28 septembre 2006
La vengeance est un plat qui se mange froid...
27 septembre 2006
The ballad of Jack and Rose
Avec la performance étonnante de Daniel Day Lewis, c'est toute la force de ce film par ailleurs un peu long. La vision n'est ni bornée, ni manichéiste. Les sentiments sont complexes, un peu désespérés, ambigus, mais vierges de tout a priori idéologique. Certaines scènes sont poignantes et l'ensemble laisse une étrange sensation d'inachevé peuplé de questions torturantes : Aimons nous vraiment ceux que nous aimons ? Suffit-il d'aimer quelqu'un pour faire son bonheur ? A-t-on raison de haïr ceux que nous haïssons et de croire à ce que nous croyons ? INDEX-CINEMA
22 septembre 2006
Il n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Décidément Nicolas Sarkozy semble avoir décidé de faire parler de lui. Après sa visite à la Maison Blanche, ses propositions iconoclastes sur la carte scolaire, les régimes spéciaux de retraite, il attaque bille en tête la Justice, et ses dysfonctionnements.
Bien qu'étant dubitatif sur la volonté réelle du ministre de l'intérieur de changer nombre d'archaïsmes et d'idées reçues dont notre pays crève, j'avoue trouver ses sorties récentes assez jouissives tant elles sont décomplexées et tant elles laissent désemparé le microcosme politique autour de lui. Pour l'heure c'est lui l'agitateur d'idées et personne d'autre. Faute d'inspiration, ils en sont tous réduits à aboyer derrière lui...
La justice est mise en cause. La belle affaire ! Après les ratés mémorables d'Outreau on attendrait d'elle un peu de modestie. Bien au contraire, le premier président de la cour de cassation Guy Canivet demande à être reçu par Jacques Chirac, pour se plaindre des agissements de son ministre ! Il déplore une « nouvelle atteinte à l'indépendance de l'autorité judiciaire » ! Parce que selon lui sans doute, lorsqu'on est juge on devrait être à l'abri de toute critique, et autorisé à toutes les conneries...
Comme s'ils souhaitaient eux aussi irriter le président Canivet, 28 préfets sortent de leur réserve et manifestent aujourd'hui dans le Monde leur mécontentement, déplorant la montée de la violence juvénile et accusant au premier chef les juges : « la déficience de la réponse judiciaire » est « la principale difficulté à la réalisation des objectifs de lutte contre la délinquance ».
Face à ce vrai problème, crûment posé, le plus délectable dans l'affaire restent comme prévu, les réactions de la classe politique, complètement à côté de la plaque
Celle d'abord de Jean-François Copé affirmant que les magistrats avaient «pleinement à cœur de faire respecter la règle de droit». Le pauvre, ça doit tout de même chatouiller le gosier, ce genre de couleuvre lorsqu'on s'est fendu d'un bouquin intitulé : « Promis, j'arrête la langue de bois » !
Celles bien sûr dans la majorité, de ceux qui à l'image du porte parole du gouvernement ménagent la chèvre et le chou dans l'attente de connaître avec certitude le champion auquel il faudra se rallier.
Et surtout les protestations quasi hystériques de certains socialistes, outrés sans doute qu'on ose ainsi s'attaquer au rituel empesé de la liturgie technocratique : Arnaud Montebourg qualifie Nicolas Sarkozy d'«anti-républicain dangereux» qui «doit être rappelé à l'ordre rapidement», Laurent Fabius et François Hollande appellent Jacques Chirac a « rappeler à l’ordre son ministre de l’Intérieur ». Enfin last but not least, Ségolène Royal, pour qui le ministre de l'Intérieur doit «présenter ses excuses» après un «dérapage inadmissible» . Pas de doute, le conservatisme et l'esprit réactionnaire ne sont plus là où on les croyait... INDEX-PROPOS
20 septembre 2006
Le grand méchant mou
Sur l'Iran par exemple, il trouve opportun à l'ONU de prendre à nouveau le contrepied de la position américaine en affirmant que : « la suspension de l'enrichissement d’uranium n'est plus un préalable à l'ouverture des négociations. » Il veut paraît-il « tester la volonté de négociation » du régime des ayatollahs (France Inter ce matin). Il faut tout de même le faire à l'heure où ces derniers vocifèrent entre autres imprécations, depuis plusieurs mois qu'ils ne céderont sur rien... Peut-être rêve-t-il de leur vendre le savoir faire technique de la France en la matière, comme il l'avait fait pour l'Irak de Saddam Hussein ?
En politique intérieure Mr Chirac juge utile de se démarquer de Nicolas Sarkozy. Les régimes de retraite spéciaux, qui constituent autant de privilèges féodaux, on n'y touche pas, la carte scolaire génératrice de tant d'injustices et d'inégalités flagrantes, on n'y touche pas... Bref, tout va bien madame la marquise ! INDEX-PROPOS
15 septembre 2006
Les cieux et les dieux sont incertains...
Le premier ministre anglais n'est sans doute pas au dessus de toute critique; son mandat paraît un peu longuet semble-t-il aux yeux des Anglais; mais l'Histoire retiendra j'espère, outre son charisme, la force et la sincérité de ses convictions. Grâce à elles il réforma et modernisa son parti, qui était au moins aussi rétrograde et doctrinaire que le PS français. Il engagea son pays résolument aux côtés de L'Amérique, dans le combat pour la Liberté, connaissant la difficulté de l'enjeu et sachant qu'il risquait de ternir sa popularité.
On peut donc méditer son avertissement : « le danger avec l'Amérique d'aujourd'hui n'est pas qu'elle est trop impliquée. Le danger serait qu'elle décide de relever le pont-levis et de se désengager ».
Pendant ce temps, Mr Chirac qui constate que «La Méditerranée est devenue le point focal des incompréhensions entre les peuples», en est réduit a proposer la mise en place d'un « atelier culturel » entre l'Europe, la Méditerranée et le Golfe pour « promouvoir le dialogue des peuples et des culture »...
Qu'obtient-il en réponse ? L'exhortation à se convertir à l'islam envoyée par le président iranien, et les menaces des nervi d'Al Quaeda recommandant à leurs affidés de semer la peur «dans le coeur des traîtres et des fils apostats de France» et d'écraser «les piliers de l'alliance croisée».
Mr Chirac va devoir user de beaucoup de patience pour parvenir, comme il le souhaite, à «conjurer le choc de l'ignorance, de la bêtise et de l'arrogance».
Aujourd'hui même, la montée de l'intolérance se manifeste une fois encore à l'occasion de propos tenus par le pape Benoît XVI au cours d'un voyage en Allemagne. Il a demandé aux croyants du monde entier de « professer le visage d'un Dieu humain » et a condamné la guerre sainte et le recours à la violence au nom de Dieu : "Celui qui veut conduire quelqu'un à la foi a besoin de bien parler et de raisonner correctement, au lieu [d'user] de la violence et de la menace."
