26 février 2025

Le drapeau noir flotte sur la marmite

Notre pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Marasme à tous les étages : politique, décisionnel, juridictionnel, idéologique. En lieu et place du fameux bouillon de culture qui infusait autrefois (il y a bien longtemps...), il ne reste qu’une infâme marmite, dans laquelle il n’y a plus ni jus ni effervescence. Juste la pression croissante de gaz nauséabonds à l’effet asphyxiant.

On sait depuis belle lurette qu’en France la liberté d’entreprendre est très contrainte par une bureaucratie prolifique et une fiscalité décourageante. Le droit de s'exprimer est quant à lui sévèrement réglementé par des lois iniques interdisant tout propos supposé heurter la doxa régnante. Des commissaires tatillons peuplent une myriade de petits soviets à la solde du gouvernement. Ils calculent à la seconde près le temps de parole de chacun, évaluant leur teneur politique à l'aune du credo bien pensant officiel, et infligent des amendes exorbitantes aux contrevenants.
Aujourd’hui, on a franchi un nouveau cap.
Désormais, la chape s'abat sur les médias libres.

Cette semaine sera marquée par la fermeture arbitraire de deux chaînes de télévision privées, C8 et NRJ12. Les deux étaient florissantes en matière de popularité. Elles offraient à ceux qui le souhaitaient des émissions variées, mêlant divertissement, réflexion, culture, documentation, vie animale… C8 était même parmi les chaînes de la TNT, celle qui avait le plus d’audience, ne coûtant rien au contribuable.
Dans quel régime sommes-nous donc pour en arriver à de telles extrémités ?

La décision est inepte, injuste, abracadabrante, mais le pire est qu’elle passe sans rébellion ou quasi.
Le Conseil d’Etat a validé l'oukase émis par l’ARCOM. Le Chef de l’Etat n’a pas bougé un sourcil, plaidant de manière hypocrite l'indépendance de l’ARCOM, mise en place par ses soins. Alors que la menace d’une démission aurait dû s'imposer pour éviter une telle crapulerie partisane, aucun des ministres n’a bronché, pas même celle de la culture. Ils se sont bornés, comme Tartuffe, à déplorer avec des larmes de crocodile le fait accompli. Hormis quelques exceptions notables, on n'entend rien du côté des journalistes prétendument attachés à la liberté et à l’indépendance des médias, et pas davantage venant des associations clamant la défense des droits de l’homme et la liberté d’opinion.

Le 1er Mars 2025, lorsque apparaîtront les deux trous noirs au sein du paysage audio-visuel français, ce sera un jour de honte pour le pays, et d’indignité pour tous ceux qui se seront tus devant l’infâmie. Honneur au vice-président américain Vance, qui alerta notre vieux continent sur la faillite en cours de la liberté d’information et d’expression sur notre vieux continent.
Mais est-il déjà trop tard pour s’opposer au règne débilitant de la censure ?

23 février 2025

Donald Trump est-il illuminé ?

Pas un jour sans qu’on parle de lui. Le Monde semble graviter autour de son imposante silhouette de commandeur et chacune de ses paroles devient sujet d’actualité. Dire qu’il fait la pluie et le beau temps serait excessif, mais il est évident que la Maison Blanche est devenue the place to be.
Le parler rude et provocateur de Donald Trump hérisse beaucoup d’âmes sensibles. Ce n’est pourtant ni nouveau ni surprenant et cela ne semble guère le perturber. Depuis longtemps, il a pris l’habitude d’être “l’homme que les médias adorent détester”. Il ne s’en émeut pas et se fait un devoir de prendre le contre-pied des a priori haineux qui se déversent sur lui. On se souvient notamment des révélations qu’il fit dans un ouvrage publié avant 2016 :“Je n’hésite jamais à faire parler de moi en étant polémique ou en contre attaquant.../… Il m’arrive de faire des commentaires choquants, leur donnant ainsi ce qu’ils attendent…./…. Ils savent ce que j’ai dit, ils savent ce que j’ai voulu dire, mais ils en font des citations tronquées ou bien les interprètent de manière à en donner un sens différent.../… J’ai toujours attiré une foule de journalistes qui attendaient comme des requins que je fasse couler le sang… J’essaie d’honorer cette attente !”

Après un instant de calme relatif dû au choc de sa réélection magistrale, voilà les anti-Trump primaires qui reviennent à la charge.
Pour beaucoup de ces gens, le nouveau président américain serait un fou dangereux.
Les plateaux télévisés sont remplis d’experts qui se targuent de décrypter sa pensée, sa politique et ses objectifs en soulignant systématiquement leur caractère néfaste si ce n’est délirant. Cela ne les empêche nullement d’affirmer dans le même temps qu’il est imprévisible. On n’est plus à un paradoxe près !

A y regarder de plus près et à considérer ce que Trump fait plutôt que prendre au pied de la lettre tout ce qu’il dit, on n’est pas si loin des fameuses Lumières d’autrefois, qu’il est convenu de vénérer sans toujours bien comprendre leur enseignement. On pourrait en somme dire qu’il est illuminé au bon sens du terme.
Deux exemples pour s’en convaincre :
Son fameux Art dof the Deal, ne s’inscrit-il pas dans l’esprit du doux commerce vanté par Montesquieu ?
Ce dernier posait dans l’Esprit des Lois, que «L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une à intérêt à acheter, l'autre a intérêt à vendre, et toutes les unions sont fondées sur des besoins naturels...».
On accuse régulièrement le tycoon devenu homme d’État d’être resté avant tout un affairiste, âpre au profit. Si c’est vrai, n’est-il pas tout simplement dans la lignée de beaucoup de ses prédécesseurs ? On se souvient notamment du président Coolidge qui affirmait en 1925 que « L’affaire de l’Amérique c’est de faire des affaires ».
On lui reproche son slogan America First et plus récemment son fameux MAGA. On lui en veut d’être protectionniste. Il suffit pourtant de lire ses écrits pour savoir que s’il l’est, ce n’est que par pur pragmatisme et non par conviction idéologique. S’il brandit souvent la menace des droits de douane, il la met rarement à exécution, préférant de loin la négociation au conflit, tout en cherchant ce qui semble bien naturel, à préserver les intérêts de son pays. Les dirigeants français sont mal placés pour lui en faire reproche, eux qui après avoir tout fait pour plomber l'agriculture locale et pousser les entreprises à délocaliser, rivalisent de chauvinisme. Il se gargarisent bien vainement du made in France et cherchent par tous les moyens à bloquer le traité de libre échange du MERCOSUR avec l’Amérique du Sud. Mieux vaut en rire...

D’une manière générale, Trump répugne à la guerre. Sa stratégie, parfaitement résumée dans l’ouvrage cité plus haut consiste à “user de douceur et brandir un gros bâton…” “Nous avons besoin”, dit-il, “d’une armée si forte que nous n’aurions pas besoin de nous en servir”. Quoi de scandaleux ? Ce n’est jamais que le bon vieux principe romain si vis pacem, para bellum
On a fait des gorges chaudes de sa proposition d’associer le Canada aux États-Unis et de trouver un compromis associatif avec le Groenland. Pourtant, objectivement, ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle formulation du projet kantien de paix perpétuelle « Si par bonheur un peuple puissant et éclairé en vient à former une république (qui par nature doit tendre vers la paix perpétuelle), alors celle-ci constituera le centre d’une association fédérale pour d’autres états, les invitant à se rallier à lui afin d’assurer de la sorte l’état de liberté des Etats conforme à l’idée du droit des gens. »
On pourrait s’étonner que l’Europe, mère patrie de Kant et des Lumières, ne s’inscrive pas dans cette perspective excitante dans laquelle il y aurait beaucoup à gagner. Il suffit d’imaginer la puissance qu’aurait une alliance de fédérations de part et d’autre de l’Atlantique pour se désoler de voir toujours ramenées au niveau de l’antagonisme les relations entre le vieux continent et le nouveau.

