18 décembre 2020

Une église à sous-pape


Alors que l’islam monte en puissance un peu partout, affichant ses dogmes de manière de plus en plus impérative et que les manifestations de l’intégrisme, pour ne pas dire du radicalisme, se font chaque jour un peu plus présentes, la chrétienté, tout particulièrement semble s’enfoncer dans une crise existentielle majeure.

Menée depuis 2013 par le Pape François, premier du nom, l'Église Catholique se trouve en perte de repères, de conviction et pour tout dire de foi. Prétendre que le Saint-Père soit fautif de la désaffection croissante des fidèles serait excessif car l’affadissement de la religion chrétienne semble avoir commencé bien avant son pontificat.
Mais si on ne saurait lui faire porter un chapeau trop grand, le moins qu’on puisse dire est qu’il manque singulièrement de charisme et pire, que ses prises de positions conduisent à séculariser si ce n’est à désacraliser la mission dont il a la charge, tant elles relèvent davantage de l’idéologie partisane que de l’esprit saint…

Il avait pourtant commencé son règne sous les louanges. La plupart des observateurs ne cachaient pas leur sympathie pour ce pape qu’ils voyaient comme quelqu’un de plus ouvert et éclairé que son prédécesseur Benoit XVI, souvent considéré comme rétrograde, rigide pour ne pas dire plus…
La première encyclique de François, Lumen Fidei (la lumière de la foi) portait une magnifique espérance, selon laquelle il est possible d'élever son âme sans renier le progrès technique ni le confort matériel que la modernité a apportés. Il y était même affirmé que ces derniers, en allégeant nombre de charges pesant sur la chair, représentaient une vraie opportunité de consacrer un peu plus de temps à la spiritualité. Ce texte, faut-il le préciser, avait été largement préparé par Benoit XVI, mais on pouvait y trouver l'empreinte de François, notamment dans le discours appelant à une fraternité universelle et répétant notamment que la prospérité et l’utilité n'étaient pas des fins en soi.

Après ce premier acte, les choses prirent un tour bien différent. Tout se passa comme si le pape, du haut de son nouveau magistère, voulut donner raison à ceux qui lui reprochaient son passé militant et très engagé politiquement.
A l’occasion de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, publiée dès la fin de l’année 2013, il se livra notamment à une assez violente charge contre le libéralisme, dont ce blog s’est fait l’écho.
En 2015, avec l’encyclique Laudato Si, il se fit le chantre de l’écologie, et, quittant le domaine des cieux et des mystères divins, il crut bon, avec une naïveté confondante, d’enfourcher les lieux communs les plus éculés et les lapalissades les plus ronflantes sur le climat et la protection de l'environnement. Deux cents pages pour asséner qu’il fallait absolument sauvegarder notre “Maison commune”, qui est pour nous pauvres humains, “comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts.”
A cette occasion, il se fit accusateur, affirmant que l'homme était “le principal responsable” de ce qui est présenté comme une catastrophe. Il prôna “une certaine décroissance dans quelques parties du monde pour permettre une saine croissance en d’autres parties”. Il exhorta les pays riches à “cesser de faire porter aux plus pauvres les conséquences de leur mode de vie consumériste et de leur gaspillage.” Enfin, il condamna sans appel, selon la bonne vieille et inusable dialectique anti-libérale “la soumission de la politique à la technologie et aux finances, qui se révèle dans l’échec des sommets mondiaux sur l’environnement.”

Mais ces sermons, salués par toute l'intelligentsia gaucho-alter-écolo-bobo - qui n’a pourtant rien à faire du pape en tant qu’autorité spirituelle - n’ont pas dû paraître suffisants au souverain pontife qui vient de se délester coup sur coup d’une nouvelle encyclique et d’un livre ressassant les mêmes thématiques. Dans la première, intitulée Fratelli Tutti, il s’attaque, au nom de la fraternité, aux murs, murailles et frontières séparant les nations, qu’il entreprend de détruire avec des mots remplis d’emphase séraphique quand ils ne s'apparentent pas à de viles critiques ad hominem. Selon le pape, il convient d’accueillir bras ouverts et sans condition tous les migrants quelque soit leur origine, leur ethnie, leur religion et leurs motifs.
Il y va une fois encore de sa rengaine contre l’individualisme par essence “radical”, qu’il qualifie de “virus le plus difficile à vaincre”, et contre le libéralisme déconsidéré comme “pensée pauvre et répétitive qui poursuit comme objectif principal le gain facile [et] continue à faire des ravages.”
Il manifeste enfin bien peu de charité chrétienne envers les dirigeants des “pays riches” qui, contrairement à lui, ont les mains dans le cambouis pour améliorer le quotidien de leurs concitoyens. Il déchaîne ses foudres contre le pauvre Donald Trump en citant presque nommément le président américain, alors en pleine campagne électorale, au détour d’un anathème féroce : “un homme qui ne pense qu’à construire des murs, où qu’ils soient, et non à bâtir des ponts, cet homme-là n’est pas chrétien, car il n’applique pas l’Évangile.”

Il entre en définitive de moins en moins de théologie dans les propos de François, et de moins en moins de référence à Dieu et à la défense de l’église qu’il est supposé représenter et qui est bien malmenée. 
Le discours est bien intentionné mais verbeux, et derrière les exhortations faciles à la bonté universelle, le pape ne manifeste guère de compassion pour les chrétiens qui tombent sous les coups de nouveaux barbares exécutant leurs victimes au nom de Dieu. Son silence est assourdissant devant les attaques quotidiennes dont les églises sont l’objet à travers le monde. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne paraît pas très préoccupé par l’érosion dramatique du christianisme au génie duquel il ne contribue guère.
La meilleure preuve qu’il fait fausse route réside dans les éloges que fait de lui le rouge Mélenchon, indécrottable nostalgique du sang des révolutions. Lorsqu’il s’exclame « Ses mots ressemblent assez aux miens pour que j'en sois ému », on comprend hélas que la place la plus opportune pour
Jorge Mario Bergoglio dit "François" n’est sans doute pas celle qu’il occupe présentement et on se prend à penser que son chapeau est décidément trop grand pour lui.
En épousant les lubies les plus irresponsables de l’époque, en adoptant les crédos utopistes les plus niais, en pataugeant dans les contresens et les contradictions, le pape actuel illustre de manière édifiante le fameux mot de Bossuet : “Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets de ce dont ils chérissent les causes…”

1 commentaire:

claude a dit…

un jesuite reste un jesuite avec tout ce que cela comporte .....