Si certaines de ses paroles visent à l'évidence, le fanatisme islamique, il n'en a pas moins accusé l'Occident chrétien de construire un monde dans lequel « Dieu est superflu » et de repousser « la religion dans le champ de la sous-culture» l'empêchant «de s'insérer dans le dialogue des cultures».Ces réflexions, auraient donc pu inciter les musulmans modérés à se désolidariser des extrémistes fanatiques et à se rapprocher d'une vision humaniste de la religion. Pour l'heure hélas, elles ne font que déclencher au contraire un tollé tous azimuts, nourri de haine et d'anathèmes, assez inquiétant...
11 septembre 2006
Que la Liberté guide nos pas...
Le 11 septembre 2001, la Liberté a été frappée en plein coeur. Ceux qui ont proclamé la main sur le leur « Nous sommes tous des Américains » doivent être conscients du poids de leurs paroles. On ne se met pas à la place de ses amis pour un seul jour. Quand on scelle son destin au leur, ce n'est pas pour dénouer ces liens dès le lendemain.
L'Amérique blessée a réagi. Deux tyrannies sont tombées et la liberté s'est installée à leur place. Bien fragilement certes, mais rien ne dit qu'il soit impossible de progresser. Le combat n'est pas fini. Plus de 2600 soldats sont morts. Qui oserait prétendre qu'ils ne se battaient pas pour que l'Irak et l'Afghanistan puissent vivre libres et que leurs peuples n'aient plus peur de l'avenir ?
Le 11 septembre est un jour de tristesse, mais ce peut être un jour d'espoir s'il signifie qu'aucune personne n'est morte en vain. Séparées, l'Amérique et l'Europe risquent de s'engager sur des voies périlleuses ou sans issue. Le monde en souffrira. Ensemble elles peuvent faire avancer la lumière et la liberté. Leur fraternité sera sans nul doute un exemple pour d'autres. Le défi est gigantesque mais à portée de main. Puissions nous être à la hauteur... INDEX-PROPOS
08 septembre 2006
En France, l'opinion ne Bush guère...
Faut-il croire qu'il soit encore nécessaire de renforcer le sentiment anti-américain qui étouffe déjà littéralement dans notre pays tout esprit critique depuis tant d'années ?
Le même Karel dans un précédent film, « Opération Lune », avait déjà montré comment on pouvait, grâce à un montage cinématographique habile, soutenir les thèses le plus abracadabrantes et donner l'apparence d'un documentaire objectif aux mensonges les plus gros.
Eh bien c'est sans aucune réserve qu'il faudrait lui faire confiance lorsqu'il entreprend de démolir le gouvernement américain en usant des mêmes recettes : assimilations grossières, raccourcis abrupts, basés sur des extraits vidéo coupés de leur contexte, des fragments d'interviews mis bout à bout.
L'essentiel de l'argumentaire se fonde sur des supputations et des insinuations parfois grotesques, allant par exemple jusqu'à qualifier les horribles attentats du 11 septembre de « cadeau » offert aux dirigeants américains pour leur permettre d'assouvir leur besoin obsessionnel d'en découdre avec l'Irak !
Quasi rien n'est dit sur l'intervention militaire en Afghanistan, qui permit grâce à une campagne éclair la chute du régime odieux des Talibans. En revanche, le film revient sans cesse sur l'illégitimité supposée de celle déclenchée en 2003 en Irak, présentant notamment ce dernier comme totalement étranger à la problématique moyen-orientale et cause « d'aucun danger imminent ».
Jamais il n'est rappelé que le tyran de Bagdad avait envahi le Koweit en 1991, que depuis cette date il narguait la Communauté Internationale, jusqu'à retenir en otage les inspecteurs de l'ONU, qu'il fut le seul chef d'état au monde à se réjouir publiquement des attentats de New-York, qu'il massacrait plusieurs dizaines de milliers de ses propres concitoyens par an, n'hésitant pas pour cette tâche, à utiliser d'atroces armes chimiques, enfin qu'il rêvait tout haut de détruire définitivement Israël...
Rien n'est dit non plus des longs mois de négociations pendant lesquels la chance fut laissée maintes fois à Saddam Hussein de trouver une porte de sortie honorable. Rien n'évoque l'intense débat démocratique contradictoire qui se déroula aux USA, et qui aboutit à un large consensus politique légitimant l'opération militaire.
Bref, la manière se présenter les choses adoptée par Mr Karel et son co-scénariste Eric Laurent, dont on connaît la haine recuite pour la famille Bush, ne se distingue en rien de celle employée par Michael Moore. Le président américain est présenté à travers ces tripatouillages comme un véritable illuminé religieux, moitié idiot moitié naïf, entouré d'une horde de comploteurs intriguant dans son dos. La plus belle et ancienne démocratie du monde à qui tant de pays, dont le nôtre, doivent la liberté est assimilée à un peuple d'imbéciles prêts à gober n'importe quelle sornette.
Hélas force est de constater que c'est en France qu'on trouve tant de benêts capables d'avaler aussi goulûment de tels torrents d'insanités. Évidemment les médias y contribuent largement en ne montrant et remontrant qu'un seul point de vue, mais tout de même...
INDEX-PROPOS
Ah ! ça Iran, ça Iran, ça Iran...
Chacun peut entendre enfin les propos agressifs et intolérants des dirigeants iraniens et constater qu'ils deviennent de plus en plus arrogants et déterminés.
Alors que George Bush alerte une fois encore la communauté internationale sur la menace représentée par un pays dirigé par des fanatiques, et qu'il tente de rameuter la cavalerie : « Les nations du monde libre ne permettront pas à l'Iran de produire l'arme nucléaire. », Mr Douste trouve très fin de se désolidariser par avance en minimisant le danger, mettant même en garde contre une dérive vers une « guerre de civilisations » entre les Occidentaux et le monde musulman, et ridiculisant à mots couverts le président américain : « Le mal et le bien ne sont pas décrétés par des Occidentaux dans un pays donné ».
Après Dominique de Villepin face à Saddam, Mr Douste volant au secours du président Ahmadinejad dans l'espoir de sauver la paix, cela rappelle de bien mauvais souvenirs.
Churchill avait trouvé le 5 octobre 1938 devant les Communes, les mots justes, mais effroyables pour qualifier cette lâcheté :
« Tout est fini. La Tchécoslovaquie muette, triste, abandonnée et brisée s'enfonce dans les ténèbres », et parlant des brillants négociateurs : "Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre ; ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre"...
Daladier de son côté, quoique faible, n'était pas dupe. Il fut surpris du triomphe que la foule lui fit à son retour de Munich. Il laissa échapper dans un murmure qui n'échappa pas à son entourage immédiat : "Les cons, s'ils savaient..."
