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17 janvier 2017

What Now ?

Quoiqu’on en pense, Donald Trump est un sacré bonhomme ! Un sacré dur à cuire assurément.


On a dit tant de choses sur lui, on l’a tant agoni d’injures depuis qu'il a fait irruption dans le champ politique que pas grand monde n’aurait parié sur son avenir dans le domaine.
Mais c’était méconnaître son extraordinaire charisme et son étonnante capacité à rebondir et à tirer profit de tout ce qui se présente à lui.


Au moment où il s’apprête à investir la Maison Blanche, il n’est pas sans intérêt de tenter d’aller au delà de ce qu’on connaît de lui par les raccourcis simplistes diffusés avec délectation par les médias réunis. Il suffit pour cela par exemple de se pencher sans trop d’a priori sur ses écrits, et notamment sa profession de foi pré-électorale. Parue en 2015 sous le titre Crippled America (L’Amérique Paralysée*) elle ne cache pas grand chose de ses motivations et de ses intentions.

Au risque de sortir une fois encore des rails de la Correction Politique, je l’ai fait ! Le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas été déçu du voyage !


Certes le personnage ne manque pas d’air pour vanter ses mérites personnels, et rien que cela peut en énerver plus d’un... En tant que bâtisseur, son métier de base, il estime en toute modestie “qu’il a accompli des choses que personne d’autre n’a accomplies.../… et son nom, qui est sa marque, est selon lui, “un des grands symboles de qualité et d’excellence dans le monde.”

De lui-même, il affirme en toute simplicité qu’il est “un mec gentil”, mais qui a “la mauvaise habitude que les politiciens professionnels n’ont pas, celle de dire la vérité, et de ne pas avoir peur de dire exactement ce qu’il pense…”

Son franc-parler et même son goût de la provocation sont ainsi parfaitement assumés, et probablement même exacerbés par le mépris que l’on manifeste à son égard. Il prétend, non sans quelques raisons, qu’il est “l’homme que les médias adorent détester depuis un bout de temps.” Son comportement ne serait que la conséquence de cette exécration : “Je n’hésite jamais à faire parler de moi en étant polémique ou en contre attaquant.../… Il m’arrive de faire des commentaires choquants, leur donnant ainsi ce qu’ils attendent…./…. Ils savent ce que j’ai dit, ils savent ce que j’ai voulu dire, mais ils en font des citations tronquées ou bien les interprètent de manière à en donner un sens différent.../… J’ai toujours attiré une foule de journalistes qui attendaient comme des requins que je fasse couler le sang… J’essaie d’honorer cette attente !”


Lorsqu’il décida sérieusement d’entrer en politique, il avait déjà prévu l’accueil qu’on lui ferait : ”je savais que tous les défaitistes impitoyables et incompétents, apôtres du statu quo, paniqueraient et se dresseraient contre moi…”

L’idée de départ était pourtant simple : “ faire en sorte que notre pays retrouve sa fierté et riposte.” “Make America Great Again” comme dit le slogan officiel.

Pas plus bête après tout que le “Yes We Can” d’Obama, mais qui ne suffit pas à prouver qu’il fera mieux que le lamentable pschiiit, du président sortant…


Son programme, Donald Trump est capable de le résumer en une seule phrase : “Nous devons renforcer notre armée, aider nos anciens combattants, nous confronter à nos ennemis, dissuader l’immigration illégale, reconstruire nos infrastructures, réorganiser notre code fiscal et notre système éducatif, et nous débarrasser des mesures stupides du passé, y compris l’Obamacare et l’accord sur le nucléaire iranien.”


Au long des quelques 230 pages de l’ouvrage il détaille ces grand axes, sans donner certes toujours des réponses précises aux problématiques qu’il entend solutionner, mais sans annoncer non plus la révolution ni les terrifiantes mesures dans lesquelles certains voient déjà se profiler le spectre du fascisme.


Premier sujet d’importance, celui de politique internationale. A ce propos, il n’y a aucun doute pour lui : “traiter avec la Chine, aussi bien qu’avec la Russie, va constituer le plus grand défi à long terme.”

Sans désigner quiconque comme ennemi, il plaide pour aborder les négociations à venir en position de force. Et pour pouvoir peser, rien ne remplace à ses yeux la puissance militaire : “nous avons besoin d’une armée si forte que nous n’aurions pas besoin de nous en servir”.
Il ne fait là que reprendre le bon vieux précepte des anciens “si vis pacem para bellum”, ce qui lui permet d’égratigner au passage Obama “qui essaie de jouer les gros bras et fixe des limites, mais lorsque la ligne rouge est franchie, il n’a pas de réaction…”

Pour Trump, c’est la doctrine de Théodore Roosevelt qui prévaut : “user de douceur et brandir un gros bâton...” et d’une manière générale, “le camp qui a le plus besoin de négocier doit repartir avec le moins...”


En matière de politique intérieure, les questions sociétales font l’objet de développements fournis. L’éducation notamment constitue une de ses préoccupations essentielles. Il déplore la baisse régulière du niveau des collèges et écoles primaires et souhaite faire évoluer les choses vers un système qui “laisse jouer la concurrence entre les écoles pour attirer les enfants.../… car le problème avec les écoles publiques est que pour nombre d’entre elles, il n’est pas possible d’évaluer ce qu’elles font. Si une école privée sous contrat ne fait pas son boulot, elle ferme…”

S’agissant de l’enseignement supérieur, ce n’est en revanche pas la qualité qui le soucie, puisque selon lui, les Etats-Unis dispensent le meilleur enseignement supérieur du monde, mais le coût croissant des études. S’il ne propose hélas guère de solution concrète, il évoque "le programme fédéral de prêts étudiants, qui a fait un profit de 41,3 milliards de dollars en 2013….”

M. Trump pour finir, insiste sur le rôle primordial de la famille. A son avis, “la plupart des problèmes de discipline commencent à la maison. Tous les parents devraient se demander : quel genre d’exemple est-ce que je donne ?”


Pour le système de soins, il espère la mise en oeuvre d’un système raisonnable et responsable, dans le cadre d’un marché compétitif, mais il peine à proposer des solutions précises en dehors de l’abrogation de l’obamacare et le rejet de la bureaucratie qui a est devenue selon lui envahissante.

S’agissant de l’avenir des retraites, il le voit inscrit dans un programme fondé en partie sur la Sécurité Sociale, mais également sur l’économie de marché, "qui fonctionne". Il rappelle à ce sujet “que les fonds spéculatifs et les gestionnaires de fonds sont importants pour les fonds de pension et pour l’épargne retraite par capitalisation.”


En matière économique, Donald Trump exprime une conception libérale pragmatique, c’est à dire qu’il ne se gêne pas pour enfreindre certains dogmes, par exemple celui du libre échange. Mais il s’agit à l'évidence davantage de promouvoir une stratégie du donnant-donnant que de se faire le chantre du protectionnisme.

