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22 mars 2025

L'Esprit des Lumières

Ce petit ouvrage, particulièrement opportun en ces temps de pénombre intellectuelle, a le mérite de mettre à l'honneur les grands esprits qu’on appelle communément Lumières, nommés ainsi pour avoir illuminé l’horizon philosophique et scientifique du XVIIIe siècle.

A tout seigneur tout honneur, sans surprise, Rousseau, VoltaireDiderot, Montesquieu, Condorcet y occupent une place de choix. Mais d’autres sont également évoqués au fil des sujets et des citations : Locke, Hume, Newton, Lavoisier, Kant, Beccaria...

Tzvetan Todorov décline son propos sous plusieurs têtes de chapitres jugées par lui cardinales : autonomie, laïcité, vérité, humanité, universalité.
Il apparaît rapidement que ces thématiques sont en réalité étroitement liées et on suit volontiers l’auteur lorsqu’il part de la première qui consiste à se libérer des dogmes et des croyances. C’est l’essence même du mouvement, et il n’est pas le premier à comparer ce bouleversement à la révolution copernicienne.
La Terre a perdu sa position centrale, intangible, dans la nouvelle cosmogonie. Dieu perd la sienne dans la nouvelle perspective philosophique. C’est l’Homme qui devient l’objet focal vers lequel tout converge. Il ne peut ni ne doit rien attendre de qui que ce soit, hormis de lui-même. C’est un changement fondamental.
L’Homme étant par nature libre, rien ni personne n’a la légitimité de l’asservir et plus aucun dogme n’a d’autorité, plus aucune institution n’est sacrée. Les gouvernements et les lois sont nécessaires mais n’ont plus de caractère divin. A noter qu'il n’est toutefois pas nécessaire de récuser les religions, simplement d’adopter une attitude de tolérance et de liberté de conscience

Comme l’être humain est fait pour vivre en société, il est impératif de conserver des règles de vie communes, pour éviter le chaos et l’anarchie. La notion de contrat social devient rapidement incontournable, développée par John Locke puis par Rousseau. Le corpus réglementaire qu’il suppose repose sur le respect de la liberté individuelle, notamment, celle d’expression et de publication. Et le progrès vers lequel tend naturellement la société se fonde sur la connaissance et la recherche de vérité.

Parvenu à ce stade, le lecteur a passé en revue les thématiques servant de canevas à l’ouvrage et s’il était ignorant du contexte historique et de l’esprit des Lumières, le voilà bien éclairé sur quelques notions essentielles.
Il peut rester sur sa faim car la réflexion se fait parfois un peu courte notamment lorsqu'il s'agit d'analyser l'évolution et les applications pratiques de ce courant de pensée.
Les rejets et les détournements font l’objet d’un chapitre, mais ils se bornent à des réflexions générales, parfois sujettes à controverse.
A juste titre, Todorov souligne la dérive colonialiste dont Condorcet se fit l’apôtre dans le dessein “d’apporter la lumière à tous”. Mais il peine à imputer aux Lumières les désastres révolutionnaires qui ont été commis au nom des grands principes, de la terreur de 1793 aux totalitarismes du XXème siècle. Pire, il semble confondre parfois le bon grain et l’ivraie, renvoyant par exemple dos à dos le marxisme-léninisme et le libéralisme.
A cette fin, il interprète de manière hasardeuse la pensée du pape Jean-Paul II, évoquant notamment un écrit dans lequel ce dernier affirme que “le drame des Lumières” est qu’elles ont rejeté le Christ, et que “par là s’est ouverte la voie vers les expériences dévastatrices du mal qui devait venir plus tard”.
Todorov se croit autorisé à en déduire que selon l’opinion papale, "le marxisme totalitaire et le libéralisme occidental sont des variantes à peine distinctes de la même idéologie". Cela semble très éloigné de la conception de Jean-Paul Il qui mit toute son énergie à lutter contre le fléau du communisme mais ne manifesta jamais un tel acharnement à propos du libéralisme, même s'il s'est élevé contre certains excès permis par la liberté, notamment le matérialisme, l'égoïsme et la cupidité. Il faudrait en la circonstance évoquer plutôt son successeur François, qui flétrit régulièrement le libéralisme avec plus qu'un brin de mauvaise foi si l'on peut dire…

Lorsque l’on poursuit le parcours intellectuel des Lumières jusqu’à notre monde contemporain, on se trouve tôt ou tard à la croisée des chemins entre le socialisme et le libéralisme qu’on peut considérer comme deux évolutions divergentes des mêmes idéaux. Même s’il faut éviter d’être trop manichéen, il faut bien choisir. Le flou idéologique duquel Todorov se montre incapable de s'extraire est la vraie faiblesse de l'ouvrage.
Rousseau, qu’il qualifie abusivement de “plus profond penseur français au temps des lumières”, peut être jugé proche des principes menant au marxisme, même si rien ne prouve qu'il les eut approuvés. En tout état de cause, ses frères de pensée ont bien plus de parenté avec les Pères Fondateurs de la Démocratie Américaine, laquelle représente l'application la plus aboutie de l'idéal de société porté par les Lumières.

L’Amérique n’est pas la seule à avoir cherché à mettre en œuvre les préconisations des Lumières, mais elle représente, qu’on le veuille ou non, le modèle le plus équilibré et durable de démocratie éclairée, et elle est celle qui a poussé le plus loin la logique de liberté individuelle. Au surplus, c’est elle qui a appliqué avec le plus de pragmatisme celle d’égalité.
Ces deux notions auraient gagné à faire l’objet de développements plus approfondis par Todorov.

Le libéralisme n’entend pas séparer la liberté en plusieurs composantes comme le fait le socialisme, qui en rejette certaines, notamment celle relevant du domaine économique. Dans ses pires acceptions, le socialisme, par essence collectiviste, va même jusqu'à piétiner les libertés individuelles au nom du Bien Commun. C’est un non sens, en contradiction flagrante avec la philosophie des Lumières.
A l'inverse, le socialisme fait un tout de l’égalité :égalité des chances, égalité des droits, égalité des conditions. C’est encore une aberration étrangère au libéralisme qui privilégie les deux premières au détriment de la troisième jugée néfaste à tout progrès et initiative. C’est beaucoup plus conforme à l’esprit des Lumières, tel qu’il apparaît chez David Hume. Dans son enquête sur les principes de la morale parue en 1751, le philosophe écossais mit solennellement en garde contre l’égalitarisme prôné à l’époque par les Levellers, ancêtres des Socialistes. Il les accusa même, de se comporter comme « une sorte de fanatiques politiques, dérivée de l’espèce religieuse »

On pourrait faire d’autres reproches à Todorov.
Celui d'avoir occulté l'importance de l'esprit critique, indispensable à toute démarche scientifique, et d'être passé trop rapidement sur les aspects moraux de la philosophie des Lumières si magnifiquement développés par Immanuel Kant. Ou bien de n’avoir pas évoqué le fédéralisme, qu’on peut considérer comme un principe cardinal, car il fut préconisé par le même Kant, comme moyen de tendre vers la paix perpétuelle et le progrès. Encore une fois, les États-Unis cochent la case…
En revanche, son argumentation faisant de l’abolition de la peine de mort un prérequis des Lumières, est des plus discutables, relevant quasi du hors sujet. Selon lui, “si l’assassinat privé est un crime, comment l’assassinat public ne le serait-il pas ?” On pourrait lui répondre par une autre interrogation : comment mettre sur un pied d'égalité un délit criminel et une décision de justice ? Le faire conduit à nier la légitimité de cette dernière, ce qui revient à contrevenir à un des principes fondamentaux des Lumières. Qu'on soit pour ou contre la peine de mort, cela relève du débat d'opinions et non d'un quelconque postulat philosophique.

Au total, ce texte est salutaire, mais hélas trop fragmentaire et inabouti pour servir à l’édification des foules et à la glorification de la belle aventure des Lumières !

26 février 2025

Le drapeau noir flotte sur la marmite

Notre pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Marasme à tous les étages : politique, décisionnel, juridictionnel, idéologique. En lieu et place du fameux bouillon de culture qui infusait autrefois (il y a bien longtemps...), il ne reste qu’une infâme marmite, dans laquelle il n’y a plus ni jus ni effervescence. Juste la pression croissante de gaz nauséabonds à l’effet asphyxiant.

On sait depuis belle lurette qu’en France la liberté d’entreprendre est très contrainte par une bureaucratie prolifique et une fiscalité décourageante. Le droit de s'exprimer est quant à lui sévèrement réglementé par des lois iniques interdisant tout propos supposé heurter la doxa régnante. Des commissaires tatillons peuplent une myriade de petits soviets à la solde du gouvernement. Ils calculent à la seconde près le temps de parole de chacun, évaluant leur teneur politique à l'aune du credo bien pensant officiel, et infligent des amendes exorbitantes aux contrevenants.
Aujourd’hui, on a franchi un nouveau cap.
Désormais, la chape s'abat sur les médias libres.

