16 décembre 2024

Le Paraître et le Néant

Le roué béarnais a fini par arriver à ses fins ! A la faveur du chaos politique qui règne en France, il est parvenu à imposer sa personne au Président de la République, en tant que premier ministre.
Aux yeux du Chef de l’Etat qui s'est fait, à ce qu'il paraît, tordre le bras en la circonstance, il n’y avait probablement pas pire choix, mais il n’en a pas trouvé de meilleur. C’est dire à quel point il est acculé.

Nul doute que la cohabitation sera houleuse. Emmanuel Macron a perdu son aura et toute crédibilité et n’a plus d’avenir politique. Il est faible.
Pour François Bayrou, c’est différent. On pourrait penser que cette nouvelle fonction soit son tardif bâton de maréchal (on pouvait penser la même chose pour Michel Barnier lors de sa nomination, il y a 3 mois à peine). Il y a fort à parier toutefois, qu’à l’instant présent, M. Bayrou, tardivement et laborieusement remis en selle, pense déjà à la prochaine échéance présidentielle, ce qu’il avait déjà fait par 3 fois en 2002, 2007, et 2012.
Il fera donc tout pour voler la lumière au Président, et s’en dédouaner, si toutefois il parvient à se maintenir à son poste, ce qui n’est pas gagné.
Pour l’heure, il n’a en effet rien d'autre à offrir que des mots et pas plus de majorité que son prédécesseur pour proposer le moindre projet.
Ajoutons que son bilan d’un demi-siècle de vie politique est proche du néant bien qu’il ait beaucoup bourlingué.
Ministre de l’éducation durant 4 ans (1993-1997), il n’a laissé aucune trace.
Son parti, le MODEM, bricolé en 2007 sur les ruines de l’UDF, à la destruction de laquelle il avait puissamment œuvré, n’a jamais vraiment décollé.
Il fut élu maire de Pau en 2014 grâce au soutien de l’UMP et à la mansuétude de Nicolas Sarkozy. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a pas fait d’étincelles.
Propulsé ministre de la justice en 2017, en remerciement de son ralliement très opportuniste à Emmanuel Macron, il n'y fit qu'un passage éclair d'un mois, avant d'être contraint à démissionner à cause d'une sombre histoire d'emplois fictifs au MODEM.
En lot de consolation, il obtint le poste de Haut Commissaire au Plan en 2020. Il n’y a produit que quelques insignifiantes analyses, “d’intérêt limité”, marquées par “une forte personnalisation”, d’après un rapport récent issu du Sénat.

Son parcours, semé de trahisons, d’atermoiements et de magouilles, est marqué par un égocentrisme démesuré.
Que peut-on espérer d’un tel Premier Ministre, dans un contexte des plus hasardeux ? Pas grand chose hélas…

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Me trompé-je, ou ai-je lu sous votre plume (si l'on peut dire, en nos temps électroniques), voici, des années, un billet plaçant vos espoirs dans un Bayrou qui paraissait plutôt libéral, au sens politique ? Vous avez dû être très déçu par le parcours sinueux - c'est le moins qu'on puisse dire - de ce personnage.

Bien cordialement,

Simon

Anonyme a dit…

J'ai beau chercher, je n'ai pas le souvenir d'avoir évoqué F. Bayrou sous un jour libéral. J'avais étudié son programme (si l'on peut dire) en 2007 et n'y avais trouvé que du centrisme de gauche assez informe. A l'époque il avait fait les yeux doux à Ségolène Royal et en 2012 il s'était rallié à François Hollande, c'est dire le libéralisme du personnage.
A vrai dire, il n'y a pas de politicien libéral en France, à l'exception d'Alain Madelin, qui fit moins de 5% lorsqu'il se présenta à la Présidentielle... La France est hélas un pays anti-libéral, sans doute pour longtemps !

Anonyme a dit…

Il est évident qu'il ne s'agissait alors pas de vous. Notez qu'en Belgique existent des partis se prétendant libéraux, mais il y loin de la coupe aux lèvres.

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci de ces précisions. Il est vrai que le mot même de libéral prête le flanc à beaucoup d'interprétations. Dans le monde anglo-saxon, sa signification est à l'opposé de celle qu'on utilise habituellement en Europe où il a été inventé. Je ne connais pas bien le monde politique belge mais il me semble que la mouvance politique libérale penche assez nettement à gauche. Le problème vient souvent qu'on cherche à dissocier libéralisme politique et économique. Si le premier est revendiqué par nombre de politiciens (avec beaucoup de contresens), le second est assez largement honni et combattu...
Bonne fin d'année.

Anonyme a dit…

Merci pour votre aimable réponse. Il y eut un parti libéral en Belgique : le PLP (parti pour la liberté et le progrès), devenu par la suite PRL (parti réformateur libéral) qui fut pour la dernière fois dirigé par un homme fidèle à ses convictions, Jean Gol, dont le décès prématuré déboucha sur une évolution qu'il aurait certainement contrecarrée (le parti devenant, à l'occasion d'une fusion, le MR, Mouvement réformateur). L'affaissement vers la gauche s'est produite sous la présidence de Louis Michel (le père de l'assez calamiteux Charles Michel), qui prônait un "libéralisme social".

Anonyme a dit…

Apparemment, la longueur des commentaires est contrainte. L'actuel président du MR se nomme Georges-Louis Bouchez. Il semble plus enclin que ses récents prédécesseurs à défendre un libéralisme relativement ferme. Malheureusement, comme toujours en Belgique, la formation du nouveau gouvernement fédéral prend des mois, alors que le MR devrait en faire partie.

Puissiez-vous passer une très bonne fin d'année et poursuivre en 2025 vos publications toujours aussi intéressantes que bien écrites.

Simon

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci pour ces précisions qui éclairent ma lanterne et qui me font prendre conscience de la complexité du microcosme politique belge. Vous n'avez rien à nous envier et réciproquement !
Tous mes meilleurs voeux pour 2025, en vous remerciant chaleureusement de vos commentaires toujours bienvenus, pertinents et fort amicaux.

Anonyme a dit…

Ma situation me permet de considérer les choses sous des angles divers : de père flamand, de mère wallonne, je me suis installé en Anjou voici une petite dizaine d'années, lorsque la "pension" fut venue, comme on dit en Belgique.
Effectivement, nos systèmes politiques et ceux qui ne le servent pas, mais s'en servent et s'y servent, n'a rien qui puisse nous rassurer quant à l'avenir de nos pays.
Mes meilleurs vœux et au grand plaisir de deviser de temps à autres avec vous.