30 novembre 2022

Late November Blues

Dans la saison qui s’avance vers une fin d’année déprimante, plutôt que de s’abandonner aux "sanglots longs des violons de l’automne", pourquoi ne pas recourir une fois encore au blues qui agit paradoxalement comme un puissant revigorant, comme une vraie source de sérénité ?

Le blues ne s’exprime jamais mieux et plus directement qu’en musique. Et la plus apaisante est peut-être celle qui swingue, car elle diffuse une douce chaleur, et génère dans la foulée un bien-être qui fait instantanément se sentir mieux. Qui d'autre que Count Basie pourrait incarner le mieux cette pulsation indicible ? Personne, sauf évidemment son frère d’armes, au moins son égal, j’ai nommé Oscar Peterson.
Ces deux diaboliques compères n’ont pas leur pareil pour faire chanter le spleen et tenir l’âme en lévitation. Ils se sont tellement souvent livrés à ce jeu subtil ensemble ! La magie de Youtube permet de les retrouver dans quelques sessions extatiques, dont celle-ci, datant de 1974, à l'occasion du festival de jazz de Prague. Ou bien une autre, émaillée de dialogues savoureux, enregistrée en 1980, avec le fin et élégant guitariste Jim Hall, et une section rythmique douce comme le plus chatoyant des velours damassés, associant l’excellent Niels Henning Orsted-Pedersen à la basse et le pétillant Martin Drew à la batterie… On retient notamment un Blue And Sentimental qui vaut toutes les romances, toutes les plus tendres divagations…
On retrouve Oscar Peterson en 1987 capturé au Japon, en compagnie des mêmes musiciens sans Basie hélas, et avec David Young à la basse.

Enfin, sans image, mais saisies magnifiquement dans l’intimité d’un studio feutré, deux sessions extatiques ont été gravées pour le compte de la maison Pablo :
Satch & Josh 1975 avec Louie Bellson (batterie), Freddie Green (guitare), Ray Brown (basse) et Satch & Josh again en 1977 où John Heard remplace Ray Brown.

Mon Dieu, faites que nos imbéciles de politiciens, parmi la multitude de mesures ineptes qu’ils nous imposent, ne parviennent pas durablement à nous couper la lumière pour nous empêcher de voir la beauté d’une ville la nuit, si propice au Blues…

24 novembre 2022

Guerre d'usure, guerre des nerfs

Il n’y a sans doute ni guerre propre, ni guerre sainte, mais il y a, c’est certain, de sales guerres. Celle qui se déroule en Ukraine depuis plusieurs mois figure assurément au rang de ces dernières.
Bien clairvoyant celui qui parvient à distinguer le vrai du faux dans ce conflit épouvantable où les fausses informations pullulent et qui voit s’affronter sur un terrain indécis une population déchirée entre deux nations, que le passé a unies, tantôt par la raison tantôt par la force. Le peuple français a connu dans son histoire récente, lors de ses confrontations avec son voisin germanique, le tragique enchaînement d'événements faisant se succéder guerres, annexions, occupation, collaboration, résistance et libération émaillée d’atroces règlements de comptes. Il devrait être à même d’imaginer l’horreur qui doit régner dans le Donbass. Au gré des luttes d’influence, les populations locales se retrouvent du bon ou du mauvais côté, traîtres ou patriotes, vainqueurs ou vaincus, libérés ou vassalisés…

Au surplus, ce champ de bataille est devenu le point focal où s’affrontent des intérêts supérieurs, opérant une sorte de clivage international monstrueux. D’un côté le monde dit occidental derrière le géant américain flanqué du nain européen, de l’autre un conglomérat de nations, rassemblées dans la haine et le mépris des premiers. Soucieux de ne surtout pas intervenir directement, ces acteurs se cantonnent assez hypocritement à des vœux pieux, à des sanctions et à des livraisons massives d’armes.

Loin d'éteindre l’incendie, ce soutien ne fait que l’attiser et entretient l’illusion que l’ogre russe puisse, à la fin des fins, être vaincu par l’Ukraine. D’où la tentation pour cette dernière de tout tenter pour accroître les aides extérieures voire même de provoquer l’incident qui obligerait les alliés à rentrer pour de bon dans le conflit. Avec en filigrane, la menace obsédante du recours possible aux armes chimiques, biologiques ou nucléaires…

On avait des doutes sur l’origine de certains bombardements dont Kiev avait rejeté la responsabilité sur Moscou. On avait eu vent de comportements, pour le moins discutables, de l’armée ukrainienne consistant à cacher des soldats et des munitions à proximité immédiate d’habitations ou même dans des hôpitaux ou des écoles. On sait maintenant qu’un missile ayant touché le territoire polonais était d’origine ukrainienne. On sait qu’à cette occasion le président Zelensky avait immédiatement accusé les Russes et donc sans doute menti puisqu’il maintint ses affirmations face aux constats prouvant le contraire de ce qu’il affirmait. Ces derniers jours il faisait de même pour expliquer les bombardements survenus dans les alentours de la centrale nucléaire de Zaporijia. Sans éprouver la moindre sympathie pour les dirigeants moscovites, on peut douter de cette version. Quel intérêt auraient les Russes à viser cet endroit stratégique dont ils sont maîtres à ce jour ?
Manifestement ce conflit qui s'éternise use les nerfs de beaucoup de monde et ces jeux troubles ressemblant à une fuite en avant destinée à impliquer toujours plus  l'OTAN commencent à lasser outre-atlantique. Les prétendus succès ukrainiens obtenus sur le terrain paraissent assez vains, et le rouleau compresseur aux ordres de Poutine, que certains veulent croire en déroute, peut encore faire beaucoup de mal. Pendant ce temps, le peuple d’Ukraine souffre de privations croissantes, du froid et de la hantise terrible des bombardements.

Quand cela finira-t-il donc ? L'administration américaine pousse désormais les dirigeants ukrainiens à entamer des négociations et avoue à demi-mot qu'il faut se faire à l'idée d'une partition du pays. En coulisse, des pourparlers semblent avoir repris entre Russes et Américains. Un cessez-le-feu pourra-t-il enfin intervenir, dans l’attente de négociations et d’un avenir certes peu satisfaisant, mais moins sombre que les perspectives dans lesquelles risquent de s’enliser les belligérants et, à leur suite, le monde ?

17 novembre 2022

Anti-écologie

Toute âme bien née ne peut qu’être attachée à la protection de la nature dans ce qu’elle offre de plus admirable, et forcément se désespère lorsqu’elle est salie par les pollutions, ou bien vandalisée par des brutes sans foi ni loi. Tout amoureux de la liberté et de la beauté se réjouit nécessairement de la mise en valeur des trésors qui peuplent notre planète si bleue et s’honore de combattre le gaspillage et l’abjection.
De là à se proclamer écologiste, il y a plus qu’un fossé à franchir.

Ce néologisme forgé à la fin du XIXè siècle par un biologiste d’obédience darwinienne ne signifie en réalité pas grand chose de précis. Selon le Larousse, c’est tout simplement “l’étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu”. Rien de choquant ni de partisan dans cette définition, sauf que, toujours selon la même référence, l’usage courant a fait du concept "une doctrine visant à un meilleur équilibre entre l'homme et son environnement naturel ainsi qu'à la protection de ce dernier."
On verse de facto dans une acception spéculative, voire mystique, mais cela pourrait encore apparaître bien innocent quant à l’objectif, a priori fort louable.
On peut s’interroger toutefois lorsque ce dernier se transforme en prétention de changer le climat par des réglementations plutôt que d’affronter avec pragmatisme les caprices de la nature, paraît-il influencés par ceux des êtres humains. Tout étant dans tout et réciproquement, l’Homme ne fait-il pas partie prenante de cette nature ?
Les choses se compliquent vraiment quand l’idée se mue en doxa, et qu’elle affiche sa volonté de régenter les peuples en vertu de principes théoriques et d’une idéologie de plus en plus radicale. Le passé nous a appris à nous méfier des totalitarismes agissant au nom du Bien.
Hélas, chaque jour démontre l’emprise croissante sur les esprits de ce courant de pensée charriant les slogans et les idées reçues, présentées comme des vérités révélées. L'écologie a envahi le champ politique devenant même un parti. Le résultat est des plus discutables. On a vu l’inanité de nombre de lois promulguées à ce titre. Lorsqu’elles aboutissent à fermer des centrales nucléaires et à rouvrir celles fonctionnant au gaz ou au charbon, on mesure l’ampleur du désastre !

