Cette histoire qui reprend le thème rebattu du vengeur masqué évoque naturellement de prime abord le personnage emblématique de Zorro : solitude du héros, cape et chapeau noir, voltiges à l'arme blanche, paraphes en lettres de feu...
Pour s'en démarquer, les scénaristes ont tenté d'instiller un peu d'ambiguïté dans l'intrigue, et d'inattendu dans le manichéisme. Hélas ça donne en fait une sorte de galimatias sans queue ni tête, nourri d'allusions plutôt équivoques : D'un côté on découvre l'Angleterre soumise à un régime totalitaire qui justifie sa pression policière par des périls imaginaires, mais dont le peuple s'accommode assez bien, accroché qu'il est à son confort matériel. L'église y est comme il se doit, pervertie et inféodée au Pouvoir, l'homosexualité, synonyme d'intelligence et d'ouverture d'esprit est persécutée, et le Coran constitue la relique émouvante d'une culture bannie. L'Amérique quant à elle est en pleine décomposition « à cause des guerres qu'elle a entreprises... »
De l'autre côté, on suit les péripéties d'un justicier censé incarner le bien mais dont les jugements sont expéditifs. Il n'hésite pas « pour la bonne cause », à tuer, brutaliser, terroriser, ou à faire sauter joyeusement les symboles même de la démocratie que sont le Parlement et le Palais de Justice en se servant du métro pour véhiculer ses bombes...
Au final le sentiment qui domine, c'est celui d'assister à une farce sinistre qui s'épuise en bavardages sentencieux et invraisemblances ridicules. L'esthétique léchée de BD post-moderniste ne parvient à sauver cette douteuse aventure qu'on voit s'achever non sans un certain soulagement. INDEX-CINEMA
31 août 2006
V pour vendetta : vers le meilleur des mondes ?
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