INDEX-PROPOS
Je fusionne, tu fusionnes, ils fusionnent...
Les députés sont de vrais gamins. Ils jouent au débat parlementaire en déposant pas moins de 137.449 amendements destinés à bloquer le projet de fusion GDF-Suez ! Vaine plaisanterie qui aura probablement l'effet inverse de celui recherché et conduira peut-être à renoncer à toute discussion puisque la loi permet de rejeter l'ensemble sans nuance par la procédure du vote bloqué ou sans vote du tout, en invoquant tout simplement le fameux 49.3... De toute manière, c'est vraiment pour rire, car ce qui est en cause, ce n'est pas la fusion, qui ne choque personne, mais la privatisation, synonyme d'horreur absolue dans notre pays.
C'est une vraie épidémie par les temps qui courent. Après Canalsat et TPS, ce soir c'est Alcatel et Lucent qui s'associent pour devenir un seul conglomérat : le numéro 2 mondial des équipementiers télécom ! C'est pourtant curieux, ni les actionnaires d'Alcatel, ni ceux de Lucent n'avaient l'air d'être convaincus du bien fondé de la manoeuvre à l'issue des assemblées générales entérinant ce choix (Le Monde 7/9/06)...
06 septembre 2006
God bless you, Bob
INDEX-MUSIQUE
31 août 2006
V pour vendetta : vers le meilleur des mondes ?
Cette histoire qui reprend le thème rebattu du vengeur masqué évoque naturellement de prime abord le personnage emblématique de Zorro : solitude du héros, cape et chapeau noir, voltiges à l'arme blanche, paraphes en lettres de feu...
Pour s'en démarquer, les scénaristes ont tenté d'instiller un peu d'ambiguïté dans l'intrigue, et d'inattendu dans le manichéisme. Hélas ça donne en fait une sorte de galimatias sans queue ni tête, nourri d'allusions plutôt équivoques : D'un côté on découvre l'Angleterre soumise à un régime totalitaire qui justifie sa pression policière par des périls imaginaires, mais dont le peuple s'accommode assez bien, accroché qu'il est à son confort matériel. L'église y est comme il se doit, pervertie et inféodée au Pouvoir, l'homosexualité, synonyme d'intelligence et d'ouverture d'esprit est persécutée, et le Coran constitue la relique émouvante d'une culture bannie. L'Amérique quant à elle est en pleine décomposition « à cause des guerres qu'elle a entreprises... »
De l'autre côté, on suit les péripéties d'un justicier censé incarner le bien mais dont les jugements sont expéditifs. Il n'hésite pas « pour la bonne cause », à tuer, brutaliser, terroriser, ou à faire sauter joyeusement les symboles même de la démocratie que sont le Parlement et le Palais de Justice en se servant du métro pour véhiculer ses bombes...
Au final le sentiment qui domine, c'est celui d'assister à une farce sinistre qui s'épuise en bavardages sentencieux et invraisemblances ridicules. L'esthétique léchée de BD post-moderniste ne parvient à sauver cette douteuse aventure qu'on voit s'achever non sans un certain soulagement. INDEX-CINEMA
28 août 2006
Retour vers le meilleur des mondes
De même on n'est plus trop effrayé par la propagande subliminale ou bien celle infligée pendant le sommeil, qu'il appelle hypnopédie. Leurs dangers paraissent pour l'heure assez théoriques.
Il reste toutefois une réflexion pénétrante sur la fragilité de la liberté, menacée aujourd'hui encore par toute une série de fléaux très concrets :
Mais bien qu'indispensable, elle peut aussi être fatale. Son excès transforme hommes et femmes en automates, paralyse l'élan créateur et abolit la possibilité même de l'indépendance. »
23 août 2006
Honni soit qui Google y pense...
Ça commence plutôt bien car il commente avec enthousiasme le fabuleux développement de l'internet et cherche à convaincre des bienfaits des techniques de numérisation qu'il voit comme « un moyen de sauvegarder les livres », et « de mettre à portée de tous les richesses accumulées au long de siècles ».
Mais il émet aussitôt des réserves sur la manière d'y parvenir, critiquant sans ménagement l'initiative de Google, qui prévoit de numériser en 6 ans pas moins de 15 millions d'ouvrages.
On peut certes comprendre qu'il soit un peu frustré par l'ampleur du projet. Ça fait évidemment beaucoup par rapport à celui de la BNF, Gallica, qui propose à ce jour 80.000 livres en ligne et qui espère en produire désormais 120.000 par an.
En réalité, c'est la nature même de la démarche qui le chiffonne : Google, « c'est un environnement américain qui préside au choix des livres et à la manière de les présenter », « C'est le royaume du vrac », asservi « à une logique marchande », dans lequel « un algorithme aussi secret que la recette du Coca-Cola », privilégie quelques références « comme les têtes de gondoles dans les librairies ».
Mr Jeanneney est choqué et il enfonce le clou. Pour lui c'est clair, « si l'état ne surplombe pas le marché, la diversité culturelle sera écrasée ».
Curieuse manière de raisonner : il s'insurge contre « les grands monopoles » tout en constatant la profusion difficilement égalable de leurs offres, il craint la « loi du marché » qui présente en premier ce qui se demande le plus, et il en déduit étrangement que seul l'Etat, par ses serviteurs zélés, est capable de régenter l'univers culturel !
En citant le général de Gaulle : « Ne soyez pas aveugle en face du marché », il donne pourtant lui-même une clé intéressante. On a vu par le passé les ravages de la culture d'Etat. Le marché quant à lui, n'impose les choses qu'aux gens qui se les laissent imposer. Soyons éclairés et le marché le sera. Mais pourquoi donc abandonner à d'autres les choix qui nous incombent ?
Aujourd'hui même on pouvait lire dans la presse que la Commission de Bruxelles n'avait jamais enregistré autant de fusions d'entreprises qu'en 2006, plus de 345 ! Ce qui est habituellement salué comme un évènement heureux et encouragé par les Pouvoirs Publics, autant d'ailleurs pour les entreprises nationalisées que privées, ne laisse pas d'inquiéter. J'aimerais, en bon libéral jeffersonien que je suis, être certain que cette tendance concentrationnaire ne constitue pas un danger pour l'émulation et le progrès...
INDEX-PROPOS
L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions
S'il paraît ne pas regretter son choix, il se lamente cependant sur l'alternative retenue : « Pour satisfaire une opinion publique toujours plus répressive et désormais privée de sang, on a institué la réclusion perpétuelle incompressible ». Elle ne fait en effet selon lui que fabriquer « des fauves dangereux » ou « des dépressifs profonds ».
Mais au delà de ces propos quelque peu réducteurs et méprisants pour le peuple, le problème est qu'il ne dit pas ce qu'il faudrait en définitive faire.