En à peine plus d’un mois de gouvernement, l'application de ces principes assez simples a fait bouger les lignes. Naturellement, on ne saurait tirer de conclusions hâtives à propos de l'action du président fraîchement réélu. Mais le bilan de son premier mandat plaide en sa faveur et certaines avancées sont réelles.
Le Hamas se voit enfin contraint de libérer les otages israéliens et un projet ambitieux pour la région se dessine à l’horizon.
La fin du conflit entre la Russie et l’Ukraine apparaît comme possible, même s’il faut regretter la défaite de cette dernière, contrainte de céder du terrain. C'était hêlas prévisible dès le début du conflit, faute d’engagement direct des puissances occidentales et faute même d'avoir défini la moindre ligne rouge. Il faut en la circonstance déplorer l’impuissance chronique de l’Europe, généreuse en paroles mais incapable d’articuler la moindre stratégie concrète.
Certains semblent nourrir encore des pensées bellicistes. C’est pure vanité car à moins de provoquer une conflagration mondiale insensée, l’heure est venue de faire cesser ces vaines atrocités et de réamorcer des relations avec la Russie. C’est ce que veut faire Trump. Hélas, dans cette négociation, nous ne pouvons espérer qu’un petit strapontin, à la mesure du poids devenu dérisoire et de la faiblesse de l’Europe, plus incohérente et indéterminée que jamais.

Il faut souhaiter que le grand bouleversement qui s’annonce ne soit pas gâché par les a priori et les outrances qui fusent de toute part.
Dans ce contexte, il paraît dérisoire d’accuser Donald Trump d’être fautif d’un état de fait dû à l'incurie des gouvernants qui l’ont précédé.
Pour ces raisons, même si cela peut sembler choquant, il faut espérer que l’Administration Trump obtienne des résultats positifs durables et qu’elle ouvre la voie au retour du bon sens de la raison.

14 février 2025

L'IA entre pitrerie et pragmatisme

Le récent sommet parisien consacré à l’Intelligence Artificielle (IA) a permis à notre président, en mal d’occupations sérieuses, de s’amuser comme un petit fou.
L’entretien qu’il donna sous la houlette de l’ineffable Laurent Delahousse, face à une journaliste indienne médusée par son arrogance, restera sans doute dans les annales. En partie parce qu’aucun des deux interviewers ne put placer un traître mot ni la moindre question tant les envolées lyriques du maître de cérémonie furent aussi intarissables qu'imperturbables.
Sans doute aussi en raison du petit montage vidéo que le Chef de l’Etat crut bon de présenter au monde entier, le montrant travesti, par le biais d’un logiciel, en toutes sortes de créatures plus grotesques les unes que les autres. Le ridicule ne tuant pas, il afficha une satisfaction béate, pensant que son petit effet à deux balles, amuserait la galerie à défaut de renseigner sur le sujet du jour et surtout de grandir son image passablement détériorée. Il ne s’attendait pas à la réaction de la journaliste Palki Sharma Upadhyay qui parvint à décocher un passing shot, affirmant que la farce “n’était vraiment pas drôle”.
L’orateur arrêté net, fut quelque peu douché par cette remarque assassine mais très opportune, à laquelle il n’est à l’évidence pas habitué, venant de la presse complaisante qui l’interroge habituellement.
Cela ne l’empêcha pourtant pas de repartir à l’assaut, se livrant à un auto-dithyrambe aussi creux que flamboyant, vantant l’avance de l’Europe en matière de balisage légal. Dans l’élan, il fit miroiter les perspectives fabuleuses qui pourraient s’ouvrir grâce à son action personnelle, évoquant notamment les quelque 109 milliards d’euros d’investissement qui vont tomber du ciel un de ces jours, on ne sait trop pour quoi faire.

On ne retiendra probablement pas ces pitreries et ces tartarinades qui ne font pas honneur à notre pays et qui consacrent l’impuissance structurelle de notre machine étatique, forte en vœux pieux mais timorée en matière d’actions concrètes.
Que restera-t-il donc de cette réunion pompeuse, consacrée bien davantage aux notions nébuleuses d’éthique, d’inclusion, d'écologie et de régulation, qu’aux débouchés pratiques de ce qu’il est convenu de nommer intelligence artificielle ?

Sans doute avant tout, l'intervention de J.D. Vance, vice-président américain, beaucoup plus pragmatique et sans fioriture ni artifice, qui envoya au sein de ce festival de beaux projets théoriques quelques missiles parfaitement ciblés.
Il affirma que les États-Unis feront «tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance en matière d'IA», non sans avoir rappelé que son pays est "le leader" dans le domaine et qu’il entend le rester. Visant les réglementations européennes destinées à contrer l’influence américaine et celle de leurs géants technologiques, il se lança ensuite dans un réquisitoire au vitriol “contre tout ce qui pourrait restreindre la marge de manœuvre des entreprises”. Ce serait ajouta-t-il «une terrible erreur, non seulement pour les États-Unis mais aussi pour votre propre pays», a-t-il ajouté.
Il fustigea sans ménagement la bureaucratie procédurière régnant en Europe et dénonça une «régulation excessive» de l'intelligence artificielle qui «pourrait tuer une industrie en plein essor», soulignant la nécessité de mettre en place «des régimes réglementaires internationaux qui favorisent la création de technologies d'IA au lieu de l'étouffer».
Sur ce, il quitta discrètement le sommet, sans prendre le temps d’écouter les conclusions emphatiques d’un Emmanuel Macron, plus hors sol que jamais.
A bon entendeur, salut...

11 février 2025

Exhibitions barbares

L’accord de cessez-le-feu et d’échanges enfin obtenu entre Israël et le Hamas, donne lieu à un marchandage atroce, distillé au compte-gouttes. D’un côté des otages, civils, captifs innocents de monstres depuis 500 interminables journées, de l’autre des combattants et des terroristes, souvent responsables d’attentats et de meurtres. Avec une balance inégale : des dizaines de prisonniers contre un seul otage. Israël résigné, mais meurtri jusqu’au plus profond de sa société et de ses familles, n’a pas le choix. C’est ça ou rien.
Le chœur des droits-de-l’hommistes ne s’émeut guère de cet ignoble trafic d’êtres humains. Certains médias bien pensants n’ont même pas hésité, sans doute pour faire bonne mesure, à qualifier les prisonniers palestiniens “d’otages”.
L’horreur est portée à son comble, lorsqu’on voit à chaque transfert sordide, les victimes juives décharnées, portant dans leur chair l’évidence de sévices, de violences et de privations, exhibées et humiliées sur des estrades de foire par des brutes armées et encagoulées.
On en vient à comprendre les pays voisins, réputés favorables à la cause palestinienne, lorsqu'ils manifestent une réticence à aider les populations de la bande de Gaza, et surtout leur refus d'accueillir des réfugiés en provenance de ce territoire maudit.
Mais bien pire, est le silence des politiques et des dirigeants des pays dits démocratiques devant l’inqualifiable. Eux qui ne manquent pas une occasion de commémorer les atrocités commises par le IIIème Reich il y a 80 ans, restent muets devant la répétition de cette infamie, se déroulant sous leurs yeux. A l’évidence, ce n’est pas la douleur qui les tétanise, c’est la couardise et la peur. Les organisations internationales restent murées dans le même silence coupable et honteux. Hormis l’Amérique de Donald Trump, le monde est plus que jamais inerte, incapable d’action et même de mots.

Plus jamais on ne pourra croire les exhortations au “plus jamais ça”. Les donneurs de leçons a posteriori sont définitivement disqualifiés pour parler de crimes contre l’humanité.

23 janvier 2025

Un Triomphe Romain

Le faste déployé à l’occasion de l'investiture de Donald Trump en tant que 47ème président des Etats-Unis est à la mesure du caractère exceptionnel de la reconquête du pouvoir par celui qui en fut dépossédé en 2020, de manière contestable pour certains, ou avec la honte au front pour d’autres.
La fête de la victoire avait un goût de revanche que l’impétrant a savouré avec une délectation évidente, pour ne pas dire une vraie jouissance. A l’occasion du discours tenu dans l’enceinte du Capitole, il n’a pas lésiné sur l’outrance et l’auto-satisfaction. Selon ses dires, le “nouvel âge d’or de l’Amérique” est la perspective des quatre années qui s’ouvrent en majesté, sous sa domination. A bien y réfléchir c’est moins grotesque que le passage “des ténèbres à la lumière” célébré par Jack Lang en 1981 ou que le slogan” Le Changement c’est maintenant” de 2012… C’est en tout cas plus ambitieux et galvanisant.