Au surplus, derrière la vitrine légale de l’écologie, s’agitent quantité de groupuscules, de lobbies et de collectifs, plus ou moins enragés, plus ou moins subventionnés par l’Etat Providence, dont les méfaits deviennent inquiétants.
Bien que le terme d’éco-terrorisme employé par le ministre de l’intérieur pour qualifier ces agissements soit excessif, et surtout disproportionné par rapport aux mesures employées pour les combattre, le caractère irrationnel et violent de l’écologisme apparaît de plus en plus clairement.
A la manière des socialistes dont ils ont hérité l’arrogance et le sectarisme, les gens qui se disent défenseurs de l’environnement s’arrogent le droit de faire ce que bon leur semble et de recourir à des actions de désobéissance civile alliant l’arbitraire à la stupidité.
On avait vu, au mépris de l'état de droit et de toute objectivité scientifique, le saccage de champs agricoles plantés d’OGM. On a relaté les actes de vandalisme à l’égard de restaurants consacrés au fast-food, ou d’entreprises jugées irrespectueuses de l’environnement par des censeurs imbus de leurs croyances.

Désormais, les commandos de cette nouvelle chasse aux sorcières, multiplient en quasi impunité les agressions en tous genres. Ils dégonflent les pneus des véhicules dits SUV, éteignent les enseignes lumineuses égayant la nuit les rues, endommagent les terrains de golf, détruisent les retenues d’eau destinées à irriguer les cultures, bloquent les aéroports au gré de leurs lubies, empêchent l’entretien et l'élagage des forêts. Pour peu qu'on cherche à savoir à qui profite le crime et eu égard à la détermination fanatique de ces gens à marquer les esprits, on peut se demander s’ils ne sont pas impliqués dans le déclenchement des incendies estivaux pour attirer l’attention du bon peuple sur le prétendu péril climatique.
Par un curieux retournement de situation, les insurgés deviennent donc des anti-écologistes et dans ce contexte, s'opposer à leur œuvre de destruction devient pure écologie !

La dernière mode consiste à souiller les œuvres d’art dans les musées et à se coller les mains à ces dernières. Monet, Van Gogh, Vermeer ont été les cibles de ces actes imbéciles. Mais, offenser de cette façon la Jeune Fille à la Perle n'est pas seulement cuistrerie. Cette ignominie ne fait pas que disqualifier la cause. C’est un pas de plus vers la barbarie ! Qui arrêtera ce vent de folie ? Sûrement pas le Chef de l’État hélas, qui dit réprouver ces exactions en même temps qu'il "défend une cause juste et bonne…"

07 novembre 2022

Un président au bord du vide

Parti d’on ne sait où, rien n’indique clairement quelle direction il suit. Le Président de la République semble de plus en plus absent de ce monde qu’il survole à la manière de ces mythiques alcyons, porteurs d’heureux présages et annonciateurs d’horizons radieux pour les marins. Dans sa bouche, tout est simple et tous les problèmes sont réglés ou bien en passe de l’être.
S’exprimant toujours avec faconde et facilité, il fait fi des obstacles et de l’adversité avec une décontraction déconcertante. Son regard clair mais gris, étrangement fixe et vide semble accroché à une ligne de fuite imaginaire. Comme s’il en avait conscience, il use et abuse de mouvements de sourcils pour exprimer son assurance.

Pour tenter de désamorcer le mécontentement sourd du peuple à l’approche d’un hiver qu’on nous promet rigoureux, marqué par les pénuries en tous genres, il s’est livré à l’exercice de style qu’il semble affectionner par les temps qui courent : l’interview à bâtons rompus.
En l’occurrence il n’a pas cassé trois pattes à un canard comme l’on dit. Face à la discrète mais déterminée journaliste Caroline Roux, son discours est resté des plus théoriques, et sa rhétorique nébuleuse, pour tout dire déconnectée de la réalité.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir en main un certain nombre de clés et surtout les éléments d’un diagnostic pertinent.
Pour amener le sujet sensible de la nécessaire réforme des retraites, il s’est par exemple livré à une analyse pleine de bon sens sur le nombre - très bas - d’heures travaillées dans notre pays, sur les montants faramineux et en croissance permanente des dépenses publiques, sur la pression fiscale écrasante qui fait de la France la championne d’Europe.

Hélas, en même temps, il peine à proposer des solutions concrètes. Tout en répétant qu’il faudra selon lui travailler plus longtemps, il affirme qu’il n’est pas bloqué sur l’âge de départ à la retraite et qu’il reste ouvert à toutes les propositions, sachant qu’on ne peut ni augmenter le montant des cotisations, ni diminuer celui des pensions… Et foin évidemment d’autres perspectives, telle celle de la capitalisation, dont il n’ose même évoquer le mot tabou.

S’étant sans doute fait remonter les bretelles quelques heures auparavant par le chancelier allemand Scholz, il insiste sur la nécessaire maîtrise budgétaire. On sait déjà qu’il n’en a cure puisque l’État, à son initiative, multiplie les boucliers tarifaires, les aides, les subventions, et les primes à l'achat ruineuses pour le Trésor Public.
De diminution des impôts il n’en est guère question sauf en trompe-l'œil, comme la suppression de la redevance télévisée et de la taxe d’habitation.
Il se targue d’avoir réussi à endiguer le chômage, mais la journaliste lui rappelle malicieusement qu’il reste plus élevé dans notre pays qu’en moyenne en Europe et qu’il est plus du double de celui de l’Allemagne…
A la déliquescence sociale qui ronge le pays, il n’oppose que des vœux pieux et des résolutions utopiques. Avec un aplomb de bonimenteur, il occulte ainsi, malgré les courbes implacables, la folle progression de la délinquance et se félicite même des résultats pitoyables de son gouvernement en matière de maitrise de l’immigration. S’agissant de l’incapacité notoire des pouvoirs publics à faire exécuter les fameuses Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), il botte en touche, prétextant que c’était pire avant et que ce sera mieux demain !
On reste enfin anéanti, après le fiasco de 5 plans successifs, par l’absence totale de propositions pour remédier au désastre dans lequel patauge de plus en plus le système de santé, notamment les hôpitaux. Le seul expédient serait, à entendre le chef de l’État, d’appâter par des gains substantiels les vieux médecins pour les dissuader de partir en retraite !

Le clou de ce numéro de prestidigitateur très artificieux, fut la colère surjouée à propos de l’alliance des extrêmes, NUPES-RN, pour voter les motions de censure dirigées contre le gouvernement. Lui qui ne fut aucunement gêné de récolter les voix de l’Ultra-Gauche lors de l’élection présidentielle, continue donc de miser sur le procédé éculé consistant à diaboliser le Rassemblement National, tout en racolant la Droite républicaine.
Cela sera-t-il suffisant pour tenir jusqu’en 2027, on peut en douter. Cela ne sera guère propice en tout cas à la mise en œuvre d’une politique déterminée et pragmatique face aux périls qui s’accumulent sur nos têtes. Vu le chaos régnant au Parlement, le pays apparaît de plus en plus ingouvernable. Le débat se meurt sous les coups répétés du marteau pilon du 49.3 et la concertation se perd en vaines polémiques. Le brouhaha factieux voire insurrectionnel émanant de certains bancs de l’opposition pousse à la dissolution. Le Président de la République aura-t-il l’audace si ce n’est le courage d’y recourir ? Et pour quel résultat ?

05 novembre 2022

Les rois de la récup

On a pu reprocher à certains politiciens de droite de se saisir de l'atroce histoire de la petite Lola en instrumentalisant ce crime odieux au profit de leurs thèses. On peut même qualifier de maladroits voire d'inconvenants les mots employés par Eric Zemmour en la circonstance, qui font craindre qu'il n'ait tiré aucune leçon de son cuisant échec lors des récentes élections. L’appellation de francocide n’est pas moins galvaudée que celle de féminicide ou d’écocide…

On a sans doute trop cité Camus lorsqu'il affirmait en substance que mal nommer les choses ajoutait au malheur du monde. On n'a pas assez rappelé en revanche les propos de Jaurès lorsqu’il déplorait que faute de pouvoir solutionner les problèmes, on se bornait trop souvent à changer leur nom.
On ne peut toutefois reprocher que soient faits et soulignés avec force des constats objectifs. Passé l'effroi, et quelque peu atténuée l'émotion qui suscite la compassion, il faut donc affronter l'horrible réalité avec lucidité et courage.
Surtout on ne peut laisser sans réagir les ligues de vertu conspuer ceux qui s'appuient sur ce drame pour critiquer l'impuissance étatique et réclamer des mesures concrètes. M. Dupont-Moretti s’est ainsi livré à un numéro ignoble d'imprécateur faussement indigné pour tenter d’occulter son incapacité flagrante à assumer la fonction qu’il occupe. Il fait partie de ces bien pensants niais ou bien veules, qui emboitent le pas des crypto-marxistes de tout poil, engagés sur le chemin trompeur et mortifère menant à d’insondables abîmes nihilistes. Leur rhétorique révolutionnaire use toujours des vieilles recettes. Quoique minoritaire, elle s’avère hélas contagieuse.

