26 avril 2019

Souffler n'est pas jouer II

Cherchant un titre pour mon commentaire, suivant la conférence de presse du Président de la République, je pensais à l’expression tirée de la règle du Jeu de Dames “souffler n’est pas jouer”, et je tombe sur un précédent billet pour lequel je l’avais déjà utilisée en 2017, juste après l’élection dudit Président…
Et pour cause: je ressens ce soir un peu la même impression.
Emmanuel Macron
parle bien. Son style est délié, souple et rapide. Mais il pêche par un excès d’emphase et surtout d’indécision et de vacuité dans l’action.

Avant de répondre aux questions des journalistes, le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours de près d’une heure destiné à clôturer le fameux Grand Débat qu’il avait lui-même proposé, tout en s'efforçant d'apaiser 
la colère des Gilets Jaunes. Sans doute attendait-on trop de cette intervention...

Il commença par délivrer quelques belles formules lénitives, rappelant par exemple que nous sommes “les enfants des Lumières”, qu'il ne faut pas céder à "l'obscurantisme", à la "haine" ou au "complotisme". Il insista sur la nécessité de mettre “davantage d’humain” dans l’action publique, sur sa volonté, pas très originale, de lutter contre la bureaucratie pyramidale de notre système. Suivirent des actes de contritions et quelques mea culpa : “J’ai pu donner l’impression d’être dur et injuste, je le regrette”.../… “J’ai changé et beaucoup appris…”

Au chapitre des actions concrète hélas, on en est resté aux annonces et aux déclarations d’intention. Certes elles ne sont pas toutes mauvaises, mais après quatre mois on était en droit d’attendre un peu plus de concret et davantage d'audace.
Par exemple, M. Macron nous assène qu’il faut vraiment envisager de travailler plus dans notre pays. Mais comment, puisqu’il ne veut pas remettre en cause les 35h, pas supprimer de jour férié et pas reculer l'âge de départ en retraite. Subtile contradiction au passage (ou hypocrisie), dans le même temps il annonce un système de retraite "à points" et une augmentation du nombre de trimestres de cotisations pour bénéficier d’une pension à taux plein…
S’agissant de la revalorisation des retraites, il promet de manière évasive d'instaurer un plancher à 1000€, tout en confirmant un peu tard son erreur de désindexer les pensions de l'inflation. Dont acte, sauf que les mesures  sont distillées au compte goutte à la manière d'un apothicaire: en 2020 pour les “petits retraités touchant moins de 2000€/mois” et un peu plus tard
pour tous les autres (en 2021, c'est à dire si la conjoncture le permet...)

S’agissant de la technocratie étatique, il dit son souhait de supprimer l’ENA, mais pour la remplacer par une autre école de la fonction publique, plus efficace, mais possiblement dans les mêmes locaux et avec le même personnel qui n’a pas démérité. Comprenne qui pourra…
Il plaide également pour la disparition du statut inamovible de haut-fonctionnaire et affirme vouloir supprimer beaucoup d’organismes inutiles. Mais lesquels, sachant qu’il évoque simultanément la création d’un nébuleux "Conseil de Défense Écologique", pour “répondre à l’urgence du climat” et qu'il voudrait revigorer le très superfétatoire Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en y intégrant 150 citoyens “tirés au sort”.

Au détour d'une phrase, il révèle qu’il est prêt à abandonner l’objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et il prévoit enfin un grand plan de décentralisation, avec création de 2000 "maisons de services publics" (une dans chaque canton), et l’arrêt de toute fermeture d’école ou d’hôpitaux sans l’accord des maires concernés.
On comprend de facto que la baisse des dépenses publiques est de plus en plus incertaine !
C’est d’autant plus gênant qu’il promet une baisse significative de l’impôt sur le revenu, d’environ 5 milliards d’euros. Ce fut sans doute l'annonce la plus fracassante, encore qu'elle ne précise ni comment elle serait mise en œuvre et pour qui, ni comment elle serait financée hormis par la suppression de certaines niches fiscales exclusivement destinées aux entreprises. Le lendemain, on apprenait de la bouche de M. Darmanin  sur RTL que cette allègement fiscal ne passerait  probablement pas par le réaménagement des tranches d'imposition, mais qu'il s'apparenterait à une nouvelle niche, réservée aux gens modestes, donc un nouveau bidouillage dans l'invraisemblable pipotron fiscal...