Ah ces gens bien intentionnés, qui ne veulent pas de bourreaux parce que c'est inhumain, qui ne veulent pas de « perpète » parce que c'est cruel, et qui ne veulent pas même de prisons parce qu'il vaut mieux construire des écoles et des logements sociaux...
Avec leurs bons sentiments, ont-ils seulement imaginé qu'ils avaient une part de responsabilité dans le grand délabrement de la justice en France ? Les victimes d'assassins récidivistes, les prisons surpeuplées, les outrances judiciaires dont Outreau fut le tragique révélateur, n'ont-elles pas quelque chose à voir avec leurs doutes larmoyants, issus contre toute attente d'une morale somme toute très dogmatique ?
INDEX-PROPOS
Trois enterrements
D'autant que la vie est dure dans cette contrée reculée. La police des frontières omniprésente, n'est pas tendre avec les malheureux qui tentent de fuir leur pays pour gagner un hypothétique eldorado. D'une manière générale les gens ne sont pas très avenants, à l'image de Tommy Lee Jones avec sa silhouette hâve et sa gueule burinée, mal rasée de vieux cow boy désabusé. L'ennui est sur toutes les têtes. Les femmes le trompent en trompant leur mari et les hommes en buvant, et en baisant les femmes qui trompent leur mari...
Et puis les morceaux épars du puzzle se rassemblent tout à coup.
Cet homme, on apprend par qui et pourquoi il a été tué. On découvre qu'il avait un ami qui tenait vraiment à lui. On comprend que pour cet ami, le crime ne peut rester impuni et que les dernières volontés du défunt doivent être exaucées.
Une vengeance se dessine alors, car la justice doit passer, même si ceux dont c'est le métier s'avèrent incapables de la rendre.
Elle va donc s'accomplir au travers d'une hallucinante chevauchée, une sorte de vertigneux et insensé huis clos itinérant. Un véritable voyage expiatoire, rude, terrible, dont la simplicité implacable évoque naturellement les errances solitaires des héros du western classique.
Tommy Lee Jones, dont c'est la première réalisation, en fait un peu trop dans le sordide. Mais il signe toutefois une oeuvre originale, magnifiquement dirigée et servie avec brio par des acteurs excellents : lui-même, Barry Pepper, mais aussi par exemple Levon Helm - le batteur du groupe mythique The Band - qu'on découvre en vieil ermite aveugle qui supplie qu'on achève sa vie sans espoir. Le tout s'appuie sur un scénario dur, mais fort heureusement pas aussi gratuit qu'on pouvait le craindre. Les situations sont plus complexes qu'il n'y paraît. L'assassin avait des raisons d'en vouloir à sa victime, mais il ne le savait pas. Le mort était gentil mais un peu menteur. Quant à l'immigration clandestine, elle est là comme un fait tragique, incontournable, pas comme le prétexte à un parti pris idéologique...
Bref, c'est diablement humain...
INDEX-CINEMA
22 août 2006
The constant gardener
La coupe est décidément pleine de ces chevaliers blancs qui semblent se faire un devoir de pourfendre le système qui les nourrit. A trop vouloir en dire on ne dit rien. Si la situation est aussi grave ce n'est pas avec des insinuations aussi grotesques qu'on peut espérer la changer !
John Le Carré, l'auteur du livre dont est tiré le film, a depuis toujours cultivé l'ambiguité politique. Cette fois, il a manifestement rejoint les rangs des enragés de la théorie du complot. De ceux qui voient partout l'empreinte des griffes du Grand Satan Bush et qui haïssent le capitalisme avec des arguments à peu près aussi subtils et perspicaces que ceux qu'employaient les Bolchéviques. Un signe ne trompe pas, le romancier anglais fait figure dorénavant pour le Parti Communiste d'écrivain "franchement prodigieux de finesse et d’intelligence critique", "l’un des chroniqueurs les plus sagaces du dernier demi-siècle" (l'Humanité avril 2004).
Le vrai problème de ce film de Fernando Meirelles, c'est qu'en dehors de ce parti pris discutable mais après tout légitime, ce qui aurait pu être un bon thriller s'avère n'être qu'un navet très convenu et sans nuance, assez gonflant pour tout dire.
La mise en scène qui use et abuse des feed-backs, est approximative, décousue, incohérente un peu comme les trépidations anarchiques dont est affligée la caméra.
Le suspense est quasi inexistant tant l'histoire est prévisible, dès les premières minutes.
Même l'histoire d'amour entre Tessa-Rachel Weisz et Justin-Ralph Fiennes vient comme des cheveux sur la soupe. On n'y croit pas un seul instant et le jeu des acteurs stéréotypé et superficiel y est pour beaucoup. Elle est horripilante, il est niais.
Bref, on cherche vainement ce qui pourrait valoir un compliment dans cette lamentable guimauve bien-pensante. Quelques images pathétiques d'une Afrique qui crève, avant tout des déchirures qu'elle s'inflige elle-même, et de sa désespérante incapacité à surmonter un fatum si noir sous un soleil si blanc peut-être....
INDEX-CINEMA
21 août 2006
Et pan dans le Sénat !
Et si on se demandait plutôt pourquoi en France le Sénat est si insignifiant ?
INDEX-PROPOS
18 août 2006
La route de la servitude
En le rejetant, c'est pourtant une des plus belles aspirations humaines à laquelle on renonce, celle « d'Erasme et de Montaigne, de Cicéron et de Tacite, de Périclès et de Thucydide... »
A toutes ces personnes inquiètes, la lecture de Friedrich Hayek peut être une révélation tant sa vision des choses paraît humble, naturelle et dénuée d'artifice. Tant elle tient de l'évidence, à condition de n'avoir pas trop de préjugés.
Pour l'économiste d'origine autrichienne, prix Nobel en 1974, fondateur de la Société du Mont-Pèlerin, « la route de la servitude », c'est celle qui attend les gens qui préfèrent à la liberté, le pouvoir «absolu, prévoyant, régulier et doux » de l'Etat. C'est le destin de ceux qui s'en remettent corps et âme au « Plan » pour organiser leur vie.
Cet ouvrage fut écrit en 1943, au moment où le monde était déchiré par de sanglants conflits d'idées. Par bien des aspects, il reste d'une vibrante actualité. Avec des mots simples et des exemples tirés de la vie quotidienne, Hayek mettait en garde contre les méfaits de la planification étatique et montrait qu'il faut avoir confiance dans la liberté.
Le planisme est l'outil commun des idéologies collectivistes : socialisme, communisme, nazisme, fascisme
L'ouvrage est dédié « aux socialistes de tous les partis. » Même si cette interpellation sarcastique peut paraître étonnante, voire choquante pour certains, elle se justifie tant les collectivismes se ressemblent, au moins par les moyens utilisés pour parvenir à leurs fins : quasi négation de l'individu et de son entourage familial, asservissement du peuple au Parti et planification centralisée, rigide.
