilité générale, même de ceux qui en font les frais en définitive, à savoir les citoyens...

A l’heure d’Internet, où tous les circuits explosent, ou un grand vent de liberté se met à souffler sur le monde, où l’information est supposée rendre les consommateurs toujours mieux informés, comment prétendre encore pouvoir ériger des murailles protectionnistes ? Non seulement c’est ridicule, mais cela se traduit bien souvent par l’effet inverse de celui recherché. Loin de protéger les professions qu’il réglemente, l’Etat les asphyxie sous les contraintes. Ainsi en est-il des taxis face au libre marché des véhicules avec chauffeurs, des hôtels face aux sites de location libres et aux chambres d’hôtes, de la SNCF face aux sites de covoiturage ou de transport par bus, des librairies traditionnelles face aux télécommerçants, et d’une manière générale, de tous les commerçants classiques face aux sites web de vente entre particuliers ou d’enchères…
Ayant plombé les premiers de règles, de taxes, de normes et toutes sortes de moyens de coercition, il cherche à pénaliser les autres. De la même manière, après avoir dissuadé par une avalanche hallucinante de taxes, les automobilistes d’acheter des véhicules à essence, il veut aujourd’hui faire de même pour le diesel qu’il avait soi disant épargné (en réalité simplement un peu moins taxé). Résultat, tout le monde est étranglé…

A la vérité, on a rarement vu Etat plus incohérent qu’à notre époque. Certes les électeurs l’ont voulu après tout. 
Paradoxe étonnant, après avoir voté pour des gens à la vision bornée par des idéologies, les Français passent leur temps à contourner les règles que ces derniers érigent en leur nom. Ils sont paraît-il attachés au modèle social supposé les rassurer mais usent de tous les stratagèmes pour éviter d’en payer la charge accablante. Ils ont élu en toute connaissance de cause un politicard démagogue vantant l’impôt “pour les autres”, mais s’apercevant qu’ils sont dans le collimateur, ils n’ont de cesse d’éviter d’en être la cible ! Ils veulent des petits commerces près de chez eux mais s’empressent de faire leurs courses dans les zones regroupant les hypermarchés ou bien sur le web!
En définitive, si l’Etat est inconséquent, les citoyens sont irresponsables. Et quel est le primum movens de ce cercle vicieux, nul ne saurait plus le dire...

21 septembre 2014

La coupe est pleine

Les débordements qui ont abouti au saccage en règle de l’hôtel des impôts de Morlaix et des locaux de la Mutualité Sociale Agricole ce 20 septembre, pour regrettables qu’ils soient, témoignent crûment de l’accablement dans lequel se trouve une partie de la population vis à vis des Pouvoirs Publics.
L’accroissement incessant de la pression fiscale, et l’alourdissement insensé de la chape administrative deviennent insupportables, et pas qu’aux “Riches” ni aux “Financiers” que le candidat Hollande s’était fait fort de mettre au pas, s’il était élu. C’est le peuple qui a désormais le ras-le-bol du fisc, et qui éprouve une phobie administrative autrement plus terrible que celle du fripon Thevenoud.

Malheureusement, la récente conférence de presse donnée par un Chef de l’Etat poussif, fatigué, sans ressort, ne laisse pas entrevoir d’infléchissement d’une politique désespérément privée d’inspiration. Lui-même ne semble plus croire à rien, ni à l’action qu’il mène, ni aux résultats qu’elle pourrait engendrer...
Il ne reste donc aux citoyens qu’à courber l'échine sous la pluie d’impôts et de taxes, qui hélas va sans doute redoubler, sans qu’aucun effet bénéfique ne soit à attendre. Bien au contraire.