Ces moments intenses de joie et d’exaltation, l’ancienne administration a dû les vivre douloureusement. Joe Biden, ratatiné dans son fauteuil de piteux sortant et Kamala Harris, blême et consternée, furent mis au supplice par les accusations féroces de Trump dirigées sans pitié contre eux. Œil pour œil, dent pour dent, les attaques visaient souvent juste et ne semblaient pas démesurées vu les tourments que ces gens là et leurs affidés ont fait subir à celui dont ils avaient juré la perte par tous les moyens, et qu’ils n’avaient de cesse de ridiculiser de manière caricaturale.

A côté de l’emphase et des excès de langage de cette intronisation en fanfare, il y eut cependant un message d’espoir et une leçon d’optimisme plutôt bienvenus dans cette période de déclin des valeurs occidentales, et avec elles de la Liberté chérie. On aimerait qu’un peu de cette énergie soit communiquée à nos dirigeants cacochymes, inertes, mous, affaissés et sans inspiration. On voudrait croire que les bonnes vibrations portées par cet impétueux vent d’ouest atteignent notre continent.

Hélas tout porte à croire qu’il n’en sera rien. Au moment où l’on assiste à une sorte de renaissance outre-Atlantique, on remet à Paris sur le tapis la loi réglementant la fin de vie !
Le pire est que nos politiciens persistent à ne voir dans ce triomphe républicain, que l’avènement d’une période conflictuelle.
Emmanuel Macron, dont la popularité n’a jamais été aussi basse et le pouvoir aussi faible, a exhorté l’Europe à être “unie, forte et souveraine” face à l’Amérique. Il a plaidé pour renforcer la "compétitivité, la prospérité et la sécurité", "nos démocraties" et "notre modèle économique et social". Autrement dit, tout ce qui reflète son impuissance et constitue dès à présent l’échec de son mandat !
François Bayrou qui patauge dans la mélasse politicienne la plus sordide, est allé plus loin dans l’abjection, déplorant que sans réaction de notre part, “nous allons être dominés, écrasés, marginalisés” car "Les États-Unis ont décidé d'une politique incroyablement dominatrice par le dollar, par la politique industrielle, par la captation de toute la recherche et la captation des investissements".
On se demande parfois ce que ces gens ont dans la tête et de quelle nature est leur ambition. Utopique, évanescente ou inexistante ? Sont-ils incurablement myopes au monde qui les entoure, incapables d’action, résignés, et simplement accrochés à leurs prébendes comme tout porte à le croire ?

L’ère qui commence aux Etats-Unis ne sera sans doute pas aussi glorieuse qu’annoncé et il est toujours risqué de décrire l’avenir de manière trop radieuse. Beaucoup d’obstacles surgiront évidemment pour contrecarrer l’ambition du président, mais là où il y a une volonté, il y a un chemin, comme disait l’autre…
On ne peut pourtant que souhaiter une Amérique forte, car quand elle l’est, le monde va mieux. Plus que jamais notre vieux continent devrait profiter de cette dynamique. En tant qu’allié historique de l’Amérique, la France va-t-elle rater cette nouvelle opportunité de restaurer les liens fraternels mis à mal par la nauséabonde propagande anti-américaine dont Jean-François Revel avait dépeint avec justesse les méfaits ?

Donald Trump a réservé sa première visite de président élu à notre pays à l’occasion de la cérémonie clôturant la rénovation de la cathédrale Notre-Dame. Avant d’être considéré avec dédain par M. Macron, il avait manifesté à son égard une sympathie qui paraissait des plus sincères et chaleureuses. Une chose est sûre, il n’est pas l’ennemi de notre nation. Il souhaite assurément, comme la plupart des dirigeants américains, une Europe unie, et alliée, partageant un même idéal de liberté sur la base d’une concertation loyale et d’échanges commerciaux équitables. Nous interdisons l’importation de bœuf US au motif qu’il est élevé aux hormones et des volailles parce qu’elles sont passées au chlore. Nous faisons de même avec les OGM au nom du principe de précaution. Nous surtaxons les denrées agricoles, les automobiles, nombre de produits made in USA, et avons dans la visée de notre gros canon fiscal les géants de la Silicon Valley. Autant de mauvaises raisons qui cachent un objectif bassement protectionniste.

Lorsque nous abolirons ces barrières absurdes, nul doute que Donald Trump se fera beaucoup plus conciliant…

20 janvier 2025

L'effluve sauvage du Musk

A l’instar de Baudelaire*, j’ai toujours aimé les parfums musqués. Ils ont quelque chose d’animal et d’indompté. Un mélange explosif de sensualité et de liberté.
Ces qualificatifs s’appliquent à merveille à la personnalité extravagante d’Elon Musk. Rien ne semble résister à son audace et rien ne paraît pouvoir s’opposer à son sourire carnassier. Il incarne une Amérique novatrice et conquérante.
En plus d’être un chef d’entreprise hors normes, il règne désormais sur l’univers prolixe et tentaculaire des fameux réseaux sociaux. Dire qu’il fait la pluie et le beau temps dans l’opinion publique serait excessif. Mais il n’a pas son pareil pour mettre les pieds dans le plat des idées reçues.
Il n'est donc pas étonnant que les pisse-vinaigre du vieux monde, confits dans leurs préjugés et leur pusillanimité, le prennent en grippe (c’est la saison…)

Depuis qu’il a pris le contrôle de Tweeter, on ne compte plus les esclandres dont il s’est fait une spécialité. Il donne sans vergogne son opinion sur nombre de sujets brûlants. S’il s’agissait de monsieur lambda, cela ne ferait guère de remous, mais voilà, le trublion est suivi par plusieurs millions de lecteurs et il fait partie des plus proches conseillers du nouveau président Trump. Il est le maître à bord et n’est pas de gauche. Pire, il est américain, mâle, blanc, et incarne à lui tout seul le capitalisme. Autant de péchés mortels pour les dévots du progressisme.
Ses prises de position à propos du parti allemand AFD (Alternative Für Deutschland) ont scandalisé le chœur des bien pensants. Beaucoup de ces gens ne savent rien de cette formation, hormis ce que la plupart des médias en disent en le réduisant habituellement à un groupuscule néo-nazi. C’est grotesque mais ce n’est pas ici le sujet.
Même lorsque Elon Musk se fait lanceur d’alerte en dénonçant le scandale de l’horrible traite des blanches au Royaume Uni par des grooming gangs pakistanais et l’inaction des Pouvoirs Publics, il choque les ligues de vertus. Elles appellent ça de l’ingérence, au motif que Musk accuse l’actuel Premier Ministre anglais Keir Starmer d’indulgence coupable lorsqu’il était Director of Public Prosecutions. Dans cette affaire, la mauvaise foi des donneurs de leçons est si flagrante qu’elle est à ranger dans les dérives idéologiques qui ont conduit à occulter tant de crimes.

Pour les commissaires politiques dignes des pires heures du socialisme, Elon Musk serait un dangereux propagateur de fake news qu’il est urgent de museler. Ces gens savent par essence mieux que le peuple ce qui est bon à entendre ou à lire par lui.
Au premier rang de ces censeurs figure Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur et homme d’affaires plutôt calamiteux si l’on en juge par le sort peu glorieux des entreprises qu’il a dirigées (France Telecom, Thomson, Atos…). Son passage à la Commission européenne reste marqué par les nombreuses lois inutiles dont il fut l’instigateur, empoisonnant le quotidien des honnêtes gens au nom de leur protection (RGPD, DSA…). Il s'était juré de faire plier à ses lubies l'homme d'affaires américain, avant "d'être démissionné" par Mme von der Leyen...
M. Macron lui-même n’apparaît guère plus inspiré en la circonstance. Tout en faisant risette au nouveau Donald Trump, il ne tarit pas d’invectives à propos d’Elon Musk qu’il qualifie de leader de "la Nouvelle Internationale Réactionnaire" !

Aujourd’hui, beaucoup des détracteurs de X (anciennement Tweeter) menacent de quitter le réseau. Grand bien leur fasse ! Souvent ils doivent une bonne partie de leur éphémère gloriole aux messages provocateurs dont ils l’ont inondé en toute occasion.
Elon Musk a entrepris de rétablir une véritable liberté d’expression sur son média. Il en chasse les auto-prétendus fact-checkers qui agissaient à la manière de comités de censure et met en place un système plus efficace de community notes. Preuve que cette stratégie n'est pas si mauvaise, elle est imitée par Mark Zuckerberg sur Facebook.
Que les mécontents s’en aillent, bravo ! Ils se retrouveront entre eux quelque part et feront de leur repère une forteresse inaccessible à tout opposant, et à tout contradicteur. Ils risquent de se retrouver assez seuls et surtout en pleine absurdité, à l’image du fou ayant réussi à escalader le mur de l’asile et qui voyant un passant dans la rue en contrebas, l’interpelle : "Dites mon brave, combien êtes-vous là dedans ?”