Les as de la récup ce sont bien ces gens. Les rois de l'amalgame c'est encore eux. Aujourd’hui même ils se saisissent d’un mot malheureux lancé par un député du Rassemblement National pour intenter un procès en sorcellerie, brandissant les accusations spécieuses de racisme et de xénophobie. Tout le monde s’y met pour participer à la curée du gibier débusqué, du péquin moyen jusqu’au président de la république.
Navrant paradoxe caractéristique de l’époque, dans le même temps qu’on condamne pour des mots, on permet en toute impunité à des élus de prêcher l’insurrection, la grève générale. Rien n’arrête ces enragés de la destruction. N’ayant cure du débat démocratique, ils s’associent à une poignée de manifestants pour barrer les rues jouxtant le Palais Bourbon au prétexte farfelu de la rénovation thermique de l’habitat ! Pire, ils vont, au mépris des arrêtés d’interdiction préfectoraux, main dans la main avec les “éco-terroristes” de Sainte-Soline casser du flic et brailler leur haine des méga-bassines !

Ceux qui passent leur temps à vomir leurs insultes sur les forces de l’ordre, sur les patrons, sur les labos pharmaceutiques, sur le capitalisme et la libre entreprise en fondant leurs slogans sinistres sur des mensonges éhontés. Ceux-là feraient mieux de balayer devant leurs portes. Ils ont tant fois ignoré voire méprisé les victimes et excusé les assassins qu'ils ont perdu toute crédibilité. Honte à ces pharisiens cyniques faiseurs de facto de désordre et de chaos, ces abuseurs de peuples, ces idiots utiles du crime et de la délinquance. Foulant de leurs pieds souillés la liberté qui leur permet d'exprimer leurs insanités, ils font le lit des dictateurs et le berceau de tous les totalitarismes...

26 octobre 2022

Intermezzo #3

Certains moments musicaux peuvent s’inscrire dans la vie, aussi profondément que le sens même d’exister. Si la musique de Bach, tel un fleuve nourricier de l’esprit, a creusé en moi les gorges les plus profondes, les plus splendides et les plus vertigineuses, il en est d’autres, empreintes de mystère et de magie, devenues non moins consubstantielles à mon être. La grande sonate pour piano en Fa dièse mineur de Robert Schumann fait partie de ces impressions indélébiles.
Dédiée par le duo imaginaire “Florestan et Eusebius”, à la bien-aimée Clara, elle illustre la gémellité ontologique de toute chose, de tout sentiment, de tout principe. De fait, le musicien se dédouble et se montre ainsi tantôt impétueux et fantasque, tantôt rêveur et mélancolique, pour exprimer sa passion.
La mélodie suit un parcours d’une amplitude magnifique dont la scansion épouse parfaitement les transports complexes de l’âme. On passe souvent du legato le plus effusif au staccato aussi explosif qu’impérieux. Il y a beaucoup de ruptures dans le rythme de cette pulsation intime, mais à chaque fois ce qui pourrait se rompre ne fait que rebondir avec plus de force. On est porté par de fulgurantes ascensions aériennes qui s'épanouissent, à l’instar d’une pyrotechnie incandescente, en cascades éblouissantes.
Le premier mouvement commence avec une douceur infinie, un poco adagio, avant de prendre son envol en majesté, emportant tout au passage, au sein d'une effervescence tourbillonnante.
Une apaisante aria vient comme une pause langoureuse qui offre l’occasion d’une méditation mélancolique.
Puis la chevauchée reprend de plus belle avec la vivacité joyeuse et cataractante du scherzo, pour s'achever en apothéose sur un finale tourmenté, tantôt interrogatif, tantôt bouillonnant, voire martial, mais également indiciblement serein… Une éblouissante aventure romantique en somme, et une sublime incantation à l'amour et à la liberté, tout en fulgurances !
Parmi les interprétations magistrales de cette œuvre, il y a celle trop peu connue de Jean Martin, celle émouvante de la très regrettée Catherine Collard et plus récemment celle, d'une liberté splendide, d'Alexandre Kantorov.

Illustration: Bateaux dans le Port de La Rochelle. Acrylique 2022

21 octobre 2022

Ci-gît l'Auto

Pour son retour après 4 ans d'absence, le Salon "mondial" de l'Auto de Paris ressemble fort à un enterrement de première classe. Le gigantesque espace d'exposition se révèle tristement dépeuplé. Les travées paraissent d'autant plus vastes et bien illuminées qu'elles sont désespérément vides. Manquent en effet à l'appel quantité de marques, parmi les plus prestigieuses: Abarth, Alfa Romeo, Audi, BMW, Citroën, Fiat, Hyundai, Kia, Lamborghini, Land Rover, Lexus, Maserati, Mercedes, Opel, Porsche, Seat, Skoda, Toyota, Volkswagen !
Que vaut donc une manifestation amputée de tant des fleurons qui lui donnaient tout son sel ?

Signe des temps, la voiture électrique est propulsée au devant de cette scène étique. Où l'on découvre que les marques chinoises écrasent la concurrence, augurant d'une déferlante prochaine. La plus représentée se nomme Build Your Dreams (BYD). Drôle de nom pour un spectacle en eau de boudin, voire un cauchemar pour les amateurs de liberté et de belles cylindrées !

L'affiche du salon illustre trop bien l'évolution à laquelle on assiste. L'auto y est représentée comme évanescente, sans forme, sans âme, sans personnalité. L'oukase décrété par les gnomes écervelés qui tiennent les leviers des pouvoirs publics (enfin, ce qu'il en reste…) pousse les constructeurs à faire leur révolution culturelle et le troupeau bêlant des consommateurs vers l'abîme. Ce grand bond en avant dont Mao n'aurait pas désavoué l'inspiration ubuesque a peu de chance de tendre vers l'Éden "décarboné" qu'on nous promet.
Lorsqu'on écoute François-Xavier Pietri, ancien directeur de la rédaction du quotidien La Tribune, Christian Gérondeau, qui fut Délégué interministériel à la sécurité routière, ou même Carlos Tavares, PDG du mastodonte Stellantis, cette fuite en avant risque fort d'être un désastre économique, social et même écologique.
Non content de s'être vautré dans sa politique énergétique, M. Macron, venu en grande pompe saluer les exposants, joue les inaugurateurs de chrysanthèmes. Alors qu'il serait peut-être encore temps d'infléchir une politique hasardeuse, il la conforte au contraire et se vante de ruiner sous peu toute la filière consacrée aux véhicules thermiques, qui faisaient une des dernières forces industrielles de l'Europe !

15 octobre 2022

Intermezzo #2

Plutôt que de s'appesantir sur le drame social à la française dont la grève-blocage sauvage des raffineries par la CGT constitue une nouvelle illustration, plutôt que d’évoquer la marée montante de l'inflation, celle irrépressible de l’immigration clandestine, et de maints fléaux minant le quotidien, évoquons un peu la problématique du CO2 ou dioxyde de carbone qui serait paraît-il la pire menace pesant sur la planète.
Contrairement à une idée reçue, le CO2 n’est pas un polluant mais un composant naturel de l’air, indispensable même à la vie puisqu’il joue un rôle essentiel dans la photosynthèse végétale. A noter toutefois que les plantes qui absorbent de grandes quantité de CO2 en rejettent également en l’absence de lumière…
Les autres êtres vivants, notamment les mammifères et plus particulièrement les êtres humains produisent du gaz carbonique au cours de la respiration. Il y a 100 fois plus de ce composé dans l’air expiré que dans celui qu’on inspire ! Chaque être humain rejette près d'1 kg de CO2 par jour soit plus de 350 kg par an, c'est à dire plus de 2 milliards de tonnes pour l'ensemble des habitants de la planète bleue.
Tout étant relatif, cette production est supérieure à celle de l’ensemble du trafic aérien et à peine inférieure à celle due aux pots d’échappement des automobiles. Encore faudrait-il prendre en compte les émissions des autres mammifères, notamment les animaux domestiques et ceux d’élevage. La première ministre de Nouvelle-Zélande y a pensé, car elle a récemment confirmé sa volonté de taxer les fermiers pour le CO2 émis par les vaches !

 

Illustration: bateaux du musée maritime. Port de La Rochelle. Acrylique. 2022.

