30 octobre 2021

Zemmouriana

Il y a peu, on pouvait déplorer la mort du débat politique et l'inanité du vote en France. Tout était en effet aussi morne que la plaine de Waterloo et nulle idée, nul élan ne se faisait plus jour. Mais depuis quelque temps on assisterait plutôt à une renaissance. Non pas hélas que les politiciens aient retrouvé verve et convictions. Mais un homme a débarqué dans le jeu à grand fracas et sa popularité imprévue mais croissante le place sur un petit nuage. Il est partout, on ne parle que de lui et chacun se trouve par la force des choses, contraint de réagir face à ses constats cinglants et ses propositions iconoclastes.
S’il y a un renouveau du débat, il faut bien dire qu’on le doit à une personne et une seule. C'est Eric Zemmour qui fait le job. C’est lui qui crée les sujets et qui donne le La à l’orchestre déconfit qui peine à l’accompagner dans l’ombre. On le savait depuis des lustres positionné sur le thème du chaos migratoire, sur celui de la Nation souveraine, ou bien sur celui de la sécurité intérieure, mais il étend le champ de ses implacables démonstrations à tous les sujets sociétaux, et à l’économie qu’il survole avec aisance et une connaissance aiguë des chiffres.
Bien sûr il n’est pas possible d’être d’accord avec lui sur tout mais son enthousiasme est communicatif et à moins de refuser de manière sectaire la confrontation des idées, il faut bien dire que les échéances électorales redeviennent excitantes à la faveur de cette nouvelle dynamique.
Récemment il abordait le sujet de la sécurité routière, critiquant l’excès des limitations de vitesse sur les routes et la notion même de permis de conduire à points, qui n’a selon lui jamais fait ses preuves. Résultat, tout le ban et l’arrière ban lui emboîta le pas, cherchant vainement à justifier, par principe, des réformes ineptes.

Le 26 octobre dernier il faisait une audacieuse incursion dans la ville de son enfance, Drancy. On peut saluer son courage et le brio avec lequel il mena cette visite dans un contexte plutôt tendu. A force d’argumentation, il parvint à faire se dévoiler une musulmane présentée comme franco-marocaine, en faisant pour un instant d’elle une femme libre. L’instant d’avant elle avait avoué qu’elle ne portait le voile “ que depuis quelques mois”, reconnaissant de manière implicite qu’elle était sous influence et qu’il se passait donc quelque chose de nouveau au plan religieux dans notre pays. Il fit reconnaître à un jeune franco-algérien qualifié d’ancien délinquant, qu’il fallait cesser de “faire des bêtises” s’il voulait faire honneur à la France. Il démontra que les boucheries étaient devenues exclusivement hallal et qu’une des rares associations sportives réputées laïques, était devenue un îlot en perdition dans cette jungle manifestement hostile à tout ce qui représente la France.
Aucune personnalité politique n’avait osé se présenter avec autant de sang froid et de détermination, “face à la rue”, comme titrait l’émission animée par Jean-Luc Morandini. Marine Le Pen, de plus en plus à la traîne, ne fit qu’une pâle imitation de cette prestation quelques jours après à Alençon. Elle se rendit également chez Orban en Hongrie, mais avec un mois de retard sur Zemmour, lui-même accompagné de sa nièce Marion Maréchal...

Faute d’arguments à lui opposer, beaucoup voudraient censurer l’intrus si politiquement incorrect. Il dérange le ronron insipide dans lequel végétait le pays, mais celles et ceux qui se font un devoir de le combattre réagissent à côté, faute de l'avoir vraiment écouté ou bien parce qu’ils font semblant de ne pas comprendre ses gestes et ses propos, pour mieux les déformer. Marlène Schiappa, qui n'est probablement pas une imbécile mais qui fait tout pour qu'on la prenne pour telle, s’est illustrée à ce jeu insignifiant. Après avoir ravalé les propos de Zemmour à ceux qu'on entend dans les bars PMU (affirmant toutefois pour rattraper sa gaffe qu’elle adorait ces endroits), elle monte en épingle de manière ridicule la fameuse séquence du fusil. Comment ces gens peuvent-ils imaginer qu’avec de tels expédients, ils puissent freiner l’ascension de celui qui les fait tant enrager ?
Certains voudraient carrément le faire taire. On a vu les manœuvres comptables minables du CSA. On voit également à l'œuvre les petits censeurs qui sévissent dans le Service public de l’information. C’est une pure ignominie.

