La récente publication
d'un article arguant de la toxicité des organismes génétiquement
modifiés (OGM) a permis une fois encore, de mesurer l'incroyable
pression médiatique dirigée à sens unique contre les fabricants de
tels produits, et en particulier contre le groupe industriel américain Monsanto qui en a fait l'essentiel de son fonds de commerce. Elle a démontré
une fois encore la crédulité effarante de la presse, et a mis en
évidence la facilité qu'il y a de nos jours de colporter de très
douteuses controverses en leur donnant les apparences de
l'objectivité.
Rarement
on aura vu autant d'a priori et de mauvaise foi servis à l'appui
d'une thèse. A tel point que ce qui se présentait comme un travail
scientifique rigoureux a tourné au véritable procès en
sorcellerie, si ce n'est à la pantalonnade, ne faisant guère
honneur à ses auteurs, au premier rang desquels figure Gilles-Eric
Seralini, chercheur en microbiologie à Caen.
Avant
même de s'intéresser au contenu de l'article, l'orchestration
insensée qui a entouré sa publication plaidait contre lui.
Dans
la presse Grand Public, ce fut en effet un déluge de titres aussi
définitifs que partisans, pour saluer ce travail de manière
unanime. Dès le 18/09/12, jour même de la parution de l'article
dans le journal Food And Chemical Toxicology, alors que personne
n'avait pu raisonnablement en faire une lecture un peu approfondie,
le ton fut donné par le Nouvel Observateur, toujours prompt à
promouvoir des supercheries, qui s'exclamait victorieusement : « Oui
les OGM sont des poisons ».
Le
plus élémentaire bon sens aurait pourtant incité à la retenue
face à une étude portant non sur l'homme mais sur le rat. La
prudence aurait conseillé d'y regarder à deux fois eu égard au
petit nombre d'animaux étudiés (200 parmi lesquels seuls 20 étaient
considérés comme groupe « témoin », c'est à dire non
soumis à une alimentation à base d'OGM). Le questionnement aurait
du s'imposer devant le caractère spectaculaire pour ne pas dire la
monstruosité des tumeurs atteignant les animaux, exhibées comme
preuves absolues de la nocivité du maïs transgénique NK603.
Comment
expliquer en effet une telle toxicité, alors que jamais on
n'entendit parler de surmortalité chez les millions animaux de
laboratoire ni le bétail, couramment nourris depuis plus de 20 ans par ce type de
produits. Et comment expliquer que les Américains qui eux-mêmes les
consomment au quotidien depuis plus de 10 ans ne présentent pas plus
de maladies cancéreuses que les Européens qui n'y touchent
pratiquement pas ?
En
bref, comment peut on être aussi affirmatif sur la foi d'une seule
étude ? C'est un tel non sens scientifique, qu'il paraît à
peine croyable qu'on ait pu lui accorder si vite autant de crédit.
Ce
qui devait arriver arriva. Il ne fallut que quelques jours pour que
les critiques fusent de toute part à travers le monde. Ce fut
bientôt évident : l'étude était entachée de biais
méthodologiques en si grand nombre qu'il était impossible d'en
accepter les conclusions, sauf à en être convaincu
d'avance ! Le seul choix des animaux inspire la suspicion :
la littérature scientifique montre en effet qu'au bout de deux ans,
90 % des rongeurs de la variété dite "Sprague-Dawley"
attrapent
un cancer. Qu'ils aient mangé ou non des OGM !
L'opinion
publique étant par nature versatile, le revirement fut brutal. Les
mêmes qui avaient tambouriné haut et fort les conclusions
alarmantes de l'essai, se firent du jour au lendemain l'écho du scepticisme montant.
En
revanche, la réaction des auteurs face à cette bronca, aggrava leur
cas. Non seulement ils ne firent pas amende honorable mais ils se
braquèrent en se prétendant "attaqués
de manière extrêmement malhonnête par des lobbies" et en
refusant
toute contre-expertise, même par des organismes aussi officiels
et indépendants que l'Agence Européenne Chargée de la Sécurité
des Aliments (EFSA).
