A chaque publication d'un rapport de la Cour des Comptes, épinglant telle ou telle administration, tel ou tel dispositif étatisé, la question qui vient aux lèvres est la suivante : Mais à quoi sert donc cette officine, elle-même sous tutelle étatique ?
Son diagnostic est en effet habituellement sévère et ses recommandations impératives, mais en réalité tout le monde s'en moque, le gouvernement en premier lieu.
Le dernier opus de cette vénérable institution, supposée pointer une fois de plus les dérives et la gabegie de l'Etat, consacré à la Sécurité Sociale, n'a pas échappé à la règle. Parmi la multitude de recommandations bien intentionnées, les médias avides de faits croustillants firent tout un plat de la proposition étonnante de « dérembourser » totalement les frais d'optique par la Sécurité Sociale. Proposition un tantinet saugrenue quand on songe que ce secteur d'activité est déjà largement abandonné aux mutuelles privées qui prennent en charge 3,7 milliards d'euros de dépenses, tandis que l'Assurance Maladie obligatoire n'en éponge que 200 millions...
Ça n'a pas empêché la ministre de la santé Marisol Touraine, de monter aussitôt au créneau et d'assurer le plus sérieusement du monde « qu'il n'y aurait pas de déremboursement des lunettes ! »
Peut-on imaginer situation plus grotesque ? Les uns brandissant pour la énième fois leur bâton pour sanctionner un dysfonctionnement flagrant du système qu'ils sont supposés contrôler, et l'autre, chargée d'en garantir la bonne gestion, faisant semblant d'ignorer ces admonestations, comme si de rien n'était ! On se croirait chez Guignol !
Pire, quelques jours plus tard, madame Touraine, comme si elle y prenait un malin plaisir, continuait de plus belle à l'encontre des préconisations des sages la Cour des Comptes. Elle annonçait en effet à grand fracas, la généralisation du « tiers payant » !
Déjà en vigueur faut-il le rappeler, pour la délivrance de médicaments en pharmacie, et pour tous les soins pour les bénéficiaires de la CMU-C et de l'AME (aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers en situation irrégulière), cette disposition devrait achever de déresponsabiliser les assurés sociaux en même temps qu'elle signe la nationalisation du système de santé. Elle consacrera en effet le mythe de la gratuité des soins en France, et fera disparaître de fait, le paiement à l'acte.
A l'occasion de l'annonce de ces mesures insensées on a pu entendre quelques économistes distingués, lors de l'émission d'Yves Calvi Mots Croisés, affirmer que les dépenses liées à l'AME n'étaient qu'une goutte d'eau dans l'océan du déficit de la Sécurité Sociale. Certains considérant même qu'on pouvait tout simplement négliger ces quelques dérisoires centaines de millions d'euros si généreusement distribués ! Ils allèrent même encore plus loin, en clamant qu'il s'agissait d'une mesure de salubrité publique car selon eux, en facilitant ainsi l'accès aux soins, on évitait la propagation d'un certain nombre de maladies notamment contagieuses, parfois très résistantes...
Comment peut-on avoir une aussi courte vue, et occulter l'inflation inquiétante de ces dépenses ? Le coût de l'AME ne cesse de progresser. Il a été multiplié par 8 depuis sa création en 2000 par le gouvernement Jospin, passant d'à peine 75 millions d'euros à 600 ! Depuis 2009 la croissance annuelle n'est pas en dessous de 10%, largement supérieure à l'inflation et à la dérive des dépenses de santé du reste de la population (la progression de l'Objectif National des Dépenses de Santé de l'Assurance Maladie est quant à elle limitée à 2,5%). Il y a donc tout lieu de penser que cette manne, loin de contenir l'expansion des maladies, agit comme une pompe aspirante pour un nombre croissant d'étrangers rencontrant des difficultés pour se faire soigner chez eux. A continuer d'alimenter ce dispositif, on risque donc à l'inverse de ce que prétendent les beaux parleurs, de favoriser l'importation de pathologies lourdes ou délicates à soigner, et à vouloir le généraliser, de se ruer sur l'iceberg monstrueux qui se cache sous son apparence anodine...
Son diagnostic est en effet habituellement sévère et ses recommandations impératives, mais en réalité tout le monde s'en moque, le gouvernement en premier lieu.
