23 avril 2015

Dernières nouvelles du royaume d'Ubu

Avec la nouvelle loi de santé, qui rituellement portera le nom dérisoire de sa ministre « de tutelle », une fois encore, le dinosaure sans foi ni âme de l’Etat-Providence continue d’avancer de son pas lourd et maladroit.

Chaque point voté par ces diaphanes fantômes de la liberté que sont devenus les Députés, chaque point, chaque article trahit cette propension à l’infantilisation du peuple contre laquelle Tocqueville tenta, hélas vainement, de mettre en garde ses compatriotes.

Passons en revue le catalogue très décousu des mesures proposées :
En premier lieu, le gouvernement donne un nouveau coup de pouce à l’interruption de grossesse pour convenance personnelle. Non content de l’avoir fait prendre en charge intégralement par la Sécurité Sociale comme une maladie, voilà qu’il presse les femmes d’y recourir davantage en supprimant le délai de réflexion de 7 jours. A une époque où l'on continue de compter une IVG pour 4 accouchements, quoique jamais la contraception ne fut plus efficace et d'un accès facile, « c'est un scandale », comme dirait feu Marchais... Et cela, toute considération morale ou religieuse mise à part naturellement (qui peut décréter en toute certitude à quel moment le foetus devient un être humain ?).

La République n'a que faire de délais, et ne s’embarrasse pas d'explications, de concertation. Foin de tous ces artifices risquant de gripper la mécanique sociale.
Ainsi pour faciliter les prélèvements d’organes, on supprime avec le même état d'esprit, tout dialogue avec la famille. Tant pis pour le drame qui se joue dans ces circonstances, l'urgence semble avant tout de produire des pièces détachées, coûte que coûte. Puisque personne ne s'enquerra des sentiments non formalisés, que vous auriez pu exprimer de votre vivant, il ne reste qu'une seule alternative pour freiner cette folie matérialiste, si vous avez un doute, demander son inscription au registre national du refus du don d'organe ! A moins qu'une loi ne change d'ici là les règles, il en sera peut-être tenu compte par les Autorités Compétentes le moment venu...

A côté de cet assèchement en règle des relations humaines, le nouveau texte contient nombre de pis allers contraignants ou au contraire permissifs sensés mieux réguler le champ de la Santé Publique. Mais rien à coup sûr, qui soit de nature à qualifier ce fatras de mesurettes sulpiciennes de « grande loi » comme certains vantards le prétendent. Aucun souffle, aucune inspiration, mais surtout des préoccupations de boutiquiers de la santé

On pourrait rire des gesticulations autour de la nouvelle présentation imposée des paquets de cigarettes. Qu'ils soient neutres, qu'ils portent des inscriptions macabres ou d'horrifiques illustrations, qui espère-t-on vraiment convaincre par ces procédés débilitants ? Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse en somme, et ne doutons pas que d'ingénieux commerçants auront tôt fait de proposer des étuis plus attrayants !
D'ailleurs cette mesure rentre en contradiction flagrante avec l'expérimentation annoncée des fameuses salles de shoot où les toxicomanes invétérés pourront s'adonner à leur doux vice en toute quiétude et hygiène, après avoir acheté leur came sur le trottoir d'en face ! Ah qu'elles étaient belles en comparaison, les fumeries d'opium qui envoûtèrent Baudelaire, De Quincey, Loti ou Huxley !

Rien n'arrête le zèle législatif. On va faire passer désormais les mannequins de mode sur la balance à bestiaux pour s'assurer que leur indice de masse corporelle est bien dans les normes ! Jusqu'où faudra-t-il aller dans le ridicule ? Imagine-t-on vraiment pouvoir ainsi diminuer le nombre d'anorexiques ? Croit-on vraiment que ce soit avec de tels artifices qu'on amènera le peuple à se montrer plus responsable ?
Du même tonneau, si l'on peut dire, il faut évidemment citer les sanctions pour ceux qui inciteraient les jeunes et notamment les mineurs au binge drinking (beuverie express), qui fait de plus en plus de ravages dès la fin de semaine (c'est à dire désormais à peu près tous les jours). Ainsi, le plus sérieusement du monde la ministre au regard illuminé, annonçait récemment sur Europe 1 «qu'il sera désormais interdit de vendre des produits qui rendent sympathique l'alcool », et que pour «protéger les jeunes contre les intérêts mercantiles», seront sous peu interdits à la vente «des protections pour les téléphones portables ou des tee-shirts avec des scènes un peu amusantes autour de l'ivresse !»