Ces derniers temps, les chiffres et les constats tombent comme des évidences. On découvre par exemple que l’impôt sur le revenu repose sur une partie de plus en plus minoritaire de la population : en masse financière, 74% de l’impôt sur le revenu repose sur 10% des contribuables (2012, Commission Sénatoriale). Et en nombre, au total cette année, moins de la moitié des foyers paieront (Le Monde).
Dans ces conditions, la partie la plus aisée de la population a compris qu’il n’y avait pas d’autre issue que l’exil. Rien qu’en Belgique, on comptabilise 17 milliards d’euros d’actifs français !
Une mécanique infernale est enclenchée : en haut de l’échelle, les plus gros contribuables s’évadent, et en bas, c’est le gouvernement qui les exonère par pure démagogie : qui reste-t-il pour alimenter le Moloch fiscal, je vous le demande ?
Face à cette folie, il n’y a que les satrapes de l’Etat pour encore s’étonner du fait que les recettes fiscales soient moins bonnes que prévu, en dépit d’une hausse continue de la pression exercée sur les contribuables. En 2014 l’Etat va se retrouver devant un trou d’une quinzaine de milliards entre les rentrées théoriques et celles réalisées (Expansion) ! La "pompe à phynances" est devenue un vrai panier percé !
Le manque à gagner est encore plus criant en matière de charges sociales. Le recouvrement se dégrade d’année en année, et en 2014 ce sont, d'après les experts de la Cour des Comptes, pas moins de 25 milliards d’euros qui se seront évaporés par toutes sortes de moyens, allant de l’évitement légal jusqu'à la fraude caractérisée. Le travail au noir est devenu coutumier, et bien des gens n’ont même pas conscience de commettre un délit !

La France est donc confrontée à un déficit qui dérape plus que jamais, une dette qui s’accumule, un chômage qui se pérennise, un appauvrissement qui s’étend. Voilà les effets de cette désastreuse politique fiscale que les Piketty, frondeurs, alter-mondialo-cocos et autres Socialos se plaisent à mettre en oeuvre, au nom de leurs principes creux de justice sociale. Jusqu’à quand ?

08 septembre 2014

L'homme sans qualités

Si Nicolas Sarkozy pouvait être perçu comme bourré de défauts, son successeur à l'Elysée est bien "l'homme sans qualités", à l'instar du héros équivoque de Robert Musil ...
Vierge de tout sentiment, de toute émotion, de toute conviction, cet homme défie l'entendement. Pour tout dire, la réalité lui semble totalement étrangère. Même la pluie battante ne paraît en rien l'affecter...

Parvenu au pouvoir à la faveur d'un malheureux concours de circonstance, et la faute sans doute à un peuple abruti par des décennies de démagogie, il entraîne le plus tranquillement du monde le pays dans un naufrage. C'est peu dire qu'il ne maîtrise pas la situation, car à l'évidence, elle l'indiffère. Il se moque éperdument de l'avenir de la Nation, comme il se moque des gens. Tout dans son discours n'est que paroles. Il se fiche totalement des conséquences qu’elles peuvent avoir, pourvu qu'elles portent vaille que vaille son dessein égocentré.
On a vu l'incohérence totale de sa politique, ses affirmations à la noix, ses promesses creuses, ses revirements sans lendemain, en un mot son parcours erratique.

On sait désormais de source sûre ce que vaut le bonhomme. Et ce ne sont pas ses ennemis qui le dépeignent avec le plus de férocité, mais ses propres amis et même son entourage intime.
C’est assez simple, n’ayant pas d’affect, il n'aime personne. Ses compagnes en premier lieu, vis à vis desquelles il se garde de tout engagement, et qu'il répudie sans ménagement dès qu’elles l’ennuient, à la manière d'un mufle. En somme, même après lui avoir donné quatre enfants, une femme n'est qu'un individu...
On savait de son propre et stupide aveu, qu'il n'aimait pas les riches, on apprend (tout au moins ceux qui gardaient quelque illusion) qu'il n'aime pas les pauvres non plus ! Et ce ne sont pas les pathétiques dénégations dont il se délesta laborieusement pour faire semblant d'être piqué au vif qui convaincront du contraire. Rarement un discours de politicien aura paru aussi peu sincère. De toute manière, pour nombre de ceux qui le connaissent bien, il ment tout le temps !