Les récents aveux de Günther Grass éclairent d'un nouveau jour ces similitudes. Cet homme, qui incarne depuis plusieurs décennies, la « Gauche morale », avoue avoir été séduit à 17 ans, par le modèle de justice et de progrès sociaux proposé par le national-socialisme.
Il faut dire qu'on a tellement glosé rétrospectivement sur l'horreur irrationnelle du nazisme, qu'on a fini par oublier ses racines socialistes, et sa nature idéaliste...
Cela étant, ce qui est en question ici, ce ne sont pas les desseins à proprement parler de ces mouvements, mais les moyens qu'invariablement ils mettent en oeuvre pour les accomplir. Car ils se révèlent pervers et n'aboutissent en règle qu'à produire l'inverse de qui était attendu.
Ainsi le planisme s'avère l'outil commun, indispensable aux sociétés trop inféodées à une idéologie. Le drame, c'est qu'il « mène à la dictature parce que la dictature est l'instrument le plus efficace de coercition et de réalisation forcée d'un idéal. »
On pourrait croire que le socialisme moderne qui se veut respectueux de la démocratie soit parvenu à éluder le problème, mais il n'en est rien, s'il veut rester fidèle à son idéal, par essence totalitaire : « Les socialistes se placent sans s'en rendre compte, devant une tâche que seuls peuvent exécuter des hommes durs, cruels, prêts à bousculer toute barrière morale. »
Les exemples de tels hommes pullulent dans l'Histoire contemporaine.
Toutefois, « beaucoup de socialistes ont fini par comprendre qu'ils ne pouvaient mettre en pratique leur idéal qu'à l'aide de méthodes que le socialisme réprouve... » Et devant ce dilemme, plutôt que de tenter une nouvelle fois d'installer un régime totalitaire, ils se résignent à édulcorer leur projet, à le fondre dans quelque chose de moins effrayant : la « social-démocratie. »
Mais Hayek ne considère pas qu'un destin meilleur soit garanti. La démocratie, même si elle est souhaitable, n'est pas la panacée : « Sous le gouvernement d'une majorité homogène et doctrinaire, la démocratie peut s'avérer aussi tyrannique que la pire des dictatures. »
Si le socialisme de nos jours accepte souvent les règles de la démocratie, il ne peut complètement accepter la liberté qui normalement va de pair avec elle. Il continue de rejeter le plus souvent avec horreur le libéralisme et n'a de cesse de proposer des réglementations, des interdits et des contraintes. On peut donc sans en déformer la signification, reprendre les mots de Tocqueville, et là où il parlait de démocratie, y substituer le libéralisme : « Le libéralisme étend la sphère de l’indépendance individuelle, le socialisme la resserre. Le libéralisme donne toute sa valeur possible à chaque homme, le socialisme fait de chaque homme un agent, un instrument, un chiffre. Le libéralisme et le socialisme ne se tiennent que par un mot, l'égalité ; mais remarquez la différence : le libéralisme veut l'égalité dans la liberté, et le socialisme veut l’égalité dans la gêne et dans la servitude. »
En définitive, les temps changent mais le constat reste : le planisme, en faisant de l'Etat le centre décisionnel de la vie des gens se condamne lui-même et comme le déplorait déjà Hölderlin : « Ce qui fait de l'État un enfer, c'est que l'homme essaie d'en faire un paradis... »
On comprend dès lors que pour éviter cette perspective, Hayek conseille vivement de se rallier à la conception simple de l'Etat, énoncée par Tocqueville : « Le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui. »
Le planisme n'apporte ni l'équité, ni la sécurité, ni la justice sociale
Le planisme par nature restreint la liberté, au profit prétendu de l'équité et de la sécurité collective.
Hayek démontre que dans ce jeu pervers, le gain est chimérique tandis que la perte est bien réelle et désastreuse, car rien ne peut vraiment remplacer la liberté, et ce n'est qu'après l'avoir perdue qu'on en mesure l'importance.
Il rappelle à ce sujet l'avertissement solennel de Benjamin Franklin : « Ceux qui sont prêts à abandonner des libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté ni sécurité. »
On peut aller plus loin et condamner ceux qui incitent à se défier de la Liberté, en la présentant comme source d'immoralité ou de précarité et ceux qui discréditent l'argent au motif qu'il corrompt, qu'il aliène :
« L'école et la presse ont inculqué à notre jeune génération l'habitude de considérer toute entreprise commerciale comme suspecte, tout profit comme immoral. » On en vient à considérer « qu'employer une centaine de personnes équivaut à les exploiter, tandis que commander le même nombre d'individus est une tâche honorable. »
La liberté devient dans ces descriptions fallacieuses, « un état extrêmement précaire, où l'on est méprisé en cas de réussite autant qu'en cas d'échec. »
Résultat, « On n'est pas surpris de voir affirmer par un nombre toujours plus grand de gens que la liberté ne vaut rien sans la sécurité et qu'ils sont prêts à sacrifier la première à la seconde. »
Pourtant il n'est pas nécessaire de chercher loin pour conclure que le planisme est incapable de garantir une vraie « justice sociale ».
Si l'abolition de la propriété privée et l'objectif de l'égalité totale semblent désormais irréalisables ou non désirables, celui consistant à tendre vers une plus grande équité est toujours fièrement revendiqué. Pourtant, il n'est d'aucun secours aux dirigeants du Plan pour leurs décisions, tant il est vague et abstrait. Ce but suggère en effet « de prendre aux riches autant que possible. » Mais lorsqu'il s'agit de distribuer le prélèvement ainsi effectué, le problème demeure, tel que le décrivait John Stuart Mill : « Les hommes capables de soupeser chacun, comme dans une balance, et d'attribuer, selon leur bon plaisir et leur appréciation, aux uns plus, aux autres moins, de tels hommes devraient soit descendre de surhommes, soit être soutenus par une terreur surnaturelle. »
Autrement dit, « le monde dans lequel le riche est puissant n'est-il pas meilleur que celui dans lequel seul le puissant peut acquérir la richesse ? »
Quant à l'argent, si vil et maléfique, on entrevoit aisément les conséquences, « si l'on acceptait de faire ce que proposent maints socialistes, à savoir remplacer le mobile pécuniaire par des stimulants non économiques. Si l'on se met à rétribuer le travail non pas par l'argent mais sous forme de distinctions honorifiques ou de privilèges, d'attribution d'un pouvoir sur d'autres ou par de meilleures conditions de logement ou de nourriture, par des possibilités de voyage ou d'instruction, tout cela signifie une nouvelle restriction de la liberté. »
En réalité, à l'évidence, l'argent n'a pas les tares dont on l'accuse; au contraire, il s'avère « un des plus magnifiques instruments de liberté que l'homme ait jamais inventé. » puisqu'il offre à l'individu la possibilité d'en faire ce que bon lui semble. Son seul défaut, c'est d'être trop rare pour le commun des mortels...