Pendant ce temps, la consommation d'alcool s'affiche totalement impunément sur la voie publique. Que dire par exemple de l'emblématique « fête de la Musique » de M. Lang, qui se termine invariablement pour tant de ces jeunes, sur un brancard dans les services d'Urgences des hôpitaux...
Ne s'agit-il pas d'une évidente incitation à l'ivresse festive ?

PS : s'agissant des mesures plus consistantes, mais pas moins insensées de la loi, je renvoie à de précédents billets :

19 avril 2015

Ode au vent d'Ouest

Au delà du challenge il y a le symbole...
En 1780, parmi les navires armés par la France pour aller secourir les insurgés américains en lutte pour leur indépendance, figurait l'Hermione.
Cette frégate est restée tellement emblématique du combat pour la liberté, et de l’amitié franco-américaine, que de nostalgiques mais intrépides entrepreneurs ont imaginé de la reconstruire à l’identique, quelque deux siècles plus tard.

Cette initiative assez folle et romantique commença dans les radoubs du port de Rochefort en 1997 et s’est achevée en 2015, avec le départ vers l’Amérique du nouveau vaisseau, flambant neuf, samedi 18 avril.
 
Il fallut donc près de 20 ans pour mener le projet à bien, là où les chantiers navals du XVIIIè siècle avaient mis 11 mois,  !

Mais, c'est un fait, il a belle allure incontestablement ce trois-mâts carré, réalisé avec amour et opiniâtreté, en respectant le plus fidèlement les techniques d’autrefois.
Un détail pourtant s’avère anachronique, et bien visible : le grand drapeau tricolore qu’il arbore fièrement en poupe.
Ce n’est évidemment pas la France républicaine qui se fit l’alliée des Etats-Unis naissants mais celle du pauvre roi Louis XVI, arborant un pavillon fleur-de-lysé d’une blancheur éclatante. Il serait bon de se souvenir de temps à autre que cette France n’a pas démérité devant l’Histoire, en dépit du sort affreux et immérité qu’on réserva à ses dirigeants…
C'est d'autant plus choquant que dans cette reconstitution, le pavillon américain reprend lui, l’aspect d’antan (13 étoiles en cercle).

Constat troublant, l’étendard de la République porte les trois mêmes couleurs que celui de la nation américaine. On peut certes y voir le bleu de la liberté, le blanc de l’unité, mais pour le rouge hélas c’est autre chose. Tandis qu’il rappelle
outre-atlantique le sang des héros, il restera marqué de manière indélébile ici, par celui des victimes de la terreur sur laquelle est fondée notre régime...

Plus légèrement, on pourrait ironiser en voyant le Chef de l’Etat saluer en grande pompe ce nouveau départ. L’Hermione d’autrefois avait à son bord le marquis de La Fayette, celle d’aujourd’hui accueille le Président La Faillite...

17 avril 2015

The Killing Fields

Sinistre date Anniversaire, ce 17 avril 2015.
Celle de la prise du pouvoir par les Khmers dits "rouges" au Cambodge, il y a tout juste 40 ans.
Ce génocide idéologique commis au nom du socialisme, sous les yeux indifférents voire complices des nations libres restera à jamais comme une honte incommensurable. Près de deux millions de morts, dans un pays qui en comptait à peine 7, c'est proprement ahurissant !

En 1975, après les horreurs du stalinisme, du maoïsme, et de tant de régimes se réclamant du socialisme sous toutes ses formes, l'incapacité de l'Occident vis à vis de ces crimes abominables fut impardonnable (on se souvient entre autres des vivats d'une partie de la presse française, célébrant "Phnom Penh libérée").
Durant ce XXè siècle sanguinaire, seul le nazisme fut réellement combattu et ses dirigeants punis, mais qui se souvient ou simplement reconnaît qu'il ne s'agissait en définitive là aussi, que d'un avatar du socialisme ?

Impardonnable complaisance qui se prolonge d'une quasi indifférence de l'opinion publique encore de nos jours. Où nous tolérons que des atrocités similaires soient commises depuis si longtemps en Corée du Nord. Où l'on voit le Président des Etats-Unis d'Amérique serrer chaleureusement la main ensanglantée du dictateur cubain. Où l'on peut encore entendre
dans notre pays, sans que cela paraisse choquant, des politiciens ou des soi-disant philosophes prônant l'application radicale de cette idéologie infâme. Où certains se réclament même sans vergogne du communisme tandis que d'autres se gargarisent toujours du socialisme qui occasionna tant de malheur sous toutes les latitudes !
Cette complaisance vis à vis d'une doctrine cachant sous de vertueux principes son abjection, est décidément un grand mystère. Quand donc les yeux se dessilleront-ils sur sa nature perverse ? Quand pourra-t-on dire que les innombrables victimes sacrifiées sur l'autel de ses prétendues bonnes intentions ne sont pas mortes pour rien ? Quand comprendra-t-on que les tyrannies établies au nom de l'humanisme sont les pires ? Quand donc l'être humain sera-t-il assez émancipé pour résister aux folles lubies qui germent dans son cerveau ?

