16 juin 2006

Du fédéralisme et de ses bienfaits

Il me plaît aujourd'hui de vanter les mérites du fédéralisme, si peu en vogue en France, tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'imaginer le fonctionnement des institutions européennes.
Pourtant ce mode d'organisation, qui trouve ses origines dans le monde antique a maintes fois apporté les preuves de son éclatante efficacité et de son inusable modernité.
Parmi quantité d'avantages, le fédéralisme oblige les responsables publics à rendre des comptes à leur population, suscite la participation des citoyens et favorise la responsabilité civique en permettant aux collectivités territoriales de concevoir et gérer le cadre de la vie locale.
Il n'est pas nécessaire de remonter jusqu'aux cités grecques de la ligue de Délos, pour faire la démonstration des vertus du fédéralisme.
Les contributions de nombreux penseurs et philosophes parmi les plus visionnaires, devraient inviter à y réfléchir sérieusement.
Immanuel Kant tout d'abord, qui dans son étincelant essai sur la Paix perpétuelle faisait un songe étonnant préfigurant l'ONU et probablement au delà, un nouvel ordre mondial : « Si par bonheur un peuple puissant et éclairé en vient à former une république (qui par nature doit tendre vers la paix perpétuelle), alors celle-ci constituera le centre d’une association fédérale pour d’autres états, les invitant à se rallier à lui afin d’assurer de la sorte l’état de liberté des Etats conforme à l’idée du droit des gens. »
Ou encore Tocqueville, de retour des Etats-Unis, qui concluait que "parmi les trois choses semblant concourir plus que toutes les autres au maintien de la république démocratique dans le nouveau monde", la première était : "la forme fédérale que les Américains ont adoptée, et qui permet à l’Union de jouir de la puissance d’une grande république et de la sécurité d’une petite." La stabilité exceptionnelle de la Démocratie américaine confirme cette opinion, tout comme les résultats remarquables obtenus à une moindre échelle et plus près de nous par l'Allemagne ou la Suisse.
Il serait possible aussi bien d'évoquer la noble figure d'Ernst Jünger, européen convaincu, meurtri par le terrible déchirement de 14-18 et qui aspirait à travers l'ensemble de son oeuvre à l'avènement d'un Etat Universel, gage de stabilité et de paix.
Ou enfin, le souvenir d'Aristide Briand, l'un des rares hommes d'états qui ait cherché chez nous à promouvoir cette forme de gouvernement, ce qui aurait pu permettre de faire l'économie du second conflit mondial...

Alors pourquoi nos hommes politiques restent-ils si désespérement cramponnés à de vieilles lunes idéologiques ? Qu'ils soient de droite ou de gauche, pas un, hormis peut-être Alain Madelin, n'ose même en évoquer l'idée. Les plus rétrogrades ne voient pas plus loin que la nation souveraine; les plus audacieux suggèrent à grand peine et sans conviction un concert étrange d'états-nations...

Pour prolonger l'idée de Kant, si l'Europe se constituait en fédération elle pourrait en s'alliant avec celles d'Amérique du Nord, apporter au monde un concept novateur : celui d'une fédération de fédérations, au service de la Liberté et du progrès !
Mais pour tendre vers ce rêve, il faudrait évidemment que le coq gaulois accepte de renoncer à son arrogance et à son orgueil et qu'il ravale une fois pour toute le fiel anti-américain qu'il crache en toute occasion sur ses meilleurs amis...

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