07 octobre 2022

Intermezzo #1

Sentiment de lassitude. Il n'y a plus grand chose hélas à commenter dans l'actualité. Tout va de mal en pis et tout part à hue et à dia. A quoi bon rajouter du malheur au malheur ? Au surplus, nous allons vers l'automne et l'hiver, saisons mortelles. Paradoxe sublime, il faut se raccrocher à l’espoir, face à l’impéritie gouvernementale, que le réchauffement climatique ne soit pas un vain mot, et qu'il nous préserve quelque peu des frimas et du froid à venir…
Le prix Nobel de littérature vient d’être attribué à la française Annie Ernaux, illustre inconnue pour l'immense majorité de ses compatriotes. Il paraît qu'elle écrit de belles histoires, mais qu'elle dit des choses idiotes lorsqu'on l'interroge. Heureusement, elle est rarement questionnée…
De toute manière, dans ce monde incohérent, tout se vaut et rien n'a d'importance. Tout le reste n'étant, comme chacun sait, que littérature…
Paul Morand qualifiait son journal intime d'inutile, mais il l'écrivait quand même. Jean-François Revel jugeait Descartes "inutile et incertain", condamnant de facto tout un pan de la philosophie, dont il s'était pourtant fait l'historien. Malherbe considérait qu'un poète n'était "pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles", ce qui ne l'empêcha nullement d'écrire de magnifiques vers, passés à la postérité… John Keats voulut quant à lui que soit écrite sur sa tombe l'épitaphe suivante, si peu appropriée à son cas : "ci gît celui dont le nom fut écrit sur l'eau…" Enfin Lavater, priait pour "que Dieu préserve ceux qu'il chérit des lectures inutiles."
Sans doute ce blog fait-il partie de cette écume dont il ne reste rien lorsque la vague se retire...

Je regarde souvent cette écume marine qui vient lécher les pieds du port de La Rochelle dont je suis devenu citoyen occasionnel depuis peu. C'est une source d'inspiration pour tenter de transcrire en peinture ce dialogue indicible, parfois violent, parfois plein de tendresse, entre la terre ferme et l'élément liquide…

Illustration : Porte de la Grosse Horloge et Vieux Port, La Rochelle. Acrylique 2022.

29 septembre 2022

Rupture à l'italienne

C’est fait ! Un petit bout de femme, Giorgia Meloni, a raflé la mise politique en Italie ! Au terme d’une brillante ascension, et à force de détermination, de courage et d’habileté tacticienne, elle se hisse donc au pouvoir envers et contre tous les a priori.
Son programme est frappé au coin du bon sens et foin d’idéologie, s’attaque avant tout aux réalités quotidiennes auxquelles ses compatriotes sont confrontés.
Fasse le ciel qu’elle réussisse là où tant de ses prédécesseurs ont échoué. Son pays est en fâcheuse posture, comme beaucoup d'autres en Europe. La léthargie, la couardise, la démagogie, et l’impuissance des dirigeants passés et présents les ont conduits dans l’impasse.

Honte aux beaux esprits, cuits et recuits dans une haine primaire inepte, qui vomissent leurs quolibets et leurs insultes ignobles pour qualifier ce succès électoral. On a tout entendu pour discréditer par avance le futur gouvernement italien. Les épithètes de “post-fasciste” ou “d’extrême-droite”, ont résumé la teneur à sens unique, pour ne pas dire bornée des analyses et des commentaires. Pas une belle âme n’a même évoqué l’accession historique d’une femme au poste de premier ministre. Au plus haut niveau, les réactions ont été indignes. Quelques jours avant les élections, madame Von Der Leyen, la calamiteuse présidente de la grosse commission de Bruxelles, s’était permise de déclarer que "si les choses devaient aller dans une direction difficile" en Italie avec l'élection de Giorgia Meloni, elle avait "des instruments" de pression, comme cela a été le cas pour la Pologne et la Hongrie.
Rarissimes furent les félicitations saluant la victoire de la coalition menée par madame Meloni. M. Macron est pour sa part resté silencieux. En guise de gentillesse, la première ministre Élisabeth Borne, bien insignifiante au demeurant, a cru bon de préciser que “La France sera attentive au respect des droits humains et de l'avortement en Italie…”

C’est précisément cette condescendance pour ne pas dire ce mépris, qui fait le lit du sentiment anti-européen progressant un peu partout dans les esprits. Venant de gens incapables de gérer les affaires de leur propre pays, malléables à toutes les lubies du moment, et inertes devant la montée des vrais périls, c’est absolument intolérable ! Pour tout adepte de l’idée de nation européenne, il ne reste que les larmes devant un tel désastre…

27 septembre 2022

Martyres en terre d'islam

A l’heure où,
dans notre pays, des femmes arborent de manière provocante  le voile islamique “au nom de leur liberté” et que le président de la république lui-même, jamais avare d’un contresens, saluait récemment l’une d’entre d’elles comme étant l’incarnation du féminisme, d’autres malheureuses se font massacrer ailleurs parce que précisément, elles refusent de se voiler.

C’est ainsi qu’est morte à Téhéran Mahsa Amini, alors qu’elle avait été arrêtée par l’archaïque “police des mœurs”,, pour avoir seulement "mal porté" le hijab.
Peu de voix se sont élevées parmi les habituels donneurs de leçons qui se gargarisent à longueur d’année du mythe de l’égalité hommes-femmes. La Gauche des droits de l’homme reste bien timorée face à cette horreur et face à cette religion délirante et sectaire qui fait de plus en plus d’émules dans le monde et notamment en France. Aujourd’hui, force est de considérer que la complaisance avec laquelle on feint de ne pas voir le péril, voisine avec le crime.

Une fois encore, la révolte a éclaté en Iran, réprimée comme à chaque fois dans le sang. Plusieurs dizaines de manifestants sont morts en quelques jours sous les yeux indifférents du monde “libre”. Après la disparition de Mahsa, une autre jeune femme, Hadis Nafaji, est devenue la figure emblématique de la rébellion. Mais cette nouvelle “Liberté guidant le peuple”, cheveux au vent, est tombée sous les balles de monstres, aux ordres d’ayatollahs sanguinaires.

Les mots manquent pour dire le drame qui se joue en ce moment, mais que résume sans équivoque et avec courage l’écrivain Boualem Sansal, interrogé ce 25 septembre sur la chaîne CNews : “L'islam a totalisé le monde, personne n'ose le combattre. L'islam n'a peur de rien. En face, il n'y a pas la même détermination. En face il n'y a rien.../... L'islamisme est marginal, le problème c'est l'islam…"
 


 

22 septembre 2022

Psychose Climatique

Selon les psychiatres, la psychose est "une affection médicale de l'esprit impliquant une perte de contact avec la réalité". Lorsque l'affection touche plusieurs individus, voire une foule, simultanément, il s’agit alors d’une “obsession collective provoquée par un traumatisme d'origine sociale ou politique” (Larousse). La psychose de la guerre en est l’exemple le plus connu.
Ce trouble peut s’appliquer à l’évidence au spectre du dérèglement climatique qui hante les esprits et qui est devenu de nos jours le sujet de terreur numéro 1. Pas un jour en effet sans que ne soit évoqué ce péril réel ou imaginaire, mais de toute manière devenu obsédant au point de perdre la raison.

Au chapitre des délires contemporains, on apprenait récemment que des journalistes venaient de proposer une charte "pour un traitement médiatique à la hauteur de l'urgence écologique" ! Sans doute trouvent-ils qu’on ne parle pas encore assez du problème pour qu’ils éprouvent le besoin d’en faire une thématique quasi exclusive, jusqu’à monopoliser par principe l’actualité, donc à la biaiser !
A ce stade, on en vient à se demander comment arrêter cette folie qui s’est emparée du monde, consistant à tourner en apocalypse une simple hypothèse reposant sur des prédictions théoriques. A travers ce prisme déformant, le moindre écart météorologique est rapporté au fléau supposé. Il fait chaud c’est l’expression du dérèglement climatique, il fait froid c’est encore lui, il pleut à torrent, c’est toujours lui, il ne pleut plus c’est évidemment lui…
Forts de ces certitudes, les nouveaux prophètes de la fin du monde exigent qu’on sacrifie illico notre prospérité, notre bien-être et tout progrès technique sur l’autel de l’écologie. Ils ont la prétention insensée de vouloir changer le climat pour “sauver la planète”.