Evidemment, lorsque l'on revoit les images de cette période effrayante, ces hommes en noir se ruant comme des diables sur Phnom-Penh, et sitôt les premières heures de liesse passées, installer partout leur indicible barbarie, on ne peut s'empêcher de penser aux islamistes radicaux, ivres d'absolu et de prétention, commettre avec un horrible théâtralisme, sous les yeux des caméras, leurs exactions.
Qu'elles soient perpétrées au nom de Dieu ou de l'idéalisme athée, les abominations inventées par le génie humain sont plus terribles que n'importe quelle calamité. Même s'il faut en toute circonstance garder l'espoir rivé à la Liberté, les mots manquent face à de telles horreurs, et de telles absurdités.
« A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seule le silence est grand, tout le reste est faiblesse... »


Illustration : crânes de victimes des Khmers Rouges à Choeung Ek (Wikipedia)
Rappel d'un billet antérieur : Les obscurs fondements de la haine

04 avril 2015

Un parfum de printemps

Dernier dimanche de Mars à Montpellier. Au jardin des plantes, l'air printanier verse d'agréables tiédeurs ensoleillées à travers les feuillages tendres. D'un arbuste tout juste sorti de la torpeur hivernale, à peine encore verdi, les délicates orbes fleuries émettent une adorable senteur, fraîche comme l'aurore aux doigts de rose, telle que la chantait le vieil Homère.
Quel est donc cet arbrisseau plein de charme et de candeur ? M'est avis, sans pouvoir l'affirmer qu'il s'agit d'une variété de viburnum, ou plus vulgairement viorne. De Corée peut-être (viburnum carlesii)... Malheureusement c'est une supposition car aucun panneau ne signale l'essence en question contrairement à d'autres.
Dommage, car les parcs botaniques, bien entretenus, sont une mine d'enseignement et une source inépuisable de ravissement pour l'amateur des merveilles subtiles dont nous gratifie généreusement la nature. Au sein des villes souvent turbulentes, ce sont des havres de quiétude propices aux songes et à la méditation. Celui-ci est à ce qu'il paraît, le plus ancien de France, fondé en 1593 par Richer de Belleval sur instruction du bon roi Henri IV. Grâce lui soit rendue, même si en cette sortie d'hiver, rares sont les floraisons, et si un petit défrichage s'impose dans les allées un peu en désordre.

J'aime les fleurs qui embaument. La fragrance est un peu la musique de la végétation. C'est son côté abstrait, qui porte à toutes les supputations, qui vous élève et vous suggère tant de choses, fait resurgir tant de souvenirs... 

Les parfums des roses sont sans doute parmi les plus envoûtants, bien que les variétés odoriférantes soient de plus en plus difficiles hélas à trouver chez les fleuristes.
Mon préféré toutefois est sans doute le jasmin. Je ne peux résister à cette belle efflorescence blanche, à la fois explosive et contenue, qui fait vibrer l'air alentour comme dans un rêve exotique. J'aime aussi les lys aux traînées capiteuses, les œillets et les giroflées porteurs de délicates épices, ou bien encore les daphnés, émouvants comme l'est pour un amoureux transi l'haleine de sa bien-aimée, les chalefs (elaeagnus ebbingei) étonnants arbustes évoquant les lauriers, mais qui donnent une saveur un peu méridionale aux rivages océaniques d'Oléron, les clérodendrons de Chine à senteur jasminoïde, dont les grappes graciles prolongent suavement l'été dans l'automne et qui finissent en beauté sous la forme de perles bleues enchâssées dans des calices de pétales pourpres...

Ce dimanche était aussi jour d'élection. Qu'importe, je n'avais pas trop la tête à ça. Et puis que dire ? Que la Gauche se prend comme prévu une sévère raclée amplement méritée, ce qui ne l'empêchera sûrement pas de continuer à donner des leçons. Que la Droite tire les marrons du feu sous la houlette avisée de Nicolas Sarkozy. Décidément, si cet homme ne brille pas par la constance de ses convictions, il faut bien reconnaître qu'il possède les qualités et l'énergie d'un chef ! Que le Front National enfin recueille un quart des suffrages exprimés, mais en définitive à peine une poignées d'élus et aucun département, confirmant, quoiqu'on pense de ce parti, que la démocratie française est bien malade...