Dans la sphère médiatique un problème chasse l'autre et tout se confond dans un déprimant magma mélodramatique.
Oubliée la banqueroute grecque qui faisait les gros titres des journaux il y a quelques semaines à peine, et opposait les généreux contempteurs de l'austérité aux cruels partisans de la rigueur budgétaire. Dans cette affaire, l'Allemagne dont l'insolente réussite économique en irritait plus d'un, faisait figure de censeur sans cœur, et la faute était une nouvelle fois imputée à l'Europe par les perroquets de l'anti-libéralisme.
Profitant des circonstances, notre opportuniste président, pensant peut-être au pays qu'il conduit benoîtement à la ruine, se donnait la posture d'un go-between attentif au sort des plus ruinés.
Mais aujourd'hui tout le monde semble se moquer du sort des Grecs.
Une photo a suffi pour déclencher un déluge sentimental, sous-tendu par une problématique déjà ancienne hélas, mais que nul ne voulait voir. Ramenée brutalement à la réalité, l’opinion publique qui ne prêtait qu’une attention distraite aux abominations commises par des êtres humains sur leurs semblables, se réveille à la vue du corps sans vie d’un enfant, victime d’un naufrage...
Le désastre moyen-oriental étalait pourtant ses horreurs depuis des lustres sous les yeux de ceux qui voulaient les voir, et la montée des périls se profilait depuis des années. Tant qu’ils semblaient éloignés géographiquement, leur impact était relatif.
Patatras ! A la manière d’une subite vague de fond, des légions de réfugiés s’abattent sur la vieille Europe, dans une pagaille monstre et tragique.
Qu’y a-t-il donc de nouveau ? Ce n’est pourtant pas hier que la Syrie a commencé de s’effondrer dans l’horreur, et que le Soudan et l’Érythrée furent livrés à des dictatures infâmes, massacrant les enfants aussi bien que leurs mères.
En quoi ces misérables qui affluent diffèrent-ils des sans papiers, des clandestins, des étrangers en situation irrégulière, des migrants auxquels les médias nous ont habitués depuis des années ? Y a-t-il un évènement nouveau derrière cette valse sémantique ?
Certains continuent rituellement d'accuser George W. Bush d’avoir semé les ferments du fanatisme et de la haine qui dévastent aujourd'hui ces régions.
Le débat ne sera donc jamais clos et plus que jamais, il semble difficile de tirer des leçons de l’histoire
Pendant des années, Saddam Hussein nargua la Communauté Internationale, menaça les pays voisins de l’Irak et opprima son peuple, dans une quasi indifférence générale, notamment en France.
Pendant des années, on vit impunément les Talibans sévir en Afghanistan, réduire les femmes en esclavage, démolir le patrimoine artistique millénaire et se livrer à toutes sortes d’atrocités. Toujours sans déclencher de réaction.
Jusqu’au jour où, après les terribles attentats du World Trade Center, quelqu’un décida de prendre des mesures concrètes, massives, ambitieuses.
Des milliers de jeunes soldats moururent pour permettre à ces peuples de recouvrer la liberté, que certains n’avaient jamais vraiment connue.
Dans cette reconquête, il y eut des erreurs sans aucun doute, il y eut des fautes, mais le but était louable et d’incontestables succès furent obtenus. Il n’y eut pourtant guère d’objectivité pour apprécier les efforts accomplis, peu d’émotion pour saluer le sacrifice consenti par ces armées de libération, et les fragiles acquis se sont bien vite effrités, suite à l’abandon démagogique de cette stratégie. Aujourd’hui l’impression qui domine est que tout est à refaire ! Quel gâchis !
Comment ne pas faire le parallèle entre la Syrie d’Assad et l’Irak de Saddam ? Même si le premier est plus rusé que le second, il y a bien peu de différence entre ces deux dictatures socialistes néosoviétiques. Comment ne pas comparer Daesh et les Talibans ? Même cause, même effets pourrait-on dire...
Y a-t-il encore quelque chose à faire d’autre que de se battre la coulpe en sanglotant face à cet exode massif, inexorable, intarissable, qui est en passe de nous submerger ? Y a-t-il une volonté d’agir ? Peut-on encore imaginer reconstituer une coalition internationale pour entreprendre une action de longue haleine dans ces contrées dévastées ?
On peut hélas en douter.
Les Etats-Unis ont quitté la scène internationale, et le président américain préfère amuser la galerie dans les dîners mondains et les émissions de télé-réalité que de prendre le moindre risque à l’extérieur de ses frontières.
La France, sans ressort ni aspiration, sinistrée par une politique insane, endettée jusqu’au cou, rongée par le chômage, minée par les déchirements sociaux et l’appauvrissement généralisé, peut-elle résister encore longtemps à cette nouvelle épreuve ? Derrière elle, le château de cartes européen, sans dessein, sans ambition, sans unité, va-t-il pouvoir tenir debout ?
Le plus étonnant est peut-être que tout n’ait pas déjà éclaté...
