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04 février 2020

Hôpital Express

La Chine contemporaine est à bien des égards étonnante. Terre de tous les excès et de tous les contrastes, elle stupéfie le monde. Restée officiellement communiste, elle s’est ouverte largement au capitalisme. Le mélange s’avère détonnant.

Comment un pays aussi riche culturellement, aussi inventif et dynamique avait pu basculer à ce point dans l’horreur socialiste, voilà qui reste un très intrigant mystère.

Non moins extravagante fut la folie qui saisit nombre d’imbéciles intellectuels occidentaux, soi-disant éclairés, qui les conduisit à qualifier cet obscur moyen-âge, d’expérience des plus excitantes, riche d’espoir et de progrès. Tandis que Mao assassinait par millions son peuple, tout en se livrant à des absurdités plus énormes que celles de Père Ubu, une partie du monde libre faisait semblant de s’extasier sur les pretendus bienfaits de ce tyran hors norme. Il faut espérer que ce honteux épisode serve de leçon, mais on peut en douter hélas lorsqu’on voit l’emprise persistante de cette idéologie sur les esprits.

Le redécollage de "l’Empire Céleste" au sortir de la terrifiante nuit maoïste a bouleversé le cours des choses urbi et orbi. Beaucoup de questions restent certes en suspens sur l’avenir de ce régime chimérique, mariage improbable des contraires, mais on ne peut que rester ébahi par sa capacité à donner la prospérité à un nombre croissant d’individus et à réagir avec détermination et sang froid aux situations de crise.

L’épidémie actuelle de fièvre due au coronavirus est prise là bas très au sérieux. Pour l’endiguer, tous les moyens sont mis en œuvre. Et la construction expresse d’un hôpital de 1000 lits en dix jours constitue une illustration spectaculaire de l’effort entrepris. Un tel tour de force est évidemment inimaginable en notre bonne vieille Europe et surtout en France... Qu’on imagine l’État englué dans la crise hospitalière, pouvoir la résoudre de cette manière, en trois coups de cuillers à pot !
Impensable évidemment, mais en Chine tout est permis. Pas de syndicats indépendants, pas de gilets jaunes ailleurs que sur le dos des ouvriers, un code du travail réduit à sa plus simple expression, des droits sociaux quasi inexistants, et un Pouvoir Central omnipotent et décisionnaire de tout, ça simplifie la vie… L’application expérimentale, quasi sauvage, du capitalisme, sans frein autre qu’un pouvoir de décision centralisé, est vertigineuse.

Ce lundi 3 février, l’établissement hospitalier consacré aux victimes du coronavirus, dont les travaux avaient débuté 10 jours auparavant, a ouvert comme prévu ! Pari tenu, pour un coût équivalent à une quarantaine de millions d’euros, et un chantier titanesque de 25000 m2, sur lequel ont travaillé jour et nuit 4000 ouvriers, et des milliers d’engins. Du réglage de l’époustouflant ballet de pelleteuses, à la coordination de tous les corps de métier, tout fut parfaitement ordonné.
Il n’y a plus qu’à espérer que cela contribue à contenir la propagation de l’épidémie et à en réduire la morbidité et la mortalité ! Et plus que jamais, on est songeur, sur ce qui se passe là-bas, dans cet Orient, extrême à tous égards...

04 septembre 2019

Hong Kong entre deux feux

Que se passe-t-il à Hong Kong ? On voit depuis des semaines des manifestants “pro-démocratie” arborant des parapluies, se confronter de plus en plus violemment aux forces de l’ordre.
Jusqu’à présent, pas d’effusion de sang. Mais que penser de ces troubles ? Où cela va-t-il mener ?
Pour essayer de répondre à ces questions, encore faut-il se remémorer l’histoire de ce bastion démocratique “à l'occidentale”, enclavé dans la forteresse communiste chinoise. Il faut tenter de comprendre ce que sous-tend vraiment ce statut de “région administrative spéciale”, obtenu lors du traité de rétrocession de Hong Kong par le Royaume Uni à la République Populaire de Chine en 1997. Le fait est que cette province avait la garantie grâce à cela de conserver une relative autonomie durant cinquante ans, c’est dire jusqu’en 2047.
Il est hélas évident que Pékin se fait chaque jour plus présente et pressante dans les affaires de cet étrange condominium, souhaitant probablement homogénéiser les règles et les institutions avant l’échéance fatidique.