Un sommet a été atteint lorsqu'il prétendit à la manière de Saint-François, que la défense des sans-grades (il dit sans-dents en privé) était son unique raison d'être ! Avec cette grotesque boursouflure démagogique, qu’il parvint à articuler sans rire, monsieur "petite blague" s’est surpassé ! Sans doute faut-il comprendre qu’il aime tellement les pauvres, qu'il jubile lorsqu’il voit leur nombre grandir. Une fois n'est pas coutume, en cela les effets de sa politique corroborent ses dires.
Il lui fut probablement difficile également de garder son sérieux lorsqu’il prit un air de tragédien d’opérette pour affirmer gravement qu’à travers lui c’était à la dignité présidentielle que les critiques portaient atteinte. Il l’a tellement tirée vers le bas cette dignité, lui le soi-disant président “normal”, qu’il n’en reste rien ou quasi. Paul Deschanel tombé du train en pleine nuit, et expliquant vainement à un cheminot qu'il était le président de la république en avait assurément bien davantage.
Qu’importe. Les sondages indiquent qu’il est pour l’heure, dans l’esprit des Français, le plus mauvais président de l’histoire assez miteuse de la République. Lui n’en a cure. Faisant preuve d’une indicible opiniâtreté, il continuera
n’en doutons pas, jusqu’au bout “sa mission”...

05 août 2014

Aveux et inconséquence

Pendant que le Président de la République désœuvré promène au gré de l’actualité sa molle silhouette de bourgeois ventripotent, et qu’il joue aux inaugurateurs de chrysanthèmes, en répandant de ci de là avec son air chafouin, solennités creuses et condoléances affligées, le Premier Ministre Manuel Valls s’effondre quant à lui sous le poids des réalités.

Lors d'un séminaire, le 1er août, il s'est ainsi délesté d'aveux douloureux sur l’échec de la politique entreprise par le gouvernement depuis plus de deux ans maintenant.

Elle n'a permis de ramener ni la croissance ni l'emploi comme promis, a-t-il dit en substance. "La rentrée va être difficile en matière de conjoncture économique. Il faut dire la vérité aux Français, affronter la réalité. Ne rien cacher" . ça tranche évidemment avec les discours emphatiques et intrépides du chef de l’Etat sur l’inversion de la courbe du chômage, sur la sortie imminente de crise, et autres retournements enchantés.
"La reprise" tant espérée - qu’il annonçait benoîtement, profite à nombre de pays sauf le nôtre, et force est de constater avec Manuel Valls, le niveau «insupportable» atteint par le chômage en juin, «la vie chère, le mal logement», ainsi que «l'inquiétude» des Français pour «leur avenir». (Figaro).


Hélas cet élan de lucidité n'a pas été jusqu'à reconnaître quelque erreur que ce soit au gouvernement, bien au contraire. Les mauvais élèves se corrigent rarement car ils sont bien souvent incapables de changer leur funestes habitudes et ils ont une fâcheuse tendance à imputer leurs fautes aux autres.

En dépit du constat alarmant, il ne faut, si l’on écoute le premier ministre, surtout pas remettre en cause la stratégie gouvernementale. "Je me refuse à annoncer un effort supplémentaire", pas question de retour en arrière. "Je veux faire la démonstration [...] que la France est engagée dans un mouvement de réformes inédit. Faire demi-tour serait «pire» que tout…
Quant à la responsabilité de cette déroute, c’est bien simple, presque tous les maux qu’il décrit seraient en effet à mettre sur le dos de l'Europe. M. Valls a notamment déploré des "politiques économiques de la zone euro pas efficaces" à cause de "l'absence de politique de change", "d'un euro trop cher", ou de "l'impuissance" de la BCE face à la faible inflation. "Le risque de déflation est réel", s'est-il même inquiété.


Quelques jours plus tard, loin de s’interroger sur la manière dont il gère le pays, François Hollande s’est permis d’en rajouter une couche en faisant carrément la leçon à l’Allemagne ! Il a déclaré notamment, ce lundi 3 août, qu'il attendait d’elle «un soutien plus ferme à la croissance», ajoutant que «ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage».

Un peu fort de café tout de même ! Serait-ce un remake de la Cigale et la Fourmi ? En attendant, un sondage récent publié par un magazine de gauche révèle qu’aucun des deux leaders de l’exécutif ne passerait la barre du premier tour d’une élection présidentielle. Bravo à nos héros (avec la liaison svp)...

30 juillet 2014

Bienvenue en Soviétie française !

Dans la République Socialiste de France, l'Etat tentaculaire a encore frappé. Par le biais d'une de ses innombrables officines soi-disant indépendantes, il vient d'imposer un de ces ubuesques ukases dont il est si friand. Cette fois c'est le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) qui s'arroge le droit d'interdire à trois chaînes de télévision, de changer les modalités de leur propre gestion financière, au nom de la pluralité d'expression dont il est paraît-il garant !
Elles ne pourront donc pas offrir un accès gratuit à leurs téléspectateurs, et compte tenu de l'obsolescence du modèle sur lequel elles reposent, elles sont quasi condamnées à disparaître.