Les dirigeants eux-mêmes sont pris de panique. En dépit de leur haut niveau intellectuel, et de leurs responsabilités, ils en viennent à oublier la maxime de sagesse censée guider leur action, consistant à “savoir raison garder”.
Ainsi, madame Pannier Runacher, ministre de la transition énergétique, exhorte la population à la “sobriété” sous peine d’un possible rationnement de gaz et d’électricité, sans remettre en cause un seul instant la folle politique suivie par le gouvernement ayant conduit le pays dans l’impasse. En bonne techno de l'ENA elle n'est pas gênée d'acheter du gaz de schiste et même du charbon à l'étranger, mais elle se refuse “à contribuer au réchauffement climatique en créant de nouveaux puits en France”, alors que le sous-sol regorge paraît-il de ressources !
Et pour répondre à une récente polémique, elle trouve toutes sortes d'excuses, plus foireuses les unes que les autres, pour expliquer pourquoi les bureaux de son ministère restent allumés la nuit…

Dans ce nouvel âge obscurantiste, quelques voix s’élèvent toutefois pour tenter de conjurer cette fuite en avant suicidaire. Nicolas Vanier, le coureur de pôles et de banquises, authentique écologiste s’il en est, fustige "ces écolos radicaux des villes qui ne connaissent rien à la nature" (RTL). L’économiste non conformiste Philippe Herlin dresse le constat du désastre agricole, industriel et économique auquel expose le chambardement normatif imposé au nom de "l'urgence climatique".
Et pour ramener à la raison et au pragmatisme avec humour, quoi de mieux que de citer le fameux auteur de maximes américain William-Arthur Ward: “Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste ses voiles…”

* Illustration: L'anxiété par Edvard Munch

09 septembre 2022

Papillonnage


Un papillon posé sur ma jambe
Pousse mes rêves vers le passé
Semblant méditer, embarrassé
Tel un poète cherchant l'ïambe

D'un battement de son aile ingambe
Il taquine avec agilité
L'air immobile et chaud de l'été
Indifférent au soleil qui flambe

Plus rien dès lors n'est très important
Ni le cours fatal du temps qui passe
Et qui veut qu'à la fin tout trépasse

Ni la peur d'un futur inquiétant
Tout cela s'enfuit là où commencent
L'azur, l'insouciance et l'abondance...

03 septembre 2022

Rire pour ne pas pleurer

A voir l’évolution des événements, jour après jour, telle que la dépeignent les médias, on ne sait plus trop comment réagir.
Le ridicule de certains quiproquos impliquant les Pouvoirs Publics prête à sourire. Mais la succession ininterrompue des mauvaises nouvelles, la cascade d'erreurs, jamais reconnues, résultant souvent de prévisions et de planifications faites par des experts d'autant plus dogmatiques et péremptoires qu'ils sont moins fiables, ramènent sans cesse au tragique.

Au sein de la chronique lancinante de l’insécurité et de la dérive communautaire pour ne pas dire sectaire de notre société, émerge ces derniers jours, le feuilleton à rebondissement de l’imam marocain. S’il s’agissait d’une fiction, on la jugerait peu vraisemblable. Malheureusement, c’est la réalité !
Le ministre de l'intérieur qui cherche désespérément à asseoir sa crédibilité en matière de maintien de “l'ordre républicain” se faisait fort d'expulser à grand fracas un dignitaire musulman, prosélyte affiché d'un islam violent, rétrograde, anti-sémite et misogyne. Il avait même obtenu l'accord du Maroc pour reprendre l'importun.
Las! Après des mois de procédures, le Conseil d’État se met en travers et suspend tout dans l'attente d'un avis circonstancié. Dans les salons feutrés, on tergiverse, on ergote, on pèse le pour et le contre, et au terme de moult débats, la docte assemblée donne enfin son feu vert !
L'ennui, c'est que l'oiseau n'a pas attendu. Les gendarmes venus le cueillir chez lui, constatent qu'il s'est envolé ! On avait juste oublié de le surveiller de près…
Pour masquer le fiasco, on jure qu’on va le retrouver sous peu, et on affirme qu’il s’est mis cette fois en infraction caractérisée pour s'être soustrait à la loi. Mais dès le lendemain, le préfet retire cette accusation au motif que le fugitif, passé paraît-il en Belgique, aurait de facto exécuté lui-même l'arrêt d'expulsion !
On est donc incapable de localiser précisément l’individu mais on connaît sa trajectoire, c'est quasi quantique ! Pour peu, on en viendrait presque à le féliciter d'avoir obtempéré à l'injonction des Pouvoirs Publics, et on pousse un ouf de soulagement, d'autant plus que le Maroc est revenu, on ne sait trop pourquoi, sur la délivrance promise d'un laissez-passer consulaire. Pas sûr que nos amis belges, qui apparaissent dès lors comme les dindons de cette farce grotesque, apprécient… Suite au prochain épisode...

Ce fait divers rocambolesque (abracadabantesque dirait Chirac...) est à l'image du chaos décisionnel dans lequel patauge l’État.
M. Macron, en dépit d’une belle assurance toujours affichée avec décontraction, est à la godille pour ne pas dire à la ramasse, pour faire avancer le lourd char de l’État. Pour tout dire, il n’y a plus de direction...
Passons sur l’épisode lamentable du voyage en Algérie. Nul ne sait ce que le Président est allé faire là bas ni ce qu’il a obtenu, hormis un vague accord de “partenariat renouvelé”, comprenant notamment la création “d’une commission mixte d'historiens français et algériens” pour "regarder en face l'ensemble de la période de la colonisation, sans tabou". Pas de quoi pavoiser la casbah ni donner plus de gaz pour cet hiver…

De retour en France, il s’attelle à l’installation de son nébuleux Conseil National de la Refondation. On ne sait pas quelles sont les perspectives concrètes attendues d’une telle assemblée, d’autant qu’elle est boycottée par avance par la totalité des partis d’opposition. Même Edouard Philippe se défile ! Il ne reste que M. Bayrou, exécuteur dévoué des basses œuvres, pour accepter d’en assurer la présidence. Sans doute n’en sortira-t-il pas grand chose de plus que du Commissariat au Plan, du Grand Débat, de la Concertation Citoyenne sur le Climat et autres exutoires à l’impuissance étatique.

Le conseil de défense énergétique, dernier avatar d’une longue série de commissions Potemkine s’est réuni quant à lui ce 2 septembre, pour la première fois. L'heure est grave nous dit-on, mais face au risque de défaillance dans la fourniture de gaz ou d'électricité, on entérine les évidences : “La clé, pour passer l’hiver, c’est la mobilisation générale”. On appelle à la “responsabilité collective” pour éviter “des mesures contraignantes.” Propos incompréhensibles quand dans le même temps on promet le bon fonctionnement de tous les réacteurs nucléaires pour l’hiver, qu’on se vante d’avoir diversifié les sources d’approvisionnement en produits pétroliers et qu’on affirme que les stocks de gaz ont été reconstitués avec 2 mois d'avance !
Aucun regret ne se fait jour au sujet de la politique ahurissante menée sous la pression du lobby écologiste, qui a conduit à délaisser l’entretien des centrales nucléaires et même à les fermer comme à Fessenheim. Résultat, à cette heure, 32 des 58 réacteurs français sont à l’arrêt et notre pays qui était exportateur d’électricité est devenu importateur !
Pas un mot non plus sur les effets pervers des sanctions économiques infligées à la Russie, sans aucun effet favorable sur le cours de la guerre, mais à l’impact catastrophique sur les livraisons et le prix du gaz.
Enfin, rien sur le soutien ruineux aux énergies renouvelables dont le résultat s’avère très décevant et qui a découragé tout investissement et tout développement dans l’industrie pétrolière, ce qui a contribué à raréfier et à renchérir la ressource.
Vu l’absence d’alternative réelle, cette stratégie destructrice se traduit par un accroissement totalement illogique des aides que les pays riches, dont la France évidemment, ont apportées à la consommation d’énergies fossiles en 2021 (Les Echos)!
Contre toute attente, on rouvre les centrales à charbon et les grands groupes pétroliers engrangent des “super profits”. Enfin, dernier acte de cette ligne absurde, on subventionne le carburant à la pompe après avoir augmenté de manière insensée les taxes pour en freiner la consommation. Comprenne qui pourra…
 
PS : mon conseil, dans ce contexte, écouter le magnifique album bluesy figurant en illustration et qui donne son titre au billet...