Cette semaine sera marquée par la fermeture arbitraire de deux chaînes de télévision privées, C8 et NRJ12. Les deux étaient florissantes en matière de popularité. Elles offraient à ceux qui le souhaitaient des émissions variées, mêlant divertissement, réflexion, culture, documentation, vie animale… C8 était même parmi les chaînes de la TNT, celle qui avait le plus d’audience, ne coûtant rien au contribuable.
Dans quel régime sommes-nous donc pour en arriver à de telles extrémités ?

La décision est inepte, injuste, abracadabrante, mais le pire est qu’elle passe sans rébellion ou quasi.
Le Conseil d’Etat a validé l'oukase émis par l’ARCOM. Le Chef de l’Etat n’a pas bougé un sourcil, plaidant de manière hypocrite l'indépendance de l’ARCOM, mise en place par ses soins. Alors que la menace d’une démission aurait dû s'imposer pour éviter une telle crapulerie partisane, aucun des ministres n’a bronché, pas même celle de la culture. Ils se sont bornés, comme Tartuffe, à déplorer avec des larmes de crocodile le fait accompli. Hormis quelques exceptions notables, on n'entend rien du côté des journalistes prétendument attachés à la liberté et à l’indépendance des médias, et pas davantage venant des associations clamant la défense des droits de l’homme et la liberté d’opinion.

Le 1er Mars 2025, lorsque apparaîtront les deux trous noirs au sein du paysage audio-visuel français, ce sera un jour de honte pour le pays, et d’indignité pour tous ceux qui se seront tus devant l’infâmie. Honneur au vice-président américain Vance, qui alerta notre vieux continent sur la faillite en cours de la liberté d’information et d’expression sur notre vieux continent.
Mais est-il déjà trop tard pour s’opposer au règne débilitant de la censure ?

21 novembre 2024

Le Pataquès du MERCOSUR

Aussi vrai que la Terre est ronde, on sait que le libre échange est plus souhaitable que le protectionnisme. Hélas, comme nombre de lois économiques établies, il est régulièrement remis en cause, contre toute évidence, au nom de principes idéologiques, nationalistes ou simplement chauvins.
La démonstration de son bien fondé, maintes fois apportée au cours de l’Histoire, relève de l’évidence. A contrario, comment peut-on raisonnablement soutenir l’idée que les contraintes, les interdits et les taxes soient de nature à favoriser le commerce et la prospérité, et par voie de conséquence, à contribuer à la paix et à l’entente cordiale entre les nations ? Le repli sur soi n’est jamais la solution, surtout s’il s’associe à la défiance voire à l’animosité vis-à-vis d’autrui.
C’est pourtant ce qu’on voudrait nous faire croire en cette fin d’année, alors que la colère paysanne gronde à nouveau.
Entre autres causes à ce mécontentement, les négociations de l’Union Européenne avec les pays d’Amérique du Sud, au titre du désormais fameux MERCOSUR, sont passées au premier plan. Il faut dire qu’elles étaient supposées parvenir enfin à leur terme, après 25 ans de discussions.
Véritable pierre d’achoppement sur laquelle toutes les bonnes volontés se brisent, le MERCOSUR est devenu le réceptacle des lâchetés de l’État Providence et le bouc émissaire masquant son incurie. C’est simple, plus aucun élu ne défend désormais ce projet sur lequel l’Union Européenne s’est pourtant résolument engagée depuis des lustres.

Le MERCOSUR est en quelque sorte le marché commun des pays d’Amérique du Sud, dominé par les deux géants que sont le Brésil et l’Argentine, auxquels sont venus s’associer Uruguay, Paraguay, Bolivie, Chili, Équateur, Pérou, Colombie, Guyana et Suriname. Sa création ne date pas d’hier puisqu’elle remonte à 1985, et qu’il fut entériné sous ce nom en 1991. C’est à ce jour la quatrième zone d’échanges mondiale et selon toute probabilité elle promet de progresser encore. Refuser d’y participer ou s’en exclure risque donc d’être préjudiciable.

L’Union Européenne a commencé à s’y intéresser à la fin des années 90, et après avoir signé un premier accord-cadre en 2005, a validé en 2019 un traité de coopération comportant plusieurs volets. On parle surtout de celui libéralisant le commerce, mais d’autres concernent la recherche, l’éducation, la cybercriminalité et même la protection de l’environnement !
Le traité n'a pu entrer en vigueur à cause de l’opposition de la France, qui estime qu’il ne prend pas en compte cette dernière et qu’il installerait une concurrence déloyale en matière agricole. Les négociations actuelles étaient supposées parvenir à lever les derniers obstacles à la ratification.

Il est intéressant de préciser qu’un projet de coopération entre les Etats-Unis et nombre de pays sud-américains est également sur les rails depuis quelques décennies. D’abord baptisé ALENA, il devait déboucher sur un accord plus large établissant une Zone de Libre Échange des Amériques (ZLEA), mais le dit accord ramené à une version très réduite sous l’appellation ALEAC, ne fut jamais mis en œuvre à cause de l’opposition de plusieurs pays du MERCOSUR craignant la suprématie des USA !

Si notre pays se targue de défendre en la circonstance les valeurs écologiques en rejetant aussi violemment le traité de coopération avec le MERCOSUR, il le fait hélas surtout pour de bien mauvaises raisons.
Après avoir méthodiquement privé notre agriculture de toutes les armes avec lesquelles elle pourrait livrer le combat de la concurrence internationale, le gouvernement se trouve en porte-à-faux, confronté à l’incohérence de sa stratégie.
Nos brillants politiciens ont en effet plombé le secteur, en ajoutant toujours plus de charges sociales, de taxes en tous genres et en alourdissant sans cesse le code du travail. Non contents de cette politique désastreuse, il l’ont contraint encore un peu plus par des ukases et des interdits ubuesques imposés au nom d’un principe de précaution qui ne veut rien dire, allant jusqu’à sur-transposer les directives européennes déjà drastiques. A titre de dernier clou doré posé sur le cercueil, ils ont, au nom de la Politique Agricole Commune (PAC), distribué généreusement des aides et des subventions qui masquent le problème, coûtent des sommes faramineuses et faussent le jeu des prix, causant in fine de désolants gâchis.
Arrivés au bout de l’impasse, ils demandent en désespoir de cause l’instauration de “clauses miroirs” à leurs hypothétiques partenaires, pour rétablir un tant soit peu l’équilibre des contraintes. On connaît l’antienne déjà maintes fois chantée pour réclamer l’harmonisation fiscale à tous les pays qui imposent moins leurs concitoyens que ne le fait la France, devenue championne du monde en la matière.
En toute logique, ces clauses de réciprocité sont illusoires car complexes à mettre en œuvre, à contrôler et de toute manière très probablement insuffisantes pour rééquilibrer les forces. Même face à leurs partenaires européens, supposés être assujettis aux mêmes lois, les paysans français ne font plus le poids tant on leur a ajouté de boulets aux pieds.

L’adage qui veut que l’enfer soit pavé de bonnes intentions trouve une nouvelle et consternante illustration. A force de vouloir bien faire et de tout réglementer, de tout moraliser, le Pouvoir se trouve devant un dilemme cornélien : soit il livre ses agriculteurs pieds et poings liés à la concurrence mondiale, au risque de provoquer un dernier baroud en forme de révolte dévastatrice, soit il les étouffe sous la chape du protectionnisme et le poids de la bureaucratie en condamnant les citoyens à payer très cher le maigre produit de récoltes de plus en plus contingentées. Comme il paraît décidément impossible d’élaguer l’inextricable et envahissante jungle réglementaire et de simplifier les procédures, dans les deux cas, c’est la mort de l’agriculture française qui se profile à l’horizon, et le déclassement mondial de notre pays. Triste perspective…

17 février 2024

Vive CNEWS !

La petite chaîne de télévision CNEWS, née dans la douleur et malgré l’intolérance partisane en 2017, sur les décombres de ITélé, s’est en quelques années, hissée au premier plan du paysage audiovisuel français (le PAF…).
Elle a su créer un ton nouveau, et attirer quelques journalistes de talent, particulièrement charismatiques. On retient évidemment les prestations de Pascal Praud qui n’a pas son pareil pour animer en semaine, matin et soir, des débats et des controverses pétillantes, avec sa désormais fameuse “Heure des Pros”. On retient également le duo Christine Kelly - Eric Zemmour qui a largement contribué à doper les audiences. A leur suite, sont entrées en scène les professionnelles chevronnées que sont Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, et d’autres plus jeunes mais prometteurs tels Julien Pasquet, Eliot Deval ou Gauthier Le Bret. Sans oublier Anne Fulda qui a le mérite de proposer une émission littéraire quotidienne !
Le succès croissant de la chaîne témoigne de ce dynamisme éditorial et de l’originalité de ses contenus.

