Ce scrutin très ouvert, qui a passionné le pays s’est déroulé dans une ambiance un peu étrange mais somme toute très démocratique et rassurante pour l’avenir. Le pire n’est donc pas certain et c’est le grand mérite des organisateurs de cette confrontation, d’avoir relevé le défi. Thierry Solère en fut un des principaux artisans. Ses manières simples, sans emphase ni artifice, cachent évidemment une belle détermination. Elles révèlent également une nouvelle approche politique, marquée par le souci de dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait que le peuple croie qu’elles soient.
François Fillon a été désigné comme le nouveau porteur des espérances de celles et ceux qui se sont exprimés avec enthousiasme. Ils ne représentent qu’une partie du pays, mais n’en doutons pas, le succès de l’opération révèle une aspiration profonde. L’essai ne demande désormais qu’à être transformé.
La personne même de François Fillon semble taillée pour les épreuves à venir. Il a le calme et le sang froid des vieilles troupes. Il a une expérience trempée au feu de l’action, nul ne peut le contester, et il paraît savoir où il veut emmener le pays, ce qui n’est pas la moindre des qualités, en ces temps de trouble et de confusion.
S’agissant de son programme, il a de quoi séduire tout amoureux de la liberté. On entend évidemment déjà les voix de ceux qui crient à l’ultra-libéralisme, qui s’effarouchent par avance de la “casse sociale” qu’il serait susceptible de provoquer. La rengaine est si caricaturale, si éculée qu’elle devrait faire honte à ceux qui osent encore l'entonner.
Ces gens ont-ils donc de la m…. dans les yeux pour ne pas voir le lent dépérissement de la nation, pour être aveugle au malheur de toutes les personnes sans emploi ou qui végètent dans une misère entretenue par un Etat Providence déresponsabilisant ? Sont-ils donc pétris de mauvaise foi pour occulter les déchirements qui traversent notre société, pour réclamer toujours plus de bureaucratie, qui asphyxie les initiatives ?
Dans quel monde est-on lorsqu’on refuse aux gens la liberté de travailler comme bon leur semble ? Lorsqu’on ne voit d’autre perspective au problème de l’emploi que celle de la Fonction Publique ? Lorsqu’on n’imagine d’autre horizon pour l’éducation des enfants que celui de l’Etat ? Lorsqu’on ne parvient à penser l’assurance maladie autrement qu’à travers le dogme monolitihique de la Sécurité Sociale ? Lorsqu’on considère la famille comme une référence relevant du fascisme ?
Pour l’heure François Fillon veut échapper à cette gangue conservatrice confinant au gâtisme. Il veut avancer en éradiquant un à un les tabous idéologiques qui forment autant de mirages trompeurs sur le chemin du progrès.
On ne saurait toutefois se réjouir trop vite ayant tant été échaudés par le passé.
Il reste en effet à savoir dans quelle mesure il appliquera tout ce qu’il propose, et comment il fera passer la pilule amère à des Français drogués aux promesses et aux illusions...