* "Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens..."

03 janvier 2025

Et Omnia Vanitas

Les allocutions présidentielles célébrant la nouvelle année n'ont en général guère d’intérêt. 2025 ne fera pas exception à la règle.
On n'avait rarement entendu de la part d’Emmanuel Macron un discours aussi court, plat et peu inspiré.
Comme toujours, il apparut très satisfait de lui, clips allégoriques à l’appui. Notamment d’avoir montré au Monde ébahi, “qu’impossible n'est pas français”.
Il se vanta en la circonstance d’avoir grandement contribué à l’égalité hommes femmes grâce à la constitutionnalisation de l’IVG. Il se targua d’avoir organisé les jeux olympiques, la restauration de Notre-Dame, et le quatre-vingtième anniversaire du débarquement…
En bref, on retrouva sa propension à jouer les maîtres de cérémonie, beau parleur, dispensateur de vœux pieux et enfonceur de portes ouvertes.

En matière de projets à venir, c’est le désert des Tartares. Après avoir fait amende honorable du bout des lèvres au sujet de la dissolution de l’Assemblée, il promet de redonner la parole aux citoyens.
Occultant ses échecs électoraux à répétition, il entend les faire “trancher sur des sujets déterminants”, sans préciser naturellement quand, ni sous quelle forme ni sur quelles thématiques.
Tout le monde supputa fissa qu’il pourrait s’agir de référendums, ou bien de conventions citoyennes et de grands débats. Autant de propositions qu’on sait par expérience vaines et sans lendemain.
Les référendums, ce n’est pas faute d’en avoir promis, mais aucun ne fut concrétisé en 7 ans. Il faut dire que les quelques expériences faites par les prédécesseurs de l’actuel chef de l’État tournèrent au fiasco.
Vu la conjoncture actuelle, quelle que soit la question posée, un référendum se traduirait inévitablement par un plébiscite sur sa personne, conduisant selon toute probabilité à un rejet massif. Autant proposer une nouvelle dissolution dès l’été prochain et conditionner son maintien à l’Elysée à l’obtention d’une vraie majorité…
Quant aux grands débats et conventions citoyennes, il y en eut certes, mais on a vu comment ces expédients donnaient la mesure de la vacuité démagogique…
S’agissant enfin des questions à trancher, s’il s’agit comme certains le suggèrent, de la fin de vie, ou de l’apocalypse climatique autrement dit de la fin du monde, la perspective est assez déprimante pour une nouvelle année.
Mais sur quoi d’autre un président en fin de mandat, en position de roi nu, pourrait faire semblant d’agir ?

01 janvier 2025

Vanitas Vanitatum...

















Les années s’en vont, l’âge passe
Et c’est au seuil du nouvel an
Qu’on hésite à prendre l’élan
Pour sortir de sa carapace.

Qu’un jour nouveau bientôt remplace
Celui qu’on enterre en dansant,
Ne fait pas oublier le temps
Ni l’ennui, ni même l’angoisse.

Pour conjurer les mauvais jours
On s’envoie des voeux illusoires,
Vite disparus des mémoires.

La vie reprend sitôt son cours,
Passée l’ivresse de la fête
On reste bien seul dans sa tête.

23 décembre 2024

Un Triple Désastre

L’année se termine tristement en eau de boudin. Le cyclone Chido qui s’est abattu le 14 décembre sur l’île de Mayotte s’apparente ou révèle un triple désastre : climatique, étatique et politique.
Cet ouragan ne fut pas d’une violence inouïe comme certains l’ont prétendu, et il semble avoir fort heureusement fait moins de victimes que ce que beaucoup avaient annoncé (on relatait le 21 décembre tout de même 35 morts et 67 blessés graves). Il n’en demeure pas moins tragique eu égard aux dégâts matériels. Comment expliquer de telles conséquences ?
Vu d’avion, tout semble avoir été rasé ou presque car rien ne tenait vraiment debout. On craint de grands désordres sociaux à venir et des épidémies car rien ne fonctionnait vraiment. Faut-il rappeler qu’à l’instar des pays sous-développés, sévissait, il y a peu, le choléra !
Le chaos migratoire est tel qu’on est incapable de comptabiliser la population et pas davantage les naissances (au moins 10.000 par an sur le seul Centre Hospitalier qui de facto est la plus grande maternité d’Europe). On évalue à 60% la proportion des enfants non scolarisés, à 70% celle des gens vivant sous le seuil de pauvreté. La très grande majorité de l’habitat est précaire. On sait enfin que 80% du PIB relève des subventions de la Métropole.
C’est simple, ce petit paradis exotique au lagon exceptionnel, posé sur l'Océan Indien entre l’Afrique et Madagascar, ressemble par son dénuement à l’infortunée Haïti !
Les promesses faites par nombre de dirigeants n’ont en règle pas été tenues. M. Macron lui-même avait annoncé en 2019, entre autres engagements, la construction d’un nouvel hôpital, la création de 800 nouvelles classes scolaires, le retour aux Comores des clandestins... La Cour des Comptes a révélé que ce plan n’avait fait l‘objet d’aucun suivi et que rien de concret n’avait été réalisé !
Il est évident que la catastrophe présente est à la mesure du laisser aller avec lequel le gouvernement a géré ce territoire d’outre-mer, que Nicolas Sarkozy avait eu l’imprudence de transformer en département.

Le microcosme politique peut bien verser des larmes de crocodiles ou bien s'écharper en polémiques partisanes, cet évènement tragique est l’occasion de mettre au grand jour les responsabilités de l’Etat. Il ne peut se défausser de son incurie sur un quelconque réchauffement climatique, sur la faute à "pas de chance" ou bien sur le dos du Rassemblement National comme l’a fait de manière proprement éhontée le Président de la République.
La comparaison avec la reconstruction de la cathédrale Notre Dame est éloquente : ce que l’initiative privée a permis de faire ici, l’Etat, malgré ses ressources fiscales démesurées, en est absolument incapable là-bas.
En attendant, la France est toujours dans l’attente d’un hypothétique gouvernement. Etrange et funeste concours de circonstance, on l'annonce pour aujourd'hui même, journée décrétée de deuil national ! Même si le nouveau Premier Ministre parvient à s’entendre avec le Chef de l’Etat pour constituer cette nouvelle équipe avant Noël, on sait par avance qu’il n’y aura rien à en attendre. Aucune ligne directrice lisible et cohérente ne saurait émerger du magma institutionnel actuel en forme de tourbillon. C’est le troisième aspect du désastre, il est politique…

16 décembre 2024

Le Paraître et le Néant

Le roué béarnais a fini par arriver à ses fins ! A la faveur du chaos politique qui règne en France, il est parvenu à imposer sa personne au Président de la République, en tant que premier ministre.
Aux yeux du Chef de l’Etat qui s'est fait, à ce qu'il paraît, tordre le bras en la circonstance, il n’y avait probablement pas pire choix, mais il n’en a pas trouvé de meilleur. C’est dire à quel point il est acculé.

Nul doute que la cohabitation sera houleuse. Emmanuel Macron a perdu son aura et toute crédibilité et n’a plus d’avenir politique. Il est faible.
Pour François Bayrou, c’est différent. On pourrait penser que cette nouvelle fonction soit son tardif bâton de maréchal (on pouvait penser la même chose pour Michel Barnier lors de sa nomination, il y a 3 mois à peine). Il y a fort à parier toutefois, qu’à l’instant présent, M. Bayrou, tardivement et laborieusement remis en selle, pense déjà à la prochaine échéance présidentielle, ce qu’il avait déjà fait par 3 fois en 2002, 2007, et 2012.
Il fera donc tout pour voler la lumière au Président, et s’en dédouaner, si toutefois il parvient à se maintenir à son poste, ce qui n’est pas gagné.
Pour l’heure, il n’a en effet rien d'autre à offrir que des mots et pas plus de majorité que son prédécesseur pour proposer le moindre projet.
Ajoutons que son bilan d’un demi-siècle de vie politique est proche du néant bien qu’il ait beaucoup bourlingué.
Ministre de l’éducation durant 4 ans (1993-1997), il n’a laissé aucune trace.
Son parti, le MODEM, bricolé en 2007 sur les ruines de l’UDF, à la destruction de laquelle il avait puissamment œuvré, n’a jamais vraiment décollé.
Il fut élu maire de Pau en 2014 grâce au soutien de l’UMP et à la mansuétude de Nicolas Sarkozy. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a pas fait d’étincelles.
Propulsé ministre de la justice en 2017, en remerciement de son ralliement très opportuniste à Emmanuel Macron, il n'y fit qu'un passage éclair d'un mois, avant d'être contraint à démissionner à cause d'une sombre histoire d'emplois fictifs au MODEM.
En lot de consolation, il obtint le poste de Haut Commissaire au Plan en 2020. Il n’y a produit que quelques insignifiantes analyses, “d’intérêt limité”, marquées par “une forte personnalisation”, d’après un rapport récent issu du Sénat.