C’est sans doute un peu, si ce n’est beaucoup, pour ça qu’on cherche régulièrement à restreindre cette aura médiatique grandissante, détonant dans le pseudo consensus des idées reçues chères à Flaubert.
Comment expliquer sinon le zèle opiniâtre du CSA, devenu ARCOM, ou celui de ministres de la culture vindicatifs, et bien sûr de nombre d’organisations auto-proclamées progressistes, à flétrir l’intrus qualifié de partisan, de droite, voire d’extrême droite ou de complotiste ?
L’argument est tellement éculé qu’il pourrait prêter à sourire. Il pourrait même être qualifié de grotesque lorsqu’on voit l’orientation politique quasi monolithique de tous les canaux télévisés étatiques. Ceux dont on attendrait justement l’objectivité si ce n’est la neutralité…
Si l'on suit la logique insane de ces gens qui dénoncent la pensée de droite, c'est bien la preuve qu'ils sont du bord opposé ! D'ailleurs les a-t-on vu critiquer un organe de presse pour son orientation à gauche ? Nullement...

L’initiative récente de Reporters Sans Frontière (RSF) s’inscrit de manière édifiante dans ce concert des bien pensants à sens unique. Un média d’information et d’opinions mouchardé par ceux-là même qui ont fait vocation de défendre la liberté de la presse, quel paradoxe ! La machine à inverser les valeurs tourne décidément à plein régime…
Un malheur n’arrivant pas seul, le Conseil d’Etat, saisi par ces dérisoires censeurs de la pensée, leur donne raison et ordonne à l’ARCOM de mieux encadrer les faits et gestes de CNEWS, de mieux faire respecter “le pluralisme et l’indépendance de l’information” en tenant compte “des interventions de l’ensemble des participants des chaînes de la TNT”.../… “suivant des modalités qu’il lui appartient de définir”.
En d’autres termes, on comprend qu'on en viendra à ficher de manière arbitraire les orientations politiques des journalistes, des chroniqueurs, et de tous les intervenants, météo comprise, en leur collant une étiquette définitive, comme dans les plus odieux totalitarismes.
On en était déjà arrivé, dans notre pauvre pays, à minuter à la seconde près le temps de parole des politiciens. Faudra-t-il désormais, pour tenter de faire taire CNEWS, chronométrer tous les propos de toutes les personnes s’exprimant sur les plateaux des quelques centaines de chaînes télévisées, selon leur tonalité politique supposée de droite ou de gauche ?
Ubu et Kafka réunis sont dépassés par ce projet démentiel qui constitue une nouvelle attaque contre la liberté d’expression, qui témoigne de la manie de tout contrôler, et qui démontre l’emprise plus que jamais asphyxiante de la bureaucratie.
On peut bien nous parler de simplification ! Chaque jour hélas, on voit s'accroître le poids des réglementations édictées par l’Etat, ses nombreuses succursales, et les innombrables petits potentats et groupes de pression subventionnés, sans aucune légitimité populaire.

Moralité : avec ce nouvel ukase, c’est la télé, déjà mal en point, qu’on veut tuer.
Corollaire : on attend devant un tel affront une réaction ferme et unanime, témoignant de la solidarité journalistique…

08 février 2024

John Galt à Davos ?

Dans le flot chaotique de l’actualité, le
forum économique mondial de Davos (15-19/01/2024) est passé quasi inaperçu. Son objectif principal était pourtant de “Rebâtir la confiance et d’améliorer l’état du Monde ”. Quoi de plus nécessaire par les temps qui courent ?
On eut droit à un magnifique feu d’artifices de belles propositions et à une flopée d’ambitieux plans sur la comète (ou plutôt sur la planète). De dépenses nouvelles il fut largement question. D’économies et de bon sens beaucoup moins…
Plusieurs sujets étaient à l'ordre du jour. Bien sûr le réchauffement climatique avait une place de choix. L’émissaire américain John Kerry, rappela que l’administration dont il dépend avait, par le biais de l’IRA (Inflation Reduction Act), dépensé 369 milliards de dollars visant notamment à subventionner la fabrication de véhicules électriques et d'autres technologies vertes. Non content de ces sommes astronomiques, il souligna que pour rester dans l’impératif de hausse des températures de l’accord de Paris, il faudrait “de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent.”
Emmanuel Macron, qui n’est plus à un déficit près, s’est fait un plaisir de renchérir. Décidément à mille lieues des préoccupations des agriculteurs, il s’est fait le champion du climat et de la biodiversité, quoi qu’il en coûte. Il a notamment encouragé l’Europe à émettre à nouveau de la dette commune pour investir dans « de grandes priorités d’avenir », notamment l’intelligence artificielle et le verdissement de l’industrie.

Mais le clou de la cérémonie fut incontestablement le discours du président Javier Milei, très peu rapporté par les médias, alors qu’il valait assurément son pesant de cacahuètes. Fraîchement porté par son peuple à la présidence de la république argentine, il entend mener sa mission au pas de charge. Indifférent aux mirages climatiques, aux sirènes des taux d’intérêt et autres licornes de l’intelligence artificielle, il préféra porter le fer contre le "socialisme" dont l’idéologie règne encore selon lui un peu partout et qui "mène à la pauvreté".
Beaucoup verront évidemment les excès dérangeants d’un discours rompant avec les canons soporifiques du consensus. Beaucoup réduiront même le propos à ces outrances et le rangeront au mieux au rang des élucubrations ultra-libérales et au pire des délires populistes ou d’extrême droite.
Des exagérations il y en a assurément car le pavé est jeté avec force dans la mare, mais des vérités factuelles, il y en a également, qu’on le veuille ou non :

"Je suis ici aujourd’hui pour vous dire que l’Occident est en danger. Il est en danger parce que ceux qui sont censés défendre les valeurs de l’Occident sont cooptés par une vision du monde qui — inexorablement — conduit au socialisme, et par conséquent à la pauvreté.../...
Ayant adopté le modèle de la liberté — en 1860 — l’Argentine est devenue en 35 ans la première puissance mondiale, et qu’après avoir embrassé le collectivisme, elle a commencé à s’appauvrir systématiquement, jusqu’à tomber de nos jours au 140e rang mondial.../...

Grâce au capitalisme de libre entreprise, le monde est aujourd’hui au mieux de sa forme. Dans toute l’histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu de période de plus grande prospérité que celle que nous vivons aujourd’hui.
Par contraste, le socialisme s’est, toujours et partout, révélé un phénomène appauvrissant, qui a échoué dans tous les pays où il a été tenté. Ce fut un échec économique, un échec social, un échec culturel. Il a tué plus de 100 millions d’êtres humains.../...

Même dans ses versions les plus modérées, la solution proposée par les socio-démocrates n’est pas plus de liberté, mais plus de réglementation, générant une spirale descendante de réglementation jusqu’à ce que nous finissions tous plus pauvres et que la vie de chacun d’entre nous dépende d’un bureaucrate assis dans un bureau luxueux.
Les socialistes ont peu ou prou abandonné la lutte des classes, mais ils l’ont remplacée par d’autres prétendus conflits sociaux tout aussi nuisibles à la vie collective et à la croissance économique. La première de ces nouvelles batailles fut la lutte ridicule et contre nature entre les hommes et les femmes.
Un autre conflit déclenché récemment est celui de l’homme contre la nature. Ils affirment que les êtres humains endommagent la planète et qu’elle doit être protégée à tout prix, allant même jusqu’à préconiser des mécanismes de contrôle de la population ou l’agenda sanglant de l’avortement."

Après avoir martelé que "Le monde occidental est en danger" face à ces lubies idéologiques, le nouveau président argentin s’est livré à une ardente apologie des chefs d’entreprises et des hommes d’affaires :
“Ne vous laissez pas intimider par les parasites qui vivent de l’État”
"Vous êtes des bienfaiteurs sociaux. Vous êtes des héros. Vous êtes les créateurs de la période de prospérité la plus extraordinaire que nous ayons jamais connue. Que personne ne vous dise que votre ambition est immorale. Si vous gagnez de l’argent, c’est parce que vous offrez un meilleur produit à un meilleur prix, contribuant ainsi au bien-être général."

