03 septembre 2022

Rire pour ne pas pleurer

A voir l’évolution des événements, jour après jour, telle que la dépeignent les médias, on ne sait plus trop comment réagir.
Le ridicule de certains quiproquos impliquant les Pouvoirs Publics prête à sourire. Mais la succession ininterrompue des mauvaises nouvelles, la cascade d'erreurs, jamais reconnues, résultant souvent de prévisions et de planifications faites par des experts d'autant plus dogmatiques et péremptoires qu'ils sont moins fiables, ramènent sans cesse au tragique.

Au sein de la chronique lancinante de l’insécurité et de la dérive communautaire pour ne pas dire sectaire de notre société, émerge ces derniers jours, le feuilleton à rebondissement de l’imam marocain. S’il s’agissait d’une fiction, on la jugerait peu vraisemblable. Malheureusement, c’est la réalité !
Le ministre de l'intérieur qui cherche désespérément à asseoir sa crédibilité en matière de maintien de “l'ordre républicain” se faisait fort d'expulser à grand fracas un dignitaire musulman, prosélyte affiché d'un islam violent, rétrograde, anti-sémite et misogyne. Il avait même obtenu l'accord du Maroc pour reprendre l'importun.
Las! Après des mois de procédures, le Conseil d’État se met en travers et suspend tout dans l'attente d'un avis circonstancié. Dans les salons feutrés, on tergiverse, on ergote, on pèse le pour et le contre, et au terme de moult débats, la docte assemblée donne enfin son feu vert !
L'ennui, c'est que l'oiseau n'a pas attendu. Les gendarmes venus le cueillir chez lui, constatent qu'il s'est envolé ! On avait juste oublié de le surveiller de près…
Pour masquer le fiasco, on jure qu’on va le retrouver sous peu, et on affirme qu’il s’est mis cette fois en infraction caractérisée pour s'être soustrait à la loi. Mais dès le lendemain, le préfet retire cette accusation au motif que le fugitif, passé paraît-il en Belgique, aurait de facto exécuté lui-même l'arrêt d'expulsion !
On est donc incapable de localiser précisément l’individu mais on connaît sa trajectoire, c'est quasi quantique ! Pour peu, on en viendrait presque à le féliciter d'avoir obtempéré à l'injonction des Pouvoirs Publics, et on pousse un ouf de soulagement, d'autant plus que le Maroc est revenu, on ne sait trop pourquoi, sur la délivrance promise d'un laissez-passer consulaire. Pas sûr que nos amis belges, qui apparaissent dès lors comme les dindons de cette farce grotesque, apprécient… Suite au prochain épisode...

Ce fait divers rocambolesque (abracadabantesque dirait Chirac...) est à l'image du chaos décisionnel dans lequel patauge l’État.
M. Macron, en dépit d’une belle assurance toujours affichée avec décontraction, est à la godille pour ne pas dire à la ramasse, pour faire avancer le lourd char de l’État. Pour tout dire, il n’y a plus de direction...
Passons sur l’épisode lamentable du voyage en Algérie. Nul ne sait ce que le Président est allé faire là bas ni ce qu’il a obtenu, hormis un vague accord de “partenariat renouvelé”, comprenant notamment la création “d’une commission mixte d'historiens français et algériens” pour "regarder en face l'ensemble de la période de la colonisation, sans tabou". Pas de quoi pavoiser la casbah ni donner plus de gaz pour cet hiver…

De retour en France, il s’attelle à l’installation de son nébuleux Conseil National de la Refondation. On ne sait pas quelles sont les perspectives concrètes attendues d’une telle assemblée, d’autant qu’elle est boycottée par avance par la totalité des partis d’opposition. Même Edouard Philippe se défile ! Il ne reste que M. Bayrou, exécuteur dévoué des basses œuvres, pour accepter d’en assurer la présidence. Sans doute n’en sortira-t-il pas grand chose de plus que du Commissariat au Plan, du Grand Débat, de la Concertation Citoyenne sur le Climat et autres exutoires à l’impuissance étatique.

Le conseil de défense énergétique, dernier avatar d’une longue série de commissions Potemkine s’est réuni quant à lui ce 2 septembre, pour la première fois. L'heure est grave nous dit-on, mais face au risque de défaillance dans la fourniture de gaz ou d'électricité, on entérine les évidences : “La clé, pour passer l’hiver, c’est la mobilisation générale”. On appelle à la “responsabilité collective” pour éviter “des mesures contraignantes.” Propos incompréhensibles quand dans le même temps on promet le bon fonctionnement de tous les réacteurs nucléaires pour l’hiver, qu’on se vante d’avoir diversifié les sources d’approvisionnement en produits pétroliers et qu’on affirme que les stocks de gaz ont été reconstitués avec 2 mois d'avance !
Aucun regret ne se fait jour au sujet de la politique ahurissante menée sous la pression du lobby écologiste, qui a conduit à délaisser l’entretien des centrales nucléaires et même à les fermer comme à Fessenheim. Résultat, à cette heure, 32 des 58 réacteurs français sont à l’arrêt et notre pays qui était exportateur d’électricité est devenu importateur !
Pas un mot non plus sur les effets pervers des sanctions économiques infligées à la Russie, sans aucun effet favorable sur le cours de la guerre, mais à l’impact catastrophique sur les livraisons et le prix du gaz.
Enfin, rien sur le soutien ruineux aux énergies renouvelables dont le résultat s’avère très décevant et qui a découragé tout investissement et tout développement dans l’industrie pétrolière, ce qui a contribué à raréfier et à renchérir la ressource.
Vu l’absence d’alternative réelle, cette stratégie destructrice se traduit par un accroissement totalement illogique des aides que les pays riches, dont la France évidemment, ont apportées à la consommation d’énergies fossiles en 2021 (Les Echos)!
Contre toute attente, on rouvre les centrales à charbon et les grands groupes pétroliers engrangent des “super profits”. Enfin, dernier acte de cette ligne absurde, on subventionne le carburant à la pompe après avoir augmenté de manière insensée les taxes pour en freiner la consommation. Comprenne qui pourra…
 
PS : mon conseil, dans ce contexte, écouter le magnifique album bluesy figurant en illustration et qui donne son titre au billet...

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