La crise internationale rentre dans une nouvelle phase. Elle semble désormais se concentrer sur la vieille Europe, spécialement dans sa partie occidentale.
Et par une étrange ironie du sort, au moment de commémorer la capitulation de l'Allemagne en 1945, c'est au bon vouloir de cette dernière que le sort de l'euro est suspendu...
Aujourd'hui l'Allemagne apparaît en effet comme le vrai maillon fort d'un conglomérat en grand danger de délabrement. En dépit du fardeau faramineux dont elle a hérité il y a vingt ans avec la chute du Mur et la réunification, elle peut se flatter d'avoir la situation économique la moins mauvaise des pays de la zone euro. Elle est certes fortement endettée, mais est parvenue à endiguer son déficit (3,2% en 2009, 5% prévu en 2010), a procédé à beaucoup de réformes structurelles et son dynamisme industriel lui permet de garder la seconde place mondiale en terme d'exportations.
Nicolas Sarkozy a tout intérêt à tenter de préserver un axe fort entre Paris et Berlin (« l'axe franco-allemand est indestructible » a-t-il répété encore hier à Bruxelles), mais chacun peut voir en filigrane, que la France n'est pas en mesure d'imposer grand chose. Avec une dette dont on ne parvient même pas à connaître le chiffre exact, autour de 1500 milliards d'euros, représentant au moins 80% du PIB, et un déficit autour de 8% (7,9% en 2009), la France ne vaut guère mieux que les pays les plus fragilisés à l'instant présent (il faut rappeler que les critères de Maastricht imposaient aux pays membres de la zone euro une dette inférieure à 60% du PIB et un déficit n'excédant pas 3%...)
Nicolas Sarkozy a tout intérêt à tenter de préserver un axe fort entre Paris et Berlin (« l'axe franco-allemand est indestructible » a-t-il répété encore hier à Bruxelles), mais chacun peut voir en filigrane, que la France n'est pas en mesure d'imposer grand chose. Avec une dette dont on ne parvient même pas à connaître le chiffre exact, autour de 1500 milliards d'euros, représentant au moins 80% du PIB, et un déficit autour de 8% (7,9% en 2009), la France ne vaut guère mieux que les pays les plus fragilisés à l'instant présent (il faut rappeler que les critères de Maastricht imposaient aux pays membres de la zone euro une dette inférieure à 60% du PIB et un déficit n'excédant pas 3%...)
Le plus effrayant est de regarder l'évolution de cette dette dans le temps. Depuis une trentaine d'années, elle n'a cessé de croitre, passant de 21% du PIB en 1978 à 84% prévus en 2010.
Devant ces chiffres et ces tendances, un constat s'impose : contrairement à ce qu'on nous a seriné depuis des mois, la crise n'est pas celle du libéralisme, mais bien celle des États.
On voit d'ailleurs que les pays qui incarnent le mieux au plan économique le modèle capitaliste sont actuellement les moins touchés : Chine, Inde, Europe de l'Est... Les Etats-Unis, quant à eux, grâce à une réactivité globalement encore assez bonne, ont amorcé une reprise sensible (300.000 emplois pour le seul mois d'avril, 3% de croissance du PIB prévus en 2010).
En revanche, la crise concentre désormais ses effets néfastes sur les pays les plus avancés dans le chemin vers l'Etat-Providence.
Pour l'heure, à l'instar de la France, ils refusent d'accepter cette évidence, incriminant toujours la responsabilité des marchés, et fustigeant les attaques de mystérieux spéculateurs (« désormais les spéculateurs doivent savoir qu'ils en seront pour leurs frais » a prévenu M. Sarkozy).
Tout en plaidant pour la lutte contre les déficits, ils continuent de préconiser les programmes de relance gouvernementaux, et les emprunts, se livrant eux-mêmes à d'incroyables spéculations (quel argent peut-on prêter lorsqu'on est soi-même endetté jusqu'au cou ?).
Tout en plaidant pour la lutte contre les déficits, ils continuent de préconiser les programmes de relance gouvernementaux, et les emprunts, se livrant eux-mêmes à d'incroyables spéculations (quel argent peut-on prêter lorsqu'on est soi-même endetté jusqu'au cou ?).
Les chefs d'états, réunis à Bruxelles le vendredi 7 mai, ont annoncé un train de mesures aussi déterminées qu'imprécises : mettre en place une « ligne de défense de la zone euro », renforcer les «mécanismes de stabilisation ». M. Berlusconi a parlé « d'état d'urgence », Nicolas Sarkozy de « mobilisation générale ». En chœur, tous ont promis « d'utiliser toute la gamme des instruments disponibles » , d'appliquer des « sanctions plus sévères » vis à vis des Etats trop laxistes (ils le sont tous pour l'heure...)...
Tout cela donne un peu un sentiment de panique et d'improvisation. D'autant que ceux qui réclamaient à grands cris des régulations et des contrôles pour les marchés, les refusent ou minimisent leur importance vis à vis des politiques gouvernementales. Les Socialistes ne veulent pas entendre parler de rigueur, Dominique Strauss-Kahn, président du FMI, et même l'Elysée conseillent de ne pas trop "faire confiance" aux fameuses agences de notations indépendantes (tout en préconisant la mise sur pied d'une agence européenne, qui serait par nature, inféodée au pouvoir politique) ...
Tandis que l'Euro amorce une descente dangereuse, la mise sur pied en catastrophe d'un « fonds de soutien » aux pays en difficulté, dont la Grèce va commencer par pomper 115 milliards d'euros, s'inscrit dans une sorte de fuite en avant. Est-ce la solution ? Peut-on encore éviter le délitement de la monnaie unique, qui aurait pour conséquence probable l'anéantissement définitif de l'idée européenne en tant que fédération de nations ? Ce serait une catastrophe dans le contexte de la fameuse mondialisation, mais hélas, c'est bien la question du jour.
Graphique : Wikipedia
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