Vous imaginez l'ambiance à Davos pendant cet exposé rageur. Il paraît qu’il y eut tout de même quelques applaudissements…
Pour un amoureux de la liberté pragmatique, un discours ne fait pas tout, et il y a souvent loin des intentions aux actes. Mais il est plutôt rafraîchissant d’entendre à nouveau des intonations rappelant Reagan, Thatcher, et les grands penseurs du libéralisme tels Schumpeter, Hayek, Friedman, Sowell ou bien notre cher Tocqueville, qui inventa la notion d’Etat-Providence. On pense également à Ayn Rand et à son fabuleux roman Atlas Shrugged. Javier Milei serait-il l’incarnation du fameux John Galt ?
Quand on connaît l’état de l’Argentine, on ne peut que souhaiter ardemment qu’il réussisse, tout en pensant que son parcours sera semé d’embûches par les ennemis de la cause…

20 juillet 2023

Inégalités vs Pauveté

On entend souvent certaines âmes prétendument bien intentionnées et certains économistes à la petite semaine, se désespérer de l’accroissement incessant des inégalités dans le monde. Derrière ces lamentations surgit en général assez rapidement la critique acerbe du capitalisme et du libéralisme accusés de faire régner la loi de la jungle.
Cette optique grossièrement déformante, permet facilement de faire passer et repasser le message lancinant affirmant que “les riches deviennent chaque jour un peu plus riches tandis que les pauvres sont de plus en plus pauvres”.
Comme tous les slogans, il est fallacieux mais par un étrange paradoxe il fait mouche auprès des gogos qui le prennent au pied de la lettre sans chercher la moindre confirmation un tant soit peu étayée.
Les inégalités si tant qu’elles existent et qu’elles s’accroissent, n’ont qu’un rapport trompeur avec la pauvreté, qui elle-même n’est pas à confondre avec la misère.
Que m’importe après tout qu’il y ait des gens immensément plus riches que moi, si ce que je possède suffit à mon bonheur ? Et pour aller plus loin, serais-je plus heureux si les ultra-riches étaient tout à coup appauvris par je ne sais quelle baguette pas du tout magique ?

Une récente étude parue dans le Wall Street Journal (WSJ) montre que les Européens deviennent de plus en plus pauvres, alors que les inégalités de revenus se réduisent régulièrement (notamment en France). Parallèlement, les Américains deviennent eux de plus en plus riches, nonobstant les inégalités faramineuses existant dans cet antre du capitalisme honni.
Cette enquête révèle également que les salaires sont en baisse régulière en Europe, tandis qu’ils ne cessent d’augmenter aux USA. Depuis 2019 ils ont ainsi baissé de 3,5% en Italie et jusqu’à 6% en Grèce tandis qu’ils grimpaient de 6% outre-atlantique (après lissage de l’inflation).
En 2019 précisément, une autre étude, émanant de la Foudation for Economic Education (FEE) avait montré que les 20% les plus pauvres aux Etats-Unis avaient un pouvoir d’achat supérieur à celui de la moyenne des autres pays de l’OCDE ! Autrement dit, si ces Américains les plus pauvres formaient une nation, elle serait encore l’une des plus riches du monde !
Face à ces constats, le WSJ enfonce le clou là où ça fait mal, en expliquant que les Européens ont privilégié le temps libre et la sécurité de l’emploi. Le malaise socio-économique ressenti sur le vieux continent relève donc de l’adage qui stipule qu’on ne peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre.
Parmi les causes de l’appauvrissement européen, il faut prendre également en considération, selon ces études, les dépenses astronomiques occasionnées par la transition écologique, le très haut niveau des taxes et le coût faramineux de la protection sociale, des aides, des allocations, des primes qui découragent le travail et plombent les salaires. Résultat, en Europe où l’on devrait vivre heureux grâce aux bienfaits de l’État-Providence, on est pauvre et morose. En Amérique où les citoyens doivent avant tout compter sur eux-mêmes, ils sont désespérément prospères et optimistes.

La mesure abrupte des inégalités ne vaut donc pas grand-chose et à tout prendre, contrairement aux allégations ineptes de l’écolo-cheffe Marine Tondelier, il vaut mieux quelques ultra-riches au sein d’une population aux revenus confortables que des millions de pauvres, sans inégalité mais également sans espoir. Sans doute est-ce la même logique qui veut qu’il n’y ait qu’un très gros gagnant au loto, empochant des dizaines de millions, plutôt que des millions à récolter des clopinettes… Ce qui n'empêche que 100% des gagnants ont tenté leur chance !
Le taux de pauvreté au sein d’une population ne donne qu’une idée limitée voire biaisée de la prospérité et du bien être général puisque ce n’est jamais que la proportion de gens gagnant moins de la moitié du revenu médian de ladite population. Surtout elle perd tout son sens lorsqu’on compare des pays dont les niveaux de vie sont très différents, puisqu’on ne parle plus alors de la même pauvreté. On est toujours le pauvre de quelqu’un en somme. Mais là encore, les slogans sont pris en défaut. Contrairement à une idée reçue très tenace, l'extrême pauvreté recule dans le monde. Il y a certes encore des progrès à faire, mais une chose est sûre, contrairement à la vieille rengaine socialiste, ce n’est pas en appauvrissant les riches qu’on enrichira les pauvres…

09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…

09 avril 2022

Adieu Doux Commerce

Le déclenchement du conflit russo-ukrainien fait ressortir de vieux démons qu’on croyait à tout jamais terrassés. Outre les souffrances directes subies dans leur chair par les populations en proie à ce fléau si terriblement humain qu’est la guerre, on voit surgir nombre d'effets collatéraux désastreux.
Le premier d’entre eux est sans doute le coup d’arrêt porté aux échanges internationaux en raison des sanctions économiques de plus en plus nombreuses et sévères qui s’abattent sur Moscou. Elles sont en train de refroidir si ce n’est de geler durablement les relations avec nombre de pays, pour la plupart occidentaux.
Quelle que soit l’issue du conflit sur le terrain, comment et quand pourra-t-on revenir sur ces contraintes, après avoir traité Vladimir Poutine, de “tueur”, de “dictateur”, coupable de “génocides”, de “crimes de guerre atroces”, voire de “crimes contre l’humanité” ?

Pour l’heure, ces actions punitives semblent n’avoir que peu d’effet sur la détermination des Russes à poursuivre leurs menées guerrières. L’Histoire est d’ailleurs là pour apprendre qu’elles n’ont jamais été très efficaces. Le fameux blocus continental organisé du temps de Napoléon Ier pour asphyxier l’Angleterre n’a pas empêché cette dernière de perdurer et même de mettre en échec l’empereur. Plus près de nous, les sanctions qui frappent depuis des lustres Cuba, la Corée du Nord ou l’Iran n’ont en rien atténué l’horreur des régimes visés et les tyrans se sont maintenus envers et contre tout. L’absurdité de ces pénalités infligées au nom de la morale va jusqu’à empêcher nos entreprises de vendre leurs produits au peuple russe, avec lequel on affirme pourtant ne pas être en guerre, et faute de pouvoir atteindre directement le chef du Kremlin, à cibler par malsaine et inutile vengeance son entourage familial. Cette ardeur répressive a même conduit l’Union Européenne à sanctionner ses propres membres comme la Pologne, au motif de “manquement à l’indépendance de la justice”, ou la Hongrie pour “violation des valeurs européennes”... On se demande jusqu’où ira l’escalade accusatrice des censeurs défendant un “Etat de Droit”, aux contours des plus discutables.

En attendant, la guerre continue car on se refuse à prendre les seules mesures capables de l’arrêter, à savoir établir des lignes rouges vraiment infranchissables sous peine de recourir à des représailles militaires proportionnées à celles employées par l’ennemi désigné. Sans une telle détermination, l’Ukraine, parée soudainement de toutes les vertus, et dont on nous dit qu’elle résiste vaillamment au répugnant Goliath russe, risque d’être saignée à blanc. Et l’inaction de ses amis, qui s’agitent en paroles, mais qui restent contemplatifs, sera regrettée et critiquée sans doute avec raison par les juges qui regarderont ces évènements avec le recul.

Contraints de continuer à acheter le gaz russe, faute d’alternative (à l’exception notable de la Lituanie), et quelque peu gênés dans les entournures, les politiciens affirment, après avoir fait le contraire, qu’il faut impérativement diminuer notre dépendance à l'égard de la Russie et d’une manière générale vis-à-vis d’autres pays en matière énergétique et pareillement pour quantité de biens matériels. Après la Russie, la Chine, premier commerçant de la planète, est visée par ces ambitieux objectifs. La réindustrialisation est devenue la chanson à la mode, qui permet à certains discoureurs de faire de belles promesses. D’autres se font les chantres du protectionnisme qui ferme les frontières au commerce, tue la concurrence et l’innovation et fait monter les prix. Dans le même temps, ils se veulent les protecteurs du pouvoir d’achat !

Comme en un rêve, les mots de Montesquieu viennent à l’esprit, rappelant les bienfaits du “doux commerce” : “Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes: si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels…/… C’est presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces” (in L’Esprit des Lois)...