La sécurité enfin, n'est guère mieux lotie dans une société planifiée: « Plus on tente d'assurer une sécurité complète en intervenant dans le système du marché plus l'insécurité augmente. »
Ce qu'on apporte à certains, on le retire mathématiquement à d'autres. C'est ainsi qu'avec les meilleures intention du monde, on en arrive à créer des rentes de situation, des niches artificiellement protégées tandis qu'on aggrave les difficultés de ceux qui n'en peuvent bénéficier.
En réalité le planisme n'aboutit souvent qu'à distribuer des prérogatives et des prébendes: « L'amateur de paysages champêtres qui veut avant tout préserver leur apparence et effacer les insultes faites à leur beauté par l'industrie, tout autant que l'hygiéniste enthousiaste qui veut démolir les chaumières pittoresques et insalubres ou l'automobiliste qui veut voir partout de bonnes routes bien droites, le fanatique du rendement qui désire le maximum de spécialisation et de mécanisation, et l'idéaliste qui au nom des droits de la personne humaine veut conserver le plus possible d'artisans indépendants, tous savent que leur but ne peut être totalement atteint que par le planisme, et c'est pourquoi ils veulent le planisme. Mais l'adoption du planisme qu'ils revendiquent à grands cris ne peut que faire surgir le conflit masqué qui oppose leurs buts. »
Le libéralisme à l'inverse n'a aucune raison de favoriser tel ou tel groupe humain. D'ailleurs, le voudrait-il qu'il ne le pourrait pas, puisque par nature, il n'en a pas le pouvoir.
Au surplus, « il est significatif que l'argument le plus courant contre la concurrence consiste à dire qu'elle est « aveugle ». Il est peut-être opportun de rappeler que pour les anciens, la cécité fut un attribut de la divinité de la justice. La concurrence et la justice n'ont peut-être rien d'autre en commun que le mérite de ne pas tenir compte des considérations personnelles. »
Si le planisme se caractérise par un carcan organisationnel, cela ne signifie pas que la société libérale doive s'affranchir de règles générales. L'Etat peut par exemple légitimement contrôler et réglementer certaines productions nuisibles (toxiques par exemple) ou encore limiter la durée du travail sans que cela ne menace la concurrence ni la liberté. Il peut même sans les entamer significativement, décréter un revenu minimal de subsistance ou instaurer un régime de protection contre la maladie.
« D'une manière générale, chaque fois que la communauté peut agir pour atténuer les conséquences des catastrophes contre lesquelles l'individu est impuissant, elle doit le faire. »
Simplement, « Il n'y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d'en faire un dogme immuable; il n'y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées et recourir le moins possible à la coercition. »
Si le libéralisme est basé sur la conviction que la concurrence est le meilleur moyen de guider les efforts individuels, en aucun cas il ne s'agit d'un laisser faire dogmatique. Il ne nie pas mais au contraire réclame, pour que la concurrence puisse jouer un rôle bienfaisant, « une armature juridique soigneusement conçue ».
Le planisme n'a rien d'inéluctable, même dans un monde complexe
Pour Hayek, il y a une chose révélatrice : peu de partisans du planisme centralisé le décrivent comme « désirable ». En revanche, « la plupart d'entre eux affirment que nous ne pouvons plus choisir, et que nous sommes contraints par des circonstances échappant à notre volonté de substituer le planisme à la concurrence. »
Les transformations techniques ont pour eux rendu « la concurrence impossible dans un nombre croissant de domaines », ne laissant le choix qu'entre « la production par des monopoles privés et la direction par le gouvernement. » et imposant « de recourir à la coordination d'un organe central pour éviter que la vie sociale devienne un chaos. »
Pourtant, « L'histoire intellectuelle des soixante ou quatre-vingts dernières années illustre parfaitement cette vérité qu'en matière d'évolution sociale, il n'y a d'inévitables que les choses qu'on pense être inévitables. »
« Le contrôle et le planisme ne présenteraient pas de difficulté dans une situation assez simple pour permettre à un seul homme ou un seul conseil d'embrasser tous les faits. Mais lorsque les facteurs à considérer deviennent si nombreux qu'il est impossible d'en avoir une vue synoptique, alors, mais alors seulement, la décentralisation s'impose. »
Autrement dit, plus le monde devient complexe, et plus il a besoin de la concurrence et de la liberté.
Dans un même ordre d'idée, la complexité du monde et les exigences de rentabilité ne rendent pas impérative ni nécessaire la constitution de monopoles. Les gains immédiats sont en effet éphémères.
Le planisme et la centralisation ne conduisent à faire baisser le coût des biens qu'au prix d'artifices, c'est à dire soit une restriction de la liberté soit une uniformité de ces biens : « On pourrait concevoir que l'industrie automobile britannique arrive à produire une voiture moins chère et meilleure qu'aux Etats-Unis à condition que tout le monde en Angleterre soit décidé à se servir du même modèle. »
L'expérience l'a montré maintes fois, la production étatique et le regroupement industriel sous la forme de trusts s'avèrent à long terme coûteux et stérilisants en terme d'invention et de progrès.
A contrario, « le prix immédiat que nous avons à payer pour la variété et la liberté du choix peut parfois être élevé mais à la longue le progrès matériel lui-même dépendra de cette variété. »
« Cela signifie que si nous voulons conserver la liberté, nous devons la garder plus jalousement que jamais et être prêts à faire des sacrifices pour elle. »
Le planisme est source de tensions internationales
Lorsqu'il se projette dans le contexte des relations internationales, Hayek y trouve des arguments supplémentaires pour rejeter les organisations rigidement planifiées.
« Il n'y a pas de grandes difficultés à planifier la vie économique d'une petite famille dans une communauté modeste. Mais à mesure que l'échelle grandit, l'accord sur les fins diminue et il est de plus en plus nécessaire de recourir à la force et à la contrainte. »
Non seulement la mise en cohérence de plusieurs organisations nationales intangibles serait délicate, mais il y a fort à parier qu'elle supposerait à un moment où à un autre un accroissement des tensions. « Au lieu d'une lutte toute métaphorique entre concurrents, on aurait affaire à un conflit de forces, avec transfert des rivalités que les individus règlent normalement sans recourir à la force, à des Etats puissamment armés échappant à toute loi supérieure. »
En bref, « on ne peut pas être juste, ni laisser les gens vivre leur vie si c'est une autorité centrale qui distribue les matières premières, répartit les marchés, si tout effort spontané doit être approuvé, et si l'on ne peut rien faire sans l'autorisation de cette autorité centrale. »
Hayek n'est toutefois pas opposé au principe d'une autorité supra-nationale. Il juge même que cette dernière pourrait « contribuer énormément à la prospérité économique », à condition qu'elle « se contente de maintenir l'ordre et de créer des conditions dans lesquelles les peuples puissent se développer eux-mêmes », qu'elle aide « autant que possible les peuples pauvres à reconstruire leur vie et à élever leur standard de vie ».