Ainsi vont les réglementations dans notre pays, au gré du plaisir ou des lubies de satrapes totalement irresponsables. L'échec de cette politique ubuesque guidée par les principes de la centralisation administrative et du planisme est patent, mais cela n'empêche ces gens de continuer à imposer en toute impunité leur idéologie désastreuse.
Jamais on ne juge les politiciens à l’efficacité de leur travail. Ils peuvent donc dormir sur leurs deux oreilles.
Au surplus, en France, la démocratie est tellement galvaudée qu'un seul parti peut disposer d'à peu près tous les pouvoirs, même s'il ne rassemble que 18% d’opinions favorables sous la bannière mitée de son leader, actuellement président de la république.
Il peut donc aux yeux du monde interloqué poursuivre sa politique partisane, rétrograde, de dénégation de la réalité.

Ainsi le CSA décide de l'avenir de la télévision sur des critères nébuleux. Mais on ne compte plus les immixtions de l'Etat dans le fonctionnement de la société. Sous prétexte de réguler ce dernier, ou bien de garantir la justice sociale, il peut aussi bien empêcher les gens de travailler le week end, ou bien à certaines heures de la journée. En matière économique il croit pouvoir modifier la loi de l'offre et de la demande, et s'imagine capable de décréter "le redressement productif", la croissance et l'emploi !
Il met l'ensemble de la santé sous tutelle étroite. Il planifie les soins à coup de plans quinquennaux (SROS), le nombre de médecins nécessaires, spécialité par spécialité, en imposant à l'entrée des facultés un numerus clausus absurde, et il confie le financement de l'ensemble du système à un monopole à ses ordres, auquel les citoyens sont obligés de se soumettre.

Comme le docteur Coué, ils sont persuadés qu'il suffit de croire au remède pour qu'il soit efficace. Moins les choses évoluent comme prévu, plus il renforcent donc le traitement... Bienvenue en Soviétie Française !

07 juillet 2014

La santé, enfin soviétisée ?

Il faut dire qu’on tournait autour du pot depuis déjà un bon petit bout de temps…
Dans cette France, où tout ou presque passe par l’Etat et où comme le disait si bien Frédéric Bastiat, "l'Etat est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre au dépens de tout le monde...", dans cette France au doux parfum d’administration colbertiste, (mâtiné de vieux relents révolutionnaires), il n’est pas étonnant que le domaine de la santé ait depuis des lustres, mobilisé le zèle tutélaire des Pouvoirs Publics.
Il faudrait d'ailleurs avoir la patience d’un archéologue pour parvenir à mettre à jour toutes les strates plus ou moins enfouies, de l’incroyable mille-feuilles réglementant notre système médico-social ! De la création du monopole de la Sécurité Sociale en 1945, jusqu’à la loi Bachelot dite “Hopitaux Patients Santé Territoires” qui a renforcé, par la création des Agences Régionales de Santé (ARS), le bras armé régional de l’Etat, l’emprise de ce dernier n’a cessé de s’affermir tous azimuts et les réformes de s'additionner à la manière de papiers peints, masquant par leurs couches successives, le délabrement des murs qu'ils recouvrent...
Quasi tout est désormais sous contrôle, et tout est planifié... ou presque : des études médicales jusqu’aux plans quinquennaux représentés par les Schémas Régionaux d’Organisation Sanitaire (SROS), en passant par le parcours de soins coordonné, les autorisations d’activité, la démarche d’accréditation et le filet réglementaire tendu par les innombrables agences nationales dévolues à la santé : HAS, ANAP, ATIH, ASIP, ANSM...