Son parcours, semé de trahisons, d’atermoiements et de magouilles, est marqué par un égocentrisme démesuré.
Que peut-on espérer d’un tel Premier Ministre, dans un contexte des plus hasardeux ? Pas grand chose hélas…

10 décembre 2024

Grandeur et Déclin

Le samedi 7 décembre 2024 a donc vu la cathédrale Notre Dame de Paris renaître en majesté de ses cendres. Paradoxe étonnant, elle réapparaît plus jeune et belle que jamais, quelques jours avant les festivités entourant la célébration de la naissance du Christ, après avoir été mortellement touchée par un gigantesque incendie le 16 avril 2019, au début de la Semaine Sainte précédant Pâques.
La symbolique est forte dans ce monde contemporain rongé par le doute, l’incertitude et le déclin du christianisme.
Il faut en la circonstance saluer cette magnifique restauration due aux efforts de centaines d’entreprises, au talent d’artisans inspirés et remercier les milliers de donateurs privés. Tout n’est donc pas perdu en ce bas monde occidental matérialiste et futile ! Pas moins de 340.000 donateurs de 150 pays ont apporté, tels de modernes rois mages, la somme pharaonique de 846 millions d’euros.

Cette résurrection quasi miraculeuse ne doit pas faire oublier qu’il y a cinq ans l’édifice pluricentenaire était presque totalement détruit par un sinistre qui n’aurait jamais dû se produire et dont on ignore toujours la cause. Faute d’enquête sérieuse, on ne saura jamais ce qui s’est passé, ce qui ouvre la porte à toutes les spéculations. La plus évidente est l’incroyable négligence des Pouvoirs Publics responsables des travaux de rénovation qui étaient en cours en 2019. A l’époque où le principe de précaution est omniprésent et où les citoyens sont harcelés de contraintes ubuesques imposées en son nom, comment imaginer qu’un chantier aussi sensible fut laissé sans plus de surveillance et d’alarmes ?
L’Etat, en la personne du Président de la République s’est-il senti un tant soit peu responsable de ce drame ? Nullement. Au contraire, après avoir ordonné la reconstruction, ce qui était bien la moindre des choses, il s’en attribue sans vergogne le mérite.
M. Macron, dont le mandat est en perdition, a saisi l’occasion, pour s’offrir un bref moment d’euphorie. On ne retiendra pas grand-chose de cet intermède politique sinon son discours boursouflé, déclamé sur un ton emphatique, au sein même de la cathédrale.
Certains polémiquent sur les habits bariolés du clergé officiant pour la circonstance, mais quelle importance ? D’autres ont eu les oreilles écorchées par les improvisations tapageuses des organistes qui se sont succédé aux claviers. Il est vrai qu’on aurait aimé entendre quelque chose de plus harmonieux. On attendait évidemment Bach, notamment la magistrale, grandiose, insurpassable Toccata et fugue BWV 565. Elle eut été à la hauteur de l’évènement sans nul doute…

Parmi le beau monde accouru pour cette cérémonie, on retiendra la présence de Donald Trump. Le Président élu a fait le voyage, démentant les accusations de ses détracteurs qui cherchaient à faire croire qu’il était indifférent au sort de l’Europe et donc à celui de la France. Il fut omniprésent durant ce weekend sans pour autant se répandre en déclarations. Qu’on le veuille ou non, sa stature imposante et son parler puissant symbolisent la suprématie éclatante des États-Unis, dont on a si souvent annoncé l’inéluctable décadence. C’est une lueur d’espoir en cette fin d’année. Le cher homme est attendu sur tant de sujets qu’il pourrait presque faire figure de messie. Il ne fera pas de miracle, mais fasse le ciel qu’il apporte enfin du bon sens à ce monde égaré (qui devient un peu fou selon ses propres mots)...

04 décembre 2024

Attention, chute de gouvernement

Le sort semble en être jeté. A moins de se déjuger in extremis, les opposants au gouvernement auront raison de lui en censurant son projet de budget.

Avant même que le couperet ne tombe, les commentaires vont bon train.
Dans les rangs de l’armée mexicaine entourant un président sans majorité, premier ministre en tête, on crie à l’irresponsabilité des frondeurs. On en appelle à l’intérêt supérieur de la Nation. On se raccroche aux vieilles lunes du gaullisme, et on met en garde le pays sur le risque de chaos à venir. On s’étrangle devant le texte déposé par le conglomérat de gauche dit Nouveau Front Populaire, au motif qu’il reproche au gouvernement d’avoir fait le jeu du Rassemblement National et d’avoir cédé à ses "plus viles obsessions". On fait mine de déplorer que ce dernier ait annoncé qu’il allait voter cette résolution, malgré les mots humiliants jetés à son encontre.

On ne s’interroge pas trop en revanche sur les raisons qui poussent les Socialistes, dont un ancien président de la république auto-prétendu “normal” à s’associer aux menées séditieuses de la France Insoumise. On ne se pose guère de questions non plus sur le résultat auquel a conduit la stratégie du Barrage Républicain, qui n’a cessé d’écarter systématiquement comme pestiféré le premier parti politique de France. On ne reproche pas trop aux Macronistes et aux micro-partis qui gravitent dans l’orbite du monarque en voie de déchéance, les mots d’ordre insanes qui ont permis l’élection à l’Assemblée Nationale d’insurgés sans foi ni loi, n’hésitant pas à piétiner tous les principes de la république et incitant sans cesse à la haine, à la violence et à l’anarchie. Aujourd’hui l’hypocrisie consistant à condamner une alliance scandaleuse entre RN et NFP ne fait plus illusion. Il est trop tard pour se lamenter.

En réalité, cette censure, si tant est qu’elle soit votée, apparaît comme la conséquence logique d’une politique de gribouille menée depuis des décennies, et l'illustration du désastre politicien en général.
Que faire, pour sortir de l’impasse dans laquelle le pays s’est enfermé (car il ne faut jamais oublier qu’on a les élus qu’on mérite et qu’on a choisis) ?
Si le Président de la République s’accroche à son fauteuil doré et nomme à suivre un ou plusieurs nouveaux gouvernements sans autre ambition que celle de M. Barnier, il y a fort à parier que le pays continuera de s’enliser dans le marasme jusqu’à de possibles élections législatives l’été prochain. Le résultat dépendra là encore des électeurs, mais dans quel état serons nous ?

Le seul moyen de s’en sortir dans l'immédiat, semble être de faire enfin sauter le barrage républicain et prendre en compte le RN et ses millions d’électeurs.
Mais quel nouveau premier ministre osera franchir le Rubicon ? Quel responsable politique de premier plan osera travailler avec le RN sur un programme s’interdisant l’augmentation des impôts et des taxes pour privilégier le pragmatisme contre la bureaucratie ?

25 novembre 2024

Deuxième Lettre Ouverte aux Maires de France

Les maires se plaignent. Ils disent
rencontrer des difficultés croissantes pour assurer leur mission. On peut comprendre une bonne partie de leur malaise, notamment lorsqu’ils décrivent certaines “mesures prévues par le gouvernement pour réduire leur capacité d’agir”.
Quant à se ceindre d’une écharpe noire, synonyme de désespoir, on peut y voir un peu d’exagération.
Ils déplorent la baisse des ressources financières des communes depuis la suppression partielle de la taxe d’habitation. Pour autant, il est difficile d’occulter que les maires sont partie prenante de l’Etat. A ce titre, ils ont une responsabilité dans la faillite de ce dernier, dont les citoyens sont les spectateurs consternés. Ils ne sont pas exempts de responsabilité dans la dérive budgétaire à laquelle on assiste à tous les niveaux, malgré des records d'imposition et de prélèvements obligatoires.