Illustration: Gérard de Lairesse (1641-1711), Allégorie de la liberté du commerce, 1672, Plafond du Palais de la Paix, La Haye

14 septembre 2021

Comités de Censure

L’époque est à la déraison réglementaire, le constat n’est pas nouveau. Aujourd’hui c’est le domaine de l’information qui est touché par la manie ubuesque de tout contrôler, de quadriller l’espace de la réflexion et du débat, et de décréter ex cathedra ce qu’il est loisible d’exprimer ou de penser.
Eric Zemmour en fait les frais. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), nouveau ministère de l'information en quelque sorte, a décidé d’encadrer autoritairement son temps de parole dans les médias, actant donc le fait qu’il est devenu un homme politique, et non plus un simple journaliste, éditorialiste, commentateur, observateur, historien...
Peu importe qu’il ne se soit déclaré d’aucun parti politique et candidat à aucune élection, pour les auto-prétendus sages “supérieurs” tout se passe comme s’il l’avait fait. Qui parmi les vertueux défenseurs des libertés va s’insurger contre cette oukase délirant ?
Le polémiste tombe dans la nasse qui le guettait depuis longtemps. Il a été contraint de quitter illico son siège de chroniqueur sur la chaîne CNews, laquelle est également dans le collimateur du CSA en raison de ses plateaux paraît-il politiquement pas assez équilibrés. On dira qu’il l’a sans doute un peu cherché à force de narguer les bien pensants, mais la décision de le museler n’en apparaît pas moins sectaire, absurde et inique.
A l’heure où les canaux d’information foisonnent, qui peut encore prendre au sérieux cette assemblée de censeurs au petit pied, payés par le Trésor Public pour décortiquer à la minute près l’expression de chaque personne politique. Trois cents fonctionnaires attelés à une tâche stupide et totalement inefficace,  qu'ils exercent avec un zèle sinistre, voilà ce que notre pauvre pays est toujours capable de financer, malgré ses dettes astronomiques.
Le CSA n’en est pas à son coup d’essai. On sait qu’il surveillait de près Thierry Ardisson, Cyril Hanouna et consorts, lesquels ont eu droit à de nombreux avertissements. Le Comité avait interdit, sans aucune raison compréhensible, la diffusion en clair de la petite chaîne Paris Première (Tiens, Zemmour intervient également sur ses plateaux…).
Y aurait-il des pressions politiques dans les décisions du CSA, on voudrait ne pas y croire, mais la révélation tout récente faite par Christine Kelly, aujourd’hui animatrice sur CNews, mais ex-membre de l’assemblée, est bien troublante. Elle affirme que le CSA a, il y a quelques années, été l’objet de pressions “venant de gauche”, pour censurer Eric Brunet, autre journaliste politiquement incorrect
Tout cela commence à faire beaucoup, surtout quand on connaît la mansuétude des chronométreurs de temps de parole vis-à-vis des chaînes publiques, outrancièrement partisanes… 
Bref, c’est décidément un sale temps pour la liberté d’expression. Les réseaux, qu’il est convenu d’appeler “sociaux”, tels Twitter, ou Facebook, eux-mêmes se croient obligés de censurer et d’excommunier en fonction de critères pour le moins discutables. On réduit au silence le président de la plus grande et ancienne démocratie au monde mais on laisse pérorer les agités du turban qui font régner la terreur en Afghanistan et ailleurs. Après avoir mis au pas le débat d’idées contemporain, au nom de la Cancel Culture, on fait table rase du passé. On abat les statues, on débaptise les rues, les établissements publics… Au Canada, on brûle les livres jugés déviants, comme au Moyen-Age. Ce monde est décidément fou !

21 juillet 2021

La Liberté et ses fantômes

Consternant spectacle que celui où l’on voit dans notre pays des excités hurler à la dictature au motif que le gouvernement envisage de mettre en œuvre le fameux pass sanitaire, pour lutter contre la progression du COVID-19 et encourager les réfractaires à se faire vacciner. L’excès des mots atteint en la circonstance des sommets hallucinants.
Même si l’on peut contester la manière très technocratique et hasardeuse de mettre en œuvre ce dispositif, la seule certitude qui s’impose est que ces gens ne savent vraiment pas ce qu’est la Liberté pour en galvauder à ce point la signification. Ils ne mesurent pas les efforts de ceux qui ont tant donné pour qu’elle devienne réalité et ils manifestent une ignorance coupable vis-à-vis de celles et ceux qui n’ont pas la chance comme eux, de vivre dans un monde ouvert.

Au moment même où les médias braquent leurs projecteurs sur ces imbéciles - heureux sans le savoir -, des événements autrement plus graves se déroulent dans le monde, sans qu’on entende beaucoup de voix s’élever contre ces vrais totalitarismes.
Dimanche 11 juillet, des milliers de Cubains ont déferlé aux cris de « Liberté ! », « Nous avons faim » et « A bas la dictature » (Le Monde). On peut les comprendre et éprouver quelque compassion. Cela fait plus de soixante ans qu’ils subissent les effets désastreux de la tyrannie castriste. Pourtant, dès le mardi suivant, quelque 130 personnes étaient emprisonnées ou signalées comme disparues, et l’attention se détourna rapidement du sort de ces malheureux, abandonnés depuis si longtemps à leur triste sort.
A la Havane, force est de constater que le socialisme règne toujours en maître et sa rhétorique odieusement mensongère est plus que jamais à l’œuvre, qualifiant par la bouche de l’actuel président Miguel Diaz-Canel, ces manifestations de “provocations orchestrées par des éléments contre-révolutionnaires, organisés et financés depuis les USA avec des objectifs de déstabilisation..” Au boniment s'ajoute l'ingratitude pour le tandem Biden-Obama qui avait preuve de tant de mansuétude pour les satrapes de La Havane...

En Afghanistan, on assiste au retour massif et brutal des Talibans, à la faveur du désengagement des États-Unis. Ils étaient les derniers à tenter de faire encore rempart aux révolutionnaires islamistes sanguinaires et à protéger les fragiles progrès démocratiques que l’intervention de la Communauté Internationale avait permis de faire.
Ces tristes événements ne suscitent hélas guère plus d’émotion que la mise au pas des dissidents cubains. Face à cette nouvelle déferlante de barbarie, le gouvernement français appelle, sans état d’âme, ses ressortissants à quitter au plus vite le pays. Éternel recommencement. Comment ne pas se remémorer l’abandon tragique du Vietnam, puis du Cambodge, de l’Iran et de tant de pays, devant l’imminence des périls. On se souvient des ambassades prises d’assaut par les réfugiés, les drapeaux amenés en catastrophe, et l’effacement chaotique de tous les symboles de la Liberté...

L’évolution de la situation au Mali procède de la même mécanique. Aujourd’hui le président Macron menace de “stopper Barkhane si le pays s'enfonce dans l'islamisme radical”. N’était-ce pas précisément le motif de l’intervention initiale ?
On se retrouve en définitive prisonniers d’un tragique imbroglio. Pendant qu’on accueillait au titre de l’asile politique, nombre de jeunes gens, qui auraient pu combattre auprès de nos troupes pour offrir à leur pays l’espoir d’une liberté durable, l’hydre totalitaire reconstituait sans cesse ses bras mutilés pour mieux renaître le jour où nous baisserions les nôtres...

Une fois encore, l’absence de consensus et de détermination de la part des instances de régulation internationales, fait la part belle à l’horreur tyrannique. Et pendant que dans le Monde Libre, des minorités vociférantes voient ressurgir à la moindre contrariété le spectre de la Shoah, des peuples entiers continuent de souffrir en silence de la vraie privation de liberté et de toutes sortes d’atrocités infligées par les despotes qui les asservissent en toute impunité...

29 avril 2021

Du Protectionnisme et de ses méfaits

On oublie souvent que la science économique est régie par des lois naturelles. Point n’est besoin d’en rajouter d’autres, artificielles, l’essentiel étant de bien comprendre celles qui s’imposent d'elles-mêmes, pour les exploiter à notre avantage, comme en physique, en chimie ou bien en médecine.

Le protectionnisme fait partie de ces lieux communs qui reviennent sans cesse sur le tapis comme solution miracle alors qu’il relève des lubies dont l’inanité a cent fois été démontrée.
Supposé s’opposer au Libre-Échange, il couvre en réalité un champ beaucoup plus étendu. On le trouve aussi bien dans les lois “protégeant” les locataires de la cupidité supposée des propriétaires, on le trouve dans nombre de celles qui ont la prétention de défendre les salariés contre la rapacité des employeurs, dans celles qui encadrent de leur bienveillance asphyxiante certaines professions, et plus généralement, dans toutes celles qui rognent les libertés au nom de l’intérêt des “usagers”, en matière de santé, d’enseignement, d’installation commerciale… La quasi totalité de ces protections sont des leurres, certes bien intentionnés, mais dont l’effet aboutit souvent à l'inverse de ce qui était souhaité.
Au nom du protectionnisme, il n’est pas difficile de démontrer qu’on dénature les échanges commerciaux, en créant de l’inflation, en diminuant le pouvoir d’achat, en bridant concurrence et progrès, en alimentant la contrebande et au bout du compte, en transformant de paisibles marchands en dangereux criminels.

