21 novembre 2024

Le Pataquès du MERCOSUR

Aussi vrai que la Terre est ronde, on sait que le libre échange est plus souhaitable que le protectionnisme. Hélas, comme nombre de lois économiques établies, il est régulièrement remis en cause, contre toute évidence, au nom de principes idéologiques, nationalistes ou simplement chauvins.
La démonstration de son bien fondé, maintes fois apportée au cours de l’Histoire, relève de l’évidence. A contrario, comment peut-on raisonnablement soutenir l’idée que les contraintes, les interdits et les taxes soient de nature à favoriser le commerce et la prospérité, et par voie de conséquence, à contribuer à la paix et à l’entente cordiale entre les nations ? Le repli sur soi n’est jamais la solution, surtout s’il s’associe à la défiance voire à l’animosité vis-à-vis d’autrui.
C’est pourtant ce qu’on voudrait nous faire croire en cette fin d’année, alors que la colère paysanne gronde à nouveau.
Entre autres causes à ce mécontentement, les négociations de l’Union Européenne avec les pays d’Amérique du Sud, au titre du désormais fameux MERCOSUR, sont passées au premier plan. Il faut dire qu’elles étaient supposées parvenir enfin à leur terme, après 25 ans de discussions.
Véritable pierre d’achoppement sur laquelle toutes les bonnes volontés se brisent, le MERCOSUR est devenu le réceptacle des lâchetés de l’État Providence et le bouc émissaire masquant son incurie. C’est simple, plus aucun élu ne défend désormais ce projet sur lequel l’Union Européenne s’est pourtant résolument engagée depuis des lustres.

Le MERCOSUR est en quelque sorte le marché commun des pays d’Amérique du Sud, dominé par les deux géants que sont le Brésil et l’Argentine, auxquels sont venus s’associer Uruguay, Paraguay, Bolivie, Chili, Équateur, Pérou, Colombie, Guyana et Suriname. Sa création ne date pas d’hier puisqu’elle remonte à 1985, et qu’il fut entériné sous ce nom en 1991. C’est à ce jour la quatrième zone d’échanges mondiale et selon toute probabilité elle promet de progresser encore. Refuser d’y participer ou s’en exclure risque donc d’être préjudiciable.

L’Union Européenne a commencé à s’y intéresser à la fin des années 90, et après avoir signé un premier accord-cadre en 2005, a validé en 2019 un traité de coopération comportant plusieurs volets. On parle surtout de celui libéralisant le commerce, mais d’autres concernent la recherche, l’éducation, la cybercriminalité et même la protection de l’environnement !
Le traité n'a pu entrer en vigueur à cause de l’opposition de la France, qui estime qu’il ne prend pas en compte cette dernière et qu’il installerait une concurrence déloyale en matière agricole. Les négociations actuelles étaient supposées parvenir à lever les derniers obstacles à la ratification.

Il est intéressant de préciser qu’un projet de coopération entre les Etats-Unis et nombre de pays sud-américains est également sur les rails depuis quelques décennies. D’abord baptisé ALENA, il devait déboucher sur un accord plus large établissant une Zone de Libre Échange des Amériques (ZLEA), mais le dit accord ramené à une version très réduite sous l’appellation ALEAC, ne fut jamais mis en œuvre à cause de l’opposition de plusieurs pays du MERCOSUR craignant la suprématie des USA !

Si notre pays se targue de défendre en la circonstance les valeurs écologiques en rejetant aussi violemment le traité de coopération avec le MERCOSUR, il le fait hélas surtout pour de bien mauvaises raisons.
Après avoir méthodiquement privé notre agriculture de toutes les armes avec lesquelles elle pourrait livrer le combat de la concurrence internationale, le gouvernement se trouve en porte-à-faux, confronté à l’incohérence de sa stratégie.
Nos brillants politiciens ont en effet plombé le secteur, en ajoutant toujours plus de charges sociales, de taxes en tous genres et en alourdissant sans cesse le code du travail. Non contents de cette politique désastreuse, il l’ont contraint encore un peu plus par des ukases et des interdits ubuesques imposés au nom d’un principe de précaution qui ne veut rien dire, allant jusqu’à sur-transposer les directives européennes déjà drastiques. A titre de dernier clou doré posé sur le cercueil, ils ont, au nom de la Politique Agricole Commune (PAC), distribué généreusement des aides et des subventions qui masquent le problème, coûtent des sommes faramineuses et faussent le jeu des prix, causant in fine de désolants gâchis.
Arrivés au bout de l’impasse, ils demandent en désespoir de cause l’instauration de “clauses miroirs” à leurs hypothétiques partenaires, pour rétablir un tant soit peu l’équilibre des contraintes. On connaît l’antienne déjà maintes fois chantée pour réclamer l’harmonisation fiscale à tous les pays qui imposent moins leurs concitoyens que ne le fait la France, devenue championne du monde en la matière.
En toute logique, ces clauses de réciprocité sont illusoires car complexes à mettre en œuvre, à contrôler et de toute manière très probablement insuffisantes pour rééquilibrer les forces. Même face à leurs partenaires européens, supposés être assujettis aux mêmes lois, les paysans français ne font plus le poids tant on leur a ajouté de boulets aux pieds.