En matière de politique générale et d'affaires internationales, il y eut quelques voeux pieux sur la nécessité de faire payer les pensions alimentaires aux maris indélicats, quelques vagues résolutions sur la laïcité et sur l’immigration (fermes comme toujours dans les mots mais floues dans les actes).
Une réforme constitutionnelle est envisagée "pour améliorer le débat démocratique", mais elle n'a rien de révolutionnaire. Elle se caractériserait selon le président par l’introduction d’une dose de proportionnelle (de l’ordre de 20%) à l’Assemblée Nationale, et la réduction arbitraire et hypothétique de 25 à 30% du nombre de parlementaires. En revanche et heureusement, pas de prise en compte du vote blanc, pas d’obligation de vote non plus, pas de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) réclamée rituellement par les excités du samedi. Juste une porte entrouverte sur un hypothétique Référendum D’Initiative Partagée (par au moins 1 million de citoyens) et une plus grande considération pour les pétitions locales.
A propos de l’Europe enfin, M. Macron, non sans un certain culot, s’exclama qu’il était partisan de réduire le nombre d’États dans l’espace Schengen, notamment s’il s’avérait qu’ils se comportent de manière “non solidaire” ou “laxiste”. Autant pisser dans un violon tout en prenant le risque de renforcer l’inimitié déjà croissante que certains manifestent à l’égard de la France, mauvaise élève et donneuse de leçons...

Au terme de ce marathon, survolé avec un certain brio par le Chef de l’Etat, semblant très à l’aise avec les représentants des Médias, et assisté d’un peuple muet de ministres mi-figue mi-raisin, on pouvait faire un constat: il n’y eut pas un mot, pas une allusion sur les deux principales récriminations des Gilets Jaunes dès le début du mouvement, à savoir la stupide limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, et rien sur le devenir de la fiscalité impactant le prix des carburants. On est donc bien avancés….

16 avril 2019

Tristes Symboles

A quelques jours de Pâques, le gigantesque incendie qui vient d’embraser la cathédrale Notre Dame de Paris s’imprime dans notre esprit avec une force symbolique tragique. Comment ne pas voir dans la flèche qui s’est écroulée en flammes, le destin tragique de l’église catholique tout entière, voire du Christianisme ?
C’est un fait, ce dernier est en voie de désaffection. Selon Jerôme Fourquet, et son constat accablant de l'état de la société française, “nous sommes arrivés à un stade terminal de la déchristianisation”. Moins de 6% des Français sont pratiquants contre plus de 35% dans les années soixante. Tous les symboles de la religion tombent les uns après les autres en obsolescence. La République y a contribué, grâce à la lénifiante perversité d’un François Hollande, en achevant de dénaturer la notion de mariage. Quant à la laïcité avec laquelle on nous bassine à longueur d’année, elle détruit peu à peu l’empreinte chrétienne dans notre société, tandis qu’elle n’est qu’un rempart illusoire face à l’islam conquérant. Dans le même temps, les affaires de pédophilie ressassées ad nauseam ne contribuent pas peu à éroder les derniers piliers sur lesquels tenait encore la foi chrétienne.