La cerise sur le gâteau, c’est quand même lorsque les soi-disant adversaires d’Eric Zemmour poussent la stupidité jusqu'à lui donner raison par leurs raisonnements en forme de sophisme.
Ainsi Christian Estrosi, maire de Nice, appelle la droite à combattre Zemmour « de toutes ses forces » en vue de la Présidentielle 2022, mais dans le même temps, il déplore que la Droite “a déserté le combat”. N’est-ce pas l’aveu que la Droite n’est plus la Droite ? Et où se situe-t-il, lui qui se dit membre des Républicains, mais qui soutient Emmanuel Macron et son parti LREM ? Et où sont Xavier Bertrand et Valérie Pécresse qui ont quitté leur parti en claquant la porte et qui reviennent sans vergogne quérir son investiture ?
M. Larcher, président du Sénat, juge quant à lui, que M. Zemmour “hystérise le débat”. Pour autant il reconnaît qu'il « aborde de vraies questions », et fait des constats pertinents en affirmant que « nos capacités d’intégration et d’assimilation sont saturées ».
Il ajoute “qu’il n'y aurait ni phénomène Le Pen ni phénomène Zemmour si nous avions mieux traité ces questions.” CQFD.
Jusqu’où ira le trublion, c’est difficile à dire. A-t-il l’étoffe d’un homme d’état, c’est à voir. Mais à l’écouter on ne s’ennuie pas, c’est un fait. Et le désordre et la panique qu’il suscite dans les états-majors des vieux partis englués dans les lieux communs lénifiants et les impasses idéologiques est à lui seul jouissif…

27 octobre 2021

Brassens, l'Homme Tranquille

Georges Brassens
(22/10/1921-29/10/1981) n'aimait pas les cérémonies. Il se trouve qu'en octobre on commémore à la fois le centenaire de sa naissance et les quarante ans de sa disparition.
A défaut de grands hommages, c'est le moment de se souvenir quel genre d'homme il fut et d'évoquer l'héritage qu'il nous a laissé.

Après bien des décennies, sa petite musique a gardé toute sa fraîcheur et ses vers tout leur piquant. Je me souviens pour ma part avoir été pénétré définitivement par ses paroles et ses mélodies depuis le plus jeune âge, lorsque mes parents s’en délectaient au cours des mornes dimanches d’hiver. La voix chaude du chanteur, sa façon de rouler les "r" en les caressant, son accent doucement ensoleillé et ses rythmiques subtilement répétitives avaient quelque chose de rassurant.
Depuis, elles ne m’ont plus jamais quitté, comme faisant partie intrinsèquement de ma vie, et plus encore, du monde.
Au fil des années, j’ai appris à mieux connaître le bonhomme dont la rudesse de bois poli m’enchante. Voilà un homme véritablement à part, une sorte de légende à lui tout seul, si simple en apparence et pourtant unique en son genre, absolument inimitable.
D’aucuns ont cherché à récupérer son style et sa manière de suivre “les chemins qui ne mènent pas à Rome”. Jamais ils n’ont réussi à saisir ce tempérament d’acier bien trempé dans leurs griffes idéologiques. Indépendant des modes et des courants de pensées, il fut et il reste à jamais.
 
L’artiste commença sa carrière dans une bohème proche de la misère. Mais durant les quelque 20 ans qu’il passa impasse Florimont à Paris Quatorzième, de 1944 à 1966, au crochet du couple de bons samaritains, Jeanne et Marcel, la pauvreté fut presque joyeuse. Georges n’avait pour ainsi dire besoin que d'amour et d’eau fraîche et rien ne le préoccupait tant que de faire de bonnes chansons.
Il s’était bien essayé à la littérature, poèmes ou romans, mais, de son propre aveu, il dut en rabattre, se contenant de son “chemin de petit bonhomme”, lorsqu’il comprit qu’il n’avait pas suffisamment de génie pour rivaliser avec Baudelaire ou Victor Hugo.

