Même si l'on ne connaît le peintre japonais Hokusai (1760-1849) que par ouï dire, on ne peut ignorer qu'il fit des vagues…
A la veille d’une grande rétrospective qui lui sera consacrée prochainement à Nantes, on peut se laisser tenter par le film du cinéaste japonais Hajime Hashimoto, sorti en 2020 qui raconte - en partie - sa destinée étonnante.
Vie longue est complexe s’il en fut. L’homme fut difficile à suivre. Rien qu’en patronymes, on le connaît sous pas moins de 120 noms et pseudonymes !
Le film tente d’approcher quelques périodes clés de ce parcours trépidant très anticonformiste, épris de liberté, parfois même rebelle, resté pour une large part mystérieux.
A cheval sur les XVIIIème et XIXème siècles, il illumina de sa patte colorée extrêmement novatrice, l'art pictural au pays du soleil levant. On le considère souvent comme le précurseur du genre manga (nom générique donné d’ailleurs à ses carnets de croquis). Mais outre son talent d’illustrateur élégant et de coloriste audacieux, il exprima une symbolique puissante d’une modernité étonnante et d’une poésie aérienne, parfois éthérée.
C’est ce que montre avec un certain succès le film qui s’attache à créer une ambiance hiératique, ultra dépouillée, très japonaise en somme.
La réalisation est des plus soignées, et les images somptueuses. L’itinéraire de l'artiste est raconté de manière aussi légère que le pinceau déposant un filet d'encre sur le papier. L’art est ici tout en finesse, et en délicatesse.
En se focalisant sur quelques épisodes, le réalisateur encourt toutefois le reproche d'effleurer le sujet, de le survoler plutôt que d'explorer l'œuvre et la longue vie du peintre (il s'éteignit à presque 89 ans). Au surplus, il déroute quelque peu en pratiquant des sauts chronologiques en forme de grands écarts, voire en prenant quelques libertés avec la réalité historique (le sort tragique de l'écrivain Tanehiko par exemple).
Il n’en reste pas moins qu’une fois contemplés, ses paysages extatiques flottant entre mer et ciel, ses cascades cataractant en réseaux arachnéens, ses poulpes aux tentacules lascifs, et bien sûr sa grande vague s'élevant irrésistiblement à la manière d’une montagne, restent gravés dans la mémoire, témoignant de la richesse et de l'originalité de la culture extrême-orientale.
L’influence d'Hokusai fut considérable. Entre autres exemples, on pense à Kamisaka Sekka qui inscrivit une oeuvre marquée par cet héritage à la jonction des XIXème et XXème siècles… En Europe, on lui doit la mode du japonisme à laquelle cédèrent nombre de peintres impressionnistes. Sa modestie était proverbiale. A l’article de la mort, il prononça ces mots d’une humilité touchante : « Si le ciel m'avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j'aurais pu devenir un véritable peintre… »
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