Sur la fiscalité, c’est une diminution tous azimuts qu’il préconise. Il souhaite la suppression des niches fiscales et la simplification d’un code fiscal, lourd de 74608 pages. En contrepartie, ne persisteraient que 4 tranches d’imposition : 0-10-20-25% et pas de taxation supérieure à 15% pour les entreprises. Les droits de succession seraient quant à eux purement et simplement supprimés…

Fidèle à sa ligne anti-système, il en profite pour dénoncer l’incurie des politiciens : “nous ne devrions pas recevoir de conseils en fiscalité de la part de membres du Congrès, incapables de présenter un budget, ni attendre d’eux qu’ils tiennent leurs promesses de créer des emplois…”

Il défend enfin ardemment un vaste programme national de relance, sous réserve qu’il passe avant tout par la rénovation des infrastructures publiques qu’il juge en état de quasi délabrement : selon lui les routes sont surchargées, semées de nids de poules, les voies ferrées ne sont plus fiables et un pont sur neuf serait structurellement défaillant.


Beaucoup d’autres problématiques passent au tamis de sa réflexion décapante, et bien sûr les thèmes par lesquels il a provoqué le scandale.

A propos de son attitude envers les femmes, il tente de convaincre que sa prétendue misogynie n’est qu’une accusation non fondée : “Aucun de ceux qui se lamentent sur la manière dont je parle des femmes ne mentionne le fait que j’ai travaillé à promouvoir la parité des sexes dans une industrie dominée par les hommes. Et de rappeler que pour le projet de Trump Tower à New York, il est fier d’avoir confié, dès 1983, la responsabilité à une femme de 33 ans.”

S’agissant de l’immigration, qui fut l’objet de tant de controverses, il s’explique sans détour : “On a entendu dire que Trump affirmait que tous les immigrés étaient des criminels. Ce n’était pas du tout ce que j’avais dit mais cela faisait un meilleur sujet pour les médias.../… J’éprouve un grand respect pour les Hispaniques mais ce n’est pas ce dont les médias ont rendu compte.../… Je ne m’oppose pas à l’immigration. J’aime l’immigration. ce que je ne peux pas tolérer c’est l’idée même de l’immigration clandestine.../… même si je sais bien que la vaste majorité des immigrés clandestins sont honnêtes, très travailleurs et qu’ils sont venus ici pour améliorer leur vie et celle de leurs enfants.”

Il déplore en définitive que “les lois actuelles soient faites à l’envers : qu’elles rendent la vie difficile aux gens dont nous avons besoin et la vie facile aux gens dont nous ne voulons pas…”

Parmi les mesures qu’il propose, figure la remise en question du droit du sol qui fait de toute personne née aux Etats-Unis un citoyen de droit de ce pays. Toujours enclin aux formules lapidaires, il résume sa position en disant “non aux anchor babies”. S’agissant du fameux mur entre les USA et le Mexique, dont il confirme qu’il souhaite sa prolongation et son renforcement, il résume sa position avec un adage : “Les bons murs font les bons voisins…”


Le climat : “Je ne crois tout simplement pas que le changement climatique soit causé par l’homme…” Considérant que les sources d’énergies renouvelables ne sont pas suffisantes, onéreuses (solaire) ou dégradantes pour l’environnement (éoliennes), il préconise de continuer faute de mieux, à exploiter les formidables réserves de carburant fossile (ne différant pas dans les actes d’Obama, qui derrière ses belles paroles, laissa libre cours à l’exploitation du gaz de schiste).


Au sujet du port des armes, il cite un Pères Fondateurs de la république américaine, James Madison considérant qu’il s’agit “d’un avantage dont jouissent les Américains par rapport à presque tous les autres pays, où les gouvernements ont peur de faire confiance à un peuple avec des armes…”

En bref, il “n’est pas besoin d’interdire aux citoyens honnêtes l’accès aux armes à feu, mais de sévir contre les criminels professionnels…./…. Quelle pratique ridicule et inutile que celle des médias qui associe systématiquement un crime à une arme à feu plutôt qu’à un criminel…”


Enfin, alors qu’on aurait pu le croire à mille lieues de préoccupations spirituelles, il exprime un intérêt inattendu vis à vis de la religion. Sans prendre partie pour l’une plutôt qu’une autre, il célèbre “la foi inébranlable qui a rendu ce pays si grand, et ces croyances issues des enseignements de la bible [qui] ont beaucoup à voir avec notre développement et notre succès.”


Au total, il s’agit d’une profession de foi volontariste, qu’on peut certes trouver un peu simpliste, mais qui n’est pas sans rappeler le programme défendu autrefois par Ronald Reagan (qui fut critiqué par l’intelligentisia de l’époque, à peine moins sévèrement que Trump). Derrière la provocation, il y a donc surtout le bon sens et beaucoup d’esprit pratique, dont on imagine qu’il usa pour faire prospérer ses affaires. C’est donc sur sa capacité à mettre en oeuvre ce projet qu’il faudra le juger.
Pour conforter la légitimité controversée que les urnes lui ont donnée, il lui faudra sans doute également modérer ses ambitions et son auto-satisfaction, tout en faisant preuve de mansuétude face au mouvement anti-démocratique très médiatisé, qui conteste haineusement son élection.
On ne pourra en tout cas pas lui retirer une passion sincère pour son pays, qu’il exprime à plusieurs reprises et qui trouve son point d’orgue dans ce cri du cœur (il en aurait donc un…) : “Je sais à quel point j’ai de la chance. le jour où je suis né, j’avais déjà gagné à la plus grande loterie de la planète : je suis né aux Etats-Unis !


A suivre : L'effet Trump...
*L'Amérique Paralysée. Donald Trump. Editions du Rocher 2016

12 novembre 2016

Réactionnite

Sans doute vaut-il mieux rire de ce concert de réactions pour le moins cocasses si ce n’est parfois franchement stupides qui font suite à l’élection de Donald Trump.
Dans ce feu d’artifice tous azimuts, on voit de tout...