Il fut un chanteur engagé, c’est un fait certain, mais inclassable politiquement, grâce à Dieu. S’il fut un temps un peu anarchiste, il revint vite vers un pragmatisme plus réaliste et serein, après avoir fait le constat qu’il n'existe "pas de solution collective" aux maux de l’Humanité.
Son caractère le portait à l’individualisme, ce qui le fit paraître à certains un tantinet bourru. Mais au fond de lui, il n’y avait pas une once de méchanceté comme il le chantait. Et comme il n’aimait pas obéir à quiconque et qu’il n’aimait pas davantage commander les autres, il fut naturellement anti-militariste et rétif à tout ce qui représente l’ordre et la discipline. Mais comme beaucoup de ses engagements, cela n’avait de portée qu’individuelle. Derrière le poète se cachait l’homme de bon sens. “Je pourrais”, affirmait-il, “me passer de loi, mais la plupart des gens ont besoin de lois et ce n’est pas demain la veille qu’on pourra s’en passer…”
A propos de sa magnifique Non-Demande en Mariage, il se plaisait à dire que s’il n’était “pas tellement partisan du mariage” à titre personnel, il n’était pas contre dans l’absolu et qu’il n’empêchait nullement les autres de se marier.
S’il n’eut pas d’enfant, c’est sans doute un peu parce que, disait-il, “le monde tel qu’il est ne me convient pas”. Ce fut surtout parce qu’il avait fait le choix exclusif de consacrer sa vie aux chansons et que cela lui prenait tout le temps dont il disposait. Ni épouse ni enfant donc, pour ne pas courir le risque d’être un mauvais mari et un mauvais père.
Pareillement, il affirmait n’avoir jamais pris de position anti-cléricale très nette, en dépit de ce que tout le monde croyait. “Je fais de la propagande de contrebande”, révélait-il malicieusement, ajoutant qu’il ne fallait pas prendre toutes ses paroles pour argent comptant, et que sa timidité et sa modestie le portaient à “dissimuler ses sentiments sous des blagues et des pierres tombales.” Une de ses plus belles chansons est sans doute la Supplique pour être enterré à Sète. Pourtant lors d’une interview, il confia qu’il se foutait pas mal d’être inhumé à cet endroit ou bien ailleurs…

Au bout du compte, le seul vrai souci de Georges Brassens était que les gens prissent un peu de plaisir à écouter et à fredonner ses ritournelles: “si je peux donner quelques instants de bonheur, je n’aurais pas démérité…”
Sur des rythmiques très jazzy, inspirées par la musique qu’il avait au cœur, il inscrivit quelques-uns des plus beaux textes poétiques de la langue française, pleins de jovialité et d’une tendre dérision. Aujourd’hui encore il m’arrive de découvrir des perles à côté desquelles j’étais passé jusqu’alors. L’Orage, interprété par Benjamin Biolay lors d’une récente soirée Brassens, figure parmi celles-ci. Il résume tout le talent de l’artiste pour associer une mélodie accrocheuse, un rythme délicieusement entêtant, sublimé par la contrebasse de Pierre Nicolas. La thématique inusable de l’amour y est traitée sur un ton facétieux, et last but not least, on y trouve à son sommet, l’art de mettre le bon mot sur la bonne note !

S’il faut retenir quelque chose de l’engagement de Brassens, c'est sans doute que “tous les dogmes sont néfastes”, et qu’il faut avant toute chose préserver la liberté. Le plus grave répétait-il, “serait qu’on perde nos libertés individuelles. l’homme est en train de disparaître en tant qu'individu. Tout le monde se ressemble…”