31 août 2022

In memoriam Mikhaïl Gorbatchev

A l’annonce de la disparition du dernier président de l’Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022), les hommages pleuvent. Mais on entend nombre de commentateurs évoquer surtout son impopularité en Russie. Loin de vanter les mérites du défunt, ils déplorent l’échec de sa politique de démantèlement de l’URSS qui conduisit au chaos et ouvrit la voie à “l’ultra-lbéralisme”. Certains vont même jusqu’à prétendre que la plupart des Russes lui préfèrent Staline ! L’ivresse joyeuse entourant la destruction symbolique du mur de la honte est bien loin…
Le bon sens étant de nos jours en déroute, il est devenu possible d’affirmer n’importe quoi et même des énormités pourvu qu’elles ne heurtent pas la doxa régnante. Lorsqu’il animait l’émission télévisée "Tout le Monde En Parle", Thierry Ardisson se plaisait à poser à ses invités des questions aussi absurdes qu’incontournables, dont celle-ci : “préférez-vous Hitler ou Staline ?” Il est à peine utile de préciser qu'après avoir cherché vainement à se défiler, la plupart répondaient évidemment “Staline !”. Ardisson leur demandait alors malicieusement si c’était parce qu’il avait fait plus de morts…

Gorbatchev n’eut sans doute guère d’alternative stratégique, eu égard à l’état de décrépitude avancé du monstrueux bloc totalitaire dont il hérita en tant que serviteur zélé de la révolution. La faillite du modèle socialiste était irrémédiable, il était bien placé pour le savoir.
Vu  l'épouvantable arsenal militaire, que l'empire communiste avait accumulé, il fallait que sa chute fut déclenchée de l’intérieur, et  Gorbatchev en toute connaissance de cause décida de s'atteler à la tâche. Il eut l’immense mérite d’opérer une transition, quasi sans effusion de sang, dès 1985 avec la Glasnost et la Perestroïka, dont il ne tira aucun bénéfice personnel hormis un prix Nobel de la paix  bien mérité. 
Une fois ouverte, la boîte de Pandore de la Liberté était devenue incontrôlable. Toutes les pièces de l’édifice insensé s’effondrèrent à tour de rôle et l’artisan de cette déconfiture n’eut d’autre choix que de démissionner à la fin des fins, en 1991.
Son action restera toutefois indissociable d'un tournant historique majeur au bon sens du terme, sans comparaison évidemment, avec l’abominable révolution de 1917 qui enferma durant plus de 70 ans nombre de peuples derrière le rideau de fer. 
Après une telle mésaventure, le travail colossal de reconstruction ne pouvait s’inscrire dans la mission d’un seul homme et on ne saurait faire grief à Gorbatchev de n’avoir pas pu réaliser l’impossible. Il redonna l’envie d’être libres à des millions de gens et leur permit de recouvrer enfin l’espoir. C’est un vrai titre de gloire même s’il fut grandement aidé par deux partenaires exceptionnels, Ronald Reagan et Jean-Paul II (on pourrait citer également Margaret Thatcher). Ils accompagnèrent sa démarche avec tact et intelligence. Autre époque, autres dirigeants, mais combien plus inspirés que quantité de médiocres gouvernants actuels…

 

27 août 2022

Flagrants délires

Soudain M. Macron semble s'apercevoir que la conjoncture se détériore ! En un très long et filandreux préambule au premier conseil des ministres de la rentrée, il brosse d’un ton badin le sombre tableau des mois à venir et annonce benoîtement la fin de l’abondance et de l’insouciance.
Qu’a-t-il voulu dire par là, nul ne le sait vraiment, tant le style du président de la république est alambiqué, nébuleux et contradictoire.
Après nous avoir chanté les vertus de l’Etat Providence, n’hésitant pas à affirmer qu’il irait jusqu’à dépenser "quoi qu’il en coûte" pour protéger les citoyens, il proclame aujourd’hui, au détour d’une phrase, “la fin des liquidités sans coût”. On pourrait croire à une plaisanterie si le sujet n’était pas si grave et si le rôle de chef de l’État relevait du registre comique.

Car la fin de l’abondance à laquelle on assiste, c’est très largement le résultat des politiques gouvernementales et l'œuvre des politiciens en général. Où qu’on se tourne, on voit hélas la catastrophe suivre des stratégies aussi dirigistes qu’absurdes, souvent inspirées par des experts, bien davantage doctrinaires que réalistes.
L’effondrement de l’euro, la montée irrésistible de l’inflation, les déficits budgétaires itératifs, aboutissant au gouffre abyssal de la dette nationale, tout cela est le fruit de la prodigalité et de l'inconséquence insensées du gouvernement depuis des décennies. M. Macron n’en est certes pas le seul responsable, mais il perpétue cette spirale infernale par faiblesse et démagogie.

Partout, les pénuries qu’on voit s’installer inexorablement, apparaissent comme littéralement organisées par la bureaucratie administrative.
Le système de santé français est à genoux. Depuis l’élection de M. Macron en 2017, on ne compte pas moins de cinq plans successifs pour remédier à la crise ! Ils n’ont fait que l’accompagner si ce n’est l’aggraver. Le déluge de moyens financiers déversés sur les hôpitaux, la véritable gabegie des dépenses médico-sociales ont paradoxalement contribué à alimenter le désastre. Et plus le remède s’avère inefficace, plus on augmente la posologie, au mépris de toute logique. Aujourd’hui on entend que le manque ressenti de médecins et de soignants serait le résultat du système de tarification à l’activité dont l’ambition (jamais satisfaite hélas) était d’allouer équitablement les ressources en fonction des soins réalisés !
Aujourd’hui le pauvre Docteur Braun, qui a hérité du portefeuille de la santé, en est réduit à constater l’échec, comme tous ses prédécesseurs, et à proposer une énième concertation dont on peut déjà prévoir l’issue puisqu’il n’y a aucune chance que les dogmes soient remis en question.
Au ministère de l’Education c’est la même panade. Face au glacis administratif et à l’idéologie asphyxiante, le déluge de moyens n’a évidemment été d’aucune aide pour enrayer la baisse régulière de la qualité de l’enseignement et aujourd’hui on en vient à déplorer la pénurie de professeurs sur le terrain, et même de chauffeurs de bus pour emmener les enfants à l’école !
On peut décliner le diagnostic tous azimuts. Police, justice, agriculture, hotellerie-restauration, partout les ressources humaines se raréfient par démotivation, écœurement, lassitude, découragement des bonnes volontés.

S’agissant des ressources naturelles et de l’énergie, c’est pire encore sans doute. On a réussi à provoquer une vraie disette alors que nous avions un impressionnant parc de centrales nucléaires dispensant l’électricité à faible prix et que les ressources pétrolières n’ont jamais été aussi abondantes. La folie réglementaire est allée jusqu'à interdire de chercher à savoir si le sous-sol de notre pays contient quelques gaz de schistes, qu’on est réduit à importer à prix d’or…
Grâce au calamiteux lobby écologiste, toute cette abondance s’est dissipée et on en arrive à rouvrir de vieilles centrales à charbon (qu'on importe puisque les mines sont fermées) !
A cause de réglementations aussi rigides que stupides, le secteur automobile traverse quant à lui une crise existentielle très grave, et ce dernier fleuron de l’industrie française risque d’être sinistré sous peu.
Le secteur immobilier est, si l'on peut dire, logé est à la même enseigne. On a planifié la rareté des biens à acquérir ou à louer en compliquant à loisir les réglementations, dont l’aboutissement est l’augmentation déraisonnable des prix.
Le secteur agricole qui était une des richesses de la France a été presque complètement dévasté, à coups d’interdits ubuesques pondus par des gens qui n’ont jamais rien vu de la nature que des images d’Épinal obsolètes. Tous les progrès techniques ont été freinés ou empêchés par principe de précaution. OGM, pesticides, insecticides, engrais, tout ce qui permettait aux agriculteurs de vivre, à la population de manger et au pays de bénéficier de fructueuses exportations, tout cela a été cassé. S'agissant du fameux glyphosate, les études scientifiques, les agences dûment accréditées, ont beau insister sur une balance bénéfice/risque très positive, rien n’y fait. Partout l’obscurantisme triomphe, causant déclin et paupérisation.
Aujourd’hui ce sont les jets privés, les piscines qui sont clouées au pilori du diktat climatique. Les écologistes et autres insoumis sectaires que le peuple a eu la folie de propulser à l’Assemblée Nationale, se plaisent à cultiver l’outrance. Ils encouragent les actes de désobéissance civile, invitant les nervis de leur clique à détériorer les réserves d’eau destinées à pallier les effets des périodes de sécheresse.
Le vieux fond rance d’anti-capitalisme alimente la névrose obsessionnelle d’une gauche plus ringarde que jamais, repeinte en vert écolo, mais peuplée de nostalgiques aigris des théories de l’affreux père Marx. C’est au nom de cette idéologie mortifère qu’on tue de nos jours la prospérité et la tranquillité du peuple, qui valent bien mieux que les foutues abondance et insouciance de M. Macron. Et selon la bonne vieille habitude, on désigne des boucs émissaires : émissions de CO2, guerre, crise, surpopulation… S’agissant de cette dernière avec laquelle on nous bassinés durant des décennies, on apprend que ce qu’on redoute désormais, c'est le choc inverse. Certains experts vont jusqu’à prédire que la population mondiale risque de diminuer de moitié d'ici à 2100 ! Si l’on pouvait encore rire, il faudrait, à l’instar de la célèbre émission, prôner l’instauration d’un tribunal des flagrants délires pour juger tous les prévisionnistes, qui, tels le joueur de flûte de Hameln, amènent au son du pipeau le bon peuple sur des chemins de perdition !