Ainsi, on se pince devant la demande de rétablissement de la taxe d’habitation, dont on sait qu’elle ne fut qu’un allègement en trompe-l’œil de la pression fiscale globale. Son retour, sous un nom ou un autre, signifierait à coup sûr un nouveau coup de massue.
Il ne faut pas oublier que les contribuables qui possèdent une résidence dite secondaire, non seulement n’ont pas été exonérés de cette contribution, mais bien souvent assommés au contraire par une surtaxe punitive, totalement injustifiable autrement que par de très mauvaises raisons.
Il faut ajouter pour tous les propriétaires, l’alourdissement régulier et important de la taxe foncière, et l’augmentation annoncée de la fiscalité plombant les “frais de notaires” lors de toute mutation. Mentionnons également la multitude de nouveaux ukases légaux dispendieux qui tombent chaque année sur le dos des contribuables. Ainsi, après l’obligation de se soumettre à des diagnostics de plus en plus coûteux, dont l’irréaliste DPE, arrive le Projet de Plan Pluriannuel de Travaux (PPPT) qui frappe depuis 2024 les copropriétés. Issu de l’ubuesque loi Climat et Résilience, il donne la mesure de cette inflation légale aussi incompréhensible que difficilement tolérable.

A côté de la problématique financière, les contraintes administratives prolifèrent sans fin, et commencent à sérieusement dégrader la qualité de vie des citoyens au quotidien. Les maires portent souvent une large part de responsabilité dans cet accroissement sans fin des obligations et des interdits.
Pour les automobilistes, la circulation est devenue infernale dans nombre de communes. Ils sont rançonnés dans des proportions de plus en plus folles pour le moindre stationnement. La dernière trouvaille des “sulfateuses à PV” illustre de manière édifiante la traque acharnée des contrevenants à des règlementations devenues extravagantes. Résultat, les professionnels ne s’aventurent plus qu’à grand peine en centre ville et incluent souvent le coût de leurs contraventions dans leurs devis. Les commerces qui souffraient déjà de la concurrence des grandes surfaces et de l’internet, voient leurs derniers clients renoncer à venir leur rendre visite faute de pouvoir stationner leur véhicule. Sans parler des incessants obstacles à la circulation : rues barrées, réduites ou transformées, parkings supprimés, chicanes ineptes interrompant la circulation, et limitations généralisées de vitesse à 30 km/h, souvent impossibles à respecter.
Le logement est quant à lui en crise pour de multiples raisons, mais certaines relèvent des maires. La pénurie observée sur le marché immobilier est aggravée par les politiques absurdes de mixité sociale forcée, de blocage du prix des loyers, de protection excessive des locataires indésirables obligeant les bailleurs à exiger des garanties insensées. Ajoutons les PLU toujours plus exigeants, qui bloquent les constructions nouvelles au nom de la lutte contre “l’artificialisation des sols” ou de la protection de l’environnement, et qui empêchent de manière absurde la transformation de locaux professionnels désertés en habitations.
Dans tous les domaines, on assiste à la pléthore de réglementations de plus en plus contraignantes :
Les limitations croissantes de l'éclairage public nocturne, incompréhensibles à l’heure des dispositifs basse-consommation, et qui contribuent à rendre si tristes et si peu sûres les villes dès la tombée de la nuit.
Le recueil et le traitement de plus en plus complexe des ordures. Le tri devient un casse-tête dont on peut douter de l’efficacité, l’accès aux déchetteries est toujours plus contingenté, on déplore la rareté des collecteurs de déchets pour les gens de passage, et l’installation de composteurs dont l’utilité est des plus discutables, faute de pouvoir être entretenus convenablement.
Parallèlement, le laisser-aller en matière de gestion de la végétation sauvage, pour répondre à l’impératif écologique, conduit à la prolifération d’herbes folles dévastant peu à peu les trottoirs et transformant parfois l’espace public en friches anarchiques.
Il faut bien mentionner pour finir, la responsabilité écrasante de certains maires dans la montée irrépressible de la délinquance et du narcotrafic, en raison de leur réticence à installer des caméras de surveillance, à lutter contre la clochardisation des centres villes, à empêcher ou à remédier aux dégradations du bien public, à armer leur police municipale et à la doter de réels pouvoirs. C’est un problème majeur de société impliquant l’Etat dans toutes ses composantes, du haut de la pyramide jusqu’aux échelons locaux. Le moins qu’on puisse dire est qu’il y eut beaucoup de négligence voire de déni face à cette problématique.

Aujourd’hui, la situation est devenue préoccupante pour nos cités et pour le pays tout entier. Si l’on peut comprendre l’exaspération des maires, il faut espérer qu’ils s’organisent en véritable task force soucieuse d’efficacité, d’économie des deniers publics, et d’esprit pratique plus qu’en armada planificatrice dispendieuse réclamant des contribuables déjà pressurés, toujours plus de moyens...

Texte adressé au Président de l'Association des Maires de France, pour compléter un premier, resté sans réponse.

21 novembre 2024

Le Pataquès du MERCOSUR

Aussi vrai que la Terre est ronde, on sait que le libre échange est plus souhaitable que le protectionnisme. Hélas, comme nombre de lois économiques établies, il est régulièrement remis en cause, contre toute évidence, au nom de principes idéologiques, nationalistes ou simplement chauvins.
La démonstration de son bien fondé, maintes fois apportée au cours de l’Histoire, relève de l’évidence. A contrario, comment peut-on raisonnablement soutenir l’idée que les contraintes, les interdits et les taxes soient de nature à favoriser le commerce et la prospérité, et par voie de conséquence, à contribuer à la paix et à l’entente cordiale entre les nations ? Le repli sur soi n’est jamais la solution, surtout s’il s’associe à la défiance voire à l’animosité vis-à-vis d’autrui.
C’est pourtant ce qu’on voudrait nous faire croire en cette fin d’année, alors que la colère paysanne gronde à nouveau.
Entre autres causes à ce mécontentement, les négociations de l’Union Européenne avec les pays d’Amérique du Sud, au titre du désormais fameux MERCOSUR, sont passées au premier plan. Il faut dire qu’elles étaient supposées parvenir enfin à leur terme, après 25 ans de discussions.
Véritable pierre d’achoppement sur laquelle toutes les bonnes volontés se brisent, le MERCOSUR est devenu le réceptacle des lâchetés de l’État Providence et le bouc émissaire masquant son incurie. C’est simple, plus aucun élu ne défend désormais ce projet sur lequel l’Union Européenne s’est pourtant résolument engagée depuis des lustres.

Le MERCOSUR est en quelque sorte le marché commun des pays d’Amérique du Sud, dominé par les deux géants que sont le Brésil et l’Argentine, auxquels sont venus s’associer Uruguay, Paraguay, Bolivie, Chili, Équateur, Pérou, Colombie, Guyana et Suriname. Sa création ne date pas d’hier puisqu’elle remonte à 1985, et qu’il fut entériné sous ce nom en 1991. C’est à ce jour la quatrième zone d’échanges mondiale et selon toute probabilité elle promet de progresser encore. Refuser d’y participer ou s’en exclure risque donc d’être préjudiciable.

L’Union Européenne a commencé à s’y intéresser à la fin des années 90, et après avoir signé un premier accord-cadre en 2005, a validé en 2019 un traité de coopération comportant plusieurs volets. On parle surtout de celui libéralisant le commerce, mais d’autres concernent la recherche, l’éducation, la cybercriminalité et même la protection de l’environnement !
Le traité n'a pu entrer en vigueur à cause de l’opposition de la France, qui estime qu’il ne prend pas en compte cette dernière et qu’il installerait une concurrence déloyale en matière agricole. Les négociations actuelles étaient supposées parvenir à lever les derniers obstacles à la ratification.

Il est intéressant de préciser qu’un projet de coopération entre les Etats-Unis et nombre de pays sud-américains est également sur les rails depuis quelques décennies. D’abord baptisé ALENA, il devait déboucher sur un accord plus large établissant une Zone de Libre Échange des Amériques (ZLEA), mais le dit accord ramené à une version très réduite sous l’appellation ALEAC, ne fut jamais mis en œuvre à cause de l’opposition de plusieurs pays du MERCOSUR craignant la suprématie des USA !