D’abord, les mauvais perdants qui se font un devoir d’opposer à grands cris leur refus du verdict démocratique. A l’image de ces jeunes bécasses endoctrinées sur lesquelles le site web du journal Le Monde s’ouvrait, 3 jours après les résultats du scrutin !
“Not my president”, c’est le slogan qu’elles affichent sur leur front à la manière des peintures guerrières abêtissant les supporters de foot à l’entrée des stades. Les pauvresses, elles n’ont pas compris que le match était fini…

Et Le Monde de qualifier ces “quelques centaines de personnes” manifestant au pied de la Trump Tower, de “jeunesse libérale” ! Cela donne envie d’ironiser sur le mouvement de fond que ces groupuscules d’enragés représentent, et de s’interroger sur l’intérêt qu’il y a, alors que nous nous trouvons paraît-il en pleine panade démocratique, de leur donner un telle importance (qui fait passer au second plan tout le reste de l’actualité, dont la mort du chanteur Leonard Cohen). Cela fait naître aussi une certaine perplexité quant au sens du mot libéral utilisé en la circonstance. On imagine mal qu’il s’agisse de fans du fameux libéralisme si décrié en France, et dont M. Trump ferait plutôt figure d’incarnation diabolique…

Sans doute faut-il donc prendre le terme au sens anglo-saxon, ce qui signifierait plutôt gauchiste, c’est à dire ennemi de tout ce que la liberté suppose…


Passons sur ces peccadilles. Il y a plus grave. La France est une nouvelle fois en émoi.

En témoigne le sondage qui atteste (si tant est qu’un sondage puisse attester une réalité) que 83% des Français auraient une mauvaise opinion de Trump ! Belle unanimité qui démontre une fois encore que l’esprit critique a hélas déserté notre pays au profit d’un morne conformisme. Y a-t-il encore des repères dans ce marasme consensuel, dans lequel les gens ont perdu l'habitude de penser par eux-mêmes ? 

Plus trop manifestement lorsqu’on songe qu’avec 4% d’opinions favorables, François Hollande se croit toujours en position d’incarner le meilleur candidat de gauche à la présidentielle. De crise démocratique il est donc bien question…

Passons également sur le mélange de mauvaise foi chauvine et de méconnaissance crasse du système américain, qui fait dire tranquillement sur un plateau télé, à madame Royal, qu’en France Hillary Clinton serait élue, car elle totalise plus de voix populaires que son adversaire !

Passons sur la réaction incroyable de notre ambassadeur aux Etats-Unis, tweetant ses états d’âme au sujet de l’élection de Donald Trump, dans laquelle il voit "un monde [qui] s'effondre devant nos yeux" ! Sans doute imagine-t-il que cette contribution puisse améliorer les relations diplomatiques entre les 2 pays. A moins qu’il n’ait décidé comme nombre d’artistes et de prétendus intellectuels d’abandonner courageusement ses fonctions et de quitter les Etats-Unis...

Passons enfin sur les annonces catastrophistes au petit matin du 9 Novembre : “la chute des marchés boursiers s'accélère sur des craintes de victoire de Trump” (Figaro), vite démenties par le rebond “historique” de Wall Street…


Terminons donc sur les tentatives plus ou moins convaincantes de récupération du résultat de la présidentielle américaine par nos politiciens. Celle du front National bien sûr, qui n’a pas trop à se fatiguer puisque les enquêtes d'opinions affirment qu’il serait le principal bénéficiaire de “l’effet Trump”. Il y a pourtant fort à parier que contrairement aux idées reçues, les actions du futur dirigeant américain n’auront pas grand chose à voir avec celles préconisées par l’extrême droite française.

Et surtout celle, délicieuse d’opportunisme, de Nicolas Sarkozy. On se souvient en effet que l’ancien chef de l’Etat ne faisait pas mystère de sa préférence : "Il se trouve que moi, je suis l'ami d'Hillary Clinton. Qu'est-ce que j'ai à voir avec monsieur Trump ?" clamait-il haut et fort. Il affichait même un vrai mépris pour ce dernier qu’il jugeait “populiste et vulgaire”, allant jusqu’à affirmer : “ce monsieur ne mérite pas tant d'intérêt que cela, je trouve effrayant que 30% des Américains puissent se reconnaître là-dedans…”


Le voici qui salue maintenant la victoire de Trump dans laquelle il voit “le refus de la pensée unique” !

En disant tout et son contraire, M. Sarkozy a parfois raison. Mais en l’occurrence, c’était lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait pas grand chose de commun entre lui M. Trump. A part le charisme, tout les oppose en effet. Le futur hôte de la Maison Blanche est vraiment neuf en politique et jusqu’à ce jour, on peut dire qu’il s’oppose vraiment à la pensée unique. Cela lui a donné des arguments que Nicolas Sarkozy n’a plus quant à lui pour convaincre...

10 novembre 2016

La nuit américaine

Encore une fois l’Amérique a réservé au Monde une surprise dont elle a le secret, lors de cette folle nuit d’élections ! Donald Trump, le vilain canard, honni des médias qui croient faire l’opinion, a donc été élu ! Sans bavure. Sans appel...
L’improbable est donc devenu certitude devant les yeux médusés des légions de commentateurs et de sondeurs prétendus avisés, qui la veille encore, jouaient à prendre leurs désirs pour des réalités.

Avant même de s’intéresser à la personne du nouveau Président, comment ne pas évoquer le monumental échec de cette hallucinante orchestration destinée à le discréditer ? Comment ne pas parler de la claque magistrale donnée à tous les donneurs de leçons, ligues de vertu, artistes “engagés”, qui depuis de longs mois maudissaient le candidat portant les couleurs du parti républicain ? A tous ceux qui dénonçaient son mauvais goût, ses discours sans filtre et ses excès, et qui ne se rendaient même pas compte de leurs propres outrances et de leur sectarisme...

Hillary Clinton se plaisait à évoquer en ricanant le train des insultes proférées par Donald Trump, mais combien faudrait-il de wagons pour contenir tous les gens qui n’ont cessé de vomir leurs invectives sur lui ?
Le Peuple en a eu manifestement assez de ces petits dictateurs de la pensée et de leurs vociférations. Il a manifesté son ras le bol par cet ouragan démocratique. Tant mieux après tout, si tant est que la démocratie ait encore un sens... 
Qui peut soutenir qu'en démocratie, il soit normal que l'écrasante majorité des centaines d'organes de presse, aient choisi sans nuance de tirer à boulets rouges sur Trump, quand ils ne prenaient pas carrément position pour madame Clinton ? Qui peut voir sans s'interroger, la quasi totalité des plus de 300 récents sondages proclamer par avance la victoire d'Hillary Clinton ? Cet incroyable aveuglement à sens unique n'est hélas pas nouveau. On se souvient de 2004 lorsque cette folie moutonnière s'est abattue, pour des raisons à peine différentes, sur George W. Bush. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cela n'empêcha nullement sa réelection....