18 octobre 2021

Plaisirs d'Automne

Je hais cette saison qui annonce des mois de froidure et de frimas et je me prends à envier les animaux qui peuvent se mettre en sommeil prolongé pour ne se réveiller qu’au printemps. J’admire tout autant les oiseaux migrateurs qui entreprennent un long et fatigant voyage pour suivre le soleil et se mettre au chaud pendant ces mois mortels.
Mais il faut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur comme on dit…
L’automne réserve quelques douceurs dont il est plaisant de profiter.
Cette année, l’arrière saison est très ensoleillée, notamment dans le Sud Ouest du pays et les promenades dans les bois et les forêts sont particulièrement agréables. Il y règne une ambiance paisible incitant à la rêverie. C'est l'instant idéal pour le promeneur solitaire, tenté de s'abandonner à l'utopie rousseauiste…
Le soleil encore chaud à travers les feuillages qui commencent à roussir, élève l’âme vers le Grand Tout et la console de tous les tracas du quotidien et des misères de l’actualité.
En s’abaissant à chercher parmi la végétation qui croît au pied des arbres, on a parfois la joie de trouver une perle issue de cet univers au parfum d’humus, à savoir un cèpe.
A cette époque de l'année, ce sont parmi les champignons, ceux qui sont les plus appréciés. Quelle joie de découvrir un de ces spécimens, caché derrière une fougère ou au sein d’un buisson épineux. Son dôme velouté aux couleurs de cuir plus ou moins bruni recouvre un stipe ferme et ventru qu’il est excitant de caresser tout en l’extrayant délicatement de la terre. Humer les effluves qu’il dégage fait naître un flot d’émotions et de promesses de festins à venir.

Revenant d’une telle balade forestière, le panier bien rempli, on se sent apaisé, heureux d’avoir profité d’une journée hors du temps.
Il arrive hélas qu'on ramène aussi quelques souvenirs moins agréables. Une tique par exemple, parfois porteuse de la fameuse maladie de Lyme, ou encore une de ces mouches étranges qui tournent autour de vous et vous suivent opiniâtrement. On les appelle tantôt mouches plates, tantôt mouches crabes, ou bien encore hippobosques. Habituels parasites des chevaux, dont elles sucent avidement le sang, elles se rabattent parfois sur les humains. Les piquent elles je l'ignore, toujours est il qu'il est difficile de se débarrasser de ces insectes. Leur vol est lourd et malhabile mais elles résistent si fort à l’écrasement qu’il faut réussir à les coincer sous un objet dur pour en venir à bout en faisant craquer leur thorax caparaçonné.
Après le rêve, les triviales réalités de la vie reviennent vous assaillir...

14 octobre 2021

La Mort du Débat

Cette fois la terre tremble pour de bon sur la planète politique de France.
Ce séisme était prévisible et avait été précédé d’alertes itératives mais elles avaient été minimisées voire négligées.
Notre médiocre république, qui n’a de démocratique que l'illusion, est depuis des décennies parcourue par de sinistres convulsions. Aujourd’hui, c’est à ce qu’il paraît, l’acmé de cette crise.

Pour en arriver là, il a fallu bien des lâchetés, bien des faiblesses, bien des paroles ronflantes mais creuses, et tant de promesses jamais tenues, de la part de la quasi totalité du monde politique. Le désastre actuel leur incombe donc totalement. La plupart des politiciens ont tout fait pour galvauder les mots de république, de constitution, de démocratie. Ils ont laissé pourrir par leur incurie le fameux trépied Liberté Egalité Fraternité qui aujourd’hui ne veut plus rien dire. Enfin, ils ont mis un zèle incroyable à détruire leur propre image, leur fonction, leur idéologie, leur parti…

Sans remonter à Mathusalem, on se souvient comment François Hollande, par ses magouilles à deux balles, son indétermination incurable et son absence de leadership avait fini par réduire en bouillie le Parti Socialiste en même temps que ses ambitions personnelles. Certes avant lui Mitterrand avait dénaturé le socialisme en faisant alliance avec les communistes, et Jospin "l’austère qui se marre", l’avait ringardisé. Mais l’essentiel du mérite revient sans sourciller au plus calamiteux des présidents de la cinquième république !