Si notre pays se targue de défendre en la circonstance les valeurs écologiques en rejetant aussi violemment le traité de coopération avec le MERCOSUR, il le fait hélas surtout pour de bien mauvaises raisons.
Après avoir méthodiquement privé notre agriculture de toutes les armes avec lesquelles elle pourrait livrer le combat de la concurrence internationale, le gouvernement se trouve en porte-à-faux, confronté à l’incohérence de sa stratégie.
Nos brillants politiciens ont en effet plombé le secteur, en ajoutant toujours plus de charges sociales, de taxes en tous genres et en alourdissant sans cesse le code du travail. Non contents de cette politique désastreuse, il l’ont contraint encore un peu plus par des ukases et des interdits ubuesques imposés au nom d’un principe de précaution qui ne veut rien dire, allant jusqu’à sur-transposer les directives européennes déjà drastiques. A titre de dernier clou doré posé sur le cercueil, ils ont, au nom de la Politique Agricole Commune (PAC), distribué généreusement des aides et des subventions qui masquent le problème, coûtent des sommes faramineuses et faussent le jeu des prix, causant in fine de désolants gâchis.
Arrivés au bout de l’impasse, ils demandent en désespoir de cause l’instauration de “clauses miroirs” à leurs hypothétiques partenaires, pour rétablir un tant soit peu l’équilibre des contraintes. On connaît l’antienne déjà maintes fois chantée pour réclamer l’harmonisation fiscale à tous les pays qui imposent moins leurs concitoyens que ne le fait la France, devenue championne du monde en la matière.
En toute logique, ces clauses de réciprocité sont illusoires car complexes à mettre en œuvre, à contrôler et de toute manière très probablement insuffisantes pour rééquilibrer les forces. Même face à leurs partenaires européens, supposés être assujettis aux mêmes lois, les paysans français ne font plus le poids tant on leur a ajouté de boulets aux pieds.

L’adage qui veut que l’enfer soit pavé de bonnes intentions trouve une nouvelle et consternante illustration. A force de vouloir bien faire et de tout réglementer, de tout moraliser, le Pouvoir se trouve devant un dilemme cornélien : soit il livre ses agriculteurs pieds et poings liés à la concurrence mondiale, au risque de provoquer un dernier baroud en forme de révolte dévastatrice, soit il les étouffe sous la chape du protectionnisme et le poids de la bureaucratie en condamnant les citoyens à payer très cher le maigre produit de récoltes de plus en plus contingentées. Comme il paraît décidément impossible d’élaguer l’inextricable et envahissante jungle réglementaire et de simplifier les procédures, dans les deux cas, c’est la mort de l’agriculture française qui se profile à l’horizon, et le déclassement mondial de notre pays. Triste perspective…

13 novembre 2024

Les Oscars de la Vanité

Les récentes élections américaines amènent à se poser quelques questions à propos de l’implication des médias dans le jeu politique. Ces questions valent aussi bien là-bas que chez nous.
Comment se fait-il qu’à quelques exceptions près, les stars du showbiz soient si niaises, si partisanes, et si grégaires en matière d’opinion ?
Quel besoin ont ces gens de sortir de leur domaine de compétence pour faire connaître un engagement politique que personne ne leur demande ?
Pourquoi est-il facile et consensuel de se déclarer pour un camp et si compliqué de le faire pour l’autre ? Pourquoi est-il si aisé de conspuer et d’insulter ses adversaires lorsqu’on revendique son ancrage à gauche ?

Tandis qu’on compte sur les doigts d’une main les soutiens à Donald Trump, pas moins de 200 célébrités ont apporté en chœur et publiquement le leur à Kamala Harris. Grâce à ce racolage, la candidate démocrate a pu engranger une jolie manne financière, supérieure de 60% à celle récoltée par son rival républicain.
Mais ce battage n’a servi à rien. On n’a noté aucun effet positif des louanges et le fric fut déversé en pure perte. Les électeurs ont été manifestement indifférents à ce tintouin.

La liste est longue de ces influenceurs sans emprise, militant ou ayant milité pour les Démocrates et l’idéologie auto-proclamée progressiste.
Il y a bien sûr les grands anciens : Jane Fonda, Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Robert Redford, Robert de Niro…
Mais bien d’autres noms sont venus s'ajouter au fil des ans : Oprah Winfrey, Eva Longoria, Julia Roberts, Cher, George Clooney, Harrison Ford, Beyoncé, Katy Perry, Cardi B, Stephen King, Jamie Lee Curtis, Bono, Eminem, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez, Madonna, ou encore la bien nommée Lady Gaga, et même Arnold Schwarzenegger, transfuge d’un bord à l’autre.
Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas à la fête en ce début novembre 2024.
En toute logique, une fois l’élection passée, la déception est immense pour ne pas dire la frustration, voire la colère. Mais même après le désaveu des électeurs, l’expression de leur désappointement ne brille ni par l’ouverture d’esprit ni par l’humilité. L'amende honorable est de toute évidence étrangère à cette Jet Set dopée à la moraline mais inapte à l’autocritique.
A titre d’exemple, citons juste l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis qui dénonce un « fasciste au pouvoir absolu », pendant que le comédien John Cusack prédit "les pires heures sombres de l’histoire américaine."

Dans ce festival grandiose de parti pris et d’imbécilité, Robert De Niro mérite assurément la palme d’or récompensant l’art d’être bête et méchant.
Interrogé quelques jours avant l’élection par la délicieuse Elise Lucet, il livra en une dizaine de minutes, tout le panel imaginable de la mauvaise foi, de la subjectivité, de la diffamation, et de l'intolérance.
Qu’on en juge sur pièces :
En guise d’introduction, l’intervieweuse rappelle l’essentiel des déclarations passées de l'acteur, ciblant Donald Trump:
En 2016 : “c’est un porc, il est manifestement stupide, c’est un vaurien, un escroc…”
En 2024 : “il est malade, c’est le mal incarné.”
Loin de nuancer, l’acteur confirme, par un sourire goguenard, ces invectives, prêt manifestement à en rajouter des louches.
Elise Lucet jubile et prend plaisir à le faire accoucher si facilement d’un flot d’insanités, se faisant pour la circonstance tout miel plutôt que vitriol.
Pour celui qu’elle appelle amicalement Bob, si Trump gagne, “Il va autoriser ses équipes à prendre le contrôle de tout, à s’en prendre à des personnes qu’il avait repérées.” S’agissant de son action, l’avis est du même tonneau : “Tout se joue sur un caprice, il n’y a pas de structure, tout se fait dans le chaos et la folie. Aujourd’hui, il est pire que jamais. Vous réalisez à quel point c’est maladif de vouloir autant détruire le pays ?”

Celui qui fit fortune en incarnant des gangsters et des mafieux n'hésite pas à comparer le magnat devenu politicien au parrain qu’il interpréta dans le film Les Affranchis. Il invite au passage à ne pas se méprendre sur l’allure parfois pateline, voire sympathique du bonhomme :”Ce n’est pas l’oncle charmant de la famille, C’est quelqu’un de dangereux, à l’esprit mauvais, qui veut faire du mal aux autres.

Devant un tel anti-trumpisme, Elise en serait presque gênée : “Ce n’est pas en train de tourner à l’obsession pour vous ?.../… Il n’y a vraiment rien à retenir dans les idées, dans le programme de Donald Trump ?”
Robert n’en démord nullement : “Non… il n’y a rien de bon en lui !”
Lorsqu’elle lui demande s’il accepterait de se confronter à lui, il fait le fier à bras : “J’adorerais débattre avec lui. Je n’en ferais qu’une bouchée. Tout ce qu’il sait faire, c’est insulter les gens. Il est vraiment ce que j’appelle un bâtard…/… D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que je ferais le boulot mieux que lui…”

Pour tenter de faire bonne mesure, Elise croit bon de demander alors à l’acteur s’il pense vraiment que les Démocrates, représentés par Kamala Harris, seraient meilleurs, notamment si les 8 années d’Obama puis les 4 ans de Biden l’ont satisfait ? Il répond sans sourciller : “j’étais heureux qu’ils deviennent présidents, ils auraient pu en faire plus mais tout ce que je peux vous dire, c’est que leur cœur est à la bonne place. Donald Trump, je ne sais même pas s’il a un cœur.”

