Ce billet aurait tout aussi bien pu s’intituler Monkey Business, en hommage au film du même nom des Marx Brothers. L‘essentiel étant ici d’illustrer la nature insensée du cycle économique dans lequel nous nous trouvons.
La pandémie due au SARS-COV2 n’a fait qu’accélérer la glissade vertigineuse dans laquelle le monde s’est laissé aller, sous la férule paraît-il experte des financiers et grands argentiers qui régissent banques, budgets et monnaies.
Pour l’heure, la catastrophe maintes fois annoncée a été repoussée sine die mais on voit toujours plus de dépenses publiques, toujours plus de déficits, toujours plus d’argent en circulation, qui sont les trois moteurs du tourbillon enivrant dont on peut craindre, un jour ou l'autre, une évolution fracassante.
Il y a toujours une bonne raison pour justifier cette politique dispendieuse : acheter la paix sociale, lutter contre les “crises” itératives, soutenir tel ou tel secteur économique (après l'avoir étranglé par les réglementations ou la fiscalité...), ou bien encore, contrecarrer l’influence d’une épidémie…
On croyait avoir atteint les limites de ce jeu lors du krach de 2008. A l’époque, le Fonds Monétaire International (FMI) sermonnait les pays laxistes en matière budgétaire et les agences de notation sanctionnaient sévèrement tout écart à l’orthodoxie. L’heure était à l’austérité pour la Grèce, mais aussi pour le Portugal, l’Espagne, l’Irlande… Et tandis qu’on serrait la vis à ces derniers, les pays déjà les plus rigoureux augmentaient encore leurs efforts pour réduire leurs déficits, parvenant même comme l’Allemagne, à inverser la tendance en affichant des soldes budgétaires créditeurs et réduisant par la même, son endettement. La France fit mine de s’aligner sur les critères du traité de Maastricht et notamment finit par passer de justesse sous la barre des 3% du PIB en 2017, soit près de 10 ans après l’épisode des subprimes, et pas moins de 25 ans après la signature du traité sus-nommé.
Las ! Cette embellie ne dura guère…
Les banques centrales, sous l’influence du célèbre Mario Draghi, s’étaient mises en 2012 à pratiquer une politique beaucoup plus accommodante et déversèrent sur les marchés des masses colossales de monnaies, pour sauver l’Europe. Whatever It Takes devint le nouveau mot d’ordre, repris plus tard par Emmanuel Macron avec sa fameuse formule “quoi qu’il en coûte…”
Fort heureusement, l’inflation, pourtant habituelle en de telles circonstances, n’arriva pas. Ni les prix ni les salaires ne se mirent à flamber. En revanche, on assista à une fonte spectaculaire des taux d’intérêt. L’Italie qui empruntait à des taux supérieurs à 6% se voit aujourd’hui autorisée à le faire à 0,44% et la France fait partie des privilégiés qui peuvent emprunter à des taux négatifs, ce qui paraissait impensable à tout économiste normalement constitué !
L’effet immédiat des largesses de la BCE fut bénéfique, mais elles firent l’effet d’un véritable pousse-au-crime. Les dettes notamment celles contractées par les États furent littéralement dopées. Celle de la France qui était déjà importante, mais encore inférieure à 60% du PIB en 1995, a franchi allègrement les 120% en 2020 et rien ne semble plus devoir stopper sa croissance puisque par la magie de l’argent facile, on rembourse désormais moins que ce qu’on emprunte ! Si les taux négatifs atteignaient 5%, la dette s’effriterait des ⅔ en vingt ans sans que cela coûte un centime !
Certes ils n’ont pas encore atteint de tels chiffres mais la mécanique est enclenchée, à la manière d’une usure inversée, et le dindon de la farce n’est plus l’emprunteur mais le prêteur. L’épargne classique est devenue progressivement, de moins en moins rémunératrice et les quelques menus bénéfices engendrés par les livrets défiscalisés et l’Assurance Vie fondent comme neige au soleil.