Il reste toutefois quelques étapes encore pour parvenir à l’étatisation totale du monde de la santé et l’actuelle ministre, fidèle en cela aux politiques de tous ses prédécesseurs, ambitionne manifestement de les franchir. Le nouveau projet de loi qu’elle a récemment dévoilé publiquement, en atteste clairement.
Passons rapidement sur l’encadrement renforcé des rémunérations des médecins. Il s’inscrit dans une logique déjà fort avancée liant les praticiens à l’Assurance Maladie. Les derniers espaces de liberté que constituent les dépassements d’honoraires seront bientôt supprimés, mais les médecins conventionnés n’étaient-ils pas déjà de fait, fonctionnarisés ?
Passons sur la généralisation du tiers payant qui portera à son comble le leurre de la gratuité des soins et devrait contribuer à déresponsabiliser encore un peu plus les assujettis bon gré mal gré, au Système...
Passons sur une multitude de dispositions légales dégoulinantes de bonnes intentions, se faisant fort de prévenir les fâcheuses tendances addictives auxquelles s'abandonne une fraction grandissante de la jeunesse, ou bien sur les vertueuses incitations à s'alimenter de manière équilibrée en affectant tout aliment d’un joli logo coloré, ou enfin sur les gadgets illusoires, tel ce numéro de téléphone à 3 chiffres promettant de donner accès à tout moment et en tout lieu à un médecin…

Passons sur ces babioles démagogiques pour s’appesantir sur le sort réservé aux hôpitaux.
De nombreuses réformes “structurantes” se sont déjà succédé depuis des années, aboutissant à une centralisation progressive des établissements. Les règles de plus en plus contraignantes ont en effet cassé la logique de déconcentration qui était pourtant le leitmotiv des années 80. A coup de normes de fonctionnement et de seuils d’activité on a fermé des maternités, des blocs opératoires, des services de soins intensifs. Résultat, quantité de structures sont en voie d’effondrement après le retrait de ces briques essentielles. Condamnées sur des a priori arbitraires, elles ont successivement perdu leur attractivité, leurs praticiens, et in fine leur équilibre budgétaire.
Aujourd’hui s’amorce la phase terminale de ce grand tourbillon centripète. Après avoir défini artificiellement des territoires de santé, transcendant curieusement tous les découpages géographiques existants tels que régions, départements ou cantons, on a incité les établissements à se regrouper en Communautés Hospitalières, autour du plus gros d’entre eux.
Mais désormais l’incitation se transforme en obligation, et les communautés à peine ébauchées par la loi précédente, sont renommées “Groupements Hospitaliers de Territoires” ou GHT. Dernière étape peut-être avant le Kolkhoze, le nouveau mastodonte tentaculaire engendré par la réforme sera tenu d’adopter une système informatique unique, et de mettre en commun pharmacie, laboratoire et quantité d’autres fonctions cruciales telles que la gestion des achats, l’organisation de la permanence de soins…

Il ne manque en somme que le mot “fusion” pour faire d’un tel conglomérat un seul établissement. Mais il y a des mots qui fâchent. Et les Pouvoirs Publics dont le courage et la détermination ne sont pas les qualités les plus éminentes, se gardent bien, ne serait-ce que de les évoquer !
Résultat, chaque hôpital livré à cette machinerie bancale perdra l’essentiel de son autonomie mais conservera jusqu’à nouvel ordre son budget et restera une entité juridique à part entière. Il ne reste plus qu’à imaginer la confusion dans laquelle risque d’évoluer les gestionnaires, les administrations, les soignants et tous les personnels de ces nouvelles structures baroques, issues de l’ineffable génie bureaucratique.

A l’heure où les télécommunications permettent de transmettre à la vitesse de la lumière informations et expertises, ou la technique simplifie considérablement les procédures de soins, ou dans certains pays proches, plus d’un tiers des accouchements sont réalisés à domicile, la France persiste donc à vouloir mettre sur pied à marche forcée un système hyper-centralisé, hyper-médicalisé.
On en voit pourtant déjà un certain nombre d’effets néfastes régulièrement pointés par divers organismes de contrôle au premier rang desquels figurent la Cour des Comptes ou l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Merveilleux système où une partie des institutions relevant de l’Etat se consacre à l’analyse critique du fonctionnement des autres, sans que la moindre conséquence en soit tirée, tant on a du mal dans notre pays à passer de la théorie à la pratique...
Le Gouvernement qui n’est plus à une contradiction près, appelle de ses voeux “un choc de simplification”, tout en favorisant par son feu roulant de directives, cette gestion complexe, contradictoire et concentrationnaire. Envers et contre tout, il continue de sécréter des textes de lois, des réglementations et toujours de nouvelles administrations à l’instar de ce nouveau “comité interministériel pour la santé”, ou de cet “Institut pour la prévention, la veille et l’intervention en santé publique”, annoncés dans le projet. Par un étrange hasard, le jour même où le premier ministre déplorait les blocages d'un pays "entravé, coincé, tétanisé", et annonçait sa volonté de "le remettre en marche", des experts mandatés par la justice pour élucider les causes de la catastrophe ferroviaire de Bretigny dénonçaient "un état de délabrement jamais vu du réseau de la SNCF". Faut-il attendre que le grand mécano de la santé atteigne de telles extrémités pour envisager de remettre en cause les tabous doctrinaires ?