S'agissant
de l'indépendance revendiquée des auteurs, elle pourrait quant à elle prêter à
sourire si l'enjeu n'était pas aussi sérieux. M. Seralini est le
président du Comité Scientifique du CRIIGEN,
qui se consacre exclusivement à la recherche des effets toxiques des
organismes transgéniques. Et il n'est entouré que de gens qui ne font
pas mystère de leur militantisme: entre autres, Joël Spiroux de Vendemois,
médecin homéopathe et acupuncteur, Corinne Lepage, figure bien
connue d'une écologie qui ne fait pas dans la
nuance....
A
quelque chose malheur est bon. Cette pitoyable controverse
pourrait se révéler utile. Puisque l'expérimentation animale s'avère
capable de produire des résultats inadéquats au but qu'elle se fixe
et, plus grave encore, puisque ceux-ci sont manipulables, il s'avère
délicat d'en tirer des extrapolations trop affirmatives. Aussi bien
à l'appui d'une thèse qu'à son discrédit.
On
mesure par là même, la difficulté qu'il y a de mener des
expérimentations crédibles, pourtant indispensables au progrès.
Si après plusieurs décennies d'utilisation, la toxicité des OGM fait toujours débat, leurs bénéfices sont légions. Les retombées de ces techniques s'étendent d'ailleurs largement au delà de l'alimentation. Nombre de médicaments sont obtenus à partir de bactéries transgéniques, et les essais de thérapies géniques modifiant les gènes de l'homme ne choquent personne. Ils sont même régulièrement présentés comme une source d'espoir et donnent lieu à de vibrants appels à la charité publique (téléthon).
Si après plusieurs décennies d'utilisation, la toxicité des OGM fait toujours débat, leurs bénéfices sont légions. Les retombées de ces techniques s'étendent d'ailleurs largement au delà de l'alimentation. Nombre de médicaments sont obtenus à partir de bactéries transgéniques, et les essais de thérapies géniques modifiant les gènes de l'homme ne choquent personne. Ils sont même régulièrement présentés comme une source d'espoir et donnent lieu à de vibrants appels à la charité publique (téléthon).
Il
n'en reste pas moins que la vigilance doit rester de mise. La fable
de l'apprenti sorcier doit toujours hanter l'esprit des
scientifiques. Mais sans paralyser leur génie inventif, et sans
prendre le masque sectaire de l'idéologie. « Science sans
conscience n'est que ruine de l'âme » disait en son temps le
bon Rabelais. Science livrée à la passion n'est que perdition,
pourrait-on renchérir...
Aujourd'hui
même, on apprenait, après l'incroyable tohu-bohu déclenché par
l'affaire dite du Mediator, que 85% des demandes
d'indemnisation avaient jusqu'à présent été retoquées faute de
preuve. Alors que certains accusateurs, sans disposer de données
objectives suffisantes, n'avaient pas hésité à évoquer 500, puis1000 voire 2000 morts....
1 commentaire:
Récupération de commentaires :
04/10/12
extrasystole a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Ratages Scientifiques" :
merci,
La lecture de tes écrits devraient être remboursés par la sécurité sociale. Ce serait la seule initiative intéressante qu'elle prendrait depuis de nombreuses années. Mais il faudrait sans doute créer une commission de remboursements et une équipe de contrôleurs pour s'assurer que tu a été lu. Si cette lecture n'a pas été tracée et signée le contrevenant aurait a rembourser et payer des amandes ad hoc. Autant laisser tomber.
fraternité
extrasystole
05/10/12
Pierre-Henri Thoreux a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Ratages Scientifiques" :
S'agissant de Sécurité sociale, il y aurait beaucoup à dire à propos des contrôles ;)
Merci en tout cas de ta visite !
06/10/12
Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Ratages Scientifiques" :
l'obsession de faire peur jointe a la généralisation de la théorie du complot alliées à un certain terrorisme écologique à tendance totalitaire abêtissent nos contemporains et contribuent à détruire tout espérance dans le progrès .
C'est une triste particularité de nos temps mornes et angoissants
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