Dans la désespérante médiocrité du débat politique en France, qui végète dans les poncifs, les raccourcis caricaturaux, et les tabous idéologiques les plus archaïques, les amoureux de la démocratie et de la liberté guettent avec patience toute nouveauté susceptible de poindre à l’horizon.
C’est peu dire que l’espoir est ténu, tant l’esprit français semble à mille lieues du libéralisme. Première valeur du fameux triptyque républicain, et essentielle, puisque toutes les autres lui sont conditionnées, la Liberté ne semble pas passionner grand monde.
Pire, la France dont nombre de penseurs ont pourtant porté très haut au plan conceptuel les idées libérales, n'a pour ainsi dire jamais bénéficié de leur application pratique. Elles furent parfois instillées à doses homéopathiques et à certains moments même un peu plus, pour sauver de la ruine les théories socialisantes. Mais personne n'osa s'en réclamer clairement.
Il faut remonter à Turgot pour trouver un homme d'Etat épris de libéralisme. Celui-ci, qui aurait sans doute évité à la France bien des mésaventures, a malheureusement été très largement incompris par ses contemporains, au point que Louis XVI dut le révoquer en 1776, ironie de l'histoire, au moment précis où la Liberté trouvait sa terre d’élection en Amérique !
Depuis, en France, quasi personne n'a repris le flambeau… On connut des révolutions, des coups d'état, des empires, des retours de royauté, et une ribambelle de républiques, mais de régime libéral, point...
De nos jours, Alain Madelin tenta bien de faire renaître de ses cendres ces idées progressistes dans toute l’acception du terme. Hélas, il se heurta à un mur d’intolérance et de sectarisme. Il se retira de la vie politique, laissant en déshérence son parti “Démocratie Libérale”, après avoir essuyé un revers électoral cuisant lors de l’élection présidentielle de 2002, où il n’atteignit même pas la barre des 5% au premier tour. On se souvient que Jacques Chirac fut élu avec près de 83% des suffrages, à la grande honte d’un pays décidément en froid avec les règles démocratiques !
Depuis, on compta quelques initiatives sympathiques, mais tournant à peu près toutes au fiasco. Ainsi Alternative Libérale créée en 2006 par Edouard Fillias ne décolla jamais vraiment et ne put même pas présenter son candidat en 2007, faute d’avoir recueilli les 500 signatures requises. Il se rangea piteusement derrière François Bayrou, avant de fusionner en 2011 avec le Nouveau Centre d’Hervé Morin...
Le Parti Libéral Démocrate sorti des ruines d’Alternative Libérale ne fit pas mieux et soutint Bayrou en 2012 au premier tour de l’élection présidentielle (lequel se désista pour Hollande...), avant de se fondre dans l’UDI en 2013….
Sauf à sombrer dans le désespoir le plus noir, lorsqu'on est épris de liberté, on se raccroche à toute lueur dans ce tunnel politique infâme qui asphyxie le pays depuis si longtemps !
C'est dire l'intérêt avec lequel on peut considérer l'initiative audacieuse d'un entrepreneur un peu fou, Denis Payre. Après avoir été à l’origine de quelques belles réussites commerciales ayant rapidement acquis une envergure internationale (Business Objects, Kiala…), il s’attaque hardiment aux problèmes de notre société, en fondant un mouvement baptisé “Nous Citoyens”.
Sans cacher ses ambitions politiques, ce qui n’est pour l’heure qu’une association, aspire avant tout à donner le rayonnement qu’elles méritent à des idées fondées sur le bon sens et le pragmatisme. Les chantiers ne manquent pas : Vie Politique, Economie, Education, Santé, Logement, Europe, Environnement, lutte contre l’exclusion… Tous ces domaines où malgré son omniprésence, l’Etat se révèle de plus en plus dépassé, et incapable d’apporter de réelles solutions.
Parmi les tares qui sont dénoncées et auxquelles il est urgent de s’attaquer figurent une dépense publique hors de contrôle, une fiscalité confiscatoire, un chômage de masse désolant.
Tout se tient dans ce tourbillon qui tourne à la manière d’un cercle vicieux.
Pour le rompre, ce sera sans nul doute difficile et probablement douloureux tant il y aura de principes à remettre en cause, tant il sera problématique de désamorcer l’idéologie dominante de l’Etat-Providence. Chacun est invité à proposer son opinion dans cette démarche participative originale. C’est peut-être l’amorce d’un vrai débat, sans tabou. Une bouffée de liberté et une perspective de responsabilité citoyenne. Qui sait ?