16 octobre 2025

Corrompus par le vide

Sébastien Lecornu, accroché à son pupitre comme un naufragé à une épave, ânonnant son insipide discours de politique générale tout en lançant des œillades torves à l’assemblée. C’est le dernier numéro pitoyable d’équilibrisme politique auquel les Français ont pu assister ce 14 octobre.
L'orateur n’avait certes guère de raison d’être fier en annonçant, sous les applaudissements des Socialistes, la suspension totale de la réforme des retraites, tout en laissant entrevoir une avalanche de quelque 14 milliards de nouveaux prélèvements, impôts et taxes en tous genres.
Nombre de commentateurs ont souligné l'incohérence de ces mesures, en contradiction totale avec la politique portée par le Président de la République, approuvée par tous les gouvernements depuis 2017 et par le premier ministre lui-même, fidèle parmi les fidèles au Chef de l’Etat .

Tout sonne hélas tragiquement faux dans cet épisode de la vie politique française, où l'on voit un pouvoir aux abois saboter ses maigres acquis pour sauvegarder temporairement ses prébendes, au mépris du peuple et à ses dépens.
Les renoncements en pagaille de politiciens pris entre le marteau brûlant et soi-disant incorruptible de leur engagement passé et l’enclume froide de leur couardise présente. Les sourires de malsaine satisfaction émanant d’une partie de la gauche, plus habile dans le chantage et la compromission que dans l’action courageuse et pragmatique.
Huit ans de macronisme, emphatique mais indécis, avançant parfois d’un pas mais reculant de deux l’instant d’après, prônant tout et son contraire “en même temps”, huit longues années de pompe à vide et de vaine circonstance pour arriver là ! Sans compter évidemment les décennies précédentes, marquées par le même tango erratique.
Quand donc cessera ce ballet infâme ?
On dira que les Français ont voulu cela. Ils ont élu sans enthousiasme mais avec beaucoup d’opiniâtreté, des jean-foutre, pour les représenter et les gouverner.

Il faut remonter loin pour trouver l’origine du mal.
Sous l’impulsion du machiavélique Mitterrand, les politicards ont fait naître et encouragé cette inclination insane, par pur calcul politique. Ils ont inventé de toutes pièces une hypothétique peste brune contre laquelle ils ont érigé un pseudo rempart républicain en forme de ligne Maginot. A l'inverse de cette dernière, la manœuvre a fonctionné au-delà des espérances de ses concepteurs. Un chœur des bien pensants s’est constitué pour diaboliser tout ce qui n’est pas “de gauche”. Un totalitarisme en gants de velours s’est installé. On a banni avec horreur tous ceux que les “maîtres censeurs” nommaient “fachos” au seul motif qu’ils ne pensaient pas comme eux ! A l’instar de deux anciens premiers ministres, on a même fait fi de l'Histoire et abandonné toute défiance face à la bien réelle peste rouge. Tandis que Gabriel Attal, appelait à voter pour les bolchéviques de LFI, Edouard Philippe faisait de même pour les communistes.
Les Français semblent commencer à comprendre qu’ils ont été les victimes consentantes d’un marché de dupes. Ils ont été corrompus à leur corps défendant par des démagogues sans scrupule en quelque sorte.
Demain sera un autre jour. Verra-t-on poindre enfin à l'horizon, l'espoir de sortir de ce marasme dans lequel tout un pays s’est enlisé ?
Rien n’est moins sûr…

07 octobre 2025

Sauve Qui Peut

Les gouvernements se suivent et se ressemblent. A une cadence effrénée, pourrait-on dire. Le dernier en date est mort né, c’est dire…
Mais que dire de cette séquence tragi-comique qui joue les prolongations devant des spectateurs captifs d’un spectacle qu’ils avaient pourtant réclamé mais qui tourne à la débandade généralisée faute de scénario solide et d’acteurs de talent ?
On pourrait épiloguer sur le fiasco dans lequel est en train de se terminer le mandat présidentiel conféré par les électeurs à Emmanuel Macron. C’est trop tard, le mal est fait. Ainsi l’a voulu en toute connaissance de cause, le peuple souverain…

Restent une série de questions, sans espoir de réponse hélas, tant la situation paraît relever de l’absurdité la plus folle.
Après deux piteuses tentatives gouvernementales, comment M. Lecornu, qu’on disait fin politique, a-t-il pu accepter d’en mener une troisième, s’apparentant forcément à une mission suicide ?
Quelle sorte de rupture pouvait-il espérer en l’annonçant sur le perron de l’Hôtel de Matignon lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur François Bayrou ?
Comment oser après celà et après 27 jours de tergiversations, proposer un simple duplicata du précédent gouvernement, et prendre même un risque supplémentaire insensé en rappelant les calamiteux Bruno Lemaire et Eric Woerth ?
Comment Bruno Retailleau, après avoir accepté d’avaler beaucoup de couleuvres au sein du gouvernement démissionnaire, a-t-il pu accepter de retourner dans ce rafiot en perdition et oublier même de s’enquérir du nom du collègue nommé aux Armées ?
Comment, après avoir rendu son tablier, Sébastien Lecornu a-t-il pu accepter l'ultime mission farfelue proposée par un président déconfit, consistant à trouver pour un autre premier ministre que lui et en 48h, l’introuvable consensus de stabilité qu’il n’a pas réussi à mettre sur pied pour lui-même au terme d’un mois de stériles échanges avec les partis ?

Et comment Emmanuel Macron, élu et réélu à la charge suprême et qui avait tant d'atouts en main, a-t-il pu en arriver là ?
Sans doute est-ce avant tout de sa responsabilité, en raison de son incurable frivolité, de son inconséquence notoire, et de sa dévorante hubris. S’il faut trouver des circonstances atténuantes à la personne, on pourrait les trouver dans l’acharnement que les politiciens de tout poil et une société entière ont mis durant des décennies à fausser le jeu démocratique en excluant par principe un parti, au nom d’un grotesque Front Républicain.

J’ai retrouvé la trace d’une lettre adressée au magazine Valeurs Actuelles et publiée en mars 1998, un an après la funeste dissolution ordonnée par Jacques Chirac, qui avait mené la gauche plurielle au pouvoir. J’ai la faiblesse de penser qu’elle n’a pas trop perdu de son actualité :

“Les élections Régionales qui viennent de se dérouler vont probablement précipiter la décomposition de la « Droite traditionnelle ». Tant mieux, après tout, car il faut dire que l’obstination dans l’erreur, l’acharnement à déployer l’énergie à côté de la plaque, avaient rarement été portés à de telles extrémités! Le comble étant cette décision invraisemblable d’offrir à la Gauche Socialo-Communiste minoritaire, des régions où les électeurs avaient exprimé massivement un vote de droite. Après la dissolution inouïe de l’an dernier, ça restera dans les annales....
Adieu chefs usés, dépourvus d’idéal, on ne regrettera pas vos fatigantes pudeurs qui n’avaient même pas l’accent de la sincérité. Car n’ayant pas d’affinité particulière pour le Front National, je vois tout de même trop bien que les discours d’exclusion et les torrents de haine déversés chaque jour, proviennent rarement de l’accusé numéro un.
Après les oraisons enfarinées des pharisiens du temple collectiviste et la morale bécassinesque des dadais de la social-démocratie, peut-être enfin, peut-on caresser un espoir. Celui de voir émerger une force volontariste, moderne et libérale, dont l’objectif clair sera de redonner vigueur à notre pays, au risque d’accorder, sans a priori, quelque attention aux propositions d’un parti qui ne mérite pas plus que d’autres, l’ignominie dont on le couvre.”