Maintenant que Donald Trump est élu, il faudrait sans doute pouvoir répondre aux questionnements angoissés qui reviennent sans cesse dans tant de bouches. Trump est-il un clown ? Est-il un fou ? Est-il, tel le réchauffement climatique, dangereux pour la Planète ?
La réponse est évidemment non. D’abord parce que l’Amérique en a vu d’autres et que ses institutions ont fait la preuve de leur robustesse pour pallier l’inefficacité éventuelle ou les dérives de l’Exécutif. D’ailleurs en France n’a-t-on pas toujours considéré les dirigeants américains, à part quelques démagogues gauchisants, comme des crétins finis ? Cela n’a pas empêché les Etats-Unis de continuer leur petit bonhomme de chemin…

Au cours de cette campagne mémorable, il est indéniable que M. Trump usa et abusa de la provocation. Elle fut d’ailleurs parfois tellement énorme qu’on peut légitimement penser qu’il s’agissait d’une forme d’humour. Hélas, les prétendus Intelligents s’y sont manifestement montrés totalement étanches...
Cette pratique de l’hyperbole, de l’exagération systématique répondait sans doute à une stratégie mûrement réfléchie. Il fallait imprimer sa marque dans les esprits. M. Trump était pressé de tracer son sillon dans le champ de la politique, tout neuf pour lui. Avide d’une moisson rapide, il n’a pas hésité à rajouter à l’envi du fumier, du purin et même des excréments dont on connaît le pouvoir fertilisant.

Il ne fit certes pas dans la dentelle, et ça ne sentait pas la rose, mais son pari insensé s’est révélé gagnant.

Envers et contre presque tout, et en un temps record, il a fait main basse sur le Parti Républicain au service duquel il s’était rangé, bousculant au passage les caciques complètement déboussolés. Dans la foulée, au terme d'une campagne époustouflante, paradoxalement très sobre en dollars, il a conquis l’Amérique, les yeux dans les yeux.

Certes, il reste quelques incertitudes quant à la politique qu’il va mener, maintenant qu’il est sur le point d’investir la Maison Blanche. On ne saurait trop s’avancer, mais le passé de M. Trump suggère qu'il est  du genre pragmatique. Il a du charisme, il a le sens des affaires et des négociations, c’est un fait. Gageons qu’il ne sera pas pire qu’un autre en somme… 
Comme tout homme politique, c’est sur son action qu’on le jugera, plus que sur ses promesses. 
Pour l’heure, il a fait un carton plein puisque les Républicains sont majoritaires à la Chambre des Représentants et conservent le Sénat. Mais il n’a que deux ans pour convaincre...

Son premier discours, après les élections est un modèle de sobriété. C’est un des rares qu’on eut le privilège d’entendre en intégralité, contrairement aux extraits croustillants, choisis à dessein, avec lesquels on nous a si souvent bassinés, ou aux propos enregistrés à son insu, montés en épingle par les médias avec une délectation morbide.
Il a félicité sa rivale et rendu hommage à son courage, puis devant une haie étincelante de bannières étoilées a lancé un vibrant appel à l’union, en remerciant longuement celles et ceux qui l’avaient accompagné.
Quant aux autres, qui ne l’ont pas soutenu, “et il y en a...” il leur a tendu la main et les a appellés non sans un brin d’ironie, à l’aide...

31 juillet 2016

Le Folklore Américain

L’élection présidentielle américaine reste une énigme pour beaucoup d’Européens et notamment de Français. La démocratie est une notion finalement assez mal comprise dans notre pays, et la grande liberté de ton qui accompagne les campagnes électorales outre-atlantique choque nos esprits confits dans les combines politiciennes et la langue de bois caractérisant nombre de débats.
Certes tout n’est pas irréprochable là bas et les magouilles ou les coups bas sont probablement légions. Mais les choses sont dites sans détour, même si cela passe parfois par l’usage de provocations caricaturales, et d’excès de langage assez grossiers.
Au moins peut-on dire qu’on ne s’ennuie pas…

Le cas Donald Trump cristallise toute l’incompréhension qui subsiste entre le vieux et le Nouveau Monde, entre la politique politicienne et la politique spectacle. Est-ce à dire que M. Trump soit le clown que nombre d’observateurs, soi-disant avertis, présentent dans les médias ? M’est avis que non...

A partir de bouts tronqués de ses discours, de petites phrases extraites de leur contexte, ou même de son apparence physique, on se plaît à caricaturer le personnage, en méprisant au passage l’opinion de millions d’Américains qu’on assimile à des imbéciles.
On connaît le procédé et on a si souvent fait le coup, qu’aujourd’hui ce genre d’approche devrait être complètement décrédibilisé.

Hélas, le parti pris et les idées reçues sont tenaces. Tous les candidats du Parti Républicain ont depuis des décennies subi le même sort. Tous furent qualifiés de rustres, de ploucs bornés aux idées simplistes, par une intelligentsia très snob, acquise par principe au clan démocrate.

Expliquer ces jugements à l’emporte pièce où la partialité le dispute au mépris de classe, serait totalement vain. C’est un des mystères du grégarisme, qui met des oeillières aux yeux et des éteignoirs à l’esprit critique.

Pour l’heure, qu'il soit permis de s'amuser à voir Donald Trump, qui n’en a cure, se faire traiter de misogyne, de raciste, de vil capitaliste, de sale milliardaire !
Amusons-nous à voir les artistes politiquement corrects, comme des chochottes de patronage, prier le candidat de ne pas diffuser “leurs” oeuvres pendant ses meetings. C’est particulièrement jouissif lorsqu’il s’agit non pas des artistes eux-mêmes, mais de leur famille. Comme celle de L. Pavarotti s'offusquant que le candidat républicain utilise l'interprétation donnée par leur parent du fameux air de Nessun Dorma... Ou bien comme celle de George Harrison faisant de même avec une chanson des Beatles. Ils touchent sans vergogne les royalties rapportées par la commercialisation de ces oeuvres, mais voudraient en plus avoir un droit de regard sur qui les écoute. Jusqu’où faudrait-il remonter pour satsfaire ces lubies puritaines ? Faut-il interroger les descendants de Puccini ? Où donc se situent les limites de l'intolérance ?

On a beaucoup glosé sur la convention républicaine qui s’est récemment tenue à Cleveland, aboutissant bon gré mal gré à l’investiture de Trump. Certes il n’a pas fait l’unanimité. Encore heureux que quelques voix cherchent à s'opposer à l'ascension fulgurante d’un homme totalement neuf en politique, qui a bousculé en quelques mois tous les autres prétendants, issus de l’establishment. Certains n’ont pas digéré, on peut les comprendre…

On s’est gravement interrogé sur l’absence lors de cette convention des Bush, Mc Caine, Romney. Mais qu’aurait-on dit s’ils y avaient assisté ? Pire encore s’ils avaient eu la mauvaise idée de soutenir le Donald ?


