Ce résultat consacre l’échec de la stratégie mise en œuvre depuis quelques décennies par le reste de la classe politique, consistant à faire barrage à son ascension. Il consacre également la déroute totale de toutes ces formations prétendant appartenir à “l’arc républicain”, liguées contre le supposé péril RN.
Le parti présidentiel, dont on ne sait même plus trop comment il se nomme, après avoir été sévèrement averti en 2022 et sanctionné lors des élections européennes, prend une claque monumentale. Il réunira peut-être moins de 100 députés dans la future Chambre ! Les Républicains (LR), profondément divisés, apparaissent définitivement écrabouillés, réduits à un micro-parti sans avenir. La gauche a fait un des plus médiocres scores de son histoire. En ratissant tout le ban et l'arrière-ban, jusqu’aux extrêmes les plus nauséabonds, elle totalise à peine 28% des voix !
Tout ce joli monde désemparé semble pourtant désirer que les choses aillent plus mal encore.
Peu importe l’avenir du pays, peu importe le message évident des électeurs, le monde politique détenant encore les clés d’un pouvoir à l’agonie, se complaît plus que jamais dans le déni et la combine de bas étage.
La stratégie clamée par M. Macron, suivie à la lettre par M. Attal, tient en un petit slogan: “pas une voix pour le RN !” qu’ils ont repris mot pour mot du discours de Jean-Luc Mélenchon.
Pire, ils l’accompagnent d’actes. Depuis mardi soir, on sait que plus de 220 candidats ont été invités à se désister au bénéfice du seul projet qui leur reste : faire un rempart contre le RN.
Dans le sauve-qui-peut général, les scrupules et la morale s’envolent.
M. Macron, qui flétrissait hier encore l'agglomérat de gauche, décrit par lui comme “bricolage et tripatouillage avec lesquels on ne peut construire une majorité”, encourage désormais ses sympathisants à se rallier à ce magma insane…
M. Attal, premier ministre, n’hésite plus à prôner le vote pour des candidats de la gauche la plus abjecte ! Il qualifiait hier le nouveau front populaire "d’alliance de la honte". Aujourd’hui il appelle les électeurs à voter en sa faveur.
Edouard Philippe, ancien premier ministre et héritier du bastion havrais, arraché de haute lutte aux communistes par son prédécesseur Antoine Rufenacht, affirme qu’il préfère voter pour le PCF que pour le RN !
A gauche évidemment ce n’est pas mieux.
Marine Tondelier, au nom des écologistes, verse des larmes de crocodiles parce que Bruno Lemaire, dans un petit sursaut de réalisme, a indiqué qu’il ne voterait pas pour un candidat LFI, même pour faire barrage au RN.
Sandrine Rousseau, après avoir fait la leçon à M. Ciotti, affirme tranquillement qu’elle est “prête à tout du moment qu’on gagne”. Au moins, c’est clair.
S’ils sont élus dimanche prochain, M. Darmanin, madame Borne, le seront avec les voix de LFI, et M. Hollande sera laborieusement remis en selle grâce à LR, vestige du parti de M. Sarkozy !
Enfin, le pauvre Raphaël Glucksmann, qui a bien du mal à exister et qui ne sait plus trop où il habite, appelle de ses vœux pieux une assemblée nationale sans majorité, sans perspective, sans direction.
Tout cela relève de l’ignominie.
L’objectif de tous ces gens est désormais qu’il n’y ait pas de majorité claire et leur but, on ne peut plus simpliste, est de faire en sorte que pour la première fois de la Vème République, le parti arrivé en tête au premier tour avec plus de 30% des voix ne puisse constituer un gouvernement.
Qui peut croire M. Attal lorsqu’il invoque en désespoir de cause “une majorité plurielle” faisant l’impasse sur le plus grand parti de France ?
En réalité, lui et plus encore le Chef de l’Etat, préfèrent le chaos d'une nation ingouvernable et le spectre d'une piteuse démission, à une cohabitation peu glorieuse mais plus démocratique, avec ce qu'on appelle encore l'extrême-droite.
Ces perspectives navrantes sont de toute manière illusoires car pour le RN et ses alliés, si ce n’est pas pour ce coup-ci, ce sera pour le prochain. Finalement, même si pour le pays l’absence de majorité à l’Assemblée serait la pire des catastrophes, il vaudrait peut-être mieux pour Jordan Bardella qu’il n’y parvienne pas. Au moins on ne pourra pas lui imputer le bordel qui vient.
En vérité, la Démocratie, la République et les Valeurs, tout le monde s’en moque maintenant que le danger de perdre prébendes et rentes de situations est maximal. Il n’y a toujours aucune interrogation sur les raisons profondes de la montée régulière du RN. Aucune réflexion sur la cause du rejet massif par le peuple des politiciens traditionnels de tous bords.
Au contraire. Moins le fameux barrage convainc de monde, plus ses promoteurs, à court d’idées, s’accrochent à lui, usant de tous les derniers stratagèmes politiciens pour le faire perdurer. Plus ils perdent d'influence, plus ils deviennent radicaux et virulents. Il n’a jamais été aussi évident que le déferlement de haine et d’intolérance auquel on assiste, vient de la gauche, ralliant une bonne partie des artistes, réels ou prétendus, du petit monde de l’éducation, des syndicats, de la haute fonction publique, et même de la justice.
Comment les Français vont-ils réagir ? Seront-ils assez niais pour suivre les combines, les grosses ficelles, les pactes mort-nés, les faux-derches qui ne cessent de trahir leurs engagements, les chevaux de retour usés jusqu’à la moëlle, qui les ont trompés tant de fois ?
Une chose est certaine, la France va vivre des moments d’incertitude et de basse politique si ce n’est de pagaille et d'émeutes qui risquent de l’affaiblir un peu plus. Et de cela, tout républicain, démocrate, aimant son pays, ne peut que s’attrister si ce n’est ressentir un immense dégoût…