Le commerce reposant sur des échanges “gagnant-gagnant”, il est extravagant qu’on veuille pervertir le marché par des taxes ou des réglementations contraignantes à seule fin de faire rempart aux importations de produits étrangers. Cela conduit en effet à empêcher ses partenaires de vendre leurs produits au juste prix, c'est-à-dire celui dicté par la loi naturelle de l’offre et de la demande.
La conséquence la plus immédiate généralement constatée, est l’augmentation réciproque des taxes à titre de représailles (le protectionnisme prend
dans ce cas de figure tout son sens et sa seule légitimité…). Ainsi, ce qu’on gagne en limitant les importations, on le perd en freinant les exportations. Le bilan est nul, sauf bien sûr si l’on n’a rien à exporter, ce qui n'est certainement pas une situation enviable…
Il s’ensuit généralement une dégradation des relations internationales, et l’enclenchement d’une spirale infernale conduisant à l’augmentation des prix et à la raréfaction de l’offre, voire à la pénurie comme on le voit régulièrement dans les pays jusqu’au-boutistes en matière de socialisme.
Au surplus, ces taxations agressives masquent souvent l’incurie des Pouvoirs Publics, qui de facto en profitent pour désigner des boucs émissaires. Ainsi, on accuse régulièrement la Chine et toute l’Asie de casser nos emplois par leurs exportations massives de produits bon marché. Si c’était vrai, comment expliquer que notre voisin direct, l'Allemagne, soumise à la même pression commerciale, soit beaucoup plus épargnée que nous par le fléau du chômage, et qu’elle reste envers et contre tout une grande puissance exportatrice ?
Selon la même logique, l’opinion publique a tendance à croire que l’automatisation de certaines tâches conduit à supprimer des emplois. Mais comment se fait-il que les pays les plus robotisés au monde, le Japon, les États-Unis, et l’Allemagne, soient parmi ceux qui affichent les plus faibles taux de chômage ?

En économie, comme le faisait remarquer avec beaucoup de justesse et d’humour Frédéric Bastiat, il y a ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Les belles théories, les gentils principes et certaines évidences apparentes sont souvent mis en défaut par la brutale réalité.
Dans un ouvrage désopilant, l’économiste et philosophe américaine Deirdre McCloskey s’amuse à pointer “les péchés secrets de la science économique” et à démêler le faux du vrai. A cette occasion, elle rappelle un épisode historique méconnu, qui montre clairement le caractère généralement malfaisant du protectionnisme.
Sur une période de dix ans au XVIIIè siècle, selon l’historien suédois Eli Heckscher, dont elle cite l’ouvrage consacré au mercantilisme, l’État français a envoyé des dizaines de milliers d'êtres humains aux galères et en a pendu au bas mot 16.000, au motif qu’ils avaient commis le crime épouvantable…. d’avoir fait venir à des fins commerciales de la toile de calicot fabriquée et imprimée en Inde !
En France, parmi les innombrables et parfois ubuesques réglementations protectrices et corporatistes promulguées par Colbert, figuraient en effet l’interdiction d’importer ces tissus. En Angleterre, des législations similaires introduites en 1700 et 1721 sévirent jusqu’en 1774.
Outre leur sauvagerie meurtrière à l’encontre de ceux qui osaient les transgresser, ces lois se révélèrent largement inefficaces, tant il y eut de contournements (notamment par le biais des futaines que la loi avait oubliées...). Au surplus, elles pénalisèrent les échanges avec l’Extrême-Orient, et contribuèrent à étouffer le dynamisme industriel, qui se réveilla, surtout chez nos voisins britanniques, dès lors que ces ukases absurdes furent abrogées…

Les péchés secrets de la science économique Deirdre McCloskey Editions Markus Haller 2017 (édition française)
Mercantilism Eli Heckscher 1935
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas Frédéric Bastiat

22 octobre 2020

Désarroi

S’agissant de la tectonique des plaques, on prétend qu'elle conduit à la dérive des continents. On pourrait appliquer le raisonnement aux sociétés humaines et aux civilisations. Il arrive parfois dans leur mouvement plus ou moins indéfini, qu’elles entrent en collision. L’affrontement peut être violent, colossal, de l’ordre du séisme en quelque sorte. Après le choc, il y a parfois création de montagnes ou parfois encore fusion des plaques. Il se peut également que la confrontation se fasse 
de manière moins frontale, une entité glissant peu à peu sur une autre la faisant peu ou prou disparaître.
C’est un peu ce qui se passe avec la société démocratique occidentale. Elle semble en passe de s’engloutir peu à peu dans les abysses, faute d’avoir encore assez d’énergie et de détermination pour s’imposer face aux autres.
L'événement atroce que notre pays vient de vivre n’est qu’un signe de cette déroute. A l’occasion d’un acte abominable, on semble prendre tout à coup conscience qu’un péril nous menace directement et on constate avec effroi que ses manifestations gangrènent toutes les strates de la société. Aujourd’hui c’est l’enseignement, hier c’était le journalisme satirique, puis le monde de la culture et du spectacle, puis même le cœur de l’institution policière.
La faute évidemment incombe à une politique laxiste et couarde durant des décennies, qui se paie de mots et de discours mais qui s’avère incapable de réagir avec force à ces torrents de haine et d’intolérance qui déferlent quotidiennement, heurtant de plein fouet notre mode de vie, notre culture, notre religion, notre système démocratique, nos libertés, bref tout ce qui fait le monde doré dans lequel nous vivions insouciants, au mépris même de tous les sacrifices consentis par nos aïeux pour nous permettre de profiter de cette situation privilégiée, sans doute jamais connue dans toute l’histoire de l’humanité.
La barbarie, lorsqu’elle surgit à nos portes, provoque une sorte de sidération. L'incompréhension et le désarroi s’emparent des esprits. Pourtant, comme à chaque fois, on apprend vite que l’horreur fut précédée de signes avant-coureurs, qui auraient dû mettre en alerte mais qui furent totalement négligés. Cette fois, l’assassin était un tchétchène musulman, bénéficiant du droit d’asile depuis mars dernier, et pour 10 ans, on ne sait pas trop pour quel type de persécution subie dans son pays, la Russie. Après avoir été accueilli par la République française si généreuse, non seulement, il ne fit rien pour se conformer à ses règles sociales, mais il s'est rapidement fait connaître par des actes de violence et dégradation de biens publics ! 
Quant à la victime, on sait qu’il s'agissait d'un enseignant très apprécié, qui pour son malheur osa évoquer auprès de ses élèves la liberté d’expression, en prenant pour exemple les désormais fameuses caricatures publiées par Charlie Hebdo. On apprend également mais un peu tard qu’à la suite de cet épisode, il avait été l’objet de menaces explicites, et de doléances exprimées par certains de ses élèves musulmans, et par leurs parents, au point d’avoir jugé nécessaire de porter lui-même plainte en diffamation. Plainte hélas non suivie d’effet...

Après coup, les Pouvoirs Publics font toujours mine de réagir. Quelques actions ponctuelles mais habituellement sans lendemain. Et beaucoup de compassion, beaucoup de cérémonies. Des fleuves de larmes, des tombereaux de discours, d'hommages et de paroles…
En la circonstance, les plus horripilantes sont celles qui font référence à des entités creuses ou inappropriées. Passons sur le pitoyable “Ils ne passeront pas” que M. Macron lança après la bataille, avec la voix blanche d'un général vaincu. Passons sur les lieux communs débités avec componction par le Premier Ministre M. Castex: “Cet assassinat barbare est un acte contre la vie et la République.” Passons enfin sur le jargon incompréhensible du ministre de la justice, qui réussit à dire en une seule phrase tout et son contraire...
S’il est quelque chose d’insupportable, c’est l’emploi immodéré de ces mots valises “république”, “laïcité”, “liberté d’expression”, “diversité”...
Parlons de république. Il en existe de toutes natures et parmi les pires, soviétique, populaire, islamique… Ça veut tout et surtout rien dire. Mieux vaut évidemment une monarchie parlementaire éclairée qu'une république en loques !
Parlons de liberté d'expression. Elle est à deux vitesses. On condamne Zemmour, on censure et on insulte Trump, on s'acharne en enquêtes foireuses sur tel ou tel politicien incorrect politiquement, on parvient même à interdire, sur les réseaux sociaux devenus justiciers, "l'Origine du Monde" de Courbet, au motif que le tableau constitue un outrage aux bonnes mœurs. Mais dans le même temps, on laisse libre cours aux prêches guerriers, aux propagandes haineuses, aux anathèmes abjects...
Décidément, tout cela est profondément écœurant. Il est si désespérant de voir le monde dit libre glisser peu à peu dans les profondeurs obscures du renoncement et de l’inconsistance. Seule consolation, puisque les gouvernants sont devenus des dames patronnesses et que la justice n'est plus que l'ombre d'elle-même, il reste la police. Quand on lui laisse la possibilité de faire son travail, elle parvient à neutraliser définitivement les brutes sanguinaires qui sèment la terreur, tout en sachant trop bien qu'ils ne sont que les combattants de la première ligne d'armées plus que jamais conquérantes...