Pendant ce temps, les culs bénis et tous les bien pensants ne trouvaient bizarrement rien à redire sur les fausses retrouvailles d’Hillary Clinton, l'intrigante assoiffée de pouvoiret de Bernie Sanders, son rival malheureux, vieux socialiste marinant dans l'aigreur, qui l’insulta copieusement durant la campagne des Primaires. Tout au plus signala-t-on quelques fuites (20.000 mails quand même) prouvant que le Parti avait tout fait pour tenter de saboter la campagne de ce dernier, obligeant discrètement la présidente Debbie Wasserman Schultz à démissionner…

On s’émut de la fraternité de façade entre Barack et Hillary, oubliant le combat féroce qu’ils se livrèrent il y a quelques années pour obtenir l’investiture de leur parti. On trouva brillant et touchant le discours de Bill Clinton, vantant les mérites d’une épouse, qu’il ne se gêna pas d'humilier publiquement par un comportement indigne, lorsqu’il était président de la république...


Tout ça est de bonne guerre. On peut en rire en somme, car personne n’est au dessus du ridicule. Le monde se fait au gré d’alliances et de mésalliances, de chances et de malchances, de succès et d’échecs…

On pourrait également rire de la dernière sortie de Donald Trump invitant la Russie, que certains accusent de comploter contre la candidate démocrate, à trouver et rendre publics les 30.000 mails compromettants qu’elle aurait fait disparaître avant l’enquête du FBI dont elle fait l’objet.

Mais je crains que les Intellectuels dits "progressistes" soient assez étanches à cette sorte d’humour...
Pendant ce temps Donald décape avec jubilation le champ politique. Il dynamite, il disperse, il ventile, façon puzzle….

19 avril 2015

Ode au vent d'Ouest

Au delà du challenge il y a le symbole...
En 1780, parmi les navires armés par la France pour aller secourir les insurgés américains en lutte pour leur indépendance, figurait l'Hermione.
Cette frégate est restée tellement emblématique du combat pour la liberté, et de l’amitié franco-américaine, que de nostalgiques mais intrépides entrepreneurs ont imaginé de la reconstruire à l’identique, quelque deux siècles plus tard.

Cette initiative assez folle et romantique commença dans les radoubs du port de Rochefort en 1997 et s’est achevée en 2015, avec le départ vers l’Amérique du nouveau vaisseau, flambant neuf, samedi 18 avril.
 
Il fallut donc près de 20 ans pour mener le projet à bien, là où les chantiers navals du XVIIIè siècle avaient mis 11 mois,  !

Mais, c'est un fait, il a belle allure incontestablement ce trois-mâts carré, réalisé avec amour et opiniâtreté, en respectant le plus fidèlement les techniques d’autrefois.
Un détail pourtant s’avère anachronique, et bien visible : le grand drapeau tricolore qu’il arbore fièrement en poupe.
Ce n’est évidemment pas la France républicaine qui se fit l’alliée des Etats-Unis naissants mais celle du pauvre roi Louis XVI, arborant un pavillon fleur-de-lysé d’une blancheur éclatante. Il serait bon de se souvenir de temps à autre que cette France n’a pas démérité devant l’Histoire, en dépit du sort affreux et immérité qu’on réserva à ses dirigeants…
C'est d'autant plus choquant que dans cette reconstitution, le pavillon américain reprend lui, l’aspect d’antan (13 étoiles en cercle).

Constat troublant, l’étendard de la République porte les trois mêmes couleurs que celui de la nation américaine. On peut certes y voir le bleu de la liberté, le blanc de l’unité, mais pour le rouge hélas c’est autre chose. Tandis qu’il rappelle
outre-atlantique le sang des héros, il restera marqué de manière indélébile ici, par celui des victimes de la terreur sur laquelle est fondée notre régime...

Plus légèrement, on pourrait ironiser en voyant le Chef de l’Etat saluer en grande pompe ce nouveau départ. L’Hermione d’autrefois avait à son bord le marquis de La Fayette, celle d’aujourd’hui accueille le Président La Faillite...

06 novembre 2013

New York Bad News


Avec l’élection triomphale aux fonctions de maire, d’un démocrate très progressiste, Bill de Blasio, la ville de New York s’apprête-t-elle à renouer avec les jeux dangereux qui en firent une cité maudite dans les années 70-80 ?

Durant ces « années de plomb » pour reprendre une formule adorée des journalistes, la ville, sous l’effet de politiques permissives et veules, fut abandonnée par ses maires démocrates gauchisants, à toutes les plaies du monde moderne : chômage, violence, endettement, drogue, prostitution... Mégalopole devenue crépusculaire, elle était même le théâtre de tous les scénarios catastrophes, l’inscrivant dans une seule et sinistre perspective : celle de devenir un enfer dantesque, livré à la loi de la jungle. Nombre de romans et de films exploitèrent ce filon juteux, mais quelque peu désespérant.
Il fallut l’arrivée de Rudolph Giuliani, républicain pourtant modéré, pour voir, à partir de 1993, peu à peu les choses changer. Sans révolution, sans effusion de sang, son administration nettoya avec calme et méthode, conviction et détermination, toutes les salissures et dégradations qui avaient fait de la Porte de la Liberté, un repoussoir nauséabond. Il assainit la gestion financière et redonna une vraie espérance. New York fut remise en selle et son rayonnement retrouva tout son lustre, attirant à nouveau artistes, touristes, entrepreneurs.


Hélas, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter aujourd’hui.
Après douze ans de gestion plan-plan mais avisée, sous l’égide du magnat des affaires Michael Blomberg, New York semble prête à s’engager dans une nouvelle aventure. Il n’est pas besoin d’être devin pour affirmer que celle-ci s’avère hautement périlleuse au moment où la crise menace tout le monde occidental et particulièrement le budget fédéral américain, en quasi faillite.


Bill de Blasio, le héros du jour est trop à l’image des calamiteux coreligionnaires qui l’ont précédé pour inspirer confiance. C’est bien simple : il rassemble en lui toutes les tendances de l’art d’être bobo de gauche, branché et démago, dont on apprend vite à se méfier lorsqu’on est adepte de pragmatisme et de bon sens, de vraie justice et d’équité.
Premier constat, dans cette attitude, la forme prime le fond.

Le parcours politique du nouveau maire illustre à merveille l’adage. Comme une star du showbiz il a cru bon de changer son nom, Warren Willhelm, jugé sans doute trop terne et connoté de conservatisme anglo-saxon. Bill de Blasio en revanche, ça vous a un petit air latino, de soleil et de fiesta, propre à séduire les foules naïves et à racoler certaines communautés en mal de rêves.

Par son mariage, il a transformé l’essai si l’on peut dire. Epouser une femme noire, qui se vantait d’être poétesse et lesbienne de surcroît, il fallait le faire. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, affirmait Pascal. S’il n’est pas question ici de juger l’inclination amoureuse, force est de reconnaître qu’elle ne pouvait mieux servir les ambitions politiques du jeune loup progressiste…
Tout comme les enfants qui naquirent de cette union idyllique, métis of course, mais arborant un look résolument afro, rappelant furieusement les seventies, avec lesquels le candidat s’est affiché complaisamment durant toute sa campagne.