Le dernier opus de cette vénérable institution, supposée pointer une fois de plus les dérives et la gabegie de l'Etat, consacré à la Sécurité Sociale, n'a pas échappé à la règle. Parmi la multitude de recommandations bien intentionnées, les médias avides de faits croustillants firent tout un plat de la proposition étonnante de « dérembourser » totalement les frais d'optique par la Sécurité Sociale. Proposition un tantinet saugrenue quand on songe que ce secteur d'activité est déjà largement abandonné aux mutuelles privées qui prennent en charge 3,7 milliards d'euros de dépenses, tandis que l'Assurance Maladie obligatoire n'en éponge que 200 millions...
Ça n'a pas empêché la ministre de la santé Marisol Touraine, de monter aussitôt au créneau et d'assurer le plus sérieusement du monde « qu'il n'y aurait pas de déremboursement des lunettes ! »
Peut-on imaginer situation plus grotesque ? Les uns brandissant pour la énième fois leur bâton pour sanctionner un dysfonctionnement flagrant du système qu'ils sont supposés contrôler, et l'autre, chargée d'en garantir la bonne gestion, faisant semblant d'ignorer ces admonestations, comme si de rien n'était ! On se croirait chez Guignol !
Pire, quelques jours plus tard, madame Touraine, comme si elle y prenait un malin plaisir, continuait de plus belle à l'encontre des préconisations des sages la Cour des Comptes. Elle annonçait en effet à grand fracas, la généralisation du « tiers payant » !
Déjà en vigueur faut-il le rappeler, pour la délivrance de médicaments en pharmacie, et pour tous les soins pour les bénéficiaires de la CMU-C et de l'AME (aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers en situation irrégulière), cette disposition devrait achever de déresponsabiliser les assurés sociaux en même temps qu'elle signe la nationalisation du système de santé. Elle consacrera en effet le mythe de la gratuité des soins en France, et fera disparaître de fait, le paiement à l'acte.
A l'occasion de l'annonce de ces mesures insensées on a pu entendre quelques économistes distingués, lors de l'émission d'Yves Calvi Mots Croisés, affirmer que les dépenses liées à l'AME n'étaient qu'une goutte d'eau dans l'océan du déficit de la Sécurité Sociale. Certains considérant même qu'on pouvait tout simplement négliger ces quelques dérisoires centaines de millions d'euros si généreusement distribués ! Ils allèrent même encore plus loin, en clamant qu'il s'agissait d'une mesure de salubrité publique car selon eux, en facilitant ainsi l'accès aux soins, on évitait la propagation d'un certain nombre de maladies notamment contagieuses, parfois très résistantes...
Comment peut-on avoir une aussi courte vue, et occulter l'inflation inquiétante de ces dépenses ? Le coût de l'AME ne cesse de progresser. Il a été multiplié par 8 depuis sa création en 2000 par le gouvernement Jospin, passant d'à peine 75 millions d'euros à 600 ! Depuis 2009 la croissance annuelle n'est pas en dessous de 10%, largement supérieure à l'inflation et à la dérive des dépenses de santé du reste de la population (la progression de l'Objectif National des Dépenses de Santé de l'Assurance Maladie est quant à elle limitée à 2,5%). Il y a donc tout lieu de penser que cette manne, loin de contenir l'expansion des maladies, agit comme une pompe aspirante pour un nombre croissant d'étrangers rencontrant des difficultés pour se faire soigner chez eux. A continuer d'alimenter ce dispositif, on risque donc à l'inverse de ce que prétendent les beaux parleurs, de favoriser l'importation de pathologies lourdes ou délicates à soigner, et à vouloir le généraliser, de se ruer sur l'iceberg monstrueux qui se cache sous son apparence anodine...
4 commentaires:
qu'importe les pathologies, seule compte la prise de poids des listes electorales pour 2017
Très juste.
Vous oubliez aussi de précisez que cette chère dame a supprimé il y a qq semaines le "forfait" dans l'AME qui, bien que faible, était quand même un rempart à la gabegie des dépenses de ce poste.
http://www.20minutes.fr/politique/964487-papiers-gouvernement-va-supprimer-forfait-30-euros-aide-medicale-etat
Mais que voulez vous, du caramel glacé distribué par le gouvernemama, ça n'a pas de prix
Bien à vous
Merci, cher Pierre-Henri, pour cette belle analyse. Ubu roi ferait mieux que nos gouvernants. Ils sont consternants. On se demande s'ils ont encore une idée de ce qu'est le réel. Pour le système de santé, c'est foutu. Oui, il est nationalisé. Et nos médecins les mieux formés iront s'installer ailleurs !
A bientôt.
Bonjour Pierre,
Bon, rien à voir ce billet {excellent, au passage}, juste pour vous donner la nouvelle adresse de mon blog :
mon-espace-culturel.blogspot.com
Cordialement.
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