30 juin 2020

Elections en eau de boudin


Pour des élections ratées ce furent des élections ratées !
Représentant près de 60% des inscrits, l'abstention sort largement victorieuse un peu partout, laissant la désagréable impression de bâclage et d'inachevé et traduisant un désintérêt, pour ne pas dire un rejet massif, de la politique et de celles et ceux qui l'incarnent.

Avec l'élection présidentielle de 2002, ce fut un des scrutins les plus foireux de toute la Vè république. On assista à une campagne tronquée sur fond de crise COVID-19, gérée maladroitement par le Gouvernement. A cela s’est ajoutée la désagrégation des partis classiques rongés par l'usure, le manque de conviction et une détermination de plus en plus défaillante.

Plus que jamais, la république est en lambeaux et c'est une vraie déroute pour le parti de son président.
Dans les grandes métropoles, à la faveur de cette désespérante détumescence, des alliances bancales écolo-gaucho-bobos ont raflé la mise. En forme d'armées mexicaines, allant parfois jusqu’à inclure dans leurs rangs l'extrême gauche la plus ringarde, coco ou apparentée, ces tartarins miteux affichent désormais l'objectif donquichottesque d'amélioter le climat. Après l'échec des utopies socialistes, ces idéalistes indécrottables enfourchent un nouvel absolu, par nature - c’est le cas de le dire - aussi inatteignable que les vieilles lunes collectivistes. On peut s’attendre à un surcroît de pesanteur réglementaire, à de nouvelles taxes et à la mise en œuvre de mesures dictées par les principes plus que par les réalités de terrain. L’avenir le dira sous peu...

Emmanuel Macron serait sur le point dit-on de tomber dans ce nouveau panneau idéologique. De fait, il vient d’avaliser la quasi totalité des propositions qui lui ont été transmises par la convention citoyenne pour un coût qui promet d’être astronomique (on a échappé in extremis aux 110 km/h sur autoroutes et à la taxe sur les dividendes pour les actionnaires).

Sous peu, le gouvernement sera remanié et possiblement va changer de Premier Ministre. Mais où va-t-on trouver les nouvelles têtes, et pour quel nouveau programme ?
Plus que jamais, on se demande comment M. Macron va pouvoir se sortir de cette nouvelle impasse dans laquelle il s’est lui-même fourré, et le pays avec lui...

28 juin 2020

En vert et contre tout

La Convention Citoyenne pour le Climat, investie en grande pompe à la fin de la crise des Gilets Jaunes par le Président de la République a fini par accoucher de 150 mesures !
Une pour chacun de ses membres, intronisés par la grâce du tirage au sort, dont on pense désormais qu’il fait mieux les choses que les élections. Le hasard serait donc devenu plus démocratique que le choix par des citoyens  libres et éclairés de représentants, porteurs de programmes et de propositions. On croit rêver…
En quoi le peuple peut-il imaginer que sa volonté soit mieux servie par des gens promus par une loterie, c’est la question qui ne peut que tarauder tout démocrate convaincu, mais qui ne rencontre hélas dans l’opinion, qu’une vaste indifférence, révélatrice de la déchéance progressive de nos sociétés.
Que pouvait-on attendre d’une telle entreprise, pas grand chose évidemment. C’est donc, sans jeu de mots, un vrai inventaire à la Prévert que ces sages de pacotille ont livré à la Nation au nom du Climat, devenu l'alpha et l'oméga de toute action politique. On se demande ce que nos dirigeants vont bien pouvoir en faire. Il va bien falloir qu’ils feignent d’y accorder la plus haute considération et qu’ils retiennent quelques unes des mesures proposées, mais combien et comment les concilier avec les nécessités pratiques qui s’imposent de plus en plus à notre infortuné pays, en crise économique et sociale permanente ?
La première des suggestions a été retoquée d’emblée. Elle préconisait benoîtement d’abaisser le temps de travail hebdomadaire de 35 à 28h ! Au delà de la provocation, sans doute involontaire, cet objectif est révélateur de l’utopie qui règne dans beaucoup d’esprits. Lorsqu'on vous demande de plancher dans l’absolu, sans restriction pratique et sans engager la moindre responsabilité personnelle, il ne faut pas s’étonner de voir sortir toutes sortes de fantasmes et de voeux pieux en guise de politique.
La seconde recommandation, dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, est de réduire la limite de vitesse sur autoroute de 130 à 110 km/h. Il y a de quoi sourire lorsqu’on songe que cette convention citoyenne fut mise en place au titre du Grand Débat National visant à éteindre la révolte des Gilets Jaunes. On se rappelle que cette dernière s'était enflammée lorsque le Gouvernement avait décidé de réduire de 90 à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires !
De fait, quelques jours après la publication de cette idée lumineuse, les sondages révèlent que les trois quarts des Français y sont farouchement opposés…