A droite, la stratégie ne fut guère plus brillante. Jacques Chirac avait mené son camp dans une impasse à force de trahir sans arrêt ses engagements et surtout de rejeter de manière primaire tout ce qui était plus à droite que son RPR, notamment le Front National, vouant une haine féroce et stupide à ses dirigeants, et un mépris définitif pour toutes les thématiques qu’ils agitaient, non sans raison parfois. Pris dans le piège diabolique ourdi par le faquin de Jarnac, il avait fini par zigouiller son propre camp.
Héritier controversé et instable, Nicolas Sarkozy tenta de le remettre debout mais par son inconstance et ses frasques, il ne fit qu'en clouer le cercueil. Son quinquennat entamé en fanfare a fini en eau de boudin et depuis l’échec retentissant de 2012, suivi de la pantalonnade Fillon, on assiste au ballet navrant des petits chefs de cette armée mexicaine en déroute, venant fleurir avec componction la tombe où gît la Droite, chacun réclamant le retour à l'union derrière son petit fanion dérisoire.

Force est de constater que de son côté, Marine Le Pen a raté la transition post Jean-Marie. Sa stratégie racoleuse à gauche, erratique au plan économique et de plus en plus floue sur les thèmes de la sécurité et de l’immigration a fait un flop. Son incapacité à assumer un dessein national et à incarner la fonction présidentielle ont provoqué le déclassement progressif du mouvement dont elle s’est crue obligée de changer le nom, en vain.
Il est inutile de trop s’étendre sur les problèmes des autres formations, surnageant de part et d’autre. Aucune n’émerge vraiment et les rodomontades et dissensions grotesques qui divisent durablement ceux qui font de l’écologie leur étendard, fort minable au demeurant, est à l’image de l’effondrement du débat politique et de la crédibilité de ses acteurs dans notre pays.
Il reste Emmanuel Macron, arrivé par effraction au sommet de l’Etat, mais qui n’a pas réussi à fonder de parti, ni à s'entourer de gens d’envergure significative. Il survit toutefois dans les sondages, sur son îlot à 25%, bien qu’il ne soit parvenu à rien de concret durant son mandat, hormis entretenir une grogne sociale permanente.

Il n'est en somme pas besoin de faire l'éloge d’Eric Zemmour qui est en train de devenir un acteur politique de premier plan et d'enclencher une dynamique populaire inédite. Il est probable qu'il ne souhaitait pas ce rôle mais il lui échoit car il n'y a personne d'autre pour l’assumer. Ce sera donc lui.
Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec toutes ses idées pour éprouver une certaine satisfaction d'entendre enfin quelqu'un parler sans détour ni circonlocution et faire preuve de vraies convictions (cf le problème Zemmour 1 et 2).
Son succès s'explique donc aisément. Jusqu'où ira son ascension, sera-t-il même candidat, ce sont pour l’heure les seules questions qui vaillent.

Le fait est qu’il désarme toute opposition et renvoie sans difficulté dans les cordes celles et ceux qui cherchent à enrayer son ascension, tant leurs arguments paraissent inappropriés, inopérants, voire franchement stupides à force de vouloir systématiquement se démarquer de lui.
Foin des blagues nauséabondes des humoristes du service public, qui tombent à plat, foin des rodomontades de Ruquier qui joue au caïd borné, à la manière d'un petit Beria, en souhaitant qu’on éradique “le virus Zemmour”. Foin enfin des ministres, totalement à court d'inspiration et sentant le sol se dérober sous eux, qui y vont de leurs invectives dont la répétition niaise épuise les esprits : négationnisme, révisionnisme, pétainisme, fascisme, peste brune…
En somme, sans vouloir minimiser son talent de bretteur, Zemmour grandit parce que tout s’effondre autour de lui.
Il ne reste plus grand chose du débat politique. Ni stature, ni idée, ni dessein. C’est vrai de Marine Le Pen qui s’enlise inéluctablement et de plus en plus rapidement dans le déni. C’est vrai des candidats putatifs de droite tels Valérie Pécresse qui s’époumone dans le désert à faire croire qu’elle a pris en considération le problème de l’immigration, ou de Xavier Bertrand, de Michel Barnier qui ont passé tellement de temps à polir leur image de rassembleurs consensuels qu’ils se retrouvent de plus en plus isolés et transparents. C’est vrai enfin de tous les groupuscules plus ou moins insoumis qui patinent dans la semoule faisandée de la révolution.
M. Macron quant à lui conserve un certain potentiel de sympathie en dépit d’une politique toujours plus incohérente, contradictoire et inefficace. Pour combien de temps ? Il est à ce jour la cible des attaques d’Eric Zemmour, qui semble avoir déjà évincé tous les autres adversaires...