Tout comme son apprentissage de l’espagnol, au Nicaragua, auprès des révolutionnaires sandinistes qu’il a assidûment côtoyés autrefois, et dont il s’est dit très proche de l’idéologie socialiste néo-marxiste.

Aujourd’hui Le fringant quinquagénaire au look de banquier et stature de joueur de basketball, ne revendique plus trop ce passé sulfureux, mais le moins qu’on puisse dire est qu’il a laissé quelques traces.
Parmi les actions inscrites au programme sur lequel il a été élu, figurent en bonne place les mesures destinées à renforcer la mixité sociale, sensées réduire les clivages Pauvres-Riches qui paraît-il minent la Grosse Pomme. Pour éloigner le spectre misérabiliste du Tale of Two Cities, narré autrefois par Charles Dickens, M. de Blasio ressort la ritournelle éculée de « l’impôt pour les plus riches », et entend redistribuer au nom de la lutte contre les inégalités « 95% des richesses, détenues par les 5% les plus aisés », refrain connu... De ce point de vue M. de Blasio est bien dans la rhétorique illusionniste des Occupy Wall Street, dont il s’est dit à grand renfort de publicité l’ami. S’il suffisait d’appauvrir 5% de la population pour enrichir les 95% restants, cela se saurait, et personne bien évidemment ne serait contre. Mais va-t-il seulement réussir à les taxer, ou bien les faire fuir ?

Plus inquiétant encore, est son objectif de revenir sur une politique sécuritaire qu’il juge excessive. Il a par exemple, annoncé avant même son élection le limogeage du chef de la police, et la suppression des contrôles d’identité assortis de fouille, les « stop and frisk » aussi décriés par les bobos-gauchos outre-atlantique que les contrôles au faciès par notre intelligentsia de cul-bénis franchouillard
s.

Gageons que la réalité lui fera peut-être rabattre un peu ses prétentions idéalistes, puisque selon le magazine Le Point, il serait déjà revenu sur certaines propositions fantaisistes : il plaidait entre autres avec ferveur avant d’y renoncer, pour le bannissement des grands gobelets de coca-cola, pour la transformation de Times Square en espace piétonnier, pour l’interdiction des calèches touristiques autour de Central Park…

14 septembre 2012

Montée des périls

Les événements violents qui embrasent le Proche-Orient pourraient bien constituer le révélateur d'une grave faiblesse du contre-pouvoir légitime et nécessaire de la Communauté Internationale.
L'ONU est aux abonnés absents. Rarement son inutilité n'a été aussi manifeste. Si la démission au cours de l'été de Kofi Annan, l'envoyé spécial conjoint pour la Syrie est un symptôme en apparence banal de cette navrante impuissance, les raisons invoquées par le secrétaire général de l'Organisation ne laissent pas d'inquiéter : il a en effet qualifié à cette occasion, « les divisions persistantes au sein du Conseil de Sécurité, d'obstacle à la diplomatie ».
On ne saurait mieux rendre compte de la faillite désespérante d'un système...
L'attitude de la Chine et de la Russie explique certes une partie de l'inertie, mais elle n'empêcha pas des actions par le passé, et tout porte à croire que l'opposition « de principe » pourrait être contournée si le reste du monde était suffisamment déterminé. Mais de détermination, il n'y a point, tant ces nations manquent de dessein commun.

L'Europe, qui peine à réunir ses forces décaties pour surmonter la crise économique, est bien loin de représenter un ensemble cohérent sur la scène internationale. On se souvient que disposant de 2 sièges au Conseil de Sécurité, elle trouva le moyen en 2003, d'émettre deux avis contradictoires lors du problème irakien... La France qui par les initiatives de son leader dynamique s'efforçait d'apporter un peu de punch à cette communauté hétéroclite, a décidé un jour de pluie de mai 2012, de s'arrêter au bord de la route pour contempler le paysage...

Mais plus grave encore que tout cela, est l'apparente léthargie américaine.
Si la politique du président américain n'est - même pour ses fans - guère convaincante dans son aspect « domestique », son versant tourné sur l'extérieur semble tout simplement inexistant.
Hormis l'élimination de Ben Laden, dont pouvait penser qu'elle couronna des efforts entrepris bien avant son accession au pouvoir, aucun fait marquant n'est à porter à son crédit. La démilitarisation de l'Afghanistan dont il avait fait un argument de campagne, s'avère assez désastreuse. Plus lente que promis, elle n'en donne pas moins l'impression d'ouvrir progressivement un boulevard aux extrémistes. L'Iran dont on parle assez peu par les temps qui courent, représente un péril plus que jamais imminent. Or ni dans les actes, ni même dans les discours dont il est pourtant friand, le président américain n'a tenté grand chose pour enrayer l'implacable montée de la menace.

Face à tous les foyers qui s'allument un peu partout, L'Amérique paraît en panne. Elle fut absente des révolutions dont elle avait tout lieu d'espérer une tournure avantageuse pour la démocratie. De nouveaux chaudrons propices à l'éclosion du terrorisme et de l'intolérance sont en ébullition un peu partout. Or ni au Mali, ni en Libye, ni en Syrie, les Etats-Unis ne font preuve d'une réelle détermination, ni même d'un quelconque intérêt. Bilan affligeant, comme on pouvait le craindre, en dépit de son attitude lénifiante, voire complaisante, Barack Obama n'a en rien diminué la haine anti-américaine des foules fanatisées.
Tout se passe comme si la flamme de la liberté venue de l'Ouest était en voie d'extinction.
Or, lorsque l'Amérique s'éteint, le destin du monde s'assombrit...
Elle vient d'être frappée durement par l'ignoble attentat de Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur et à une partie de son équipe. En la circonstance, la montée en épingle par les médias, d'un bout de film parodique sur Mahomet, est vraiment grotesque. Comme si des musulmans dignes de ce nom pouvaient justifier des crimes aussi ignobles et un tel déchaînement de malveillance par un pamphlet aussi dérisoire ! A l'heure où en Occident, on range au niveau de l'art la photo d'un crucifix plongé dans l'urine, le contraste est saisissant en même temps qu'effrayant.

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour faire le constat que la montée des violences vient de loin, et que, même si elle ne répond qu'aux menées d'une minorité de gens, ceux-ci sont diablement bien organisés. Sans police, ce désordre a toutes les chances de croître.
Y aura-t-il un sursaut ? That is the question...