19 août 2022

Physique et Philosophie

Le langage scientifique moderne a tellement gagné en complexité qu'il est devenu quasi inaccessible aux béotiens. Heureusement, certains savants ont cherché à exprimer de manière plus simple les choses. Le physicien Werner Heisenberg (1901-1976) fait partie d’entre eux et à travers une série de conférences données au cours des années 1955-66, opportunément rééditées, il propose une ouverture passionnante des nouvelles théories scientifiques à la philosophie.

Le père du principe d'indétermination livre son analyse des constats de la mécanique quantique et de la relativité restreinte qui ont bouleversé le monde intellectuel à l’orée du vingtième siècle.
Il commence par rappeler que la géométrie euclidienne et la physique newtonienne auxquelles nous étions habitués, s’avèrent des approximations satisfaisantes pour décrire les phénomènes observables à l'œil nu peuplant notre univers quotidien. Malheureusement  elles ne rendent plus compte fidèlement de ceux, relevant de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit, entrevus grâce aux instruments modernes d’investigation. Parallèlement, le raisonnement intellectuel a ouvert des brèches ébranlant les postulats qu’on croyait acquis, et fragilisé nombre d’échafaudages philosophiques et spirituels.
Ainsi la théorie de la relativité restreinte, proposée par Einstein, a révélé que le temps et l'espace étaient indissociablement liés et que rien n’était immuable hormis la vitesse de la lumière. Le temps comme l'espace peut se dilater ou se contracter. Entre autres exemples, deux événements simultanés pour un observateur peuvent ne pas l'être pour un autre en mouvement par rapport au premier !
Grâce aux découvertes de Max Planck, la mécanique quantique est née quant à elle sur un principe contre-intuitif, qui stipule que masse et énergie ne sont qu’une seule et même substance, et qu’à l'échelon microscopique, les particules sont de deux natures, a priori contradictoires, tantôt corpusculaire, tantôt ondulatoire.
Plus étrange encore, la succession des phénomènes ne semble plus soumise au lien de causalité et le comportement des atomes ne peut être analysé que de manière probabiliste, à l’image de la désintégration à la fois prévisible et aléatoire des corps radio-actifs. Le principe d’indétermination empêche pour sa part, d’observer le comportement des photons dans les fameuses fentes de Young et toute tentative de “passer du possible au réel” aboutit à ce qu’on appelle la “réduction du paquet d’ondes”. Tout se passe comme si l’on figeait, rien qu’en la regardant, la trajectoire incertaine des grains de lumière.

A cette incertitude fondamentale, s’ajoutent les limites des instruments de mesure dont la nature même, interfère avec les phénomènes observés. La physique classique était “une idéalisation du monde, considéré comme séparé de nous”. Mais quand on approche la matière de très près, force est de constater qu’on est partie prenante d’elle. En d’autres termes, “dans la tragédie de l'existence, nous sommes à la fois acteurs et spectateurs…”
Ces contraintes représentent une sorte de catastrophe, car elles paraissent incontournables et font dire au savant que “ce que nous observons ce n'est pas la nature en soi mais la nature exposée à notre méthode d'investigation”

C’est à ce moment que la physique rejoint la philosophie, et qu’elle permet notamment d’infirmer nombre d’hypothèses émises sans fondement solide. Heisenberg remet en cause la logique cartésienne, qui sépare abruptement la res extensa de la res cogitans, autrement dit la matière de l’esprit, et il rejette un trop grand déterminisme qui nie l’aléatoire et le libre arbitre. Il n’est pas moins dubitatif avec l’empirisme de Locke et de Hume lesquels supposent que tout est explicable par l’expérience. Il se montre également circonspect avec l’a priori kantien selon lequel certaines connaissances et certains jugements synthétiques relèvent de l’intuition. Enfin, il s'élève contre toute logique fondée exclusivement sur le lien de causalité.
Il se rapproche toutefois de la conception du maître de Königberg lorsqu’elle pose qu’il est impossible de connaître les choses “en soi”.

Heisenberg termine son propos par des interrogations sur la manière d’exprimer par le langage une réalité qui relève de plus en plus de l’indicible et sur la complexité croissante du monde confronté aux évolutions majeures mais très troublantes du progrès. Il s’inquiète des conséquences que fait peser la science sur l’être humain, considéré comme un apprenti sorcier, et met en garde sur les risques qui pèsent de plus en plus lourdement sur l’évolution des sociétés avancées. Il constate avec fatalisme que “les changements de conditions de vie induits par la civilisation ont échappé aux forces humaines”. Il évoque la réticence de la science vis à vis des religions dont les écrits fondateurs sont l'œuvre de l'homme, contrairement au livre ouvert de la Nature, dont les lois s’imposent sans intermédiaire. Mais il s’interroge sur le risque de radicalisation de communautés saisies par la peur de voir les dogmes, les vérités révélées, et la foi battre en retraite devant les avancées scientifiques.
Pour le savant, les sociétés humaines tendent vers un processus d'unification, qui se heurtera nécessairement à des croyances, des coutumes, des traditions. Se voulant résolument optimiste, il espère toutefois que la physique moderne parvienne à montrer les dangers du progrès, ouvrant une perspective dans laquelle, malgré leurs différences, les communautés puissent "vivre côte à côte pendant cette phase d'unification" et trouvent "un nouveau genre d'équilibre entre la pensée et l'action, entre l'activité et la méditation"…
Puisse l’avenir lui donner raison, même si rien n’est gagné…

13 août 2022

La chasse au Trump est ouverte

Alors que les élections de mid-term se profilent déjà aux États-Unis, que le maigre crédit dont jouissaiit l’administration Biden fond comme neige au soleil, et que les turbulences de plus en plus vives menacent la paix du monde, la stature imposante quasi impériale de Donald Trump émerge à nouveau.
Les candidats qu’il soutient pour le prochain renouvellement de la Chambre des Représentants ont le vent en poupe et lui-même apparaît plus que jamais comme le meilleur postulant à l’élection présidentielle, au moins pour les sympathisants républicains. 69% d’entre eux le soutiennent alors qu’ils ne seraient que 30% dans le camp démocrate à souhaiter voter pour Joe lors des primaires.
Le moment est donc venu pour les adversaires de l’ancien président, de relancer les attaques contre lui. Après la procédure laborieuse et pour l’instant improductive, mise en œuvre pour tenter de lui faire porter la responsabilité de l’épisode tragi-comique de l’invasion du Capitole, nombre de procureurs fédéraux connotés démocrates, le ministère de la justice et même le FBI, relancent les poursuites tous azimuts destinées à fatiguer l’animal. On ne sait plus trop bien ce qu’on lui reproche tant les accusations sont nombreuses, variées et incohérentes. Un jour c’est celle de fraude fiscale (bien qu'il ait choisi de reverser intégralement au Trésor ses émoluments de Président durant son mandat), le lendemain ce sont des soupçons de vol et recel de documents officiels classifiés, qui lui valent une perquisition à son domicile, et qui selon le Washington Post, pourraient concerner les armes nucléaires ! On va jusqu’à supposer qu’il aurait fait disparaître des documents compromettants en les jetant dans les toilettes ! On est chez les Pieds-Nickelés…

Tout est bon pour terrasser le gibier, mais il est coriace. On se rappelle qu’avant même d’accéder à la Maison Blanche, il fut accusé, sans succès, de connivence avec la Russie. A peine élu, on le menaça d'impeachment. La procédure fut interminable, minant une bonne partie de son mandat, mais elle n’aboutit à rien, tandis qu’on détournait les yeux des sombres magouilles de la famille Biden en Ukraine. Son action fut sans cesse entravée par ses ennemis qui n’avaient pas digéré son époustouflant succès électoral. Il fut même éjecté comme un malpropre des réseaux dits sociaux par les petits censeurs zélés de la bien-pensance qui font mine de les gérer.
Poursuivi sans relâche par une propagande hostile, il finit par perdre le pouvoir suite à la pantalonnade électorale qui conduisit à porter à la présidence un vieillard ennuyeux, aux facultés intellectuelles déclinantes. Le résultat n’est évidemment pas brillant, chacun peut s’en rendre compte. L’Amérique n’est plus que l’ombre d’elle-même. Hormis, pour l’heure, sur le front de l’emploi, la situation intérieure ne cesse de se dégrader autant au plan social qu’économique, et on assiste à un vrai désastre à l’international.