Tout hélas est à l’avenant. Alors que le mouvement des Gilets Jaunes réclamait plus de liberté, moins de contraintes réglementaires, moins de taxes et de centralisation étatique, ce catalogue de bonnes et belles intentions se focalise quasi exclusivement sur les interdits et les obligations, multiplie les nouvelles ukases légales et les contributions fiscales en tous genres. La perle étant l'invention de l'écocide, nouveau crime supposé qualifier les atteintes à l'environnement, dont la définition nébuleuse, assortie de sanctions extravagantes, fait déja planer une menace supplémentaire pour les entreprises.
Autrement dit, cette convention apparaît comme un nouveau fiasco risquant de plomber encore un peu plus le mandat piteux de M. Macron.
Pendant ce temps les candidats restant en lice pour le second tour d'élections municipales totalement ratées pour cause de COVID-19, rivalisent de zèle pour enfoncer de beaux clous écologiques autour du cercueil de leurs ambitions politiques.
Craignant une vague écolo, prisonniers de leurs compromissions avec les sectateurs du nouvel ordre vert, ou paralysés par le terrorisme bien intentionné de la correction politique, ils concoctent toutes sortes de mesures aussi ubuesques que contraignantes, à l'instar de madame Hidalgo qui annonce soumettre aux 30 km/h tous les automobilistes osant encore circuler dans Paris, et abaisser à 50 la vitesse sur le Périphérique tout en réduisant les voies de 3 à 1 ! Et tant pis pour les idiots d'électeurs qui, bon gré mal gré, vont abandonner à ces gens le pouvoir de gérer leur ville…

16 juin 2020

Sociétés en décomposition

Cela avait commencé, il y a bien longtemps.
Le déclin de l'Occident avait fait l'objet de tant d'annonces, de prédictions, voire d'affirmations sentencieuses, qu'on avait fini par s'habituer au concept, devenu fait acquis, sans paradoxalement y croire vraiment.
Dans les délices de Capoue les volontés s'assoupissent et les réalités se dissipent.
Nos sociétés accoutumées à la prospérité et au confort matériel, plongées dans un doux bain de liberté, étaient en passe d'oublier tous les périls d'autrefois: guerres, oppressions, famines, épidémies. Et, comme pour conjurer tant de bonheur, avec une morbide jubilation et la mauvaise conscience d'enfants gâtés, certains s’étaient mis à confondre liberté et laxisme et d’autres par forfanterie, à dénigrer le système, à cracher dans la soupe dont ils se gavaient, voire à brûler le modèle et ses valeurs qui garantissaient pourtant leur bien-être matériel. Il est si excitant de jouer avec le diable...
D’un effet de mode un peu imbécile, empreint de succulents relents marxistes, on est passé peu à peu à l’obsession destructrice. Si la déconfiture de tous les régimes socialistes a brisé le miroir aux alouettes de la lutte des classes, elle n’a pas découragé les contempteurs des inégalités sociales qui se sont mis à rechercher fébrilement toutes sortes de sottises idéologiques plus ou moins bien intentionnées pour revivifier leur cause revancharde. Dans le sillage des trois grandes religions scientistes que furent le marxisme, le freudisme et le darwinisme, on a vu émerger une noria de concepts véhiculant autant d’arrière-pensées douteuses : féminisme, antiracisme, théorie du genre, anti-spécisme, alter-mondialisme, écologisme...