Le pape lui-même ne semble plus vraiment habité par une vocation messianique. Il passe son temps à fustiger le libéralisme qui ne lui a pourtant rien fait et montre beaucoup de légèreté voire de frivolité dans sa manière d’aborder les grands problèmes du monde contemporain. Notamment le drame de l’immigration qu’il traite avec une naïveté confondante. Face à l’islam il fait preuve de complaisance si ce n’est de lâcheté, réclamant mansuétude et compréhension pour les Musulmans même les plus arrogants, qu’il demande d’accueillir à bras ouverts, tout en recommandant aux Chrétiens vivant en terre islamique de faire profil bas et surtout de s’abstenir de tout prosélytisme. Résultat, le charisme papal est en voie d’extinction même si les bénis-oui-oui feignent de le trouver gentil…

Arrivé hier soir en catastrophe sur les lieux du drame, le président Macron s’exclame à propos de la cathédrale en feu: “C’est toute notre histoire et ce soir elle est en train de brûler…”
A prendre cette déclaration au pied de la lettre, on serait tenté d’y voir le constat fataliste de la fin de notre monde. Ce d’autant que l'événement semble réduire à néant ses efforts pour sortir le pays de la crise dans laquelle il est enlisé. Personne n’attendait vraiment de son allocution avortée, des mesures révolutionnaires ni même audacieuses. Mais la brutalité de ce drame réduit pour l’heure à néant toute velléité de réforme et risque de faire paraître bien vaines les préoccupations qui agitent le pays depuis déjà quelques mois.

La première question qui se pose est de savoir comment une telle catastrophe a pu survenir. Accident ou crime on reste songeur sur les négligences que cela sous-tend probablement. A une époque où l’on insiste tant sur le principe de précaution et sur la prévention des risques, on ne peut qu’être choqué qu’un tel sinistre puisse arriver dans un tel lieu.
Puisqu’il faut garder l’espoir devant tout revers du destin, gageons toutefois que cet événement soit l’occasion d’un sursaut salvateur pour notre société en mal de repères, et pour la cathédrale l’occasion d’une résurrection...

15 avril 2019

Trous Noirs

La première photo d’un trou noir cosmique vient d’être dévoilée. Le concept théorique devient réalité !
Vertigineux quand on pense aux efforts qu’il a fallu déployer pour réaliser cette image en apparence si banale: un rond obscur auréolé de feu. Plusieurs télescopes répartis aux quatre coins du monde ont travaillé en synergie, formant un seul outil, de proportions gigantesques. Des milliards de milliards de données ont été traitées par ordinateur (
5 pétaoctets, soit 1015 octets). Tout ça pour objectiver ce gouffre situé à quelques 53 millions d’années lumière, au centre de la galaxie M87. Et pour confirmer les prédictions époustouflantes faites par Einstein il y a un siècle déjà par la seule force de son raisonnement scientifique, génial, il faut bien le dire.
Beaucoup de questions restent toutefois en suspens quant à la nature de ces fabuleuses concrétions au pouvoir d’attraction tel qu’elles absorbent tout ce qui passe à leur portée, y compris la lumière. La gravitation n’étant qu’une courbure plus ou moins profonde de l’espace-temps, les trous noirs s’apparentent à des puits sans fond. Que devient la matière une fois franchi cet “horizon des événements” ? A quelles lois obéit-elle, une fois compressée dans ce magma hyperdense. Et quid de l’espace et du temps qui s’y engloutissent sans retour ?
La réalité dépasse ici l’imagination, impuissante à s’affranchir de ces notions et incapable de concrétiser le néant…

Coïncidence troublante, la découverte de ce trou noir semble répondre à l’anéantissement des idées et du bon sens auquel on assiste à l’instant présent dans notre monde sublunaire, et particulièrement dans notre douce France. Que ce soit les fumeuses élucubrations issues du Grand Débat ou bien les insipides controverses relatives aux élections européennes à venir, tout est sujet au désespoir. Le déprimant spectacle des manif des Gilets Jaunes s’égrène sans fin prévisible, au fil des samedis. On attend sans illusion l’allocution du Président de la République et les demi-mesures qu’il va devoir annoncer pour tenter de sortir son mandat du marasme dans lequel il est enferré. Mais le moins qu’on puisse dire est que les perspectives rappellent furieusement celles, implacablement fermées, d’un trou noir...