08 septembre 2020

Cités assoupies

Quand on pénètre en Médoc, c'est un peu comme si on entrait dans un monde parallèle. Cette péninsule en fer de lance s’étend nonchalamment du sud au nord entre l’océan et l’estuaire de la Gironde. D’un côté, des plages et des forêts de pins à perte de vue, juste interrompues par l’immensité paisible du lac d'Hourtin-Carcans. De l’autre des berges limoneuses, sur lesquelles on trouve quelques uns des plus beaux vignobles français. En traversant ces villages aux noms enchanteurs on ressent déjà comme le parfum enivrant du vin. Margaux, Saint-Julien Beychevelle, Pauillac, Saint-Estèphe, ils sont quatre comme les mousquetaires à défendre la reine des Grands Crus Classés, si tant est qu’il y en eut... Sont-ils d’ailleurs tous encore à la hauteur du classement de 1855, c’est là la question… Si Napoléon III ou quelque distingué sommelier de sa cour revenait, il aurait peut-être à redire.
Peu importe en somme, le poids des ans et des traditions semble avoir figé pour l’éternité les vertus des nectars.
Mais derrière les éblouissantes façades des propriétés qu’il est convenu d’appeler châteaux, sises au milieu de l’océan tranquille et immuable des vignes, les villages ont des allures de fantômes. La charmante cité de Pauillac semble endormie. Dans le port, pas un bateau ne bouge sous le soleil et dans les rues, il n’y a plus des magasins d’autrefois que les portes closes et les vitrines occultées. Quelques jeunes désœuvrés ici ou là, deux ou trois chalands attablés à un bistrot, rien de plus.
Décidément ce monde est hors du temps.

Pourtant, à côté du culte ancestral du raisin, on trouve d’étonnantes traces d’un passé, sans doute trop oublié. A Pauillac, la capitainerie arbore fièrement une statue dans le genre naïf du marquis Gilbert du Motier de de La Fayette. Elle rappelle aux visiteurs que ce dernier, âgé de 19 ans, embarqua précisément de cet endroit sur la Victoire en avril 1777 pour son premier voyage vers l’Amérique, dans le but de prêter main forte aux troupes de Washington.

Lorsqu’on remonte au bout du Médoc, à Soulac, c’est à une réplique de la statue de “la Liberté éclairant le monde” à laquelle on est confronté. Erigée en 1980 pour commémorer dans le même esprit l'alliance franco-américaine, elle fait face fièrement à l’océan, flanquée de la bannière étoilée qui claque ce jour dans ciel d’un bleu immaculé. Il n’en faut pas plus pour réjouir le cœur d’un amoureux de la Liberté….




05 avril 2020

Le Chemin de la Liberté

Quel beau titre que celui donné au documentaire consacré à Raymond Aron (1905-1983), récemment rediffusé sur le Canal Parlementaire (LCP 02/04/20) !
Il retrace avec sobriété la vie discrète et laborieuse mais moralement irréprochable et d’une grande rectitude, d’un de nos grands intellectuels, sans doute trop méconnu, et plus que jamais d’actualité en ces temps d’errance idéologique.

Issu d’un milieu, “imprégné d’hégélianisme et de marxisme”, il se débarrassa progressivement de cet heritage encombrant sans toutefois perdre son attachement au triptyque résumant selon lui les valeurs de gauche : liberté, rationalité, égalité… Valeurs perdues à ses yeux, après les monstruosités que la plupart des grandes consciences engagées furent amenées à proférer, à soutenir, à encourager jusqu’au totalitarisme, au mépris de tout bon sens et de toute honnêteté intellectuelle.

L’affrontement qui opposa Aron à Sartre fut la pierre d’achoppement sur laquelle se heurta durant des décennies tout le débat politique en France, et le malheur voulut qu’on préférât les dangereuses illuminations sartriennes à la sagesse clairvoyante de son calme contradicteur...
Par un étonnant paradoxe, Aron ne s’est étrangement jamais totalement affranchi de Marx qu’il avait étudié comme personne. S’il répudia totalement le marxisme-léninisme, il persistait à se dire “marxien” et avouait même avoir été plus sensible à l’alchimie pleine de “mystères” du philosophe allemand qu’à la “prose limpide mais triste” de Tocqueville. Cela ne l’empêcha pas de promouvoir avec force le message de ce dernier et de grandement contribuer à lui donner la place qu’il mérite dans l’histoire des idées. Le cœur a ses raisons que la Raison ne connaît pas, mais à la fin c’est quand même bien cette dernière qui doit triompher....

Sans doute la pénombre médiatique relative dans laquelle est resté Aron tient-elle à sa modestie. Sans doute tient-elle également à l’expression un peu lourde et contournée avec laquelle il a exprimé sa pensée. Des plus de 35 ouvrages qu’il a publiés, c’est à peine si l’on connaît “L'opium des Intellectuels”, paru en 1955, et qui résume l’essentiel de ses convictions. Il faut bien se résoudre à l’évidence: Sartre avait le talent littéraire mais c’était un songe creux. Aron voyait juste et sa pensée était forte mais il eut du mal à l’exprimer, ce qui lui valut de la part de ses détracteurs l’accusation vile de “manquer de style”...
Mais en définitive, on peut se demander si la raison principale du discrédit dont a souffert son œuvre ne réside pas dans le fait qu’il lui fallut naviguer vent debout, très seul, contre une intelligentsia omniprésente monopolisant tous les canaux médiatiques...

Pour paraphraser Jean-François Dortier, on pourrait structurer la pensée aronienne selon deux axes déterminants. De sa longue fréquentation avec Emmanuel Kant, il avait retenu l’attitude critique. De la tradition positiviste française, il conserva le respect des faits, qui conduit à ne pas se laisser emporter par ses jugements. Bien qu’il ne soit pas si éloigné qu’on l’a dit de penseurs radicaux tel Hayek, il serait à ranger parmi les libéraux modérés, conservateurs, pour lesquels selon sa propre appréciation "La réalité est toujours plus conservatrice que l’idéologie."
Tout l’oppose donc à la Gauche soi-disant progressiste dont l’inexplicable aveuglement fut parfaitement résumé par cette interrogation qu’il livra lui-même lors d’une émission télévisée : “Est-il si difficile pour de grands intellectuels d’accepter que deux et deux font quatre et que le goulag, ce n’est pas la démocratie ?”
De fait, on croit rêver lorsqu’on pense à Sartre, qui parvenu à la fin de sa vie, continuait de soutenir mordicus, en contextualisant ses prises de positions, “qu’il avait eu raison d’avoir tort !”
Cette perversion incurable du raisonnement explique l’indulgence dont fit preuve avec obstination, une bonne partie de l’élite intellectuelle vis à vis du totalitarisme socialiste pourvu qu’il s’inspirât d’une idéologie bien pensante. C’est en prétendant que “la fin justifie les moyens”, ou “qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs” que ces clercs condamnèrent des peuples entiers à l’une des tyrannies les plus abjectes que l’Homme ait engendrées. Encore de nos jours cette falsification reste admise, ce qui permit au journal Libération de titrer sans vergogne en 2017: “Raymond Aron avait raison, hélas...
Il faut préciser qu’avant les horreurs du communisme, Raymond Aron avait débusqué très tôt la nature pernicieuse du National-Socialisme, dont il avait vu les prémices lorsqu’il étudiait en Allemagne dans les années 30. Sartre, quant à lui n’avait rien perçu jusqu’en 1939 et s’accommoda plutôt confortablement à l’occupation allemande…

Parmi les nombreux sujets sur lesquels Aron eut l’occasion de s’exprimer, le film rappelle ses prises de position sur Israël. Certes son ascendance fut un facteur important le conduisant à choisir son camp. Tout en comprenant les souffrances et les revendications de chaque bord, il ne pouvait se résoudre à voir disparaître l’État israélien, et raisonna comme Camus avec sa mère, en expliquant que sur ce type de conflit, “inévitablement la prise de position est affective...”
Sur l’Algérie française, il se démarqua d’une bonne partie de la Droite à laquelle on le rattachait habituellement, jugeant la décolonisation inévitable, ne serait-ce que pour des raisons ethno-religieuses.
Sur mai 68 enfin, quoique opposé à l’élitisme universitaire, il assimila ces troubles à une “une farce”, un “grand n’importe-quoi”. On a dit à l’époque qu’il n’avait pas compris le sens de cette "révolution". Pourtant, une fois encore il se bornait surtout à ne pas accepter l’inacceptable. S’il trouvait "des éléments sympathiques" à ce désordre, d’autres l’étaient à ses yeux beaucoup moins, comme ces “crève salope” adressés sous forme de graffitis au recteur de la Sorbonne...

En forme de conclusion, on pourrait avancer que le principal titre de gloire de Raymond Aron reste d’avoir été un des rarissimes penseurs français du XXè siècle à avoir vu juste, ce qui n’est déjà pas si mal. Il est de ce point de vue condisciple d’Albert Camus ou de Jean-François Revel et sa discrétion, sa droiture n’ont pas de meilleure illustration que cette phrase, rapportée par un proche, alors qu’il venait de témoigner au procès de Bertrand de Jouvenel: “Je crois que j’ai dit ce qu’il fallait dire...”