09 juillet 2012

Obamacare : un dilemme cornélien


En France où l'on s'enorgueillit d'avoir le meilleur système de protection sociale du monde, la récente décision de la Cour Suprême américaine (29/06/12), consistant à avaliser une des mesures clés du projet de loi proposé par l'administration Obama, dit « Affordable Care Act », en réjouit plus d'un.
Rappelons brièvement qu'il s'agit d'obliger par la Loi, tous les citoyens à contracter une assurance maladie (individual mandate), de manière à faire diminuer subséquemment le pourcentage de la population ne bénéficiant pas d'une couverture ad hoc. 
L'épineux problème en la circonstance, était de déterminer si cette contrainte était compatible avec l'esprit de la Constitution, lequel protège plus que tout les libertés individuelles. La décision de la Cour, prise de justesse (5 voix contre 4), semble donc aller contre un des principes fondamentaux de la république américaine.
Comme l'ont fait remarquer certains commentateurs, il s'agit sans doute d'un choix dicté plus par le contexte politique, que par le souci de respecter la stricte constitutionnalité de la loi. Peut-être pour ne pas risquer de paraître agir sous l'effet de considérations idéologiques, le président conservateur de la Cour, le juge John Roberts a ainsi rejoint dans leur choix ses quatre collègues libéraux (au sens américain c'est à dire progressistes, c'est à dire plutôt de gauche). La Loi peut ainsi entrer en vigueur et les Etats-Unis pourront donc afficher prochainement, à l'instar de nombre de pays développés, un taux proche de 100% d'assurés sociaux...
Peut-être pourrait-on avancer une autre explication plus machiavélique, en considérant la décision de la Cour comme un cadeau empoisonné fait au président en exercice, à quelques mois d'un enjeu électoral majeur. Cette victoire est en effet à double tranchant pour le président Obama puisqu'elle va conduire à alourdir la fiscalité (sanctionnant notamment les récalcitrants). Le risque est également d'obérer la croissance puisque la réforme pèsera sur les entreprises, surtout petites et moyennes, qui seront de fait mises à contribution pour aider leurs salariés à s'assurer. Enfin elle plombera encore un peu plus le déficit fédéral puisque les évaluations les plus réservées, font état de quelques 1000 milliards de dépenses supplémentaires. Autant d'arguments que sauront sans doute utiliser les Républicains dans la campagne qui commence...
Sur le fond de la mesure, et ses conséquences en terme philosophique, il y a beaucoup à dire. Car même si l'on est encore loin du système français, régi par une obligation et un monopole, c'est un pas de plus vers le contrôle étatique de la protection sociale et un accroissement significatif de l'emprise étatique sur l'organisation de la société.
Partant d’une conception libérale, cette réforme apparaît comme démagogique, dispendieuse, mais pire encore, constitue globalement un recul sur le chemin qui mène à la société ouverte et responsable (« Le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui » affirmait Alexis de Tocqueville).
Naturellement, il est souhaitable que tous les citoyens disposent d’une assurance maladie (et qu’ils en comprennent bien le principe afin de ne pas en dégrader le fonctionnement…) Pour être fair play, il faut tout de même reconnaître au moins une vertu à l'obligation faite de s'assurer : celle d'éviter la fâcheuse propension des gens à ne souscrire un contrat d'assurance, que le jour où ils ont besoin d'en toucher les prestations...

Mais le système proposé par le président Obama, agit par la contrainte et la déresponsabilisation, alors que le meilleur moyen de progresser vers une société adulte serait plutôt de convaincre. Dans un pays libre et éclairé, l’assurance maladie relève à l’évidence de la responsabilité individuelle et non de celle de l’Etat. L’étatisation de l’assurance maladie s’inscrit dans le mythe si bien décrit en une seule phrase, par Frédéric Bastiat : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde… » D'un point de vue libéral, on pourrait même proposer de juger le degré d'évolution d'une société et d'éclairement de ses citoyens, sur le poids de la tutelle étatique. La relation entre les deux étant inversement proportionnelle...
Même si à la faveur de la mystification du New Deal, le pouvoir de l’État n'a cessé d'enfler outre-atlantique, les Américains restent envers et contre tout, très largement attachés au principe de la liberté individuelle. En Europe, où nous avons depuis longtemps cédé aux sirènes de l’Etat-Providence, et où nous attendons tout de son pouvoir « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux », nous peinons à comprendre cet idéal de société ouverte construit de bas en haut, tendant in fine, vers le self-government. Hélas notre modèle, qui pouvait faire illusion en période d’abondance, est aujourd’hui en grande et durable difficulté. Est-il encore temps de le revoir avant l’infantilisation et la faillite générales ?

20 mai 2011

Question de repères

En ces temps troublés, le désappointement manifesté par nombre de gens est compréhensible. Et il est normal qu'à la faveur des péripéties actuelles, la théorie du déclin de l'Occident revienne en force. C'est un thème récurrent, tout comme celui de la déchéance de l'Empire Américain.
Fort heureusement jusqu'à preuve du contraire, et en dépit de quelques fissures, ce jour fatidique est sans cesse repoussé. Évoqué par un blogueur ami, le Pr Poindron, je me permets humblement d'y revenir aujourd'hui, avec mon optique personnelle, sans doute éminemment critiquable.
Si je partage largement son analyse clairvoyante, pleine de bon sens et son souci d'équité, il me semble tout de même essentiel de souligner le péril qu'il y aurait d'emprunter, par désillusion, des chemins de traverse, ou bien de trop céder à l'émotion de l'instant, qui fait parfois prendre les vessies pour des lanternes.
Précisément, sous des apparences excessives, le système américain nous donne en ce moment, une magistrale leçon de vraie démocratie. Il est certain que les images que nous voyons ont une force terriblement dévastatrice, décuplée par leur répétition insensée. Mais sauf erreur judiciaire monumentale, elles sont en définitive fort utiles pour faire sauter le couvercle doré des privilèges, complaisances, arrangements et acoquinements qui protègent trop souvent les élites et certains idéologues imbus de leurs principes soi-disant intangibles. Car ces tares minent dangereusement l'esprit de liberté et l'égalité des droits indispensables à la pérennité de notre modèle de société. Contrairement à ce que l'ineffable BHL voudrait, M. Strauss-Kahn est à New-York, un justiciable comme les autres, et c'est tant mieux.
Certaines procédures peuvent paraître étranges ou inappropriées. Elles ont parfois plus d'importance qu'il n'y paraît et les condamner trop vite pourrait amener des catastrophes bien pires que le triste spectacle auquel on assiste. Rappelons-nous l'histoire du soldat romain qui ne comprenant pas la nature des cercles tracés sur le sable par Archimède, lui-même indifférent au tohu bohu accompagnant la chute de Syracuse, tue le savant d'un coup de glaive.