Il souhaite donc un organisme dont le pouvoir « serait essentiellement d'un caractère négatif » , pour surtout dire « non » à toutes sortes de mesures restrictives. »
Il l'imagine dotée de pouvoirs réels car « il ne peut pas y avoir de lois internationales sans un pouvoir capable de les faire respecter », mais elle devrait être avant tout « conçue de manière à empêcher les autorités nationales ou internationales de devenir tyranniques. »
Suit un vibrant plaidoyer pour le fédéralisme qui garantit dans les meilleures conditions le respect des intérêts de chacun dans une perspective de progrès commun : « La fédération est l'application de la méthode démocratique aux affaires internationales, la seule méthode de transformation pacifique que l'homme ait inventée. »
« L'avantage du fédéralisme est de rendre le planisme nuisible difficile, tout en ouvrant la voie au planisme nécessaire. »
« Notre but ne doit être ni un super-état tout-puissant, ni une association lâche de « nations libres », mais une véritable communauté de nations composées d'hommes libres. »
« Nous gagnerons tous à créer un monde dans lequel les petits États puissent subsister. »
La France prise à son jeu
-la fin aussi abrupte des combats, au jour dit, à l'heure dite.
-le déploiement subit de l'armée libanaise – pas moins de 60.000 hommes tout de même – On se demande bien d'où ils peuvent sortir « après 40 ans d'absence au Sud-Liban » et plusieurs semaines d'affrontements meurtriers sans qu'on parle un seul instant d'eux.
-Le renforcement enfin de la FINUL. Une semaine après le cessez-le-feu, on ne sait toujours pas à quoi elle va servir, de combien d'effectifs elle va disposer, et sous quel commandement elle va être placée. Il faut rappeler que la « Force Intérimaire des Nations Unies pour le Liban » compte à ce jour 2000 hommes, dont 200 Français. Elle est en place depuis plus de 20 ans, sans possibilité de faire usage de ses armes. Pour quelle efficacité ?
07 août 2006
Les portes de la perception
Puis je me plonge dans mon bouquin, « Les portes de la perception et autres essais » d'Aldous Huxley. Ces réflexions sont placées sous le signe de William Blake : « Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie. »
Ces portes dont s'inspira Jim Morrison et qui devinrent dans l'univers du Rock, les Doors, ce sont celles des paradis artificiels, ouvertes par la mescaline.
Huxley relate l'expérience qu'il fit de cette drogue extraite du peyotl, dont il ingurgita 4 décigrammes par « une brillante matinée de mai ».
Et ça commence par un constat un peu désabusé sur la solitude des sensations : « Nous vivons ensemble, nous agissons et réagissons les uns sur les autres; mais toujours, et en toutes circonstances nous sommes seuls. Les martyrs entrent la main dans la main dans l'arène; ils sont crucifiés seuls. Embrassés, les amants essayent désespérément de fondre leurs extases isolées en une transcendance unique; en vain. »
« Depuis la famille jusqu'à la nation, chaque groupe humain est une société d'univers-îles. »
La drogue offre une sensation unique : la perception « nettoyée »; notamment de l'espace et du temps. On n'éprouve rien d'agréable ni de désagréable mais simplement ce qui est : Istigkeit selon le mot de maître Eckhart. Ainsi des fleurs : « Elles brillent de leur propre lumière intérieure, quasi frémissantes sous la pression de la signification dont elles sont chargées, une durée passagère qui est pourtant une vie éternelle, un périr perpétuel qui est en même temps un Être pur, un paquet de détails menus et uniques dans lesquels, par quelque paradoxe ineffable et pourtant évident en soi, se voit la source divine de toute existence. »
La mescaline fournit une approche taoïste du réel : « Au stade final de l'absence de moi, il y a une connaissance obscure que Tout est dans tout, que Tout est effectivement chacun. »
Cet éclatement de la personnalité fait penser à certaines affections psychiatriques, mais sans le caractère pervers, incontrôlable, de la maladie. Ainsi, la mescaline fait connaître la partie « paradisiaque de la schizophrénie. »
Par bonheur, elle est d'ailleurs presque complètement inoffensive, contrairement aux drogues communément acceptées que sont l'alcool et le tabac. Elle ne provoque pas de trouble aigu du comportement : « un homme sous l'influence de la mescaline se contente de s'occuper tranquillement de ce qui le regarde. »
La mescaline n'est certes pas une drogue idéale. A côté de la majorité d'utilisateurs « transfigurés de façon heureuse, il y a une minorité qui ne trouve en la drogue que l'enfer ou le purgatoire. »
Toutefois elle s'avère pour l'écrivain, supérieure à toutes les substances connues y compris les pilules psychotropes. « Celui qui en revient ne sera jamais tout à fait le même que celui qui y était entré. Il sera plus sage, mais moins prétentieusement sûr; plus heureux , mais moins satisfait de lui; plus humble en reconnaissant son ignorance, et pourtant mieux équipé pour comprendre les rapports entre les mots et les choses, entre le raisonnement systématique et le Mystère insondable dont il essaye, à jamais et en vain d'avoir la compréhension. »
On sait que fort de cette expérience bouleversante, Huxley, au moment de mourir, demanda qu'on lui administre du LSD. Probablement espérait-il ainsi passer en majesté les Portes de l'Eternité...
INDEX-LECTURE
La malédiction de l'Inca
Le Pr Khayat avait été nommé en mai 2005, par Jacques Chirac en vertu de son droit régalien, à la tête de cette nouvelle et nième entité administrative créée par ses bons soins, pour être en quelque sorte le fer de lance de son emblématique « Plan Cancer ».
Cher vieux pays où l'on continue à croire aux pouvoirs magiques des commissions, agences, instituts et autres bras rapportés de l'Administration Centrale, sur les fléaux qui minent la société !
Magie n'est pas déplacé en la circonstance. Probablement espérait-on de ce grand Inca des pouvoirs surnaturels capables de faire fondre les affreuses statistiques du cancer.
Passons sur les accusations portées contre le brillant cancérologue. Elles sont probablement exagérées comme a conclu le Contrôle général économique et financier au terme d'une enquête approfondie des comptes de l'Institut.
Pour autant, on peut se demander ce qu'une telle instance est susceptible d'apporter de bien efficace contre le cancer. Pour l'heure on a vu surtout en émaner des recommandations en forme de diktats bureaucratiques.