On appelait autrefois Hong Kong le Port aux Parfums, mais pour l’heure c’est une odeur de roussi qui flotte dans l’air et voilà plusieurs années que les habitants inquiets manifestent pour le maintien de la démocratie dans leur cité. Un obscur projet de loi proposant l’extradition de délinquants qui s’y seraient réfugiés, vers le lieu de leur crime, à savoir la Chine continentale mais également Taiwan, ou Macao, a mis cette année le feu aux poudres.
Il n’y avait pourtant rien d’extraordinaire dans une telle mesure judiciaire mais aux yeux de certains elle faisait courir le risque que les citoyens de Hong Kong ne puissent bientôt plus bénéficier de leur propre justice.
Le mouvement pacifique dit “des parapluies” s'est tout à coup transformé en véritable insurrection. Plus d’un million de personnes (un huitième de la population !) défilèrent début juin et les manifestations se succédèrent ensuite quasi quotidiennement, devenant de plus en plus violentes. Le 1er juillet le Parlement fut mis à sac et les images de ce désordre se mirent à ressembler aux turbulences que nous avons connues avec les Gilets Jaunes !
La réponse policière monta en puissance. Gaz lacrymogènes, canons à eau entrèrent en action, faisant craindre une escalade de plus de plus dangereuse. On entendit dire que l’armée populaire de la Chine massait ses troupes à proximité, prêtes à intervenir.

On ne peut rester insensible à ces évènements lorsqu’on est épris de liberté. Hong Kong constitue une illustration brillante de la supériorité du modèle de la démocratie capitaliste sur celui où prévaut le socialisme. C’est la troisième place financière au monde, la qualité de vie y est incomparablement meilleure qu’en Chine populaire, même après que celle-ci se soit entrouverte à la propriété privée, au commerce et au capitalisme grâce à Deng Xiao Ping. La rébellion actuelle de ses ressortissants montre clairement dans quel type de société ils veulent vivre. A l’instar de l’Allemagne et de la Corée, cette région du monde a connu expérimentalement les deux systèmes: capitalisme démocratique et socialisme totalitaire. En termes de résultat, il n’y a pas photo comme disent les commentateurs sportifs. Ce qui est ahurissant, c’est qu’on puisse encore se poser la question…
Hong Kong rayonne sur toute l’Asie et son dynamisme a même profité aux régions proches, encore sous tutelle communiste. Ainsi le développement rapide de Shenzhen lui doit probablement beaucoup et fait espérer que la Chine dite populaire, prenant exemple de cette réussite locale, se laisse peu à peu gagner par l’esprit de liberté. Les progrès réalisés depuis la disparition de l’infâme Mao et la mort de son régime abject qui fit tant régresser cette nation, si riche d’histoire et de culture, laissent entrevoir un espoir. Il y a certainement encore beaucoup à faire, mais on ne gouverne pas un pays d’un milliard quatre-cent-millions d’habitants comme celui qui n’en compte que quelques dizaines de millions. Il ne faudrait donc pas que la sévérité avec laquelle on juge le régime actuel égale ou dépasse en intensité l’indulgence si ce n’est la complaisance coupable avec laquelle on considéra dans nos démocraties dorées l’immonde "timonier" ainsi que tous ses coreligionnaires...
La question qui vient aux lèvres à l'occasion du soulèvement actuel est la suivante: est-il encore permis de penser que Hong Kong demeure l'avant poste de la liberté en Chine, et que cette belle aventure fasse tache d'huile sur le continent ?