05 avril 2019

Trump et les Salades Russes

Donc nous avons vu outre-atlantique, la fameuse enquête russe faire pschiiit !
Destinée à mettre au grand jour tous les rouages de la machination ourdie par le clan Trump pour gagner l’élection présidentielle avec l’aide de l’Administration Poutine, elle n’a rien révélé du tout ! Elle a pourtant empoisonné les deux premières années  au pouvoir du cher Donald, et il ne faisait guère de doute selon la plupart des médias français, que l’affaire était des plus sérieuses. A peine élu le nouveau dirigeant américain, pris sous le feu incessant des critiques, dut faire face à la menace d’une procédure d'impeachment.
Les Démocrates ne contribuèrent pas peu à propager les accusations les plus folles, relayées quotidiennement par les innombrables vecteurs médiatiques dont ils disposent aux États-Unis et dans le monde. Rarement on vit plus féroce campagne pour tenter d’inverser le résultat d’un scrutin, dont on souligna, au mépris des règles du jeu ancestrales qui prévalent aux USA, qu’il n’avait porté au crédit de M. Trump qu’une minorité des suffrages populaires. Il est vrai qu’en 2000 les mêmes avaient bien essayé de démontrer à force de recomptages, que leur candidat, l’obscur Al Gore, avait gagné contre George W. Bush.

C’est étrange ce déni démocratique patent, que personne ne voit vraiment ou que tout le monde refuse de voir. C’est bizarre cette manie de faire tout pour empêcher son adversaire de gouverner, surtout lorsqu’il essaie de mettre en œuvre le programme sur lequel il a été élu.
Comme toujours ou presque cette fièvre revancharde vient des rangs de la Gauche soi disant progressiste.
A l’inverse, lorsque leur champion est vainqueur, on est prié d’en faire illico un dieu vivant et de lui accorder par avance tous les mérites. On se souvient de cette saillie de Jack Lang, révélatrice de la stupidité socialiste, lors de l’élection de François Mitterrand, se gargarisant qu’on soit passé des ténèbres à la lumière. On se rappelle pareillement que le messie Obama fut intronisé dans un déluge de louanges et qu’il reçut le Prix Nobel de la Paix avant d’avoir rien fait…
Combien de temps encore devra-t-on accepter ce genre de supercherie, c’est bien là la question. C'est d'autant plus intolérable qu'on aura remarqué la discrétion de la Presse et des politiciens franchouillards, dans leurs commentaires, une fois le rapport du Procureur Mueller rendu public. C’est à peine s’ils le signalèrent au titre des faits divers. On a même vu la mauvaise foi de certains aller jusqu’à reprocher au président américain de se féliciter du résultat de cette enquête alors qu’il l’avait jugée illégale… Quant à notre ineffable Flamby ex-président de la république auto-défroqué, aussi généreux comme donneur de leçons qu’en redistributeur de l’argent des autres, il continue benoîtement d’asséner que le président américain serait le leader de l’extrême droite internationale. Mieux vaut en rire…

Cela dit Donald Trump n’est pas pour autant tiré d’affaire. On lui promet une issue moins favorable dans d’autres affaires montées en épingle avec un soin jubilatoire (Stormy Daniel) et on peut faire confiance aux Démocrates pour lui compliquer la tâche autant qu’ils le pourront. Exemple récent les manœuvres de la Chambre des représentants, destinées à empêcher le versement d'un milliard de dollars par le Pentagone pour terminer le fameux mur anti-immigration clandestine avec le Mexique. Ou encore cette résolution du Congrès, "en forme de camouflet" à l’Exécutif (l'Express), exigeant l’arrêt de tout soutien militaire américain à l’intervention saoudienne au Yémen (visant à contrer des factions chiites soutenues par l’Iran), au motif selon Bernie Sanders, gauchiste notoire, qu’elle serait à l’origine “d’un désastre humanitaire sans précédent”. Nul doute qu’après le retrait de l'aide américaine le paradis soit de retour là bas...