30 janvier 2020

Le Triomphe Des Lumières ? (2)

Sur certains sujets le raisonnement de Steven Pinker déraille parfois étrangement et s’égare dans les lieux communs, le fatalisme et même le conformisme catastrophiste qu’il s’est fait un devoir de combattre !
Lorsqu’il évoque le noble sujet de la démocratie par exemple, il se félicite de voir le modèle hérité des pères fondateurs américains s’étendre peu à peu, diffusant même dans des régimes autoritaires comme en Chine et en Russie. Dans le même, le temps pourtant, il estime qu’il soit difficile à implanter dans des pays extrêmement pauvres, “dont les gouvernements sont faibles ou bien qu’on a décapités” comme en Irak et en Afghanistan, au motif que "l’effondrement de l’État entraîne violence et instabilité, et ne mène pratiquement jamais à une démocratie." Ce faisant, il rejoint le consensus des idées reçues, et oublie que c’est par la force que la démocratie s’est imposée en Allemagne et au Japon…
Il néglige bizarrement d’évoquer les bastions où le totalitarisme s’accroche envers et contre tout (Corée du Nord, Cuba, Venezuela, Iran…) mais voit en revanche une menace majeure dans la montée des mouvements dits populistes dont Donald Trump serait l’archétype.
Pinker bascule alors corps et âme dans le manichéisme, si ce n’est le sectarisme qu’il condamne pourtant avec énergie. Au sujet du magnat américain, pas encore élu président, il fait preuve d’une aversion qui confine à la haine brute, n’hésitant pas à affirmer que tous les progrès qu’il vient de passer son temps à énumérer joyeusement “sont menacés si Donald Trump parvient à ses fins”. Au passage, il l’accuse de tous les maux: il est protectionniste, opposé aux vaccins (qu’il accuse de favoriser l’autisme), il veut priver des millions d’américains d’une couverture santé, il est hostile au commerce, il se désintéresse de la technologie, de l’éducation et des politiques sécuritaires, il préconise des réductions d’impôts au profit des plus riches, il a diabolisé les immigrés, et ravale le réchauffement au rang de canular.

Non satisfait de cette volée de bois vert il ajoute qu’il est “admirateur de Poutine”, qu’il est “notoirement impulsif et vindicatif”, et enfin qu’il aurait “plein de traits distinctifs d’un dictateur” !

Autant dire que c’est l’ouvrage dans son ensemble et la thèse qu’il soutient qui perd de sa crédibilité devant tant de jugements à l’emporte pièce. A quoi bon seriner “qu’il est déraisonnable de s’opposer à la raison”, lorsqu’on laisse ainsi des ressentiments personnels s’exprimer avec tant de passion ? Et pourquoi tant de réticence à voir que si le “populisme” progresse, c’est peut-être tout simplement parce que le modèle démocratique est en crise ? Pourquoi ne pas accepter l’idée que ce n’est pas nécessairement la démocratie qui rebute mais plutôt son incapacité croissante à défendre les valeurs sur lesquelles elle est fondée, et sa tendance à jargonner plutôt qu'à appeler les choses par leur nom ? Les succès électoraux des Trump, Orban, Salvini et compagnie ne sont-ils pas l’expression d’un mouvement de rejet vis à vis des politiciens classiques, aussi verbeux et démagogues en promesses qu’ils sont indéterminés, pusillanimes et inertes dans l’action ? En un mot le “triomphe des Lumières” est-il un acquis irréfragable, une certitude intangible ?

Au chapitre de l’humanisme, le dernier, Pinker achève de déconstruire la logique sur laquelle il s’appuyait et montre beaucoup de subjectivité pour vanter les vertus de l’athéisme. On pourrait trouver le thème hors sujet s’il n’en faisait pas un des moteurs essentiels du progrès, allant jusqu’à prétendre que “les pays les plus éduqués, ont un taux de religiosité faible” ce qu’il attribue à “l’effet Flynn”. Ce constat l’amène in fine à conclure assez monstrueusement que “lorsque les pays deviennent plus intelligents, ils se détournent de Dieu…”

N’est-ce pas plus prosaïquement la prospérité et le bien-être matériel qui détourne nombre de gens de la vie spirituelle, et en fait d'ailleurs plus des païens jouisseurs que des athées convaincus ?
A l’appui de sa thèse, l’auteur évoque avec un brin de satisfaction “la décroissance du nombre de croyants dans le monde au cours du XXè siècle.../… et le taux d’athéisme qui a été multiplié par 500 et qui a encore doublé depuis le début du XXIè siècle”. Détail amusant, il tire ces chiffres de sondages dont il nous dit “qu’ils utilisent des méthodes astucieuses pour contourner la réticence des gens à se dire ouvertement athées…” Belle preuve d’impartialité !
Pour parachever sa démonstration, Pinker assène lourdement que la morale théiste serait affublée de 2 défauts rédhibitoires : Primo, “il n’y a aucune bonne raison de croire que Dieu existe”. Pour preuve, “les arguments cosmologiques et ontologiques pour l’existence de Dieu sont contraires à la logique et l’argument du dessein divin a été réfuté par Darwin”.
Secundo, même si Dieu existait, sa morale serait inopérante, surtout transmise par le biais des textes sacrés et des religions qui ont permis de commettre, voire encouragé, tant d’atrocités au nom de Dieu. De toute manière, Pinker en est certain, il n’est pas besoin de craindre un châtiment divin pour obéir à la morale et s’empêcher de violer, de tuer ou de torturer.
On est éberlué devant le simplisme de la réflexion qui en toute logique conforte l’auteur dans l’idée que l’humanisme pourrait exister sans Dieu (good without God) et qu’il est possible d’asseoir la morale sur des bases rationnelles. Hélas, contrairement à ce qui est ici prétendu, le passé a montré que les régimes athées, soi-disant épris de bonnes intentions et de bons sentiments, étaient les plus férocement anti-humains.
Sur l’islam et son regain actuel, dans sa version la plus rétrograde et obscurantiste, l’auteur paraît songeur, voire un peu gêné, ce qui ne l’empêche pas de minimiser le péril. S’il déplore le caractère anti-humaniste des prêches les plus radicaux et la croyance qu’ont les musulmans dans l’infaillibilité du Coran, il considère que l’essor de cette religion serait dû notamment “aux interventions malencontreuses des occidentaux, tels le démembrement de l’empire ottoman, le soutien aux moudjahidines anti-soviétiques en Afghanistan, l’invasion de l’Irak…”
Il espère toutefois que l’islam moderne, issu de la civilisation arabe classique qui fut par le passé “un haut lieu de la science et de la philosophie séculière”, saura mettre fin à ses dogmes rigoristes et il ne désespère pas de voir les idées et valeurs occidentales progresser peu à peu dans le monde musulman par “diffusion et percolation”. Anecdote croustillante qui révèle une naïveté confondante, il rapporte à cette occasion qu’on a découvert dans la cache de Ben Laden un ouvrage de Noam Chomsky !

Au total, le pavé de connaissances et de raison qui devait démontrer le triomphe des Lumières dans la longue quête de Progrès se termine en assommoir pontifiant. Après avoir ingurgité patiemment nombre de graphiques et de chiffres, l’esprit est littéralement enseveli sous les truismes en tous genres, des plus tautologiques aux plus grotesques et partisans. En fin de compte, avec de tels dérapages, rien n’est moins assuré que le triomphe annoncé, ce pourquoi le titre de ces billets porte un point d’interrogation. Il reste encore l’espoir que l’héritage des Lumières soit assez solide pour qu’il survive aux coups de boutoirs des révolutionnaires et des idéalistes de tout poil, dont le péché commun est de faire passer leurs utopies avant le pragmatisme, quitte à mépriser l’expérience et la connaissance des faits. Il y aurait beaucoup à dire sur les légions d’intellectuels occidentaux qui exècrent par pure construction idéologique leur propre société et idéalisent celle de leurs ennemis. Pinker le déplore mais ne fait qu’effleurer le sujet. Encore se trompe-t-il trop souvent de cible, en désignant des boucs émissaires tels Nietzsche à propos duquel il se déchaine en critiques virulentes, venant un peu comme des cheveux sur la soupe. On comprend vite qu’elle exprime la détestation de l’auteur pour le populisme. Au passage, la brillante romancière libérale Ayn Rand (auteur du colossal Atlas Shrugged) est également éreintée, ainsi à nouveau que le pauvre Trump, dans lequel Pinker voit “le jaillissement de tribalisme et d’autoritarisme depuis les recoins sombres de la psyché.”
Il est vraiment dommage de tomber si bas lorsqu’on avait l’ambition de monter si haut, et si quelques uns des constats énumérés dans l’ouvrage restent bienvenus, on laissera notre adorateur des Lumières perdre sa raison dans de vaines controverses politiques et peut-être complètement s’égarer dans ses fumeuses théories cosmologiques selon lesquelles “le multivers serait la théorie la plus simple de la réalité...”