Ainsi le sort des infortunés malades est-il désormais entre les mains non plus de médecins, mais de commissions. Ces dernières sont chargées lors de Réunions dites « de Concertation Pluri-disciplinaire », d'établir les cursus de soins et de traitement. Ainsi, la médecine s'exerce donc en conclave, le praticien n'étant qu'un rouage quasi passif dans cet engrenage bien intentionné, mais par nature anonyme et irresponsable.
Même le moment si terrible, où il faut révéler au malade ce dont il souffre, échappe désormais au cadre si singulier du "colloque médecin-malade". Il est planifié, enrobé d'une molle gélatine administrativo-humanitaire, douce, consensuelle, mais hélas par nature désincarnée. On appelle ça le "dispositif d'annonce", et c'est comme ça qu'on entre dorénavant dans la "filière de soins"...
Autres genre de mesures prises par l'INCA, le calcul de seuils d'activité en deçà desquels il devient interdit d'exercer les soins dans telle ou telle spécialité et dans tel ou tel établissement. Appliquant à l'art médical les recettes stakhanovistes de la production industrielle on décrète ex cathedra « qu'il n'est possible de faire bien que ce qu'on fait souvent. »
En raisonnant de la sorte, on « restructure l'offre de soins » comme on dit en jargon technique. En réalité, on juge les gens a priori sur leurs compétences supposées, qu'on assimile grossièrement à des quota et on décapite par avance ceux qui ne répondent pas au gold standard.
On peut avoir des doutes sur l'efficacité d'un telle stratégie, faisant de la quantité un gage de qualité.
Surtout lorsqu'on la met en perspective avec la récente escroquerie à l'Assurance Maladie, dévoilée mi-juillet : un médecin de l'Essonne enregistrait une moyenne de 147 consultations par jour 6 jours sur 7 depuis 2002, déclarant un chiffre d'affaires annuel de plus d'un million d'euros.
On frémit quand on pense qu'il a fallu plus de 4 ans aux Pouvoirs Publics pour mettre à jour cette extravagance !
INDEX-PROPOS
02 août 2006
Nouvelles du front
On pourrait en sourire si dans le même temps, n'était condamnée l'attitude d'Israël, accusé de frapper délibérément les civils, et d'aggraver l'animosité du monde arabe en entamant une intervention de grande envergure. Cette dernière est d'ailleurs assez largement jugée inefficace et on entend même dire qu'elle pourrait avoir pour seul résultat de tout détruire dans ce malheureux pays sauf le Hezbollah !
Ces couplets pacifistes, relayés la bouche en coeur par une partie de la Presse, ressemblent fort à ce qu'on entend à propos de l'Irak et de l'Afghanistan et à ce qu'on entendit au moment des attentats du World Trade Center, de Madrid, de Londres... Et ces subtiles arguties ont comme un arrière-goût rance de vieille cuisine munichoise...
Je lis dans un blog américain, ce résumé affreux mais trop vrai, de la problématique simple et dramatique, des Israéliens :
Si les Arabes déposent aujourd'hui, les armes la violence devrait sous peu cesser d'exister
Si les Juifs déposent aujourd'hui les armes, Israël devrait sous peu cesser d'exister...
Pendant ce temps, le président Chavez fait le tour des popotes anti-américaines et antidémocratiques. Lui le président de gauche, si près du peuple, que fait-il de son bel argent sorti du sol sous forme d'or noir ? Comment envisage-t-il donc de le distribuer ?
Probablement sous forme de pruneaux. On apprend en effet qu'il vient de passer auprès de la Russie, une commande de plus de 3 milliards de dollars d'armements divers : avions de chasse Sukhoï 30, hélicoptères de combat, usine de fabrication de Kalachnikov... Il est vrai que le Vénézuela compte tant d'ennemis acharnés autour de lui...
28 juillet 2006
Du sang de la haine et de la mort
Comme si le voile de cendre et de suie qui envahit le ciel, éteignait la splendeur du passé phénicien, éclipsant Byblos, Tyr, et Baalbek, l'ancienne Héliopolis, derrière une grisaille affreuse.
Le Liban pays martyr n'en finira donc pas de rouvrir ses plaies. Et les enfants, les pauvres enfants, continueront encore longtemps de mourir dans un monde qu'ils entrevoient mais qu'ils ne pourront jamais comprendre...
A Beyrouth le gouvernement est un mirage fuyant. Plus on l'espère, plus il s'éloigne. Pour son grand malheur, le pays s'éparpille en mille groupes, en mille religions. Le Président Lahoud soutient le Hezbollah. Or "le Hezbollah ne fonctionne plus comme un état à l'intérieur de l'état mais comme l'état lui-même" (Time). Un Etat qui expose les enfants et les laisse se noyer dans leur propre sang, sans imaginer qu'il contient un peu de celui du Prophète. Les scouts d'Al-Mahdi endoctrinés, brandissent leurs bras encore potelés comme le faisaient avant eux les jeunesses hitlériennes...
Une spirale de haine infernale poursuit de sa malédiction le peuple palestinien. Il semble repousser avec une obstination morbide toute occasion d'aller vers un destin paisible. Chaque espoir se perd dans les sables et devient aussitôt impossible à rattraper.
Israël avec une volonté de fer a bâti une démocratie et a fait émerger du désert un verger. Les Palestiniens refusent obstinément de donner naissance aux leurs à côté. Ils préfèrent encore la désolation et l'odeur perpétuelle de la mort au voisinage des Juifs. En leur sein même hélas, les milices se divisent sans fin, Hizb Allah contre Amal, Hamas contre Fatah. Partout les querelles naissent, croissent et dégénèrent en conflits meurtriers.
Ils ont épuisé la patience de leurs coreligionnaires en Egypte, en Jordanie, en Arabie, mais ils servent de jouets diaboliques à de grands prédateurs. L'Iran qui s'enfonce chaque jour que Dieu fait, un peu plus dans l'intolérance et le fanatisme, achète le sang de ces âmes perdues pour en faire le terreau de ses révolutions. La Syrie actionne des leviers pervers dans le jeu desquels ils font office de courroies de transmission.
La Communauté Internationale assiste impuissante à cet atroce théâtre de l'absurde. Les « gardiens de la paix » onusiens, inutilement mêlés aux combattants de l'ombre, sont de vaines victimes. Les crocodiles bien intentionnés pleurent mais sont impotents. Ils ont ouvert la voie à la Charia en Iran, ils ont couvert avec complaisance de sombres dictatures, devant le drame irakien, ils se lavent les mains. Maintenant ils craignent "qu'on veuille détruire le Liban" et réclament à grands cris un chimérique cessez-le-feu, sorti de nulle part. A l'évidence, les « plus jamais ça » psalmodiés rituellement devant les portes noires des anciens camps d'extermination ne sont en la circonstance plus trop d'actualité...
INDEX-PROPOS