Cet article peut être également lu sur le site de la revue Hôpital & Territoires

18 mai 2014

Tout va très bien

Donc, la France semble presque prendre plaisir à s’enfoncer en douceur mais toujours davantage, dans la faillite et la bureaucratie !
Globalement, les Français semblent s’en moquer comme de l’an quarante et leurs dirigeants, qui gambadent avec légèreté dans l'insouciance, sont à leur image. Il n’y a rien à dire en somme. Les citoyens sont bien représentés...

D'ailleurs, scrutin après scrutin, le verdict des urnes en témoigne : défaites en cascades pour les partis au pouvoir, déni de démocratie causé par l'exclusion systématique du Front National, triangulaires ineptes empêchant l'expression d'une majorité, et pour finir, la mascarade européenne, qui devrait être un temps fort, et qui va selon toute probabilité, consacrer par le biais d'une abstention record, le parti le plus anti-européen qui soit...

Alors que tout s’effondre autour de lui dans un bruit mou de chute d’edredons, le Président de la République, avec ses sourires béats, sa bedaine bourgeoise et son humour de garçon de bain, frétille des bajoues en prédisant des lendemains qui chantent, “l'inversion imminente de la courbe du chômage”, et un “retournement économique” miraculeux.
Lorsqu'on s'ébroue dans la nullité, tout est permis, et l'air de la marquise convient fort bien à cet homme désinvolte, affectant une indifférence hilare à tout ce qui l'entoure.
Sans doute est-ce communicatif car ses affidés sont à l'unisson.
La croissance qui devait redémarrer stagne désespérément à 0 depuis le début de l’année. Mais qu’importe, le bien nommé ministre de l’économie Sapin assure que “ce n’est pas grave”... Le nombre de demandeurs d’emplois ne cesse de croître, mais selon François Rebsamen, ministre du travail et de l’emploi, “la tendance est baissière”.

Pendant ce temps, à l’inverse du “choc de simplification” annoncé en grande pompe par le chef de l’Etat, chaque jour apporte son lot de lois ineptes asphyxiant un peu plus le pays dans des contraintes ubuesques. L’indécision le dispute à l’inefficacité. Code du travail, éducation, santé, sécurité, justice, écotaxe, tout se termine en inaction ou en contradictions.
Avec une opiniâtreté d’insecte bousier, le gouvernement s’échine à faire grossir la boule déjà monstrueuse des réglementations inutiles quand elles ne sont pas désastreuses.
Prenant de grands airs de Redresseur de Production, M. Montebourg mouline la farine et farde son incurie derrière des tombereaux de vaines admonestations, et des pelletées de nouvelles ukases étatiques. Accoutré d'une marinière de moussaillon, il se prend pour un amiral. Mais c’est un naufrageur. Les uns après les autres les vaisseaux-entreprises qu’il se targue de manoeuvrer coulent corps et biens sous le poids de ses bonnes intentions. Il met même un surcroît de zèle à saborder ceux qui cherchent à s'en sortir par eux-mêmes ! Mourir franchouillard c’est tout le panache qui s’attache à sa gestuelle de Don Quichotte...

Seul à faire mine de garder son sérieux, le nouveau premier ministre déclame à la manière d'une oraison funèbre ses calculs savants sur le désendettement du pays. Mais il s'emmêle les pinceaux dans les additions et les soustractions. Il est tellement convaincu d'avoir trouvé 50 milliards d'économies par l'opération du Saint-Esprit, qu'il se paie le luxe de les dépenser par anticipation, comme Ubu tirant avec jubilation les leviers de sa chimérique pompe à phynances.