Résultat, si l’inflation des prix semble jusqu’à présent contenue (mais pour combien de temps ?), c’est moyennant une érosion de l’épargne et un recours accru à toutes sortes d’expédients destinés à recueillir l‘excédent monétaire tout en alimentant la spéculation. Parmi ces derniers figurent le marché de l’immobilier, notamment dans les grandes villes, la Bourse dont certaines valeurs paraissent largement surestimées (Tesla par exemple, dont la capitalisation dépasse à elle seule celles additionnées de tous les autres constructeurs automobiles) et naturellement les cryptomonnaies, Bitcoin en tête, dont on parle beaucoup ces derniers temps et dont la valeur atteint des sommets vertigineux.
Ajoutons à tout cela que paradoxalement, durant cette crise sanitaire qui a plongé en léthargie une bonne partie des forces vives économiques, le nombre de faillites fut particulièrement bas, grâce aux mesures de soutien gouvernementales. Il s’agit évidemment dans nombre de cas d’une survie artificielle dont l’issue défavorable n’est que retardée…
Alors que l’épidémie semble enfin marquer le pas et que les beaux jours reviennent, l’avenir devient de plus en plus incertain. En France, l’endettement massif de l’État sert de plus en plus à couvrir des dépenses sociales et non d’investissement. Il y a donc peu de chances qu’on parvienne à le réduire. Face à ce trou qui ne cesse de s'approfondir, nombreux sont les économistes, très médiatisés et très politisés, qui réclament tout bonnement “l’annulation de la dette”. Cette pure folie, qui donnerait un sens effrayant au whatever it takes, ruinerait tous les créanciers de l’État, à commencer par les épargnants. Elle provoquerait sans nul doute un fort mécontentement des prêteurs étrangers et probablement de sévères représailles de leur part, en retour. Et comme il y a peu de chances qu’elle rende le gouvernement plus rigoureux en matière de gestion, de nouveaux gouffres auraient tôt fait de s’ouvrir. Mais trouverait-on des gens prêts à investir à nouveau dans la dette française, et si oui à quels taux, sans doute prohibitifs ?
La pandémie due au SARS-COV2 n’a fait qu’accélérer la glissade vertigineuse dans laquelle le monde s’est laissé aller, sous la férule paraît-il experte des financiers et grands argentiers qui régissent banques, budgets et monnaies.
Pour l’heure, la catastrophe maintes fois annoncée a été repoussée sine die mais on voit toujours plus de dépenses publiques, toujours plus de déficits, toujours plus d’argent en circulation, qui sont les trois moteurs du tourbillon enivrant dont on peut craindre, un jour ou l'autre, une évolution fracassante.
Il y a toujours une bonne raison pour justifier cette politique dispendieuse : acheter la paix sociale, lutter contre les “crises” itératives, soutenir tel ou tel secteur économique (après l'avoir étranglé par les réglementations ou la fiscalité...), ou bien encore, contrecarrer l’influence d’une épidémie…
On croyait avoir atteint les limites de ce jeu lors du krach de 2008. A l’époque, le Fonds Monétaire International (FMI) sermonnait les pays laxistes en matière budgétaire et les agences de notation sanctionnaient sévèrement tout écart à l’orthodoxie. L’heure était à l’austérité pour la Grèce, mais aussi pour le Portugal, l’Espagne, l’Irlande… Et tandis qu’on serrait la vis à ces derniers, les pays déjà les plus rigoureux augmentaient encore leurs efforts pour réduire leurs déficits, parvenant même comme l’Allemagne, à inverser la tendance en affichant des soldes budgétaires créditeurs et réduisant par la même, son endettement. La France fit mine de s’aligner sur les critères du traité de Maastricht et notamment finit par passer de justesse sous la barre des 3% du PIB en 2017, soit près de 10 ans après l’épisode des subprimes, et pas moins de 25 ans après la signature du traité sus-nommé.