Donald, de son côté, n’a pas dit son dernier mot. Il est toujours là, et rugit de plus belle. Peut-il revenir ? C’est une question qui inquiète manifestement beaucoup de monde. En France, sans surprise, à lire les titres de la presse délicieusement partisans, on espère ardemment que non.
Pourtant, la vraie interrogation serait plutôt de comparer à peu près objectivement les politiques respectives menées par les administrations Trump et Biden. Il n’y a pas photo, comme on dit. Dans tous les domaines où Biden est en train d’échouer, Trump faisait mieux. Non seulement il mit au service de son pays un feeling incomparable en matière économique, mais il s’est révélé bien plus habile négociateur que son rival, notamment lors des confrontations avec Poutine et Xi Ji Ping, mais également pour aborder les problématiques complexes du Proche-Orient. Il s’est montré enfin dans l’action, bien plus inspiré et dynamique que Biden, notamment face à l’Iran ou l’Afghanistan. Même pour l’Europe, il était un partenaire plus constructif.
Tout reste possible, mais l’irrationnel dominant hélas trop souvent en matière politique, l’avenir de l’Amérique et par voie de conséquence du Monde, sont pour l’heure bien incertains…

09 août 2022

Dans la chaleur de l'été

C'est entendu, nous sommes foutus ! Rien ne va plus en ce trop bel été. Trop chaud, trop bleu, trop sec. Tout se conjugue pour faire de l’éden estival tant attendu un enfer. Hormis pour les vacanciers insouciants, l’avenir est sombre.
Si nous échappons à l’anéantissement nucléaire, qu'un simple malentendu pourrait provoquer, selon le secrétaire général de l’ONU, nous devrons bientôt à coup sûr faire face à la catastrophe climatique qui menace l'humanité d'extinction si l’on en croit les experts du GIEC et à leur suite nombre d’aréopages de savants.
Entre le marteau et l’enclume, et pour celles et ceux qui ne croient pas encore tout à fait à la fin du monde, il y a bien d’autres périls qui nous menacent au quotidien.
Les tensions internationales sont telles que la simple escale d’une vieille députée américaine à Taïwan déclenche un tsunami médiatico-militaire en extrême-orient. C’est un nouveau conflit qui semble s’amorcer là bas, alors que la guerre en Ukraine n’en finit pas de faire rage ! On ne sait d'ailleurs plus du tout ce qui se passe et il devient de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux lorsqu’on entend les gens d’Amnesty International, peu suspects de sympathie pro-russe, affirmer que les Ukrainiens installent des bases militaires dans les hôpitaux et les écoles ! Qui donc bombarde qui ? Qui joue avec le feu nucléaire en tirant des missiles en direction de la centrale de Zaporijia ?

Il y a bien des mystères insondables. Chez nous, les incendies ravagent des dizaines de milliers d’hectares sans qu’on sache, sauf exception, comment le feu naît. Sans doute par génération spontanée. Deux choses sont sûres, le climat a bon dos et les vrais coupables de bonnes planques. Pendant ce temps, on apprend un peu par hasard que les écolos, si bien intentionnés, s’opposent régulièrement par esprit de système, à tout projet de retenue d'eau destiné à pallier les effets des sécheresses et refusent les coupes d'arbres dans les forêts, qui permettraient pourtant de ménager des couloirs d'accès pour les pompiers et de stopper la progression des flammes.
Par un curieux retournement du fameux slogan soixante-huitard selon lequel il était interdit d’interdire, les auto-prétendus défenseurs de l’environnement se font les champions des taxes et des ukases réglementaires. Grâce à ces derniers on assiste à une pénurie inédite de moutarde et bientôt de colza, donc d'huile et de biocarburant…
Des contraintes similaires sont en train de détruire méthodiquement le secteur de la construction automobile et de faire courir le risque de carence énergétique. Ironie du sort, l'industrie pétrolière engrange des bénéfices records ! On imagine sans peine l’envie monstrueuse qui doit démanger tous les petits saints verts et besogneux de taxer ces super-profits ! Le gouvernement quant à lui ne sait plus où donner de la tête. Après s’être institué chef d’orchestre de l’inflation par ses distributions d’argent magique, il ne trouve rien de mieux à faire que de subventionner par des chèques et des ristournes la consommation de carburant !
On vit vraiment une époque formidable comme disait l’autre.

Faute de pouvoir intervenir, on se console comme on peut en ces temps de folie. On entend qu’il s’agit de l’été le plus chaud depuis 1959, mais on se souvient que l’an dernier c’était le plus humide et pluvieux depuis la même date. On attend donc sans impatience extrême le retour de la froidure et du mauvais temps.
On se lamente de voir l’État incapable de sanctionner un imam affilié en paroles si ce n'est en actes au terrorisme et coupable de malversations en tous genres, mais on se rassure en voyant la première des ministres nommer un ambassadeur aux droits LGBT+.
Et puis on regarde avec un certain émerveillement les Rolling Stones achever à Berlin leur tournée triomphale européenne marquant les soixante ans de leur carrière de rockers, même si elle a un parfum d’apothéose et de décadence…
It’s only rock n roll (but I like it) !

24 juillet 2022

Paolo is back !

En 2007, à l’occasion d’une émission d’Arte relative au festival pop de l'Île de Wight, j’avais repéré parmi les artistes de ce méga concert un chanteur débordant de fougue juvénile, dont la voix à la fois éraillée et caressante était pour tout dire irrésistible.
Paolo Nutini, alors un tout jeune homme d’à peine 20 ans, avait déjà une présence magnétique sur scène. De fait, il n’avait pas grand chose à envier à la star rayonnante qu’était alors Amy Winehouse et n’était manifestement pas intimidé de côtoyer les mythiques Rolling Stones.
Bonne pioche en quelque sorte car le débutant allait rapidement faire des étincelles. En trois albums, il acquit une stature internationale et imposa dans le monde la pop music une personnalité très originale. These Streets, Sunny Side Up, Caustic Love regorgent de pépites dont le style est fait d’un savant mélange de soul, de rock, de funk et de folk, émaillés par le grain superbe de sa voix, chaude et rauque dans les graves, impérieuse et déchirante dans les aigus.

Son génie avait semble-t-il déjà atteint son firmament en 2014, et personnellement je fus définitivement conquis par la très belle prestation qu’il donna cette année-là pour le festival i-Tunes à Londres. Dans un cadre intimiste, magnifiquement entouré par des musiciens hors pair, il y délivra une succession de hits dans lesquels il est bien difficile de rejeter quoi que ce soit. Les racines soul de son inspiration s’imposaient en majesté dans une reprise de Let Me Down Easy, titre autrefois chanté par la lumineuse Bettye Lavette. Suivit une composition personnelle, Coming Up Easy, dans la même veine, bercée par une rythmique torride, arrosée de cuivres juteux que n'aurait pas désavoué Otis Redding. Better Man était un exemple poignant de l’ensorcelant slow burner qui était devenu sa marque de fabrique. On retrouvait cette puissance émotionnelle dans le vibrant hymne à la liberté qu’est Iron Sky. Enfin, l'hypocoristique ballade Candy sonnait comme une sorte d’apothéose de cette période illuminée d’un artiste arrivant à maturité.

Hélas, après cette date, Paolo Nutini, peut-être un peu déstabilisé et fatigué par cette ascension vertigineuse autant qu’éprouvante, rentra dans une retraite créative dont il ne sortit qu’à l’occasion d’une ou deux apparitions publiques. On eût pu le croire perdu comme tant de vedettes météoriques, sitôt apparues, sitôt disparues…
C’est donc avec un mélange de joie et d’appréhension qu’on assiste à son retour en 2022 avec un nouvel opus, Last Night In Bittersweet.
Heureusement, dès la première écoute, le doute n’est plus permis: le filon n’est pas épuisé et la verve est intacte !
Pas moins de 16 nouvelles compositions témoignent de la richesse inventive d’un artiste revenu encore un peu plus mûr, plus assuré, plus sophistiqué également dans les arrangements musicaux. On retrouve dans ces chansons l’élégance, l’évidence, la force émotionnelle qui ancrent son style dans la constellation du rock.
A l’occasion de la sortie de ce tout récent album, Nutini est parti pour une vaste tournée dont on peut juger de la qualité par la performance réalisée à Glasgow pour le festival TRNSMT (prononcer transmit) le 8 juillet dernier. Plus que jamais, il impressionne par sa présence sur scène, ne serait-ce que par l'enthousiasme communicatif qu’il déclenche parmi le jeune public féminin. Les effusions de ces fans sont particulièrement touchantes, lorsqu’elles reprennent en chœur et à tue-tête le refrain entêtant de Through The Echoes. Porté par cette communion extatique, l’artiste est aux anges. Il enquille avec jubilation ses classiques et quelques inédits parmi lesquels on retient notamment Acid Eyes, ballade délicieusement écorchée, Radio, un rock à la pulsation très “prog”, le superbe et planant Everywhere, et pour finir, Shine A light, complainte térébrante qui monte au dessus de la foule en liesse vers le ciel tandis que le chanteur les yeux mi-clos savoure son succès, bien mérité…