Pour enfoncer le clou de cette diatribe hyperbolique, Robert lâche l’argument massue de la menace totalitaire représentée par le candidat républicain: “On sait ce qui s’est passé en Allemagne ou en Union Soviétique. On sait comment naissent les régimes fascistes”
Semblant interloquée, la journaliste lui demande : “Vous utilisez le mot fascisme, vraiment ?”
Oui, rétorque-t-il, et “il y aura une opposition colossale. ça va exploser partout. mais ce sera une opposition légale”

Moralité
Robert de Niro, sans autre argument qu’un torrent ordurier d’imprécations, accuse Donald Trump de ne savoir faire autre chose “qu’insulter les gens”. Il le traite de fasciste, tout en prévenant que son élection se heurterait à une “opposition colossale” qui ferait tout “exploser partout.”
On pourrait considérer tout cela comme le délire d’un vieux fou monomaniaque. Pour être indulgent on dira simplement que c’est du très mauvais cinéma…

07 novembre 2024

God Bless America

Décidément, l'Amérique nous surprendra toujours.
On avait prédit une élection “très très serrée”, forcément émaillée de troubles à l’ordre public, de contestations en tous genres. De leur côté, les experts autoproclamés du sens de l’Histoire avaient prophétisé la victoire de la lumière sur les ténèbres (air connu) et annoncé par avance que le méchant Donald Trump refuserait sa défaite.
En France, comme d’habitude, l’affaire était depuis longtemps pliée. Après avoir parié inconsidérément sur le pauvre Joe Biden, la star était devenue Kamala Harris avec sa tchatche et son sourire maous (à défaut de programme). C’est bien simple, selon les sondages, seuls 13% des Français auraient voté Trump, ce qui montre une fois encore les ravages du grégarisme dans notre pauvre pays.

Le Peuple Américain en a décidé autrement. Il a surmonté la propagande, les mensonges, les caricatures et la bien pensance rance, pour faire contre toute attente un triomphe au revenant Trump. Il lui a offert le grand chelem : gagnant en nombre de grands électeurs, en votes populaires, et raflant au passage la majorité au Sénat et probablement à la chambre des Représentants.

Le spectacle politique donné par cette élection fut, comme souvent outre-atlantique, des plus réjouissants.
Quel régal de voir la déroute des médias du mainstream, emportés vers l’égout par le torrent de leurs insanités. Notons au passage l’exception du Washington Post qui eut la décence de ne pas prendre parti. Les commentateurs avisés se sont gaussés de cette attitude qui lui aurait fait perdre sur le champ pas moins de 250.000 abonnés. Qu’importe au fond, s’il en regagne le double demain…
Quel délice de voir le concert défait des stars du showbiz qui crurent très intelligent de gesticuler autour de Kamala avec de grands slogans creux dictés par des prompteurs aux états d’âme factices (lorsqu’ils fonctionnaient…). Ils ont pu mesurer la vanité de leur célébrité et la volatilité de leur influence. Grand bien leur fasse.
Quelle joie de voir les misérables suppôts franchouillards d’une gauche nauséabonde, obligés de manger leur chapeau en éructant un flot d’injures et de menaces revanchardes ineptes. On dirait qu’ils sont soumis à une séance d’exorcisme.
Quel plaisir enfin de voir une Amérique décomplexée, heureuse du bon tour qu’elle a joué au Monde. Éternel recommencement…

Aujourd’hui, le score obtenu par le candidat républicain pose à nouveau la question du scrutin de 2020, en pleine épidémie de COVID, et de son résultat plus que jamais contestable.
Il faut en tout cas saluer le courage, la détermination de Donald Trump qui après avoir été terrassé, est remonté sur sa monture et envers et contre tous les obstacles et toutes les procédures politico-juridiques entravant sa route, a su convaincre son pays du bien fondé de son projet, qui reste fidèle aux grandes lignes de celui de 2016, basé avant tout sur le pragmatisme et le bon sens.
Il est probablement mieux entouré qu’à l’époque et s’est adjoint pour la circonstance le gratin des entrepreneurs qui réussissent et parviennent encore à incarner le rêve américain, à commencer par le bouillonnant Elon Musk qui fut le héraut inspiré de ce retour en fanfare.

Il reste à espérer que le mandat à venir soit l’occasion pour le 47ème président des Etats-Unis de réaliser de grandes choses et que les accusations outrancières voire totalement infondées dont il est l’objet finissent en poussière.
Accusé de populisme,Trump a su parler au peuple. Ce dernier attend beaucoup mais il se souvient qu’entre 2017 et 2020, l’Amérique allait plutôt bien.
Pour se convaincre que Trump n’est ni fasciste, ni protectionniste, ni raciste, ni misogyne, ni complotiste, ni instable, ni même imprévisible, il suffit pour ceux qui n’ont pas l’esprit trop borné par les a priori de se reporter à son petit ouvrage Crippled America. Tout y est dit.
Ils comprendront également que les outrances verbales du “milliardaire” ne reflètent pas sa pensée mais sont parfaitement calibrées pour faire office d’os à ronger, destinés à nourrir la meute aboyante accrochée à ses basques. Pendant ce temps, il mène sa barque et son projet politique, non sans pratiquer un humour parfois dévastateur. L’épisode du quart d’heure chez McDo et celui du camion poubelle resteront sans doute dans les annales…

30 octobre 2024

Deux heures avec Bob Dylan

Le temps d’un très bref aller et retour vers Paris. Juste celui de se rendre à l’un des deux concerts donnés par Bob Dylan, dans le cadre somptueux de la Seine Musicale, sur l’Ile Seguin.
Le long vaisseau de béton blanc surplombé par une sphère de métal et de verre au-dessus du fleuve, offre une salle de spectacle magnifique, sur les gradins de laquelle on se presse pour l’occasion.
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut venir y entendre chanter un Prix Nobel de littérature !
De fait, le personnage est quasi légendaire, tant ses chansons ont marqué la seconde moitié du XXème siècle.
Après soixante ans de carrière, il est là, toujours bien là, infatigable baladin des temps modernes. Toujours inspiré, toujours créatif, il achève une monumentale tournée entreprise il y a 3 ans pour promouvoir son nouvel album, splendide : Rough and Rowdy Ways.
Sur l’affiche géante, intrigante, inquiétante, envoûtante, un couple danse en ombres chinoises, dans une lumière cramoisie, insouciant de la menace toute proche d’un personnage mortifère. Tout en haut, on peut lire cette sentence : Things aren’t what they were…

Bob Dylan est parfois difficile à suivre car il est rarement là où on l’attend. Il procède par périphrases, ellipses et symboles. Ses mélodies, en apparence très simples, sont étrangement pénétrantes et sa poésie déborde de mystères et d’allusions. Elle rebute les uns mais enchante les autres, plus nombreux, acquis à sa cause, empreinte de noblesse altière, de liberté et d’indépendance.
Aujourd’hui hélas, la vieillesse ne l’a pas épargné. A 83 ans, il est perclus de rhumatismes, sa démarche est hésitante. Mais son esprit et son génie sont intacts et son énergie force l'admiration.
Il est entouré de musiciens épatants: le fidèle Tony Garnier à la basse et à la contrebasse, l’illustre Jim Keltner à la batterie et les excellents guitaristes Bob Britt et Doug Lancio. L'ambiance est électrique à tous points de vue. Sur une rythmique infaillible, Dylan déroule son répertoire dans un clair-obscur très bluesy.
Il fera la plupart des chansons du dernier disque, auxquelles viendront s’ajouter des versions transfigurées de grands standards : All Along the Watchtower, It Ain’t Me Babe, To Be Alone With You, It’s All Over Now Baby Blue, Desolation Row, Watching the River Flow.
Il a délaissé la six-cordes pour le piano dont émanent parfois quelques accords un peu lourds, voire quelques faussetés. A l’harmonica, il est fidèle à lui-même, rustique mais très expressif. Au chant, c'est plus rauque et nasonné que jamais. Les envolées se terminent parfois en murmure, voire en râle déchirant. Mais il y a encore de la puissance et surtout beaucoup de vitalité, d’émotion, et de tendresse.
L’auditoire est conquis.

Comme à l’accoutumée, il n’y aura aucun discours, aucun remerciement, aucun rappel.
A la fin, l’artiste se lève une dernière fois, chancelant. Il se tient debout, très humble face à son public, et il esquisse un sourire de gratitude et de satisfaction.
Comme tous ces gens, j’ai passé deux heures en compagnie de Bob Dylan. Je suis comblé, heureux, tout simplement.