08 octobre 2021

Illusion d'Optique

Je fais très rarement allusion dans ce blog à des mésaventures personnelles. J’ai vécu celle qui suit et je me fais un devoir de la relater car je subodore qu'elle concerne sans doute beaucoup de monde.
Souffrant depuis l’enfance de troubles de la vision ennuyeux quoique anodins (myopie et astigmatisme auxquels est venue s’ajouter sur le tard la presbytie), je suis contraint de porter des lunettes correctrices. Ces défauts évoluant avec l’âge, il me faut changer de binocles de temps à autre.
C’est en me rendant chez l’opticien, non sans avoir auparavant consulté un ophtalmologiste, que j’ai découvert la signification de l’innovation dont M. Macron est si fier: le “100% santé optique”.
Supposé couvrir l’intégralité des frais et donc offrir à “l’usager du système de santé” la gratuité des lunettes, ce dispositif ingénieux impose aux fabricants de fournir des produits bon marché, oblige les opticiens à les proposer et même à les promouvoir, en contrepartie de quoi ils sont totalement pris en charge financièrement par notre bonne vieille sécu, associée aux mutuelles de santé. Zéro reste à charge, comme on dit...
La Haute Autorité en Santé (HAS), indépendante comme chacun sait mais payée par le gouvernement, assure que ces lunettes discount sont de qualité optimale pour corriger tous les troubles visuels.
Les opticiens quant à eux, sont loin de partager cette opinion, et le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne vous encouragent guère à vous les procurer.
Ils insistent tout d’abord sur le choix très limité des montures (à peine plus d’une quinzaine), leur fragilité et leur manque flagrant d’esthétique. Plus grave, ils vous affirment que la qualité des verres ne permet pas une adaptation satisfaisante à votre vue, et que leur longévité est des plus médiocres.

Il n’est pas étonnant dès lors que la plupart des gens se tournent vers une offre plus attrayante.
Alors qu’il est offert aux assurés sociaux depuis janvier 2020, seuls 16 % des Français ont bénéficié d’une monture ou de verres du panier 100% santé optique, selon Santé Magazine...
Pour ma part, j’ai fait comme 84% des gens. Résultat le montant du devis que j’ai accepté s’est élevé à 689€ contre 220€ pour celui de l’offre gouvernementale !

Que faut-il penser de tout cela ?
Soit les opticiens sont pour leur grande majorité de fieffés filous, qui cherchent à vous fourguer d’inutiles Rolls Royce alors qu’ils ont en magasin de superbes Trabant tout aussi performantes.
Soit le gouvernement cherche à nous faire prendre des vessies pour des lanternes et du plomb pour de l’or.
Quoique enclin à penser que les commerçants abusent de leur rente de situation, mon esprit rebelle est tenté de pencher vers la seconde option, surtout après avoir découvert qu’en punition de mon choix somptuaire, la Sécurité Sociale ne me remboursait que 9 centimes d’euros (3 pour la monture et 3 pour chaque verre !). Ce n’était certes pas brillant avant l’ère Macron (à peine une quinzaine d’euros) mais là, c’est vraiment du foutage de gueule, comme dirait un bon ami...

Moralité, ce sont surtout les mutuelles qui sont mises à contribution par la générosité gouvernementale et son offre en trompe-l'oeil.
Sur les 220€ de la formule “basique”, la pingre sécu n’aurait pris en charge que 39,60€. Précisons que pour ce prix, vous n'avez qu'une seule paire de lunettes et non 2 comme le proposent les opticiens dans leur devis, sans augmentation de prix (ou presque). Vous devrez donc payer plein pot la paire de lunettes de secours ou bien solaire correctrice associée.
En attendant, pour combler le trou béant laissé après les 0,09 euros royalement remboursés par la sécurité sociale sur les 689 que j’ai payés à l’opticien, j’espère 450€ de ma mutuelle...