L’adage qui veut que l’enfer soit pavé de bonnes intentions trouve une nouvelle et consternante illustration. A force de vouloir bien faire et de tout réglementer, de tout moraliser, le Pouvoir se trouve devant un dilemme cornélien : soit il livre ses agriculteurs pieds et poings liés à la concurrence mondiale, au risque de provoquer un dernier baroud en forme de révolte dévastatrice, soit il les étouffe sous la chape du protectionnisme et le poids de la bureaucratie en condamnant les citoyens à payer très cher le maigre produit de récoltes de plus en plus contingentées. Comme il paraît décidément impossible d’élaguer l’inextricable et envahissante jungle réglementaire et de simplifier les procédures, dans les deux cas, c’est la mort de l’agriculture française qui se profile à l’horizon, et le déclassement mondial de notre pays. Triste perspective…

13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux révèle que le magnat devenu politicien lui fait penser au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hypertrophique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

07 novembre 2024

God Bless America

Décidément, l'Amérique nous surprendra toujours.
On avait prédit une élection “très très serrée”, forcément émaillée de troubles à l’ordre public, de contestations en tous genres. De leur côté, les experts autoproclamés du sens de l’Histoire avaient prophétisé la victoire de la lumière sur les ténèbres (air connu) et annoncé par avance que le méchant Donald Trump refuserait sa défaite.
En France, comme d’habitude, l’affaire était depuis longtemps pliée. Après avoir parié inconsidérément sur le pauvre Joe Biden, la star était devenue Kamala Harris avec sa tchatche et son sourire maous (à défaut de programme). C’est bien simple, selon les sondages, seuls 13% des Français auraient voté Trump, ce qui montre une fois encore les ravages du grégarisme dans notre pauvre pays.

Le Peuple Américain en a décidé autrement. Il a surmonté la propagande, les mensonges, les caricatures et la bien pensance rance, pour faire contre toute attente un triomphe au revenant Trump. Il lui a offert le grand chelem : gagnant en nombre de grands électeurs, en votes populaires, et raflant au passage la majorité au Sénat et probablement à la chambre des Représentants.

Le spectacle politique donné par cette élection fut, comme souvent outre-atlantique, des plus réjouissants.
Quel régal de voir la déroute des médias du mainstream, emportés vers l’égout par le torrent de leurs insanités. Notons au passage l’exception du Washington Post qui eut la décence de ne pas prendre parti. Les commentateurs avisés se sont gaussés de cette attitude qui lui aurait fait perdre sur le champ pas moins de 250.000 abonnés. Qu’importe au fond, s’il en regagne le double demain…
Quel délice de voir le concert défait des stars du showbiz qui crurent très intelligent de gesticuler autour de Kamala avec de grands slogans creux dictés par des prompteurs aux états d’âme factices (lorsqu’ils fonctionnaient…). Ils ont pu mesurer la vanité de leur célébrité et la volatilité de leur influence. Grand bien leur fasse.
Quelle joie de voir les misérables suppôts franchouillards d’une gauche nauséabonde, obligés de manger leur chapeau en éructant un flot d’injures et de menaces revanchardes ineptes. On dirait qu’ils sont soumis à une séance d’exorcisme.
Quel plaisir enfin de voir une Amérique décomplexée, heureuse du bon tour qu’elle a joué au Monde. Éternel recommencement…

Aujourd’hui, le score obtenu par le candidat républicain pose à nouveau la question du scrutin de 2020, en pleine épidémie de COVID, et de son résultat plus que jamais contestable.
Il faut en tout cas saluer le courage, la détermination de Donald Trump qui après avoir été terrassé, est remonté sur sa monture et envers et contre tous les obstacles et toutes les procédures politico-juridiques entravant sa route, a su convaincre son pays du bien fondé de son projet, qui reste fidèle aux grandes lignes de celui de 2016, basé avant tout sur le pragmatisme et le bon sens.
Il est probablement mieux entouré qu’à l’époque et s’est adjoint pour la circonstance le gratin des entrepreneurs qui réussissent et parviennent encore à incarner le rêve américain, à commencer par le bouillonnant Elon Musk qui fut le héraut inspiré de ce retour en fanfare.

Il reste à espérer que le mandat à venir soit l’occasion pour le 47ème président des Etats-Unis de réaliser de grandes choses et que les accusations outrancières voire totalement infondées dont il est l’objet finissent en poussière.
Accusé de populisme,Trump a su parler au peuple. Ce dernier attend beaucoup mais il se souvient qu’entre 2017 et 2020, l’Amérique allait plutôt bien.
Pour se convaincre que Trump n’est ni fasciste, ni protectionniste, ni raciste, ni misogyne, ni complotiste, ni instable, ni même imprévisible, il suffit pour ceux qui n’ont pas l’esprit trop borné par les a priori de se reporter à son petit ouvrage Crippled America. Tout y est dit.
Ils comprendront également que les outrances verbales du “milliardaire” ne reflètent pas sa pensée mais sont parfaitement calibrées pour faire office d’os à ronger, destinés à nourrir la meute aboyante accrochée à ses basques. Pendant ce temps, il mène sa barque et son projet politique, non sans pratiquer un humour parfois dévastateur. L’épisode du quart d’heure chez McDo et celui du camion poubelle resteront sans doute dans les annales…