En recyclant la bonne vieille dialectique forgée dans les hauts-fourneaux du communisme, quantité de sornettes ont été savamment montées en épingle, jusqu’à être transformées en crimes contre l’humanité. Le tout est déversé à la manière de banderilles sur les dos très larges et complaisants des frères jumeaux du monde moderne, à savoir capitalisme et libéralisme.
Aujourd’hui ce harcèlement incessant parvient à un stade inquiétant. Il a miné ou dévoyé la quasi totalité des institutions et fait encore plus grave, ne rencontre plus de la part des représentants et garants de ces dernières qu’une résistance de principe. Par faiblesse, par couardise, par démagogie, ils sont devenus les acteurs de leur propre décomposition.
Partout, ce qui semblait relever du bon sens, qui coulait de source, ce qui relevait même de l’évidence est remis en cause, voire nié. Les repères sur lesquels se fondait notre société s’effondrent les uns après les autres sous les coups de boutoirs d’irresponsables, pétris de certitudes niaises et d’arrogance sectaire.

On voit ces jours ci, au nom d’un anti-racisme complètement perverti, l’agitation se répandre un peu partout dans le monde occidental. Parmi les manifestations diverses et variées que cette folie engendre, certaines paraissent presque comiques. On pourrait ainsi rire de la décision récente de la compagnie Warner de déprogrammer le vieux blockbuster hollywoodien Autant En Emporte Le Vent. C’est tellement ridicule qu’on éprouve de la peine pour les idiots qui se laissent aller à prendre de telles décisions.
On rit un peu moins au déboulonnage des statues et à la débaptisation des rues portant le nom de personnages illustres du passé, soupçonnés d’avoir par leurs écrits ou par leurs actions, porté un jour offense aux canons de la nouvelle morale puritaine. C’est grotesque mais également sinistre, rappelant tout à coup, les destructions barbares auxquelles se livrent les islamistes fanatiques ou la censure partisane des soviets.
Et on ne rit plus tout lorsqu’on voit mettre en accusation police et gendarmerie, piliers s’il en est, de l’édifice démocratique. Elles sont sommairement jugées coupables d’être par essence violentes et racistes, et après avoir obtenu leur affaiblissement, c’est leur déstabilisation, leur désarmement complet, voire leur démantèlement qu’on cherche manifestement. Les gouvernants, ne sachant plus quelle attitude adopter et pétrifiés par la crainte de voir s’amplifier les mouvements sociaux, accumulent les gaffes, les contradictions et les reculades, affaiblissant encore plus le système qu’ils sont supposés défendre. Résultat, les forces de l’ordre, lasses et découragées arrivent au point de rupture, faisant craindre de terribles débordements à venir. Non pas les leurs, mais ceux de hordes haineuses galvanisées par la faiblesse de la puissance publique et par le sentiment croissant d'impunité.
Parmi les tristes symboles de cette désagrégation sociétale qui traverse tout l’Occident, on retient les images impressionnantes de politiciens et de policiers américains mettant un genou à terre, puis celle du premier ministre canadien Justin Trudeau dans la même posture, pour dénoncer paraît-il, les violences policières et soutenir la lutte antiraciste. Ce geste suggère bien davantage une soumission qu’un acte de bravoure et laisse entrevoir de manière angoissante l’idée d’un Pouvoir privé de pouvoir, et bientôt peut-être de membres et de tête...
Illustration: Carlo Canestrari, sculpture en bronze représentant un buste d'homme accroupi
un genou à terre

13 juin 2020

COVID-19 : Epilogue


Un vent plein de fraîcheur avait disséminé
Les pâles résidus imprégnés de poussière
Et de virus qui sur la nation tout entière
Déversaient leur malsaine odeur de confiné
 
L'avenir s’ouvre, tel un regard de noyé
Ramené à la vie, avide de lumière
Las mais si heureux quand relevant sa paupière
Il voit un jour nouveau dans le ciel déployé
 
Tout en se délivrant d'une lourde ankylose
Il se demande alors s'il s'agit de la fin
D'autres périls, noir, vert, jaune, rouge ou bien rose
 
Et l’œil bercé de bleu, s'il voit venir enfin
Sans peur d'être déçu l'espoir d'un nouveau monde
Que ce vent, messager de la Liberté, fonde...