Si les caméras aujourd'hui ne laissent aucun répit à l'ancien directeur du FMI, c'est parce qu'il occupait une position éminente, qui exigeait de lui une conduite irréprochable et un grand sens des responsabilités.
Tant qu'il était sur son piédestal, il bénéficiait, avec une satisfaction évidente, de l'éclairage flatteur des sunlights et de l'illusion doucereuse des sondages. Il ne peut aujourd'hui, compte tenu des charges qui pèsent sur lui, se plaindre de la cruauté de ces mêmes lumières, qui le poursuivent dans sa descente aux enfers.
Remarquons en tout cas, que c'est la presse qui focalise de manière outrancière l'attention publique sur sa personne. Aucune chaîne de télévision, aucun journal n'est obligé d'exhiber avec autant d'insistance ce fatum consternant, et personne n'est tenu d'en suivre à la minute les sordides détours.
Pendant ce temps de son côté, la justice a commencé sans retard son travail, et semble-t-il avance rapidement, avec efficacité. Et force est de reconnaître qu'elle ne se commet pas à jeter grand chose en pâture à ces meutes avides de scoops, réduites de fait aux supputations et rumeurs stériles... La liberté est à ce prix.

Illustration : Sont-ce des spirales ou bien des cercles ?

05 novembre 2010

Bye Bye Obamania

Deux ans ! Il n'aura donc fallu que deux ans pour que l'énorme baudruche de l'Obamania se dégonfle piteusement !
Attention, en disant cela, je ne me fais pas le critique primaire du président américain, à la manière de certains, s'ébrouant dans un anti-bushisme totalement décérébré.
Ce n'est pas la personne évidemment qui fait l'objet d'un affalement risible. C'est cette incroyable bulle spéculative qui accompagna l'élection du sénateur de l'Illinois en 2008, et qui monta, monta, emportant tout sur son passage y compris le Prix Nobel de la paix. C'est un euphémisme de dire que cet engouement insensé n'a en définitive pas servi l'intéressé. Plus dure est la chute...

Dans le genre mauvaise foi angélique, je ne peux m'empêcher de citer avec tendresse Memona Hinterman, la si délicieusement tendancieuse journaliste du service public, "excellente connaisseuse" paraît-il, de l'Amérique.
Invitée de France Musique le 3 novembre au matin, au moment où les résultats électoraux tombaient, elle minimisait avec candeur la déroute des Démocrates : "les Américains ne se déjugent pas".../... "non, ils veulent juste par réalisme, mettre en contrepoids, des gens peut-être un peu plus brutaux".
Pleine d'indulgence pour Obama, elle se demandait "qui aurait pu faire mieux que lui dans cette période de si fortes turbulences", et se plaisait à rappeler "la formidable campagne, pleine du rêve américain, épidermique, absolument sublime" de 2008, et ce fameux 4 novembre consacrant l'avènement du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis : "j'en ai encore la chair de poule..."
Je me souviens pour ma part qu'en 2004, elle avait carrément pris ses désirs pour des réalités en annonçant un peu prématurément la victoire de John Kerry, une coupe de champagne à la main...

Sans épiloguer sur un scrutin somme toute assez logique, il faut insister sur le fait que la défaite du camp démocrate doit sans nul doute beaucoup à cette arrogance du camp des "Progressistes", à ce manque d'humilité assommant de la Gauche bien-pensante, à cette sacralisation quasi insoutenable d'un homme avant même qu'il n'ait rien prouvé.
Barack Obama reste un homme respectable, qui saura peut-être tirer, il faut l'espérer, des leçons de cette sévère sanction.
Rien ne serait pire en tout cas que d'invoquer de mauvaises raisons à son échec, comme on les entend déjà dans la bouche des supporters désappointés :
Non il n'est pas "habituel" pour un président de perdre les élections du mid-term. George W. Bush les avait remportées en 2002, alors qu'il avait été élu "de justesse" en 2000. Certes il y avait eu le 11 septembre, mais cela aurait du plutôt lui nuire, si les électeurs avaient pensé comme beaucoup de détracteurs très médiatisés, qu'il avait affreusement mal géré ces tragiques évènements.
Non la crise économique n'apporte aucune excuse au camp démocrate, qui contrôlait le Congrès depuis 2006, et dont le candidat crut bon de répéter à tous vents le fameux slogan "Yes We Can".
De fait, les mesures prises se sont révélées très largement inefficaces, et le plan de relance n'a eu aucune influence sur le chômage. A ceci s'ajoute la démagogique mais calamiteuse réforme du Système de Santé, qui ne convainc pas et promet de creuser encore davantage le déficit de l'Etat Fédéral.
De ce point de vue, il est faux de prétendre comme on le fait en France que la majorité des Américains n'ont pas compris les réformes audacieuse du président américain. Ils ont au contraire trop bien compris où cela pouvait les mener et ils s'y opposent avec fermeté. Facteur aggravant, l'idolâtrie que les Français manifestent vis à vis d'Obama, et le lamentable spectacle que donne à voir notre pays, agissent comme des repoussoirs puissants. "Surtout ne pas devenir comme les Français", entend-on fréquemment outre-atlantique...

Enfin, il est regrettable que soit systématiquement caricaturé le camp adverse, et notamment le mouvement Tea Party. La plupart des critiques traduisent d'ailleurs une méconnaissance profonde et tenace de l'esprit américain.
On entend des accusations en tous genres ("ultra-conservateurs", "racistes", "exaltés", "xénophobes," "homophobes"...), mais la pire est d'assimiler ce courant à un "fascisme local" comme le fit Michel Rocard (France-Culture 4/11). Il s'agit véritablement d'une insulte, et très mal venue, car s'il est pays qui a toujours su se tenir à l'abri du totalitarisme ce sont bien les USA. Proférée par des Européens qui n'ont vraiment aucune leçon à donner sur le sujet, ce genre de sottise est franchement méprisable.
En réalité, même si certains excès peuvent se manifester ici ou là, la mouvance Tea Party incarne surtout un magistral et passionnant retour aux sources qu'on aurait bien tort de méconnaître et plus encore de mépriser. Sa caractéristique dominante est de s'opposer à la montée sans fin des prérogatives de l'Etat Fédéral et à la centralisation excessive du Pouvoir. Il s'agit en somme d'une aspiration profonde au Self-Government, ce qui est l'essence même de la démocratie ("le premier devoir d'un gouvernement devrait être d'apprendre aux citoyens à se passer de lui" écrivait en substance Tocqueville). Rien de plus antinomique avec la politique poursuivie par Obama...
Une des figures montantes et prometteuses de ce mouvement est Marco Rubio, jeune Républicain d'origine cubaine, qui vient d'être brillamment élu sénateur de Floride. Peut-être préfigure-t-il l'Amérique des prochaines années. Peut-être représente-t-il avec toute son ardeur juvénile, cette formidable capacité à se renouveler qui fait l'originalité et la force de la Société Ouverte.