Oubliée la banqueroute grecque qui faisait les gros titres des journaux il y a quelques semaines à peine, et opposait les généreux contempteurs de l'austérité aux cruels partisans de la rigueur budgétaire. Dans cette affaire, l'Allemagne dont l'insolente réussite économique en irritait plus d'un, faisait figure de censeur sans cœur, et la faute était une nouvelle fois imputée à l'Europe par les perroquets de l'anti-libéralisme.
Profitant des circonstances, notre opportuniste président, pensant peut-être au pays qu'il conduit benoîtement à la ruine, se donnait la posture d'un go-between attentif au sort des plus ruinés.
Mais aujourd'hui tout le monde semble se moquer du sort des Grecs.
Une photo a suffi pour déclencher un déluge sentimental, sous-tendu par une problématique déjà ancienne hélas, mais que nul ne voulait voir. Ramenée brutalement à la réalité, l’opinion publique qui ne prêtait qu’une attention distraite aux abominations commises par des êtres humains sur leurs semblables, se réveille à la vue du corps sans vie d’un enfant, victime d’un naufrage...
Le désastre moyen-oriental étalait pourtant ses horreurs depuis des lustres sous les yeux de ceux qui voulaient les voir, et la montée des périls se profilait depuis des années. Tant qu’ils semblaient éloignés géographiquement, leur impact était relatif.
Patatras ! A la manière d’une subite vague de fond, des légions de réfugiés s’abattent sur la vieille Europe, dans une pagaille monstre et tragique.
Qu’y a-t-il donc de nouveau ? Ce n’est pourtant pas hier que la Syrie a commencé de s’effondrer dans l’horreur, et que le Soudan et l’Érythrée furent livrés à des dictatures infâmes, massacrant les enfants aussi bien que leurs mères.
En quoi ces misérables qui affluent diffèrent-ils des sans papiers, des clandestins, des étrangers en situation irrégulière, des migrants auxquels les médias nous ont habitués depuis des années ? Y a-t-il un évènement nouveau derrière cette valse sémantique ?
Certains continuent rituellement d'accuser George W. Bush d’avoir semé les ferments du fanatisme et de la haine qui dévastent aujourd'hui ces régions.
Le débat ne sera donc jamais clos et plus que jamais, il semble difficile de tirer des leçons de l’histoire
Pendant des années, Saddam Hussein nargua la Communauté Internationale, menaça les pays voisins de l’Irak et opprima son peuple, dans une quasi indifférence générale, notamment en France.
Pendant des années, on vit impunément les Talibans sévir en Afghanistan, réduire les femmes en esclavage, démolir le patrimoine artistique millénaire et se livrer à toutes sortes d’atrocités. Toujours sans déclencher de réaction.
Jusqu’au jour où, après les terribles attentats du World Trade Center, quelqu’un décida de prendre des mesures concrètes, massives, ambitieuses.
Des milliers de jeunes soldats moururent pour permettre à ces peuples de recouvrer la liberté, que certains n’avaient jamais vraiment connue.
Dans cette reconquête, il y eut des erreurs sans aucun doute, il y eut des fautes, mais le but était louable et d’incontestables succès furent obtenus. Il n’y eut pourtant guère d’objectivité pour apprécier les efforts accomplis, peu d’émotion pour saluer le sacrifice consenti par ces armées de libération, et les fragiles acquis se sont bien vite effrités, suite à l’abandon démagogique de cette stratégie. Aujourd’hui l’impression qui domine est que tout est à refaire ! Quel gâchis !
Comment ne pas faire le parallèle entre la Syrie d’Assad et l’Irak de Saddam ? Même si le premier est plus rusé que le second, il y a bien peu de différence entre ces deux dictatures socialistes néosoviétiques. Comment ne pas comparer Daesh et les Talibans ? Même cause, même effets pourrait-on dire...
Y a-t-il encore quelque chose à faire d’autre que de se battre la coulpe en sanglotant face à cet exode massif, inexorable, intarissable, qui est en passe de nous submerger ? Y a-t-il une volonté d’agir ? Peut-on encore imaginer reconstituer une coalition internationale pour entreprendre une action de longue haleine dans ces contrées dévastées ?
On peut hélas en douter.
Les Etats-Unis ont quitté la scène internationale, et le président américain préfère amuser la galerie dans les dîners mondains et les émissions de télé-réalité que de prendre le moindre risque à l’extérieur de ses frontières.
La France, sans ressort ni aspiration, sinistrée par une politique insane, endettée jusqu’au cou, rongée par le chômage, minée par les déchirements sociaux et l’appauvrissement généralisé, peut-elle résister encore longtemps à cette nouvelle épreuve ? Derrière elle, le château de cartes européen, sans dessein, sans ambition, sans unité, va-t-il pouvoir tenir debout ?
Le plus étonnant est peut-être que tout n’ait pas déjà éclaté...
Illustration: La vision de Tondal. Ecole de Hieronymus Bosch
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