Las ! Cette embellie ne dura guère…
Les banques centrales, sous l’influence du célèbre Mario Draghi, s’étaient mises en 2012 à pratiquer une politique beaucoup plus accommodante et déversèrent sur les marchés des masses colossales de monnaies, pour sauver l’Europe. Whatever It Takes devint le nouveau mot d’ordre, repris plus tard par Emmanuel Macron avec sa fameuse formule “quoi qu’il en coûte…”
Fort heureusement, l’inflation, pourtant habituelle en de telles circonstances, n’arriva pas. Ni les prix ni les salaires ne se mirent à flamber. En revanche, on assista à une fonte spectaculaire des taux d’intérêt. L’Italie qui empruntait à des taux supérieurs à 6% se voit aujourd’hui autorisée à le faire à 0,44% et la France fait partie des privilégiés qui peuvent emprunter à des taux négatifs, ce qui paraissait impensable à tout économiste normalement constitué !
L’effet immédiat des largesses de la BCE fut bénéfique, mais elles firent l’effet d’un véritable pousse-au-crime. Les dettes notamment celles contractées par les États furent littéralement dopées. Celle de la France qui était déjà importante, mais encore inférieure à 60% du PIB en 1995, a franchi allègrement les 120% en 2020 et rien ne semble plus devoir stopper sa croissance puisque par la magie de l’argent facile, on rembourse désormais moins que ce qu’on emprunte ! Si les taux négatifs atteignaient 5%, la dette s’effriterait des ⅔ en vingt ans sans que cela coûte un centime !
Certes ils n’ont pas encore atteint de tels chiffres mais la mécanique est enclenchée, à la manière d’une usure inversée, et le dindon de la farce n’est plus l’emprunteur mais le prêteur. L’épargne classique est devenue progressivement, de moins en moins rémunératrice et les quelques menus bénéfices engendrés par les livrets défiscalisés et l’Assurance Vie fondent comme neige au soleil.
Résultat, si l’inflation des prix semble jusqu’à présent contenue (mais pour combien de temps ?), c’est moyennant une érosion de l’épargne et un recours accru à toutes sortes d’expédients destinés à recueillir l‘excédent monétaire tout en alimentant la spéculation. Parmi ces derniers figurent le marché de l’immobilier, notamment dans les grandes villes, la Bourse dont certaines valeurs paraissent largement surestimées (Tesla par exemple, dont la capitalisation dépasse à elle seule celles additionnées de tous les autres constructeurs automobiles) et naturellement les cryptomonnaies, Bitcoin en tête, dont on parle beaucoup ces derniers temps et dont la valeur atteint des sommets vertigineux.
Ajoutons à tout cela que paradoxalement, durant cette crise sanitaire qui a plongé en léthargie une bonne partie des forces vives économiques, le nombre de faillites fut particulièrement bas, grâce aux mesures de soutien gouvernementales. Il s’agit évidemment dans nombre de cas d’une survie artificielle dont l’issue défavorable n’est que retardée…
Alors que l’épidémie semble enfin marquer le pas et que les beaux jours reviennent, l’avenir devient de plus en plus incertain. En France, l’endettement massif de l’État sert de plus en plus à couvrir des dépenses sociales et non d’investissement. Il y a donc peu de chances qu’on parvienne à le réduire. Face à ce trou qui ne cesse de s'approfondir, nombreux sont les économistes, très médiatisés et très politisés, qui réclament tout bonnement “l’annulation de la dette”. Cette pure folie, qui donnerait un sens effrayant au whatever it takes, ruinerait tous les créanciers de l’État, à commencer par les épargnants. Elle provoquerait sans nul doute un fort mécontentement des prêteurs étrangers et probablement de sévères représailles de leur part, en retour. Et comme il y a peu de chances qu’elle rende le gouvernement plus rigoureux en matière de gestion, de nouveaux gouffres auraient tôt fait de s’ouvrir. Mais trouverait-on des gens prêts à investir à nouveau dans la dette française, et si oui à quels taux, sans doute prohibitifs ?
Tant que la quasi totalité des banques centrales mènent à peu près la même politique, there is no alternative (TINA) comme disent les anglo-saxons et le système peut afficher une certaine stabilité apparente. Mais il suffirait que certaines parties du monde se désolidarisent de cette spirale infernale, que certaines bulles se dégonflent tout à coup, que l’inflation pointe le bout de son nez, ou bien encore que les taux d’intérêt décollent, pour que le cercle vertueux de la confiance se brise et avec elle tout le château de cartes financier dont elle constitue l’essentiel des fragiles fondations...