Et dans ce beau pays, comme tout finit en chansons, tandis qu'on voit la ministre de la justice assimiler l'hymne national à un "karaoké d'estrade", d'autres reprennent en choeur l'ineffable niaiserie d'un chanteur de variétés, en agitant comme les fameuses serviettes de Patrick Sébastien, le " chiffon rouge " d'une improbable révolution, aux relents écoeurants des massacres d'antan...

20 avril 2014

Les raboteurs d'acquis sociaux

Au pays dont le satrape en chef s'appelle Hollande, tout est si bas, si vain, que presque plus rien ne semble avoir d'importance. Rien ne bouge dans ce nébuleux « changement » qui plombe doucement l'atmosphère de ses vapeurs méphitiques. A celui qui végète, la morne uniformité tient lieu de tiède raison de vivre.
Dans ce pays, ivre du néant, les débats sont microscopiques et les perspectives totalement vides. Il n'y a pas de chemin puisque qu'il n'y a pas de direction...
Une étrange impression de vacuité s'est emparée de ce monde en déshérence.

Les Français, définitivement assujettis à l'Etat, se morfondent avec une sorte de délectation morbide, dans la contemplation de sa monstrueuse impuissance, et dans l'ennui sidéral qu'engendrent les discours soporifiques de ses dirigeants.
Le gouvernement n'est plus qu'un théâtre de marionnettes dont les figures sans vie ni âme dansent au dessus du vide en interchangeant leurs rôles dans l'indifférence générale.
Ils chantent sur un ton monocorde les grands principes, mais les dernières « valeurs » auxquelles leur idéologie s'accrochait ont été laminées par les mensonges éhontés de celui qui fut par un malheureux concours de circonstances, élu Président. Sous les plafonds encore dorés des palais de la République, chaque jour apporte son lot de malversations, de manoeuvres, de compromissions, de favoritisme, et d’esprit partisan qui gangrènent les institutions et mine la crédibilité de leurs gardiens.

S'agissant de la gestion du bien commun, personne n'imagine que les succédanés et artifices qu'on tente de faire passer pour une politique soit porteurs d'amélioration, mais personne n'imagine réellement d'autre voie. D’aucuns cherchent encore à bercer le peuple d’illusions, sous tendues par des promesses insensées, mais personne évidemment ne croit plus aux mots dont ils se gargarisent pour pallier l'absence de conviction et l'insignifiance des desseins. Les dernières inventions du génie bureaucratique s’épuisent avant même d’être concrétisées. “Pacte de Responsabilité”, “pacte de solidarité”, “pacte de confiance”, toutes ces fusées conceptuelles lancées en l'air comme armes ultimes par un gouvernement à bout de souffle, font l’effet d’un piteux feu d’artifice dont les flammèches s’éteignent sitôt allumées.
En fin de compte, dans la fameuse “boite à outils” des gouvernants, il ne reste plus que le rabot, pour tenter en désespoir de cause de faire entrer en force le vieux paradigme français bouffi, dans la rigueur salutaire du cadre supra-national, européen. Celui-ci constitue le dernier rempart à l’inconséquence de politiciens aussi démagogues qu’irresponsables, il les oblige enfin à se rapprocher un peu de la réalité.

Cela donne un spectacle tragi-comique où l’on voit les Artaban d’hier, moulineurs de grands principes, les Don Quichotte de l’anti-mondialisation, contraint de rabattre leurs ambitions délirantes et se mettre à dégauchir à la varlope, millimètre après millimètre, les boursouflures du monument “social”, dont il étaient si fiers. Ils l’avaient construit en dépit du bon sens, dépensant à tout-va, et asséchant sans vergogne par l'impôt toutes les sources de richesses du pays. Après en avoir tari l’essentiel, ils n’ont ni l’énergie, ni l’inspiration qui seraient nécessaires à une vraie refondation, sur des bases plus saines.
Jusqu’où iront-ils dans cette humiliante mais peu efficace besogne de rognage et de rafistolage qui les fait renier leurs propres croyances, et ergoter sur tout ce qu’ils considéraient comme des acquis ?
Jusqu’où iront ces chantiers dérisoires avant qu’enfin le souffle rafraîchissant de la liberté balaie ces vains échafaudages, et lève de vraies ambitions en dégageant pour les gens entreprenants, de nouveaux horizons ?